Histoire des Vandellant, peintres, selon Célestin Port

Je viens de vous parler verre et vitrail, car je vais vous mettre l’inventaire après décès de Rolland Vandelan, peintre, et de Ysabeau Cousin : Angers 1567.
Mais avant d’aller à l’inventaire proprement dit, rappelons ici ce qu’en dit Célestin Port dans sa 1ère édition du Dictionnaire Historique du Maine et Loire :

Vandellant, nom d’une famille de peintres, rivaux, amis, alliés des Lagouz, mentionnés pourtant à peine et comme un nom inconnu dans les travaux les plus récents des historiens de l’art français. En Anjou, quoique leurs contemporains aient eu plus d’une occasion de le signaler, on n’a recueilli sur ces artistes éminents que des notions banales, confuses, qui se répètent sans se compléter, bornées d’ailleurs à des données à peu près fausses sur les deux seuls noms de Gilbert et d’Adam Vandellant. Un ensemble de faits nouveaux et précis résultent des documents que j’ai recueillis –
(Gilbert), Suisse ou Allemand de naissance, fut amené en Anjou par le roi René et s’y laissa fixer par les bienfaits et l’amitié du prince, qui sans doute ne permit pas à son talent de chômer. On ignore pourtant la nature et le nombre de ses ouvrages, n’était la description de la peinture fameuse, V. ci-dessus, p. 240, que, dans son testament, le vieux roi mourant recommandait de terminer. On la voyait jusqu’à la Révolution à Saint-Maurice d’Angers, au fond de l’arcade où s’abritait son tombeau. Tous les historiens d’Anjou expriment leur admiration pour cette peinture, non pas à fresque mais sur bois, « une des plus belles pièces qu’ont put « voir » et dont l’idée dut être donnée par le bon roi, si fort amoureux d’allégories. Un dessin d’après Gaignières en est reproduit dans les Mémoires de la Soc, d’Agr. Sc. et arts d’Angers 1866. Mais en attribuant, avec le témoignage unanime, cette oeuvre au premier Gilbert, il faut se garder contre l’accord non moins unanime des témoignages, qui ne connaissent qu’un Vandellant de ce nom, de le confondre avec son fils, mort en 1559. A cette date, le peintre de René serait décédé centenaire, en supposant qu’il est eu vingt ans à peine à la mort de son protecteur (1480). –  » Un fait d’ailleurs démontre à plein l’erreur : il aurait eu quatre-vingt-seize ans à la naissance de son dernier enfant. (V. ci-après Gilbert II). On ignore donc l’époque de sa mort, qui ne dut pas dépasser le premier quart du XVIème s. ; de sa vie on ne sait rien davantage, et je suis le premier à lui attribuer deux fils, Roland et Gilbert, – peut-être trois, – nés à Angers de son mariage avec une Angevine, dont je n’ai pas retrouvé le nom ;
(Roland), fils du précédent, peintre comme lui, figure dans la liste, que donne Louvet, des huguenots en fuite, sur l’accusation d’avoir participé en 1562 au pillage de Saint-Maurice, comme son cousin Roland Lagouz. V. ce nom. Sa femme avait nom Isabelle Cousin et lui donna six enfants : Maurice, qui eut pour parrain Gilbert Vandellant, son oncle (15 décembre 1549), Imbert, filleul de Guillaume Collas, curé d’Andard (14 janvier 1554 n.s.), Perrine (16 septembre 1555), Jean (13 janvier 1560 n.s.), Roland (16 mars 1561 n.s.), Marie (6 août 1562)
(Gilbert II), frère du précédent et fils de Gilbert 1er, avec qui il a toujours été confondu, a continu et réuni, grâce à l’identité des noms, la réputation de son père. Les actes authentiques, qui l’appellent Jean dit Gilbert 1530, Jean aliàs Gilbert 1536, semblent indiquer qu’il aurait reçu le prénom Jean au baptême, et ne tenait celui de Gilbert que de l’habitude populaire de désigner ainsi le maître primitif, à qui était due la rénommée des Vandellant. Son talent au dire de Claude Mesnard, qui d’ailleurs le confond avec son père, pouvait souffrir, sans déchoir, la comparaison avec celui des peintres d’Italie, ses contemporains. On citait de lui, comme une série de chefs-d’œuvre, la suite de tableaux peints [dans l’église Sainte-Croix ?], notamment l’Enfant Jésus jouant avec un petit saint Jean, mais surtout une toile dont il avait orné la chapelle fondée par les siens dans l’église Saint-Michel-la-Palud d’Angers. Richelieu, qui vit ce tableau, en fit faire une copie, qu’il laissa, emportant l’original, à Paris, dans son palais Cardinal au milieu des trésors d’art qu’il y avait réunis. Gilbert fut enterré à la Baumette, dans le cimetière du couvent fondé au bord de la Maine par le roi René et où se retrouvent encore des fresques gracieuses. Longtemps même après la suppression du cimétière, converti en promenade, sa tombe y fut conservée. « Au coin de la place, qui est au haut de l’escalier, dit Bruneau de Tartifume, – vers le côté de la rivière, se voit une pierre ardoisine, épaisse de 1 pouce et demi, large de 2 pieds 2 pouces et demi et sortant de terre 1 pied 10 pouces, sur laquelle est gravé : Cy gist Gilbert Vandelant, peintre, qui décéda l’an 1559. » La date est exacte, car on voit figurer sa veuve en 1560 dans un acte. Gilbert avait été marié deux fois, et avait eu de sa première femme, Guillaumine Prévost, trois filles : Jeanne (1528), Renée (22 septembre 1530), Catherine (1er août 1534), – de sa seconde femme, Jeanne Guillard, cinq fils et trois filles : Eaumont (5 novembre 1536), René (30 novembre 1537), Jacques 25 janvier 1539), Françoise (21 juin 1541), Raouline (5 décembre 1542) ; Ambrois (13 juillet 1545), Adam, dont l’article suit, et Françoise (19 février 1555 n.s.)

Je m’arrête ici pour la bibliographie, car les Vandellan suivant, dont Célestin Port donne également une longue bibliographie, suivent la date de l’inventaire dont il est question ici.

Vous avez bien lu, Célestin Port les qualifie de PEINTRE
Il faut dire qu’à cette époque, le vitrail est peint, et le vitrailliste est dit PEINTRE VERRIER. Donc il savait à la fois travailler le vitrail et le peindre. Et si vous avez bien suivi les pages Internet que je vous recommandais hier, vous avez noté que le vitrailliste de nos jours n’est plus peintre, et lorsqu’il y a à peindre sur le vitrail, il fait appel à un peintre.
Le PEINTRE VERRIER d’autrefois avait donc 2 métiers d’art, et parfois il pouvait être plus penché sur l’un ou l’autre, c’est pourquoi parfois certains PEINTRES VERRIERS auraient bien voulu n’être classés que PEINTRES car ils tiraient plus le portrait que le vitrail, mais il en allait des corporations d’autrefois que celle des PEINTRES VERRIERS
Ceci pour vous amener, comme je l’ai été, à comprendre le métier en 1567, date de l’immense inventaire qui suivra sur 3 jours :

l’atelier du peintre verrier
les meubles et linge
les titres

Je vous donne donc RV avec les peintres verriers demain et les jours suivants.

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