Gestion de portefeuille autrefois entre femmes veuves : Le Lion d’Angers 1639

Les veuves géraient leurs affaires seules, sans l’intermédiaire d’un homme, d’ailleurs les célibataires aussi.
Elles n’étaient pas toutes à l’image de ce que j’ai appris autrefois à l’école, je ne sais pourquoi ni comment, à savoir que les pauvres étaient les veuves et les orphelins. Phrase terrible qui m’avait longtemps hantée.
Certes, beaucoup de veuves, étaient certainement dans ce cas, mais une partie d’entre elles, celles qui avaient un patrimoine, et mieux encore de l’éducation à la gestion des biens, même dans l’ombre d’un mari, n’avaient rien de la pauvreté.

Ici, Marguerite Delahaye, l’une de mes collatérales, emprunte 700 livres, mais cela n’est même par pour elle, c’est pour son frère Claude. Le Claude dont je descends. Je suis particulièrement surprise qu’elle rende un tel service à son frère, c’est tout bonnement stupéfiant, quoique j’ai d’autres cas de solidarité familiale (famille proche) qui sont le signe d’une telle solidarité.
Par contre, pour avoir pris de tels risques, je suppose qu’elle n’a pas d’enfants vivants à cette date, car tout de même elle met leur patrimoine en danger en empruntant.
Enfin, pour piquer votre curiosité, je me souviens fort bien qu’un de mes Delahaye, et je suis en train de vérifier si c’est ce Claude Delahaye, avait beaucoup d’enfants à doter mais avait été trop généreux, sans doute pour leur assurer un situation socialement supérieure, et il était décédé avant d’avoir doter le dernier, qui était tout bonnement lésé.
Et si je rapproche l’acte qui suit des dots que ce Claude Delahaye avait données, c’est que je suppose qu’un tel prêt était le plus souvent pour une occasion importante, comme le versement d’une dot.
Bref, ceci pour moi est une affaire à suivre. Je ne vous mets que le début de la contre-Lettre, mais pratiquement l’acte comporte 4 actes dont 2 contre lettres, la procuration, et l’obligation elle-même, et le tout fait 3 à 4 pages par acte donc beaucoup de pages, qui se répètent en fait, donc je me les épargne.

Ah j’oubliais, ces 3 charmantes dames savent signer, et mieux elles sont du même corpus géographique, c’est à dire géographiquement proches. Si je précise cela c’est que de nos jours on ignore tout des prêteurs, et on ne sait même pas si l’argent est honnête ou non.

Cet acte est aux Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E6 – Voici sa retranscription (voir ci-contre propriété intellectuelle) :

Le 7 juillet 1639 après midy, par davant nous Louis Coueffe notaire royal Angers fut présente establye et deument soubzmise honneste femme Marguerite Delahaye veufve Serene Houssin demeurante au Lion d’Angers, laquelle a révoqué et confessé qu’à sa prière requeste et pour luy faire plaisir seulement Claude Delahaye le jeune son frère … et de Me Pierre Augeard sieur de la Planche advocat au siège présidial de ceste ville, constitué vendeur solidaire sur tous ses biens présents et futurs de la somme de 38 livres 17 sols 19 deniers tz de rente hypothéquaire annuelle et perpétuelle payable chacuns ans scavoir vers honnorable femme Françoise Pourias veufve Me René Bascher vivant aussi advocat audit siège de 22 livres 4 sols 6 deniers pour 400 livres de principal, et vers damoiselle Françoise Leconte espouse de … Davoust ? escuyer sieur de la Chambre … garde du corps du roy de 13 livres 13 sols 4 deniers pour 300 livres de principal, lesdits principaux revenant à 700 livres payées comptant, et encores baille contre lettre et promet … de ladite rente … dans un an prochain, le tout en vertu de la procuration que ledit Claude Delahaye luy auroit consentie … »

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