Testament de Marie Legouz épouse Delhommeau, hôtesse de l’hôtellerie de la Côte de Baleine, Angers 1620

J’aime beaucoup cette hôtellerie. La première fois qu’un acte notarié l’a livrée, écrite presque phonétiquement, il a fallu quelques minutes avant de croire à ce joli nom ! Et pourtant il existait bel et bien au 16e siècle à Angers une hôtellerie de la Côte de Baleine.

J’ai trouvé l’acte qui suit est aux Archives du Maine-et-Loire, série 5E121 – Voici ma retranscription : Le mercredi 3 juin 1620 après midy, par devant nous Julien Deille notaire royal à Angers fut présente establie et deuement soubzmise honneste femme Marie Legouz, épouse de honorable homme André Delomeau sieur de la Tousche demeurant à la Coste de Balaine forsbourg de Brecigné paroisse de St Martin détenue au lit malade et néanmoings par la grâce de Dieu saine d’esprit et entendement considérant qu’il n’est rien si certain que la mort et l’heure d’icelle incertaine y désirant prévoir a fait et ordonné son testament en la forme cy après
premier ayant randu grâce à Dieu de sa naissance et biens temporels qu’il luy a pleu donner en ce monde recommande son âme à la divinité à la vierge Marie et à tous les saints et saintes du paradis les suppliant par leurs prières intercéder pour elle à ce qu’elle puisse obtenir pleine et entière rémission des péchés et affaires qu’elle pourroit avoir faits et commis
a ordonné que incontinent après la séparation de son âme d’avecq son corps iceluy son corps soit porté à la sépulture qu’elle elit en l’église dudit saint Martin à l’endroit de la sépulture de ses défunts père et mère si faire se peult sinon le plus près que faire se pourra
et que à ladite sépulture assistent messieurs du corps de ladite église leurs chapelains et des mendiants de cest ville en la forme accoustumée avecq le nombre de torches et cierges et estre fait honoraires à tous prêtre venant s’en remetant pour le surplus des pompes funêbres tant du jour dudit enterrement que de celuy du service à la discression de sondit mary lequel elle prie faire son debvoir mesmes faire dire la litanie et autres services acoustumés aulx enterrements de catholiques le jour dudit enterrement
et faire dire et continuer par son dit mary pendant sa vie durant et après son décès à perpétuité en l’église dudit saint Martin par le curé et chapelains de la paroisse ung service solemnel de trois grandes messes à diacre et soubz diacre avecq vigiles et aultres oraisons acoustumées chacun an à pareil jour de son décès
Item elle donne à Renée sa servante la somme de 30 livres par an pendant sa vie à commencer ledit payement ung an après ledit décès et à continuer la vie durant à ladite Renée outre que ses services luy sont payés en tant qu’il luy en pourra estre deub lors du décès de ladite testatrice et ce pour les services qu’elle luy a rendus et demeurer en sa mémoire et prières pour ce que très bien lui plaist
et outre donne à ladite Renée ung charlit une couette et demye douzaine de draps de toile et à la volonté dudit sieur de la Tousche

    je suppose que la servante n’est plus très jeune et qu’il s’agit de longues années de service, en quelque sorte sa maîtresse lui fait une retraite !

et sa filleule Anne Sermau estant à Chateauneuf la somme de 60 livres lorsqu’elle sera mariée et non plus tôt
Item elle donne pareillement à l’hospital St Jehan l’évangéliste de ceste ville la somme de 100 livres tournois qui sera payée ung mois après son décès ès mains de messieurs les administrateurs dudit hospital pour employer aux affaires et nécessités d’iceluy et demeure des pauves dudit hospital
Item pour l’affection et amitié qu’elle porte audit Delomeau son mary bons et agréables traitements qu’elle a receu de luy et pour ce que très bien luy a pleu et plaist elle luy a donné par le présent son testament tous et chacuns ses biens meubles debtes noms raisons actions et choses censées et réputées pour meubles en propriété et à perpétuité avec ses acquestz et ses propres la vie durant dudit Delomeau son mary à la charge d’en payer les cens rentes et debvoirs, accomplir son dit testament et payer ses debtes et audit effet s’en est dès à présent dévestue et désaisie et par la tradition des présentes en a vestu et saisy sondit mary,

    j’aime beaucoup la phrase que j’ai surgraissée ! Je ne sais si de nos jours on s’exprimerait ainsi !

