Histoire de l’arquebuse

L’arquebuse, contrairement à l’épée, n’est pas réservée aux gentilshommes. C’est l’arme des troupes.

in Dictionnaire encyclopédie universelle, B. Dupiney de Vorepierre, 1876

  • Les premières armes à feu portatives
  • Les bouches à feu étaient à peine inventées, que l’on imagine de donner aux troupes des armes établies suivant le même système, mais assez légères pour qu’un seul homme pût les manoeuvrer. Ces armes parurent vers 1380, et furent appelées Canons à main.. Elles consistaient en un tube de fer du poids de 12 à 15 kg, qu’on chargeait ordinairement avec des balles de plomb, et qu’on appuyait sur un chevalet pour les tirer. On y mettait le feu avec une mêche allumée, comme néguère encore on le pratiquait pour l’artillerie.
    Mais les nouveaux engins de guerre étaient extrêmement lourds et fort peu maniables. On rémédia à ces inconvénients en diminuant la longueur et le poids du tube, et en adaptant à son centre de gravité 2 tourillons servant d’axe de rotation, et reposant sur une fourchette, appelée croc. de plus, le canon fut terminé par une poignée que l’on tenait de la main gauche, tandis que la main droite portait le feu à la lumière. Ainsi perfectionnés, les canons à main reçurent d’abord le nom d’Haquebutes, puis celui d’Arquebuses à croc.
    Vers 1480, une nouvelle amélioration fut introduite dans la fabrication de ces armes. On en fit dont le canon était fixé à un fût de bois muni d’une cosse cintrée pour s’appuyer sur l’épaule. Ces nouvelles arquebuses avaient la lumière percée sur le côté, et portaient une sorte de bassinet destiné à recevoir l’amorce. On y mettait le feu avec un mèche que tenait la main droite, pendant que la main gauche appuyait le fût contre l’épaule. Néanmoins la plupart d’entre elles étant encore beaucoup trop lourdes pour qu’on pût les mettre en joue sanas point d’appui, on appuyait le bout du canon sur une béquille ou fourchette plantée en terre. Ces armes conservèrent le nom de haquebutes, tandis que celles qui étaient assez légères pour qu’on pût les tirer à main libre furent désignées sour celui d’arquebuses.
    Quoique les archebuses eussent été rendues assez légères pour être tirées sans autre appui que l’épaule, elles étaient cependant d’un service incommode, à cause de l’obligation où l’on se trouvait de viser en même temps qu’on mettait le feu. Ce fut pour rémédier à cet inconvénient qu’on imagina la platine à mèche ou à serpentin et la platine à rouet.
    La platine à serpentin prit naissance au commencement du XVIe siècle, mais on ignore dans quel pays. Elle consistait enune espèce de bascule, appelée serpentin, qu’un petit ressort tenait éloignée du bassinet qu’on forçait à s’en rapprocher à l’aide d’un levier qu’on pressait avec le doigt. Le sepentin tenait entre ses mâchoires un bout de mèche allumée qui communiquait le feu à l’amorce.
    La platine à rouet paraît avoir été inventée à Nuremberg en 1517. Une petite roue d’acier, cannelée à son pourtour, était fixée sous le bassinet, au fond duquel elle pénétrait à travers une fente. Son axe était muni d’une chaînette dont l’extrémité opposée s’attachait à un ressort disposé à peu près comme celui d’une montre. Une pièce de fer recourbée, appelée chien, se trouvait fixée en arrière du bassinet. Ce chien tournait autour d’une vis par l’un de ses bouts, tandis que l’autre était muni de deux espèces de dents ou mâchoires entre lesquelles on plaçait un fragment d’alliage d’antimoine et de fer. Quand on voulait faire usage de l’arme, on ouvrait le bassinet, qui se fermait avec une coulisse ; on abaissait le chien de manière que la composition métallique se trouvât en contact avec le rouet ; puis, à l’aide d’une petite clef, on bandait le ressort de ce dernier absolument comme on monte une montre. Une détente maintenait le ressort en place quand il était arrivé au bandé, mais aussitôt qu’on pressait sur cette détente, le rouet, obéissant à l’action du ressort, décrivait une demi-révolution sur son axe, et le frottement de ses cannelures sur l’alliage produisait des étincelles qui enflammaient l’amorce.
