Mémoire des comptes de Louis Rollée avec sa soeur veuve Aubert, Château-Gontier, 1656

Aujourd’hui je vous propose les comptes de Louis Rollée, manifestement curateur de son neveu René Aubert, puisqu’il gère la bourse de celle qu’il appelle sa soeur, qui est en fait sa belle-soeur, veuve de Christostome Aubert frère de sa femme.
Il vit à Château-Gontier, elle à Morannes, puis elle fait son délogement en 1656 à Angers.
Autrefois on ne faisait pas son déménagement, on faisait son délogement.

DÉLOGEMENT. s.m. Action de déloger. Il faut qu’il songe à une autre maison, car le temps du délogement approche. Quand on n’a point de maison à soi, on est sujet à l’incommodité du délogement. (Dictionnaire de L’Académie française, 4th Edition, 1762)

DÉLOGEMENT. Action de déloger, de changer de demeure.
– SÉVIG., 369: Ces jours de loisir nous ôtent l’embarras du délogement
– SAINT-SIMON, 119, 45: J’avance ce délogement pour ne pas séparer le raccommodement de l’archevêque de Reims de trop loin de sa disgrâce
– J. J. ROUSS., Conf. VIII: Nous y avons demeuré paisiblement et agréablement pendant sept ans jusqu’à mon délogement pour l’ermitage (Émile Littré, Dictionnaire de la langue française, 1872-1877)

Pour comprendre certains termes du mémoire ci-dessous, consultez mon lexique des inventaires.

L’acte qui suit contient un mémoire attaché, écrit de sa main en 1656 par Louis Rollée, demeurant à Château-Gontier. Ce type de documents est rare et contient de véritables morceaux de vie, les comptes détaillés, entre autres :

    les frais des avocats, et autres papiers (huissiers, etc…), or ces prix sont très rares dans les archives

    les frais de voyage, et il indique chaque fois les lieux, et même la location du cheval, etc…

    les achats de tissus divers pour faire des vêtements

    comment on réglait en argent monnaie une rente de blé ou blé seigle, au cours de la céréale l’année concernée…, autrement dit un impôt féodal indexé sur le coût de la céréale…

L’acte qui suit est extrait des Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E5 – Voici la retranscription de l’acte : Le 12 décembre 1656 avant midy, par devant nous François Crosnier notaire royal à Angers, furent présents establis et duement soubzmis noble homme Louis Rollée Sr de la Guerrière conseiller du roy contrôleur au grenier à sel de Château-Gontier, y demeurant, d’une part,
et damoiselle Gaudin veuve de noble homme Crisosthome Aubert vivant Sr de la Panne sénéchal de Moranne demeurant en cette ville paroisse de la Trinité, mère et tutrice naturelle des enfants dudit défunt et d’elle, ayant renonçé à la communaulté pour sesdits enfants, répudiée sa succession d’autre part,

lesquels procédant à l’apurement des sommes de deniers reçus par ledit Sr de la Guerrière tant en son chef comme ayant les droits de feu vénérable et discret Me François Aubert prêtre curé de Denazé que comme mari de damoiselle Jeanne Aubert,
tous héritiers pour une moitié sous bénéfice d’inventaire dudit Aubert prêtre,
et comme se faisant fort desdits enfants Aubert chacun pour leur moitié, au jujet de l’amortissement du contrat de constitution qui lu estoit dub sur le Sr de la Tremblay Havard montant 145 livres 8 sols de rente hypothécaire de 2 617 livres 11 sols de principal, et de celle payée par luy Sr de la Guerinière à ladite damoiselle Gaudin ou par son ordre suivant le mémoire qu’il luy en a fourny demeuré cy-attaché, (c’est le mémoire qui suit et qui est la partie très intéressante de cet acte)
s’est trouvé qu’il a receu de noble Mathurin Richer Sr de Boiscloux en l’acquit dudit Sr Havard ledit principal montant 2 617 livres 11 sols avec 559 livres 2 sols pour les arrérages depuis le 13 juin 1649 jusqu’au jour dudit amortissement passé par de La Fousse notaire royal à La Flèche le 27 octobre 1652 admortissement dudit contrat que avoir passé ledit de La Fousse le 13 janvier 1646 sur lequel principal désuisant 700 livres deubs audit Sr de la Guerrière en la succession dudit feu Sr Aubert prêtre, pour le contenu en 2 cessions qu’il lui a faite da ladite somme sur ledit Sr Havard etc… (je vous fais grâce de deux pages sans intérêt, pour passer à la pièce joint, qui est un mémoire attaché)

  • Mémoire cy-attaché signé en 1656 de Louis Rollée, celui qui demeure à Château-Gontier
  • Mémoire pour conter avec ma sœur la sénéchale de Morannes à cause et pour raison de l’admortissement de certain contrat qui nous estoit deub par monsieur de la Tremblaye Havard conseiller à La Flèche en qualité d’héritier de défunt Me François Aubert notre frère, et des mises et débours que j’ai fait pour elle dudepuis.

