Adrien Pelault et Pierre de La Barre avaient emprunté 100 écus, mais oublié de faire la contre-lettre à Noël Labbé, 1547

L’acte qui suit est stupéfiant ! Non pas parce que Noël Labbé réclame la fameuse décharge ou contre-lettre car ceci est bien normal et je dirais même la moindre des choses. Ce qui est surprenant c’est la façon dont Pierre de La Barre refile la dette à un tiers : je n’ai pas d’autres termes pour évoquer cet incroyable transfert de ce que nous appellerions volontiers « une patate chaude ».
En tout cas, ce brave Regnard, c’est lui, le volontaire pour prendre le relais de la dette, est sans doute très lié à Pierre de La Barre ou bien à Adrien Pelault, qui lui, est décédé entre temps.
On sait pas ailleurs qu’il a laissé pour veuve Guyonne de la Barre mais elle n’est pas ici nommée, d’ailleurs par plus que leur fille unique Jacquine.

Ah ! j’oubliais ! Adrien Pelault était mon oncle.

Cet acte est aux Archives Départementales du Maine-et-Loire, 5E5 – Voici sa retranscription (voir ci-contre propriété intellectuelle) :

Le 4 juin 1547 ( devant nous Michel Theart notaire) comme despiecza noble homme Pierre de La Barre sieur de la Roche de Noyant, feu noble homme Adrien Pelault sieur de l’Espinay, Noël Labbé marchand demeurant en ceste ville d’Angers et Me Julien Bouyn licencié ès loix et chacun d’eulx pour le tout renonczant au bénéfice de division eussent vendu et constitué par ypotecque général au doyen chapelains et chapitre de l’église d’Angers la somme de 6 escus d’or sol de rente annuelle pour la somme de 100 escus d’or sol et eust ledit Noël Labbé naguères mis en procès ledit de La Barre pour l’acquiter et descharger de ladite rente tant en principal que arrérages et l’en faire mettre hors disant ledit Labbé que ledit de La Barre et ledit deffunt Pelault luy auroyent promys ce faire, au moyen que ladite somme de 100 escuz seroyt du tout demeuré entre leurs mains, et eust ledit de La Barre appellé à garant audit procès la veufve et héritiers dudit deffunt Pelault disant ledit de La Barre que iceluy deffunct Pelault auroit repceu ladite somme pour le tout moyennant qu’il auroit promis audit de La Barre de l’acquiter et descharger tant vers lesdits de l’église d’Angers que vers lesdits Labbé et Bouyn, et depuis ledit de La Barre ayt esté condempné descharger ledit Labbé de ladite rente et recours d’iceluy de La Barre replacer contre qu’il appartiendra, ce que ledit de La Barre estoit prest faire, et sur ce se seroit trouvé noble homme Jehan Regnard sieur de la Richarcière lequel ayt pryé et requis lesdits de La Barre et Labbé de luy bailler ladite somme de 100 escuz et la luy laisser entre ses mains jusques à deux ans, offrant les acquiter et descharger de ladite rente de 6 escus qui escheroient pendant le temps qu’il tiendroit ladite somme, à quoy lesdits de La Barre et Labbé ayent bien voulu obéir pour ce est il que en la cour du roy notre sire à Angers endroit par devant nous Michel Théart notaire de ladite cour personnellement establiz ledit Regnard sieur de la Richarcière demeurant audit lieu paroisse de Chastelays soubzmectant confesse avoir du jourd’huy eu et repceu dudit de La Barre par les mains de Me Guillaume Lepeletier licencié ès loix advocat à Angers en présence dudit Labbé lequel pour iceluy de La Barre et de ses propres deniers a présentement baillé et mys es mains d’iceluy Regnard la somme de 225 livres tz en 40 doubles ducats 15 escuz sol et le reste en monnaye, laquelle somme ledit Regnard a eue et repceue manuellement content en présence et à veude de nous et dont il se tient à content et bien poyé et en a quicté et quicte ledit de La Barre et tous autres, et ce faisant et moyennant ledit Regnard a promis doibt et demeure tenu acquiter et descharger lesdits de La Barre et Labbé de tous arrérages de ladite ernte de 6 escuz d’or sol tant en principal que arrérages dedans d’huy en deux ans prochainement venant, et leur en bailler lettres d’acquit et descharge vallables en forme autentique dedans iceluy temps de deux ans, à la peine de 20 escuz d’or sol de peine commise dès à présent comme dès lors et dès lors comme dès à présent stipulée et déclarée en cas de deffault, par especial audit de La Barre et Labbé moitié par moitié, ces présentes néanmoins demeurant en leur force et vertu, et pendant ledit temps de 2 aans et autre temps que ledit regnard tiendra ladite somme de 100 escuz il acquitera ladite rente ce stipulans et acceptans ledit Labbé et ledit Lepeletier pour et au nom et comme procureur d’iceluy de La Barre, et aussi nous notaire susdit ce stipulant et acceptant pour ledit de La Barre en tant que mestier seroyt et pouroyt estre, auxquelles choses dessus dites tenir etc et sur ce etc oblige ledit estably soy ses hoirs etc ses biens à prendre vendre etc renonçant etc foy jugement et condemnation etc fait et passé audit Angers en présence de honneste personne maistre Pierre de Beaunes sergent royal demeurant à Nyoiseau maistre Gatien Galliczon et Julien Laye demeurant Angers tesmoins

