L’Ouest-Eclair, édition Nantes, 4 novembre 1918

Je vais lire chaque jour ce journal et vous en donnez quelques passages. Mais vous pouvez allez le lire et télécharger sur le site de Gallica (il n’est pas sur la presse des Archives de Loire-Atlantique)

  • La grippe

La guerre ne fut pas la seule à tuer en masse. La grippe, que l’on appela sans doute à tord « la grippe espagnole » fit 25 à 50 millions, voire selon Wikipedia 100 millions de morts.

Ma famille conserve le souvenir de cette grippe, qui emporta à 18 ans une fille unique tant aimée de ma grand-tante. Je possède d’elle une photo et un guéridon qu’elle avait fait elle-même, décoré de sa main au fer à graver.

Voici extrait du quotidien L’Ouest-Éclair, édition de Nantes, le 4 novembre 1918 :

Les conditions de la vie allemande sont effrayantes
Londres. 2 novembre. – L’honorable Reginald Faloves, qui vient de rentrer d’Allemagne, où il était prisonnier depuis le début de la guerre, dit que les conditions de la vie en Allemagne sont effrayantes. Les gens ont les traits tirés et l’air de mourir de faim.
Depuis les dernières semaines, la grippe a causé un bien plus grand nombre de morts. Le peuple est en général démoralisé. Néanmoins ont croit fermement que les militaires résisteront jusqu’au bout, si les conditions faites à l’Allemagne sont trop dures. On ne cache désormais plus rien à la population civile. La chute de Lille et d’Ostende fut connue en Allemagne peut-être presque aussitôt qu’en Angleterre.

 

 

Rassurez-vous, ce quotidien fait une large part aux horreurs en France. Mais je vous extrais ce qui concerne la grippe. En voici, sur ce même journal, un autre passage :

La Censure laisse dire ceci
De nombreux cas de grippe espagnole ont été observés dans nos armées; c’est même, avec le paludisme, les seules épidémies graves que notre service de santé militaire ait eu à combattre sérieusement
Toutes ces épidémies, tant aux armées qu’à l’intérieur viennent d’un vice du sang, infecté par les humeurs, après les fatigues du front ou la mauvaise nourriture de l’arrière. On a d’ailleurs remarqué chez les permissionnaires les cas les plus fréquents de la terrible maladie.
Comment la combattre ? C’est facile ; il suffit de laver l’intestin et de purifier le sang par un dépuratif énergique, actif et puissant. Vous le trouverez tout préparé d’avance, en flacon plat, commode à emporter sur soi, en le demandant dans toute bonne pharmacie. C’est l’extrait végétal des Pères de la Salette. remède sérieux et naturel, mis à l’épreuve par de longues années d’expérience. Ce n’est has une drogue de charlatan. Toutes les mères, toutes les femmes, toutes les fiancées, toutes les sœurs qui liront ces lignes joindront l’extrait végétal des Pères de la Salette au prochain paquet qu’elles adresseront à leur poilu.
C’est le meilleur préservatif contre ce microbe infectieux, c’est le meilleur remède, le moins coûteux et le plus énergique contre la maladie.

Vous avez remarquez au passage la censure de l’armée, qui ne disait pas tout. Et la naïveté de ce remède, en tout début de pandémie mondiale est surprenante !!!

Et je lis par ailleurs tant d’émouvantes actions positives extraordinaires dont l’une me remets en place mes relations avec les USA. En effet, comme beaucoup sans doute, j’ai une faible considération pour leur président actuel, mais chaque fois que je me fais cette remarque, je tiens aussitôt à me rappeler leur appui quand l’Europe était en guerre. Voici donc toujours extrait du même quotidien :

L’effort américain
Washington : 4 novembre. – Le général Crowder annonce l’appel sous les drapeaux pour le 21 novembre d’un nouveau groupe de 29 000 hommes, portant à plus de 4 millions, l’effectif de l’armée des Etats-Unis, y compris les troupes du front et celles qui sont dans les centres d’instructions

Ce quotidien est publié à Rennes en plusieurs éditions locales, mais je vous assure que celle de Nantes, que j’ai choisie, donne des nouvelles de la région élargie à tout l’ouest, de telle sorte qu’on y trouve par exemple :

Me Bourcier notaire à POUANCÊ (Maine et Loire) demande d’urgence un clerc sachant bien faire actes courants et petits Inventaires Bons appointements.

et les autres petites annonces couvrent tout l’ouest de la France

Si le coeur vous en dit, aidez moi ces jours-ci en m’envoyant vos lectures de ce quotidien jour après jour, et j’aime aussi les publicités, tant elles m’amusent.

Enfin, n’oubliez pas que j’ai sur mon site le carnet de guerre de mon grand père Edouard Guillouard, avec les photos de son lieutenant.


Photo septembre 1918 : sergent téléphoniste Thirion réparant un appareil au P.C. Bataille (extrait de mon site, carnet de guerre d’Edouard Guillouard)