    Lorsque nous sommes allés ensemble à Laval pour l’affaire des héritiers de deffunct monsieur du Lattay, je donne en sa présence à notre advocat un louis de 68 sols cy pour la moitié 34 sols

    Item lorsque madite sœur rendit compte devant le juge dudit Morannes de la vente des meubles de deffunt Me Chrisostome Aubert son époux, je donne à monsieur Perdrix lieutenant 40 sols, à monsieur de la Mothe Joubert procureur 34 sols qu’il luy redonne, à monsieur le Besson advocat 20 sols qu’il luy a rendu pareillement et au greffier 4 livres pour 2 grosses dudit compte cy pour le tout 11 livres 6 sols et pour la collation 52 sols

    Item le 29 janvier 1653 je donne à madite sœur un escy d’or vallant 116 sols pour subvenir à ses nécessités ainsi qu’elle me dit cy 8 L 16 S

    Item j’ai donné à madite sœur 12 livres pour payer monsieur de la Fontaine apothicaire pour mécidaments fournis audit défunt son mary 13 L

    Item, estant en la ville d’Angers pour compter ensemble de la succession de notre défunt frère Me François Aubert, je donne à monsieur Davy notaire qui avait passé notre transaction deux livres et 28 sols en sa présence et de son consentement pour chacun un grosse de ladite transaction cy pour la moitié 58 S

    Item j’ay payé pour elle 18 livres 16 sols pour la grosse du bail des biens de sondit défunt mary dont elle a tousjours jouy soubz ma caution cy 18 L 16 S

    Item, j’au payé pour elle la ferme de 3 années dudit bail à raison de 43 livres par an, écheues à la feste de Toussaint 1653 cy pour le tout 129 L
    Item j’ay payé à Me Michel Goussey prêtre porteur d’une cédulle sur ledit défunt Me François Aubert de la somme de 25 livres pourquoy il nous aurait fait appeler au présidial d’Angers à laquelle somme j’ay payé 100 sols pour les frais cy pour la moitié 15 L

    Item estant audit Angers le 13 mars 1653 je donne à madite soeur un livre et 70 sols qu’elle me demande cy 70 S

    Plus le 27 dudit mois de mars je luy ai fait délivrer un septier de bled prix fait à 20 livres cy 20 L

    Item le 24 mai 1653 je luy ai donné 20 livres pour payer sa servante Anne ainsi qu’elle m’a dit cy 20 L

    Item estant allé à La Flèche le 25 octobre 1652 pour recepvoir 2 617 livres de monsieur de la Tremblaye Havard ou quoy que ce soit par l’ordre dudit sieur pour le principal du contrat de constitution qu’il debvoit à notredite déffunct frère Me François Aubert, dont m’en appartient 700 livres en privé nom, ou je séjourné 2 jours et fit despese de 4 L 10 S en mon voyage, 34 S que je donne au notaire et 8 S à son clerc et 32 S pour deux journées de cheval que je pris à louage pour apporter ledit argent cy estoit 8 L 6 S qui est pour la moitié du tout lesdits frais 4 L 3 S

    Item j’ay payé au Tayeur archer en la maréchaussée de Château-Gontier pour deux commandements et une exécution fait sur les meubles dudit sieur Havard 12 livres cy pour la moitié 6 L

    Item j’ay rendu à Monsieur Branchu le jeune 10 livres qu’il avait prestées à madite sœur 10 L

    Item au moys de febvrier 1655 estant en la ville d’Angers avec madite sœur je luy ay baillé 3 louis de chacun 60 sols 9 L

    Item j’ay payé à en présence de ma sœur monsieur de Grenois eslu audit Angers porteur de sentence et exécutoire au profit de defunt Me de la Bausenière son beau-père, à son profit contre defunte damoiselle Jeanne Gamelin notre belle mère 70 livres 12 sols par composition de plus grande somme contenue audit jugement et exécutoire cy pour la moitié 35 L

    Item j’ay vendu et livré sur le monceau des fougerets au moys d’aout 1655 un septier de bled à madite sœur pour la somme de 4 L

