Livre de bord de Belmont, tenu par René Fagault, années 1928-1929 fin

Les années 1923 à 1927 sont sur des pages précédentes de ce blog.

7 juillet 1928 samedi
16 h 30 Vent O. faible
Yves arrivé ici en 1er convoi file 2 bahots et les 2 filets avant le dîner il a relevé les bahots – Résultat : 3 congres.
Devant le résultat il refile les 2 bahots après dîner, il retourne les lever – Résultat : 10 congres, 1 loche – Total : 13 congres, 1 loche

8 juillet 1928 dimanche
7 h nous partons Vent N.E. faible 768 ° relever les filets – Résultat 3 rougets, 10 corlazos, 8 gâvres. On regile les filets. Nous sommes heureux aujourd’hui du résultat de la pêche, mais encore plus heureux de recevoir les familles Bigaré, Rousseau et Rousseau jeune. Présents : le Patron, Yvonne, Yves et Mimie, Anne, Nett, François, Mr et Mme Bigaré et leurs 2 enfants, madame Marie Rousseau, Mr le Dr Louis Rousseau et sa femme, à suivre

8 juillet 1928 suite
Les filets relevés ont donné : pêche de jour : 21 corlazos, 8 gâvres – Les 2 bahots : 6 congres
Total de pêche : 18 congres, 1 loche, 3 rougets, 16 gâvres, 31 corlazos = 69 poissons

15 juillet 1928 dimanche
Nous arrivons à Belle-Île avec le « Mont Saint-Bernard » patron Auguste Trimaud dit Bernard, matelot son neveu, son gendre Sébastien Lalanne et le mousse Pierre Vallé
La caravane se composait de Mr et Mme Bienvenue, Mr et Mme René Fagault et leur fille, Mr le docteur Rousseau et Madame, Mr et Mme Paul Rousseau. Voyage idéal, visite de l’île en auto-cars particulier grâce à l’amabilité de Mr David assurances Maritimes Nantes, qui nous a recommandé à un phénomène de l’île, le chef de gare. J’ai nommé Monsieur Rugieri que je vous recommande, j’ai rarement trouvé un homme aussi complaisant.

22 juillet 1928 dimanche
Vent N. petite brise 765°
Mis les 2 filets simples – Résultat : 50 corlazos, 2 rougets, 3 gâvres
14 h 30 on met les bahauts – Résultat : 1 congre
On avait refilé les filets – Résultat : 9 corlazos
Le patron est complètement amorti par la chaleur
Il est 20 h 15 et sous la véranda nous avons 30° de chaleur. Surement que les Rougets étaient … Il fait vraiment chaud.

29 juillet 1928 dimanche
Vent O.S.O. belle brise 763°
Présents : Mr et Mme René et Mimie. Mme Anne, Nett et François
Pêche de jour mis 2 filets simples – En travers du port Résultat : 0 – Du Vir S. à la Côte N. Résultat : 9 corlazos, 1 gâvre ( Un bahaut : Résultat : 2 corlazos
Régates au Croisic – Pas de yacht

6 août 1928 lundi
Grâce à l’amabilité de l’oncle René, Belmont m’est encore une fois
avec Charlotte pour me reposer un peu ici
et le mardi 7 avec Benigué je prends le temps dans le trou de la sole et au port plat au total une vingtaine de poissons moyens.
Beau temps Vent Ouest -Très chaud
Le mercredi 8 bahots en dedans du Vir. Total : 6 corlazos dont un très beau. Toujours beau temps, très calme. Chaud,
Le jeudi 9 un coup de senne au trou de la sole. Néant.
Beau temps mais un peu de houle à la côte.
Le vendredi 10 bahots en dedans du Vir : 3 congres moyens et ma campagne se termine, de même que l’an dernier pareil époque je ne peux pas quitter Belmont sans remercier de tout cœur l’oncle René et tante Yvonne qui m’ont assurée en leur villa une si gracieuse hospitalité et m’ont permis de passer les plus agréables vacances qu’on puisse souhaiter. Cher oncle, chère tante, mille fois merci.
Signé : (à identifier)

15 août 1928 mercredi
7 heures Vent N. 760° légère brise
8 heures 30 Je pars pour Guérande, réunion de chasse, on appelle cela profiter de Belmont et pêcher.
12 heures à table, très bon déjeuner
14 heures 30 Bénigué n’étant pas là et les têtes de sardines étant de reste à La Turballe, pas de pêche
Il y a de l’orage dans le temps ??
Les vents ayant tourné ils sont O.S.O.

