La maison des Estres : hôtellerie et prison, Craon, inventaire après décès, 1692

Nous avions dejà vu la maison des Estres, qui devait être fort grande. Toussaint Lefrère en était locataire comme on le voit dans ses titres ci-dessous énumérés.
Toussaint Lefrère est un arrière arrière grand’père de Volney, que nous avons déjà étudié sur ce blog :

  • Inventaire des dettes actives et passives de la communauté de Toussaint Lefrère, Craon, 1692
  • Succession de Toussaint Lefrère entre les enfants de ses 2 lits, Craon, 1692
  • Aujourd’hui nous allons voir que Toussaint Lefrère tenait hôtellerie dans la maison des Estres, mais aussi une prison, qui n’était pas la prison ordinaire. Je pense que la prison ordinaire était la prison royale, tandis que la prison tenue par Toussaint Lefrère aurait été celle de la baronnie de Craon, puisqu’il loue cette maison au lieutenant de Craon. Cette prison pouvait loger jusqu’à 13 prisonniers à en juger par le nombre de fers aux pieds dont dispose Toussaint Lefrère.
    L’hôtellerie recevait à table dans la vaisselle d’étain (quantité impressionnante) mais avec nappes et serviettes (enfin, pour ceux sans doute qui payaient ce plus). Les 3 chambres à loger les clients sont communes, comme autrefois on dormait tous ensemble…
    Toussaint Lefrère fait partie des notables, et à ce titre on lui voit de l’argenterie, certes peu, mais tout de même, dont la fameuse tasse d’argent. Et des armes, curieusement rangées dans la cuisine, il est vrai qu’autrefois on faisait un peu de tout dans ce type de pièce. Enfin, il y avait un miroir dans la salle : le miroir était autrefois chose rare, et l’immense majorité de nos ancêtres ne se sont jamais vu dans un miroir. Ici le miroir étant dans la salle de l’hôtellerie, les gens de passage pouvaient à l’occasion se regarder.

    Les Estres aliàs les Aistres : je trouve 2 étymologies possibles :

    aistre, aitre, atrie, du latin atrium, nom masculin : 1 – Parvis de l’église, d’un palais – 2 – Terrain près d’une église ou d’un monastère jouissant du droit d’asile – 3 – cimetière entourant l’église (Larousse, Dict. de l’ancien français, Moyen-Âge, 1994)
    aistre : du latin populaire astracum emprunté au grec : âtre (idem)
    estre, estres, du latin extera, extérieur : 1 – emplacement dans un lieu ouvert comme jardin, fossé, lieu ou place en général – 2 – maison, appartement, chambre, embrasure de fenêtre (idem)
    Delestre, nom issu du latin exterus, ancien français etre, cour autour d’une maison, ancien occitan estras, galerie, balcon, escalier extérieur, donc particulatiré caractéritique de la maison. Forme pluriel : Desestre (M. T. Morlet, Dict. Etymologique des noms de famille, 1991)

    ATTENTION, TOUS LES TERMES DE L’INVENTAIRE SONT DEFINIS SUR MA PAGE INVENTAIRES APRES DECES, merci de vous y reporter pour la compréhension des termes.

    L’acte qui suit est extrait des Archives Départementales de la Mayenne, série 3E1/496 – Voici la retranscription intégrale de l’acte : Le 23 mai 1692 avant midy par devant nous André Planchenault notaire de Craon y demeurant inventaire et appréciation a été fait des meubles effets tiltres et papiers restés après le décès de défuntes h. personnes Toussaint Lefrère et Jacquine Robineau à la requeste et présence d’honneste personne Guillaume Lefrère marchand hoste demeurant au Cheval Blanc au faubourg Saint Pierre dudit Craon, François, Marie et Anne Lefrère émancipés, procédant sous l’autorité de noble homme François Hervé conseiller du roy contrôleur au siège du grenier à sel dudit Craon leur curateur aux causes, et Pierre Damour marchand boulanger, mari de Françoise Lefrère et curateur aux personnes et biens de Jacquine et Jeanne Lefrère, tous lesdits Lefrère enfants et héritiers dudit Toussaint Lefrère et de ladite Robineau, fors ledit Guillaume Lefrère qui est héritier en partie dudit Lefrère son père seulement, à laquelle appréciation a esté vacqué par honorable femme Anne Hervé épouse d’honneste homme René Allard marchand et Louise Pecot veuve Jean Monnier demeurant audit Craon, desquels serment pris en tel cas requis et acoutumé ont promis de bien et fidèlement faire ladite appréciation à quoy a esté vacqué comme s’ensuit

  • En la salle de la maison des Aistres (aliès Estres) où était demeurant ledit Lefrère audit Craon (cette pièce est la salle du restaurant mais aussi le lieu de vie d’une partie de la famille Lefrère, c’est à dire que dans la même salle on mange et on dort.)
  • Un lit garni d’un charlit de bois de noyer, paillasse, couette et 2 traverslits de plume ensouillés de coutis, une mante, avec tour de lit et ses rideaux de tiretaine jaune le tout plus que mi-usé 21 L
    Un autre lit composé d’un charlit aussi de bois de noyer, une paillase, 2 couettes l’une ensouillée de coutis l’autre de toile, un traverslit et un oriller l’un de coutis l’autre de toile, un lodier de poupeau avec un traverslit de bergame 18 L
    Une paire de praisse (presse) de bois de noyer a 2 huissets fermant avec une serrure 10 L
    Une autre paire de praisse de peu de valeur aussi fermant à 2 huissets et une clef 5 L
    Un buffet avec 2 tirettes et 2 armouëres (armoires) de peu de valeur 2 L 10 S
    3 tables longues, 3 bancs, 3 bancelles avec 2 escabeaux 5 L
    Une table ronde de bois de noyer 2 L
    Un grand coffre fermant de clef de peu de valeur 1 L
    Un miroir le cadre duquel est peint en noir 1 L 10 S (le miroir est rare, et signe de notabilité)
    11 vieilles chaises fourrées de jong 1 L 10 S
    2 crochets à peser 1 L
    Le nombre de 177 livres d’étain tant plat que creux à 10 S la livre soit 88 L 10 S
    5 autres livres d’étain 2 L 10 S
    2 grands landiers avec des pommes d’érain (airain) 6 L
    2 chenets, une pelle à feu, une grille, 2 broches à rôtir, 3 garde-casse (utilisée pour garder le jus du rôti), une paire de pincettes, une cramaillère (crémaillère) à 3 branches, une autre crémaillère avec un cramaillon, un soufflet, un broquet, et un friquet 9 L
    un petit tabler avec une tirette fermant de clef 10 S
    un petit coffre couvert de cuir noir garni de clouds fermant de clef 1 L 10 S
    8 chandeliers et 3 lampes de pottin estimés ensemble avec un fallot de peu de valeur et une méchante paire de mouchettes 5 L 10 S
    une scie à trancher 1 L 10 S

  • Dans une segonde salle nommé la chambre noire
  • 3 lits composés de chacun un charlit, paillasse, couettes l’une de coutis et 2 de toiles, un traverslit et 2 orillers en chacun d’iceux, trois lodiers de filasse, 2 tours de lit de serge brune, et l’un jaune, le tout de peu de valeur 36 L
    Une huge (huche), 2 sacs, et un garde-manger 5 L
    Un petit mortier de fonte 5 S

  • Dans un petit appartement qui est derrère la cheminée de la première salle (c’est la cuisine)
  • un grand poisle chaudière, 5 chaudrons tant grand que petit, 4 poislons, 2 vieilles poelles, une cuiller à pot, un couvercle de marmite, une petite poislette, une vouyette (voir mon blog) d’erain (airain), une étouffouère 30 L
    4 marmites, 2 poisles à frire, 4 rechaux (réchauds), 3 casses savoir 2 de fer et une de cuivre 4 L
    Une grelouère, un trépied 1 L 10 S
    2 pannes, 2 seyaux, 2 tuyaux, avec 2 méchantes pannes aux cendres le tout de peu de valeur 7 L
    un pannier et un entonnoir de fer blanc avec 2 petites chenets et une crémaillère 1 L
    5 coings de fer, une hache, une pelle ferrée, 2 crocs, une fourche ferrée, un hachereau, un serceau 4 L
    ce qu’il y a de cherrée 3 L 10 S
    une paire de balance dont les bacins sont d’erain avec les poix et alliuraiges (je suis sêche) 15 S
    3 pottées de graisse de porc pesant 20 livres, les pots déduits 2 L 10 S
    un fusil, une épée avec un ceinturon, et une paire de pistollets le tout de peu de valeur 5 L (bigre, les armes sont dans la cuisine !!!)

  • Dans la chambre haulte sur ladite première salle (dans une hôtellerie autrefois on dort à plusieurs, pas de chambre individuelle !)
  • 5 lits garnis de chacun lict charlit paillasse couette un traverslit et 2 orillers, le tout de plume ensouillés de couettis, et chacun d’iceux, 4 mantes rouges et une jaune, 5 lodiers fourrés de filasse, 4 tours de lits avec pantes et rideaux, et une sousse (je suis sèche) de serge de Caen 165 L
    une paire de presse de bois de noyer fermant d’une huissette et une cerrure (serrure) 12 L
    un tabler de bois de nouyer (noyer) fermant de clef avecq un tapis de Bergame et 2 bancelles 3 L
    un coffre de cuir noir garny de clouds fermant de clef avec 2 petits supports 2 L 10 S
    2 landiers de fer avec 2 pommes d’erain 1 L
    2 cherres (chaises) de bois à bras, un fauteuil et 6 chaises de joing 2 L 10 S

