Voici les meubles, bestiaux et tannerie de Julien Jallot décédé en 1724 à Noëllet.
Le cheval aveugle vu hier était effectivement au travail de la tannerie, sans doute pour porter les peaux, très nombreuses comme vous allez le voir. La malheureuse bête n’est pas avec les 2 chevaux que Julien Jallot possèdait pour ses déplacements, mais pas de voiture à cheval ou charette. Donc les peaux sont déplacées à cheval.
J’ai été très impressionnée de découvrir un miroir, une pendule, des mouchoirs de mousseline, des cravates, dont l’une de mousseline, et bien sûr pour ses déplacements il a pistolets et fusil, car sa marchandise vaut de l’or comme vous allez le constater.
Les meubles sont quasiement tous en noyer et non en chêne comme dans la plupart des maisons plus humbles. Je suppose que le noyer est plus élégant ?
Enfin, il a de l’argenterie, peu certes, seulement une petite tasse d’argent, et je reviendrai sur ces tasses d’argent qui m’intrigent tant, et que j’avais commencé à recenser. Je vais mettre à jour cette page sur les tasses d’argent.
Mais le plus surprenant reste les quantités plus qu’importantes de produuits plus ou moins élaborés de la filière fil (lin, chanvre, laine etc…). Certes il possède plusieurs closeries, alors est-ce que ces quantités importantes correspondent à une saison de ses propres propriétés, ou bien fait-il aussi commerce de ces produits dans la filière qui mènera jusqu’à la toile de Laval.
Bien sûr je mettrai aussi à jour ma page sur les inventaires après décès.
Pour le métier de tanneur, j’avais aussi une page commencée, mais que je dois mettre à jour.
Acte des Archives du Maine-et-Loire 5E20 – Ma retranscription (voir ci-contre propriété intellectuelle) :
Le 28 novembre 1724 nous René Poillièvre notaire royal en Anjou résidant au Bourg d’Iré, sommes transporté en la maison où seroit décédé honneste homme Julien Jallot, vivant marchand tanneur, sise et située au bourg et paroisse de Noeslet, où nous avons esté mandé par damoiselle Françoise Monnier veuve dudit deffunt sieur Jallot, demeurante en ladite maison paroisse dudit Noeslet, où estant a compareu ladite damoiselle Monnier veuve Jallot et honorable homme Jacques Jallot marchand tanneur audit bourg et paroisse de Noeslet, curateur aux personnes et biens de Julien, Perrine et Jacques Jallot, enfants mineurs dudit deffunt sieur Jallot et de ladite damoiselle Monnier quant à la confection de l’inventaire des biens meubles tant morts que vifs et effets mobiliers titres et papiers dépendant de la communauté d’entre ledit feu sieur Jallot et ladite damoiselle Monnier, lesquels en conséquence de la sentence de provision et institution de la personne dudit Jacques Jalllot pour curateur aux personnes et biens desdits les mineurs Jallot, rendue par monsieur le sénéchal de Candé le 27 du présent mois, ainsi qu’il apert par l’extrait d’icelle que ledit sieur Jallot curateur nous a représenté et Julien Vitour nous ont requis de procéder à l’inventaire desdits meubles et effets titres et papiers dépendant de la (f°2) susdite communauté et à cet etffet les parties ont mandé et fait venir pour priser et estimer les marchandises et ustenciles de la tannerie dudit feu Jallot savoir ladite damoiselle Monnier, honeste homme Jean Nail marchand tanneur demeurant en la ville de Château-Gontier paroisse st Remy, et ledit sieur Jallot curateur, et honeste homme Robert Ragaru aussi marchand tanneur demeurant à la Pouqueraye paroisse de Chazé-Henry, et pour mettre les autres meubles et effets lesdits establis ont pareillement mandé et fait venir savoir ladite damoiselle Lemonnier veuve Jallot, les nommés François Coué tailleur d’habits, ledit sieur Jallot, et honeste femme Renée Dupré veuve Breunault, lesquels susdits appréciateurs serment pris en tel cas requis ont promis et juré de bien et fodèlement mettre à pris suivant leur loyauté et conscience les meubles et autres effets qui leur seront mis en évidence, auquel inventaire a esté vacqué en présence des témoins cy après nommés
