Enfant naturel malgré un contrat de mariage le reconnaissant, Craon, 1696

Voici une curieuse naissance à Craon :

Le 1er mars 1697 baptême de Jacquine Françoise Lefrère fille de Françoise dont le père est inconnu (vue 159)

Ceci est pour le moins curieux ! En effet, 100 jours avant la naissance de Jaquine Françoise Lefrère, sa mère a un contrat de mariage reconnaissant sa grossesse et l’enfant à venir. Or, ce mariage est apparement introuvable !

    Le futur se serait-il volatilisé ?

Il me semble que ce serait alors un second futur volatilisé à Craon, car il y a peu je vous mettais ici un capitaine de gabelle dont le cas est assez voisin…

L’acte qui suit est extrait des Archives Départementales de la Mayenne, série 3E1/497 – Voici la retranscription de l’acte : Le 22 novembre 1696 après midy par devant nous André Planchenault notaire de Craon y demeurant furent présents établis et soumis honorables personnes François Heureau fils de défunt h. homme Anne Heureau vivant Sr de la Lardrie et de damoiselle Anne Guilloteau d’une part,
et Françoise Lefrère fille de défunt Toussaint Lefrère et Jacquine Robineau, veuve de défunt Pierre Damour demeurant audit Craon d’autre part
entre lesquelles parties a été fait le contrat de mariage en la forme qui suit, par lequel le Sr Heureau et ladite Lefrère se sont promis la foi du mariage et iceluy solemniser en face de notre mère Ste église catholique apostolique et romaine lorsque l’un en sera par l’autre requis tous légitimes empeschement cessant,
auquel mariage les parties entreront avec tous et chacun leurs droits tant mobiliaires qu’immobiliaires de quelque nature qu’ils puissent être, lesquels droits mobiliaires de la part de ladite future épouse consistent en ceux à elle adjugés sur la rente qu’elle a fait faire du total de ses meubles devant nous notaire le 11 septembre 1696 le prix desquelles adjudications faires revient et se monte à la somme de 212 livres 12 sols, et à l’égard dudit futur espoux il déclare n’avoir quant à présent aucuns meubles ni effets mobiliaires
sans qu’il s’acquiert aucune communauté entre lesdites parties par an et jour ni autre temps ayant à cest effet desrogé et dérogent à notre coutume, au moyen de quoy chacune des parties pourra disposer tant à présent qu’à l’avenir de ses meubles, de recepvoir les fruits et revenus de ses immeubles à part et divis comme bon leur semblera, sans que néanmoins ladite future puisse vendre ou aliéner ses propres sans le consentement du futur époux,
et seront leurs debtes passives tant celles qui ont esté créées jusqu’à ce jour que celles qui le seront cy-après payées et acquittées par chacune desdites parties et à son égard sans que l’un en puisse être inquiété pour l’autre,
et pour donner lieu à ladite future de discuter ses droits en l’absence dudit futut époux, il l’a pour cet effet autorisée et autorise par ces présentes sans que plus ample autorisation soit nécessaire

et pour les bons soins qu’elle prendra dudit futur époux et l’économie de mariage il a promis et s’est obligé la nourrir et l’entretenir suivant son estat et condition, la traiter et faire traiter estant malade cas advenant et luy faire administrer les remèdes nécessaires pour recouvrer la santé si faire se peult,

et au surplus a assis et assigné douaire coutumier à ladite future sur tous ses biens sujets à douaire cas de décès advenant et seront les enfants provenus du mariage dudit défunt Damour et de ladite future nourris et entretenus en la maison desdits futurs conjoints jusqu’à ce qu’ils soient en âge de travailler pour gagner leur vie et ce pour leur revenu,

et a ledit futur époux reconnu et consenti que sur les promesses qu’il luy a faites de l’épouser et après beaucoup d’instance au moyen de quoy déclarent qu’ils veulent et entendent que l’enfant qui proviendra sera légitime comme s’il avait esté procréé en loyal mariage et qu’il sera habille à leur succéder et partager leurs successions avec leurs autres enfants,
car les parties l’ont ainsy voulu, consenty, stipullé et accepté tellement qu’à ce tenir faire et accomplir elles s’obligent avec tous leurs biens etc dommage etc stipullé etc de défaut dont et de leur consentement les avons jugées

fait et passé à nostre tablier présents Jean Rocher armurier et Pierre Dayère sergent demeurant à Craon témoins à ce requis et appelés

Cette image est la propriété des Archives Départementales de la Mayenne. Je la mets ici à titre d’outil d’identification des signatures, car autrefois on ne changeait pas de signature.

Françoise Lefrère sait bien signer, ce qui est rare chez les femmes à l’époque et atteste un milieu notable.

Odile Halbert – Reproduction interdite sur autre endroit d’Internet Merci d’en discuter sur ce blog et non aller en discuter dans mon dos sur un forum ou autre blog.

Psalteur : joueur de psaltérion, ou bien chanteur de psaumes ?

J’ai encore un pesalteur (sic) prêtre, à Saint-Nicolas de Craon en 1639. J’ai 2 hypothèses, bien que je penche pour le chantre de psaumes, comme on le fait encore (eh oui ! fort beaux à entendre a capella, hommes et femmes à l’église Saint-Gervais par exemple, retransmis chaque jour sur KTO)


Cliquez sur l’image pour voir les sites sur le psaltérion et surtout beaucoup d’iconographies.
Mon Larousse de l’ancien français : Moyen-Âge, dit :

psalterion du latin psalterium du grec, intrument de musique. – psalterionner : jouer du psalterion

Ici, il s’agit de la constitution d’une obligation ou rente obligataire dite rente annuelle et perpétuelle. Et l’affaire se passe à Craon, donc tout ne se fait pas à Angers, mais je m’empresse de préciser que Craon avait un chapitre, c’est à dire des chanoines, et qu’un chanoine n’est jamais pauvre (c’est un euphémisme !)
Donc, un chanoine avait parfois de l’argent à prêter, et voici François Crannier prêtant 450 livres.

