CAHIER D'AIMÉE GUILLOT, BELLE MÈRE D'EDOUARD
à la grâce de Dieu !
que nos chers disparus nous obtiennent force et
résignation à accepter vaillamment ce qui arrive !
(prières, lessive, jardin, raccomodage, prières,
etc... et mauvaises nouvelles....)
-
Clisson, 2 octobre 1917 Aujourd'hui
jour anniversaire de mon pauvre Charles voilà 8 ans ce jour qu'il nous
a quitté pour toujours. La messe était à son intention. Que les
Saints anges gardiens dont aujourd'hui
la fête, le conduisent auprès du bon Bieu s'il n'y est déjà et qu'il
prie pour nous qui sommes de reste sur cette terre pendant cette
terrible guerre qui ne finit pas et peut être
une révolution qui se prépare. (effectivement, c'est la
révolution Russe le 17 octobre)
- Que
la vie est loin d'être gaie comme en temps de paix où nous étions plus
tranquilles. Que de disparus hélas ! La vie est en ce moment
un tourment continuel. L'anxiété de nos pauvres soldats, l'attente si
désirée de la victoire.
- La
France est bien coupable mais elle est bien punie aussi.
Prions les âmes du purgatoire de venir à notre secours, que nos
chers disparus nous obtiennent force et résignation à accepter
vaillamment ce qui arrive. Qui m'aurait dit que je serais venue
demeurer ici. J'étais bien loin de m'y attendre. Je vois que le
doigt de Dieu est partout.
- Aimée
est avec moi et ses enfants, nous nous réunissons pendant cette triste
guerre et marchons à la grâce de Dieu. Il n'arrivera que ce qu'il
voudra, je me mets à sa sainte volonté. Odette et Robert ont
repris leur classe très heureux d'y aller et petite Thérèse toujours
mignonne vient du jardin avec moi et Flavie de ramasser nos poires et
nos pommes de Reinette pour cet hiver que nous serons contents d'avoir.
- Le
jardin est une grande occupation avec nos petits lapins.
J'ai fait planter des artichauts. S'ils pouvaient réussir et ne
par geler cette année ce serait une ressource pour plus tard. Nous avons
peu de chose à manger en ce moment. Il faut s'en contenter du peu qu'il
y a.
- 3
J'arrive du jardin, de rammaser l'herbe aux lapins et ensuite
j'ai téléphoné à Alfred qui est absent. Jeanne était là,
j'ai eu de bonnes nouvelles de nos soldats. Petite Jeannette va en
classe enchantée d'y aller. Ils viendront nous voir un de ces
dimanches.
- 6
Aujourd'hui premier vendredi du mois. J'ai assisté à
la messe ce matin à la bénédiction et
ensuite vaqué à mes occupatins ordinaires au jardin ramasser les
fruits et conduire Robert en classe qui est heureux d'y aller chez les
Messieurs. Il va bientôt savoir lire ce qui l'amuse beaucoup et surtout
le dessin. Odette va chez les demoiselles aussi elle est contente
de trouver des petites amies. Le mois d'octobre va être vite passé et la
perspective de l'hiver n'est guère amusante et redoutable pour les
enfants qui sont si fragiles comme sont les nôtres.
- Dimanche
14 Je suis allée à la messe à
8 heures et à la gare chercher Jeanne et petite Jeannette heureuse
de venir voir grand'mère, nous ont donné des nouvelles de
Tonton Alfred et de Charles qui est en ce moment dans un gourbi à
10 mêtres sous terre. Il a 26 marches pour y descendre. Il n'a plus le
beau soleil qu'il a fait la dernière quinzaine de septembre.
- Quand
la fin de cette interminable guerre !
- Nous
sommes allées faire notre visite à nos chers disparus, s'ils
étaient là auraient ils de la peine de tout ce qui se passe et de voir
la ruine et la gène partout, que la vie est donc triste ainsi.
Quelle lutte de tous les jours pour arriver à ce
résultat. Les américains nous arrivent en grand
nombre pour nous aider espérons le.
