Laurent Chuppé et Jeanne Boisbas partis à Belligné (44) vendent des terres à Champtocé (49), 1650

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ADIEU

Lorsqu’on quittait la région, et qu’on était trop loin pour surveiller l’exploitation des terres, on les vendait ou on les affermait, ici on les vend :

Voici la retranscription intégrale de l’acte : Le 18 mars 1650 avant midy, devant nous Nicolas Leconte notaire gardenottes royal Angers furent présents etabliz soubzmis

Me Laurent Chuppé et Jeanne Boisbas sa femme de luy authorisée quant à ce demeurantz à Belligné en Bretagne, lesquels eux et chacun d’eux un seul et pour le tout sans division etc ont vendu quicté ceddé délaissé et transporté et par ces présentes promettent garantir perpétuellement de tous troubles décharge d’hypothèque évictions et empeschementz quelconques et en faire cesser les causes (famille notable car elle signe. L’un d’eux, au moins, a manifestement des origines angevines puisqu’ils possédaient un bien à Champtocé)
à monsieur Me Jacques Goureau conseiller du roy au siège présidial de cette ville y demeurant paroisse St Maurille ce acceptant qui a acheté pour luy ses hoirs ou pour autres qu’il nommera dans un an prochain, (on va voir ci-après que c’est sa mère qui va payer)
3 pièces de terre se joignant et aboutant les unes les autres contenant 10 septrées de terre (la sétérée ou setier, est une ancienne mesure de superficie utilisée de la Loire au midi de la France, et qui et théoriquement la superficie de terre qu’on peut ensemencer avec un setier de grans, ou la superficie qu’on peut laboureur en un jour avec deux bœufs, de l’ordre de l’arpent de Paris, soit 34,19 ares. On écrivait aussi sesterée, septrée, septerée – selon Lachiver, Dict. du monde Rural, 1997) ou environ situés en la paroisse de Chantocé proche le lieu de la Boizé joignant et aboutant de toutes partz aux terres dudit lieu de Boizé fors que l’une d’icelles nommée Ribourg abouté vers midy au chemin arrivant auddit de Boizé, et une autre nommé la pièce du Pont joinct d’un costé vers soleil couchant au chemin arrivant au Pont Daussant, tout ainsy que lesdites pièces de terre se poursuivent et comportent et que lesdits vendeurs en ont esté fait seigneurs par retrait qu’ils ont exécuté sur deffunt Me Jacques Chesneau avec autres héritages que ledit acquéreur a dit bien connoistre, tenues à foy et hommage du fief et seigneurye de Villemoissant aux cens rentes charges et debvoirs seigneuriaux et féodaux entiens et accoustumez, que ledit acquéreur paierai si aucuns sont deubz quite du passé,
cette vendition faicte pour la somme de 900 livres tz que ledit sieur acquéreur par hypothèque spécial sur lesdites choses et général de tous ses autres biens promet et demeure tenu payer dans la Toussaintz prochaine aux créantiers desdits vendeurs sans aucuns intérestz jusqu’audit jour, mais d’iceluy jour à faute de payer couront jusque à paiement à raison de l’ordonnance, à laquelle vendition et à ce que dit est tenir etc … (on apprend que les vendeurs ont des dettes et que cette vente est faite pour les honorer)
fait audit Angers en notre estude présents René Touchaleaume et Michel Bardoul praticiens demeurant audit lieu … Signé Chuppé, Gourreau, Janne Boisbas, Touchaleaume, Bardoul, Leconte
Le 23 novembre après midy par devant nous notaire susdit fut présent ledit Goureau et Delle Françoise Juffé sa mère laquelle à ce présente soubzmise a payé le prix d’iceluy suivant et au désir dudit contrat et en acquite ledit Goureau son fils … Signé Françoise Juffé, Goureau (AD49 série 5E5)
La somme de 900 livres est élevée, et représente quasiement le prix d’une closerie. J’ai donc tenté dévaluer le prix à l’hectare, puisque la vente porte sur 10 x 34,19 ares à raison de 100 m2 par are, soit 10 x 3 419 m2, soit 34 190 m2 soit 3,4 hectares. On a donc un prix de 264,7 livres à l’hectare.