Odile Halbert – Reproduction interdite sur autre endroit d’Internet Merci d’en discuter sur ce blog

4 réponses sur “Adrien Pelault et Pierre de La Barre avaient emprunté 100 écus, mais oublié de faire la contre-lettre à Noël Labbé, 1547

  1. E.1770.(Carton.)-1 pièce,papier.
    1675-BOUIN-
    -Partage de la succession de Pierre Bouin,prêtre,prieur de Simplé,entre les enfants de René Davy et de Françoise Mauxion,d’Etienne Hunault et de Jeanne Bouin,et Marguerite Bouin,veuve de René Hunault de La Rouauldière.
    (Série E.Titres de famille.AD de Maine et Loire.C.Port.)

  2. Bonjour à tous
    Dans l’ouvrage de Gaëtan d’Aviau de Terney, Dictionnaire des magistrats de la chambre des comptes de Bretagne, j’avais relevé :

    Pierre Belot sieur de la Hunaudais (Issé, 44) auditeur par résignation de Julien Pelaud sieur de Villaubin, reçu le 16 novembre 1672 (f°374t)

    Qui est ce Julien Pelaud sieur de Villaubin ?
    En parle t’on dans cet ouvrage ?
    Merci d’avance
    Odile

  3. Julien Pelaud est le fils de Paul Pelaud avocat au Parlement et aux Conseils de Sa Majesté et sénéchal de la Roche-Bernard. Il était dit sieur de la Ville-Aubin le 4 octobre 1616 et aussi en 1622.

    Paul Pelaud et Judith Guilhermo sont les parents de Marthe et de Julien et de Michel. ( Roger Nougaret, « Chartier du Marquisat du Bois de la Musse », 1988, sous-série 103 J, Archives Départementales de la Loire Atlantique ; répertoire numérique détaillé.)

    Julien Pelaud est identifié comme fils de Paul Pelaud, sieur de Ville-Aubin, dans l’acte de baptême de Julien Deluigol, le 22 février 1638. Il était alors sieur de Bauges (?) et célibataire. Il fut parrain deux fois à la Roche-Bernard en 1640, le 14 juin et le 27 décembre. Ces deux actes le disent sieur du Gauzain ou Barzin et non marié.

