Renée Du Buat, belle-mère de Claude Simonin, dans la nécessité en 1600 !

suite du feuilleton Claude SIMONIN aliàs SIMON rompu vif à la barre de fer et mis sur la roue

A travers ce blog, vous avez pu constater qu’il n’y avait pas de petits actes notariés, et qu’une simple quittance, une simple procuration, pouvaient parfois en dire long.
Voici donc une quittance de Renée Du Buat, qui est la belle-mère de Claude Simonin car la mère de Marguerite Pelault. Elle n’est pas encore la grand’mère d’Isabelle Simonin, dont je descendrai un jour, car cette dernière est prévue pour naître 1607 et nous sommes en 1600 !

Noëllet, collection particulière, reproduction interdite
Noëllet, collection particulière, reproduction interdite

L’acte qui suit est extrait des Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E70 – Voici la retranscription de l’acte : Le 14 août 1600 par davant nous Jehan Bauldry notaire royal à Angers a comparu en sa personne damoiselle Renée Du Buat femme séparée de biens de René Pelault escuier sieur du Bois-Bernier et auctorisée à la poursuite de ses droictz demeurante audit lieu du Bois-Bernier paroisse de Noyllet, laquelle a recognu et confessé que noble homme René Hiret sieur de Malpère luy a presté cy davant à sa nécessité la somme de 20 escuz sol

    et voici encore René Hiret proche ici de Renée Du Buat.
    D’aileurs, pour tout vous avouer, je me demande depuis 24 h si Renée Du Buat qui n’est pas décédée à Noëllet, mais a survécu à son mari, décédé en 1622, ne s’est pas retirée tout bonnement avec ses filles à Landeronde à Bescon. Mais hélas les sépultures de Bescon ne commencent que bien plus tard.
    Qui sait, un jour peut-être trouvera t’on un partage, enfin, s’il restait quelque chose, car désormais j’en doute…

de laquelle somme elle a consenty et consent ledit sieur de Malpère estre payé sur la pension et provision à elle adjugée sur les deniers de la ferme judiciaire du Bois-Bernier, scavoyr 10 escuz sur les fruictz de la présente année et pareille somme de 10 escuz sur les fruictz de l’année prochaine

    La saisie était une méthode, moins connue que la tuerie, mais sans doute assez redoutable, souvent mise en oeuvre contre les huguenots notoires. On peut donc se poser la question des motifs de cette saisie du Bois-Bernier, et serait-ce un motif religieux ?

    Voici ce qu’André East a découvert à ce jour sur la religion de chacun :

    Le Cornu et Simonnin étaient d’ardents ligueurs. Louis de Champaigné, mari de Perrine du Buat, fut aussi ardent ligueur. Par contre, le frère de Renée du Buat prit parti pour l’Église réformée et fut arrêté au cour d’une excursion et emprisonné. Les Laillier, cousins de René Pelaud, étaient d’ardents huguenots.

    J’ignore si René Pelaud fut calviniste. J’en doute fortement bien que le factum sur la succession de Bernard Pellault soutient que cette famille fut toujours calviniste. Son père était catholique en 1570 et René Pelaud l’était le 1er mai 1589 alors qu’il fut parrain de Renée de Juigné. De plus, le 14 février 1584, René Pelaud était présent à la signature du contrat de mariage de Perrine du Buat avec Louis de Champagné, fervent défenseur des catholiques.

ce qu’avons stipulé et accepté avec Me Fleury Harangot advocat audit siège à ce présent pour ledit sieur de Malpère absent
fait audit Angers à notre tablier le 14 août 1600 avant midy présents Me Sébastien Valtère advocat audit siège et Claude Porcher praticien demeurant audit Angers tesmoins à ce requis et appelez, signé Renée Du Buat

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17 réponses sur “Renée Du Buat, belle-mère de Claude Simonin, dans la nécessité en 1600 !

  1. Ce feuilleton est tout à fait passionnant ! Mieux que les romans policiers que l’on lit en vacances!
    Continuez à nous en écrire la suite et bon courage.

