La place des veuves à Provins en 1598 : nombreuses et loin d’être pauvres

Introduction

Je viens de terminer le fonds de Jacques Delanoe notaire à Provins pour l’année 1598 qui contient 355 actes. J’ai été très émue tout au long de ce dépouillement par 2 points importants et je tiens à vous les rapporter. Le premier concerne la présence d’un très grand nombre de veuves, puisque j’en rencontre pas moins de 81. Elles ont du bien et le gèrent.
Je vous avais déjà montré que les femmes à Provins étaient mieux éduquées qu’en Anjou et savaient presque toutes signer. Eh bien, elles savaient aussi gérer, donc quand leur époux était vivant, en fait elles cogéraient, même si c’est lui qui passait chez le notaire selon la loi. Elles n’étaient pas toutes des bobonnes à la cuisine…

on racontait que les veuves étaient toutes pauvres

Dans les années 1950, on racontait aux enfants que les veuves étaient toutes pauvres et même mendiantes. Je ne me souviens pas avoir entendu au cours de mes études secondaires parler de la condition des femmes dans l’histoire autrement que l’histoire des reines, et des mendiantes… Les premières ne m’ont jamais intéressée car trop loin de ce qu’étaient nos ascendants, les secondes, je les découvre à travers mes travaux depuis 35 ans dans les archives notariales, et à Provins, elles sont particulièrement nombreuses et souvent assez aisées voire très aisées.
Le second point d’étonnement viendra demain.

les hommes mourraient donc souvent jeunes à Provins

et les femmes étaient mieux préservées en couches, au point que je me demande si les sages femmes ne se lavaient pas les mains à Provins, bien avant les autres provinces de France ? car manifestement elles sont nombreuses à vivre longtemps.  Au point d’ailleurs d’enterrer 2 maris, et celle que je vous mets ci-dessous n’est pas la seule.

Marguerite Moussier veuve en secondes noces

AD77-1057E424 Jacques Delanoe notaire à Provins – 1598.01.09 vue 8 – fut présente en sa personne honneste femme Marguerite Moussier veuve en secondes nopces de deffunt Jehan Billotte vivant marchand demeurant à Provins tant en son nom que comme tutrice légitime de Perrette Billotte fille mineure d’ans d’elle et dudit deffunt Jehan Billotte par les parents de laquelle elle promet faire auctoriser se présent contrat de vendition toutefois et quantes que requist sera à peine etc laquelle esdits noms susdits recognut avoir vendu ceddé quicté transporté et délaissé et par ces présentes vend cèdde quicte transporte et délaisse promis et promet garantir de tous troubles et empeschements qelconques tant en son propre et privé nom que comme tutrice et en chacun d’iceulx seul et pour le tout sans division ne discussion renonçant aux droits Velleien…, à Nicolas Langlois laboureur demeurant à Augere présent achepteur pour lui ses hoirs c’est à savoir la moitié par indivis de 10 à 11 arpents de terres labourables en plusieurs pieces situées et assises au finage dudit Augere et es environs que … (f°2) à tiltre de moisson de ladite venderesse esdits noms et partie par indivis avec luy comme ayant acquis ladite moitié d’icelle venderesse et à ladite Perrette appartenant de propre et advenus par ladite succession dudit deffunt Billotte son père, en censive de la seigneurie d’Augere et chargé de 4 deniers tz par arpent sans autres charges, quites du passé jusques à huy, pour desdits héritages jouir par ledit achapteur et ses hoirs dès maintenant à toujours ; ceste vente faite moyennant le prix et somme de 33 esuz ung tiers franc à ladite venderesse qui les a eu et receu dudit achapteur … lesdits deniers ladite veuve a dit estre pour employer à la nourriture et entretien de ladite mineure ..

 

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