  • Dans une chambre haute à côté de la première
  • 3 lits garnis de leur charlit, paillasse, couette, un traverslit et 2 orillers à chacun d’iceux, le tout de plume, ensouillés de couettis, 3 mantes, et 3 lodiers fourrés de filasse, 3 tours de lit avec des rideaux le tout verd et de plusieurs sortes d’étoffe 60 L
    une paire de chenets 15 S
    17 livres de peignon de laine et de crin à 3 sols la livre 1 L 11 S
    une vieille bancelle de peu de valeur 3 S
    Dans une chambre qui est sur la grande chambre susdite
    un lit garni d’un charlit, paillasse, une couette, un traverslit et 2 orillers, le tout de plume ensouillés de couettis, une mante beufe (sans doute rouge pour couleur sang de bœuf), un lodier fourré de fillasse, avec un tour de lit de tiretaine 30 L
    un autre petit lit garni de son charlit paillasse, couette, 2 traverlits le tout de plume ensouillés savoir la couette de couettis et lesdits traverslits de toille, avec un tour de lit de Bergame 18 L
    3 bois de couchette, 3 paillasses avec 3 tours de lit de Bergame le tout de peu de valeur 18 L
    une vieille paire de praisse fermant à 4 huissets de peu de valeur 3 L
    le nombre de 600 livres de lin broyé estimé 12 L 10 S la livre revenant à la somme de 75 L
    un habit à l’usage dudit déffunt savoir un justaucorps et une culotte, avecq un chapeau et une paire de bas 15 L
    un vieil justaucorps de tiretaine avecq 2 culottes aussi de tiretaine, et une paire de souliers, le tout de peu de valeur 4 L
    88 livres de fil de réparon écru à 3 S la livre soit 13 L 4 S
    6 livres de poupée de gros lin 1 L 16 S
    un manteau de camelot brun 9 L
    2 bouteilles de verre avec 2 douzaines de verres à boire 3 L (comme l’argenterie qui suit le verre est rare et les verres devaient être réservés aux clients aisés)
    10 cuillers et 7 fourchettes et une tasse d’argent avec une paire de boutons le tout pesant ensemble 3 marcs une once estimé 26 livres le marc revenant à 81 L 5 S (il s’agit de l’argenterie. Les boutons étaient autrefois en métal – avant le plastique et la nacre – et dans le même genre on avait aussi des boucles de soulier)
    un rond à dresser du linge (c’est l’ancêtre du repassage, voir mon site) avec sa selle 3 L
    une seille et une cuvette servant à laver les verres, le cable du puits et la clanche 1 L
    13 paires de fers pour mettre aux pieds des prisonniers 13 L
    un charnier de terre avec son couvercle de environ 3 quartiers de lard qui est dedans et ce qu’il y a de reste de fumé 10 L
    4 douzaines de serviettes de brin et une douzaine d’autres serviettes de lin 35 L
    10 douzaines de serviettes de reparon mi-usées 20 L
    3 douzaines d’autres serviettes de brin mi-usées 9 L
    9 petites nappes tant bonnes que mauvaises plus que mi-usées 2 L 15 S
    2 douzaines d’autres nappes d’environ une aulne et demie plus que mi-usées 12 L
    10 essuie-mains 1 L
    une paire de pantouffles de chapeau 6 S
    13 draps de lit neuf de toile de brin de 8 aulnes et demie le couple 39 L
    18 aultres draps de lit de toile de brin mi-usés de 7 aulnes et demie le couple 31 L 10 S
    26 aultres draps de toile de brin plus que mi-usées de 7 aulnes et demie le couple 35 L
    45 draps de toile de réparon plus que mi-usées de 6 aulnes le couple y compris deux qui ont servy à un matelas 33 L 10 S
    18 souilles de toile de brin presque neufves 10 L
    2 douzaines d’autres souilles d’orillers plus que mi-usées 6 L
    14 chemises à usage d’homme 15 L
    2 canneçons (eh oui ! es caleçons), 5 cravattes avecq 2 tours de col et 10 collets 1 L 10 S
    une paire de gants de mouton 5 S

  • Ici il manque le nom d’une pièce car ce qui suit ne peut pas être dans la chambre du 2e étage
  • 38 futs de pippes 38 L
    2 méchantes mües à volailles et un méchant ? 10 S
    3 pippes de vin blanc et un quart, une desquelles a esté acheptée du sieur de Lantiviy laquelle a cousté 39 L estimées ensemble 145 L (sous-total 355 L 5 S)

  • Dans la chambre du Conseil (le nom vient sans doute d’un usage antérieur de la maison pour un officier de la baronnie ?
  • une méchante table avec 2 bancelles 1 L
    un lit appelé le lit de camp, avec celuy du vallet 8 L

  • En la chambre de prison
  • 6 bois de couchette avecq leur garniture et une méchante table 15 L
    37 boisseaux de bled seigle mesure de Craon à 20 S le boisseau 37 L
    Un cheval noir avec son équipage 60 L
    La somme de 107 L 10 S qui s’est trouvée en espèces, savoir un double Louis d’or, et le restant en Louis d’argent et autres monnayes 107 L 10 S
    une pippe de cidre estimée 8 L
    à l’estimation de 4 chartées de foing 32 L
    Item les bestiaux qui sont sur le lieu et métairie des Gentais paroisse de Congrier dépendant de ladite succession estimés à 305 L suivant l’acte de prisée fait entre ledit Lefrère et Jean Galisson le métayer audit lieu, et Marguerite Cherubin sa femme, devant Me Antoine Desmigneaux notaire de Pouancé le 24 avril 1686
    2 poches et 3 encheriers le tout de peu de valeur 1 L
    3 poulains servant à encaver le vin 1 L 10 S (sous-total 576 L)

  • S’ensuivent les tiltres et papiers
  • Une copie de testament du défunt Toussaint Lefrère reçu de nous notaire le 3 octobre 1690 paraphé et coté 1a

    Item copie du contrat de mariage dudit défunt Lefrère avec Renée Millet sa seconde femme, avec l’inventaire des maubles de la communauté qui estait entre luy et défunte Marthe Chauvigné sa première femme rapporté par Me Jacques Guillet vivant notaire le 5 mai 1660 paraphé et coté 2b

    Item copie du contrat de mariage de Guillaume Lefrère avec Catherine Raye sa femme reçu devant Me Jacques Gastineau notaire royal le 10 décembre 1681 au pied de laquelle est une notre escripte dudit Gastineau de l’acquit qui est au pied de la minute tant de la somme de 300 L qu’autres meubles y reférés en date du 22 novembre 1686 paraphé et coté 2b

    Item la copie d’une transaction faite entre le défunt Lefrère et François Robineau par laquelle appert que ledit Robineau est redevable aux mineurs de la somme de 130 livres reçue de nous notaire le 14 juin 1687 à laquelle transaction est attachée copie en forme de la sentence d’ordre rendue avec les créanciers de ladite Louise Picot devant monsieur le juge de la prévôsté d’Angers le 31 janvier 1689 paraphée et cotée 3d

    Item autre transaction entre lesdits Lefrère et Robineau par laquelle ils ont réglé ensemble pour les 130 L mentionnées par celle cy-dessus, à la jouissance de 4 années de la moitié d’une maison sise au haut du faubourg St Pierre et dépendant d’icelle, reçue de nous notaire le 12e jour de may 1692 paraphée et cotée 4e

    Item la copie de l’acte de prisée des bestiaux du lieu et métairie des Gantais paroisse de Congrier dépendant de ladite succession rapportée par Me Antoine Des Vigneaux notaire de Pouancé le 24 avril 1686 paraphée et cotée 5f

    Et au regard du contrat d’acquet dudit lieu des Gentais et autres pièces qui en concernent la possession ont été envoyés Angers au sieur Cadoz pour défendre au procès qui est soubz droit devant messieurs du présidial contre le nommé Labarre appelant d’une sentence rendue par le Sr baillif de Pouancé.

    Item copie d’un acte en forme de cession faite par Jean Gisteau de la Marinière de la somme de 110 L à prendre et se faire payer de Pierre Chevallier potier d’étain lors demeurant audit Craon rapporté par Me Simphorien Dubié notaire de cette cour le 1er mars 1673, avec copie d’autre acte par lequel appert que ledit Gisteau avait acquis la rente de 8 L due par ledit Chevallier de Nicolas Pottier et Jeanne Beulfin qui sert à garantir ladite somme reçue de Me Claude Chevalier notaire de cette cour le dernier jour de may 1672, avec eploit d’assignation donné audit Gisteau par Goullier sergent le 16 décembre 1676 pour garantir ladite cession le tout attaché ensemble, à présent caduc, paraphé et coté 6g
    Une grosse de sentence rendue au siège ordinaire de Craon le 28 janvier 1687 au profit dudit Lefrère contre François Monnier sur lequel était saisy Louis Lemanceau et François Paillard entre les mains desquels étoit saisy paraphé et coté 7h

    Item grosse du contrat d’acquet d’un pré sis proche le bourg St Clément, fait par défunte Jeanne Robineau veuve Simon Marsolier audit Lefrère devant Me Armand Renond notaire le 20 janvier 1686 avec autre grosse de contrat fait par Jean Jegu et Françoise Lepage veuve Jacques Hervé audit défunt Simon Marsollier de la moitié dudit pré reçu de Dolbeau notaire le 2 septembre 1667 paraphé et coté 8j

    Item grosse d’arrest émanée de nos seigneurs de la cour des Aydes de Paris le 10 may 1684 portant défense à peine de 500 L d’amende de mettre à exécution contre ledit Lefrère la sentence rendue par les officiers du grenier à sel de la Gravelle le 12 mars audit an 1684 paraphé et coté 9l

    Item 3 pièces en parchemin attachées ensemble qui sont l’une une sentence rendue au siège du grenier à sel de Craon le 10 mars 1676 par laquelle ledit Lefrère fut condemné payer à Me François Legendre cy-devant adjudicateur des gabelles de France ladite somme de 478 L d’une part et 270 L 15 S par autre, en l’acquit de Pointeau Guyonnais et par la même sentence les enfants dudit Pointeau sont condamnés l’en acquitter, et l’autre une sentence pareillement rendue par lesdits sieur officiers le 18 juin 1680 portant condamnation contre lesdits les Pointeau avec exploit de saisie faite sur ledit Pointeau entre les mains de François Heguzard et René Suzanne demeurant à Craon de sommes qu’ils pouvaient devoir audit Pointeau par Remond huissier le 31 octobre 1691 le tout paraphé et coté 10m

    Item une grosse de sentence rendue au profit dudit défunt Lefrère par messieurs les officiers dudit grenier à sel contre Pasqual Gosneau sergent demeurant à Laigné le 30 septembre 1676 par laquelle ledit Gasneau est condamné payer audit Lefrère la somme de 37 L 3 S et aux dépends paraphé et cotée 11m

    Item une promesse de la somme de 68 L conçue au profit dudit Lefrère par François Cointet sergent datée du 31 décembre 1686 sur laquelle reste à payer la somme de 48 L paraphée et cotée 12o

    Une autre promesse de la somme de 40 S conçue au profit dudit Lefrère par Me René Nepveau notaire au bourg de Laigné datée du 6 décembre 1686 paraphée et cotée 13p