  2. Une Jacquemine Pelaud, épouse de noble homme François Lailler: huguenot, qui a pris part en 1560, au pillage de la cathédrale d’Angers, et va être décapité place du Pilory en 1562.
    (Gens et maisons du temps passé) André Sarazin.

    Note d’Odile :
    Merci à vous. Quelle époque !

  3. Ratification par Jacquette Pellault de l’acquêt ,fait par François Lailler, son mari, de vignes, en la paroisse de Chantocé.( la même ? )
    1524- XVIIIe siècle.E 2997,carton- 5 pièces papier.
    Série E. Titres de famille.

  4. Simonnin, commentaire

    Ces documents apportent une réponse au problème de l’identité de Claude Simon de Chérancé.

    Mais, comme vous, les transactions décrites dans ces documents me laissent perplexe.
    René Pelaud n’était pas un riche seigneur. Lorsque sa fille aînée Marguerite épousa Claude Simonnin au début de 1596 ou en 1595, il ne pouvait pas lui verser une dot en argent sonnant. D’après ce que je comprends des documents que vous avez trouvés, René Pelaud et Renée du Buat lui auraient alors cédé une métairie tout en se réservant le droit de la racheter avant une date déterminée. Cette échéance étant arrivée, Claude Simonnin offrit à son beau-père et à sa belle-mère de prolonger de trois ans, à compter du 14 août 1600, la période de rachat à réméré moyennant le versement immédiat d’une somme de 693 écus et, en plus, de 56 écus pour chacune des années pour la location de cette métairie. Le gendre n’y a pas été de main morte surtout si l’on considère que Marguerite Pelault paya 588 écus pour un bail de deux ans de la châtellenie du Châstelier incluant le château. René Pelaud et Renée du Buat n’avaient pas le choix et ils signèrent. Il y avait certainement certaines tensions entre Claude Simonnin et ses beaux-parents et entre lui et son épouse puisque Marguerite Pelault n’était pas présente lors de la signature de cet acte. Claude Simonnin s’engagea à obtenir son consentement au cours des 15 jours suivants.

    D’après ces actes, Marguerite Pelault paya de ses deniers le montant total de 588 écus pour le bail de deux ans de la châtellenie du Châstelier. Or le 28 juin 1600, elle avait dû emprunter 140 écus pour faire le premier versement. Les autres versements ont été faits au nom de Marguerite Pelault par René Hyret. Est-il possible que n’ayant pas confiance en leur gendre, René Pelaud et Renée du Buat, voulant s’assurer que leur fille serait la bénéficiaire des sommes convenues dans l’acte du 14 août 1600, aient insisté pour les verser à une tierce partie, René Hyret, conseiller du roi au présidial d’Angers ? Les témoins à la signature de l’acte du 14 août 1600 étaient deux avocats de cette cour. René Hyret était déjà un ami de la famille puisque, le 12 novembre 1599, il avait été le parrain de Marie Simonnin, la fille de Marguerite Pelault.

    Curieusement Claude Simmonin ne semble pas avoir été présent lors de la signature de l’acte du 28 juin 1600, ni de celui du 1er juillet 1600, ni de celui du 6 novembre 1600.