  • Je poursuis la migration sous WordPress de quelques actes restés sous Dotclear en 2008 lors de mon changement de logiciel et je reporte les commentaires de l’époque, que vous pouvez encore commenter.
  • Commentaires

    1. Le lundi 21 juillet 2008 à 09:43, par Marie

    Le château de Champtocé, grandiose, inquiétant et romantique à la fois, on ne sait s’il fut vraiment la scène des exploits sinistres de Gilles de Laval, sire de Retz , exécuté à Nantes à la suite de crimes inouïs le 25 Octobre 1440. Ce serait pure fantaisie de faiseurs d’historiettes, dit Célestin Port.

    Note d’Odile : effectivement, ce n’est pas à Champtocé aliàs Chantocé, que Gilles de Retz a sévi. Bien que Chantocé lui ait appartenu, il n’en fit jamais sa résidence, et d’ailleurs vendit Chantocé dès 1437 au duc Jean V de Bretagne. La tour d’Oudon, sur les bords de Loire, garde plus de souvenirs de ce sinistre sire.

    2. Le lundi 21 juillet 2008 à 13:46, par Bernadette

    En 1650 à Angers ce René Touchalaume présent ne pourrait-il pas être celui marié à Perrine Avril en 1624 à La Trinité, fils de René Touchalaume et Perine Vincent?

    Note d’Odile : tout à fait, et j’ai d’autres actes le concernant. Dans un premier temps, j’ai mis sa signature dans l’étude TOUCHALEAUME sur mon site, et il faudrait voir si elle ressemble à celle des autres actes connus de lui. Dans les semaines qui viennent, si cela vous intéresse, je peux vous mettre des actes notariés différents le concernant.

    Odile Halbert – Lorsque vous mettez mes travaux sur un autre site ou base de données, vous enrichissez leurs propriétaires en leur donnant toujours plus de valeur marchande dans mon dos

    Les proches parents de Jean Goussé et Guillemine Bellanger : Saint-Poix (53) 1646

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    PRIEZ POUR QUE CECI NE SOIT PAS UN

    ADIEU

    Voici une obligation, c’est à dire la constitution d’une rente obligataire, dite rente hypothécaire perpétuelle. Or, les prêteurs, jamais fous, prennent toutes les garanties, en particulier, ils ne prêtent pas à une personne seule ou inconnue.

    En l’occurence, les prêteurs sont les chanoines de St Pierre, ce qui signifie que l’un d’eux, ou le notaire d’Angers qui passe l’acte, connaît bien les emprunteurs et les sait solvables.

    Les prêteurs s’entourent également de garanties par des cautions solidaires, et jamais l’emprunteur n’est seul. Vous comprenez donc que ces cautions solidaires doivent elles-mêmes tellement bien connaître le vrai emprunteur, qu’ils sont le plus souvent proches parents ou alliés, même si parfois c’est un appui extérieur, mais là géographiquement proche et connaissant bien la famille… Donc, lorsqu’on a ainsi une simple constitution de rente hypothécaire, il existe une forte probabilité pour que les noms cités soient liés entre eux quelque part.

    Je descends des Goussé de Méral, et faute de pouvoir faire parler les registres paroissiaux, j’ai longuement cherché dans les notaires et trouvé depuis 25 ans quelques bribes de filiations Goussé dans des actes notariés. A ce jour, je peux reconstituer 3 familles Goussé, géographiquement proches et sans avoir de preuve d’un lien entre elles.

