René Gault doit acquiter les droits de péage sur la Loire pour 80 pipes de vin, Armaillé 1593

Aujourd’hui dernier jour pour déclarer vos impôts. Et ces derniers jours, je vous mettais un très, très grand nombre de vignes dans les années 1530 à Armaillé, près Pouancé en Maine-et-Loire. Je vous mets ce jour une affaire d’impôt et de vin. Car s’il y a bien un produit qui a toujours été bien imposé c’est le vin, et lorsqu’il était transporté, par voie d’eau, car la Loire était une formidable voie de transport des marchandises, le vin, comme toutes les marchandises, subissait aussi des droits de péage. Et comme la famille Gault d’Armaillé s’y connaissait en affaires, la voici en 1593 vendant  sur la Loire depuis Angers, mais on ignore comment il a acheminé ses 80 pipes de vin jusqu’à Angers. Une chose est certaine, il doit acquiter ses droits de péage au départ d’Angers, et si toutefois son vin passe en Bretagne, car la Loire mêne à Nantes alors en Bretagne, ce sera un nouveau droit à payer… L’acte semble indiquer que René Gault aurait cru bon de ne pas déclarer ses pipes de vin et un sergent royal a été appelé pour dresser un PV de ce chargement sur bateau de 80 pipes de vin !!! Mais dans toute cette affaire, j’apprends, et vous aussi, que le vin d’Armaillé était bel vendu loin, puisqu’il prend en 1593 la Loire direction Nantes… Vous voyez il n’y avait pas que le sud de la Loire en Anjou pour vendre son vin au loin. Par contre j’ai tenté de trouver actuellement des  vignes à  Armaillé, et je n’ai pu trouver, alors si vous savez s’il existe encore de vignes  Armaillé, merci de me le faire savoir. Je vous mets ci-dessous un article d’histoire de cet impôt :
Emmanuel Brouard, « Quel commerce fluvial en Loire angevine au XVIIIe siècle ? Nantes et son arrière-pays ligérien », Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest [En ligne], 123-1 | 2016, mis en ligne le 22 avril 2016, consulté le 08 juin 2022. URL : http://journals.openedition.org/abpo/3210 ; DOI : https://doi.org/10.4000/abpo.3210
Les journaux de la « cloison d’Angers » : apports et limites
Ce péage est créé en 1344, par le duc d’Anjou, afin de financer des réparations à fai (…)
La cloison d’Angers fait partie des nombreux péages qui ont fonctionné sur la Loire jusqu’à la Révolution française. Les droits sont perçus dans plusieurs bureaux, situés à Angers et dans la région : aux portes de la ville (portes Cupif, Saint-Aubin, Lyonnaise, etc.), sur la Maine à l’entrée et à la sortie de la ville (Haute Chaîne et Basse Chaîne), à sa confluence avec la Loire (La Pointe, à Bouchemaine), aux Ponts-de-Cé sur le fleuve, et enfin à Ingrandes, une quarantaine de kilomètres en aval. Les deux derniers bureaux sont de loin les plus importants, en raison des nombreuses marchandises circulant sur le fleuve. Les voituriers par eau ou par terre ne paient qu’au premier bureau franchi, en entrant dans la zone entre Angers, Ingrandes et Les Ponts-de-Cé. S’ils franchissent un second bureau, un « acquit » établi au premier les dispense de payer de nouveau.

Cet acte est aux Archives Départementales du Maine-et-Loire, 5E1 – Voici sa retranscription (voir ci-contre propriété intellectuelle) :

Le 2 avril 1593 après midy en la cour du roy notre sire Angers endroit par devant nous François Revers notaire d’icelle personnellement estably honneste homme René Gault marchand demeurant à Pouancé soubzmetant confesse avoir aujourd’huy promis promet par ces présentes à honnorable homme Me Christophe Gasteau recepveur de la prévosté de Nantes de présent trésorier en ceste ville d’Angers et aux Ponts de Sée, et à Michel Gauvain contrôleur de ladite prévosté en la personne de Me Pierre Pellier clerc en la prévosté à ce présent et acceptant avec nous notaire pour lesdits Gasteau et Gauvain absents, de raporter dedans 3 mois prochainement venant certiffication de la descente du nombre de 80 pipes de vin blanc estant au bateau de Jehan Giffard batelier par eau demeurant Angers, comme le nombre de vin aura esté distribué et vendu au pays d’Anjou et au cas qu’il fust informé contre ledit Gault que ledit vin ou partie d’iceluy fut vendu au pays de Bretagne en ce cas promet iceluy Gault payer et bailler auxdits Gasteau et Gauvain le droit d’acquit de ladite prévosté de Nantes et au moyen des présentes demeure du consentement dudit Pellier stipulant pour et au nom desdits Gasteau et Gauvain comme dit est et soy faisant fort d’eulx la saisie faicte dudit nombre de vin ci-dessus à la requeste dudit Pellier esdits nom par Jousset sergent royal en dabte de ce jour à faulte qu’auroit fait ledit Gault d’avoir acquité le nombre de vin et de s’obliger d’en aporter desce… nulle et sans es…uter comme ledit Pellier l’a rendue audit Gault qui l’a eue et receue ; à ce faire tenir et accomplir s’est ledit Gault obligé soy ses hoirs etc à prendre etc renonçant etc foy jugement condemnation etc fait à notre tablier Angers présents à ce Loys Allays Michel Lory praticiens demeurant Angers temoins »