19 août 1928 dimanche
7 heures Vent N.E. 761° petite brise
10 heures Vent E. 760°
14 heures S.O. 758° belle brise
Régates au Croisic

Les 2 filets simples mis samedi soir ont donné comme pêche de nuit – Résultat : 2 maquereaux, 2 gros rougets, 1 loche, 3 tacots, 10 corlazos
Mis les 2 bahots et refiler les 2 filets – Résultat : 7 congres

2 septembre 1928 dimanche
5 h N.E. 795° petite brise
Fête de l’Amicale des Pêcheurs de La Turballe.
Hier au soir samedi mis les 2 filets simples – Résultat de la pêche de nuit : 2 lieux, 9 tacos, 10 corlazos
Midi, départ pour assister au banquet de l’Amicale chez le maître queue Larnac. Banquet présidé par Mr Gautreau président de l’Amicale des Pêcheurs de St Nazaire.
Parmi les personnes assistant au banquet remarqué Madame Gautreau, Marame Constant Lemoine, Mademoiselle Constant Lemoine, Monsieur le Maire de La Turballe Pierre Nogues, Maurice Moreau, Jean Pierre Paludier, Armand Allègre, Prudent Allègre, Lemercier Boulanger, Jean François Jaunais, Magne Marignen, Edouard Lebrun président de la fête.
Le garde champêtre Malenfant part devant pour les régates.

Et grande discussion à l’arrivée à ces sacrés gars de La Turballe tous bons garçons, mais comme ils sont chaud à terre ?

2 septembre 1928 dimanche (suite)
Vent N.E. 766° petite brise
Yves arrivé le samedi soir met les 2 filets pour file les 2 bahauts – Résultat avant le dîner : 4 congres
Résultat après dîner : 9 congres
La pêche de nuit au filet a donne comme résultat : 6 rougets, 2 maquereaux, 4 tacots
encouragé par le succès d’Yves au bahaut, on file ces 2 engins – Résultat : 5 congres
Total de la journée : 18 congres

9 septembre 1928 dimanche †
Journée tragique Vent N.E. 785° petite brise mer houleuse
Arrivé le samedi on met les 2 filets – Résultat : 2 maquereaux, 5 rougets, 4 tacots
A 10 heures je pars à La Turballe chercher des têtes de sardines ayant bien l’intention de battre le record de dimanche précédent en congres.

9 septembre (suite)
Il est 11 h 15, j’étais en mer avec le matelot Bénigué et le garde Giraudet, nous entendons des cris perçants venant de la côte côté de La Turballe. Nous apercevons un prêtre et plusieurs enfants qui de la côte nous faisaient des signes désespérés. Comme je relevais un filet et que j’en avais la moitié à bord, je le rejette à l’eau et à force de rames nous arrivons à terre. Pour voir 2 hommes qui sortaient de la mer un baigneur qui ne donnait plus signe de vie : c’était un profscolaire. Le prêtre, Monsieur Delalande, aumônier de St Jean Baptiste, nous crie « il y en a encore 2 dans l’eau ». Je fais des recherches avec mon aviron car on ne pouvait accoster la côté à cause du ressac de 1,50 m. Au bout d’un quart d’heure sans résultat, on décide de senner.
Au premier coup de senne on retire un professeur de St Jean Baptisite hélas qui ne donnait plus signe de vie.
On continue de senner mais au 4ème coup la senne est déhalinguée, inutile de continuer, il est 15 heures et il en reste un dans le fond.
Le premier retiré par un baigneur et Monsieur Mahé (professeur) revient à lui au bout de 25 à 30 minutes.
On s’acharne sur le second sans résultat.

(suite)
Aussi on décide de le transporter à Guérande.
A 17 heures la mer ayant baissé, avec une petite senne et accompagné du patron pêcheur Julien Lagrée, nous donnons un premier coup, résultat nul. Nous nous apprétions à tirer à nouveau la senne que l’on venait de refiler, lorsque Julien Lagrée du bateau aperçois le deuxième noyé à 3 mètres du bord de l’eau.
Le fils Bénigué se jette à l’eau et le retire.
On se souviendra longtemps de cette après-midi du dimanche 9 septembre

p77 (blanche)

21 septembre 1928 vendredi
Commencement des vendanges à La Turballe. Résultat : 3 barriques Rouget
Vent N.E. fort 767°

23 septembre 1928 dimanche
Vent N.E. belle brise 766°
Journée triste. Madame René en partant pour Piriac s’aperçoit qu’elle a perdu une de ses boucles d’oreille.
Toute la journée se passe à chercher ce bijou, hélas à 18 heures nous n’avions rien trouvé.
Triste fin de saison 1928
Les vacances et la saison sont finies.

28 septembre 1928 vendredi soir à samedi
Vent S. forte brise 753°
Fin des vendanges. Résultat ce jour 1,5 barrique Coudert, 4 barriques Gros Plant
Total La Turballe grande vigne 2,5 Rouget – Au loc 0,5 Couder – Grande vigne 3 Gros Plant – Belmont 1 Gros Plant
270 litres Rouget pur
270 livres 1/2 Rouget 1/2 Couder
110 litres 1/2 Rouget 1/2 Couder
260 litres Gros Plant
225 litres Gros Plant
225 litres Gros plant
225 litres 1/2 Gros Plant 1/2 Colomber
110 livres Couder
Total 1 695 litres

30 septembre 1928 dimanche
Vent N.O. 757°
Arrivés ce matin à 10 heures. Le jardinier Adolphe en nous voyant arriver fait de grands signes et court au devant de nous, quoi encore d’arrivé –
Heureuse nouvelle. Valentine sa femme a retrouvé la boucle d’oreille de Madame René. Joie pour tout le monde. Yvonne embrasse Valentine et lui offre un tailleur de la Maison Gaudet frères et sœur de Guérande, fait sur mesure.
Le déjeuner a été plus gai qu’il y a 8 jours.
Yvonne, Mimie et moi décidons d’aller, pour commémorer la joyeuse trouvaille, au Parc des Dryades .
Le corps mort est remonté.
15 h 30 on allume et on part.
Un pavé marque l’endroit où a été retrouvé le bijou.