    Note d’Odile, sur 3 points
    1-la dot existe toujours à cette époque, et elle est toujours versée. Si les parents n’ont pas de quoi payer une dot, les filles sont mises domestiques jeunes, là, pendant une dizaine d’années, de 14 à 24 ou 26 ans, elles se constituent un petit pécule qui ne leur est versé qu’à la fin, et qui constitue alors une dot suffisante pour épouser un artisan.
    L’acte qui fait allusion à une vente o condition de grâce de réméré est totalement différent d’une quelconque dot, et signifierait que René Pelault ait été en graves difficultés financières, ce qu’explique le 2e acte qui montre Renée Du Buat, sa femme, séparée de biens par justice, et touchant une pension sur la ferme judiciaire du Bois-Bernier.
    Pour que le Bois-Bernier ait été saisi, que sa femme ait été mise en séparations de biens, il y a soit une très mauvaise gestion et un gros impayé, soit carrément une saisie pour un motif de la guerre civile qui règne alors. Sans doute trouverais-je un jour un autre acte donnant une précision sur ce point.
    On pourrait aussi supposser que pour payer une dot à sa fille, il a emprunté en créant une obligation, laquelle il n’a pas été en mesure de satisfaire et son prêteur a fait saisir les biens. Alors, et alors seulement, il a vendu une métairie du domaine à son gendre, et si le gendre a réellement participé au pillage de châteaux, il avait un peu d’argent, enfin, ce dernier point est à ce stade une hypothèse.Il va ma falloir beaucoup de temps pour tenter d’élucider tous ces mystères… Patience.

    2-je n’ai pas trouvé d’acte notarié parlant d’un paiement de 588 écus de la ferme du Châtelier, tel que semble le résumer Audouys, et au risque de vous choquer, André, je vous prie de croire qu’il convient ici de distinguer un document primaire, qui est un original comme un acte notarié dans la liasse des minutes du notaire, d’un document secondaire, qui ne fait aucune preuve, tel un résumé d’Audouys ou autre feudiste de l’époque, qui peuvent avoir interprété le document primaire si toutefois ils l’on vu, car mon expérience tendrait à démontrer, que bon nombre de ces documents soit-disant vus par les feudites, ont mystérieusement disparu…
    Quoiqu’il en soit, j’ai trouvé un acte un peu semblable, mais différent par les montants. Cet acte montre que le couple est là encore séparé de biens, et ceci me laisse encore perplexe, car généralement à cette époque, lorsqu’une femme est séparée de biens c’est soit qu’elle est très riche soit que son époux aurait mérité un total manque de confiance, entraînant une procèdure en séparation de biens.
    Et de vous à moi, Marguerite Pelault eut donc à défendre ses intérêts tout comme sa mère. En quelque sorte elle a été amenée à subir les mêmes problèmes que sa mère.

    3-René Hiret est un personnage que je connais particulièrement bien ayant publié un ouvrage sur les HIRET d’après 1 000 actes notariés. Ce ne fut pas un personnage facile, et je vois mal le terme amitié dans ce type de relations, il faut y voir une alliance familiale antérieure, même si elle est éloignée, car autrefois on avait le sens du clan familial et ce sur plusieurs générations. Pour le moment, je n’ai par percé ce mystère, cela viendra, mais ce qui m’a frappé dans ce personnage, c’est qu’il va ensuite hériter de Landeronde de son frère juge au présidial, décédé sans hoirs, et Landeronde ressembe fort au Bois-Bernier, mais à Bécon, et je suis obnibulée par la présence des filles de Claude Simonin et Marguerite Pelault à Bécon, c’est pourquoi je tente par toutes les pistes possibles à comprendre ce qui a amené là des orphelines au passé si lourdement chargé, car il est clair que le supplicié exécuté le 19 septembre 1609 a été entièrement privé de ses biens, mais comme leur mère était séparée de biens, si elle en avait encore un peu, les enfants ont été élevées avec ces biens…

  5. Cet acte de Renée du Buat avec René Hyret fut passé le même jour et devant le même notaire que celui qu’elle et son mari René Pelaud signèrent avec leur gendre Claude Simonnin. Il est donc fort probable que René Hyret était présent à la signature de ces deux contrats.

    Cet acte prouve que René Pelaud était alors sans le sous. Pour satisfaire aux termes du contrat qu’il signa avec son gendre, il a certainement dû contracter un emprunt. René Hyret est peut être celui qui lui consentit ce prêt; ce qui expliquerait pourquoi c’est lui qui versa les sommes dues par Marguerite Pelaud le 6 novembre 1600. C’est probablement aussi lui qui avança 140 écus à Marguerite au mois de juin de la même année.