    Item copie d’acte en forme de transaction portant obligation de la somme de 60 L due à ladite succession par René Rousseau laboureur et Jeanne Landais sa femme demeurant au village des Vergers paroisse de Ballots, au rapport de Me Thomas Huault notaire de cette cour le 4 mai 1691 sur laquelle il y a un reçu de 18 L 5 S paraphée et cotée 14q

    et la basse heure étant arrivée nous avons remis la continuation du
    présent inventaire à demain samedy 24 dudit mois en la susdite maison 10 heures du matin, auquel lieu jour et heure les parties de leur consentement emportant intimaiton, fait ce que devant en ladite maison présents Pierre Dougère tailleur d’habits et Luc Elent le Jeune cordonnier demeurant audit Craon tesmoins lesdits establis fors les soubsignés ont dit ne scavoir signer de ce enquis. Signé : F. Hervé, M. Lefrère, Anne Lefrère, G. Lefrère, François Lefrère, Doyere, Louise Pecot, Anne Hervé, Luc Clement, Planchenault

    Et ledit jour 24 may 1692 avant midy par devant nous notaire susdit ont compary en leurs personnes lesdits Guillaume Lefrère, François, Marie et Anne Lefrère, procédant sous l’autorité dudit sieur Hervé leur curateur aux causes et ledit Pierre Damour en la qualité qu’il procède lesquels nous ont requis procéder à la continuation de l’inventaire du restant desdits titres et papiers, à quoy nous avons vacqué comme s’ensuit.
    Item une promesse donnée audit Lefrère par noble et discret Me Fouillet prêtre de la paroisse de Livré de la somme de 25 L en l’acquit de Durand datée du 11 avril dernier paraphée et cotée 15r

    Autre promesse du sieur Portier huissier à Chasteau-Gontier de la somme de 40 L datée du 24 juillet 1691 au pied de laquelle est un reçu de la somme de 20 L à déduire, paraphée et cotée 16s

    Autre promesse du nommé Tardif de la somme de 62 S datée du 9 octobre 1691 au pied de laquelle est reçu de 14 S paraphée et cotée 17t

    Autre promesse de Jacques Rabory de la somme de 4 L datée du 22 mars 1688 paraphée et cotée 18v

    Autre promesse du sieur Poisson de la somme de 11 L datée du 7 août 1690 avec reçu au pied paraphée et cotée 18x

    Autre promesse dudit Poisson de la somme de 31 S 6 D datée du 8 septembre 1690 paraphée et cotée 20y

    Autre promesse de Mathurin Pointeau de la somme de 8 L datée du 12 juin 1680 paraphée et cotée 21z

    Autre promesse du Sr Nepveu notaire à Laigné de 30 S datée du 22 octobre 1686 paraphée et cotée 22etc

    Autre promesse de la somme de 50 S sur chacun de René Cleritrie à Cherancé daté du 14 novembre 1690 plus doit par autre part 36 S 8 D paraphée et cotée CLD

    Autre promesse de la somme de 4 L 12 S sur Mathurin Nupied datée du 16 mars dernier paraphée et cotée BB

    Autre promesse en forme de récépissé du sieur Deschamps huissier à Château-Gontier portant reconnaissance de plusieurs pièces à luy mise en main par ledit Lefrère pour mettre exécution datée du 23 juin 1691 paraphée et cotée CC

    Item la minute d’une obligation au profit dudit Lefrère sur Jean Vahays tissier et Perrine Riffault sa femme, de la somme de 8 L rapportée par Jean Guyon notaire le 2 novembre 1683 paraphée et cotée CC

    Autre minute d’obligation de la somme de 5 L 6 S sur Jacques Delanoë royer rapportée par Me René Gendry notaire du 18 octobre 1691 paraphée et cotée ff

    Autre minute d’obligation de la somme de 8 L sur messire Charles de Cadelac demeurant aux Barres en St Aignan reçue à Me René Genry notaire le 17 octobre 1689 paraphée et cotée sur laquelle recue 60 S GG

    Autre minute d’obligation de la somme de 5 L 6 S sur René Boisnée datée du 4 avril 1691 paraphée et cotée HH

    Autre obligation de la somme de 4 L 4 S 1 D sur Mathurin Lemasson reçue de Me Thomas Huault notaire le 2 avril 1692 paraphée et cotée JJ

    Autre obligation de la somme de 12 L sur Jacques Buffé rapportée par Me Armand Remond notaire le 16 mars 1692 paraphée et cotée LL

    Autre obligation de la somme de 66 S 8 D sur René Malnault métayer rapportée par ledit Gendry le 6 août 1691 paraphée et cotée MM

    Autre obligation de la somme de 77 S 7 D sur Jean Foucault tixier reçue dudit Gendry notaire le 7 février 1689 paraphée et cotée NN

    Autre obligation de la somme de 41 L sur Pierre Boucault notaire rapportée par ledit Remond notaire le 6 avril 1684 paraphée et cotée OO
    Item grosse du contrat d’acquêt fait à défunt Simon Marsollier mary de Jeanne Robineau par Yves Didier et Jeanne Daguin sa femme de 2/3 d’une maison sise proche la porte St Pierre dudit Craon proche la prison ordinaire, reçue de Me Philippe Dolbeau le 23 juillet 1668 paraphée et cotée PP

    Copie de contrat d’acquet fait par Marie Peltier veuve de Charles Cretien audit Simon Marsollier dudit tiers d’une maison sise proche la porte St Pierre dudit Craon sus mentionnée, rapportée par Me Ragot et Symphorien Guesdon notaires royaux à Angers le 26 juillet 1668 paraphée et cotée QQ

    Item copie de contrat de rente foncière fait par Jeanne Leroyer veuve Marin Robineau à Symon Marsollier et Jeanne Robineau sa femme d’une maison sise au hault du faubourg St Pierre paroisse de St Clément et ce qui en dépend pour la somme de 32 L reçu de Me Pierre Mocquereau notaire le 29 mars 1669 paraphé et coté SS

    Item 13 pièces en papier attachées ensemble comme copie et sentences, appointements, requestes, inventaire et production et autres pièces et procédures d’un procès qui était entre ladite Jeanne Robineau et François Gaultier paraphées et cotées sur la première et la dernire SS

    Copie d’une déclaration rendue par ladite défunte Jeanne Robineau aux officiers de la baronnie de Craon d’une maison sise proche la porte St Pierre de Craon en date du 9 janvier 1670 signée Vahaye procureur fiscal paraphée et cotée TT

    Copie d’acte fait entre ladite Jeanne Robineau et les héritiers de défunt Simon Marsollier son mary portant accomodement avec eux pour la succession dudit Marsollier rapportée par Me Jacques Gastineau notaire royal le 10 décembre 1669 paraphée et cotée VV

    Item 3 liasses de quittance du payement des droits d’aide paraphées et cotée sur le premier et le dernier XX

    Item 6 petites liasses d’autres quittancs comme pour frais rentes et autres paraphées et cotées sur la première et la derniere YY

    Item 6 liasses de papiers que nous avons jugés inutiles paraphées et cotées sur les premières et dernières pièces desdites liasses ZZ

    Item une autre promesse de la somme de 17 L sur Michel Cadot datée du 21 décembre 1692 paraphée et cotée ZZk

    Item nous a été représenté par ladite Marie Lefrère un journal sur lequel nous avons trouvé une promesse du sieur Gilles Guerin de la somme de 30 L sur laquelle somme a esté payé celle de 15 L datée du 15 décembre 1690 15 L

    Item sur ledit journal un article en forme de compte fait avec le sieur Guerin et les sieurs Besnard et Bretonnière Pointeau par lequel appert qu’ils doivent la somme de 7 L 17 S datée du 27 mars 1691 et ensuite est écrit 2 autres articles de fournissement fait, montant avec une pièce de vin y mentionnée la somme de 11 L 10 S 9 D daté du 28 mars et 16 may 1691 19 L 7 S 9 D

    Item un autre article par lequel appert qu’il est dû à ladite succession par Guillaume Geslin de Cherancé la somme de 4 L 6 S 8 D

    Item un autre article par lequel appert qu’il est dû par René Nepveu marchand tanneur demeurant au hault du faubourg St Pierre la somme de 55 S

  • S’ensuivent les debtes passives
  • à monsieur le lieutenant de Craon pour arrérage de ferme de la maison où est décédé ledit défunt Lefrère la somme de 141 L
    à Guillaume Lefrère 154 L pour son inventaire des meubles de la communauté qui avait été antre son père et Marthe Chauvigné sa mère 144 L
    à monsieur de la Gravelle pour fournissement de vin la somme 563 L 13 S
    à monsieur de Lantivy de la Chartenaye pour fournissement d’une pippe de vin 58 L
    à la dame de Bourgon pour arrérage de ferme du lieu de la Bigaudière 150 L
    à la dame Bastié 32 L 15 S
    à Renée Rousseau servante domestique 482 L
    au sieur de Launay Boucault pour rente de la Bigaudière 8 L
    à Christofle Decolle marchand cy-devant serviteur en ladite maison la somme de 182 L

    à monsieur le prieur de Livré pour arrérage de rente de la Bigaudière 30 L
    aux commis des Aydes pour 2 tiers des droits d’ayde 118 L 16 S
    au sieur du Chesne pour le sol pour pot 10 L

    au Sr Chaudet apothicaire pour remèdes fournis audit Lefrère 40 L
    Pour exécution du testament dudit défunt Toussaint Lefrère 120 L 4 S
    Plus la somme de 147 L 9 S 9 D mentionnée dans un mémoire contenant 23 articles lequel de nous notaire paraphé demeure attaché à la présente, faisant avec les debtes passives cy-articulées la somme de 2 217 L 17 S 9 D à quoy montent les debtes passives

    Tous lesquels meubles tiltres et papiers et argent ont esté du consentement desdites parties relaissées en ladite maison en la possession de Marie Lefrère, laquelle sous l’autorisation du sieur Hervé son curateur aux causes s’en est chargée pour les représenter quand besoin sera, et calcul fait du prix desdits meubles s’est trouvé monter et revenir à la somme de 1 836 L 19 S sauf erreur, calcul fait y compris le prix des bestiaux du lieu du Gentais

    Fait et arresté ce présent inventaire en ladite maison des Aistres en présence et du consentment desdits susdits présents Pierre Douyire tailleur d’habits, et René Boquais Me menuisier demeurant à Craon, tesmoins, lesdites parties fors les soussignés ont déclaré ne savoir signer de ce enquis. Signé : M. Lefrère, Anne Lefrère, F. Hervé sans préjudice des droits, François Lefrère, J. Lefrère, B. Boguais, Doyerre, A. Planchenault

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    Toussaint, un joli prénom, qui fut parfois Sainton

    Les prénoms ne furent pas toujours liés à un saint particulier.
    Toussaint les invoquaient tous à la fois, excusez du peu.
    Car autrefois, un prénom pour exister, devait être admis par l’église, et découler d’un saint.