4 octobre 1928 jeudi
Vent S.O. 763° temps brumeux, forte bise
Mr et Mme René sont arrivé hier au soir à 22 heures s’offrant 48 heures de vacances.
On procède au nettoyage et curage du puits devant le chalet.

4 octobre 1928 jeudi (suite)
Puis Giraudet, Benigué et l’aimable Gardaix de La Turballe, l’homme de toutes les ressources, on vide la fosse d’aisance qui ne l’avait jamais été depuis la construction de la Villa, soit 22 ans.
On procède aussi à la mise en place de la 4ème buse du puits du jardin.

27 mars 1929 mercredi
Ce jour à 10 heures j’ai commencé à planter à la Grande Vigne en trait côté droit
16 rangs de 41 plants de l’ancien Rouget, plus 20 plants
A quand la première barrique ?

31 mars 1929 Pâques
Vent N.E. faible 765°
Arrivée de Madame Mattéi et de sa toute gracieuse jeune fille Mademoiselle Ninette ; la journée de Pâques a été très employée, d’abord pour les jeunes Mademoiselle Ninette, Mimie Fagault et Yves sont allés à la première messe à Piriac à 6 heures.
Les gens raisonnables, Madame Mattéi, Madame René et le patron, se sont appuyés la grand messe.
Grande partie de tennis.
Après déjeuner la tournée réglée aves les sympathiques invitées, tour de la pointe du Croisic, digestif au Port-Lin, tour de la pointe de Penchateau, le remblai de La Baule, visite du Pard des Dryafes, apérifis à La Chaumière, et dîner à Belmont à 19 heures.

1er avril 1929
Vent N.E. faible – à 16 h Vent O.S.O. belle brise
Ce premier avril nous réservera-t-il des surprises….
La matinée tennis entre Mademoiselle Ninette et Mimie et Monsieur Yves.
Visite par la jeunesse des rochers de la pinte du Castelli.
Après déjeuner le calme et le recueillement sur la plage.
16 h 40 départ de nos aimables invitées.
Et nous n’avons pas fait la coque à l’œuf.

7 avril 1929 dimanche
Vent à 9 heures N.E. belle brise 772°
Vent à 14 heures S. belle brise 771°
Arrivé ici 9 heures
Le patron, Madame René, Yves et Mimie. Journée calme.
Yves part rejoindre les copains mais il a passé la consigné à son père et à sa sœur de peindre les pots de terre en rouge.
On rentre dîner à Guérande car ce soir il a concert par la société des Fêtes « Les noces de Jeannette »

20 avril 1929 samedi 21 heures
Vent N. forte brise 758°
Arrivée à 20 heures, le Patron, Madame René, Yves et Mimie.
Dîner sour la véranda – 22° C

21 avril 1929 dimanche
9 heures Vent N. violent 760°
11 heures Giraudet le garde nous apporte la première botte d’asperves.
Le matelot Bénigué et le Patron peignent le mouille-cul.
On démarre, toujours même brise, mais un peu moins forte. Je constate que la balise des Rouzeux, côté de Lérat, est remise en place, brave Monsieur l’Ingénieur en chef (Bonnissent). A quand la reconstruction de la Tourelle des Bayonnelels ? Pour tous très utile. Et les feux du part de La Turballe.

5 mai 1929 dimanche
Election municipale. Est-ce la liste Joseph B. qui passera ou mon Poulain Paul P. qui se présente seul ??
Arrivé ici à 10 heures par forte brise de S. 758° mer agitée
Présents : le Patron, Madame René et Mimie, au déjeuner Mr Yves qui nous lache après le café.
Le garde Giraudet et le Patron peignent « La Petonne »
Ensuite récolte de 45 asperges et en route pour le serutin !!!
Réception à Belmont de « charmante II » la 2ème vache, achetée 1 300 F et qui doit nous donner un veau le 15 juin. La première Charmante I ayant été vendue 1 050 F après nous avoir donné un veau. Elle n’avait cependant que 2 ans, mais la 3ème année elle est advenue stérile …

17 mai 1929 vendredi
Vent N.E. belle brise 764°
Ce jour j’ai le plaisir et l’honneur de receveoir Monsieur le sous-préfet Coustalin, mon cher Président Joubert, chambre de commerce, Monsieur l’Ingénieur en chef P. et C. Bonnisseau, que j’ai souvent interpellé à la chambre mais avec lequel je m’entends très bien. Egalement invités : le Doyen de la chambre Monsieur Guellouet (le plus sympathique des membres), monsieur l’ingénieur de la Chambre, Monsieur Jarnière, et mon Poulain Monsieur Pichelin.
Menu : hors d’œuvre variés – Homard Croisicais – Soles Turballaises – Filet bœuf – Pommes nouvelles – Asperges de Belmont – Dessert.
Je souhaite encore recevoir ces Messieurs à chaque fois qu’ils le voudront.
Signé : (de tous) La cordialité du déjeuner de Belmont a kacé « la gamelle »