    Note d’Odile : René Hiret est plus que présent, car c’est chez lui qu’un des actes est passé, ce qui signifie que Marguerite Pelault était descendue chez lui. A l’époque, un cheval fait 40 km par jour, et tous ceux qui viennent de si loin chez le notaire doivent impératiment dormir à Angers intra muros, d’autant que les murs de la ville ferment le soir (enfin les portes des murs). On dormait à l’hotellerie, ou bien, quand on avait de la famille élargie chez un lointain parent. Le fait que René Hiret ait ouvert son toît à Marguerite Pelault est une indication très forte, car on ne se recevait pas entre amis, mais entre clan familial élargi. Si elle n’avait pas dormi chez lui, l’acte aurait été passé au tablier du notaire…

  6. Dans la « curieuse affaire « : R du Buat »désiste et départ de l’effect des lettres royaulx par elle obtenues affin de cassation et d’estre relevée des obligations et contrats esquels elle seroit intervenue avec ledit Pelault son mary pour le regard desdis Simonnyn et sadite femme seulement déclarant qu’elle ne veult et n’entend s’en aider contre eulx « , ce qui veut dire qu’elle pourrait faire annuler l’acte par des moyens légaux mais qu’elle ne le veut pas ? mais elle leur fait bien remarquer et c’est écrit…Que peuvent étre ces lettres royales? A la mort de leur fille en 1607 les parents n’ont sans doute plus eu ces scrupules vis à vis de leur gendre d’ où le drame que l’on connaît..

    Note d’Odile :
    je suis un peu comme vous, me demandant ce que tout ce verbiage signifie. Je crois distinguer une profonde mésentente entre René Pelault et son gendre, et une profonde souffrance des deux femmes, la mère et la fille, obligées de subir cette mésentente. J’ai compris que les lettres royales obtenues font référence à la séparation de biens obtenue par Renée Du Buat à la suite d’une saisie judiciaire des biens de son époux. Le reste signifierait qu’elle se tient en réserve pour tenter de préserver sa fille, et les petits enfants….
    En fait, tout l’acte ci-dessus me bouleverse, c’est le fait que ces femmes doivent assumer à la fois leur couple et la mésentente entre les deux hommes, et aussi faire bouillir la marmite dans une grande maison glacée… Dur, dur, les périodes de guerre civile, car il y avait d’autant plus de sujets de différents à l’intérieur même des familles… déjà pas toujours paisible en temps de paix…

  7. Pour les curieux et pressés sur la famille Du Buat: »Dictionnaire de la noblesse, contenant les généalogies, l’histoire & la … Par Franc̜ois Alexandre Aubert de La Chesnaye-Desbois, Badier »p 156 sur Google livre: un aperçu de la famille de Renée
    Note d’Odile ; sur le même site, l’ouvrage de l’Abbé CHARLES généalogie de la maison Du Buat, et puis surtout Bernard Mayaud, qui a déja comparé tous ces auteurs

  8. Bois-Bernier n’était pas une grande seigneurie et René Pelaud n’était pas riche. Renée du Buat était l’aînée d’une famille beaucoup plus riche. Lorsqu’elle s’est mariée, elle était orpheline de père et de mère et mineure. Jean Le Picard, son tuteur, l’a sûrement protégée par un contrat en séparation de biens.
    Note d’Odile :
    oui, c’est une hypothèse, mais alors elle aurait été très laide ou mal formée, car la mésailliance des filles est uniquement dans ce cas. Je ne pense pas à une mésalliance…
    En outre, la séparation de biens est un contrat actuel qu’il faut oublier, car autrefois la communauté était la règle majoritaire, et de loin.
    Si j’ai mis qu’elle avait obtenu la séparation de biens, c’est que le paragraphe des lettres royaux… montre qu’il y a eu recours à la justice pour qu’elle puisse gérer ses biens seule.
    Le Bois-Bernier était suffisant pour faire vivre une famille, je peux vous estimer ses revenus car j’ai dépouillé le chartrier, je vous ferai cela un jour prochain…