    Je viens de trouver un nouvel élément du puzzle, certes mince, mais dans un puzzle fini n’existe que grâce à chaque petit morceau qui le constitue. Même s’il ne concerne pas la famille qui est la mienne avec filiation suivie, j’estime toujours que je fais un pas en avant en avançant un peu sur les autres familles. L’acte qui suit donne le prénom de la grand mère Bellanger, dont je ne connaissais que le nom de famille. En outre, il donne tout l’entourage, qui atteste des liens étroits entre les Hardy et les Goussé, mais ces liens ne sont pas précisés dans l’acte.

    Voici ce que j’avais pu reconstituer par actes notariés à ce jour :
    Jehan GOUSSÉ x ca 1600 N. BELLANGER Parente de Pierre Bellanger curé de StPoix qui marie Julien Goussé à Fontaine-Couverte en 1623

    Julien GOUSSÉ x Fontaine-Couverte 18.12.1623 Renée HARDY
    Voici la retranscription de l’acte (AD49-5E5) avec orthographe originale : Le 4 janvier 1647 avant midy, par devant nous Nicolas Leconte notaire royal et gardenotte à Angers, furent présents et personnellement establis et deuement soubzmis

    honorable homme Me François Goussé demeurant en la paroisse de Saint Poix en Craonnais
    et noble homme Me René Belet sieur de la Raimbourgère advocat au siège présidial de cette ville et sénéchal de Brissac demeurant en cette ville paroisse Saint Denis,
    tant en leurs privez noms que comme procureurs de honorables personnes François Hardy sieur de la Mare, Guillemine Bellanger veufve de deffunt Jean Goussé vivant sieur de la Coquerie, Renée Hardy veufve Julien Goussé vivant sieur de la Mehodière, Guyonne Hardy veufve Marin Grignon vivant sieur de la Renardière aussi en son nom comme appert par procuration passée par René Goisbault notaire de Craon résidant audit Saint Poix le 25 décembre dernier la minute de laquelle signée F. Hardy, J. Goussé, Gendry, Dezestre, Buffebran pour présence, Goisbault, est demeurée cy attachée pour y avoir recours et auxquels constituants ils promettent et demeurent tenus faire avoir ces présentes agréables les ratifier et à l’accomplissement d’icelles solidairement obligés et en fournir ratification vallable et sollidaire au contenu des présentes dans un mois prochain à peine mesme du rachapt de la rente cy-après à quoy ils pourront esdits noms estre contraints sans forme de procès ces présentes néanmoings,
    soubzmettant esdits noms à un chacun d’iceux seul et pour le tout sans division confessent avoir vendu créé et constitué par ces présentes promis et promettent garantir fournir et faire valloir tant en principal que cours d’arrérages aux vénérables chanoines et chapitre de l’églize collégial St Pierre de cette ville en la personne de nobles et discrets Me François Valtere doyen, Bonaventure Bodin, Marin Gougeon et Pierre Bucher et leurs successeurs, la somme de 16 livres 2 sols 2 deniers de rente annuelle et perpéguelle payable franchement et quittement chascuns ans par les quartiers et à la fin de chascun, dont le premier payement eschera d’huy en 3 mois prochains et à continuer, faisant assiette de ladite rente, laquelle lesdits vendeurs esdits noms ont du jourd’huy par ces présentes assise assient et assignent généralement et spécialement sur tous et chascuns leurs biens meubles et immeubles rentes et revenus présents et futurs quelconques seul et pour le tout sans que le général et spécial hypothèque en puissent préjudicier … cette présente vendition création et constitution de rente faite pour et moyennant la somme de 292 livres 11 sols 6 deniers payée et fournye présentement comptant au veu de nous notaire et des tesmoings …
    fait audit Angers maison de nous notaire présents René Verdon et Urban Briand praticiens demeurans audit Angers. Signé Valtère, Gougeon, Buscher, Bodin, Blanchard, Goussé, Bellet, Verdon, Briand, Leconte