19 mai 1929 dimanche Pentecôte
9 h Vent N.E. petite brise
Présents : le Patron, Madame René, Mimie Fagault
Ce jour de Pentecôte on remet la fête de Jeanne d’Arc qui n’a pu avoir lieu dimanche 12 à cause du mauvais temps. Aussi après déjeuner retournerons nous à Guérande pour encourager la société des fêtes – qui le mérité ! Depuis son président Monsieur Penot jusqu’au plus humble des membres qui souvent ont tous le mérite. Je n’oublie pas le distingué secrétaire Général Eugène Touquet fils.
13 heures. Le sacré baromètre marque une tendance à la baisse 763°, il n’est pas aussi vigoureux que les jeunes du Comité des fêtes.
13 heures 30 On démarre avec la vieille Delahaye pour la Cité Moyennageuse. Vais-je trouver mon cher Poëte Monsieur Peinsendeux.
Et le vent vient au N.N.O.
La fête de Jeanne d’Arc commence, le tout très réussi. Le Poëte Pompideux outre ses grand yeux, son nez s’allonge. Il boit les paroles des acteurs. Il est en extase !!!!!!
Apothéose

20 mai 1929 lundi de Pentecôte
Jour de foire la maison Fagault est fermée en signe de protestation (c’est jour férié)
Vent N.N.E. 763° temps superbe, belle brise
On a passé les drisses au mât du pavillon.

26 mai 1929 dimanche
Vent N.E. belle brise 763°
Arrivé samedi soir 21 heures Présents : le Patron, Madame René et ma Belle-Mère.
Après déjeuner Giraudet, mon vieux matelot Benigué et le Patron peignent l’intérieur du bateau « Petit-René »
17 heures Vent O. jolie brise
21 heures Départ. Après avoir expédié le dîner en 50 minutes.

2 juin 1929 dimanche
Vent O. belle brise 768°
Présents : le Patron, Madame René, Yves
J’ai peint le bateau la coque extérieure peinture sous-marine, à 16 heures visite de Messieurs Chevallet d’Angers et Pouliguen monseigneur de Merdaiset chevalier et de Me et Mme Jules Pichon et leur fille.
On a trouvé un noyé à Ker Elisabeth

9 juin 1929 dimanche
7 heures Vent N.N.O. petite brise 760°
Journée calme
Giraudet et le Patron finissent de peindre le « bateau »
12 heures Vent O. belle brise 765°
19 heures – Giraudet et le Patron changent les drisses du mât

10 juin 1929 dimanche
7 heures Temps bouché et à grains Vent S.O. forte brise – Pluie et vent 765°
Midi – 20 – Arrivé de l’aviateur Monsieur Hinele ? Mattei avec sa mère.
Il est heureux de retrouver sa gentille sœur Ninette et son frère le docteur Jean Mattéi l’auréole de l’école de médecine de Nantes, arrivant de faire un stage à Leysin (Suisse)
Le déjeuner fut gai et Yves se surpasse dans ses talents culinaires et nous présentons des « Pêches Melba »
Beau temps, nous prenons le café – et chacun bavarde – Même « Crac » l’échappé de la Gazette de France.
Le beau temps continue et les jeunes font du tennis.
Nos invités nous quittent consuits par Yves jusqu’à St Nazaire pour prendre le train de 17 H 10
Le temps se met au beau Vent O.N.O. 768°

30juin 1929 dimanche
7 h Vent N.N.O. 758° belle brise
9 h On met le bateau à l’eau sous la surveillance d’un vieux marin de La Turballe François Perio dit « Raoul, le chineur » Le chineur il n’y a guère que lui.
Le Patron pour pouvoir l’appeler ainsi, le sobriquet de chineur de lui vient pas de ce qu’il chine à droite et à gauche ; une goutte ou un verre de vin, mais parce qu’il est toujours à la recherche d’un service à rendre, c’est donc un chineur de travail, mais la jeune génération Turballaise a tourné ce surnom autrement, et cette jeune génération a aujourd’hui 50 à 55 ans, il faut donc dire que mon vieux camarade François Perio, « Le Chineur » pour moi a aujourd’hui 77 ans, et il serait très contrarié si je ne l’invitait pas à venir mettre mon canot à l’eau, car lorsque j’étais gosse (4 à 8 ans) à La Turballe il me « torchait le C…l » ce sont ses propres paroles.
Hier au soir samedi Viton avec la plate a mis les bahauts. Résultat : 3 petits congres
14 h 20 Vent S.S.O. 759° temps à grains, mer houleuse, on repose les bahauts.
Mise en place des bouées Rouge et Verte indiquant les feux de position.
Nous avons un 2ème veau avec Charmante II du nom = !!! (Charmante c’est la vache)

7 juillet 1929 dimanche
7 heures Vent N.N.O. 768°
14 heures Vent O. belle brise 767°
Arrivés hier au soir ici, avec l’Ami Viardot d’Angers. Nous finissons de déjeuner et assistons au départ du bateau de sauvetage d’Hoëdic (l’Ernest-Ernestine), qui samedi soir est venu dans le port de La Turballe, escorter un petit-côtré d’Hoëdic qui avait cassé son mât – L’Ernest-Ernestine est remorqué par un bateau de La Turballe.