Dans la chambre basse de ladite maison 2 cramaillères de fer estimées 4 livres
Une pelle à feu, un gril, les pinces, une cramaillère, une petite broche, un broquet, un petit tripier, et un garde-Casse, le tout de fer, 5 livres
2 moyens chenêts de fer 5 livres
2 autres grands chenêts de fer 12 livres
Un coffre de poirier fermant de clef 8 livres
Une paire d’armoire de noyer fermante à 4 fenêtres et 2 tiroirs avec 2 serrures et 2 clefs 58 livres
Un petit cabinet de noyer plus que mi usé 3 livres
Une autre petite paire d’armoire fermant à une serrure et 4 fenêtres 6 livres
Un basset fermant à clef avec un vessellier au dessus le tout de noyer 25 livres
(f°3) Une table quarrée fermant à clef de noyer avec 2 bans (sic) de chêne, et un beab ?? 12 livres
Un garde manger 4 livres
Un porte manteau de chêne 1 livre
Une pendule avec son timbre sans boiste 35 livres
3 poids (écrit « poix ») à peser 3 livres
2 soufflets et 2 rechaux le tout de peu de valeur 3 livres
2 moules à faire la chandelle, un petit araissoir, une poivrière, le tout de fer blanc 3 livres
Une paire de pince, un marteau et un vieil couteau le tout de fer et de peu de valeur 12 sols
2 lampes, 2 lamprons (sans doute « lamperon : petite languette qui tient la mêche dans une lampe à huile » ) et un chandelier de cuivre 6 livres
Une grande marmite neuve avec 3 autres marmites de fer, une cuiller, un couvercle et un vieil trépier aussi de fer 8 livres
Un charlit de noyer avec son plafond et paillasse le tout de sarge verte et mi usé, une couette, 2 tarvers de lit ensouillés de couety, une vielle mante verte, un lodier de lenne (sic) et 2 draps de toile de brin plus que mi usés et 2 oreillers aussi ensouillés de couety, avec une fausse souille de toile blanche 80 livres
Un autre charlit de noyer avec son plafond et paillasse, tour de lit de tirtaine plus que mi usé, une vieille couverte, le tout couleur feuille morte, une couette ensouillée de couety, 2 travers lit ensouillés de toile 40 livres
87 livres de vaisselle d’étain, tant creux que plat, à 22 sols la livre soit 95 livres 14 sols
(f°4) 6 fourchettes de fer 15 sols
Un beurrier, 4 assiettes, un petit pot, une sallardière et 3 tasses, et 2 petites bouteilles le tout de fayance 1 livre 10 sols
3 poilles chaudières pasentes ensemble 65 livres estimées 80 livres
3 chaudrons, 2 poislons et un passet le tout d’erain, avec une poisle et une vieille poisle 17 livres
Dans une chambre à costé de celle cy-dessus 2 pannes de terre de peu de valeur 1 livre 10 sols
Un vieil coffre de chêne, une petite cuve et une selle pour placer une potaine 3 livres
Une vieille huge mets 5 livres
Un charlit de chêne avec un plafond et paillasse, un tour de toile, un lodier de boure, une couette ensouillée de couety, un travers lit ensouillé de toile, le tout plus que mi usé 20 livres
Une casse de cuivre et un vieil pommier 3 livres 10 sols
2 tamis de peu de valeur et un passoir 1 livre
Un rouet à filet et un travoueil 3 livres 10 sols
Une galletoire de fer 10 sols
3 barils 1 livre
Une baratte, un fust de bouesseau à mesurer à la petite mesure de Candé, un quart de bouesseau, un vieil chaudron de peu de valeur 2 livres 10 sols
Dans une autre chambre appelée la chambre de la couroirie s’est trouvé un charlit de chêne avec son plafond et paillasse, une couette et un travers lit ensouillé de toile, un lodier de boure 18 livres
Un autre charlit de chêne, sa paillasse, une couette ensouillée de coitye, 2 travers lit ensouillés de toile, une couverte de meslinge, un lodier fouré de fillasse avec un vieil tour de lit de meslinge jaune 28 livres
(f°5) Un marchepied de noyer fermant à clef 12 livres
2 vieilles pelles, une hache, un hachereau, 2 vouges, un picq, un broq, une tranche fourche, une tranche platte, une serpe, un sayot et un rateau le tout de fer 12 livres
