Journal d’Etienne Toisonnier, Angers 1683-1714 (1704)

Numérisation par frappe du manuscrit : Odile Halbert, mars 2008. Reproduction interdite.
Légende : en gras les remarques, en italique les compléments – Avec les notes de Marc Saché, Trente années de vie provinciale d’après le Journal de Toisonnier, Angers : Ed. de L’Ouest, 1930

  • Le 14 janvier 1704 le sieur Favrie de la province du Lionnais, veuf de la fille de Mr Cochon, avocat, duquel mariage il y a 3 enfants, épousa la fille du feu sieur Vieil de la Martinière ; ledit sieur Favrie est à présent receveur des Aydes.
  • Le même jour mourut la femme de feu Mr Le Royer de la Baronnière avocat : elle s’appelait Viau : elle a laissé 7 enfants.
  • Le 17 (janvier 1704) mourut Mr Baudry bourgeois. Il a laissé 2 garçons lesquels sont conseillers au présidial ; leur mère s’appelait Bault.
  • Dans ce même temps, mourut la femme de Mr Le Royer, officier au grenier à sel de Candé ; elle s’appelait Poitras.
  • Le 23 (janvier 1704) Mr Gaudicher, fils du sieur Martin Gaudicher, notaire royal en cette ville, fut installé en la charge de conseiller sans licences au siège présidial cy-devant remplie par Mr Rousseau de Pantigné.
  • Le 22 (janvier 1704) Mr Delorme conseiller au présidial, fils de feu Me Jean Delorme, avocat, et de la Delle Daulneau, épousa la fille du sieur Dupaty Gourreau bourgeois et de la Delle Dupas.
  • Le 18 (janvier 1704), le nommé Gaignard, de la paroisse de Rochefort, convaincu d’avoir tué son frère dans son lit d’un coup de fusil, fut condamné de faire amande honorable, d’avoir le poing coupé, et d’être rompu vif, ce qui fut exécuté.
  • Note de Marc Saché : Sur cette peine infamante, qui constituait l’aveu public du crime, Lehoreau nous donne des détails fort intéressants, précisément à propos du cas signalé par Toisonnier. « Lorsque quelque homme ou femme sont condamnés de faire l’amende honorable messieurs de la justice en font avertir le grand doyen. Ce cas arriva le lundy 18 février 1704 pour l’amende honorable que fit un homme de Rochefort pour avoir tué son frère d’un coup de couteau et l’avoir fait à demi brûler pour mieux couvrir son crime. M. Ayrault, lieutenant criminal, fit avertir Mr le doyen et fit rompre vif le criminel. – Lors donc que le criminel arrive vers le placitre (place devant l’église) de la cathédrale, un huissier ou bien un archer de prévôt prend le devant et avertit le valet semainier de se tenir prêt à sonner son arrivée. Le criminel se met de genoux sur le seuil de la porte de la galerie devant le placitre qui est fermé jusqu’à ce que toutes les formalités ordinaires de justice soient faires ; puis on le conduit en prison. Au moment que le criminel paroist dans la cité, le valet semainier de la sacristie tinte neuf coups par intervalle la cloche appelée Maurice pour avertir le peuple d’estre témoin d’une telle action. Ce son est gratuit. » (Cérémonial de l’Église d’Angers, t.III, liv. V, pp. 24, 25). La férocité des mœurs rendait la mort épouvantable ; mais la vue des supplices les plus horribles, comme l’exposition sur la roue du patient qui venait d’être rompu sur la croix, était un spectable apprécié du peuple et auquel, on le voit ici, il était convié.