- Photo
: Odette et Robert, enfants d'Edouard, déguisés en infirmière et
soldat
- J'ai
écrit à Charles. Il est toujours content d'entendre parler de sa
Jeannette qui devient de plus en plus intéressante. Odette enchantée de
jouer avec elle ainsi que Robert et petite Thérèse aussi. La pluie
a dérangé nos projets. Nous avons tous joué une partie de nain jaune qui
amuse beaucoup les enfants.
- Photo
: permission à Nantes, sa femme, ses 3 enfants
- Lundi
8 octobre 1917 J'ai répondu à mes soldats qui sont
heureux d'avoir de temps en temps des nouvelles. Ils trouvent le
temps si long dans leur gourbi et tranchées. Quelle existence pour
eux si différente d'autrefois depuis bientôt 4 ans. Quelle misère. Nous
attendons toujours la fin de ce terrible fléau.
- Nous
avons eu le visite de Mme Blanchard qui a fait 14 barriques de vin. Il se vend très cher 200 frs pris à l'anche.
Les vignerons sont contents cette année. Depuis plusieurs années qu'il
n'y avait rien.
- J'ai
terminé le sarreau noir à Robert. Au tour à Odette à présent et le
raccommodage de la semaine.
- 11
octobre 1917: Je suis allée à deux
messes pour les soldats et aujourd'hui j'ai
conduit Robert en classe à 8 h et ensuite assisté à la messe de
mariage de Melle Rose Dugast avec Mr Méchineau grand blessé de la guerre
et réformé. Il l'a bien mérité. Ils ont eu une belle messe et du chant
et un beau sermon très édifiant par Mr le Curé qui a fait leur éloge et
de leur famille il y avait beaucoup d'invités mais malheureusement
le temps n'était guère favorable. Que des averses toute la journée.
- Notre
lessive a tout attrappé. Elle séchera demain.
- Odette
et Robert ont écris une carte à Tonton Alfred pour sa fête. Nous avons
eu la visite de Mr et Mme Coudrin et avons été faire un tour au jardin
et au cimetière par un peu de soleil qui nous réchauffe en ce
moment. Les enfants se sont amusés à jouer au cerceau sur la route. Les
jours sont si courts qu'on profite de sortir après les classes quant il
fait beau.
- Reçu
des nouvelles de Marie Macé. Son
Alfred est toujours à la guerre. Quelle épreuve pour tous en ce moment
surtout l'hiver qui arrive.
- 22
Octobre Je n'ai pas eu le temps de continuer mon
journal. Je suis allée à Nantes pour affaires urgentes.
- J'ai
fait faire ma carte d'identité puisqu'on ne peut plus voyager sans cela.
- Petite
Jeannette était malade, la fièvre, c'est la croissance. Elle
a commencé à aller à l'école enchantée d'y aller comme Odette et Robert.
Cela la désennuie.
- J'ai
vu les quelques amies de Nantes heureuse de les revoir
après cinq mois d'absence. Alfred a eu mal à un pied. Ses
chaussures lui ont occasionné en allant à la chasse. Cela va mieux.
Heureusement nous avons eu de bonnes nouvelles de Charles. Il est
toujours aux environs de Soissons. Je lui ai envoyé ses manchettes.
Voilà le froid qui arrive et il est si frileux.
- J'ai
vu Melle Denghin et j'ai eu de bonnes nouvelles de Mr Ralutx en bonne
santé avec ses 83 ans.
- J'ai
été voir Mr Bioret et Mme Thomas et grand'mère qui a ses 99 ans toujours
le même. Sa fille a bien peur de l'hiver pour elle. Auguste est
toujours dans l'active et elles sont en attendant de meilleures
nouvelles. Il est toujours bien exposé.
- Quelle
triste fléau que cette guerre qui attriste tout le monde et à quand la
fin.
- 24
octobre René Libeau m'a écrit. Il a fait
plusieurs batailles et est au repos pour l'instant. Je vais lui répondre
un de ces jours.
- J'ai
reçu une lettre de Marie Louise qui m'annonce la mort d'un de ses
cousins à la guerre et du petit-fils à Mme Lasnier de Loizellerie ma
cousine. Je prends une vive part à son chagrin, moi qui a été si
heureuse de la voir à mon récent voyage en Anjou.