    La procuration est le plus souvent attachée, et elle peut contenir une petite mention supplémentaire, aussi il est toujours intéressant de la retranscrire intégralement pour ne rien laisser passer : Le 25 janvier 1646 avant midy, davant nous René Goisbault notaire de la cour de Craon résidant au bourg de Saint Poix, furent présents et personnellement establiz et deument soumis, honorables personnes Me François Hardy sieur de la Masre, demeurant en sa maison de la Bonnaudière, paroisse de Saint Aubin de Pouancé, (cette précision ne figurait pas dans l’acte. La Bonnaudière est située tellement au nord de Saint Aubin qu’elle touche le bourg de Senonnes, lui même touchant le Maine et Loire de très près. Je savais par autre acte notarié que cette Renée Hardy était soeur de ce François Hardy Sr de la Mare, et qu’elle était aussi soeur de Guyonne Hardy épouse de Marin Grignon qui va suivre ici.) lequel a accepté et prorogé de nostre juridiction quant à ce, Guillemine Bellanger veufve de deffunt Jean Goussé vivant sieur de la Cocquerie, Renée Hardy veufve de deffunt Me Jullien Goussé vivant sieur de la Mehodière, tant en son nom que comme mère et tutrice naturelle des enfants mineurs issus dudit dudit deffunt Jullien Goussé et d’elle, Guyonne Hardy veufve de deffunt Marin Grignon vivant sieur de la Rouaudière aussi tant en son nom que comme mère et tutrice naturelle des enfants mineurs dudit deffunt Grignon et d’elle, Me François Goussé fils de ladite Renée Hardy tous lesquels demeurant audict Saint Poix tous lesquels solidairement sans division de leur personne et de biens leurs hoirs etc ont volontairement confessé avoir nommé et constitué par ces présentes ledit Me François Goussé et (blanc) leurs procureurs généraux et spéciaux pour prendre et emprunter de qui ils verront bon estre la somme de 300 livres tournois par une ou plusieurs obligations à cause de prest ou de constitution de rente les y obliger solidairement o les renonciations au bénéfice de division dit bénéfice de division discussion et ordre leurs deniers revenuz et employer partie d’iceux au paiement de la consignation que ladite Renée Hardy est tenue faire de la consignation di présidial d’Angers pour l’adjudication à elle faicte de certains héritages audit présidial d’Angers le (blanc) dernier, et le reste et surplus d’iceux deniers ledit François Goussé les recevra pour et aux fins les faire tenir et met-tre en les mains desdits constituants, bailler lettres d’indemnité à iceluy ou ceux qui s’obligeront avec et en la compagnie desdits constituants, avec promesse de les tirer et mettre hors de leurs interventions et obligation dedans tel qu’il leur plaira et généralement promettant mesme ratiffier le contrat ou obligation toute fois et quantes que besoing requi sera, ce que ledites parties ont ainsy voulu consenty stipulé et accepté par ces présentes, et généra-lement etc.. fait et passé audit Saint Poix maison de nous notaire en présence de Me Gabriel Gendry prêtre demeurant au bourg de Méral et Me René Dezestre aussy prêtre demeurant audit Méral tesmoins à ce requis et appelez, lesquelles Bellanger et Renée et Guyonne Hardy ont dict et déclaré ne savoir signer enquizes.

    Donc voici l’analyse de cette obligation :

    Renée Hardy est la personne interessée par cette obligation, pour payer un héritage qui lui a été adjugé par le présidial d’Angers
    son fils François Goussé va aller à Angers pour sa mère et a la procuration à cet effet de tous
    son frère François Hardy Sr de la Mare, et sa soeur Guyonne Hardy veuve de Marin Grignon s’obligent avec elle
    sa belle-mère, Guillemine Bellanger, s’oblige avec elle. C’est une info supplémentaire, car je n’avais pas le prénom de cette Bellanger, en outre, il est à remarquer qu’elle ne doit pas être très jeune, car c’est son petit fils, François Goussé, qui va aller à Angers et reçoit procuration de tous, ce qui signifie qu’il a plus de 25 ans, âge de la majorité, et que Guillemine Bellanger a donc au moins 65 ans si ce n’est plus…
    elle a des enfants mineurs, outre François Goussé, qui lui est majeur. Sa soeur Guyonne veuve Grignon a également des enfants mineurs vivants.
    quant à Bellet, le caution déniché sans doute par le notaire d’Angers, ne me demandez pas d’où il sort, je n’en ai aucune idée… en tout cas, il doit suffisamment les connaître pour accepter de prendre la place du caution, car malgré la contre-lettre, cela peut toujours tourner mal…

