Cession de droit de chasse au furet et arquebuse, mais sans chiens réservés au seigneur, Armaillé 1584

Nous partons à la chasse, aujourd’hui démocratisée, mais autrefois droit seigneurial.
Le propriétaire d’une terre devait donc souffrir sur ses terres les chasses de son seigneur, sans avoir droit lui-même de chasser.
Ici, le sieur de la Goupillère, qui est manifestement Richard Gerard, à la fort belle signature, obtient du seigneur d’Armaillé un accomodement. En effet, j’ai compris qu’il aura droit de tendre filet, ce qui doit être pour les oiseaux, et harquebouze, sans doute pour les lapins, mais que le seigneur se réserve la chasse avec des chiens sur les terres de la Goupillère. Donc Richard Gerard ne connaîtra par la chasse avec arme à feu et chiens sur sa terre de la Goupillère.

    Voir ma page sur l’arquebuse

Par contre, j’ai compris que le seigneur détient un furet, qu’il prêtera à Richard Gerard 6 fois par an, mais que le seigneur n’aura pas le droit de fureter à la Goupillère.
Enfin le paiement de cet accomodement est en nature : 6 lapins par an.

René d’Armaillé est issu de l’ancienne famille de chevalerie qui vend le Bois-Geslin en 1576 à Jacques de La Forest, dont les descendants prendront le nom d’Armaillé.
Nous sommes en 1584, et manifestement René d’Armaillé est encore seigneur d’Armaillé puisqu’il cède son droit de chasse, qui est droit féodal attaché à la seigneurie d’Armaillé. La vente de 1576 aurait-elle porté uniquement sur la maison seigneuriale du Bois-Geslin et y serait-il demeuré pour une raison quelconque prévue dans cette vente ?

Armaillé - Collection particulière, reproduction interdite
Armaillé - Collection particulière, reproduction interdite

J’ai trouvé l’acte qui suit aux Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E6 – Voici ma retranscription : Le 27 janvier 1584 avant midy en la court du roy notre sire Angers et de monseigneur duc d’Angers par devant nous René Garnier notaire d’icelle personnellement estably noble homme René d’Armaillé sieur dudit lieu demeurant en la maison seigneuriale du Bois Geslin d’une part
et Richard Gerard demeurant audit lieu d’Armaillé
soubmettant etc confessent avoir ce jourd’huy fait ce qui s’ensuit, c’est à savoir que ledit d’Armaillé pour le temps de 9 ans entiers qui commenczeront ce jourd’huy et finiront à pareil jour a baillé et baille audit Gerard qui a prins de lui le droit que ledit d’Armaillé a de tendre et tenir ès garennes et terres dépendant de ladite seigneurie d’Armaillé, ès connaings de la Goupillère seulement, soit à filet oyzeulx et harquebouzes ou autres

    les connaings sont les endroits où il a lapins, je pense que c’est un peu synonyme de garennes

comme ledit sieur d’Armaillé y est fondé et aulx droits de prérogatives et privilèges qu’il a pour le droit de chasse sur ses terres et celles de ses subjets
à la charge que ledit Gerard ne pourra céder ne transporter ces présentes à aultres personnes et est pour un seulement
et retient ledit bailleur son usaige esdits connaings pour y chasser avec des chiens seulement sans y pouvoir fureter
et est ce fait pour en payer et bailler par ledit Gerard audit sieur d’Armaillé par chacun an 6 bons connins ou laperaulx provenant desdites garennes aulx jours que ledit sieur les voudra avoir
et à ceste fin à la charge que ledit sieur bailleur a promis bailler audit Gerard par 6 fois l’an ung furet pour chasser ès dites garennes le voulant quelquefois ledit Gerart, et l’advertissant qu’il vouldra avoir ledit furet deulx jour avant

    j’ai compris que le seigneur a droit d’avoir furet, pas ses sujets, et qu’il n’a donc pas autorisé Rochard Gerard à en posséder un

et en chassant par ledit Gerard il ne pourra endommager lesdits subjets dudit fief sinon que ledit sieur lui en baille tous ses droits

    je n’ai pas compris cette phrase, mais je suppose qu’il parle des biens des sujets et non des sujets eux-mêmes

et aulx charges que dessus et marché fait tenir obligent lesdites parties etc…
fait et passé Angers

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11 réponses sur “Cession de droit de chasse au furet et arquebuse, mais sans chiens réservés au seigneur, Armaillé 1584