- Que
de luttes sur cette terre et de peines pour ces pauvre soldats si
exposés. La liste des morts est longue aussi en ces belles fêtes de la
Toussaint, nous allons redoublé nos prières pour eux et les familles si
éprouvées. Tous les jours on entend parlé de disparus !
- Albert
Durville est venu en permission et Marie Durville est venue nous voir.
Nous avons profité de faire une belle promenade à Cugand l'après-midi et
sommes revenus au clair de lune. Les enfants étaient si contents et ils
faisait très doux.
- Visite
de Mme Blanchard. Elle nous a bien amusés et nous a fait passer un
bon moment avec tous ses récits sur la guerre.
- Reçu
nouvelle de Jeanne. Jeannette est mieux. Nous attendions Antonine à
déjeuner.
- Personne
n'est venu. J'attends une lettre demain ou peut-être viendra-t-elle
dimanche ?
- La
visite de Mr et Mme Boussion avec Aimée-Marie venue jouer
avec les enfants. Odette et Robert l'aime beaucoup. Elle est très douce
et très mignonne.
- 1er
novembre 1917 Aujourd'hui fête de la Toussaint.
Nous avons Alfred et sommes allés après déjeuner au
cimetière tous en famille dire une prière à nos chers disparus.
Que de vides autour de nous et demain fête des morts. J'assisterai aux
offices pour les âmes des défunts qui sont en pourgatoire afin de les
délivrer et qu'elles nous viennent en aide à leur tour. La procession au
cimetière n'a pas pu avoir lieu vu le mauvais temps. Elle
est remise à Dimanche.
- Nous
partirons pour Nantes samedi. J'irai conduire Aimée et ses enfants avec
Flavie. Nous y resterons une huitaine et reviendrons ici pour
faire notre lessive.
- Les
enfants sont heureux de retourner à Nantes. Ils aiment tant
le changement et surtout les voyages. Cela les amuse beaucoup.
- 4
novembre 1917 Nous voilà de retour rue St Jacques 60.
Que va-t-il nous arriver dans notre huitaine ? Ce qui le bon Dieu
voudra.
- 6
novembre 1917 Aimée a reçu une lettre de
Valentine qui doit revenir de Lorient avec ses petits neveux et doit
aller consulter un occuliste à Nantes pour eux. Aimée doit aller à
sa rencontre à la gare demain à midi.
- 7
novembre 1917 J'ai reçu un coup de téléphone de
Jeanne me disant que Madame Guillet de la rue de Rennes était très
malade et d'aller la voir. Je n'ai pu y aller le matin à cause de
l'arrivée de Valentine. J'y suis allée l'après midi vers deux heures et
en arrivant Jeanne me dit qu'elle était à l'agonie. Jugez de ma
surprise, elle avait reçu l'extrême-onction le matin. J'ai pu la
voir et lui ai récité les litanies des agonisants. Elle ne
quittait pas ses yeux du sacré-coeur et de soeur Thérèse. Elle avait une
si grande confiance en eux ! Elle est morte comme je disais que
les Anges viennent à sa rencontre et que le Seigneur la reçoive (Quelle
belle mort). Je la regrette beaucoup. C'est une bonne amie de
moins pour moi. Elle était si pieuse et bonne. Le bon Dieu a ses
desseins sur la terre.
- 8
Valentine a été consulté l'occuliste qui a donné un
traitement pour Jean. Elle part aujourd'hui. Aimée va les conduire au
train de midi.
- Je
vais retourner auprès de mon amie la garder et prier pour elle.
- J'arrive
de l'enterrement avec Jeanne et Alfred. Il y avait grande
affluence de monde. Cela fait bien plaisir de voir de la sympathie.
Pauvre père Guillet. Il est inconsolable ainsi que son fils
Joseph. Ils se trouvent désemparés tous les deux. Ils étaient si bien
soignés par une si bonne mère. Le doigt de Dieu est là. Il
faut s'y conformer et tout accepter.