    Vous avez ainsi sur mon site la liste des prénoms admis dans le diocèse de Nantes peu avant la Révolution.

    Revenons à Toussaint, qui eut une forme ancienne, que j’ai beaucoup rencontrée, entre autres à La Cornuaille : Saincton , avec un C devant le T car autrefois SAINT s’écrivait SAINCT.

    Voir le relevé des BMS de La Cornuaille et les Saincton du 16e siècle, dont les Saincton Bellanger, les Saincton Rabin etc…

    Je descends à La Cornuaille de Saincton Rabin, aliàs Toussaint Rabin
    Je n’ai pas d’explication à la forme, mais ceci pour vous dire qu’au 16e siècle, parfois, les prénoms avaient une forme encore mal fixée, souvent parce qu’on sortait tout juste sur les actes de baptême du latin, et il existe ainsi beaucoup de formes achaïques de nos prénoms.

    Seul le relevé exhaustif d’une paroisse, et la reconstitution de toutes les familles portant le même nom, permet de s’y retrouver avec fiabilité.

    Fiabilité est un vilain mot en généalogie, que beaucoup ne connaissent pas… hélas ! Elle ne s’atteint qu’avec beaucoup de travail sur une paroisse et toute la reconstitution, pas le point par point qui sévit…

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    NANTES LA BRUME, Ludovic GARNICA de la Cruz, chapitre XVI Une Fête-Dieu en 1903

    Ludovic Garnica de la Cruz. Nantes la brume. 1905. Numérisation Odile Halbert, 2008 – Reproduction interdite.
    Chapitre XVI

  • Une Fête-Dieu en 1903
  • Et Jeanne et René vécurent ensemble.
    Ils s’aimaient, inattentifs à la passion électorale qui remuait même les bourgeois placides et de la bonne ville des ducs de Bretagne. Une luxure d’affiches se vautrait sur les murs. Fraîchement et hâtivement collées ces déclarations sur papiers de couleur faisaient croire à de vieux oripeaux humides trouvés dans ses caves, que la cité étalait pour le séchage.
    Un soir, le jeune homme rencontra son oncle Rachamps, mi-triste, mi-joyaux.

  • René, la réaction triomphe, je suis battu, mais le vieux Lorcin a reçu une forte déchirure dans sa voile.
  • Ah !
  • Viens prendre l’apéritif…OUi, René, le parti socialiste gagne plusieurs centaines de vois. Dans quelques années on les balayera comme des détritus gênants.
  • Il continua… puis il apprit à René que M. de Lorcin voulait l’interdire, qu’il avait fait quelques démarches à ce sujet, et qu’il était nécessaire de se méfier de lui.

  • Maintenant qu’il est vainqueur, ce vieux roublard sera dangereux… Et puis, ça le suffoque de te voir avec la petite Lonneril…Sais-tu à ce propos, que tu affliges ces braves gens ? Ils sont dans un grand chagrin et m’en veulent à moi… Enfin, je ne mêle de rien… cela vous regarde… viens dîner… nous causerons.
  • Le lendemain René ne se souvint que d’une chose : son oncle voulait le faire interdire. La colère le tourmenta pendant quelques jours, et n’y tenant plus, il se rendit un après-midi boulevard Delorme. On le fit entrer au salon, où son oncle pérorait parmi plusieurs électeurs influents.

  • Mon oncle, permettez-moi de vous offrir mes félicitations pour le succès que vous faîtes remporter à votre parti. Je ne croyais pas vous trouver en si grande compagnie, car je venais en même temps vous annoncer mon départ.
  • Où vas-tu ?
  • Oh ! Pas loin. Je suis fatigué de la ville, je vais habiter la campagne, une jolie petite maisonnette sur les bords de l’Erdre. J’y passerai l’été avec… ma maîtresse.
  • Hein !
  • Le mot est peut-être un peu impertinent, j’en conviens, mais n’est-ce pas le terme académique ? Ce n’est pas tout. Mon oncle Réchamps m’a appris votre intention de m’interdire. Ceci n’est pas sérieux, je suppose, car je ne suis ni fou, ni prodigue, j’use de ma fortune comme il me plaît, et puis, sur ce terrain, je me sens fort de ma victoire, malgré la bonne volontér d’un tribunal d’amis, autrement dit complices.
  • La vie que tu mènes depuis quelques mois est vraiement curieuse et scandaleuse pour notre nom. Le bon sens, les avertissements…
  • Les rapts avec violence…
  • N’y pouvant mettre ordre, nous nous voyons forcés d’essayer les grands remèdes.
  • Sans doute avec l’aide de ces messieurs ?
  • Parfaitement. Tous les gens honorables…
  • Vraiment. Qu’en fîtes-vous M. le baron des Valormets ? Et vous M. Varlette ? Et vous messieurs Séniland et Béthenie ?
  • Ce fut un brouhaha d’exclamations indignées.
    René recula vers la porte et croisant les bras sur sa poitrine, il leur cria d’un ton sec et railleur.

  • C’est vous qui vous permettez de critiquer ma conduite ! Est-ce dans les maisons publiques messieurs Séniland et Béthenie, que vous prenez ce droit ? Le maudit hasard – peut-être la providence – en m’y faisant vous rencontrer, vous a fait une vilaine farce.
  • Monsieur, vous mentez…
  • Il haussa les épaules.

  • Si je m’amuse, moi, j’ai la jeunesse pour excuse, vous, vous n’avez pas le mariage, j’imagine ? Si je me suis égaré dans le vice des rues pendant quelques mois, c’est de votre faute. A Nantes, vous passez pour des cléricaux, eau bénite de pères les prudes, et la ville sous votre commandement est infestée, comme pas une ville du monde, d’un débordement malpropre de grues de toutes les catégories. A partir de cinq heures du soir on ne peut faire un pas sans se voir arrêter, coudoyer, interpeller par une de ces harpies, vos pensionnaires brévetées. J’ai réussi, je ne sais comment, bien malgré vous, à sortir de l’égoût. Je touve une amie, je l’emmène respirer un ai sain, loin des contaminures de vos vices. Je le fais hautement, et je me moque de vos menaces, mon oncle, car elles sont vaines. Je ne suis pas une femme que l’on effraie du commissaire de police, je me défendrai. Adieu, je vous quitte avec un seul regret, celui de vous voir adulé par des hypocrites et des misérables dont vous faîtes votre compagnie : un Varlette qui fait lécher chaque semaon son impuissance par deux petites gamines, un Valormets qui abuse de la pauvreté pour contenter ses vices et voles les femmes des malheureux, et d’autres encore qui ne valent guère mieux. Vous criez bien haut votre innocence, messieurs. Vos protestations seront écoutées de vos croyants, mais au fond du coeur, de vous à moi, vous sentze la vérité vous cingler la face de soufflets. Je vous méprise et je vous défie… mais ne bavez pas sur moi, ou je vous donnerais des coups de pieds dans la figure.
  • Les hommes se levèrent menaçants. M. de Lorcin s’avança, sévère, s’interposant.

  • René, on n’insulte pas les hôtes de son oncle ! Je te prie de sortir.
  • René avait-il jeté le désarroi dans le cam de ses ennemis ? Il n’entendit plus parler de la fameuse interdiction.

    En errant leurs baisers par l’ensolleillement des environs de Nantes, ils avaient déniché un gentil pavillon encastré de verdure, dont les pelouses comme un frais tablier descendaient humecter son colant au courant de l’Erdre. A gauche, la Jonnelière étalait ses cafés et ses pontons, plus loin, le point du chemin de fer barrait de son arc géant le fronton de la vallée où doucement se promenait la rivière.
    Comme il l’avait dit à son oncle, René quitta la rue Saint-Pierre, sa chambre était trop étroite et trop sombre pour l’épanouissement de son amour d’été. Ils s’intallèrent aussitôt dans un mobilier neuf et délicat. A l’écart, ils tissaient dans le calme les tapisseries de leurs amours. La campagne si triste et si mélancolique malgré ses habits de fleurs et de verdures lorsqu’on est seul, devient un théâtre féérique à décors nouveaux quand deux amants y mêlent leurs pas légers comme leurs caresses.
    Le dimance, l’Erdre se couvrait de canots. La rivière semblait une vitre sur laquelle courent des mouches. Les chansons folles se trémoussent d’aise. Et l’on rit, et l’on s’embrasse à pleine bouche sur l’eau. Courbés par le vent, les voiliers filent comme les volants d’un jeu de raquette. Les vapeurs, qui font le service d’été, fument, sifflent, troublent l’onde de leur museau tranchant. L’écume vient heurter les roseaux des rives et s’accrocher aux cils des nénuphars.
    L’air tourbillonne en ses arceaux les cris de la Jonnelière envahie par les nantais qui vont s’y donner l’illusion d’une partie de campagne en buvant de la bière, de la limonade et croquant dse galettes sous la tonnelle d’un cabaret.
    Ils y allaient quelquefois. Comme des enfants, ils se balançaient, jouaient aux boules, graissaient leurs doigts aux galettes. La musique, elle aussi, faisait son excursion. Un vieux bonhomme, haut comme une botte de gendarme, grinçait de sa vielle, gagnant quelques sous parmi les générosités du dimanche.
    Le monde des commis et des ouvrières venait prendre provision d’air et d’insouciance, après le renfermé de la semaine dans leurs ateliers clos où les poumons sont mal à l’aise. A la tombée du jour, tous les oiseaux rentrent à la cage, et les derniers refrains s’emplissent d’un au revoir gamin au soleil mourant de la liberté hebdomadaire.
    Après le dîner, tout s’était tu. Assis l’un près de l’autre sur la pelouse, ils regardaient la pluie noire enlacer les bords de l’Erdre. La brise fraîche ondulait des frissons par les choses qui se reposaient. La rivière clapotinait comme un petit chien qui ronge un os sous la table. Les étoiles, une à une, mettaient le nez à la fenêtre pour contempler la terre à l’orée du sommeil. La lune aussi roula sa face bouffie.
    Les amants tressaillirent ; leurs bouches se cherchèrent. Ils se laissèrent glisser sur l’herbe tendre. Quelques agrafes craquèrent ; l’étoffe eut un léger froufrou. L’ombre blême de la lune enlinceula de ses traînées éparses la douceur infinie de l’aimer.