  1. E.1491.(carton.)- 6 pièces,parchemin; 41 pièces,papier.
    1508- 1787.- ARMAILLE (d’) et LA FOREST d’ARMAILLE.
    -Présentation par Jacques d’Armaillé à la chapellerie de Saint René,desservie en l’église d’Armaillé;- autorisation donnée par les paroissiens à René d’ Armaillé, de faire dresser un banc en la nef de ladite église;-testament de Claude d’Armaillé;- requête des PP. Carmes d’Angers en revendication des fondations instituées à leur profit; -projet d’accord entre François- Pierre de La Forest d’Armaillé et les officiers du Présidial d’ Angers pour la reconnaissance de la seigneurie de Noizé au titre de châtellerie;-  » mémoire et estat des mises et dépenses faites par moy,veuve Vétault,pour le bâtiment neuf de la maison de l’Ile de Juigné -sur- Loire »- quittance de l’achat par M La Forest d’Armaillé de l’office de syndic de la paroisse de Soulaine;-mémoire pour François- Pierre de La Forest d’Armaillé contre dame Louise Langlois,veuve de Lantivy de Bonchamp; -compte rendu par M Vercillé de deniers provenant de la succession de M d’Armaillé,baron de Craon,conseiller au parlement de Bretagne;-bail de l’étang neuf de Vernée et du droit de pêche dans la Maine;- notes et extraits par le feudiste Audouys.

  2. acte rare -je crois n’être jamais tombé sur un acte parlant de chasse en dépouillant les notaires- et tellement passionnant pour un chasseur qui pratique cette chasse « le furetage ».
    « soit à filet oyzeulx et harquebouzes » comme aujourd’hui les lapins chassés de leurs trous par les furets étaient, soit pris dans des filets pour être réintroduits ailleurs, soit tirés à l’arquebuse ancêtre du fusil.
    L’usage de l’arquebuse n’était-il pas réservé aux gentilhommes ?

    un article de lEcole des Chartres = permis de port d’arquebuse pour un Quatrebarbes avec explication du droit de port réglementé

  3. « Le furetage de la fin du XIIe à la fin XIIIe siècle »
    Ordonnance du XIIIe siècle  » Que nul ne puist tenir fuiron ne reiseus,se il n’est gentilhoms ou s’il n’a garenne »
    Ordonnance du roi de France,T.1 p. 336.
    (Par Laetitia ,dans articles- 77.)

  4. Le furet est réservé aux gentilshommes, pas l’arguebuse, arme des troupes. Cedi dit, j’ignore quels droits avaient les civils d’en détenir une. Sans doute fallait-il alors un permis de port d’arme.
    C’est l’épée qui fut une arme réservée aux gentilshommes.

  5. Le furet qui fait fureur actuellement ,3ème rang en France des animaux de compagnie, il faut l’éduquer petit et devient très docile …cf le Figaro du 30/01/2010 .Au grand étonnement d’une proche ,fille de chasseur ,qui,lors d’absences de son père, avait mission de leur donner à manger dans leur cage et qui en avait peur…

      Note d’Odile :
      effectivement, j’ai vu une émission à la télé il y a qql mois, dans laquelle une jeune femme habillée moderne (jupe de quelques cm seulement) attendait les transports en commun avec cet animal dans son sac à main ! je n’avais pas imaginé que la mode était aussi répandue !
  6. Le droit de chasse est un droit féodal et seigneurial. Selon le Dict. de l’Ancien Régime de Lucien Bély : « Tout noble pouvait chasser au fusil avec son chien, dans les champs, et, s’il avait des titres, dans ses garennes où il élevait et conservait du gibier, surtout des lapins. Mais le haut justicier organisait des chasses à courre, avec chiens et oiseaux, contre toutes sortes de bêtes sans restriction, qu’il pouvait poursuivre hors de ses forêts. Le droit de « hue » forçait certains des sujets à faire les battues et à participer à la chasse, le manger aux chiens (gîte aux chiens, chiennage, chiens d’avoine) obligeait à nourrir et loger les chiens du seigneur. Le sujet roturier chassait à la colle, au lacet et au filet, avec permission. Jamais avec une arme et des chiens. Pour empêcher la chasse, des seigneurs exerçaient le droit de « pied-coupé » sur tous les chiens. Mais, par endroit, en Lauragais par exeemple, le droit de chasser se trouvait élargi aux roturiers par engagement du droit royal, avec accord des seigneurs. Partout la chasse s’imposait comme une nécessité contre le gibier destructeur, lapins et loups. Contre les loups, les seigneurs organisaient des battues. Mais, soit les seigneurs chassaient trop, soit ils ne chassaient pas assez ; des plaintes s’élevaient spécialement contre les garennes ouvertes. »