 

14 juillet 1929 dimanche
9 heures Vent E.N.E. belle brise
Première mise à l’eau des filets. Engins : 1 filet simple dans la passe Oueset du Vir – Résultat : 32 rougets, 6 tacots, 5 corlazos, 2 gâvres
1 filet simple passe Est du Vir – Résultat : 4 rougets, 1 maquereau, 2 tacots
Présents Mr et Mme René, Mimie Fagault, Anne Fagault, Nett Fagault, François Fagault
Les filest ont été refilés. Résultat : 4 rougets, 1 corlazo

21 juillet 1929 dimanche
9 heures Vent S.S.O. faible, temps brumeux, 766°
Hier au soit Yves est venu mettre les filets et en a profité pour mettre les 2 bahauts – Résultat : 3 congres, dont un très beau qui est destiné à Rauruche de Dijon, propriétaire des 3 Faisans à La Baule-les-Pins, le fameux restaurant (à suivre)

21 juillet 1929 dimanche
14 h 30 J’arrive du Raoulet, le célèbre Vatel de La Baule-les-Pins. Ce monsieur digirait en fumant un excellant cigare. Par la fenêtre de sa salle à manger, je lui offre mon congre.
Comment cela se mange-t-il ?
Ah, non, mois qui ne m’émotione pas souvent, je reste estomacqué. Comment un chef cuisinier me demande comment on mange un congre. Eh bien, sans lui faire tort, je l’enverrai manger une godaille à La Turballe.
15 h 30 je file à La Baule, pensez-vous, je représente mon patron Monsieur Joubert, président de la chambre de Commerce à la société des sauveteurs Bretons à La Baule, où Monsieur Bertho président de cette société nous reçoit d’une façon des plus simples mais des plus cordiales, accompagné de Monsieur Romet capitaine au long cours président du Saint Berthems de St Nazaire.
15 h 45 Discours de Monsieur Bertho et Ramet remet la médaille à monsieur Lecomte de la présence Maire de La Baule, conseiller général du canton de Guérande.
Et Monsieur Niral un ami, ancien sous adminitrateur de la Marine, actuellement Directeur des Chargeurs Réunis.

21 juillet 1929 dimanche (suite)
16 heures Baptême des 4 Doris – Maraine (blanc) par le curé de La Baule. Immédiatement après 2 Doris prennent la mer et commencent les opérations de sauvetage.

27 juillet 1929 samedi
A 19 heures nous arrive Jacquot ex-maréchal des logis du 11° escadron du train de Nantes, celui qui a mis mon fils Yves au port d’Armes. Il est aujoud’hui adjudant de réserve et accomplit en ce moment une période de 21 jours.

C’est un Parisien, dans toute l’acception du terme, et en plus doublé d’un brin garçonisme, mais ce qu’il a l’accent c’est formidable.

28 juillet 1929 dimanche
8 heures Vent N.E. calme plat 797°
Présents : le Patron, Madame René, Yves Fagault et Mimie, Madame Emmanuel Fagault, Nett et François.

Pêches – Résultat de la journée : 2 cogs, 39 rougets, 5 corlazos, 1 maquereau, 2 lieux, 1 araignée, 3 gâvres, 11 congres.

Ici tout est expédié en vitesse, je n’ai même pas le temps de mettre la position des filets et le résultat de chaque, que l’on me demande, penses-tu, à s’habiller, je ne suis cependant pas à poil.
20 h 55 – 767° bonne brise d’O.

15 août 1929 jeudi
9 heures Vent N.E. petite brise 764°
2 filets simples dehors – Position barrage au Vir Sud-Nord – Résultat : 3 rougets, 2 maquereaux, 1 lieux, 2 corlazos – Position barrage du Vir Est-Ouest – Résultat : 13 rougets, 6 tacots, 5 corlazos, 2 gâvres, 1 dormeur Total 35 poissons

18 août 1929 dimanche
7 heures réveil – Vent N.N.O. faible 765°
Présents : Mr et Mme René, Yves, Mimie et François Fagault
Nous avons le bonheur de recevoir aujourd’hui le père Leblanc et ses enfants : Me et Mme Pinard, Claude Pinard, Marie-Annick Pinard, Miche Pinard, Alain Pinard, Jack Leblanc

C’est toujours pour moi une grande joie de recevoir ces amis, presque des parents puisque toute la famille m’appelle Tonton René.

18 août 1929 (suite)
Pêche = 2 filets simples, un dans l’ouest de Co-Belmont – Résultat : néant
Le 2ème dans le barrage ouest du Vir à la Côte – Résultat : 51 rougets, 8 corlazos, 1 loq Total 60 poissons plue 2 gâvres
Les filets sont refilés.