L’acte qui suit est extrait des Archives Départementales de la Mayenne, série 3E1-460 – Voici la retranscription de l’acte : Le 31 décembre 1639 après midy devant nous Pierre Hunault notaire royal en Anjou résidant à Craon fut présent en sa personne establie et duement soumise et obligée honorable femme Renée Lanier dame de la Bonnelière veuve de defunt Me Julien Marpault vivant sieur de la Bonnelière demeurant en cette ville de Craon
laquelle a volontairement ce jourd’huy vendu créé et constitué et par ces présenes vend et constitu promet garantir et faire valoir tant en principal que cours d’arrérages à vénérable et discret Me François Crannier prêtre chanoine en l’église de Saint Nicolas de Craon demeurant en ceste ville à ce présent stipullant et acceptant qui a acheté pour luy ses hoirs et ayant cause
les sommes de 25 livres tz de rente hypothéquaire que la venderesse promet et s’oblige payer audit acquéreur franchement et quittement en cette ville de Craon par chacun an à pareil jour et dabté des présentes le premier payement commençant d’huy en un an et à continuer à perpétuiré jusqu’à l’amortissement d’icelle que la venderesse pourra faire à ung seul paiement avec les arrérages si aucuns sont dus toutes fois et quante que bon luy semblera
et est faire la présente vendiiton création et consitution de rente pour le prix et somme de 450 livres soldée et payée par l’acquéreur à ladite venderesse scavoir 200 livres en notre présence vu et su de nous et le surplus montant 250 livres auparavant ce jour ainsi que ladite venderesse l’a reconnu et confessé et de toute ladite somme de 450 livres elle s’est tenue contente et bien payée et en a quicté ledit acquéreur ses hoirs avec puissance d’en faire faire assiette par l’acquéreur à ladite venderesse sur un ou plusieurs de ses lieux sans que le spécial déroge au général ni le général au spécial,
auquel contrat de création et constitution de rente et tout ce que dessus est dit tenir olige ladite venderesse tous et chacuns ses biens à prendre vendre faute de paiement et continuation de ladite rente renonçant à contrevenir à ce que dessus dont l’avons jugée de son consentement
fait et passé audit Craon maison de ladite venderesse en présence de vénérable et discret Me René Hallopeau chapelain de Saint André et Me René Renaudier prêtre pesalteur audit St Nicolas demeurant audit Craon paroisse de Saint Clément de Craon témoins avertys de scellé suivant l’édit.
Signé Renée Lanier, R. Halopeau, R. Renauldier, P. Hunault

Le 17 octobre 1643 après midy, devant nous Jean Meullevert notaire de Craon et y demeurant a esté présent estably et soumis vénérable et discret Me François Crannier prêtre, chanoine de l’église collégiale monsieur St Nicolas dudit Craon et demeurant audit Craon lequel a vendu quitté cédé et transporté par ces présentes et promet garantir et faire valoir à Me Mathurin Paulinard sieur de la Malvallière aussi demeurant audit Craon ce présent et stipullant etc la somme de 25 livres tz de rente hypothéquaire qui estait due chacun an audit Crannier par honorable femme Renée Lanier dame de la Bonnelière comme appert par le contrat de l’autre part passé par defunt Me Pierre Hunault notaire le dernier jour de décembre 1639 pour se faire par ledi Paulinard payer servir et continuer par ladite Lanier, ses hoirs etc de ladite rente de 25 livres au temps à venir audit jour dernier décembre jusqu’à l’amortissement d’icelle conformément audit contrat et ce dès le terme qui eschera du dernier décembre prochain venant en un an ladite cession faite par ledit Crannier audit Paulinard pour et moyennant la somme de 450 livres par luy cy-devant payée en espèces d’or et d’argent du cours et prix de l’ordonnance royale audit Crannier qui l’a ainsi reconnu s’en est contenté et en a quitté ledit Paulinard auquel il a délivra et mis présentement entre mains la grosse dudit contrat passé par ledit Hunault pour luy servir de tiltre avec ces présentes pour ladite rente de 25 livres cy-dessus, dont etc par jugement et condamnation etc
fait et passé à notre tablier en présence de vénérable et discret Me René Hiret prêtre chanoine de St Nicolas et Me Mathurin Harangot apothicaire demeurant à Craon témoins à ce requis et appelés

Émile Littré, Dictionnaire de la langue française (1872-1877)

PSALLETTE (psa-lè-t’) s. f. Terme vieilli. Lieu où l’on exerce des enfants de choeur. – Réunion des enfants de choeur dont se compose une psallette. – On dit aujourd’hui maîtrise. – ÉTYMOLOGIE – En grec, pincer les cordes d’un instrument – PSAUME vient du lat. psalmus, qui vient d’un terme grec dérivé du verbe signifiant pincer les cordes d’un instrument. Le grec tient au verbe gratter, et se rattache au toucher des cordes avec le plectre. Palsgrave, p. 21, remarque qu’on écrit psalme, et qu’on prononce salme.

chaire extérieure, collégiale St-Aubin, Guérande
chaire extérieure, collégiale St-Aubin, Guérande

Cliquez sur l’image pour l’agrandir. Voir Guérande sur ce site. Cliquez sur l’image pour l’agrandir :Collections privées – Reproduction interdite, y compris sur autre lieu d’Internet comme blog ou site

Odile Halbert – Reproduction interdite sur autre endroit d’Internet Merci d’en discuter sur ce blog et non aller en discuter dans mon dos sur un forum ou autre blog.

NANTES LA BRUME, Ludovic GARNICA de la Cruz, chapitre XIII Cueillettes d’avril

Ludovic Garnica de la Cruz. Nantes la brume. 1905. Numérisation Odile Halbert, 2008 – Reproduction interdite.