  7. Vraiment surprenant mais dans le Yorkshire dans les clubs de mineurs ( travailleurs , pas le contraire de majeurs …) il y avait des jeux/concours pour determiner quel homme pouvait garder un furet ( vivant !) le plus longtemps possible dans son … pantalon , les chevilles /bas du pantalon et sa taille bien liés/clos … Cette tradition venant du temps où les braconniers devaient cacher leur furet interdit par les gardes chasse , afin de ne pas se faire punir …
    Et nous croyons les Britanniques fort serieux !!!

      Note d’Odile :
      Donc, le droit de chasse était aussi un privilège en Angleterre, mais sincèrement, j’apprécie ici l’humour Anglais pour cette dérision du braconnage.
  8. Stoicisme digne de ce garçon de Sparte qui ayant volé un renardeau et l’ayant caché sous sa tunique s’était laissé déchirer le ventre plutot que d’être découvert comme étant voleur …
    Prison pour les braconniers en GB et dans le temps déportation en Australie et avant cela parfois amputations punitives si cela s’était produit dans les forêts royales ( au Moyen Age )…

  9. Madame,
    Un grand merci pour votre site si intéressant où j’ai déjà puisé de nombreux et précieux renseignements.
    J’habite au Bois Geslin depuis une quinzaine d’années.
    Mais je souffre de connaître si mal l’histoire de ce bâtiment. Notamment pour sa période médiévale à partir de 1350. Il subsiste encore 3 tours d’artillerie et 2 poivrières. Dans l’ensemble des bâtiments, on trouve encore une soixantaine de meurtrières de différents types. J’aimerai connaître l’histoire militaire de cette ancienne forteresse ayant une liaison avec la forteresse de Pouancé ( Marches de Bretagne).
    J’aimerai pouvoir rémunérer des travaux de recherche soit de vous même ou d’un archiviste que vous pourriez connaître.
    Dans l’attente de vous lire, je vous prie de croire, Madame, à l’expression de mes sentiments très distingués et très reconnaissants en vous félicitant encore bien vivement de la qualité de votre site.
    T de Sayve

      Note d’Odile :
      Les M.H. vous répondront mieux que moi. Ils ont leurs quartiers dans le même bâtiment que les Archives Départementales du Maine et Loire, rue de Frémur. Je pense cependant savoir que leurs campagnes de recherche sur votre région datent de quelques années, et que si ils n’ont rien trouvé à l’époque, c’est probablement qu’il n’existe aucune source d’archives permettant de répondre à ces questions.
      La famille d’Armaillé est mal connue elle-même, et je me faisais ces temps-ci une réflexion semblable pour l’une de ses voisines, la famille de Chazé, aussi très mal étudiée.
      Les sources que je consulte, qui sont notaires et aveux, ne donnent que très, très rarement des détails relatifs aux batîments.
      Désolée, bonne chance à vous.
      J’ai apprécié votre site et je laisse volontiers le lien.
      Odile
  10. Bonsoir,

    Mon ancêtre Mathurin Deslandes Marchand Sarger et sa femme Georgine Aubry vendent en 1624 à Richard Deslandes Marchand Sarger à Armaillé, le lieu du tertre « Guysureau » et la maison de la Goupillaire en la paroisse d’armaillé, ce bien appartient à mon ancêtre par la succession de ces aïeux François et Richard les Gerard (aïeul et bi aïeul ou aïeul et frère de celui-ci?) via sa mère une Gerard et encore par la cession que en aurait fait Mr Pierre Gerard Prêtre par transaction devant Gohier notaire sous la cour de Pouancé.

    J’imagine que mon ancêtre, loin de Armaillé (Montreuil sur Maine), a vendu ces biens.

    Merci pour votre acte, qui complète le mien
    Et encore merci, quel dévouement, quand moi je recherche essentiellement pour moi, vous, vous avez recherché et retranscrit des actes qui ne vous concernait pas forcément.
    De temps en temps, il est bon de le dire et de le redire: votre travail est fabuleux

    Bien Amicalement
    Stéphane

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