Contrat de mariage de Pierre Gayardon et Marie Pastourel, Ingrandes Gisors Paris 1605

Magnifique contrat de mariage, car il a un minimum de ratures et renvois, comme c’est si souvent le cas, ce qui me complique la tache de retranscription tant il faut suivre le brouillon.
Elle n’a plus qu’un frère qui vit à Paris et n’a pas eu le temps de se déplacer pour signer le contrat, par contre il l’a discuté verbalement avec le futur auparavant. Il est à l’aise, elle aussi !
On ne sais pas la fortune du futur, qui n’est pas indiquée, mais de vous à moi, les fortunes sont le plus souvent au même niveau.
Enfin, ils adoptent le droit coutumier de Paris pour cause de province d’origine différente. Et les clauses habituelles, comme celle du douaire, sont formulées bien plus clairement et précisément que d’habitude. On sent que le futur a beaucoup de notions de droit.
Enfin, le Forez est son origine !
alors, bonne lecture !

J’ai trouvé cet acte aux Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E5 – Voici sa retranscription (voir ci-contre propriété intellectuelle) :

Le 17 octobre 1605 après midy, (René Moloré notaire royal Angers) comme en traitant et accordant le mariage futur entre noble homme Pierre Gayardon conseiller du roy garde et receveur général au mesurage d’Ingrandes d’une part, et honorable fille Marie Pastourel, fille de deffunts Me Jacques Pastourel et Anthoinette Lebiegot ? d’autre part, ont esté faits les accords pactions et conventions qui s’ensuivent avant aulcune bénédiction nuptiale suivantes en conséquence des articles accords cy devant faits entre lesdits Gayardon et noble homme Jacques Pastourel frère de ladite Marye
pour ce est-il que en la cour du roy notre sire à Angers endroit par devant nous René Moloré notaire d’icelle ont esté présents et personnellement establis ledit Pierre Gayardon de présent demeurant à Gizors et ladite Marie Pastourel demeurante à Ingrandes paroisse de Notre Dame soubzmectant etc confessent avoir par l’advis de leurs parents et amis cy après fait et font entre eux les promesses de mariage qui s’ensuivent
c’est à savoir que ledit Gayardon avecq l’advis et autorité de noble homme Robert Gayardon provost de Saint Maurice pays de Forests son père et de Me Guy Arthault son cousin procureur et porteur de la missive de sondit père a promis prendre à femme et espouse ladite Marye Pastourel tout légitime empeschement cessant lors qu’il en sera par elle requis et ladite Marye Pastourel a pareillement promis prendre ledit Gayardon pour mary et espuox toutefois et quantes qu’il le requérera avec l’advis et autorité dudit Pierre Pastourel son frère, et de noble homme Henry Poullain naguères conseiller du roy, général en la cour des monnayeurs, cousin porteur de la procuration dudit Pastourel, spécialement pour consentyr et accorder ces présentes en dabte du 13 septembre dernier passé soubz la cour du chastelet à Paris par de Jary et Groyn notaires audit lieu estant au pied des articles faits et accordés entre les sieurs Pastourel et Gayardon le 9 juillet dont la minute est demeurée attachée avec ces présentes pour la sureté des parties et décharge dudit sieur Poullain pour y avoir recours quant besoing sera
en faveur duquel mariage qui autrement n’eust esté fait ledit Poullain audit nom de procureur dudit Pastourel aussy deument soubzmis et estably pour cest effet a promis et promet fournir et donner audit Gayardon et à ladite Marye Pastourel sa soeur future espouse dedans 6 mois la somme de 4 500 livres tz et outre luy laisser la libre et entière possession de tout les meubles qui sont à présent à Ingrandse en la maison qui estoit occupée par le feu père dudit frère et de ladite future espouse mentionnée par l’inventaire qui en a esté fait après son décès lesquels meubles lesdits Pastourel et Gayardon ont à l’amiable évalués à la somme de 1 500 livres tz, faisant et revenant lesdites 2 sommes ensemble à la somme de 6 000 livres tz et ce tant pour le droit successif appartenant à ladite Marie Pastourel future espouse à cause de la succession de ses deffunts père et mère que pour le bien et affection fraternelle que ledit Pastourel porte à sadite soeur
de laquelle somme de 6 000 livres ledit futur espoux sera tenu employer en acquets d’héritages ou rentes la somme de 4 500 livres tz dont il demeurera garand et responsable, laquelle demeurera propre à ladite future espouse et aux siens de son costé et lignée et le reste et surplus desdites 6 000 livres montant 1 500 livres entreront en la communauté desdits futurs espoux
et outre est accordé et convenu entre lesdits futurs espoux qu’ils demeureront et demeurent ungs et commungs en tous biens meubles acquest et conquests immeubles suivant la coustume de Paris soubz laquelle les dites parties se sont soubzmises et soubzmectent pour l’effet et exécution des présentes nonobstant toutes autres coustumes lois ordonnances et autres choses contraires à ladite coustume de Paris auxquelles icelles dites parties ont expressement desrogé et renoncé pour ce regard
et a iceluy Gayardon constitué et constitue à ladite Marye Pastourel sa future espouse la somme de 200 livres de rente en douaire annuel et préciput à elle et aux enfants qui naistront dudit futur mariage, lequel douaire demeurera propre à toujours aux enfants et viager à ladite future espouse à iceluy douaire avoir et prendre sur tous les biens présents et advenir dudit futur espoux
dit et accordé que le survivant desdits futurs conjoints aura et prendre par préciput les biens de ladite communauté tels qu’il vouldra choisir jusques à la somme de 500 livres tz selon la prisée qui en sera faite lors de l’inventaire ou ladite somme au choix du survivant
et au cas que ledit futur espoux prédécède ladite espouse il sera au choix d’elle d’accepter ladite communauté ou y renoncer et audit cas de renonciation reprendra icelle espouse franchement et quitement ladite somme de 6 000 livres cy dessus mise sur les plus clairs et apparents biens de ladite communauté mesmes sur les propres dudit futur espoux avecq sondit douaire et préciput ensemble tout ce que pendant ledit mariage luy adviendra et eschera tant par succession donnations ou autres sans qu’elle soit tenue d’aulcune debte crée tant auparavant que constant ladite communauté bien qu’elle y eust parlé ou fust obligée
comme aussi est accordé que si ladite future esopuse prédecède il sera au choix de ses héritiers directs ou collatéraux d’accepter ladite communauté ou renoncer et en ce faisant auront le mesme droit et privilège accordé cy dessus fors seulement pour le douaire qui appartiendra en propre auxdits héritiers directs
ce qui a esté respectivement stipulé et accepté par les parties, auxquels accords traité et tout ce que dessus est dit tenir etc obligent lesdites parties respectivement scavoir ledit Gayardon et Pastourel eulx leurs hoirs etc foy jugement et condemnation
fait et passé à Angers maison de honorable homme Me Jehan Jacques Bellet sieur de la Chapelle licencié ès droits advocat au siège présidial dudit lieu, présents ledit Bellet, noble homme Guillaume Avril sieur de la Fosse conseiller et esleu pour le roy en l’élection dudit Angers, Me Philebert Madin praticien demeurant en la ville de Paris paroisse de St Severin