2 clavreuls 10 sols
Une pataine de cuivre et un fert à visser 10 livres
Une tricque 15 sols
Ensuite de quoi nous avons monté dans la chambre haute de ladite maison : un charlit de noyer avec son plafond et paillasse, son tour de lit de tirtaine couleur de serge, une couette, 2 travers lits et un oreiller le tout ensouillé de couety, 2 lodiers de toile fourré de lenne 100 livres
Une paire d’armoire de noyer fermante à 4 fenestres, 3 serrues et leurs clefs et une table de pareil bois, un tapis, 50 livres
Une autre table quarrée de noyer et serizier fermante à 2 serrures 12 livres
Un cabinet de noyer à 2 fenestres fermant à clef 25 livres
Un bahut couvert de cuir fermant à clef 8 livres
Un autre coffre de noyer fermant à clef 13 livres
6 cheses à colonne torsés foncées de jonc 6 livres
65 aulnes de toile d’étoupe en réparon à 18 sols la livre soit 58 livres 10 sols
15 aulnes de toile de brin en réparon à 5 sols la livre, soit 18 livres 15 sols
77 livres de fils de réparon blanc à 9 sols la livre, soit 34 livres 13 sols
10 livres d’étoupe filée à 5 sols la livre, soit 2 livres 10 sols
(f°6) 38 livres de fils de brin soit 36 livres
Et ouverture faite de ladite paire d’armoire et coffre et bahut cy devant inventoriés s’est trouvé 300 livres de fil delié en ecreu 50 sols la livre, soit 775 livres
Une fourniture de poupée 20 livres
Dans ladite chambre : une petite glace de miroir avec son cadre de bois de noyer 4 livres
Dans la susdite paire d’armoire 4 draps de toile de brin 16 livres
6 couples de draps de toile de brin en réparon de 8 aulnes le couple 48 livres
5 nappes de toile de brin en raparon de 2 aulnes 11 livres
2 autres draps de toile de brin de chanvre de 7 aulnes le couple, un autre drap de toile de lin de brin en réparon 12 lives
6 draps de toile de brin en réparon de 6 aulnes le couple mi usés 15 livres
2 draps de toile de brin en réparon de 7 aulnes le couple plus que mi usés 4 livres
3 autres draps de toile de réparon de 6 aulnes le couple 6 livres
Après quoi nous sommes transportés dans le grenier de ladite maison où il s’est trouvé 110 livres de lin brayé à 5 sols la livre soit 27 livres 10 sols
30 livres de lenne (sic) salle à 10 sols la livre soit 15 livres
84 boisseaux de bled seigle petite mesure de Candé 200 livres
11 fournitures de boisseaux de métail seigle et avoine susdite mesure à 40 livres la fourniture soit 440 livres
50 boisseaux d’orge commune à la susdite mesure 95 livres
6 fournitures de boisseaux de metail plus de moitié d’avoine à jarseau ? à la mesme mesure, desquelles 6 fournitures les parties ont décidé d’en employer 4 en aumosne pour le repos de l’âme dudit deffunt sieur Jallot et ainsi estimé que 2 à 25 livres soit 50 livres
(f°7) 25 boisseaux de bled noir à ladite mesure 30 livres
Et la nuit étant intervenue nous nous sommes retirés … et le lendemain mercredi 29 novembre 1724 …
(f°8) Nous sommes transportés dans une chambre dépendant de la maison de Recullée proche ledit bourg de Noeslet, où s’est trouvé 200 pieds et essils de bois de chasteigner 20 livres
2 fûts de pipes et 7 de busse 26 livres
2 mottes de cercle de pipe et un de busse de bois de saule 1 livre 10 sols
Ensuite nous sommes retournés en la susdite maison et ouverture faire de la paire d’armoire cy devant inventoriée s’est trouvé 7 couples de draps de toile de réparon de 10 aulnes le couple 30 livres
3 douzaines de serviettes de toile de brin en réparon 27 livres
2 douzaines de serviettes de différente toile plus que mi usées 16 livres
6 couples de draps de grosse toile de 6 aulnes le couple plus que mi usés 15livres
4 vieilles nappes de différente toile 3 livres
12 chemises de toile de brin à usage d’homme plus que mi usées 18 livres
10 souilles d’oreiller de toile de brin 7 livres
12 essuie mains de grosse toile 3 livres
Dans le cellier 4 pipes et une busse de cildre 54 livres