    René venait parfois en ville pour ses affaires. Or, un jour de pluis qu’il passait par la place Saint-Pierre, il vit la cathédrale emmaillotée d’échafaudages grotesques, et des hommes qui la grattaient impitoyablement. Les pellicules blanches ruillselaient partout. Le jeune homme sentit au coeur une cruelle blessure et son âme se meurtrir de colère. Il rentra chez lui furieux.
    A l’heure du dîner, Jeanne, ne le voyant par descendre de sa chambre, où il s’était enfermé, monta le chercher. Elle le trouva dans une grande exaltation au milieu d’une avalanche de papiers et de notes.
    Dès qu’il l’aperçut, il lui conta ce qu’il avait vu.

  • J’ai été si douloureusement impressionné, qu’il m’a fallu confier mon âme à quelqu’un. Je l’ai fait à moi-même et j’ai noté les confidences une à une. Ecoute :
  • René lut, avec une émotion intense, le récit de son âme chagrine et révoltée (Article paru le 10 octobre 1903 dans « Nantes-la-Grise » revue littéraire, artistique et théâtrale fondée par l’auteur.)

    Il pleut. Avec une douceur lente d’amoureuse la pluie s’en vient frotter la figure pâle des maisons et les toits qu’elle caresse ont des sourires humides de volupté.
    Je suis sorti cependant. Sous mon parapluie, je m’achemine au long des murs, perdu dans des haleines subtiles de brouillard, reconnaissant bien ma ville à son âme qui se vaporisait
    Peu de monde. On me croyait seul, un rêveur, alors que la pluie causait avec moi. Elle babillait sur la soir de mon « pépin », gamine heureuse qui vous confie d’interminables suites de choses inattendues.
    J’allais au hasard, je ne sais plus, heureux d’avoir sa compagnie dans l’ambiance monotone et somnolente.
    C’étaient les arbres renfrognés hérissant leurs feuilles alourdies. C’étaient les quais déserts avec les chalands en chiens de garde accroupis près des pâtés de sable et des tartines crêmeuses de tuffeaux. C’étaient les coinquements affolés des tramways crvant la pluie et pissant de la fumée sur les rails. Enfin, la grande cathédrale, comme une difficile énigme de siècles effrondrés, sa base crispée sur le front de la ville, son dos si haut, si perdu dans la brume qu’il semblait former le socle des cieux.
    Pauvre vieille, cassée entre les béquilles qu’on lui impose ! Elle m’a parue bien peinée, bien triste ! La pluie sur sa façade formait de grosses larmes qui ruisselaient. Tout près d’elle, j’ai cru l’entendre parler : plainte d’une séculaire qui ne veut plus rien, sinon qu’on la laisse mourir en paix, descendre morceaux par morceaux vers une immortalité de ruines.
    A quoi bon les vains remères, les cautères inutiles ! A quoi bon la martyriser, rabougrir son orgueil énergique d’antan par des replâtrages honteux et ridicules ainsi qu’une vieille cocotte dont on veut cacher les rices ! Un balai contre cette clique de chirurgiens, d’apothicaires, de rabouteux qui tourmentent sa gigantesque et noble agonie ! un bailai contre tous ces vaniteux d’une science imbécile qui n’a pas plus d’effet que le coup de pied de l’âme !
    Et sa tristesse persistante me disait :
    « Venez vous seuls, mes aimés, vous qui n’avez que de douces paroles. Prenez place à mon chevet. Contez-moi vos rêves d’aujourd’hui, je vous conterai en bonne grand’mère ceux de vos aînée. Vous comprendrez en moi une race d’aïeux dont vous n’êtes qu’un banal reflet
    Tout passe, tout se lasse. La pourpre, l’or, ni les cuirasses ne brillent sous les rayons jaloux du soleil ; les étendard de triomphe ne flottent plus autour de moi, la foule des fidèles n’a plus la foie crédule et splendide d’autrefois. Tout est rapiécé.
    Les barbares jadis envoyaient contre ma grandeur l’océan en furie de leur haine. Ils allumaient des brasiers hauts comme des montagnes pour m’ensevelir et faire taire ma voix dominatrice. Ils avaient alors la colère du temps et des orages. Et quand je succombais, des mains géantes me relevaient sur ma défaite éclatante.
    Les petits chefs minuscules de votre temps n’ont plus de haches, ni de béliers, ils prennent des ciseaux, des maillets, des rabots, ils grattent, creusent, piquent. Que faire contre cette gale inconsciente qui me ronge aussi lâchement que bêtement ?
    Nantes, dont je suis la synthèse formidable de son histoire m’abandonne. Elle me laisse, comme un joujou usé, déchiqueter par les fourmis et la vermine de l’obscutiré. Elle supporte impassible que l’on masque aux générations les cicatrices gravées par les Normands et les Sans-Culottes sur mes vieilles chairs.
    Vous, défendez-moi, ou pleurez avec moi. Soyez l’écho de mon impuissance, vous qui me savez vivre d’une autre vie que la vôtre. »
    Elle s’était tue ! … Ce n’était qu’une illusion. La voix était venue des pores de la pierre me toucher en plein coeur.
    Mais que puis-je faire ? Dire à tous ce qu’elle m’a dit ? Me croira-t-on ? On rira simplement : c’est un fou, pensez-donc ! Et le vingtième siècle avancé chantera sur la place Saint Pierre un « Viens Poupoule » d’un air de « Je m’en fiche », tandis que le bruit du facé concert en délire assourdira les grincements des gratteurs sur les pierres d’une de nos plus merveilleuses cathédrales de France.
    Ah ! s’il plaisait à Dieu que je fusse le maître, je la laisserais s’écrouler seule, et le soir, parmi ses ruines comme des lambeaux d’âme, j’irais apprendre une leçon que l’on a oubliée. Je ne vomirais pas sur les flancs respectables une armée mesquine pour se gaver de poussière et salir sa face d’échafaudaes grotesques. Car je ne suis pas le rustre qui, trouvant un blanson dans son champ, ne lève même pas le soc de la charrue pour l’éviter.
    Je lui sonnerais au contraire mon meilleur fauteuil de calme et de tendresse, cependant qu’assis dévotement à ses pieds sur un modeste tabouret, je l’écouterais souffler en mon âme docile les parcelles d’une tradition bien morte de colossale beauté. »

    Alors l’âme nantaise de la petite Lonneril s’éveilla dans un sourire bénin.

  • Mais tu es fou avec ton boniment. Qu’est-ce que cela peut te faire. Elle sera plus propre, si on la gratte, voilà tout.
  • Stupéfait, René la regarda comme un aigle qui vient de tomber du haut d’une montagne, les ailes coupées. L’antagonisme de leurs deux races cassa le rêve insensé qu’il avait cru. Il lui dit avec une lourde ironie

  • Une fois qu’elle sera grattée, on doit la laver avec nos pompes à indendie pour enlever la poussière
  • Ah !
  • Nous irons ensemble voir ce grand débarbouillage. On le fait tous les cent ans à la cathédrale de Paris
  • ?!?!
  • Les jours succédèrent aux jours. Leur vie ne variait guère, si ce n’est qu’ils s’apaisaient. Lui, s’était remis à l’étude, se sentant absolument seul ; elle, se faisait appeler madame de Lorcin.
    Jeanne arrangeait sa vie de petite bourgeoise avec cet égoïsme particulier aux nantais. Elle potinait chez les voisins et les fournisseurs, parlait souvent de son « mari », portait ostensiblement une alliance au doigt. Il lui laissait toute liberté, même en en souffrant, sans jamais la contrarier. Elle était toujours pour lui l’amante qui se laisse faire, qui s’abandonne à chacun de ses désirs avec un sourire si heureux et si câlin. Cependant l’ennui commençait à le tourmenter, la solitude lui pesait. Certaines heures, il aurait eu besoin d’un ami. Jeanne, prête aux caresses, aux baisers, était distraite à ses propos intimes. Il confia son chagrin à Delange par de longues lettres presque quotidiennes. Le peintre lui répondait, l’encourageait, le suppliait de quitter la province, de venir près de lui. Il lui rappelait ses avertissements au sujet de sa maîtresse. Ses sens l’avaient aveuglé. Comme ses pareilles, Jeanne était l’incarnation de l’âme bourgeoise nantaise, vide de tout penser immatériel. Tombé dans un engrenage périlleux, s’il ne luttait pas dès maintenant, il s’affaiblirait et s’annilhilerait bientôt à toute oeuvre intelligente.
    René avait en vain cherché des motifs de séparation. Les pleurs avaient toujours eu raison de ses velléités. Comment résister à cette soumission perpétuelle ? Comment briser cette petite poupée heureuse de sa nouvelle existence ? Comment aurait-il pu trouver au fond de son coeur la méchanceté nécessaire à cette mauvaise action ?

    Le mois de mai s’en était allé se perdre au labyrinthe du passé. Juin collait à son tour son front brûlant au vitrail de l’été. Un dimanche matin René dit à son amie.

  • Prends ta plus belle robe, nous allons voir les processions de la Fête-Dieu !
  • Vers neuf heures, ils entrèrent en ville. La foule se pressait. On mettait la dernière main aux guirlandes des rues pavoisées comme des rosières. Le ciel s’assombrissait, des gouttelettes d’eau filtraient des nuages gris. Les cloches de la cathédrale carillonnaient fanfaronnes, parsemant dans l’espace leur appel vibrant. Ils arrivèrent sur la place Saint-Pierre lourde de monde. Et quand tous attendaient paisiblement la sortie de la procession, on vit arriver des hommes noirs avec des sous-ventrières tricolores qui gesticulèrent comme des mannequins mécaniques. On vit des sergots refouler les spectateurs le long des trottoirs et des bandes brutales se parquer dans la rue de Châteaudun. Soudain des képis bleus apparurent caracolant sur leurs chevaux. Mais voici que les képis bleus poussèrent leurs chevaux contre les assistants avec bestialité et qu’ils firent des rondes au cendre de la place. Un grand murmure courut de ce burlesque carrousel. Le préfet venait d’interdire la procession. C’était la première fois depuis longtemps qu’un homme avait l’audace d’interrompre une coutume nantaise. Un moment de stupeur passa. Les plus paisibles des commerçants grondèrent. Les catholiques massaient sur les marches de l’église, armés de bâtons ; d’autres étaient partis processionner dans les rues de la ville. Ils entrèrent quelques-uns dans la préfecture, mais la bravoure n’étant pas la vertu des bourgeois, ils ressortirent aussitôt, effrayés de leur vaillance et restèrent derrière la grille d’entrée. Leur lâcheté les enragea, ils brisèrent deux malheureuses guérites, victimes bien innocnentes, ccassèrent une sonnette… puis, énivrés par leur triomphe, élevèrent des barricades avec des barrières en bois vert dans la rue Royale. Ils se battirent contre les gendarmems, rossant leur chef d’importance. Sur la place un grand remous se produisit. Comme balayé par un vent terrible les assistants courbaient la tête et ployaient les genoux. Sous le porche de l’église, Mgr Rouard, évêque de Nantes, offrait l’ostensoir d’or ainsi qu’un fulgureux soleil levant, et donnait solennellement la bénédiction. Un silence plein de fois couvrit la grande place ; à peins quelques rugissements de brutes troublèrent le geste infini d’un Dieu captif qui se montre par la lucarne de sa prison à la foule de ses serviteurs incapables de le délivrer.
    Ce fut tout. Un résumé de beaucoup de bruit, et de bruit inutile.