- Dimanche
Nous venons d'arriver à Clisson, Flavie et moi, pour faire
notre lessive. Nous aurons la femme demain. Espérons que nous aurons
beau temps.
- Mardi
Notre lessive est lavée et nous l'avons toute étendue (la
machine n'exite pas encore). J'arrive du jardin de faire les
provisions de légumes. Mes draps sont bientôt secs. Quel embarras que
cette lessive. Je vais la raccommoder et Flavie va repasser et j'espère
que dans la huitaine tout sera dans l'armoire. Nous avons été favorisées
par un beau temps.
- Jeudi
Je viens de faire une grande promenade en compagnie
de la famille Boussion-Veillet. Nous arrivons de la campagne
de goûter du cidre qui est très cher cette année 65 frs la barrique et
tout est hors prix
- Samedi
J'ai eu la visite de Melle Léonide. Elle est bien mieux. J'irai
leur faire mes adieux demain avant notre départ pour Nantes. Aimée nous
attend et les enfants avec grande impatience.
- Dimanche
Aujourd'hui j'ai pu aller à la grand'messe
et aux vêpres et faire notre visite au cimetière
(occupation de tous les dimanches après-midi) avant notre
départ. Quelle triste perspective que l'hiver. Nous le passerons en
famille à la grâce de Dieu.
- Lundi
A notre arrivée, j'ai trouvé bonne mine aux enfants surtout Thérèse qui
devient si intéressante. Odette et Robert continuent leur école.
Ils ont la croix tous les deux, aussi les sous se mettent dans la
tirelire.
- Depuis
le 5 novembre, que nous sommes arrivées à Nantes, cela ne va pas fort.
Je commence un gros rhume. Voilà la vilaine saison. Nous ne
sortirons guère. Je vais promener Thérèse une heure l'après-midi quand
il fait beau.Les jours courts passent bien monotones. Nous attendons
bientôt nos soldats. Aimé doit aller au devant de son mari à
Paris. Cela lui fera une distraction. Il fait déjà si froid que
je m'en inquiète pour elle. Ils seraient heureux de se
retrouver ensemble tous les deux.
- Flavie
a été bien enrhumée. J'ai bien eu peur pour elle à une bronchite, mais
cela va mieux. Le temps est si dur déjà, c'est à s'en
inquiéter pour paser l'hiver qui commence très froid.
- décembre
1917 Nous voilà en décembre. J'ai toujours été occupée
et n'ai pas eu le temps d'écrire à la famille. Nous attendond
Edouard et Charles. Les enfants sont enrhumés. Nous gardons la maison.
Il gèle tous les jours.
- J'ai
eu de bonnes nouvelles de Gené et des amis. Madame Bellanger m'a écrit
aussi je suis bien en retard avec. Je n'ai guère de temps avec mon
entretien du linge de la maison et raccommodage.
- J'ai
eu plusieurs visites de Mme Bégué soeur de Madame Guillet, ce qui m'a
bien fait plaisir. Nous avons parlé longuement de la pauvre absente.
Elle en a tant de chagrin.
- Joseph
est venu me voir avec Alfred (son fils, handicapé) et un de ses
amis. Cela passe le temps plus agréablement.
- J'ai
eu aussi la visite de M Babitxa toujours alerte pour ses 86 ans, ainsi
que de Mme Denghin qui en a 73, mais sa maladie de coeur la tient
souvent à la chambre. Elle profite de sortir quand il fait plus doux. Je
ne sais quand je pourrai en faire autant. Je suis toujours enrhumée,
c'est la saison.
- Nous
voilà 23 décembre 1917 Aimée vient de recevoir
une dépêche pour partir à Paris. J'arrive de la conduire à
la gare. A mon arrivée une autre dépêche d'Edouard qui n'arrivera
à Paris que Samedi matin. Elle va être bien ennuyée seule à Paris. Je
lui renvoie la dépêche. Elle ne la recevra que demain. Elle va être bien
inquiète.
- 24
décembre 1917 J'ai reçu une lettre d'Aimée.