Quelques jours plus tard, René rencontra Melle Lonneril dans le passage Pommeraye. Elle était arrêtée à la devanture d’un magasin, admirant, sans doute les vases magnifiques panachés d’éventails en un méli-mélo de luxures éclatantes d’un goût raffiné. Le jeune homme fut ravi de la trouver séduisante en sa robe de tissu écossais aux tons brouillés où dominaient le vert et le bleu. Un boléro découpé sur une chemisette en soie développait sa poitrine sur laquelle s’étalait une cravate de mousseline neige. A la ceinture ses hanches se dessinaient fermes, inconsciemment provocantes par le dessin des contours inachevés sous les plis chevauchés de la jupe. Ses cheveux blonds illuminaient davantage son visage à l’ombre d’une capeline de mêmes couleurs que la robe, éclairée d’une boucle de strass au milieu d’un noeud drapé de liberty.

  • Tiens, dit-elle en se détournant, c’est vous monsieur de Lorcin !
  • Vous êtes délicieuse, murmura le jeune homme.
  • Ne me flattez pas, je croirais que vous vous moquez.
  • Vous vous tromperiez, mademoiselle. A quel bienheureux hasard dois-je de vous rencontrer ici ?
  • Je viens de chez une de mes amies. En rentrant je flâne.
  • Si vous voulez, nous flânerons un bout de chemin. Il me semble vous avoir vu depuis un siècle.
  • Elle sourit enle regardant. Ils descendirent les marches du grand escalier orné de statues d’enfants, d’étalages de souvenirs nantais et de broderies bretonnes comme des mouches d’or aux ailes bleues, de bazars débordants de jouets et de fantaisies amusantes. Au dessus d’eux le jour se promenait su rles vitres rogeoyant à la mort du soleil qui s’ensevelit à l’angle du ciel.
    Ils babillèrent heureux de se trouver seuls pour la première fois. Ils ne se dirent pas leur joie d’être l’un près de l’autre, mais lls la laissèrent percer à chaque phrase.
    Rue de l’Arche-Sèche, il lui prit le bas, elle le serra contre elle. L’intimité se fit plus profonde.

  • Vous sortez souvent, mademoiselle ?
  • Rarement ; il me faut des occasions.
  • Le pourrez-vous demain ?
  • Je ne sais pas.
  • Essayez. Je vous attendrai à cinq heures et demie au square St-André. Nous serons si bien cachés au centre de la verdure tranquille.
  • Et s’il pleut ? railla-t-elle gentiment.
  • Nous serons plus en secret encore sous le même parapluie… Vous viendez ?
  • Je ferai mon possible… Je vous le promets.
  • A demain… bonsoir, mademoiselle.
  • Alle retroussa sa robe, montrant sa jupe de moire rose, et disparut plus légère – le coeur a peut-être parfois des ailes.
    A cinq heures, il s’impatientait déjà en parcourant les allées vides du petit square. Les vieilles commères qui marmottent de douces médisances, enfantent enleur stérilité de persistantes calomnies sont parties au foyer et le gardien travaille seul, les épaules basses. L’Erdre résonnait du bruit des lavoirs ; les camions filaient au delà des grilles assourdissant le jardin en triangle. Plus loin la passerelle de Barbin voûtait sur l’eau moire son dos ajouré comme un bas de mariée. Pour la vingtième fois, René Regarde les marches qui descendent du cours Saint-André entre les placides caricatures débarbouillées de Du Guesclin et d’Olivier de Clisson. Il scrute du regard le quai Ceineray, ombrellé de ses arbres, la rue Tournefort, la rue Sully. Le cadran du collège Saint-Stanislas, gros comme une montre dans le lointain sonne la demie.
    Soudain, derrière lui, le sable craque dans un frou-frou. Il se détourna devinant l’arrivée.

  • Bonsoir, mademoiselle. Je ne comptais déjà plus vous voir.
  • Oh ! Je suis d’une exactitude militaire.
  • Ce n’est pas un reproche ; je m’en voudrais de vous en faire. Venez vous asseoir quelques instants.
  • Elle le suivit coquettement en sa ravissante toilette. Elle avait jugé ce rendez-vous important et s’était faire aussi séduisante que possible. Un paletot mastic aux manches bouffantes ornées de galons japonais. Au col, des flors de rubans pékinés par des comètes de velours noir, les bouts flottants serrés par des glands de soie. Son large chapeau de paille verte était fleuri de roses. Cette abondance d’étoffes rythmait une chanson de fraîcheur captivante, jouant sur le cerveau de René l’or d’une coupe de champagne. Des parfums montaient d’elle, l’enveloppaient, enveloppaient René, mêlés à son odeur de chair neuve de femme aimée.
    Assis, il prit sa petite main gantée.

  • Comme c’est gentil d’être venue ! J’aurais eu vraiment de la peine si vous aviez manqué votre promesse.
  • Ce n’aurait cependant pas été ma faure. Je sors si rarement, si difficilement. Maman ne veut pas toujours.
  • Les femmes peuvent l’impossible quand elles le veulent.
  • Les hommes eux sont trop égoïstes.
  • Avez-vous pu vous en apercevoir ?
  • Peut-être. Avant tout leur plaisir ; le reste, s’ils ont du temps.
  • Je ne discute pas. Je sais que le plaisir m’est ici et que le temps qui me restera après votre départ sera vide.
  • Est-ce bien sûr ? N’êtes-vous pas fort occupé ?
  • Et par quoi ? Mon droit ne …
  • Elle haussa les épaules.