    René n’avait cessé de sourire à cette agitation grotesque de la force armée et de la colère des catholiques, du chef des képis bleus, à pied, une canne à la main, de l’autre, une cravache comme un vulgaire argousin. Parfois un homme passait, acclamé, les menottes aux mains entouré de quatre ou cinq gendarmes. On demandait : qu’a t-il tué ? Un homme ! un gendarme ! Non, il a effleuré la queue d’un cheval, la botte d’un pandor : non, il s’est laissé marcher sur la pied par cocotte sans lui dire merci ; non, c’est un pendable, il a crié : vive la Liberté. Tant pis pour lui. Est-ce que l’on applaudit les régimes disparus ?
    Les échafaudages emprisonnaient les membres de la cathédrale, dressant sa formidable enverdure en face la tourbe des pygmées. Jadis, lorsque son carillon sonnait l’alarme, les fidèles accouraient prêts à lutter jusqu’au dernier soupir pour elle. L’évêque se serait mis au sommet des marches, aurait présidé la bataille et béni de son geste les râles des mourants. Qu’auraient fait quelques gendarmes en quête d’avancement, quelques commissaires de police, devant la foi sublime et insensée d’un peuple révolté ayant dans les veines du sang de fer ? L’on j’aurait pas brisé des guérites, mais des crânes. Et elle, la Cathédrale, dominant de son orgueil la bataille, fière de ses féaux, elle aurait déployé l’étendart triomphal de son ombre, éblouissant les valets d’un préfet quelconque ou d’un gouverneur ambitieux.

    L’or, le traitement n’étaient pas encore venus salir l’âme des prêtres. Le sang des catholiques n’était pas avachi. Ce n’est plus le même coeur qui battait sous les pourpoints de cuirs ou de soie, qui s’épouvante maintenant sous la redingote boutonnée. Misérable semence qui frétille, que l’on mène tête basse à coups de fouets ! Ils grondent comme des chiens battus. Ils rendent le grandiose ridicule. Ils se dispersent peu à peu dans les rues. Oh ! Ils en causent beaucoup au fond de leurs fauteuils. Ils parlent de luttes futures, de revanches impitoyables en sirotant leurs cafés. Leurs cris ont à peine troublé la somnolence de la cathédrale. Cependant plus d’un sera convaincu s’être montré un héros pour avoir brandi une canne contre un pauvre cheval de gendarme. Il est vrai que des juges pousseront la plaisanterie jusqu’à punir de prison quelques braillards à la voix plus forte, complices d’une farce grotesque à laquelle ils s’en voudraient, certes, de ne pas se joindre.
    Le charlatanisme s’infiltre partout comme une eau d’inondation. Magistrature, armée, ministres des cultres, tous pantins ridicules de foire, ex-titans de granit rapetissés par leur siècle de plâtre. Leurs gestes ne sont plus que des ombres chinoises sur un mur mal éclairé. C’en est fini de la noblesse de la lutte, la mode en est aux pantalonnages. En ce jour, la ville d’un élan unanime s’y adonne. Autour des églises, où les curés peureux font du zèle en chaussons, se tassent la foule des badauds, mimant avec une précision comique le joyeux couplet :

      Quant un gendarme rit
      Dans la gendarmerie
      Tous les gendarmes rient
      Dans la gendarmerie

    Au centre d’un bagarre un bonhomme « socio » s’affale sur le trottoir. Ses citoyens-frères s’émeutent à propos de la mort du vieillard, mort que l’on exploitera avec une impudence politicienne. On fera des pélerinages annuels et civils sur la tombe du marture de l’anévrisme. Les bourgeois en auront la frousse pendant huit jours. Ça calmera le vent guerrier qui vient de soulever les pans de leurs redingotes. Leur coeur sera terrifié de l’accusation lancée contre eux : « Assassins ! ». Mais bientôt ils reprendront leurs sens disloqués. Leur majesté irrévocable saura défendre la pureté de leurs actes. « L’émotion peut hâter la mort d’un vieillard, la fougue, surtout la nôtre, n’est capable que de briser que des guérites préfectorales ».

    A la nuit tombante, Jeanne et René reprenaient le chemin de leur nid. La ville fatiguée s’était isolée au fond de son alcôve de brumes. Une à une ses veilleuses s’éteignaient. Avant de souffler la chandelle le mari contait à son épouse les atrocités des bagarres, les blessures béantes, le sang giclant, les yeux bondissant de l’orbite. L’épouse admirait l’exaltation magnanime de l’époux. La première fois sans doute qu’ils vivaient de chimères.
    Le drap noir du sommeil couvrait la ville ; la ville qui oubliait, la ville qui reprenait sa tranquillité morne. La ville qu’une velléité belliqueuse avait endolorie, à laquelle il fallait le repos habituel ; la ville s’étalant sur le matelas moëlleux de sa boue visqueuse, et qui saigne du moindre effort pour s’en décoller.
    La colère du boeuf est vaine, il reprend son allure placide en recreusant les éternels sillons.

    Ludovic Garnica de la Cruz. Nantes la brume. 1905. Numérisation Odile Halbert, 2008 – Reproduction interdite.

    NANTES LA BRUME, Ludovic Garnica de la Cruz, 1905

  • 1 : le brouillard
  • 2 : la ville
  • 3 : la batonnier et l’armateur
  • 4 : le peintre
  • 5 : le clan des maîtres
  • 6 : rue Prémion
  • 7 : labyrinthe urbain
  • 7 : labyrinthe urbain – fin
  • 8 : les écailles
  • 9 : emprises mesquines
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  • 11 : le cul-de-sac
  • 11 : le cul-de-sac – suite
  • 11 : le cul de sac – fin
  • 12 : les portes de Neptune
  • 13 : Cueillettes d’avril
  • 14 : Moisson d’exil
  • 15 : Les courses
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    Pierre Denyau, veuf, face à l’entretien de ses enfants, Chazé-Henry, 1647

    Ma grand-mère maternelle, Aimée Audineau, descend 5 fois des DENYAU du Pouancéen, sans pouvoir rattacher à ce jour ces familles entre elles, bien que certaines probabilités demeurent. C’est dire, oh combien, j’ai dépensé depuis des années d’énergie sur les DENYAU pour tenter de compléte ce puzzle, compliqué par l’absence de filiations à Pouancé dans les mariages etc…

    Aujourd’hui, je vous propose des DENYAU qui ne me sont rien, enfin, je n’ai établi aucun lien à ce jour avec les miens. Voici d’abord ce que j’avais avant l’acte que je vous propose (après l’acte, je mets ce que j’en ai tiré et je vous refais en conséquence cette fratrie) :

    Pierre DENYAU Sr de la Besneraie †1654/1669 Fils de Pierre DENYAU et de Jehanne GALLISSON x1 Geneviève DENYAU †Chazé-Henry 27.6.1644 x2 Jeanne BLANCHETIERE

      1-Pierre DENYAU (du x1 Geneviève Denyau) x La Rouaudière 29.10.1669 Marguerite GOUESBAULT Fille de †Pierre Nre et de h. femme Perrine Delahaye

      2-fils °†Chazé-Henry 22.12.1641

      3-René DENYAU °Chazé-Henry 6.1.1643 b 25.2.1643 Filleul de Mr Jean Pillegault Sr de l’Ouvrinière (s) Dt en la ville d’Angers et de Elisabeth Denyau

      4-Nicolle DENYAU °Chazé-Henry 27.6.1644 (b 9.10.1644) †Chazé-Henry 24.1.1675 filleule de Michel Gault, & Nicolle Allaneau x /1666 François DAVY

      5-Jeanne DENYAU (du x2) °Chazé-Henry 10.12.1645 Filleule de noble h. Gatien Galliczon Sr de la Gassière Cr du roi au présidial de Château-Gontier, et de h. femme Anne Rousseau dame des Grandsprés