  9. Ne pourrait-il pas y avoir d’archives conservées concernant ce « rompu vif » dans les archives du Présidial d’Angers, et en particulier dans les séries des procédures criminelles n° 1B1225 de 1616 à 1619 ?
    Note d’Odile :
    merci de la suggestion. J’avais consulté longuement la semaine dernière l’inventaire de la série B et pris des notes, mais hélas rien avant 1639.
    Si je compare avec l’assassinat de Philippe du Hirel, qui est en 1606, je n’étais parvenue à l’identifier que par les actes notariés concernant indirectement le procès.
    Et je pense que c’est probablement la vie de Renée Du Buat, à travers d’éventuels actes notariés qui restent à trouver, qui m’en apprendra le plus sur la vie de ses petits enfants, dont il est clair, que malgré ses propres difficultés financières, elle a dû s’occuper.

  10. Le capitaine Lafosse « volait les deniers du roi »Il est dommage que comme le marquis de Pontcallec (pour la Bretagne) ou Louis Mandrin (pour les pauvres), il ne soit pas entré dans la légende populaire , nous en saurions un peu plus sur lui ,question de contexte politique et social sans doute :un siècle trop tôt .

  11. Pour essayer de comprendre cette époque ,trouvé un excellent exemple sur le net : « les conflits familiaux dans la robe parisienne au XVI e XVIIe » R Descimon .Dans le contrat de mariage, les parents peuvent apporter l’usufruit d’une seigneurerie et l’avoir peut être immobilisé dans des terres ,donc aléatoire j’ai retenu cette phrase « La contradiction est patente entre le discours d’un ordre familial, revendiqué et pensé comme voulu par Dieu, et les actes qui relèvent d’une violence familiale, souvent aujourd’hui encore assimilée à une manifestation du dénuement matériel et moral des classes pauvres » Le rôle des femmes ds la transmission des biens est commentée :beaucoup plus de pouvoirs qu’au XIXe et loin d’être forcement des victimes .Il peut y avoir connivence du couple face aux parents- beaux parents et favoritisme des mères par rapport à un de leurs enfants.ch.revues.org/index399.html  » les injures dont on peut se gratifier en famille à cette époque sont assez surprenantes…

    Note d’Odile :
    La France de Paris n’est pas la France, car elle était alors divisée en provinces possédant chacune un droit coutumier propre. En outre, Paris concentrait des offices qui sont en valeur moyenne bien supérieurs à ceux de la province. Cet ouvrage traite donc d’une classe sociale qui ne représente pas la province.
    Pour l’Anjou, j’ai déjà trouvé une fille qui réclamait à son père sa dot devant les tribunaux, preuve de conflits familiaux réels, mais il s’agissait d’un cordonnier. Preuve d’ailleurs que la dot était due aux enfants, quelque soit la classe sociale, et source de tensions familiales.
    En Anjou, le favoritisme, si tant est qu’il ait existé, était remis à plat au décès, puisque chacun devait alors rapporter ce qu’il avait reçu. Si une fille avait eu une dot de 2 000 livres et une autre 1 500 livres, ces sommes venaient en déduction des parts. Donc tout le monde avait la même chose au décès des parents, et comme les parents vivaient rarement longtemps, il y avait le plus souvent égalité totale.

    Le couple de Claude Simonin aliàs Simon et Marguerite Pelault, dont nous descendons, n’est pas dans la robe, mais dans la noblesse à la bourse plate.

    J’ai une idée des revenus de la robe parisienne, pour en avoir directement le témoignage d’un grand chercheur actuel, qui passe son temps entre Paris et l’Anjou, depuis des années, dans les archives notariales entre autres ! Il étudie ce que sont devenus les Angevins montés à Paris précisément au 15e et début 17e siècles.
    Il m’a confié que les fortunes à Paris étaient sans aucune comparaison avec celles de l’Anjou !
    Il s’agit de M. d’Ambrières, qui me pardonnera de citer ici ses éminents travaux, toujours en cours.

