Histoire du
Haut-Anjou | Vivre en Haut-Anjou | comment
placer ses économies, emprunter | ou
placer ses économies, emprunter | à
quel taux | dettes actives et
passives | vive l'euro | preuve
de paiement | curatelle des mineurs | vin de marchébanque et affaires 16e-18e siècles
à travers les recherches d'Odile Halbert
Histoire du
Haut-Anjou | Vivre en Haut-Anjou | comment
placer ses économies, emprunter | ou
placer ses économies, emprunter | à
quel taux | dettes actives et
passives | vive l'euro | preuve
de paiement | curatelle des mineurs | vin de marché
comment placer ses économies et emprunter : l'église condamne le prêt, mais ferme les yeux sur la pratique de l'obligation, qui n'est autre qu'un prêt déguisé. Ce prêt obligataire permet d'emprunter à taux fixe contre une rente annuelle perpétuelle, qui ne s'éteint que lorsque la somme empruntée, dite « principale », est remboursée. Le remboursement s'appelle aussi « amortissement ». L'acte de création d'une obligation est passé devant notaire et par la suite, celui-ci notera sur cet acte la date et les conditions exactes de l'amortissement. On paye la rente annuelle au domicile du prêteur, et on amortit l'obligation quand on peut : dans 8 jours (prêt relais), quelques mois, quelques années, des générations, voire jamais. Une chose est certaine, comme de nos jours, vous ne gardez pas vos économies chez vous, et il faut sans cesse prêter ou emprunter.
obligation, lettre de change
ou placer ses économies et emprunter : un cheval fait 40 km par jour, et on risque d'être attaqué. Pour ne pas se déplacer avec une bourse pleine, il y a une solution. Si on cherche à prêter ou emprunter une petite somme, de l'ordre de 50 à 200 livres soit le prix d'un demi-cheval à 2 chevaux, on se rend chez le notaire, Il est régulièrement informé par ses collègues des offres et demandes. Vous voulez vendre ou acheter une maison, closerie, métairie, voire seigneurie, c'est à dire de 400 à 20 000 livres, vous allez à Angers chez l'avocat ou le notaire qui assure les liens avec votre "seigneurie/région", bref quelq'un qui est en liens étroits avec cette région. Dès votre arrivée à Angers, il envoie son domestique avec un billet chez quelques notaires voire un seul tant l'information circule vite, et en temps quasi-réel il sait qui chercher l'opération inverse. Vous repartez sous 48 heures maxi chez vous, l'acte notarié obligataire fait et votre copie en poche, sans avoir promené d'argent.
à quel taux : Calvin condamne l'usure et recommande de ne pas dépasser 5 % alors que le taux pratiqué est de 6,25 % et reste des décennies à ce niveau.
dettes actives et passives : on hérite toujours de « dettes actives et passives », c'est à dire des obligations dues par des tiers au défunt et des obligations que lui-même doit à des tiers. En fait des prêts obligataires et des emprunts obligataires. Remarquez au passage que si vous ne connaisez pas assez les comptes du défunt, vous risquez de voir les dettes passives dépasser les dettes actives, d'où l'acception d'une succession sous bénéfice d'inventaire, pour éviter d'hériter de dettes tout court.
vive l'euro ! : en 2001 les François sont idiots, surtout les plus de 60 ans (j'en suis) qui ne comprendront rien à l'euro : c'est du moins ce qu'on nous rabache. Cette idiotie est récente, car autrefois les Français étaient plus intelligents : ils pouvaient compter sans système décimale, changer tous les 10 ans de système monnétaire, avoir des centaines de valeurs locales pour une même unité, et même payer en France avec des monnaies étrangères. Tout le monde savait compter au moins jusqu'à 10, car le moindre journalier savait payer ses impôts, compter les bêtes. Faire le cumul de ses anniversaires pour connaître son âge, c'était déjà plus difficile, d'où les erreurs. Les Français d'antan étaient toujours occupés à gérer les comptes des enfants mineurs d'un parent. La curatelle était la principale activité de la majorité des Français.
Ils utilisent l'écu, la livre (1/3 de l'écu), le soulz (1/20 de la livre), le denier (1/12 du soulz), mais rassurez vous il y a livre et livre aussi on précise toujours de quqelle livre on parle, le plus souvent de livre tournois. On accepte aussi les pistoles d'Espagne, qui circulent en permanence dans les actes notariés à Angers au 16 et début du 17e. J'observe aussi des ducats du Portugal. C'est normal, car à Nantes, ce sont encore les Espagnols qui sont les plus grands commerçants. Les autres monnaies étangères sont interdites.
L’unité de compte n’est plus la livre depuis 1577, mais l’écu d’or, à 60 souls, soit 3 livres. En 1602 on réintroduit l’unité de compte par livre.
Les chiffres romains ne disparaissent officiellement qu’en 1621 avec l’apparition des chiffres arabes, mais ils auront la vie dure ! Surtout dans les dates comme le 9 Xe 1853 pour 9.12.1853
preuve de paiement : lorsque vous payez comptant, le notaire délivre la preuve écrite sur l'acte, et l'opération se fait toujours en présence de 2 témoins. Bien sûr ces témoins savent compter les monnaies ci-dessus. Ce sont des clercs, des licenciés es loix, des marchands, et même des curés, car qui dans les petits bourgs comme Senonnes, Carbay, où il y a un notaire seigneurial, lorsque vous vendez une parcelle de terre, il y a rarement d'autre témoin que le curé pour cette fonction, car un curé sait compter (entre autres). Vous repartez avec une copie dite « grosse » et vous devez toujours conserver tous ces justificatifs précieusement chez vous, d'où les niches dans le mur proches de la cheminée pour que le papier ne moississe pas, chez les plus modestes, les coffres fermant de clef, voir les cabinets aussi fermant de clef chez les plus aisés.
curatelle des mineurs : c'est la principale occupation des Français, puisqu'on est mineur jusqu'à 25 ans, et qu'on meurt la plupart du temps entre 25 et 40 ans, sans avoir eu le temps de voir ses propres enfants majeurs.
Ce qui est aujourd'hui la commission de l'agent immobilier ou du notaire, c'est à dire la rémunération de l'intermédiaire dans un marché, s'appelle vin de marché, ou pot de vin. Elle figure dans beaucoup d'actes de ventes notariés au 16e et 17e siècles.