    Item au moys d’octobre dernier 1655 je luy ay envoyé par Louis Rollée mon fils 24 livres dont j’ay son récépissé 24 L

    Item je luy ai fait fournir par monsieur de Maumusseau marchand 3,5 aulnes de camelot pour faire une casaque à mon nepveu René Aubert et pour 18 sols de fil, soie et boutons, à raison de 35 sols, cy 7 L 0 S 6 D (sous total 335 L 2 S)

    Item je luy ai fait donner par monsieur Branchu le jeune 20 livres pour faire les frais de son delogement pour aller Angers demeurer le 29 mars 1656 cy 20 L

    Item le 2 juin ma sœur m’a mandé de luy envoyer 5 aulnes de camelot de Hollande qui a cousté 6 livres l’aulne et 2 gros de soie, 2 aulnes et demie de ruban d’Angleterre à 8 sols l’aulne, une demie aulne demi quart dudit ruban à 6 sols et un quart de bougrain pour 5 sols, cy pour le tout 31 L 16 S

    Item dès le mois de décembre 1655 j’ay payé et tenu compte à Mathurin Morin fermier de la terre de Juigné en Morannes la somme de 24 livres tz savoir 15 livres pour un septier de bled seigle et cent livres pour 6 boisseaux de froment à luy deubz en qualité de fermier dudit Juigné à cause du lieu de la Bouverye dont ma sœur jouissait par bail judiciaire expédié soubz mon nom et par tolérance de Mr Musard qui luy en avait donné la jouissance l’année dernière l’autre rente escheue à l’Angevine 1655 de laquelle somme j’y l’acquit dudit Morin receu de Mr Chanteau notaire royal du 2 novembre 1656 cy 24 L

    J’ay baillé au vigneron qui fait les vignes de la Chapelle de mon nepveu René Aubert 50 sols pour encavé un tonneau 50 S

    Pour comprendre certains termes du mémoire ci-dessus, consultez mon lexique des inventaires.

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    Chrysostome Aubert, Morannes

    Chhrysostome Aubert portait un joli prénom qui signifie en grec bouche d’or. Chrysostome n’est pas le nom d’un saint, mais le nom d’un saint Jean surnommé Bouche d’Or

    Benoît XVII a rendu hommage à Saint Jean Chrysostome dans son audience générale le 26 novembre 2007, à l’occasion du 16e centenaire de sa mort.