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    Nomination de crieur de patenôtres : Angers 1624

    par Amaury de l’Advocat, official du diocèse d’Angers (AD49 série 5E5)

    Je pense que l’acte qui suit aide sans doute à mieux percevoir ce curieux métier, donc je le propose d’abord, puis mes tentatives d’explication suivront :

    Retranscription de l’acte notarié :
    Le 2 août 1624 après midy, par devant nous Nicolas Leconte notaire royal à Angers, Me Amory Deladvocad prestre official d’Angers (juge ecclésiastique du diocèse) et chapelain de la chapelle du Mesnil deppendant de la seigneurie du Gast et auquel chapelain appartient la nomination et provision (en matière éclésiastique, droit de pourvoir) de la charge de crieur de pastenostres de ceste ville d’Angers fondée entiennement (anciennement bien entendu) par les seigneurs du Gast et attribué la provision audit chapelain lequelle a présentement pourveu et pourvoit René Massonneau demeurant en la paroisse Sainct Maurille de ceste ville, lequel a ce présent et stipulant et deuement estably soubmis et obligé a promys et demeure tenu de bien et deument faire et exercer icelle charge de cryeur de patenostre, de ladite charge de crieur de pastenostres vacquant par la mort de feu Nicollas Terré pour y faire la charge comme on a accoustumé et jouir des revenuz et profitz gages et esmolluements accoustumez dont il a requis acte qui luy a esté octroyé par ledit notaire, fait audit Angers maison dudit sieur Deladvocad en présente de Pierre Tesnier et Jan Lebecheux praticiens audit Angers tesmoins, ledit Massonneau a dit ne savoir signer.

    Pour tenter de comprendre j’ai consulté beaucoup de dictionnaires anciens, puis Diderot, puis plus modernes, à l’article patenôtre, qui vient bien sur de Pater noster.

    Diderot ne voit que l’aspect chapelet et sa fabrication. Cela ne convient donc pas car cela implique un objet : une marchandise et un commerce. On voit mal l’official nommer à un commerce !
    le Larousse du moyen Français (époque Renaissance) donne : 1. Oraison dominicale. – 2. Prière dite en d’autres occasions. – 3. la patenostre du singe : grognement, discours inutile (Rabelais). – 4. Grains de chapelet.
    le Dictionnaire de L’Académie française, 4th Edition, 1762 donne déjà mieux : patenôtre : On appelle ainsi parmi le peuple, L’Oraison Dominicale, ou le Pater; & on comprend aussi sous le même nom l’Ave, & les autres premières prières qu’on apprend aux enfans. Cet enfant sait sa Patenôtre. – Il se dit aussi populairement pour Toute sorte d’autres prières chrétiennes. Dire ses Patenôtres. Avez-vous achevé vos Patenôtres ? C’est une grande diseuse de Patenôtres. – On dit proverbialement & bassement, quand un homme gronde & murmure entre ses dents, qu’Il dit la Patenôtre de singe. – Patenôtres, au pluriel se prend aussi populairement pour Les grains d’un chapelet, & pour tout le chapelet.
    Mais plusieurs dictionnaires font allusion au fait que les prières étaient marmonnées… Et le dictionnaire encyclopédique Larousse donne une définition plus satisfaisante 1. Prières où dominaient les Pater Noster, que récitaient les frères convers dans l’office religieux. – 2. Prières que marmonaient les fidèles illetrés incapables de suivre l’office litturgique célébré à l’époque en latin. – 3. Prières quelconques ou suite de prières plus ou moins intelligibles.