Elle a fait bon voyage. En attendant Edouard, elle a été pour voir Mme
Tiger pas là que ses enfants. Après voir le cousin Luzeau
absent. Quel voyage plein de péripéties. Enfin ils sont donc
revenus par un froid terrible ce matin à 5 heures. Tout s'est
bien passé pendant leur voyage. Je suis bien enrouée et vais être
obligée de ma coucher.
- janvier
1918 Edouard est là en permission et je suis au lit pas de
veine, prise de bronchite. Cela ne m'arrange pas de garder la chambre.
Il faut bien que j'en passe par là.
- Charles
est venu me voir aussi en permission. Quelle guigne d'être ainsi
renfermée et ne pouvoir vaquer à ses petites occupations ordinaires.
L'hiver me cloue toujours à la maison.
- Robert
n'est pas bien en ce moment ci. Il a sa bronchite aigüe qu'il a attrapé
pendant la permission d'Edouard ayant sorti par le grand froid. Il
est si délicat. Odette et Thérèse sont bien. Flavie est à sont tour bien
enrhumée. Nous y avons tous passés avec cette mauvaise grippe et
pourtant elle voudrait bien aller à Clisson nous chercher des provisions
de légumes et haricots que nous avons conservé.
- Flavie
a pu faire son voyage et nous apporter des pommes qui nous font bien
plaisir et confitures aussi.
- février
1918 J'ai repris mon petit train de vie avec mon
raccommodage. Nous avons quelques visites de l'an et n'en avons pas
fait. Il fait si mauvais et le froid trop rigoureux cette année.
- Nous
voyons Jeanne et Jeannette souvent toutes les semaines. Jeannette vient
par tous les temps. Elle est très forte et supporte toutes les
températures, ce qu'on ne peut pas dire des nôtres qui attrappent toutes
les maladies. Quel ennui d'avoir des enfants si peu fort.
- Nous
voilà en Mars le temps parait plus doux que nous arrivera-t-il ce
mois-ci ?
- 10
mars 1918 Je viens de recevoir une dépêche m'annonçant la mort
d'Henri Michel. Je téléphone à Alfred pour partir demain. Je m'en
inquiète. Il n'y a qu'un train. Nous serons obligés de coucher à Chazé.
- 11
mars 1918 Nous voilà arrivés à Chazé (Chazé-sur-Argos,
par le train du Petit-Anjou, depuis Nantes). Personne à nous
attendre à la gare. Je viens de demander à Julie de la Bridelais de nous
conduire demain à Gené ce qu'elle va faire
avec grand plaisir.
- Jules
nous nous a conduit ce matin pour 9 h 1/2 pour la triste
cérémonie. Pauvre père Michel. Nous le regrettons bien. Il était
si bon pour nous quand nous y passions nos vacances. Marie-Louise est
inconsolable et la mère Michel aussi. Il a été enlevé après 3 jours de
maladie d'une congestion. C'est peu de chose que nous. Je vais rester
jusqu'au service et retourner par Angers avec Eugène dont la permission
finie. ll est au dépôt à Angers avec sa phlébite depuis 3 ans. Sa jambe
est bien malade. On ne veut ppoint le réformer. Il serait bien plus
utile chez lui. Que vont devenir les deux pauvres femmes toutes seules.
Je m'en inquiète bien pour elles avec deux petits enfants de 7 et de 5
ans. Enfin le bon Dieu y pourvoira.
- J'ai
revu mes amies en peu de temps. Cela a été une vraie joie pour moi.
- 20
mars 1918 J'ai vu à Angers ma famille et mon amie Mme
Buron chez laquelle je suis descendue pour y coucher. Je la
regarde comme ma soeur, elle est si bonne pour moi. J'ai passé
deux jours heureux parmi eux. Mad toujours aussi aimable et venue
me voir. Madame Jallot et Marie Poupart où
j'ai déjeuné et diner, Mr Paiveri (?) avec ses 76 ans a une
conjestion pulmonaire, on craind bien à son âge.
- J'ai
vu Marguerite avec ses enfants, toujours la même, bien
affectueuse et ai vu Melle Marie De Bossoreille.