(de Leblanc) Quels melons délicienx !! Et quels rougets fins moëlleux !!! Bravo, braves amis aux habiles pêcheurs que sont les gars Fagault et la gracieuse Mimie. Vrai de vrai, si les agents sont de braves gens, que mes vieux amix Fagault le sont encore plus !!!
On a bien mangé et bien bu, et on a siroté le café extra supérieuret nous attendons le pousse café – Mais toute la bande Pinard et Fagault g… crie à qui mieux mieux si bien que le père Leblanc en est tout … émoustillé. Le … viens !!! Merci de tout mon cœur et reconnaissant en mon nom et au nom de tous les miens de l’accueil si affectueux des Belmontois les plus aimables des amis de vieille date. Qu’on est donc bien reçu dans ce coin de Turballe et comme les enfants ont gardé les traditions de famille, car quand on a connu

(suite) comme aussi les premiers propriétaires de Belmont, on se souvient avec toujours la même émotion des jours passés en gardant le souvenir toujours affectueux des chers disparus, et j’ai nommé Mr et Mme René Fagault père et mère des chers amis, qui nous reçoivent aujourd’hui. Hip, Hip, Hourrah !!! Merci à mes amis et espérons quqe pendant de longues années encore, cette bonne journée du 18 août 29 aura des recommencements.
Et je signe le présent procès-verbal en y mettant tout mon cœur d’ami fidèle et reconnaissant. Belmont le 18 août 1929 – Signé : Lucien Leblanc père

27 août 1929
(écriture différente) Vent Est petite brise Beau temps
Nous mettons deux filets dans les passes du Vir dans de bonnes conditions. Résultat : 5 rougets, 5 corlazos, 5 lieux, 5 gâvres
et un filet bien abimé par les hélingues.
Vent Est le matin et O. le soir. Beau temps Nous mettons les bahots que nous levons 4 fois. Résultat : 4 congres moyens et des gâvres.
Nous donnons 5 coups de

(suite) senne dans la journée au Port plat et dans le trou de la sole. Résultat : quelques petits turbots et quelques plies. C’est bien maigre.
Dans les deux bahots deux congres moyens et quelques gâvres.
Toujours beau temps Vent O. nous sennons trois fois ; Résultat : une quantité de petits turbots et de petites plies, 2 grosses plies seulement.
Et pour la troisième fois je quite Belmont après y avoir passé comme toujours d’agréables instants grâce à l’aimable hospitalité de mon oncle et de ma tante. Et comme tous les ans à pareille époque je tiens à laisser écrit ici l’espérance de toute ma gratitude en leur souhaitant de tout cœur bonne et longue année en cette chère propriété de Belmont qui est toujours mon attrait irresistible et bien compréhensible !!

1er septembre 1929 dimanche
Vent E. 762° petite brise
Présents : Mr et Mme René, Yves – Mr et Mme Paul Rousseau
2 filets simples – Résultat : 10 rougets, 6 corlazos, 2 tacots
Un coup de senne au trou de la sole – Résultat : 1 sole de 43 cm 650 g- C’est Kervadex qui l’a arrangée.

8 septembre 1929 dimanche
7 heures Vent E.N.E. 764° belle brise
Les filets ont été mis par le vieux matelot Benigué et le garde Giraudet. Résultat : 12 corlazos, c’est maigre.
Mais il faut dire que l’un des filets a été traversé par un belugat
Ce jour j’ai un contre-maître maçon qui me fait la base de mon cadran solaire. Comme je tiens à avoir l’heure vraie, il est fait dans toutes les règles grâce à l’amabilité de Toto (qui est-ce Toto), c’est tout simplement le créateur de la Foire de Rennes s’il vous plaît, et le fondateur des Amis de Guérande, qui a donné ce jour la représentation sous la Tour Ste Anne du « chemineau » par un groupe d’artistes de Rennes et qui a eu l’idée à l’issue de cette représentation de faire un quête pour Monsieur Luciani qui a malheureusement perdu sa vedette par incendie à son bord. Il forme des vœux pour que le Crédit Maritime lui donne en location la vedette 689 mouillée dans le port de Piriac, ce serait une bonne œuvre de solidarité.

15 septembre 1929 dimanche
7 heures Vent E. faible 792°
Présents Mr et Mme René, et les enfants revenant de Bannaster .
Samedi soit, mis 2 filets. Résultat : 3 rougets, 1 lieux, 1 corlazos
Filé 2 bahauts – Résultat : néant
14 heures Nous appareillons pour La Baule, voir le Grand Meeting d’Aviation organisé par Monsieur André, celui qui de La Baule fait la plage la plus fréquentée de l’Europe.
Combien dans la Presqu’île de Guérande lui doivent une belle aisance !!!
Il en faudrait beaucoup de Mr André en France – Notre belle Patrie

22 septembre 1929 dimanche
16 heures Vent O. jolie brise 769°
Présents : Mr et Mme René, Yves et Mimie
Maintenant nous serons souvent seuls, si mon pauvre frère Manu vivait, ce qui est arrivé ne se serait pas produit. Les « La Gaillardais » ont été durs. Je laisse à mon beau-frère Etienne de juger, lui le type sérieux et pondéré. A suivre

22 septembre 1929 dimanche (suite)
Pas de pêche, hier le temps ne servait pas pour les filets et aujourd’hui temps magnifique pour bahauter.
Alors on en profite pour mettre les filets au sec et amener le bateau à terre, la saison de pêche 1929 est terminée.
Maintenant les vendanges.