  • Le 19 (janvier 1704) mourut Mr de Vaux Landevy ; il a épousé la dame Nivard dont il n’a point laissé postérité, ainsy le nom des Landevy est éteint.
  • Le 26 (janvier 1704) mourut Mr de la Carte Coiscault, avocat et syndic des avocats. Il avait épousé en 1ères noces la fille du sieur du Chatelier, chirurgien, à Chalonnes, dont il a deux enfants, et en 2e la Delle Trochon dont il n’a point laissé d’enfants.
  • Le 4 février 1704 mourut la femme du sieur Delmur le Jeune, âgée de 28 ans ; elle a laissé 7 enfants ; elle s’appelait Salmon.
  • Au mois de janvier dernier, Mr Troullet de la Bertière, qui a traité d’une charge de conseiller au Parlement de Bretagne, fils de Mr Trouillet lieutenant particulier au siège présidial de cette ville et de la défunte dame Martineau, épousé Melle Mathée fille de feu Mr Mathée, trésorier à Tours et secrétaire du roy, dont le père était lieutenant général du présidial de Tours.
  • Le 10 mars 1704 Mrs Jauneaux et Alleaume plaidèrent leur première cause.
  • Le 15 (mars 1704) Mr de la Mothe, fils de Mr de la Mothe, cy-devant marchand de soie et banquier, à présent receveur des décimes de ce diocèse, et de défunte Delle Catherine Guillot, sœur de ma femme (note de Marc Saché : voir au 7 janvier 1698), a été installé en la cherge de conseiller au présidial cy-devant remplie par Mr de Grée Poulain.
  • Le 18 (mars 1704) mourut la femme du sieur du Catel ; elle s’appelait Simone Avril ; elle n’a point laissé d’enfants.
  • Le 29 (mars 1704) mourut Mr de Monplacé écuyer.
  • Le 1er avril 1704 Mr de Bonétat écuyer fils de Mr de Bonétat aussy écuyer, et de la dame … épousa la fille de Mr de la Croiserie Grimaudet écuyer et de la dame Verdier.
  • Le 8 (avril 1704) le fils de feu Mr Pichard avocat et de la Delle Bousselin, épousa la fille du feu Sr Trochon de Richebourg et de la défunte Delle Coustard.
  • Le même jour mourut la femme de Mr Lanier de Vernusson ; elle n’a point laissé de postérité ; elle s’appelait Volleige de Vaugirault.
  • Dans ce même temps, Mr Chantelou de Portebize, fut élu conseiller de ville par la démission de Mr de Chanzé Gaultier.
  • Le 26 (avril 1704) Mr François Boylesve seigneur de Goismard conseiller au présidial, fut installé en la charge de lieutenant général de robe courte au présidial de nouvelle création.
  • Note de Marc Saché : La famille des Boylesve de Goismard fournit longtemps des conseillers au Présidial d’Angers. François Boylesve de Goismard, fils de François Boylesve, conseiller au présifial, et de Renée Guinoiseau, était lui-même conseiller. Il épousa, en 1687, Marie Gautier, fille de Jacques, chevalier, sieur de Chanzé, juge au présidial, et de Marie Renou, et en secondes noces, le 13 avril 1693, Madeleine de Méguyon, fille de François, sieur de la Houssaye, et de Marthe Jousselin. Il fut inhumé le 27 décembre 1710 en l’église Saint-Pierre d’Angers. Sa qualité de lieutenant général lui permettait de siéger, l’épée au côté, immédiatement après le lieutenant général avec voix délibérative tant au civil qu’au criminel. (Voir Gontrd de Laynay, Familles des maires, t.II, pp. 112, 113)

  • Le 1er mai 1704 Mr Jarry avocat et le Sr Maugars de la Gancherie ont été élus échevins et Mr de Vaux Davy conseiller de ville, par la démission de Mr Charlot.
  • Le 6 (mai 1704) le fils de Mr Huslin de la Selle écuyer et de la fame Prinquet, épousa la fille de Mr Grandet, écuyer, conseiller au présidial et de défunte dame Françoise Jousselin.
  • Le 25 (mai 1704) mourut Mr Guérin de la Pyverdière, doyen de Mrs les conseillers au présidial ; tous les avocats assistèrent à la cérémonie en robes et bonnets à cause de sa qualité de doyen. Il a été longtemps malade d’une hydropisie tympanique et ensuite mort de phtysie. Il avait beaucoup de mérite ; il laisse 4 garçons.
  • Note de Marc Saché : Jean Guérin de la Piverdière, fils d’Alexandre Guérin de la P., et de Françoise Pâquereau, né le 12 février 1652, était petit-fils d’un apothicaire d’Angers. Il était sieur du Grand-Launay en la paroisse d’Andard. Il épousa, en 1675, Elisabeth du Fraisier, et reçut ses provisions d’office de conseiller au Présidial le 9 février 1674 (voir Bibl. d’Angers, man. 123-anc. 1005, vol. I, p. 553 ; Gontard de Launay, t. III, p. 153 ; état civil des paroisses Saint-Martin, Saint-Maurille et Saint-Pierre)