(f°9) 2 fusts de pipe 8 livres
12 poches de grosse toile 18 livres
Un salloir avec un reste de viande 12 livres
Un vieil chaudron de peu de valeur 2 livres
Dans la chambre de la couroirye 2 vieils coffres de chêne l’un desquels ferme à clef 11 livres
2 seaux à puizer l’eau 1 livre
Un fuzil 20 livres
Une paire de pistollets d’arson 15 livres
Un cent et demy de lin délié et brayé à 25 livres le cent soit 37 livres 10 sols
20 livres de chanvre 3 livres
Ce qu’il y a de pommes à couteau dans le grenier de ladite maison 8 livres
Audit grenier une saye de tranche de 5 pieds de longueur 4 livres
Une paire de balances de bois avec ses poix de plom (sic) 1 livre
Une petite table ronde 2 livres
Une vieille table ovale et une bersoire, avec un vieil buffet, le tout de peu de valeur 3 livres 10 sols
3 petits couteaux et un vieil van le tout de peu de valeur 20 sols
3 boisseaux de grenne (sic) de lin d’esté mesure de Pouancé, à 8 livres le boisseau, soit 24 livres
Un boisseau dite mesure de feves et brizieux (sans doute des pois) 6 livres
2 boisseaux de chasteignes dite mesure de Pouancé 5 livres
(f°10) 300 douzaines de lin en chenollais tant d’esté que d’hiver, celui des 2 dernières années estant en différents endroits de ladite maison, y compris celui qui est chez le sieur Jallot curateur, à 12 sols la douzaine, soit 180 livres
Et à cet endroit nous ont lesdits sieurs Noil et Ragareu déclaré avoir veu et examiné tant le jour d’hier que ce jourd’huy les marchandises estant en la tannerye dudit feu sieur Jallot, les ustanciles et autres choses nécessaires et propres au métier de tanneur dont le dénombrement et estimation s’ensuit :
46 peaux de vache en croute 322 livres
325 peaux de veau en croute à 72 livres le cent, soit 234 livres
15 peaux de vache en huile 120 livres
18 peaux de veau en huile 27 livres
10 peaux de vache en suif 105 livres
16 cuirs tannés et garnis prets 640 livres
12 paires de virrailles pretes et tannés 132 livres
Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500) http://www.atilf.fr/dmf/definition/viraille
VIRAILLE, subst. fém. « Courroie, fouet de cuir »
5 longs de paye aussi prets et tannés (sans doute des longes de pays) 75 livres
plusieurs morceaux de cuir 55 livres
(f°11) 108 peaux de vache tant en passements que dans les coudrements 467 livres
40 peaux de vache sur les plains 170 livres
plain : cuve dans laquelle on trempe les peaux dans la chaux vive
34 peaux de bœuf de paye sur les plains 476 livres
40 cuirs d’Irlande aussi sur les plains 1 200 livres
27 gros cuirs d’Irlande à mettre en dernière 1 269 livres
216 peaux de veau tant tannées qu’à mettre en dernière 162 livres
63 peaux de vache tant tannées qu’en dernière 441 livres
9 cuirs en bassac de paye 153 livres
3 cuves à coudrer, pinces sur les plains, bailloirs et couces et autres ustancilles de la tannerye 55 livres
20 gros cuirs d’Irlande à mettre en dernière 800 livres
32 moyens cuirs d’Irlande en dernière 1 064 livres
(f°12) 12 petits cuirs de pays à mettre en dernière 171 livres
2 tables de couroirye, 2 lunettes, 2 couteaux à fil revers, pinses, pancenelles et autres outils servant à la couroirye 32 livres
7 pipes de chaux y compris les futs 119 livres
Un cent de suif garny avec de vieille graisse gatée 95 livres
Un moulin à tan, un cheval poil noir et aveugle, et 2 malles de sercle de cuves à coudrir 100 livres
300 fusts de tan à 25 sols pièce soit 375 livres
Et à l’égard d’une fosse à mortrye ? proche les plains de ladite tannerie comme elle a esté depuis peu couchée et qu’en la levant les parties soufriraient un dommage considérable a esté convenu que lorsqu’elle sera en esta elle sera levée en présence dudit sieur Jallot curateur, du prix de laquelle sera fait mettre au pied du présent inventaire conformément à l’estimation qui en sera faite par personne à ce connaissants, dont les parties conviendront.