Cette vue est la propriété des Archives Départementales du Maine-et-Loire. Cliquez pour agrandir

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5 réponses sur “Contrat de mariage de Pierre Gayardon et Marie Pastourel, Ingrandes Gisors Paris 1605

  1. Chère madame,
    merci pour ce contrat et pour la qualité de votre site, et de votre travail. La découverte de ce contrat est une belle surprise pour moi. Par son intérêt généalogique, mais aussi parce que ce contrat a eu une certaine importance lors d’un procès d’héritage en 1763 concernant deux branches de la famille Gayardon, l’une d’elle ayant fait fortune dans la finance à Paris (en l’occurrence les fils et petit-fils du couple Pierre Gayardon et Marie Pastourel ci-dessus), sous le nom de Gayardon de Lévignen. Retrouvé par l’un des avocats dans les archives de Me Moloré, ce contrat permit d’attester l’origine forézienne des Lévignen, ce que cherchait à invalider précisément l’avocat en question, qui, de fait, n’a pas réussi à convaincre les juges…
    Je souhaiterais pouvoir faire une (re)lecture détaillée de cet acte, car il y a quelques points que je voudrais préciser : Anthoinette Buhot (ou écrit parfois Beuhot à l’époque) était le nom de la mère de l’épouse, parisienne, Rambert Gayardon celui du père de l’époux. Quant à Gizors, c’est une localisation qui attesterait d’un déplacement préalable (mais dont j’ignore totalement la raison) de l’époux, du côté de la Normandie.
    Accepteriez-vous de correspondre un peu plus avant, en privé par mail, avec moi ?
    Cordialement,
    Ch. Ordinis