  • Après avoir lu le magnifique texte de Benoît XVII, vous pouvez aussi lire la biograhie de Saint Jean Chrysostome (G. Beleze, Dict. des noms de baptême, Paris, 1863) :
  • Jean Chrysostome, évêque de Constantinople, Père de l’église aux 4e et 5e siècles, honoré le 27 janvier
    Jean, que son éloquence a fait surnommer Chrysostome, c’est-à-dire bouche d’or, naquit vers l’an 344, dans la ville d’Antioche.
    Il faut élevé dans la foi chrétienne par sa mère, et reçut les leçons des plus habiles maîtres. Il était jeune encore, lorqu’un ami chrétien, zélé comme lui, voulut l’entraîner dans un désert de la Syrie, où quelques solitaires pratiquaient la pénitence. Ce projet ne fut combattu dans le cœur de Chrysostome que par la résistance et les regrets de sa mère. Il faut l’entendre lui-même raconter cette scène touchante :
    « Lorsque ma mère, dit l’apôtre chrétien, eut appris ma résolution de me retirer dans une solitude, elle me prit par la main, me conduisit dans sa chambre, et, m’ayant fait asseoir auprès d’elle sur le même lit où elle m’avait donné naissance, elle se mit à pleurer, et me dit ensuite des choses encore plus tristes dans ses larmes. »
    Rien d’égale, dans le récit de Chrysostome, la plainte naïve de cette mère désolée qui, depuis son veuvage, avait éprouvé bien des peines et des embarras.
    « Mon fils, dit-elle, ma seule consolation, au milieu de ces misères, a été de te voir sans cesse et de contempler dans tes traits l’image fidèle de mon mari qui n’est plus. Ne me rends pas veuve une seconde foit ; attends au moins le jour de ma mort. Quand tu auras réuni mes cendres à celles de ton père, entreprends alors de longs voyages, personne ne t’en empêchera ; mais, pendant que je respire encore, ne t’ennuie pas de vivre avec moi. »
    Chrysosstome n’eut pas le courage d’affliger sa mère, et renonça pour le moment au projet d’un lointain voyage. Ne pouvant fuir au désert, il se fit une solitude au milieu du monde, vivant avec Dieu, avec sa mère et quelques amis. Cependant il n’avait jamais cesser de nourrir des pensées d’une retraite plus profonde, et, quelques années après, quand il eut rendu les derniers devoirs à sa pieuse mère, il se retira parmi les anachorètes qui habitaient les montagnes voisines d’Antioche. Ce fut là que, revêtu d’un habit grossier, le corps ceint d’un cilice, il passa six ans dans les exercices de la plus austère pénitence. Obligé de revenir à Antioche, parce que les veilles et les mortificaitons avaient profondément altéré sa santé, il fut élevé au sacerdoce par saint Flavien et chargé d’instruite le peuple de la parole de Dieu, fonction qu’il remplit avec d’autant plus de succès, qu’à une éloquence touchante et persuasive il joignait des vertus vraimenet célestes. La ville d’Antioche comptait alors 100 000 chrétiens parmi les habitants ; ils chérissaient leur vénérable pasteur ; aussi, lorsque l’empereur Honorius voulut élever Chysostome au siège de Constantinople, on eut recours à la ruse pour l’y attirer.
    Chrysostome, conduit hors de la ville sous prétexte de visiter les tombeaux des martyrs, se vit tout à coup saisi et confié aux soins d’un officier, qui l’accompagna à Constantinople, où il fut sacré évêque par le patriarche d’Alexandrie.
    Enflammé d’un saint zèle, il commença son espiscopat par la réforme des abus qui s’étaient glissés dans l’église de Constantinople. Il fonda plusieurs hôpitaux, et tous ses revenus furent consacrés au soulagement des pauvres. Il ne portait jamais de riches vêtements, et de tout son palais il ne voulait qu’une cellule, où il étudiait et priait sans cesse. En même temps, fidèle à la voix de sa conscience, incapable de transiger avec le pouvoir, il s’élevait dans ses prédications contre l’orgueil et les violences des grands de l’empire ; la cour même éprouva les effets de son zèle.
    La vigueur épiscopale de Chrysostome lui suscité de puissants ennemis, au nombre desquels était surtout l’impératrice Eudoxie, qui croyait voir des reproches directs de sa conduite dans les discours du saint évêque. N’écoutant que ss haine, elle le fit exiler. Mais, la nuit suivante, un violent tremblement de terre s’étant fait sentir à Constantinople, Eudoxie, effrayée, courut suppliser l’empereur de rappeler Chrysostome. Le vénérable évêque, reçu aux acclamations de tout le peuple, heureux de revoir son pasteur, fut conduit en triomple dans la ville et reprit les fonctions de son ministère.
    Mais le calme ne fut pas de longue durée. Huit mois après, une statue, qu’on avait élévée devant l’église de Sainte-Sophie en l’honneur de l’impératrice, donna lieu à des réjouissances mêlées de superstitions extravagantes, dont les chants et les cris troublaient le service divin. Le pontife, avec sa liberté ordinaire, blâma hautement des désordres. Eudoxie en conçut une haine plus furiseuse contre le saint évêque, qui fut déposé une seconde fois et exilé à Cucuse, petite ville d’Arménie, dans les déserts du mont Taurus.
    Chrysostome, après 70 jours de marche sous un ciel brûlant, arriva au lieu de son exil, où il supporta courageusement toutes les rigueurs de la persécution, dont il était dédommagé par le respect et l’amour de tous les chrétiens. Le pape, indigné, réclama vainement contre cette inique détention. La vengeance des ennemis du saint évêque n’était pas encore satisfaite, et l’empereur ordonna qu’il fût transféré sur les bords du Pont-Euxin, à Pityonte, ville située aux derniers confins de l’empire.
    Les soldats qui l’escortaient eurent si peu d’égards pour son grand âge, que ses forces étaient épuisées quand il arriva à Comane. On voulut le contraindre à continuer sa marche ; mais sa faiblesse devint si grande, que ses gardes, malgré leur cruauté, se virent obligés de le ramener à Comane. Il fut déposé dans l’oratoire de saint Basilisque, martyr ; là, après avoir reçu la communion, il adressa à Dieu sa prière, qu’il termina, selon sa coutume, par ces paroles :
    « Dieu soit glorifié de tout ! » et il expira le 14 septembre de l’an 407. L’église perdit en lui un de ses plus saint évêques et son plus illustre docteur. Les écrits de saint Jean Chrysostome ont fait l’admiration de tous les âges.

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