Son père a 83 ans, bien conservé pour son âge toujours
aussi gai. J'ai été heureuse de voir tout mon monde ainsi
que nos cousins Bonnet et Bex. Marie Bex 83 ans a la jaunisse et Mme BEX
86 bien conservé et ne perdant pas la carte. Elle est en
train de faire la généalogie de notre famille Guillot de la Chouanière (dont
rien ne nous est parvenu !) . J'ai vu aussi Mme Roux et
son mari qui ont perdu leur fils Henri à la guerre et Aimée
Nourry était là aussi. Nous nous sommes retrouvées après tant
d'absence. Cela fait plaisir.
- J'ai
fait un bon voyage en revenant par Champtoceaux où je me suis arrêtée
chez notre cousin Mr l'abbé Grenouilleau,
ne l'ayant pas vue depuis 12 ans. J'ai été bien heureuse de le
retrouver en bonne santé ainsi que sa mère Mme Henriette qui a été très
aimable pour moi et m'ont si bien reçu.
- J'ai
eu un temps superbe à mon voyage. J'ai été protégée visiblement.
- 24
Me voilà de retour à Nantes et reprendre mes occupations. Nous
irons à Clisson le lundi de Pâques un huitaine seulement. Pour
Robert le temps n'est pas encore assez chaud pour y rester complètement.
Les enfants sont contents de la perspective et en attendant le départ il
en sont ravis.
- Nous
voilà arrivées à Clisson lundi de Pâques pour y passer un
huitaine. Nous avons trouvé la famille Boussion-Veillet en bonne
santé et avons passé une bonne après-midi avec eux et Mademoiselle
Jacques venue chez Madame Guérin pour 3 jours seulement.
Nous avons un temps déplorable, toujours de la pluie, et
l'humidité ne convient guère aux enfants, ce qui les empêchent de
sortir. Nous sommes allés au cimetière et à Toute Joie, nos
promenades habituelles, et au marché acheter nos provisions.
- Nous
attendons Alfred et Jeanne et Jeannette Dimanche et Flavie attend sa
soeur et ses nièces.
- Aujourd'hui
dimanche, Alfred est venu nous annoncer une grande nouvelle
qu'il prend la suite d'affaires de Charles avec un associé. Cela
va faire sa situation enfin à la grâce de Dieu. Il m'attend demain à 9
heures à son bureau. Je m'en inquiète un peu, je ne demande
pas mieux que de lui rendre service jusqu'à ce qu'il se marie.
- Flavie
a vus sa soeur et ses nièces, son neveu part à la guerre dans quinze
jours à 19 ans. Quel malheur pour sa mère : il était le gagne-pain de la
famille, il faut en passer par là et tout accepter. C'est une rude
épreuve.
- Charles
est du côté du Mont Didier, il y a plusieurs jours qu'il ne
s'est débarbouillé ni deshabillé, c'est souvent son tour.
Quelle triste offensive qui met tout à feu et à sang. Le pauvre
jeune homme Gaboriau a un bras de moins et c'est le droit. Quelle
génance il aura pour sa menuiserie plus tard et il faut tout endurer,
ses parents sont navrés, il y où.
- Edouard
est en ce moment à la recherche de son régiment ayant suivi les cours,
il était en retard avec ses amis. Les lettres ont aussi du retard de 4
jours, Aimée s'inquiète et a toujours peur de mauvaises nouvelles, enfin
espérons quand même ; il faut s'en remettre à la volonté du bon Dieu
pour tout.
- 4
avril 1918 J'ai eu des nouvelles de Fernand et de Madame Planche.
Ils sont souvent obligés de descendre dans leur cave à cause des
obus et avions qui jettent la panique partout. Quelle triste vie que la
vie de Paris. Il vaut encore mieux la Province
et qu'est ce qu'on deviendrait si ils arrivaient jusqu'à Nantes ?
...
- J'ai
loué ma maison de Clisson pour 6 semaines à des Parisiens
réfugiés. Nous voilà de retour ici n'ayant pu trouver de pain en
arivant, obligé d'en emprunter. Nos petits enfants ont fait bon voyage.