lequel et Me Jacques Legouz sieur de la Gohardière son frère elle nomme exécuteurs de ces présentes son testament les priant en prendre et faire la charge leur affectant et obligeant tous ses biens renonçant à toutes choses à cest effet contraires
et après en avoir leu et releu sondit testament et qu’elle a dict estre son intention l’avons à l’entretien et accomplissement de son consentement et à sa requeste jugée et condemnée par le jugement et condamnation de ladite court
fait et passé en la dite maison desdits sieur et dame de la Tousche forsbourgs de Brecigné en présence dudit Legouz, Christophle Chardonnet Pierre Couillard et Jehan Ganne marchand demeurant esdits forsbourgs tesmoins ladite testatrice à dit ne scavoir signer
Odile Halbert – Reproduction interdite sur autre endroit d’Internet Merci d’en discuter sur ce blog. Tout commentaire ou copie partielle de cet article sur autre blog ou forum ou site va à l’encontre du droit d’auteur.

Une réponse sur “Testament de Marie Legouz épouse Delhommeau, hôtesse de l’hôtellerie de la Côte de Baleine, Angers 1620

  1. « Au XVI s,les hôtelleries les plus en renom à Angers étaient la Croix Verte ,l’ Ours, le Cheval Blanc ,Saint Julien ,Sainte Barbe, le Griffon, les Trois Trompettes ,la Harpe, les Trois Maries, le Lion d’Or .Chacune avait une clientèle propre et l’enseigne de plusieurs étaient en harmonie avec les caractères des personnes y descendant : Ste Barbe et les Trois Trompettes pour les militaires, la Harpe les musiciens, le Lion d’Or les négociants ,les Trois Maries les ecclésiastiques ,Le Cheval Blanc les aristocrates… »Bulletin Historique et Monumental de L’Anjou 1860 .Question amusante : Qui pouvait descendre à la Côte de Baleine ?

      Note d’Odile :
      Vous avez la liste des hôtelleries que j’ai recontrées dans des documents originaux, faisant preuve, sur mon site. .
      Au 19ème siècle, un très grand nombre de pseudo-historiens ont sévi, et écrit aimablement n’importe quoi. Hélas, avec la numérisation en ligne, puisque les droits de publication sont libres après 70 ans, ils sont lus. L’article que vous mentionnez relève de cette aimable histoire, qui rélève de l’imagination et non de l’étude historique de preuves, c’est à dire de document originaux.
      Nous sommes peu nombreux, les chercheurs aux Archives, lisant les actes du 16ème et autres actes anciens, aussi nous nous connaissons un peu. L’un d’eux, qui est le chercheur de la Société de Cholet, qui publie en circuit fermé, a échangé longuement l’an dernier sur ce point avec moi aux Archives. Comme moi, il a fait des mécontents localement, lorsque ce qu’il trouvait ne correspondait pas à ce que les locaux croyaient, car le plus souvent écrit au 19e sièce par ce type de pseudo-historiens.
      Mon cas le plus douloureux est d’avoir écrit à une commune que ce qu’ils prenaient pour des coquilles donc Compostelle, n’étaient que des besants, meuble bien connu en héraldique, et leur avoir même précisé de qui étaient ces armoiries, qui n’ont rien à voir avec Compostelle. On m’a carrément dit que je dérangeais, car je détruirais la rénommée liée à Compostelle !
      Et, si vous surfez dans les inventaires du Maine-et-Loire, vous pourrez constater qu’une mairie a même publié, donc subventionné, un tel ouvrage, en s’efforçant surtout de ne pas mentionner ne serait-ce que mon existence, car mes travaux sur cette commune démontre l’origine du nom, mais la version de cette origine, écrite par l’aimable historien qu’ils ont republié, est une légende, sans plus… Et ma liste est longue…
      Alors concernant les hôtelleries, mes observations, notamment grâce aux actes notariés écrits sur place dans une hôtellerie, mention qui apparaît en fin d’acte après le célère « fait et passé », montre que c’était exactement comme de nos jours, avec plusieurs prix et confort, donc, comme de nos jours, il y avait les classes sociales qui descendait dans les pas chers, etc… j’ai même en ligne une hôtellerie avec services en argent, ce qui au reste, existe encore de nos jours…
      Bonne journée.
      Odile

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