  • Le 31 (mai 1704) mourut le sieur Chaillou, marchand ferron ; il avait été consul.
  • Le 2 juin 1704 mourut Mr Daigremont avocat, conseiller garde-manteau au siège des Eaux et Forêts de cette ville.
  • Le 3 (juin 1704) mourut la femme de feu Mr Varice écuyer, seigneur de Juigné-Béné ; elle s’appelait Catherine Belot ; elle a laissé une fille unique mariée avec Mr Dubois Legouz écuyer.
  • Le 17 (juin 1704) mourut Mr René Pasquereau l’aîné, avocat. Il fut enterré le lendemain dans l’église de St Maurice ; il est mort subitement d’une apoplexie de sang.
  • Le 19 (juin 1704) mourut la femme du sieur Maussion directeur du domaine en cette ville.
  • Le 20 (juin 1704) mourut le sieur du Rocher, garde de maire.
  • Le 1er juillet 1704 le fils du Sr Vaslet de la ville de Beaufort épousa la fille de feu Mr Gontard de la Perrière et de la Delle Boullay.
  • Le 10 (juillet 1704) mourut Mr Artauld bourgeois ; il était de l’Académie française ; il avait épousé mademoiselle … de la ville de La Flèche. De son mariage sont issus un garçon et 2 filles : l’aînée femme de Mr… conseiller au présidial de La Flèche, est décédée ; l’autre a épousé Mr de Villeneuve du Cazeau.
  • Dans ce même temps, le fils du sieur Ducerne notaire et de la défunte Delle Lemasson, épousa la fille du feu Sr de la Normandière Blouin et de la Delle Binet.
  • Le 7 aôut 1704 Mrs Mijonnet et Gilly plaidèrent leur première cause.
  • Dans ce même temps Mr Lejeune de la Grandmaison, président au grenier à sel de cette ville, fils du Sr Lejeune de la Grandmaison ancien juge consul et de la défunte Delle Poisson épousa la veuve du feu Sr Chaillou marchand de fer.
  • Le 22 (septembre 1704) mourut la Delle Lanier femme de feu Mr Boylesve de la Maurousière, maître d’hôtel chez le roy ; de ce mariage sont issus feu Mr Boylesve de la Maurouzière président au présidial, Mr de la Maurouzière marié avec mademoiselle Poisson de Neuville, une fille mariée avec Mr du Saulay Boylesve et une autre avec Mr de Vrie.
  • Dans ce même temps mourut Mr de la Varanne du Tremblier conseiller honoraire au présidial de cette ville.
  • Le 1er octobre 1704 Mr Gencian seigneur d’Erigné, fils de feu Mr Gencian, seigneur d’Erigné et Meurs, et de dame Catherine Artaud, épousa la filel de feu Mr de Chenedé avocat et procureur du roy en l’élection de Paris et de dame Louise Aveline, en conséquence de dispenses de Rome, étant cousins rémuez de germains.
  • Le 2 (octobre 1704) mourut mademoiselle Marie Coueffé fille âgée de 70 ans ; elle avait beaucoup de piété et de mérite.
  • Dans ce même temps mourut la femme du feu Sr Dupas surnommé « major » ; elle n’a point laissé d’enfant ; elle s’appelait Cupif.
  • Le 11 novembre 1704 Mr Dolbeau avocat fut installé dans la place de conseiller de ville, remplie par le sieur de la Gaulerie Brundeau, en conséquence de sa démission, et le sieur Cousin de la Bridraye en la charge d’assesseur de l’hôtel de ville, cy-devant remplie par Mr Bachelot.
  • Les commissions de subdélégués de Mr l’intendant ont été créées en titres d’offices ; Mr Amys du Ponceau en a traité pour cette ville.
  • Note de Marc Saché : On sait que le subdélégué, homme de confiance de l’intendant, exerçait des fonctions qui n’avaient aucun caractère officiel. Le nombre des subdélégués n’avait rien de fixe dans le ressort de l’intendance. L’édit d’avril 1704 créa un subdélégué dans chaque chef-lieu d’élection, le chargeant de recevoir les requêtes adressées à l’intendant et accompagnées de ses avis et de transmettre ses ordres. En fait, cette création d’office n’était qu’un nouveau moyen de vendre une charge. – Amis-Duponceau (François-Gabriel), était fils de n. h. Pierre A., écuyer, sieur du Ponceau, gouverneur de la ville et château de Sablé. Il avait épousé, en 1696, Marie Ganches, fille de feu n. h. Pierre Ganches, sieur de la Fourerie, conseiller au siège de la Prévôté d’Angers, et de Marguerite Avril (voir Bibli. d’Angers man. 1214 bis anc. 1005, vol. II, p. 63 ; état civil de Saint-Michel du Tertre)

