Inventaire des meubles de feue Marie Derennes épouse de René Laurent, Angers 1572 (fin de l’acte)

la première partie a été publiée hier sur ce blog, et ici nous poursuivons l’inventaire avec les chambres d’en haut et le fameux trousseau préparé pour sa fille Marie.

J’ai trouvé cet acte aux Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E7 – Voici sa retranscription (voir ci-contre propriété intellectuelle) :

En la première chambre haulte estant sur la salle et en laquelle décéda ladite deffunte de Rannes avons trouvé les meubles qui s’ensuivent :
et premier une table de noyer tirante par les 2 bouts presque neufve et godronnée par le bas 18 livres
Item 6 cherres (pour les « chaires » qui étaient les « chaises ») de noyer tournées presque neufves à 50 sols pièce soit 15 livres
Item une autre cherre à hault doulcier en faczon de quaquetoire couverte de tapisserie plusque my usée 50 sols
Item une autre cherre … sans acoudouere faite à hault doulcyer et couverte de tapisserie fort usée 20 sols
Item un tabouret couvert de tapis de velours verd 10 sols
Item ung vieil escabeau de chêne et de noyer 10 sols
Item ung buffet de noyer godronné par le bas presque neuf garny de 2 guichets fermant à clef à 2 serrures par dedans aussi garni d’une lyette 25 livres
Lequel buffet a esté ouvert en présence des dessus dit et en iceluy a esté trouvé ce que s’ensuit
et premier en la lyette d’iceluy plusieurs vieilles pièces de nulle valeur et que n’avons prisées et en l’un des guichets dudit buffet a esté trouvé deux bouestes de poudres cordialles et autres bouestes de terre qui servayent lorsque ladite deffunte estoyt malade, lesquelles ne requièrenet aucune apréciation, et lesquelles n’ont esté apréciées pour estre de petite valeur
Item en l’autre desdits guyschets a esté trouvé une paire de gants parfumés 5 sols
Item une vitre de myrouer 2 sols
Item une petitte bource de velours noir à usage de femme avecques un petit pacquet de lopins de soye de Florence 10 sols
Item audit guyschet a esté trouvé ung mouchoir auquel estoyt une cédule signée Jehan Cupif en dabte du 23 octobre dernier montant la somme de 292 livres tz
Item audit mouchoir a esté trouvé 14 escuz pistolets et 6 deniers monnoie par une part
Item audit mouchoir 40 escuz pistolets doubles et simples
Item audit mouchoir en ung lopin de papier trouvé 3 testons et 11 réalles tant simples que doubles
Item audit mouchoir 15 escuz soleil et et 6 demys escuz soleil aussi envolopés en papier
Item audit guyschet a esté trouvé ung petit buletin non signé contenant ce que s’ensuit « ce jourd’huy 12 juin 1570 j’ai presté à ma fille la Robinaye 40 doubles milerets ? et qui a esté parafé par nous à la requeste desdits (ici des ratures et on lit dudit Laurens) à ce qu’il en soyt varye (sic, et je ne lis pas vraye) »
Item audit guyschet a esté trouvé 2 demyes feuillets de papier esquels estoyent escriptes 2 sonnets adressants audit Laurent et à la dite deffunte et faits par ledit deffunt François Bailler lesquels n’ont esté prisés
Item en ladite chambre ung coffre de bahut en faczon de garderobbe couvert de cuir rouge et de fer blanc presque neuf de quatre pieds de long ou environ fermant à clef 12 livres 10 sols
Lequel bahue ouvert et en iceluy s’est trouvé le nombre de linge qui s’ensuit que ledit Laurens et Marye Laurens et ladite Bailler ont dit et confessé avoir esté mys à part par ladite deffunte pour le trousseau de ladite Marye pour lequel trousseau y a scavoir est 12 draps de gros lin neufs contenant 9 aulnes chacun en laize de 3 quartiers prisés pièce l’un portant l’autre 4 livres pour ce 48 livres
Item 12 autres draps de toille de brin tenant chacun 5 aulnes et demye en aulne blanc prisés chacun l’un portant l’autre 50 sols pour ce 30 livres
Item une autre douzaine de draps de brin en brin contenant chacun 4 aulnes et demye prisés pièce l’un portant l’autre 40 sols pour ce 24 livres
Item 10 douzaines de serviettes de toile de brin en réparon neufves prisées chacune douzaine l’une portant l’autre 50 sols pour ce 25 livres
Item 6 nappes de toile de brin en réparon tenant chacune une aulne 3 quartiers de longueur prisées l’une portant l’autre 14 sols pour ce 4 livres 4 sols
Item 5 nappes de toile de brin en brin presque neufves dont y en a partye contenant 3 aulnes et les autres 2 aulnes un quart prisées pièce l’une portant l’autre 20 sols pour ce 100 sols
Item 2 douzaines de grandes serviettes de lin presque my usées chacune douzaine 100 sols pour ce 5 livres
Item 2 tabliers de toile de lin l’un my usé tenant chacun 3 aulnes 6 quarts et demy de longueur dont y en a un plus que my usé prisés l’un portant l’autre 6 livres
Item 18 souilles d’oreiller de toile de lin et partie presque neufves et les autres my usées prisées ensemble l’une portant l’autre 4 sols pièce pour ce 72 sols
Item une douzaine et demye de couvre chef de gros lin dont y en a partie neufs et partie my usés prisés l’un portant l’autre 4 sols pièce pour ce 72 sols
Item un autre coffre de bahut de faczon de Flandres ferré à petites bandes de fer blanc fermant à clef et serrure par dehors contenant 4 pieds de long et presque my usé 4 livres
Auquel coffre l’on avoit accoustumé mettre acoustrements de nuit et autres menues hardes et autre linge qui en a esté tiré de dedans pour mettre avec autre linge pour inventorier
Item ung charlit de grand lit a lipenalle ? et les coustés godronés ledit charlit presque neuf sur lequel y a une couette de grand lit vestue d’une souille de linge seulement garnue de son traverslit vestu d’une souille de coustiz et le tout de bonne plenne ensemble une vieille paillasse et 2 mantes l’une blanche et l’autre verte presque neufves plus sur ledit charlit ung ciel de camelot rouge garny de 3 rideaux tant grands que petits et ledit ciel et rideaux garny de ses franges et frangettes de soye violette t blanche le tout presque neuf, le tout 72 livres
Item ung autre charlit moyen de pareille faczon du précédent et acoustré de pareille faczon garny d’une couette de pareille faczon garny d’une couette moyenne vestue de deux souilles dont y en a une de couetiz et garnye de son traverslit, avecques une vieille paillasse, 2 mantes l’une blanche et l’autre verte, presque neufves, le tout prisé ensemble 64 livres
Item une petite paire de landiers de fer garnis par le hault de cuivre 10 livres
Item ung petit coffre en faczon de boueste couvert de cuit doré et bandé à petites bandes de fer blanc fermant à clef et d’une serrure par dehors contenant 2 pieds de longueur et d’un pied en carré 20 sols
Auquel petit coffre avons trouvé plusieurs vieux linges qui servayent à la maladye de ladite deffunte de Rennes lesquels linges ont esté prisés 5 sols
et depuis a esté ordonné ledit inventaire estre parachevé par auctorité de justice fait audit Angers comme nous a dit ledit Meignan ne scavoir signer