    L’invention de ces deux mécanismes donna naissance à deux espèces d’armes à feu. Les Arquebuses à rouet, qui étaient relativement légères, furent destinées à la cavalerie, tandis que les Arquebuses à mèche, qui étaient beaucoup plus lourdes, mais dont le mécanisme plus simple était moins sujet à se détraquer, furent données à l’infanterie. Ces dernières se tiraient à l’aide d’une fourchette ; elles lançaient une balle de 32 à la livre, et plus tard une balle de 24.
    C’est vers le milieu du XVIe siècle que paraît avoir été imaginé le Mousquet. Cette arme, qui fut d’abord en usage en Espagne, différait des arquebuses par la forme de sa crosse qiu était moins recourbée ou tout à fait droite, et par son calibre qui était plus considérable. Son nom lui vient de mochetta, petite mouche, qui lui aurait sans doute été donné, en manière de plaisanterie, à cause de la grosseur de ses projectiles. En effet, ses balles étaient d’abord de 8 à la livre ; plus tard, on descendit à 10 et même à 16. Il y avait des mousquets à mèche et à rouet. Suivant Brantôme, le mousque fut introduit en France, vers 1600, par Stozzi, et il devint bientôt d’un usage général. Au reste, à cette époque, il se produisit différentes variétés d’armes à feu portatives.
    Vers 1545, on imagina, pour la cavalerie, des arquebuses à rouet de petite dimension montées sur un fût sans crosse, et qui se tiraient à bras tendu ; on les appela pistoles, d’où est dérivé le mot pistolet, non pas par ce qu’elles avaient été inventées à Pistola, comme on le dit communément, mais parce que leur canon avait le diamètre de la pièce de monnais ainsi nommée. On en fit également d’autres qui étaient de moyenne grandeur, et tantôt à mèche, tantôt à rouet, auxquelles on appliqua la dénomination de Poitrnal ou Pétrinal, parce que, pour les tirer, on appuyait leur crosse sur le milieu de la poitrine. Enfin, il paraît qu’au XVIe siècle, on connaissant déjà les armes rayées, c’est-à-dire, munies intérieurement de cannelures en spirale : mais elles étaient peu employées à cause de la lenteur de leur chargement.
    Dans les premières années du XVIIème siècle, l’infanterie française se servait, sur les champs de bataille, de mousquets du calibre 200 à 22, et pour la défense des places de mousquets de 12 à 16. La cavalerie portait des arquebuses raccourcies, des pistolets et des carabines rayées, le tout à rouet ; mais ces dernières armes ne tardèrent pas à être remplacées par de petits mousquets à rouet, dit mousquetons, qui étaient plus faciles et plus prompts à charger, parce qu’ils ne réclamaient pas l’emploi du maillet.

    Voir ma page sur l’arquebusier

    Une réponse sur “Histoire de l’arquebuse

    1. E.1902.(Registre.)-In-folio,papier;102 pages.
      1750.-« Mémoire concernant la connaissance,le détail et l’usage des principaux attirails de l’artillerie,l’avantage de rendre leur construction uniforme dans tout le royaume et plusieurs autres réflexions tendantes à réduire et simplifier le service des bouches à feu,par M.Le Duc,chevalier de l’ordre militaire de Saint-Louis,commissaire ordinaire d’artillerie,Strasbourg.MDCCL. »(C’est une copie pour l’usage d’Abraham-Camille Carrefour de La Pelouze,de l’ouvrage imprimé.)

      (Série E.Titres de famille.AD du Maine et Loire.C.Port.)

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