  • Dans ce temps, le fils du sieur François Chauveau Me apothicaire et de la dame Buret, épousa la fille du feu Sr Lemaçon et de la dame Lecouz.
  • Le sieur Pelletier mourut au mois d’octobre dernier, âgé de 82 ans ; il avait été autrefois greffier au grenier à sel de cette ville.
  • Cette année a été assez abondante en vin et grains, mais le tout se vend à vil prix attendu la guerre et la rareté de l’argent.
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    Transaction avec le chapelain de la Mabile à Craon, pour passage sur un pré, 1640

    Selon le Dictionnaire de la Mayenne de l’abbé Angot, tome 1er, p. 813, article de Craon :

    De nombreux chapelains se joignaient dès le 14e siècle aux chanoines dont le nombre avait été porté à huit. Parmi ces chapellenies secondaires, il faut citer d’abord les 4 chapelles de fondation seigneuriale dont les titulaires devaient « chacun an amesser monseigneur et madame » ; celle de l’Ecorcherie, fondée par Amaury de Craon vers 1366 ; de la Forcelière, de la Mabile, fondée avant 1410 par Mabile de Saint-Eutrope ; etc…

    Mabile est un patronyme, dérivé du prénom Mabile, présent dans le Craonnais. Un nommé Mabile aurait habité en 1401 Saint-Eutrope qui est un quartier de Craon.
    Mabile était un prénom de femme, dérivé de saint Aimable, curé de Riom, décédé en 485, dont le nom latin était « amabilis ». On sait que ce prénom a été porté dans le Craonnais au Moyen-Âge au moins par Mabille (est-ce la même ?) qui fut épouse de Robert II de Bellême, citée par l’abbé Angot in Généalogies Féodales Mayennaises, p.133.

    Le terme chapelle s’entend ici par bénéfice ecclésiastique lié à une chapellenie, détenue par un chapelain et ses successeurs, moyennant un service religieux perpétuel. A ne pas confondre avec un bâtiment du nom de chapelle.

    Jean Crannier, chapelain de cette chapelle de la Mabile en 1640 est un de mes collatéraux. La famille Crannier, un temps au Lion-d’Angers à la fin du 16e siècle, avait eu quelques prêtres à Craon.

    Ce bénéfice ecclésiastique était lié au chapelain en titre et à ses successeurs, et nous allons voir qu’une pièce de terre relevant du temporel de cette chapelle, était enclavée, comme cela arrive parfois. Et comme dans toute pièce enclavée, le droit de passage est sujet à disputes. Ici, la dispute risquant de dégénérer en procès coûteux, dont les frais sont toujours autrefois à la charge du perdant, une transaction devant notaire est préférable.
    Et ici, la transaction entraîne la cession du pré enclavé, ce qui est la meilleure solution. Mais, comme il s’agit d’un bénéfice ecclésiastique, il faut l’aval de l’évêque, qui mandate un audit, d’où les pièces jointes telles que PV du mandataire de l’évêque d’Angers.