  • Ne mentez pas ? D’anciennes connaissances.
  • Je n’en ai plus.
  • C’est déjà mai d’en avoir eu.
  • Seriez-vous jalouse ? On n’est jaloux que de ceux qu’on aime.
  • Oui, René, je l’ai été depuis le mois de novembre… et je le suis encore.
  • Mais ne savez-vous pas que mon idylle d’hiver est terminée depuis longtemps.
  • Je le sais… mais les autres ?
  • Ah ! les autres, des passagères inconnues dont le visage est oublié à mes yeux pleins du vôtre, des amies quelconques d’un soir, que votre parfum a fait dissiper comme une vapeur malsaine, des vices que l’on méprise par ce qu’on les voir plus nus. Cela, c’est du passé mort, au creux d’un sépulcre scellé hermétiquement, queles pages sombres de la vie. Dites, Jeanne, Voulez-vous, après cette noire préface, composer le livre ensemble ? Le dieu d’amour en fera un travail de Pénélope que l’on recommence à chaque chapitre sans jamais en signer l’épilogue.
  • Il pressait dans les siennes sa main brûlante à travers la peau du gant.

  • Je suis franc, Jeanne, ne le voyez-vous pas ? J’ai souffert d’un caprice brutalement arraché parce que je l’ai jugé injuste. J’ai souffert ensuite de ma vengeance. Mon âme est encore malade, non de la réputation imbécile que le peuple nantais peut m’avoir faite de son insipide potinage, mais des éclaboussures du mal dont j’ai heurté des flaques. Par mes efforts je me suis éloigné du marais infect qui grouille par toute la ville. Au convalescent, il faut un sourire de soleil à travers les vitres ; à ma convalescence il me faut un amour exquis. Aimer : le doux remède de tout mal, de toute chute, le calmant mystérieux de toutes les blessures, le salut divin de l’égaré qui tâtonne son chemin. Jeanne, vous m’aimez, je le sais, dites-le moi vous même, non de vos gestes, non de vos regards, mais de vos lèvres ?
  • Il courba la taille flexible de la jeune fille vers sa poitrine, attendant une réponse. Elle baissa la tête sans parler.

  • Dites, Jeanne ? supplia-t-il? Vous m’avez laissé deviner votre amour. Il n’y manque plus que votre aveu. Parlez si bas que vous voudrez…
  • Elle se leva brusquement.

  • L’heure passe, monsieur, je me sauve.
  • Resté sur le banc il la contempla triste. Elle lui prit la main et rapide :

  • Oui, René, je vous aime.
  • Le gardien armé d’une pique inspectait les allées, emprisonnant et enterrant d’un coup sec les morceaux de papier. Il passa près d’eux d’un air indifférent. Les squares, n’est-ce pas fait pour les amoureux ?
    Sur la place Saint-Pierre, ils se quittèrent. A demain. Régulièrement ils devaient se voir pami les arbustes confidents du premier rendez-vous.
    Ils fleurirent de leur bonheur les voisinages déserts qu’ils choisissaient de préférence, loin des railleries mesquines des badauds. Rire dela beauté est le propre de la majorité des êtres à face humaine, de ce rire absurde qui fait aimer le chien, mépriser le maître. Solitairement, ils s’exilaient entre le silence de la rue des Orphelins, jusque là-bas derrière la caserne des dragons. Ils descendaient le boulevard extérieur à la paisible tranquilité des arbres. Ils allaient s’asseoir quelques minutes – lorsqu’elle avait une heure de plus – sur la prairie de Mauves qui se mûrissait comme une amante nouvelle sous la fécondation du soleil. La planturesque nonchalance de la prairie rêveuse et grave au bord de la Loire les envahissait de tendresse. Leurs lèvres se cherchaient, se collaient longuement. Ils buvaient à même une coupe de lèvres où moussaient leurs langues inassouvies. Tout était silence alentour. Le frottement des baisers chantaient l’hymne de l’au-delà des voluptés inquiètes. Le désir de feu mordait à satiété dans les chairs, mais la voix du retour ricanait le long des fossés.

    Un matin, René reçut une depêche de Brest. Son oncle était mort l’instituant son légataire universel. Il partit aussitôt et resta cinq jours absent, sans pouvoir prévenir sa chère Jeanne. Celle-ci très attristée l’attendait chaque soir au petit jardin habituel. Puis elle ne vint plus, persuadée de la fuite du jeune homme vers quelque aventure du temps passé. Et elle pleura.
    A son retour de Brest, René ne sachant comment la rencontrer, prit le parti de l’attendre à la grande poste où elle venait de temps en temps. Au centre de la vasre salle encombrée d’un énorme poële, garnie de quelques bancs minuscules, il espérait la voir venir. Derrière les cages, les employés grinçaient de plumes, tambourinaient de leurs tampons. Comme une marée les timbres, les récépissés, les monnaires fluaient et refluaient sur les tablettes de cuivres. Au fond, la poste-restante s’encombrait de voyageurs et d’inconnues hautaines ou timides. Au guichet, les noms bondissaient, l’alphabet sautillait, d’aucuns comptaient. Le commis indifférent, brutal, froissait les épitres à en-têtes commerciales et les discrètes missives parfumées. Monnaie couratnte pour son métier, ces petits chiffons délicats dans lesquels se jourent parfois la destinée terrible d’une vie entière, le bonheur ou la mort douloureuse et infamante ! Chacune s’en va, s’éparpille, emportant son secret., ce secret qui ouvre enfin la porte aux boudoirs des caresses divines et des adultères, ce secret qui vend des corps au poids du plaisir, qui met des taches pourpres au satin des souliers, qui sème les pleurs comme le vent d’automne sème les feuilles affaiblies. Les battants se déversent et s’écoulent aussi rapidement. Sillage étrange de têtes diverses, depuis le riche bourgeois jusqu’au flâneur déguenillé, la dame aux jupes élégantes jusqu’à la grue du ruisseau. L’égalité traînaille au bord des comptoirs.

    Un soir, elle vint ; il alla vivement à sa rencontre. Elle eut un sourire de joie.