  12. Chère Odile, j’habite dans Le Maine ou la société rurale a gardé des restes de la coutume égalitaire stricte et croyez moi cela n’évite pas les conflits, certains se sentent toujours dépréciés par rapport aux autres dans une succession ( ex cadeaux dans l’enfance ou poursuite d’études pour le plus jeune quand les parents sont plus à l’aise), ce qui peut rendre perplexe le notaire …Pour revenir à nos ancêtres et au capitaine Lafosse( pour le défendre un peu…) je voulais parler d’ambiance familiale entre parents et enfants à cette époque et Paris ne devait pas avoir le monopole de disputes :pour surprendre vos lecteurs, je cite (bonne famille de robe parisienne en 1580 )ce que dit le fils à sa mère : « ivrognesse et sac à vin, sorcière et vieille bête, mais surtout, « premiere folle de sa race », »extraits de minutes , no comment…

    Note d’Odile :
    Quelle horreur ! je vis dans un monde meilleur !
    Pour défendre le capitaine de la Fosse, je progresse dans l’étude, mais ce sera très long et laborieux, comptez plusieurs mois.
    D’ores et déjà, je suis très perplexe car la bourse est plate… et j’ai des doutes sur les aptitudes de René Pelault (son beau-père) à la gestion…

    Or, et ceci fut vrai en Anjou jusqu’à une bonne partie du 19e siècle au moins, l’homme avait autrefois le devoir de gérer correctement les biens, à la fois les biens communautaires, et les biens propres de chacun avec sa responsabilité engagée sur ses biens propres lorsqu’il traitait des biens propres de madame.
    Cette notion de devoir était si forte que l’église condamnait, au moins oralement, les mauvais gestionnaires, considérant que c’était un péché ! et je me suis souvent demandée si les suicides pour faillite n’avaient pas là une origine ?
    Ceci dit ce discours sur la mauvaise gestion paraît un peu décalé en 2009, avec toutes les horreurs financières qui nous baignent chaque jour…

    Par contre, pour ne plus le défendre du tout, je tiens à attirer votre attention sur les deniers du roi, qui figurent clairement mentionnés, et c’est un crime grave, et plusieurs de mes correspondants pensent que c’est ce point, et ce seul point, qui lui a valu sa triste fin.
    Le reste fut seulement un rappel de toute sa vie, selon moi. Et ce n’est pas l’assassinat d’un Tricquebeuf aliàs Criquebeuf, qui lui a valu sa fin, car les assassinats étaient alors souvent pardonnés voire impunis… mais les langues, dont celle de Louvet, ont alors raconté tout ce qu’il avait pu commettre auparavant.
    Si vous trouvez quelque chose sur l’atteinte aux deniers du roi, merci… Cela aidera la recherche…

  13. En février 1534, François Ier établit légalement le supplice de la roue pour les voleurs de grand chemin, en 1547 ce supplice est étendu aux assassins.
    L’assasinat de Criquebeuf , si c’est celui du capitaine de Montjean était admnistié (sinon admnistiable comme tous les crimes de la guerre civile) ; avoir explusé ses beaux parents du Bois-Bernier était une affaire privée qui ne concernait pas le pouvoir ; par contre s’en prendre aux deniers publics n’était pas acceptable pour le pouvoir royal, c’est certainement ce qui lui a valu cette comdamnation particulièrement infamante et spectaculaire (pour l’exemple). A priori La Fosse n’exerçait pas une charge où il était comptable de deniers royaux, donc le terme de voleur de grand chemin lui conviendrait, aurait-il en plus assassiné quelqu’agents des impôts ?

    Note d’Odile :
    Merci pour ces précisions.
    Le registre des délibérations municipales du corps de ville d’Angers (BB56 f°36) mentionne :

      secours d’hommes et de munitions envoyé à Mr de la Varenne pour le siège du Bois-Bernier.