Odile Halbert – Reproduction interdite sur autre endroit d’Internet Merci d’en discuter sur ce blog.

5 réponses sur “Inventaire des meubles de feue Marie Derennes épouse de René Laurent, Angers 1572 (fin de l’acte)

  1. -Superbe inventaire.
    -Merci.

    -Ces coffres …et leur contenu,nous font rêver !-Les gants parfumés…
    « Les gants parfumés,sont très populaires en 1656,un guide du gant et des fabricants de parfum est même édité »
    ( Parfums et leur histoire XVII et XVIII e siècle-Google.)

    -L’expression »Prenez donc une chaire »invitant à s’asseoir,encore parfois usitée dans les années cinquante à la campagne.

  2. Merci beaucoup pour votre réponse sur la première partie de cet inventaire. Il est étonnant que n’y figurent pas les titres pourtant mentionnés dans le préambule. Peut-être ont-ils fait l’objet d’un inventaire spécifique ? Car ce sont des éléments importants de l’héritage, qui servent à justifier la propriété d’un bien.

      Note d’Odile :

    Les meubles étaient parfois inventoriés par acte séparé.
    Par contre, il m’est revenu ces dernières heures, des lacunes plus importantes, autres que les livres, à savoir l’argenterie, les bijoux donc, il faut que je le relise attentivement et que je refasse le point.
    En fait cet inventaire était un envoi et demande de Dominique, qui en descend.
    Odile

  3. Bonjour Odile,

    Je suis confiant, s’il y a bien quelqu’un capable de s’y retrouver dans cette rédaction délicate à transcrire c’est bien vous ! Il y a bien de l’argenterie dans la première partie de votre transcription…Et n’oublions pas ses enfants issus de son premier mariage avec Michel Bariller, dont Claude, épouse de Jean Cupif, sieur de La Robinaye. Certains biens de ce premier mariage sont peut être déjà passés à ces enfants ?

    Il serait intéressant de trouver d’autres actes relatifs à ce premier mariage…tout comme l’inventaire des biens de René Laurens…à suivre !

    Merci pour ce brillant travail !

    Dominique

      Note d’Odile :

    Dominique
    Merci de préciser l’arbre filiatif des décédés et leurs enfants, avec les dates que vous connaissez, afin que l’on puisse comprendre si des partage étaient déjà faits.
    Odile

  4. En réponse :

    Marie de Rennes :

    1 x avec Michel Bariller dont au moins :
    – Claude, inhumée le 17 août 1599, qui épouse Jean Cupif
    – François

    2 x avec René Laurens, décédé le 24 août 1584 dont au moins :
    – Simon, baptisé le 31 juillet 1550,
    – Marguerite, baptisée le 13 février 1552,
    – René, baptisé le 23 janvier 1553,
    – Alexandre, baptisé le 12 février 1554,
    – Marie, baptisée le 20 mars 1555,
    – Jacquine, baptisée le 1er novembre 1560,

    Selon cet inventaire, seuls subsisteraient en 1572, Claude mariée avec Jean Cupif, René marié en 1580 avec Madeleine Romier et Marie mariée en 1575 avec Thomas du Pont.

    Les registres ne permettent pas d’identifier toutes les sépultures des enfants décédés en bas-âge, hélas !

    Dominique

      Note d’Odile :

    Donc, l’inventaire n’est pas celui d’une veuve qui aurait déjà donné ses meubles à ses enfants et ce serait faite petite, comme les personnes âgées le faisaient alors le plus souvent. De nos jours, c’est tout le contraire, on vit beaucoup plus longtemps et l’état limite les dons de peur de voir la succession lui échapper.
    Donc je pourrais faire d’ici un mois un bilan comparatif avec l’inventaire qui arrive, que je suis en train de tapper et qui est de niveau social équivalent
    A+
    Odile

  5. Odile,

    J’ai oublié de vous faire part d’une observation : il est question de deux sonnets écrits par le défunt François Bailler…il s’agit sans doute d’un souvenir de son fils François Bariller, décédé avant 1572 mais après le remariage de sa mère avec René Laurens…

    Dominique

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