  • Vous !
  • Je vous attendais, Jeanne. Qu’avez-vous cru de moi ? Du mal, peut-être ? J’étais à Brest pour l’enterrement d’un de mes oncles. Je ne savais coment vous avertir sans crainte de troubler votre paix.
  • J’ai eu peur. On doit souffrir beaucoup quand on aime, n’est-ce pas à propos de rien… de mille chimères absurdes ?
  • Voulez-vous réparer cette absence par une longue promenade demain ?
  • Elle réfléchit.

  • Non, dit-elle, après-demain ; ma mère s’absente toute la journée. Je serai libre dès une heure. Attendez-moi au petit jardin, sans faute.
  • C’est cela. Quel bonheur ! Nous reprendrons le temps perdu aux banalités de l’existence.
  • L’oubli des tristesses a fui vers d’autres rives. Il faut si peu de choses pour l’expulser, parfois un serrement de main.

    Il pleuvait une eau condensée qu’un vent violent, soufflant par rafales, faisait tourbillonner en flocons de brouillards sur la face morne de la ville ramassée dans la brume comme un colimaçon dans sa coquille. Le ciel éployait son éventail gris d’une tristesse mortuaire, laissant échapper des plumes épaissies. Et la pluie froide flaçait de ses petites mains la peu des visages sous les parapluies ballotés. Les doits ruisselaient des perles diamantées. Les gouttières ronronnaient doucement et vomissaient sur les trottoirs purs comme des glaces. De tous les pores de l’espace, il bruinait une torpeur agaçante qu’ondulait un rythme éternellement repris en sourdine à la harpe mouillée.

    Ils se rencontrèrent tous deux troussés et crottés, nerveux sous la pluie qui les caressait, railleuse, de ses lèvres fraîches. Il s’approcha d’elle et comme les parapluies se heurtaient, il la pria de ferme le sien.
    Indécis, ils regardaient les feuilles dégoutter, les aiguilles humides picoter dans l’eau de l’Erdre mouvante, sillonnée de trous, ainsi qu’une table où l’on tire aux macarons. Jeanne avait ses bottines trempées. Ils piétinaient dans les rigoles.

  • Qu’allons-nous faire ? murmura-t-elle.
  • Elle grelottait.
    Je comptais sur une longue promenade parmi le réveil du printemps. Il faut y renoncer. Nous tremlez ; vous attraperez un rhume, si nous restons sous la pluie. Voulez-vous venir chez moi ? Je vous ferai les honneurs de mon logis.
    Elle se fit prier, puis accepta. Elle lui prit le bras parfaitement cachée sous la soie du parapluie.

    René enflamma quelques brins de bois dans la cheminée, et, pour elle, approcha le plus joli fauteuil. Il délaça ses bottines humides et les remplaça par des pantouffles à lui, un peu grandes mais suffisamment sèches. Elle jeta son chapeau sur le lit et sa chauffa les mains à la flambée.

  • La flamme a rosé vos joues… Il fait meilleur ici que dehors… Et nous sommes plus seuls, plus libres.
  • Il s’assit au bord du fauteuil, passa son bras sous l’aisselle de la jeune fille, lui caressa les joues des ses lèvres.
    Comment trouvez-vous ma chambre ? Elle est simple. Jamais cependant elle ne fut si belle ; vous lui manquiez. C’était le vase à fleurs vide… Vous êtes le bouquet d’amour qui l’ornez.

  • Oh ! le flatteur.
  • Que dire d’intéressant sans parler de vous. Et comment ne pas flatter ce que l’on aime ?
  • Il se laissa tomber près d’elle, puis il la pris sur ses genous. Il chercha quelque chose à fire ; il ne trouva rien. Alors il comprit qu’il valait mieux se taire, que l’heure était venue du silence plus loquace que nul autre. Il la pressa contre lui, chercha sa gorge, son oreille et sa bouche tremblante. René trouvait une rose où sa langue allait puiser une liqueur printannière. Avec une douceur cauteleuse il défit un à un les crochets du corsage et découvrit le sommet des seins dormant leurs nez roses sur la chemise enrubannée. Il les caressa tous deux, les prit chacun leur tour dans sa main, joua avec les extrémités. Ils semblaient si frais qu’il voulut y goûter. Il approcha ses lèvres, les suça dévotieusement comme un bébé.
    Jeanne ne disait rien. La tête appuyée sur l’épaule du jeune homme, elle fermait les yeux, égarée sans doute dans quelque rêve étrange, inconnu de son esprit vierge.
    René s’enhardit. Quand il se fut rassasié des seins mignons, il glissa sa main sous les jupes, les long des mollets et des cuisses. Là, entre les bas et le pantalon, il trouva un coin de chair. A ce contact, la jeune fille poussa un léger cri, elle s’efforça de rabaisser ses jupes, d’écarter la main de René. Mais celui-ci la pressa contre lui, chercha ses lèvres, emprisonna sa langue avec la sienne. Elle se tut, vaincue.
    Triomphant, il continua sa conquête amoureuse. D’un coup sec, il fit sauter le bouton du pantalon, tira délicatement la chemise. Il sentit enfin la chair nue, brûlante. Une chair sur laquelle il promena ses doigts avides de connaître les contours bien accentués, dun poli duveté. Il caressa le ventre, le nombril où il appuya son index, puis plus bas, ses doifts se plongèrent dans des toufffes épaisses, légèrement humides.

  • Oh ! René, laissez-moi, je vous en pris, murmura-t-elle, sans chercher à se défendre.
  • Je t’aime, Jeanne. Laisse-moi t’aimer ?
  • Il la sentair qui s’énervait de désirs à ses chatouillements. Son cerveau brpulait. La posséder de suite. Elle s’agitait sur ses genoux et soupirait à son oreille. QUand il jugea le moment propice d’une futile résistance, il l’emporta sur le canapé et l’étendit sur le dos. Il se coucha sur elle de tout son long, chercha encore sa bouche, sa langue. La ceinture tomba sur le bois du meuble ; il retroussa les jupes, essaya de descendre le pantalon, mais celui-ci restait accroché au corset. Il ne put y parvenir, embarrant ses mains malhabiles et pressées dans d’innombrables lacets. Il se redressa pour voir plus clair, furieux de cet obstacle ridicule. Alors Jeanne se défendit vivement. Elle eut honte de se trouver ainsi entre les bras du jeune homme. Elle voulut se lever.