26-27 septembre 1929 jeudi et vendredi
Vendanges à La Turballe
Résultat n°46 : 3 fûts de 260 litres Rouget pur – 1 barrique de 220 livres Rouget pur – n°36 : 1 barrique 1/2 G.P. 1/4 R. 1/4 Couter – 3 barriques GP – Total 4 barriques bon Rouget et 4 barriques Gros Plant
2ème journée de vendanges

3 et 4 octobre 1929
Arrivé Madame René et le Patron le mercredi soir à 22 h 10 par temps bouché. Après une nuit de tempête impossible de fermer l’œil pour ma femme, car pour moi plus il vente mieux je dors. Je me suis levé à 7 heures pour voir si mon canot est en bon état car c’est grande marée et la mer rapporte jusqu’au mur. Pas de mal, la mer a fait le tour du canot.
à suivre

3 octobre 1929
Giraudet, sa femme, Charles Vaillant et le Patron à 9 heures, par un temps de chien, vent de sud violent et grains de pluie, le baromètre marque 753°, nous nous attaquons au « Colombar », après plusieurs mises à l’abri à 12 h 15 nous finissons le fameux colombar. Cela aurait pu être fini plus tôt ; mais la boulangère, Mademoiselle Lemoine, vient nous prévenir qu’un cheval est tombé sur la route. Alors le vieux Charles Vaillant, attèle notre vieille « Mince » (une jument) et va continuer la tournée de pains. Le citoyen Gardaix de La Turbaille, homme de tous les dévouements, qui nous donne la main, vu reconduire le cheval de la boulangère. Voilà ce qui a occasionné le retard.
Midi On déjeune. Puis départ pour le « Loc », où il reste le Coudert à vendanger – ah oui – au bout d’une demie heure de la flotte, on rendre tous guenés (guenés veut dire en Turballais mouillés).
A demain la fin des vendanges.
J’ai profité de ce mauvais temps pour voir le port de La Turballe par grosse mer, depuis la fermeture de la fameuse passe du sud. Eh bien les bateaux étaient dans un lac.

4 octobre 1929 vendredi
fin des vendanges 1929 : 1 fût de 260 livres Colombar et 1 barrique et demi de Couderc dont 1 barrique pour Giraudet.
16 heures : Madame René et le Patron quittent Belmont par un calme plat et Vent N.E. nul 757°

6 octobre 1929 dimanche
17 heures Vent fort O.S.O. 753° Temps à grains
Mr et Mme René sont venus déjeuner et ont eu la visite de Madame Boquien, Mademoiselle Odette Boquien, Mademoiselle Clarisse Hendrieux
17 h 30 Nous partons voir la mer à Batz, comme si on ne l’avait jamais vue.

27 octobre 1929 dimanche
16 heures Belle Brise de N.E. 758°
Monsieur et Madame sont venus faire une visite à Belmont. Temps superbe. 20° sous la véranda. On enlève les stores.

Nécrologie (La Presqu’île Guérandaise, 2 février 1930)