Si le temps pouvait seulement être plus beau pour qu'ils fassent de
bonnes promenades pour la santé de Robert qui est si délicat. Nous
espérons bientôt la fin de la guerre d'après les prophéties. Si c'était
vrai. Il faut que cela aille plus mal encore pour aller mieux après,
enfin espérons toujours dans le Sacré Coeur.
- J'ai
recu une lettre de Madame Bellanger qui se confine dans ses Tourelles,
ayant pourtant l'espoir de venir nous voir à son voyage à Nantes
après Pâques me disait-elle.
- J'ai
su la mort de Mr Fourré par Louise
Chatelier qui est à passer ses vacances à Saumur.
Victorine m'a écrit aussi. Elle est bien. Voilà le printemps qui devrait
tous nous remettre du si dur hiver que nous venons de passer.
- 8
avril 1918 Aujourd'hui je suis allée route de
Rennes. Alfred a pris la suite de son frère. Jeanne ne voulant pas
continuer son commerce. ALfred prend un associé, je dénie
bien que cela marche pour eux. Il va probablement falloir que j'aille
demeurer avec lui d'ici nouvel ordre nous cherchons une maison ne
pouvant avoir celle de Jeanne. Quel ennui que tous ces déménagements
qu'il va falloir faire, enfin à la grâce de Dieu qui conduit
tout, je ne demande que la réussite de leur entreprise qui va
être un peu lourde pour commencer. Il y a tant de frais
généraux.
- J'attends
une lettre de Charles toujours à la guerre, bien ennuyé de cette
offensive et quand reviendra-t-il. Les permissions étant supprimées.
Quel tourment que tout cela.
- J'arrive
de chez Alfred, j'ai vu son associé. Ils vont s'entendre ensemble pour
le commerce et tâcher de réussir avec ordre et économie. Il y
arriveront, je l'espère.
- Je
n'ai pas trouvé de maison, tout est loué partout et avec des prix
dérisoires. Les loyers augmentent comme le reste, tout est hors de
prix avec la surtaxe ; que c'est donc ennuyeux tout cela.
- 9
avril 1918 Jour de service anniversaire de Mme Jeanne
Guillouard. J'y suis allée avec Aimée et sommes allées au cimetière
après, avec la famille Beauthamie (femme
de Joseph, frère d'Edouard Mort pour la France).
Son oncle Mr Beauthami a bien remercié ses belles-soeurs d'avoir assisté
au service et nous sommes revenus ensemble jusqu'à la maison.
- J'attends
des nouvelles de Charles (son fils) toujours sans nouvelles.
Les lettres ont beaucoup de retard pendant cette offensive qui ne finit
pas. Quel cauchemar que cette guerre atroce.
- Nous
avons au la visite de Mr l'abbé Loiret soldat venu à la
Persagotière. Là il est plus tranquille qu'à Saint Anne d'Auray où il
était à un poste d'observation et ensuite infirmier dans la salle des
tuberculeux. Quel changement.
- Je
suis allée chez Alfred. Nous cherchons une maison, ce qui n'est pas
facile à trouver auprès de son bureau, ce qui est très ennuyeux et nous
voudrions être fixé pour la St Jean, il faut de la patience.
- Madame
Pervez (femme du photographe de la rue Contrescarpe, ex-voisine)
est venue nous voir aujourd'hui, il y avait si longtemps
qu'elle n'était venue et m'a apporté un bouquet de muguet pour ma
fête et celle d'Aimée. Elle ne nous oublie pas. Le mariage de Jeanne
Fonteneau a été célébré à St Nicolas où il y avait foule à la messe et
elle s'en va à Lourdes comme voyage de noce ne pouvant aller à Paris à
cause des bombardements; Quel ravage ils font dans ce Paris,
le cousin Luzeau est est bien effrayé. Il y a où. Je ne sais ce que nous
allons devenir à la fin.
- Pas
de nouvelles de Charles (son fils) et les permissions
sont suspendues pendant cette triste offensive. Espérons toujours
à des jours meilleurs et aussi remettons nous à la divine Providence qui
n'abandonne personne.