    Me souvenant alors que j’ai longtemps suivi la messe en latin, que nos ancêtres devaient la suivre en latin, qu’ils ne savaient pas tous lire, je pense alors qu’ils ne connaissaient pas tous les prières parfaitement, et comme le dit si joliement Rabelais ils grommelaient. J’ai alors cru que ce seigneur du Gast avait créée la charge de crieur de patenôtres, pour réciter dans l’église à haute et intelligible voix les prières.
    Mais, selon Mr Bodard de la Jacopière (Chroniques Craonnaises, p. 660) : « l’usage était établi à Craon, d’avoir un crieur de patenôtres, qui, à minuit, devait parcourir les rues et rappeler aux habitants trop endormis, l’obigation de ne pas oublier les pauvres trépassés. A cet office, encore existant en 1616, était attachée une maison en appentis, rue des Juifs, et un jardin à la porte Valaise. Sa nomination était dans les attributions du sénéchal, ce qui doit faire penser que ces fonctions n’étaient pas étrangères à la police de ville. Ces crieurs de nuit succédaient aux veilleurs du moyen âge, chargés la nuit, de crier dans les rues l’heure indiquée par les clepsydres et les sabliers avant l’invention des horloges, c’est à dire avant 1350 ou 1380. »
    Donc, à Angers paroisse saint Maurille, c’était un crieur nommé par l’église (pouvoir religieux) alors qu’à Craon il était nommé par le sénéchal (pouvoir civil). Nommé par l’église, ce qu’il criait dans les rues, devait être l’heure des prières ou des offices religieux, dans doute pour les trépassés. Je ne suis pas certaine qu’il se soit limité de crier à minuit car autrefois, on se couchait très tôt et on se levait très tôt, et à minuit l’immense majorité des habitants dormait. A moins qu’il n’ait eu pour charge de penser, de réciter des patenôtres dans les rues pour les trépassés pendant que la population dormait, afin qu’ils ne soient pas oubliés pendant ce temps d’assoupissement général…
    Ainsi, Mr Bodard de la Jacopière avait une mention jusqu’en 1616 et mon acte notarié le mentionne en 1624, peu après, mais cette fois à Angers.
    Ne me demandez pas de quel Gast il s’agit, car Célestin Port en donne plusieurs. Par contre saint Maurille, à ne pas confondre avec saint Maurice qui est la cathédrale, était une collégiale avec chapitre de 8 chanoines. L’église possédait, entre autres reliques, du sang de Jésus-Christ, des débris de son sépulcre, du lait de la Vierge, des cheveux de sainte Cécile, un doigt de saint Gilles. On y venait invoquer saint Avertin contre les maux de tête et Notre Dame des Serpents contre les mauvaises langues. (Dict. Maine-et-Loire, C. Port). L’église a disparu à la Révolution, pour l’aménagement de la place du Ralliement. Elle était située au haut de la place, vers la rue St Maurille. Le service paroissial, supprimé en 1790, fut transféré aux Cordeliers, avec celui des églises saint Denis et saint Michel du Tertre.

  • Commentaires
  • 1. Le lundi 14 juillet 2008 à 16:09, par Du Périgord

    Dans notre Périgord noir, il existe un lieu-dit qui se nomme Pater Noster …

    Note d’Odile : le collet de Pater Noster à Coursegoules (06), Pater Noster à La Bachellerie (24), Pater Noster à Bonifacio (24), Pater Noster au Pouget (34), et Vallat de Pater Noster à Malaucène (84). Et en Allemagne l’ascenceur non stop qui tire son nom de la chaîne à godets auquel il emprunte son système.

    2. Le mardi 15 juillet 2008 à 12:02, par Du Périgord

    Décidément, vous êtes un puits de connaissance !

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