Et a esté ensuite procédé à l’estimation de ce qui suis par lesdits Coué et veuve Brunault
800 pieds d’aissil de chêne et seriziers tant de planches que membrure 80 livres
6 brays (en Anjou, braie à brayer le lin ou le chanvre) 7 livres 10 sols
(f°13) Un fust de pipes et 2 de busse 8 livres
Un haitteau et une vieille petite couchette le tout de peu de valeur 1 livre
600 latte (sic) 6 livres
Une mue à vollailles 2 livres
Un vieil lavairier ? et 2 auges à cochons 2 livres
Une sinière ? à bras 10 sols
Un cheval à poil noir avec sa selle, bride et licol 80 livres
Un autre cheval poil brun avec sa selle et bride et licol, avec un bas de cheval et 2 mancquins 80 livres
4 mères vaches poil rouge 135 livres
Un asne et son asnon 25 livres
2 porcs de nourriture 18 livres
Un autre grand porc 25 livres
Une petite brouette et son équipage [sans doute pour atteler 2 chiens] 12 livres
10 chartées de manis 8 livres
Après quoi nous nous sommes transportés dans le grenier de la maison du nommé Pierre Thommeret cordonnier demeurant audit bourg de Noeslet, où il s’est trouvé 2 072 livres de lin brayé à 4 sols 6 deniers la livre soit 465 livres 19 sols 6 deniers
(f°14) 180 livres de réparon non filé à 3 sols la livre soit 23 livres
500 livres d’étoupe aussi non filée à 1 sol la livre soit 25 livres
Une pipe de noix à comble 33 livres
10 milliers de mattes de tan à bruler y compris le tannin proche les fosses 10 livres
Nous ont lesdits Noel et Ragaru avoir examiné plusieurs morceaux de cuir, tant en suif qu’en huile et cuir qu’ils estiment valoir y comprisla huge où ils ont 192 livres
Et la nuit estant survenue nous nous sommes retirés … Et ledit 12 décembre 1724 sur les 9 h (f°15) du matin, avons procédé à la continuation …
8 chartées de foin avec 2 paillers de paille de seigle 135 livres
Ce qu’il peut y avoir de bois tant gros que menu 40 livres
Et ouverture faite d’un coffre cy devant inventorié s’est trouvé : une vieille robe de chambre à usage d’homme 2 livres 10 sols
2 vieils justaucorps, une culotte de sarge sur fil 15 livres
Un justaucorps, une veste, une culotte de ras à usage d’homme et un morceau de pareille étoffe pour faire une culotte 22 livres
Un autre justaucorps plus que mi usé, une veste de sarge à usage d’homme 10 livres
Un manteau de camelot et un autre vieil manteau de meslinge plus que mi usé à usage d’homme 18 livres
6 vieilles paires de bas à usage d’homme 3 livres
Dans ladite chambre basse s’est trouvé 2 paires de souliers plus que mi usés à usage d’homme 2 livres
(f°16) 2 vieils chapeaux plus que moitié usés 1 livre 10 sols
36 livres de beurre et 8 livres de gresse 13 livres 4 sols
Un vieil corset à usage de femme 5 livres
Un habit d’étamine de lenne à usage de femme 24 livres
Un manteau de toile de coton et une vieille jupe d’étamine à usage de femme 10 livres
Un jupon à usage de femme, un tablier de ras de st Mars et une coiffe de taffetas 18 livres
12 chemises de toile de brin à usage de femme 18 livres
4 cravattes de mousseline 6 livres
12 cravattes de toile plus que mi usées 6 livres
Plusieurs vieilles coiffures plus que mi usées à usage de femme 30 livres
4 mouchoirs de cal de toile et un autre mouchoir de mousseline barrée 6 livres
12 mouchoirs de toile plus que mi usés 1 livre
Ce qu’il y a de pots de terre 4 livres
Une paire de bougettes 3 livres
4 paillain ? 8 sols
Une petite tasse, trois paires de boutons d’argent, 5 onus ? 2 gros : 20 livres
(f°17) A comparu en cet endrout Laurent Robert marchand demeurant dite paroisse de Noeslet lequel serment pris en tel cas requis nous a déclaré avoir cy devant à la réquisition des parties fait estimation des bestiaux cy après conjointement avec ledit Coué.
Sur le lieu de la Riveraye paroisse de Noeslet 4 mères vaches 100 livres
2 thores d’un an, un veau de l’année, 3 porcs de nourriture et 22 brebis 85 livres
Somme tous les bestiaux 185 livres
Sur le lieu de la Lizounaye paroisse de Noeslet 2 mères vaches, 3 thores, 13 brebis et 2 porcs de nourriture 130 livres
Sur le lieu de la Grenouillière paroisse d’Athée 2 mères vaches, un veau d’un an, un veau de l’année, 14 brebis et 2 porcs de nourriture 80 livres
Sur le lieu de Lenizière paroisse de St Quentin 3 vaches, 2 thores, 13 brebis, et un porc de nourriture 89 livres
Le prix desquels bestiaux en ce qui en appartient à la susdite communauté ne peut être liquidé attendu qu’il est préalable de voir les actes de prisée des bestiaux desdits lieux qui en ont esté faits tant avec les propriétaires d’iceux qu’avec (f°18) les collons à moitié qui sont dans les mesmes lieux sauf aux parties à ce pourvoir à ce sujet.