    L’acte qui suit est extrait des Archives Départementales de la Mayenne, série 3E1-460 – Voici la retranscription de l’acte : Le 12 mai 1640 après midy devant nous Pierre Hunault notaire royal en Anjou résidant à Craon furent présents en leurs personnes establis et duement soumis et obligés chacuns de vénérable et discret Me Jehan Crannier prêtre curé de Saint Clément de Craon y demeurant et chapelain de la chapelle de la Mabile desservie en l’église collégiale de St Nicolas de Craon d’une part,
    et Pierre Louault marchand boucher et Marie Laurent sa femme de luy autorisée par devant nous pour l’effet et exécution des présentes, demeurant en ceste ville de Craon d’autre part,
    entre lesquelles parties a esté accordé du procès prest à mouvoir entre elles sur ce que lesdits Louault et femme disaient qu’ils sont seigneurs d’un pré près le pré de Boultye qui fut en estang par sur lequel pré le fermier dudit sieur Crannier aurait depuis 3 mois environ passé par sur ledit pré avec bœufs et chartées pour aller exploiter une portion de terre contenant 2 boisselées ou environ qui est joignant des deux costés et aboutté d’un bout la terre de la mestairie de la Motte Guillaume et aboutté d’autre bout à la terre d’Estienne Peluau à cause de (blanc) Duboys sa femme, dépendant de ladite Chapelle à leur desnye ? en quoi ils ont souffert plus de 30 livres de dommages et intérêts, qui est plus que ne vallent lesdites 2 boisselées de terre un fois payée, pour raison ils voulaient faire appeler ledit fermier attendu qu’ils disaient que le chemin pour exploiter ladite portion devrait être par sur une pièce de terre dépendant de ladite chapelle proche le pré dudit Peluau par sur lequel pré dudit Peluay ledit chapelain a droit de passer pour aller exploitier sadite portion de terre qui est plus commode pour ledit chapelain
    à quoy était respondu par ledit sieur Crannier que luy et ses prédecesseurs estaient en possession de passer par sur le pré desdits Louault et femme ce qui estait par eux desnyé et que encore qu’il eust droit que non, il ne pouvait prétendre chemin avec bœufs et chartées et notémment lorsque lesdits prés sont retirés
    sur lesquels différends lesdites parties estaient prêtes à tomber en grand procès pour auxquels éviter, paix et amour nourrir entre eux, ont par l’avis de leurs conseils et amis auxquels ils ont fait voir les choses contentieuses, accordé ce qui s’ensuit
    c’est à scavoir que ledit sieur Crannier chapelain de la Mabille, a ce jourd’huy baillé à rente foncière annuelle et perpétuelle ladite portion de terre contenant deux boisselées ou environ, close à part cy-dessus spécifiée, auxdits Louault et sa femme, qui ont pris et retenu audit titre de rente foncière annuelle et perpétuelle pour eux leurs hoirs les deux boisselées de terre avec le droit de chemin par sur le pré dudit Peluau pour exploiter ladite portion de terre comme est de coustume, à tenir censivement du fief et seigneurie dont relève ladite portion de terre aux charges cens rentes et devoir si aucuns sont dus, que les parties n’ont pu déclarer avertis de l’ordonnance royal,

    transporte ledit sieur Crannier le fonds propriété et seigneurie avec tous les droits qu’il y avait pour en disposer par les preneurs comme de leur propre héritage et est faire la présente baillée à rente pour en payer par lesdits preneurs chacun d’eux seul et pour le tout audit sieur Crannier et à ses successeurs chapelains de la Mabille la somme de 8 livres tz de rente foncière annuelle et perpétuelle à pareil jour et dabte que ces présentes le premier payement commençant au jour d’huy en un an et à continuer à perpétuité, au payement et contenu de laquelle somme de 8 livres tz de rente, lesdites choses demeurent spécialement affectées et obligées et généralement tous et chacuns les autres biens desdits Louault et femme, par hypothèque spéciale renonçant à en faire disposer et demeure ledit sieur Crannier tenu faire homologuer ces présentes à monseigneur le révérendissime évesque d’Angers ou à messieurs ses grands vicaires aux frais et despends desdits preneurs qui demeurant tenus délivrer à leurs despends grosse des présentes audit sieur Crannier
    tout ce que dessus les parties ont voulu consenty stipullé et accepté, accordé que sy monseigneur le révérendissime évesque ne voulait homologuer ces présentes, ledit sieur Crannier ne sera tenu d’aucuns dommages intérests et despends
    auquel accord transaction baillée à rente et tout ce que dessus est dit tenir obligent lesdites parties respectivement mesme lesdits Louault et Laurent sa femme ung chacun d’eux seul et pour le tout renonçant etc qui ont renoncé au bénéfice de division discussion droit et d’ordre leurs biens et choses à prendre vendre etc dont etc
    fait et passé à notre tablier en présence de honnestes personnes Hélye Hunault et Daniel Adron marchand demeurant en la ville et faubourg de Saint Pierre dudit Craon témoins et ont lesdits Louault et Laurent dit ne scavoir signer. Signé J. Crannier, H. Hunault, D. Adron, P. Hunault