- mai
Je reprends mon journal depuis si longtemps interrompu. Que d'ennuis
dans la vie. Toujours le tour au même. Je vais trois fois la semaine
chez Alfred garder son bureau, cela me fait une distraction.
- Nous
attendons Charles et toujours rien, ainsi que Edouard. Nous devions
aller à la campagne. Notre voyage reculé en les attendant et quand ?
Cette offensive retarde tout.
- J'ai
rencontré Mme de la Pierre toujours la même bien alerte et
vigoureuse pour ses 75 ans. Elle m'a grondée de ne pas aller la voir,
je n'ai pas le temps.
- Madame
Guilbaud a vendu son commerce pour venir se reposer rue de Rennes.
Nous nous verrons n'étant pas loin les uns des autres quand
je suis chez Alfred.
- Mme
Pervez s'en va à un mariage de son neveu. C'est un beau voyage à Lannion
avec Yves qui l'accompagne. Je viens de déjeuner avec eux, toujours si
aimable pour moi.
- Je
suis allée déjeuner chez Antonine. Notre voyage de Champtocé est
remis à plus tard. Notre cousin à une bronchite.
- A
Saint Jacques, nous avons assisté à la confirmation avec les enfants qui
ont eu la bénédiction de Mgr. Très heureux, il y a si peu de belle fêtes
ici.
- Nous
sommes allés un dimanche voir la soeur de Madame Cahéri Supérieure
à la clinique Jeanne d'Arc. Il y avait si longtemps que je ne
l'avais vu.
- Nous
devons aller voir Marie Joseph un de ces jeudis et Madame Cahéri depuis
le temps que je n'ai pas eu de nouvelles. Que devient-elle ? sa
cousine la soeur clarisse est revenue à Nantes à leur maison. Il
est très difficile de la voir étant cloitrée. Mr Rabitxa habite
dans leur maison et cherche un logement qu'il ne trouve nulle part comme
nous rue de Rennes. Que c'est donc ennuyeux et la St Jean
approche enfin espérons en la Providence de Dieu qui veille sur nous.
- Melle
Denghin est mieux et bien faible avec ses 73 ans et a le coeur bien
malade.
- J'ai
déjeuné chez Mr et Mme Bradanne depuis si
longtemps partie remise. Ils sont toujours bien aimables pour moi. J'ai
revu la soeur de Mme Bradanne avec le petit Joseph qui est toujours très
gentil.
- Roger Pervez est venu en permission. Je n'ai pu
le voir cette fois ci étant toujours pris par ses amis et 7 jours c'est
si vite passé.
- Charles
ne sait pas encore quand il viendra. Que c'est long cette attente.
- J'ai
eu la visite chez Alfred de Mr Bacqua qui aime beaucoup Charles et est
venu en savoir des nouvelles.
- Notre
cousin Poupart est commandant. J'en ai
fait tous mes compliments à son père et à sa mère. Marie
Jallot sa femme est malade d'une sale grippe (la grippe
espagnole). Je vais en savoir des nouvelles par Mr
Jallot de qui j'attends une lettre.
- Joseph Gardais m'écrit qu'il est en ce moment
dans le nord très malheureux à faire de grands travaux et il tombe
souvent des obus. A quand la fin de tout cela. Marie-Louise m'écrit
aussi que son mari est toujours à l'hôpital depuis 4 ans bientôt. Il
serait mieux réformé car à quoi leur sert-il, à rien, et
serait bien mieux chez lui à commander, et il souffre beaucoup des
jambes et ne pourra guère marcher. Je viens de recevoir une lettre
d'Henriette qui nous dit d'aller le 1er juin. Son oncle est guéri et a
repris ses fonctions. Je vais le dire à Antonine et nous irons si cela
se peut.
- Je
suis allée au service de Gabriel Houis
tombé au champ d'honneur. Pauvres parents, ils ont bien du chagrin de
leur cher enfant qui a bien voulu donner sa vie pour la France,
pauvre petit à 19 ans. Il est plus heureux que ceux qui le pleure.
- Les
permissions des soldats sont supprimées, quel ennui et quand les
reverront nous. Dieu seul le sait, attendons.
-