    1. Bonjour Monsieur
      Vous êtes sur le site d’une paléographe AVERTIE et plus qu’expérimentée, et c’est parce que je suis douée en paléographie que je fais ce travail de retranscriptions bénévoles.
      Ceci dit, pour les noms propres, surtout exétérieurs à l’Anjou qui est mon territoire préféré, je peux parfaitement faire des erreurs de lecture, mais il faut que vous sachiez qu’il est interdit de communiquer ou mettre en ligne les actes notariés du Maine et Loire car les Archives y sont particulièrement soucieuses de conserver je ne sais quel privilège !!!
      J’ai pris le risque de vous mettre la première page, celle qui comporte le nom de l’épouse de Pastourel, et vous pourrez donc relire ce nom et s’il vous plaît nous faire part de vos conclusions sur ce blog.

      Merci de votre prochaine réponse
      Cordialement
      Odile HALBERT

  2. Merci, Madame, pour votre réponse. Je ne m’attendais pas à ce que mon message me vale un rappel aussi prompt et ferme de vos compétences paléographiques, dont je n’ai pas douté un instant, pas plus que le risque d’erreur, même infime, que comporte cet exercice auquel je suis moi-même quelque peu habitué depuis des années. C’est aussi pour vous épargner ce risque de mise en ligne du document original, que j’avais proposé un contact en privé. Je suis donc bien désolé si mon message ait pu vous faire comprendre que j’attendais autre chose.

    La qualité de l’écriture est belle, je partage votre avis. Et je suis d’accord aussi avec vous sur les réticences archaïques des services publics d’archives, qui me paraissent être un frein considérable à l’avancée des connaissances historiques et à leur promotion, ce qui pourtant relève de leur mission, avec notre argent.

    Pour revenir au contrat, nous pouvons relier l’ajout des mots « receveur du roy », au-dessus de la ligne, comme pour les deux mots « noble homme » qui précèdent le nom, à Jacques Pastourel, et confirmer la lecture de Le Beuhot en marge et celle de Rābert comme je l’espérais. Pour Gizors, pas de doute possible en effet !
    Je n’ai en revanche pas pu retrouver la procuration du frère de l’épouse, qui n’apparaît pas dans le répertoire du notaire Thomas Groyn, et je me demande si son confrère n’est pas plutôt Le Jars, car il n’y a visiblement pas de Jary à cette époque.

    Merci encore pour votre travail et votre site, qui permettent d’approfondir ensemble nos connaissances.

    C. Ordinis

    1. Bonjour monsieur
      je vois encore JARY comme notaire. Désolée.
      Je ne corresponds plus directement depuis longtemps car j’ai eu des expériences violemment désagréables, aussi j’ai des règles absolues de sécurité sur Internet. Désolée.
      Par contre je peux voir dans mes fonds photo prises autrefois aux archives tout ce que j’ai sur la Provence ou autre, puisque j’ai avec vous un lecteur que cela intéresse.
      Odile

      Je vous mets les pages que je possède et qui font suite à la page 1 envoyée la semaine dernière sur mon blog.




  3. Chère Madame,
    je vous remercie pour ces pages. Ma lecture est la même que la vôtre concernant Jary, je vais laisser de côté ce mystère qui est assez secondaire actuellement pour mes recherches.

    Je retiens avec plaisir votre proposition d’actes concernant la Provence. Mes recherches dans cette contrée sont en suspens depuis plusieurs années, faute de temps (et aussi parce que d’autres recherches m’ont happé), mais je n’écarte pas de les reprendre un jour et laisse, en attendant, tout mon travail de plusieurs années passionnées disponible en ligne, imaginant la joie, telle que je l’ai vécue moi-même, de celui ou celle qui découvrira à travers mon site une filiation, un personnage, un acte qui lui manquait !

    Je pense que nous avons en commun ce sens du partage, et cela me réjouit. Je ne manquerai donc pas de faire appel à vos ressources documentaires, lorsque le moment sera venu.

    Recevez mes meilleures salutations,
    Ch. Ordinis

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