    L’acte qui suit est extrait des Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E2 – Voici la retranscription de l’acte : Le 9 avril 1647 après midy par devant nous Jacques Caternault notaire royal à Angers furent présents et deument soubzmis René Denyau marchand demeurant au bourg de Chazé-Henry et Pierre ayeul de Pierre et Nicolle Denyau enfants mineurs de Pierre Denyau Sr de la Besneraye et de défunte Geneviefve Denyau d’une part,
    et ledit Pierre Denyau demeurant en ladite paroisse de Chazé-Henry d’autre
    lesquels sur les procès pendant par devant messieurs les gens tenant le siège présidial de cette ville tant sur l’appel interjeté par ledit Pierre Denyau sous provision de curatelle rendue par le sénéchal de Roche d’Iré le (blanc) 1645 que sur les demandes faites par ledit Pierre Denyau audit René Denyau son beau-père pour les nourritures en quoy il estoit tenu par le contrat de mariage du 31 janvier 1640 ensemble sur la demande faite par ledit René Denyau audit Pierre Denyau de la somme de 800 livres qui luy avait esté donnée par ledit contrat de mariage et réputée propre à ladite défunte Geneviefve Denyau,

    ont sur le tout par l’advis de leurs conseils et amis, pour nourrir paix et amitié entre eux, accordé de la manière qui s’ensuit, c’est à savoir
    à l’égard de la sentence dudit sénéchal de Roche d’Iré, ledit Pierre Deniau demeurera tuteur naturel desdits Pierre et Nicolle Deniau ses enfants
    et pour ce qui est de leur pension et nourriture au moyen de l’offre faite par ledit René Denyau ils demeuront en sa maison lesquels il promet et s’oblige nourrir et entretenir pendant sa vie et les faire instruire selon leur qualité sans pour ce prétendre ledit Pierre Denyau aulcune pensions nourritures et entretenement lequel demeure dès à présent déchargé
    et quand aux demandes dudit Pierre Deniau et pensions par luy prétendues, ils ont accordé et composé à la somme de 350 livres que ledit René Denyau déduit audit Pierre Denyau sur ladite somme de 800 livres qu’il a recue par ledit contrat de mariage, de laquelle somme ledit René Denyau a promis acquiter ledit Pierre Denyau vers lesdits mineurs des intérests de ladite somme
    et pour ce qui est des 450 livres restant desdites 500 livres ledit Pierre Denyau a consenti le remploi suivant ledit contrat de mariage sur les acquets qu’il a faits dans sa communauté et de ladite défunte Geneviefve Denyau jusques à concurrence de ladite somme de 450 livres, desquels acquets ledit Pierre Denyau jouira jusques à ce que lesdits mineurs soient mariés ou majeurs en payant par chacun an l’intérest de ladite somme à raison du dernier vingt, ce qui est 22 livres 10 sols par chacun an,
    et à l’égard de la maison relaissée audit Denyau par ledit contrat de mariage située audit bourg de Chazé-Henry, ledit Pierre Denyau en a relaissé la jouissance audit René Denyau son beau-père à commencer au jour de Toussaint prochaine sans qu’il puisse prétendre aucune chose pour les réfections et réparations qu’il a fait faire en ladite maison ni pareillement ledit René Denyau les fermes et jouissances d’icelle pendant le temps que ledit Pierre Denyau y a demeuré
    et à se moien (à ce moyen) en ladite instance, les parties sont demeurées hors de court et procès sans aucuns despends dommages ni intérêts de part et d’autre fors que ledit Sr de la Besneraye demeure tenu de payer les debtes de la communaulté, ce qui a été stipullé et accepté par lesdites parties …
    fait et passé audit Angers à notre tablier, présents Me Jean Gastineau Jean Gault et Pierre Boullay praticiens demeurant audit lieu, et Me Jean Davyau notaire demeurant en la paroisse de Saint Melaine

    Cette image est la propriété des Archives Départementales du Maine-et-Loire. Je la mets ici à titre d’outil d’identification des signatures, car autrefois on ne changeait pas de signature.

  • Voici ce que nous apprend cet acte :
  • Le père de Geneviève Denyau est René, marchand, demeurant à Chazé-Henry en 1647, et nous possédons sa signature.

    Pierre Denyau et Geneviève Denyau ont fait leur contrat de mariage le 31 janvier 1640, et elle a eu en dot 800 livres plus la jouissance d’une maison dans le bourg de Chazé-Henry (ce qui atteste une famille aisée, sans doute un marchand fermier, ou comme notre ami Toisonnier aime joliement à dire, un fermier de campagne, mais cela pourrait aussi bien être un notaire ou sergent royal)

    Sur les 4 enfants que Geneviève Denyau a mis au monde on avait déjà l’un mort né, et on peut ajouter que René est décédé en bas âge, car en 1647 il ne reste que 2 enfants mineurs, Pierre et Nicole, cette dernière âgée de 3 ans et ayant perdu sa mère à sa naissance.

    René Denyau, père de Geneviève, avait donné 800 livres de dot à sa fille et une maison dans le bourg de Chazé-Henry que le jeune couple a habité.

    Les grands-parents sont toujours corvéables à merci, quans ils vivent ! car autrefois, peu de petits-enfants avaient encore un ou plusieurs grand-parent. Donc, René Denyau, qui a perdu sa fille Geneviève en 1644 et lui survit encore en 1647 doit contribuer à l’entretien, nourriture et éducation de ses petits enfants, en leur laissant 350 livres !

    On remarque au passage que le père, lui, n’est pas tenu de contribuer pour le tout ! Par contre, une fois l’accord fait avec son beau-père, il proment non seulement de les nourrir et entretenir, mais aussi de leur faire avoir une éducation selon leur qualité.

  • Voici maintenant ce que donne mon dossier complété grâce aux données ci-dessus :
  • Pierre DENYAU Sr de la Besneraie †1654/1669 Fils de Pierre DENYAU et de Jehanne GALLISSON x1 (contrat 31 janvier 1640, cité in acte du 9 avril 1647) Geneviève DENYAU †Chazé-Henry 27.6.1644 Fille de René, vivant en avril 1647, dont on possède la signature x2 Jeanne BLANCHETIERE

      1-Pierre DENYAU (du x1 Geneviève Denyau) x La Rouaudière 29.10.1669 Marguerite GOUESBAULT Fille de †Pierre Nre et de h. femme Perrine Delahaye

      2-fils °†Chazé-Henry 22.12.1641

      3-René DENYAU °Chazé-Henry 6.1.1643 b 25.2.1643 + avant 1647 Filleul de Mr Jean Pillegault Sr de l’Ouvrinière (s) Dt en la ville d’Angers et de Elisabeth Denyau

      4-Nicolle DENYAU °Chazé-Henry 27.6.1644 (b 9.10.1644) †Chazé-Henry 24.1.1675 filleule de Michel Gault, & Nicolle Allaneau x /1666 François DAVY

      5-Jeanne DENYAU (du x2) °Chazé-Henry 10.12.1645 Filleule de noble h. Gatien Galliczon Sr de la Gassière Cr du roi au présidial de Château-Gontier, et de h. femme Anne Rousseau dame des Grandsprés

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    Bail à ferme de la terre de Chauvigné, 1587

    Voici encore une saisie et un bail judiciaire qui est sous affermé à un autre. D’ailleurs j’ai bien l’impression que la terre de Chauvigné a déjà fait l’objet d’un autre article sur mon blog, et que son propriétaire avait été un protestant qui a fait parlé de lui.

    Là encore, j’ai beaucoup travaillé les FOUIN, car je descends de ceux qui apparaissant à Pouancé fin 16e siècle et je tente de les lier aux autres porteurs du patronyme.
    L’acte qui suit permet d’avoir la signature de Guillaume Fouin le Jeune, marchand à Craon en 1587, et manifestement marchand fermier.

    Le bailleur est issu de Cossé-le-Vivien, et est bedeau et suppôt de l’université d’Angers. Voici la différence entre le suppôt de l’université, et le suppôt de satan (plus connu que le précédent de nos jours), le tout selon le Dictionnaire de L’Académie française, 4th Edition (1762) :

    SUPPÔT. s.m. Celui qui est membre d’un Corps, & qui y remplit certaines fonctions pour le service du même Corps. Les suppôts de l’Université. Le Recteur & ses suppôts. Les Imprimeurs & les Libraires sont suppôts de l’Université. Il n’est guère d’usage dans cette acception, qu’en parlant de l’Université.

    On dit d’Un méchant homme, que C’est un suppôt de Satan. Satan & ses suppôts.

    L’acte qui suit est extrait des Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E7 – Voici la retranscription de l’acte : Le 30 juillet 1587 après midy, en la court du Roy notre sire à Angers endroit par davant nous Mathurin Grudé notaire de ladite court personnellement estably honorable homme René Desalleux Sr de la Cuche bedeau et suppot de l’université d’Angers et y demeurant paroisse de St Maurille d’une part,
    et honneste homme Guillaume Fouyn le Jeune marchand demeurant ès forsbourgs de Craon d’autre part
    soubzmettant lesdites parties respectivement eux et chacun d’eux confessent avoir fait et par ce présentes font les cession et transport sui suivent c’est à savoir que ledit Desalleux a quité ceddé délaissé et transporté et par ces présentes quite cèdde délaisse et transporte audit Fouyn stipullant et acceptant le droit de bail afferme (à ferme) de la terre et seigneurie de Chauvigné saisie à la requête de monsieur le procureur du roy sur le seigneur dudit lieu et adjugée audit Desalleux par monsieur le lieutenant de monsieur le sénéchal d’Anjou pour le prix et somme de 100 escus par chacun an,
    et aux charges portées par ledit bail duquel bail prix et chartes d’iceluy ledit Fouyn a dict avoir bonne et suffisante coignaissance pour dudit bail en jouir et user par ledit Fouyn ainsi qu’eust fait ou pu faire ledit Desalleux, lequel a subrogé et subroge ledit Fouyn en ses droits et actions et laquelle cession a esté et est faite par ledit Desalleux audit Fouyn sans aucun garantage ne restitution de prix et a promis et demeure tenu ledit Fouyn acquiter ledit Desalleux du prix et charges et de tout le contenu audit bail et l’en rendre quite …
    fait et passé audit Angers en présence de Planchenault et René Planchenault praticiens

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    Journal d’Etienne Toisonnier, Angers 1683-1714 (1703)

    Numérisation par frappe du manuscrit : Odile Halbert, mars 2008. Reproduction interdite.
    Légende : en gras les remarques, en italique les compléments – Avec les notes de Marc Saché, Trente années de vie provinciale d’après le Journal de Toisonnier, Angers : Ed. de L’Ouest, 1930