Bonjour Odile
Merci pour votre analyse des successions et de l’argenterie possèdée dans le Haut Anjou , c’est très intéressant et permet de situer socialement un inventaire quand nous en trouvons un .
Je suis l’exception qui confirme la règle .J’ai trouvé deux tasses d’argent dans l’inventaire après décès de François Verger ,Maître cordonnier ,en 1779 à Louvaines (AD 49 , 5E 32 – 82) adjugées ensemble à un de ses fils , 30 Livres 10 sols ,le seul présent. Son autre fils est absent , il est représenté par ses deux oncles ( j’apprendrai par ma suite de recherches qu’il est soldat ) ,ce fait explique peut être que les deux tasses restent ensemble.
Il y a aussi une montre en argent et ‘une petite orloge avec sa boete et les poids’
Le montant de cette succession est de 1775 Livres 5 sols 4 deniers.
Bonjour ELisabeth
Je pense, à la lumière de ce que j’avais remarqué par le passé sur une succession d’une petit fille Allaneau, que dans certaines familles on pouvait avoir une descente sociale (fortune moindre que les grands parents) et par contre avoir conservé en famille l’argenterie. Je pense même que certaines familles de nos jours pourraient dire la même chose que ce je viens d’écrire.
Je comptais ces temps ci revenir sur la tasse d’argent, et sur les inventaires, et surtout remanier et compléter mes deux pages, celle de l’inventaire en général qui souffre de manque de mise à jour, et celle de la tasse, sur laquelle j’ai encore des tasses à indiquer.
D’ailleurs s’agissant de vos tasses, on pourrait si vous l’acceptez, envisager de les mettre sur mon tableau avec le renvoi que vous voudrez vers vous.
Pour mettre à jour ces 2 pages, je me pose la question de séparer clairement qui a de l’argenterie et qui n’en a pas, et une suggestion serait que je reprenne les 2 tableaux, en ne laissant que ceux qui ont de l’argenterie sur la page de ma tasse d’argent, mais cela pose un inconvénient, et qui rejoint bien ce que vous soulevez, à savoir qu’il n’y a pas corrélation entre la possession d’argent et la fortune.
Bref, merci encore de m’assister de vos expériences dans mes réflextions afin que ma page sur la tasse d’argent soit encore améliorée.
bonne journée
Odile
Je vous confie avec plaisir ‘mes tasses’, la montre et ‘l’orloge’ , j’ai l’impression effectivement qu’il existe plus un lien socio-culturel avec l’argenterie que purement économique .
François Verger possède des livres » Le droit français » » la coutume d’anjou » « heures latines » et « plusieurs vieux livres » sans autres précisions ,hélas …
Cette succession que j’ai découverte est intéressante car c’est une adjudication des biens du décédé . Sa veuve (Anne Bellanger) n’est pas la mère de ses fils , c’est un remariage.
Donc les héritiers et le voisinage (ou autres parents )achètent les biens aux enchères .Ensuite les parties se partageront la somme
On peut constater les souhaits et envies de chacun :
Anne est fixée sur son linge de maison , ses ustensiles de cuisine, sa vaisselle d’étain , des meubles qu’elle rachète (sauf la pendule , son nom est rayé, elle n’a pu rencherir sans doute..) et les « heures latines »et le fils lui ,rachète les effets de son père , les tasses ,la montre et les vieux livres .
Je ne sais pas comment une telle vente pouvait être vécue car ce devait être stressant ces adjudications mobilières notamment pour la veuve .
Anne récupère une paire d’armoire ‘après plusieurs enchères’ , ouf…sans doute plus intéressantes pour elle que l’argenterie….
On peut penser aussi que les tasses provenaient des biens propres du décédé. Il serait intéressant que je remonte les actes de succession…
Rebonjour Elisabeth
Je vous signale que j’ai des VERGER dans mes ascendants, mais plus haut, et qui font les LEMESLE et ce serait intéressant de voir si on peut les joindre, ne serait-ce que pour l’étude sociale.