René Fagault, président de l’Union des Commerçants et Industriels de Guérande, et membre de la Chambre de Commerce de Saint-Nazaire, s’était rendu dimanche matin, vers 10 heures, à sa propriété de Belmont, en La Turballe.
A son retour, il se sentit incommodé dans son automobile ; néanmoins, il peut rentrer chez lui. Mais à son domicile, rue Saint-Michel à Guérande, son état s’aggrava. On manda un docteur qui lui prodigua ses soins les plus éclairés ; mais bientôt une nouvelle crise se produisait, et M. Fagault ne tardait pas à rendre le dernier soupir.
Ce décès, qui a surpris tous ceux qui connaissaient l’étonnante vigueur de M. Fagault, doit être attribué à une angine de poitrine.
Le défunt jouissait de la considération générale.
Les obsèques ont eu lieu mercredi matin.
Une affluence considérable était accourue de la région de Saint-Nazaire, d’Herbignac, de La Roche-Bernard, et de toute la côte, apporter à la famille si cruellement et si soudainement éprouvée le réconfort d’une chaude sympathie. La vaste collégiale Saint-Aubin de Guérande était absolument comble.
Parmi les personnnalités présentes, nous avons reconnu : MM Butterlin, sous-préfet de Saint-Nazaire, Joubert, président de la Chambre de Commerce ; Nassiet et Guillouet, vice-présidents ; Lemoine ; Charles Lemauf, conseiller général du Croisic ; Masson, maire du Croisic, et Toublanc, adjoint ; Giroire, 1er adjoint de La Baule, représentant M. de Lapeyrouse ; Georgelin, président du Tribunal de Commere ; Valdès Roigt, doyen du Corps Consulaire ; Bonisseau, ingénieur des Ponts-et-Chaussées ; de Bedouaré, Bichon, Adet, Priou, Anézo, Batard, Gonichon, Jean Vincent, membres de la Chambre de Commerce ; Mallein, membre de la Chambre de Commerce d’Orléans ; Bigaré, maire de Guérande : Nogue, maire de La Turballe ; Docteur Gouret, de La Turballe ; Litoux, maire de Saint-Lyphard ; Molf Leray, représentant M. Le Chauff de Kerguénec, maire de Saint-Molf, absent ; Jarnoux, secrétaire de la Chambre de Commerce de Saint-Nazaire ; abbé Beauget, supérieur du Petit Séminaire ; Valentin, greffier du Tribunal de Saint-Nazaire ; Lorieux père et fils : Thomas, directeur de l’Ecole Saint-Jean-Baptiste ; Bertrand, ancien notaire, et de très nombreuses notabilités de la Presqu’île Guérandaise (le Comte Hubert de Montaigu, retenu à Paris, s’était fait représenter par Mme la Comtesse de Montaigu) Les cordons du poêle étaient tenus par M. Joubert, président de la Chambre de Commerce de Saint-Nazaire ; M. Boquien, directeur d’usine à La Turballe ; M. Leblanc, de Nantes ; Me Henry, notaire ; M. le Docteur Gouraud et M. Auguste Yviquel, conseiller municipal.
La Société Musicale, dont le défunt était président d’honneur, précédait le cortège, jouant des airs funèbres.
Au cimetière, M. Joubert, président de la Chambre de Commerce de Saint-Nazaire prononça avec émotion le discours suivant :
« Mesdames, Messieurs
Au nom de la Chambre de Commerce de Saint-Nazaire, dont il faisait partie comme représentant de la région de Guérande, je viens exprimer les regrets que nous cause la disparition de René Fagault.
Quand la nouvelle de sa mort nous a surpris, instinctivement, par de phénomène réflexe commun à tous les hommes en pareille circonstance, notre esprit s’est reporté au jour de notre dernière réunion et au déjeuner amical qui l’a prédédée.
Jamais, peut-être, Fagault n’y avait manifesté autant de vie, autant de bonne humeur.
Par une sorte de prescience, voulait-il nous laisser au maximum le souvenir de ce qu’il était : la santé et la vie en personne !
Car il est impossible d’évoquer Fagault, sans se le représenter, grand, droit, carré d’épaules, le teint coloté, les yeux pétillants, et sous ce ensemble physique, un cœur d’or, débordant de sympathie et du besoin de se dévouer.
On comprend qu’une telle personnalité n’ait pu passer inaperçue dans son milieu.
Commerçant actif, il avait su donner à son entreprises une impulsion et une étendue peu communes dans nos populations rurales.
Partisans du progrès, l’esprit en éveil, il avait annexé au noyau primitif de son commerce tous les rayons que réclamaient l’activité incessante et le développement prodigieux de ce pays, riche en plages fameuses, dont Guérande est la capitale historique mais bien vivante.
Organisateur, il avait doté sa maison d’un personnel, sagement réparti, et du matériel qu’impose la formule fièvreuse moderne.
Enfant du pays, sympathique à la population, nul l’avait vu grandir, on le rencontrait sur les routes de la région, la poignée de main franche et facile, le mot gai sur les lèvres ; mais aussi, dès qu’il fallait être sérieux, il était toujours prêt à donner un conseil, d’un mouvement généreux qui allait au cœur des gens.
Etonnez-vous, après cela, que ses compatriotes l’aient désigné, avec un empressement que chaque élection confirma, pour représenter à notre Chambre de Commerce les intérêts de la Presqu’île Guérandaise.
Ah ! ils avaient bien choisi, car il tenait une grande place parmi nous, tant par la sûreté de son jugement que par la sympathie naturelle qu’il inspirait.
C’est à son intervention que ses commettants doivent, notamment, de sérieuses améliorations dans les tarifs et horaires de chemin de fer et dans les questions de douane ;
Les marins-pêcheurs de La Turballe étaient ses amis de toujours. Il avait fait de si bonnes parties avec eux ; aussi, avec quelle ardeur intervenait-il pour appuyer leurs revendications.
C’est fini : la vie a quitté ce corps qui paraissait inaccessible à la maladie. Nous ne verrons plus le bon sourire de Fagault nous accueillir dans Guérande ; mais je suis bien sûr qu’aucune réunion ne se passera d’ici longtemps, sans qu’au moment d’ouvrir la séance, une émotion ne nous étreigne : il nous manquera un ami.
A sa veuve éplorée et à ses enfants, ainsi qu’aux membres de sa famille, j’adresse l’expression de mes plus sincères condoléances.
Au nom de mes collègues de la Chambre de Commerce, et en mon nom personnel, mon cher Fagault, je te dis une dernière fois « Adieu » »
Nous renouvelons à Mme veuve René Fagault, à ses enfants et à toute sa famille, nos bien vives condoléances.