  • Le 14 janvier 1703 mourut la femme de Mr Lemarié de l’Epinay conseiller ; elle avait auparavant épouse Mr Trouillet de l’Echasserie dont elle avait eu une fille morte à l’âge de 16 ans ; elle s’appelait Briand, nièce de feu Mr Briand intendant des dames princesses de Carignan, dont elle a été seule héritière, et en a eu 100 000 écus de biens ; elle a laissé 3 enfants.
  • Le 30 (janvier 1703), comme les maires sont à présent électifs au moyen du remboursement fait à feu Mr de la Foucherie Raimbault de sa charge de maire perpétuel, Mr Poulain de la Forestrie a été élu maire en la manière ordinaire. (Note de Marc Saché : François Poulain, siseur de la Grée, de la Forestrie et de Parnay, né le 1er juillet 1650, était fils de François Poulain et de Françoise Bernard. Échevin en 1690, conseiller échevin en avril 1694, il fut élu maire le 30 janvier 1703 et continué jusqu’en 1706. C’est sous son administration que la ville, après avoir racheté la mairie héréditaire, obtint le rachat des charges d’assesseurs et de lieutenant de maire, moyennant une somme de 78 000 livres, obtenue par la prorogation des octrois. Il fit replanter d’ormeaux le Mail, dont les allées furent élargies. Aussi la devise de son jeton consacre-t-elle cet embellissement : Urbis ornamento et deliciis civium. Il avait épousé le 27 avril 1677, Perrine Testard, fille de Pierre T., sieur de l’Auberdière et d’Anne Verdon, et en secondes noces, le 25 février 1699, Geneviève Dosdefer, fille de Julien D., écuyer, seigneur de Parnay, et Geneviève Petit – Voir DE SOLAND, Bulletin historique, années 1859-1860 pp. 179, 182 ; GONTARD de LAUNAY, Familles des maires, t. 1, pp. 145, 147 ; PLANCHENAULT, Jetons, p. 290 ; état civil de Saint Maurille ; BM Angers, manuscrit 1213 bis-anc 1005)
  • Le même jour (30 janvier 1703) Mr de Dane Audouin conseiller au présidial, fils de feu Mr de Dane Audouin, docteur régent professeur ès droits en l’université de cette ville et de la feue dame Ménage, épousa la fille de feu Mr du Planty Frain cy-devant assesseur en l’élection et de la dame Boisard.
  • Le 6 février 1703, Mr Beguyer fut installé dans la charge de conseiller, cy-devant remplie par Mr de la Boussaie Boucault
  • Le 16 (février 1703) Mr Pierre Daburon avocat fils de feu Mr Pierre Daburon aussy avocat et de la Delle Audouis, épousa la fille du sieur Fourreau de Barot et de la demoiselle … ; son frère Georges Daburon aussy avocat a épousé son aînée au mois d’avril 1701.
  • Le 26 (février 1703) mourut Mr Jacques Jarry avocat. Il est issu de son mariage avec la Delle de la Grandinière Maugars Mr Jarry aussi avocat et un autre fils.
  • Le 12 mars 1703 mourut la femme de Mr de la Dothée Foussier écuyer ; elle a laissé 3 enfants ; elle s’appelait du Ponceau Lenfantin.
  • Le 15 (mars 1703) mourut Mr de Neuville Poisson écuyer. Il a laissé plusieurs enfants ; l’aîné a épousé la fille de feu Mr de la Simonnière Herreau conseiller et de la dame Garsenlan ; une fille Mr le chevalier de la Maurouzière Boylesve.
  • Le 9 avril 1703 mourut subitement Mr Durbé Neveu conseiller au parlement de Bretagne.
  • Le 14 (avril 1703) Mr de Crespy fut installé dans la charge de procureur du roy cy-devant remplie par Mr de Crespy de la Mabillière son père.
  • Le 1er mai 1703, Mr Trochon de Mortreux, et Poirier, furent élus échevins.
  • Le 4 juin 1703 mourut la femme du feu Sr Chotard de la Greleraye, âgée de 77 ans ; elle s’appelait Texier ; elle a laissé un garçon et 2 filles, l’une vuve de Mr Rossignon et l’autre qui a épousé Mr Boylesve de la Galaizière le 23 janvier 1702.
  • Le 8 (juin 1703) mourut subitement Mr Georges Dupas avocat au présidial, conseiller et assesseur de l’hôtel de ville. Il avait épousé la Delle Maugin ; il n’a point eu d’enfants. Il était habile, le sens très bon, charitable vers les pauvres et bienfaisant à tout le monde ; le jour du sacre, il fit ses dévotions, assista à la procession générale, fut le lendemain matin à la messe et arrivant chez lui, tomba mort.
  • Le 12 (juin 1703) mourut Mr de Villenières Bault écuyer ; il avait épousé une des filles du feu Sr Angot orfèvre en cette ville, dont il a eu plusieurs enfants.
  • Dans ce même temps mourut la femme de feu Mr Guérin, avocat ; il n’a laissé qu’un fils vivant bourgeoisement ; elle s’appelait Mussault.
  • Le 18 (juin 1703) Me Paul Vollaige de Cierzai fils de Mr Vollaige de Cierzé et de la dame de la Cartrie Talour épousa la fille de feu Mr Maugin cy-devant grenetier au grenier à sel de cette ville et de la Delle Loutraige.
  • Dans ce même temps, Mr Héron conseiller au parlement de Paris, fils de Mr Héron conseiller à la cour des Aydes et petit-fils du Sr Héron, marchand à Paris, épousa la fille de Mr du Saulay Boylesve et de la dame Boylesve de la Maurouzière.
  • Le 19 (juin 1703) mourut mademoiselle Héard fille, âgée de 71 ans ; elle était d’un grand mérite, parlait bien latin, savait la théologie, très charitable aux pauvres et bienfaisante à tout le monde ; elle a donné ses meubles et acquets à l’hôpital général. (Note de Marc Saché : Marie Héard, fille de François H., écuyer, sieur de Boissimon, procureur du roi en l’élection d’Angers, et de sa seconde femme, Marie de Sarra, avait un frère prêtre, François H., qui mourut le 16 avril 1694. Elle avait par testament, laissé de nombreux legs aux pauvres à l’Hôpital général de la Charité ou des Renfoermés ses meubles et acquêts. Ce testament fut attaqué par ses héritiers du côté maternel et prêta à de nombreuses procédures où fut mêlé le célèbre Pocquet de Livonnière. Son instruction, rare alors chez les femmes, ne peut toutefois surprendre, si l’on songe que le latin était langage presque courant dans les classes éclairées et quand on voit dans une séance d’ouverture du palais le lieutenant de roi répondre en latin à une allocution du grand bedeau de l’Université – Voir BM Angers, manuscrit 1215 – anc.1005 t.III f°43 ; Registre du Présidial, p. 61 ; état civil de la paroisse Saint-Samson ; AD49 E2829)
  • Le 20 (juin 1703) mourut la femme du feu Sr Bouquerel marchand ferron ; elle s’appelait Guyet.
  • Le 24 (juin 1703) mourut Mr Robert cy-devant sénéchal de Craon ; il avait épousé en 1ères noces Delle de Crespy duquel mariage est issu Mr Robert, docteur régent en la faculté des droits de l’université de cette ville, lequel a épousé la fille de Mr Hernault de Vaufoulon, et en 2e noces Delle Harangot dont il n’y a point d’enfants.
  • Le 28 (juin 1703) mourut le sieur Boisard, cy-devant marchand confiseur.
  • Le 28 juillet 1703 mourut la 2e femme de Mr Raymbault avocat ; elle s’appelait Trébuchet.
  • Le 30 (juillet 1703) Mrs de la Chevalerie Hunault écuyer, de Gastines Poisson écuyer, Lefebvre président à Ingrandes, de la Gendronnière fils du conseiller au présidial de Château-Gontier, un capitaine de gabelles, 2 valets, un batelier, et 2 chevaux, se noyèrent passant le port d’Ingrandes, un cheval picqué des mouches ayant fait tourner le bâteau en s’agitant. (Note d’Odile : le registre paroissial d’Ingrande (ci-dessous) précise que René Boylesve, l’un des bateliers, devait se marier le lendemain de son enterrement.)


  • Cliquez pour agrandir. Propriété des Archives Départementales du Maine-et-Loire.

  • Dans ce même temps mourut la femme de feu Mr d’Orvaulx de la Beuvrière écuyer ; elle s’appelait Letourneux ; elle a laissé un fils fort dévôt et une fille mariée avec Mr de Bossard en septembre 1702.
  • Le 28 août 1703 mourut le sieur de la Cartrie Talour, bourgeois.
  • Le 6 septembre 1703 mourut Mr Huslin de la Selle écuyer ; il avait été assesseur au siège présidial de cette ville ; il avait épousé une des filles de feu Mr Lasnier de St Lambert, présidient au siège ; de ce mariage sont issus Mr de la Selle Huslin, aîné, et la femme de Mr de Contades.
  • Le 9 (septembre 1703) mourut Mr Eveillon écuyer cy-devant Me des Eaux et Forêts de la maîtrise particulière d’Angers ; étant tombé de cheval, il s’était blessé à la tête, et est mort deux jours après sa chute.
  • Le 12 (septembre 1703) mourut la femme de feu Mr Leclerc de Sautray ; elle s’appelait de Cornetz ; elle a laissé 2 enfants, l’aîné, cy-devant lieutenant civil de robe courte à Paris, et une fille veuve de Mr de Varennes Godde, cy-devant capitaine aux gardes et décédé gouverneur de Landrecy.
  • Le 17 (septembre 1703) mourut subitement le Sr Talva du Verger, marchand
  • Le 26 (septembre 1703) Mr Bault de Villenières écuyer fils de feus Mr Bault de Villenières écuyer et de dame Catherine Angot épousa la fille de feu Mr Roustille et de la Delle Marais.
  • Dans ce même temps, Mr de Cheveigné Aubin, conseiller au présidial, fils de Mr Cheveigné cy-devant Me des Eaux et Forêts d’Angers, et de la dame Garsenlan, épousa la fille de défunt Sr Préjean marchand de soie, et de la dame Yvard.
  • Dans ce même temps mourut la femme de feu Mr de Segré ; elle n’a point laissé d’enfant ; elle s’appelait Lemarié.
  • Dans ce même temps, Mrs Fleuriot frères disputants ensemble d’un petit terrain, et s’étant échauffés, l’aîné tira un coup de fusil au cadet, dont il mourut 3 jours après.
  • Le 4 octobre 1703 mourut la femme de feu Mr Verdier conseiller au présidial ; elle s’appelait Herreau ; elle a laissé un garçon et une fille mariée avec Mr Grimaudet de la Croiserie.
  • Dans le mois d’octobre (1703) mourut le Sr Delaporte, marchand, cy-devant consul et trésorier de l’hôpital général. Il avait épousé la veuve de … dont il n’a point eu d’enfant.
  • Le 13 novembre 1703 mourut Mr Boylesve, chanoine en l’église d’Angers, et prieur de Brion près Beaufort et de Montjean.
  • Le 27 novembre (1703) Mr Robert, fils de Mr Robert avocat, et de la Delle Beslière, auditeur à la chambre des comptes à Nantes, épousa la fille de feu Mr Boulay avocat et de la Delle Daviau.
  • Cette année a été assez abondante en vin, mais il n’est pas d’une bonne qualité, étant extrêmement vert ; il n’y a pas eu beaucoup de bled, abondance de cidre dans le Craonnais, peu de fruits ailleurs.
  • Numérisation par frappe du manuscrit : Odile Halbert, mars 2008. Reproduction interdite.
    Légende : en gras les remarques, en italique les compléments – Avec les notes de Marc Saché, Trente années de vie provinciale d’après le Journal de Toisonnier, Angers : Ed. de L’Ouest, 1930
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