  • René, laissez-moi où je ne reviendrai plus ; je ne vous reverrai jamais.
  • Défais ces liens, Jeanne, où je les casse.
  • Vous êtes méchant, laissez-moi ; je vous en prie.
  • En voilà des ficellements extraordinaires. Jeanne, défais-les. Je vais déchirer.
  • Méchant, tu es méchant. Tu ne me reverras plus.
  • Allons donc, reprit-il, haussant les épaules.
  • Devant son air penaud elle se mit à sourire.
    Fébrilement, il explorait les attaches et découvrait enfin l’épingle de sureté malencontreuse. Elle emprisonnait ses mains, le repoussait, remuait les jambes, le suppliait toujours. L’épingle roula sur le rapis. Le pantalon glissa découvrant un ventre blanc et ferme, la base ombrée de poils blonds.
    De nouveau René se pencha sur elle, lui prit la bouche. Elle lutta avec ruse. Heureuse de demi-bonheurs, repoussant les ardeurs qui lui faisaient mal. Elle refusa de se donner. Ce fut lui le vaincu, qui chercha soudain sa bouche dans un spasme trop hâtif et vain, imprimant un « je t’aime » en une morsure sanguinolente. La jeune fille avait tressailli du bonheur de l’aimé ; elle l’avait serré fortement dans ses bras ; une sensation étrange la pénétra. Elle ne se débattit plus, l’approchant au contraire en attouchement plus direct, puis le berça de ses baisers pendant le repos qui suit la complète jouissance. Elle souriait heureuse, aimat de tout son coeur, ne se souvenait de rien. Son triomple de vierge ignora la pudeur.

  • Tu ne m’aimes pas, lui dit-il doucement.
  • Si, tu le sais bien.
  • Elle souriait. Une franche gaieté volutait de tout son corps. Ses deux bras la suspendaient câline au cou de son ami.

  • Mauvaise mignonne, vous reviendez demain ?
  • Peut-être… si je peux… attendez-moi
  • Il la redonduisit jusqu’à l’entrée de sa rue et lui envoya du bout des lèvres un baiser, alors qu’agile elle disparut.

    A cinq heures le lendemain elle frappait à sa porte ; René s’empressa de la recevoir d’abord dans ses bras et de lui offrir un bouquet de baisers. Ils s’installèrent encore dans le grand fauteuil. Elle se laissa câliner sur ses genoux. Il renouvela ses caresses les plus curieuses, les plus passionnées. Puis il l’emporta sur le lit, en l’arche des rideaux. Près d’elle, il lui conta mille petites choses tendres, pendant qu’insensiblement il la déshabillait. Bientôt elle n’eut plus que sa chemise brodée à faveurs bleues. Les seins jaillirent hors la dentelle. Ils se cachèrent dans les draps. Leurs jambes se mêlèrent. Il appuya le corps nu de l’aimée contre le sien. Leur respir se confondit. La chair battait contre la chair. Elle lui répétait son amour, cherchait avec une ardeur insatiable sa bouche, sa langue caressante. Elle-même tendait sa poitrine aux suçons, tout son corps aux baisers avides. Elle s’offrit.

    Quand il l’eut prise avec précausion des pleurs mouillaient ses yeux. René avant endendu ses cris étouffés de la souffrance du premier bonheur d’amour. Il la consola de sa tendresse.

  • Je t’ai fait mal ?
  • Oh ! oui, méchant.
  • Tu m’en veux ?
  • Non, mon loup. Je t’aime.
  • Elle devenait de plus en plus câline. Sa pudeur primitive était morte. Entre les doigts de l’amant elle savourait l’exquise sensation d’être choyée. La chair jusqu’en son intimité avait faim d’être pétrie. Ses lèvres connurent l’homme. Elle le voulait plongé en unlacis de caresses nouvelles, inaugurant une science inconnue qui s’apprend toujours une fois apprise.
    Au tic tac de la pendule coulait leur calme érotisme, un érotisme enfantin d’une saveur plein de curiosité. Sept heures sonnèrent.

  • Déjà, s’écria-t-elle, je suis en retard. Tu vas me faire gronder.
  • Reste encore, Jeanne
  • Elle l’embrassa follement, lui mit le museau rose de ses seins sur les lèvres.

  • Dis-leur bonsoir.
  • Et elle s’habilla vite, passant vertigineusement, jupes, bas, corset, robe en un froufrou ravissant.

  • A demain, Jeanne
  • N’es-tu pas le maître, maintenant ?
  • Les draps traînaient. Des taches de sang semblaient des fleurs de cire rouge.
    Elle rougit.

  • J’ai signé mon esclavage avec mon sang.
  • Chérie, je serai le meilleur des amants.
  • Et moi la plus gentille des maîtresses.
  • Bonsoir, Jeannette. Tu auras de jolis rêves. Vois-tu l’on est véritablement heureux lorsqu’on est débordé par la joie d’aimer. L’ennui ne vient jamais s’asseoir aux chevets de ceux qui s’attendent avec confiance. L’unique souffrance est que l’on juge trop bien l’inutilité de l’alentour.
    Il la prit dans ses bras.