Pour ce qui est de la vente aux enchères, j’ai un problème (et même plusieurs) pour celles de Jean Jallot (celui qui est décédé en 1714 à Ampoigné), dont je ne vous ai pas encore mis l’argenterie, car en fait lors de la vente, je ne retrouve pas l’argenterie. Comme je ne pense pas au vol du tout, je suppose qu’il y a eu entente en famille, mais entente troublante car les enfants sont mineurs et même petits, donc au détriement des enfants ?
Odile
Bonjour Madame,
A propos des tasses en argent, j’ai eu l’opportunité de suivre la vente aux enchères d’un goûte-vin en argent du XVIIIe siècle dont le nom du possédant et sa paroisse étaient gravés dessus. Après quelques recherches, j’ai retrouvé son propriétaire né en 1763, marié en l’an 3. Il s’agissait d’un simple métayer mais sachant signer.
Dans les classes modestes, il y avait donc acquisition de quelques objets en argent, pour imiter sans doute les plus aisés. A quelle occasion avait-il pu être offert ? (mariage ? ) Quel pouvait-être son usage, même si la vigne était cultivée partout en Anjou ? Cet objet avait une certaine valeur à l’époque et il ne l’a d’ailleurs pas perdue, vu le montant de l’enchère.
Cdlt. J’espère que la santé est de retour.
Bonjour
Où avez-vous vu qu’un métayer était une classe modeste ?
Parce que cette classe travaille la terre ?
Merci de relire les fables de Lafontaine :
Et regardez sur mon site et blog toutes rôles d’imposition que j’ai mis en ligne, vous y verrez la richesse des métayers. Certes ils portaient des costumes plus paysans que les citadins, mais moi aussi âgée de 80 ans, je me souviens de la dictature de la mode vestimentaire, et de la dictature mode Paris et mode province, mais une différence entre Paris et Nantes. Tout cela a disparu de nos jours, mais cela a exsité. Lisez aussi Fils de Plouck, magnifique ouvrage, à lire s’il n’est pas épuisé.
J’ai cherché en vain il y a 3 jours sur internet l’histoire de la tasse, du gobelet et de la timbale, et aussi par rapport au baptême. Rien trouvé. Et dans le cas des tasses d’argent, je suis intriguée par l’absence de soucoupe.
Mais pour le taste-vin, cela s’explique sans doute pour un bon vin produit comme une sorte de médaille d’un concours agricole. Il faudrait voir de ce côté là.
Odile
allez voir la page
https://www.facebook.com/paradisdesmeilleursvins/photos/pcb.470066279865708/470065199865816/?type=3
et je pense que pour le tastevin en argent, on pourrait conclure que celui dont vous avez vu la vente a appartenu à un chevalier du tastevin, et devait s’y connaître en vins
Odile
Bonsoir Madame.
Ne sachant la joindre sur le blog,je vous envoie photo de cette tasse d’argent massif,genre tastevin,gravée au nom de Claude Pineau métayer,laboureur ,né en 1736 à Briollay.
Bonjour Madame
La vue que vous m’avez adressée est floue, et par ailleurs je ne peux pas mettre sur mon site et mon blog des vues dont je n’ai pas les droits, même si sur Internet beaucoup pillent je garde mon éthique, et merci de le comprendre
bon soleil
bon WE
Odile
PS je vais mieux et j’ai de l’eau et un ascenceur. TVB
-On peut comprendre que les vignerons et autres goûteurs de vins,privilégiaient l’argent à l’étain, la terre ou la faïence…
-J’ai ouï dire, que la tasse d’argent ,se devait d’être »culottée »,ne se lavait pas,on l’essuyait seulement.
« culotté » parce que le métal donne un goût, et fausserait (ou pourrait fausser) la note de dégustation
J’avais fait autrefois sur mon site une page sur l’influence du métal, qui n’avait pas le même goût que nos verres à boire de table, et nous n’avons donc pas idée du goût connu par nos ancêtres.
http://www.odile-halbert.com/Histoire/inven/Tasse.htm
Ceci dit je pourrais tout à fait ajouter sur cette page que les récipients en question ne subissaient pas le lavage que nous infligeons de nos jours à nos verres à boire, et devaient tout bonnement être « culotés ».
D’ailleurs je me souviens il y a maintenant 55 ans, avoir reçu une « engueulade amicale » chez des amis pour avoir « nettoyé » la cafetière car pour eux elle devait IMPERATIVEMENT ETRE CULOTTEE et j’avais donc abimée leur cafetière.
Odile
J’ai encore vu dans les années cinquante,pendue à la poutre centrale de la salle commune,la « tasse du patron ».grande tasse de faîence,toujours à portée,lorsqu’il rentrait des champs bien fourbu. !