    Au premier semestre de 1630, Julien Pelaud, présenta sa candidature au poste d’auditeur des comptes de Bretagne. Il y joignit documents et liste d’ancêtres prouvant son origine noble. (Léon Auguste Maître, « Inventaire sommaire des archives départementales de Loire-Atlantique antérieures à 1790 », 1902, page 100.)

    Il fut accepté à la Chambre des comptes de Bretagne le 21 janvier 1650. (Hyacinthe D. de Fourmont, « Histoire de la Chambre des comptes de Bretagne », Paris 1854, page 346.)

    Son nom et sa signature apparaissent dans plusieurs actes des registres de Saint-Michel de la Roche-Bernard et il y est désigné comme procureur et conseiller du Roi et auditeur de la Chambre des comptes. Son nom apparaît dans le « Nobiliaire et armorial de Bretagne » de Pol Louis Potier de Courcy .

    Julien Pelaud épousa Angélique du Molay, fille de Jean du Molay, sei-gneur d’Ambreil, et d’Angélique Luseau. Le 19 novembre 1663, ils furent parrain et marraine d’Angélique Pelaud, fille de Henry et de Suzanne Moreau.

    Il mourut vers le 10 mars 1690; « 11 mars 1690, inhumation dans l’église de Missillac d’escuyer Julien Pelaud, sgr de la Ville-Aubin, de la Baronnie et autres lieux. Ont été présent au convoy Jacques Guiheneuc, maître de logis de la maison de la baronnie, Louis metayer de la baronnie (baronnie raturé) prieuré et plusieurs autres qui ont déclaré ne savoir signer » (registre de Missillac).

      Note d’Odile :

    Bonjour André
    Merci infiniement de nous rappeler ces Pelaud bretons, que j’avais totalement oubliés.
    Donc une famille différente des Pelaud d’Anjou ?
    Très cordialement
    et heureuse d’avoir de vos nouvelles
    Odile

  4. Je ne crois pas qu’elle soit une famille différente des Pelaud d’Anjou. Je crois qu’ils sont descendants de puisnés de cette famille.

    Johannes Baptist Rietstap, dans « Armorial général : précédé d’un Dictionnaire des termes du blason », 2ième édition publiée par G. B. van Goor zonen, 1887, Vol. 2, page 404, donne à ces Pelaud les mêmes armoiries que celles de Pelaud d’Anjou.

    De 1556 à 1700, plusieurs de ces Pelaud furent au service de la baronnie de la Roche-Bernard. Les registres paroissiaux ne permettent pas d’établir la filiation de ces Pelaud plus avant. Peut être que les actes notariaux et les archives de la baronnie de la Roche-Bernard pourraient combler quelques unes des lacunes.

    Enfin, est-ce un lien ou coïncidence de l’Histoire, de l’an 1547 à la fin des guerres de religion, les Pelaud de Bretagne et les Pelaut de Châtillon-sur-Loire eurent pour seigneur l’un des frères Coligny, François à Missillac et Odet à Châtillon-sur-Loire. Missillac comme Châtillon furent des places huguenotes et subirent les assauts et les ravages des catholiques et des ligueurs. À Missillac comme à Châtillon, une partie des Pelaud joignit les rangs de l’Église Réformée et une autre demeura fidèle à l’Église de ses pères.

    La présence de Pelaut à Châtillon-sur-Loire remonte au moins à la fin du XIVe siècle. En 1389, Guillaume Pelaut dit le Nierceux, de Châtillon-sur-Loire, fut tué par Martin Du Pont au cours d’une querelle qui s’éleva lorsqu’il apporta des assignations à comparaître en justice aux habitants de Saint-Brisson. (Bernard, Chevalier, « Le Pays de la Loire moyenne dans le Trésor des Chartes : Berry, Blé-sois, Chartrain, Orléanais, Touraine, 1350-1502 (Archives nationales, JJ80-235) », publié par CTHS, Paris, 1993, page 142, référence donnée : 136, no. 259, fol. 158 v.)

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