  • A bientôt. Je t’aime de tout mon coeur. Jeanne, il arrivera sous peu que je te conserverai avec moi. Nous habiterons ensemble. Nous aurons le jour et la nuit pour nous aimer.
  • N’en demandons pas tant. Mes parents…
  • Vouloir, c’est pouvoir. Qu’avez-vous à attendre d’eux maintenant, sinon la perpétuelle barrière à vos désirs, à votre amour, le tyrannique égoïsme du bourgeois qui défend sa fille aux appels légitimes de ses sens. Pour vous, la famille, c’est la haine, la rancune, la lutte insupportable, la mauvaise écurie que l’on doit fuir pour le palais du bonheur où l’hôte aimé vous attend les bars ouverts, aux sons des cloches joyeuses de la liberté. Les abandonner, c’est reprendre votre droit à la vie, élargir votre essor vers l’horizon du renouveau, c’est pénétrer dans le jardin embaumé d’ivresses, fleuri de caresses, sarclé d’espoirs, le jardin inconnu de votre âme que l’amour dévoilera à vos yeux éblouis, à votre coeur fasciné, en ses moindres détails, et vous y goûterez la paix céleste en entendant chanter les sources.

    Ludovic Garnica de la Cruz. Nantes la brume. 1905. Numérisation Odile Halbert, 2008 – Reproduction interdite.

    Odile Halbert – Reproduction interdite sur autre endroit d’Internet Merci d’en discuter sur ce blog et non aller en discuter dans mon dos sur un forum ou autre blog.

    Echange de prés à Sceaux, Maine-et-Loire, 1634

    Je suis toujours à la recherche de liens éventuels entres les Boureau, car un Boureau donna les Boreau dont je descends comme une multitude d’autres…
    Cette fois, j’ai un Pierre Boureau ayant des biens à Sceaux, donc assez proche de Champigné, où sont les miens…

    L’acte qui suit est extrait des Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E5 – Voici la retranscription de l’acte : Le 21 juillet 1634 avant midy, par devant nous Nicolas Leconte notaire royal à Angers, ont esté présentes establys et deument soubzmis honorable homme Pierre Boureau sieur de Versille demeurant en ceste ville paroisse Saint Pierre d’une part et Anthoine Bellin marchand demeurant au bourg et paroisse de Sceaux d’autre part
    lesquels ont faict et font le contrat d’échange et contréchange qui ensuit à scavoir que ledit Boureau a baillé audit Belin les 3/4e par indivis d’un pré clos à part de haies et fossés appellé le petit pré des petits prez près ledit bourg de Sceaux dont l’autre 1/4e appartient audit Belin, joignant tout ledit pré d’un côté la pièce de terre appellée la Couldraye audit Boureau appartenant d’autre costé la pièce de terre appartenant audit Belin abouttant d’un bout la pré de la curé de Sceaux et les héritiers feu messire de Poyfroger vivant docteur en médecine en ceste ville, et d’autre bout au chemin dudit Sceaux au village des Ribaudières
    et en contréchange ledit Belin a baillé audit Boureau un petit pré clos à part appellé Champferré en ladite paroisse de Sceaux aussi clos à part de hayes et fossez joignant d’un costé une pièce de terre appartenant à Robert Malaboeufs d’autre costé un clotteau de terre appartenant à le veuve et héritiers Pierre Mahé abuttant d’un bout la vigne desdits héritiers Froger et d’autre bout le chemin dudit bourg de Sceaux à l’étant de Combault – Item un autre petit pré aussi clos à part appelé le pré du Pasty de la Barre en ladite paroisse de Sceaux joignant d’un costé un clotteau de terre appartenant à Mathurin Loyseau d’autre costé et d’un bout au pasty de la Barre et d’autre bout une autre pièce de terre appartenant audit Jan Froger tout ainsi que lesdites choses avec leurs appartenances et dépendances tant hayes et fossez que autres droits en dépendant sans aucune réservation en faire pour par eux en jouir et disposer respectivement comme de leurs autres biens et choses
    ce présent contrat d’échange et contréchange fait pour par lesdites parties tenir lesdites choses du fief ou fiefs dont elles relèvent aux cens rentes charges et debvoirs seigneurieux et féodaux entiens (anciens) et accoustumés que lesdites parties n’ont pu déclarer de ce faire interpellés suivant l’édit du roy, lesquels debvoirs ils payeront à l’advenir chacun pour ce qui lui appartient et luy est demeuré par le présent contrat et s’entre acquitteront les debvoirs du temps passé aussi chacun pour ce qu’il a baillé demeurant tenu ledit Belin de payer les ventes dues en vertu et pour raison du présent contrat tant en son acquit que dudit Boureau auquel il en fournira acquit au pied de la grosse dudit contrat par ce que du tout ils sont demeurez d’accord et tout ainsy voulu stipullé et accepté tellement que audit contrat d’eschange et conteschange et ce que dit est tenir garder et entretenir et aux dommages ils se sont respectivement establis soubzmis et obligez renonçant etc
    fait audit Angers maison de nous notaire en présence de noble homme Me Charles Froger advocat en ceste ville et Jacques Janvyer praticien demeurant audit Angers tesmoins

    Cette image est la propriété des Archives Départementales du Maine-et-Loire. Je la mets ici à titre d’outil d’identification des signatures, car autrefois on ne changeait pas de signature.
    Odile Halbert – Reproduction interdite sur autre endroit d’Internet Merci d’en discuter sur ce blog et non aller en discuter dans mon dos sur un forum ou autre blog.