Merci pour vos réponses et références données.
J’ai lu avec attention beaucoup de vos articles concernant les travailleurs de la terre et j’ai, grâce à vous, beaucoup appris : les métayers (que j’ai dans mes ascendants) sont, certes, les plus aisés d’entre eux, plus aisés que les closiers et/ou bordagers et surtout que les journaliers. Ils ne possèdent cependant que leur cheptel, matériel de travail (et parfois qu’à moitié) et leur mobilier. Ils emploient cependant des domestiques et peuvent posséder quelques biens personnels. Mais ils sont imposés de tous côtés. Merci de me rectifier si besoin.
Le « Riche Laboureur » de la Fontaine m’a toujours laissé perplexe. Dans certaines régions, de France (Centre, Nord-Est) et à certaines époques du 16e, 17e siècles (La France Rurale Georges Duby), certains pouvaient être propriétaires de leurs terres. Ce n’est que peu le cas en Anjou, d’après vos recherches.
Au dessus d’eux, se trouvaient les marchands fermiers (que j’ai aussi dans mes ascendants). Eux sont vraiment aisés et on leur donne du « Maître ». Et on peut, je crois, les classer dans la petite bourgeoisie rurale.
Pour les tasses en argent, j’en ai trouvé deux gravées au nom des intéressés (1 gobelet et 1 tasse) chez des ancêtres qui, d’après inventaire 1810, ne semblaient pourtant pas bien fortunés. (cadeaux de mariage ?)
Pour le goûte-vin cité : la paroisse n’est pas du tout dans un secteur de grand crû bien qu’il y avait de la vigne comme partout en Anjou. Etaient d’usage courant ou précieusement conservés au fond d’une armoire comme les timbales de communion ???
Merci et bien cordialement.
Bonjour
Le métayer, et le closier, en Anjou, avaient plus que ce que vous dîtes.
Ils avaient quasiement tous quelques boisselées de terre en propre, et ces pièces de terre leur servait de livret A si je peux m’exprimer ainsi, car elles permettaient de pourvoir aux situations exceptionnelles. Je vous prie d’aller voir ce que j’ai exploité comme actes notariés concernant les entraides familiales pour sortir de prison surtout de la prison de la gabelle, ainsi je me souviens en avoir dépouillé plusieurs à Pouancé.
J’avais classé cela à l’impôt sur le sel.
La plus grande différence, en Anjou, est aussi l’accès à la culture, et même je dirais que cet accès était bien chasse gardée de la classe sachant lire, de crainte d’ascencion sociale des autres une fois qu’ils auraient après à écrire.
Si les fils de métayer sont prêtres, c’est qu’ils ont été formés à la cure de leur village, par les prêtes en place qui leur ont appris à lire et écrire.
Je suis profondément d’accord sur la géographie de la France d’alors, qui fait que rien ne peut se transposer d’une province à l’autre, et pire je pense qu’il y avait différence en Anjou des 2 côtés de la Loire.
Je ne connais bien que le Nord de la Loire, et jusqu’à la Normandie.
Je suis formelle sur la meilleure méthode pour identifier la fortune d’un ancêtre, c’est la montant de la dot dans le contrat de mariage. Voyez mon tableau, que d’ailleurs je devrais mettre à jour, car ma mise à jour doit dater d’un an environ.
Odile
Bonjour,
Je m’interrogeais sur la façon de connaître l’heure avant la Révolution. Bien sur, il y avait les horloges des églises pour ceux qui habitaient dans le bourg, mais les cloches ne s’entendaient pas forcément dans les villages reculés. Comment pouvaient-ils savoir l’heure d’un décès par exemple qui est parfois noté dans l’acte de décès?
Bonjour
et merci de cette question.
Si j’ai bonne mémoire, non seulement il a existé des horloges, mais aussi des montres chez les prêtres, enfin une montre par cure. Et si vous vous souvenez on mourait chez loi et on ne mourrait pas sans avoir appelé le prêtre, qui restait certainement d’ailleurs près du mourant de longues heures, d’ailleurs il y avait plusieurs prêtres par paroisse car ainsi ils disposaient de temps. Ceci pourrait expliquer les actes avant la Révolution dans lesquels vous avez trouvé une mention d’heure, mais pour ma part, je n’ai pas mémoire d’en avoir rencontré à cette époque, ou bien j’ai oublié.
Amicalement
Odile
PS vous avez la présence de montre dans au moins un de mes retranscriptions d’inventaires après décès d’un prêtre