    Le corps de ville n’était pas juge, mais exécutait ainsi un ordre, qui ne pouvait qu’être que royal et c’est Paris qui livrera la clef de l’affaire si les archives y sont encore.
    J’ai fait en vain la série B aux AD d’Angers, mais rien car cette année manque.

  14. Je suis d’accord :c’est d’ailleurs le premier chef d’inculpation cité ,sous l’ Ancien régime je ne connais des attaques contre l’argent de l’état que par des affaires bien postérieures Mandrin( contre les fermiers généraux collecteurs d’impôts) et l’affaire du courrier de Lyon :attaque de la malle poste(l’argent était destiné à l’armée d’ Italie)et ce sont toujours avec violences aux personnes ; sur Google livres cf Dictionaire de l’Ancien Régime et des abus féodaux – Par Paul D*** de P***, Jean-Joseph Regnault-Warin, Jean Baptiste Joseph Innocent Philadelphe Regnault-Warin-
    P 318 -319 -320 extrait journal d’Henri IV apparemment très dur contre les nobles bandits et remarquez le crime d’athéisme « ni foi ni loi »vient peut être de cette époque ?cf p 436 : là c’est du crime organisé…

  15. Très intéressant tout ça.
    L’expulsion des ses beaux parents aurait pu être jugée au civil et ne lui aurait pas valu un châtiment aussi exemplaire.
    Si l’assassinat était amnistié pour cause de guerre, il ne reste alors que l’atteinte aux deniers royaux et cela peut être de multiples façons comme rançonner les gens d’une terre royale, s’en prendre à des collecteurs royaux ou tous autres gens du roi. Mais il sera difficile de trouver en quoi exactement, à moins d’une chance extraordinaire dans les registres notariés, et ce tout ce que je vous (nous ?) souhaite !

    Très intéressants ces travaux de M. d’Ambrières ! A-t-il déjà écrit quelque choses sur ce thème ?

    Note d’Odile :
    ses études des Angevins montés à Angers durent depuis des années, et comme nous ne sommes pas légion aux AD à lire les notaires du 16e siècle, nous nous connaissons.
    Il m’a dit textuellement que la différence était vertigineuse, parlant du niveau de fortune.
    D’ailleurs, moi qui suis nantaise, je sais que ce port a créé (et détruit) des fortunes, ce qui n’existe pas en Anjou, à quelques exceptions près cités fin 17e par notre ami TOISONNIER qui en parlait lui aussi avec une pointe de vertige…

    Pour ce qui est des faits ayant valu à Claude Simon d’être ROMPU VIF, je pense à une bande armée incontrôlée après la soumission faite par Pierre Le Cornu. Il serait (c’est une hypothèse) que quelques uns de ses hommes ne se soient pas soumis. J’ai pris la lettre royale concernant son amnistie dans les Insinuations, pour la retranscrire, bien qu’elle soit déja retranscrite dans BODARD de la JACOPIERE.
    Cette hypothèse est la raison pour laquelle j’ai commencé une sous catégoeie GUERRES DE RELIGION car j’ai plusieurs actes relevant des pillages de gens de guerre.
    A l’inverse j’ai aussi des livraisons pour gens de guerre duement payées, dont il y avait des réguliers et des pillards…
    Enfin, je vois le repli au Bois-Bernier différemment. En effet, le Bois-Bernier, était une petite place forte, plus défendable sans doute que le Chatelier, et se sachant poursuivi, il avait besoin de se défendre dans un tel endroit. D’ailleurs, le peu que nous en savons c’est que la ville d’Angers a reçu un ordre d’envoyer des troupes et munitions, et par ailleurs que s’il est pris c’est qu’il a été trahi par l’un des siens.

  16. En recherchant des sources fiables sur l’ascendance de Elizabeth SIMONIN épouse de Pierre Pelletier, je découvre par hasard vos travaux. J’en suis émerveillé.
    Et je me découvre un ancêtre mort sur la roue!
    Merci pour tout.

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