    Pièce jointe : Par devant nous René Avril, licencié ès droit canon, prêtre, prieur curé de Mée (près Château-Gontier), comparu vénérable et discret maistre Jean Crannier prestre curé de Saint Clément de Craon et chapelain de la Chapelle de la Mabille desservie en l’église collégiale de Saint Nicolas de Craon, qui nous représenté une ordonnaice de monsieur Guy Lanier vicaire général de monseigneur l’évesque d’Angers du 2 juin dernier, signée Lanier, estant au bas d’une requeste présentée par ledit Crannier, par laquelle ledit Sr Lanier nous aurait commis et député pour visiter les choses baillées par ledit Crannier à Pierre Louault et Marie Laurent sa femme, portées par le contrat de baillée à rente par luy fait auxdits Louault et Laurent sa femme, passé par maistre Pierre Hunault notaire royal en Anjou le 12 may dernier, nous requérant qu’il nous playse nous transporter sur les lieux pour faire procès verbal de la valeur desdites choses et s’il est besoin et utile pour le profit et utilité dudit chapelain et de ses successeurs, de laquelle représentation nous luy avons donné acte et ordonné que nous transporterons demain en la ville de Craon et de là sur les lieux pour être en présence des parties et d’experts, dont les parties conviendront autrement en sera par nous pris d’office, à dix heures, attendant onze, à laquelle heure sera le seigneur baron de Craon inthimé, parlant à son procureur et pareillement convenu d’experts autrement, et à faulte de ce faire en sera par nous pris d’office et fait procès verbal de l’estat desdites choses
    Fait à Mée au prieuré dudit lieu par nous conseiller susdit le 7 juillet 1640. Signé J. Crannier, R. Avril

    Autre pièce jointe : Et le lendemain 17 desdits mois et an, nous conseiller susdit, sommes transportés dudit prieuré de Mée nostre demeure en ladite ville de Craon, où sommes arrivés à 11 h du matin en descendant en la maison du Chapeau Rouge où en nostre présence et dudit Hunault notaire royal qu’avons pris d’office pour nostre greffier en ceste partie, ont comparu en leurs personnes lesdits Crannier, Louault et Laurent, comme aussy a compary noble homme René Gouin procureur et advocat fiscal de la baronnie dudit Craon, aussi en sa personne,
    Lequel Crannier a requis l’exécution de ladite ordonnance et déclaré pour son regard qu’il ne veult convenir d’experts, attendu qu’il croit avoir fait son profit le bien et utilité de ses successeurs chapelains se rapportant à nous d’en prendre d’office, lesdits Louault et Laurent sa femme ont pareillement déclaré n’en vouloir convenir s’en rapportant à nous de ce faire, ledit sieur procureur a dit qu’il n’en veult pareillement convenir, se rapporte aux experts qu’il nous plaiera prendre, de rapporter au vray de l’utilité commodité et profit que pourra avoir ledit Crannier et successeurs chapelains
    desquels dires et déclarations avons jugé lesdites parties et après qu’elles n’ont voulu convenir d’expert pour voir visiter et apprécier les choses de la baillée à rente faire par ledit Crannier aux dits Louault et Laurent sa femme avons pris d’office chacuns de maistre Pierre Fouyn Sr de la Laizerie et Hélye Hunault Sr de Rommée marchands demeurant en ceste ville, lesquels avons fait venir devant nous et d’eux pris le serment en tel cas requis et accoustumé en présence desquels, de notre greffier commis, et desdites parties sommes transportés sur les lieux en ladite portion baillée à rente mentionnée par ledit contrat dudit 12 may dernier, et après avoir icelle vue et considéré de nous ont lesdits experts dit scavoir ledit Fouyn estre âgé de 35 ans ou environ et ledit Hunault de 53 ans ou environ, demeurant en la ville de craon, et eux séparément enquis, nous ont concordement dit et rapporté que ladite portion de terre contien environ 2 boisselées qui ne peult valoir de revenu annuel au plus que la somme de 60 sols et que ladite baillée à rente de ladite portion de terre est utilité et profitable audit Crannier et à ses successeurs chapelains et dont les avons jugés
    fait et dressé le présent procès verbal par nous conseille susdit pour recours aux parties ce que de raison lesdits jours et an que dessus, et ont lesdits Louault et Laurent dit ne scavoir signer. Signé : R. Avril, René Gouin, J. Crannier, Fouyn, H. Hunault, P. Hunault

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