    Journal d’Etienne Toisonnier, Angers 1683-1714 (1702)

    Numérisation par frappe du manuscrit : Odile Halbert, mars 2008. Reproduction interdite.
    Légende : en gras les remarques, en italique les compléments – Avec les notes de Marc Saché, Trente années de vie provinciale d’après le Journal de Toisonnier, Angers : Ed. de L’Ouest, 1930

  • Le 2 janvier 1702 se fit l’ouverture du grand jubilé par une procession générale de l’église cathédrale en celle de St Aubin où Mr Lepelletier évêque d’Angers célébra la messe pontificalement sous le pontificat du pape Clément XI. Il doit durer deux mois et finir par une procession générale comme la 1ère ; il a été en même temps ordonné pour la campagne. En même temps s’est fait la mission fondée par feu Mr Subleau pour 30 capucins qui ont prêché et confessé pendant le cours du jubilé.
  • Le 14 (janvier 1702) mourut la femme de Mr Denys Guilbault avocat, avant veuve du sieur Audiau bourgeois ; il y a des enfants des deux mariages.
  • Le 15 (janvier 1702) mourut Mr Dupont avocat ; il fut enterré le lendemain dans l’église Sainte-Croix
  • Le 23 (janvier 1702) Mr de la Galaizière Boylesve épousa la fille de feu Mr Chotard de la Grellerie et de la demoiselle Tessier
  • Le 31 (janvier 1702) Mr Gouin avocat fils de feu Mr Jean Gouin, aussi avocat, épousa la fille du Sr Lusson fermier et de Anne Hullin, en l’église de la Trinité.
  • Le 8 février 1702 Mr Falloux élu en l’élection de cette ville épousa la fille de Mr Boisard de Marolle gentilhomme servant chez le roy et de la défunte dame Lefebvre de la Guyverderie
  • Dans ce même temps mourut la femme du Sr de Lépinière Boisard ; elle s’appelait du Planty Frain, fille de feu Mr du Planty Frain assesseur en l’élection et de la dame Boisard.
  • Le 13 (février 1702) Mr de Pantigné Rousseau, fils de Mr de Pantigné Rousseau, conseiller honoraire au présidial et de la défunte dame Butin, se fit installer dans la charge de conseiller audit présidial, cy-devant remplie par Mr Hameau du Marais
  • Le 30 mars 1702 mourut madame Eveillard veuve de feu Mr Eveillard président à la prévôté ; elle fut enterrée en l’église de St Michel du Tertre ; elle s’appelait de la Roche Avril ; elle a laissé trois garçons et une fille ; le premier est chantre de St Pierre, le 2e conseiller au Parlement de Bretagne, et le 3e est officier d’armée ; la fille a épousé Mr Gilles de la Bérardière.
  • Le 5 avril (1702) mourut Mr Blanchet de la Martinière, avocat ; son fils aîné est conseiller au siège de la prévôté vérificateur des défauts ; sa fille a épousé Mr Huslin de la Poissonnerie escuyer.
  • Le 18 (avril 1702) mourut mademoiselle Paunetier fille, âgée de 60 ans ; elle avait beaucoup de dévotion et de mérite, bienfaisante aux pauvres.
  • Le 26 (avril 1702) mourut Mr Macé, prêtre, docteur en théologie et chanoine de St Maimbeuf, âgé de 57 ans. Il avait beaucoup de mérite.
  • Le 1er mai 1702 Mr Toublanc de la Richelière docteur aggrégé en l’université des droits de cette ville et le sieur Bouchard marchand droguiste furent élus échevins à la place du Sr Mabit bourgeois et du Sr Buret marchand
  • Le 2 (mai 1702) mourut Delle Françoise Guillot, fille, âgée de 62 ans, sœur de ma femme ; elle était d’une grande simplicité.
  • Le 4 (mai 1702) mourut Mr de Grée Poulain, Sr de Vaujoie, mari de la fille de Mr de Changé Nicolon, assesseur en l’hôtel de ville, dont il a laissé deux enfants.
  • Le 5 (mai 1702) mourut la femme du Sr Favrie, préposé pour le recouvrement des finances et taxes imposées sur les officiers ; elle était fille de Mr Cochon avocat ; elle a laissé deux enfants.
  • Dans ce même temps mourut le Sr Denys Malville, greffier au présidial.
  • Le 22 (mai 1702) mourut Mr de Pantigné Rousseau, conseiller honoraire au présidial. Il avait épousé la fille du feu Sr Butin, greffier au criminel, duquel mariage sont issus un fils conseiller au présidial, un fils chanoine en l’église d’Angers et une fille mariée avec Mr de la Porte conseiller au présidial. Il y a encore d’autres enfants.
  • Le 29 (mai 1702) Mr Charlot des Loges, fils de Mr Charlot, escuyer, sieur des Loges et de la dame Deschamps, fut insitallé dans la charge de président au présidial cy-devant remplie dignement par Mr Gohier.
  • Le 30 (mai 1702) la fille de Mr Bruneau, avocat, et de la Delle Trochon, épousa le fils du feu Sr Destriché, bourgeois, et de la Delle Chaillant.
  • Le même jour, le sieur Boussac, épousa la Delle Dupont, fille du Sr Dupont, monnayeur, et de la Delle Baillif
  • Le 4 juin 1702 mourut la veuve de feu Mr Boylesve de la Galaisière ; son fils aîné est curé de Liré en Bretagne (sic), un cadet a épousé la Delle Chotard de la Grelleraye et une fille est veuve de feu Mr de Pincé Brulon.
  • Dans ce même temps mourut le sieur René Raffray, l’un des administrateurs de l’hôpital général de cette ville, où il était attaché depuis 20 ans avec beaucoup de zèle et d’affection, et cy-devant notaire royal en cette ville. Il n’a point laissé de postérité ; sa femme s’appelle de Fresne.
  • Le 10 (juin 1702) Mr René Pasqueraye, fils de Mr René Pasqueraye, avocat, plaida sa première cause contre moi, où je plaidais avec beaucoup de succès grâce à Dieu.
  • Le 12 (juin 1702) mourut la femme de Mr de Loubes de l’Ambroise écuyer ; elle s’appelait Moreau, fille de feu Mr Moreau notaire et de la dame Nouleau.
  • Le même jour mourut la femme du sieur du Perry Romain bourgeois ; elle s’appelait Duport.
  • Le 13 (juin 1702) mourut Mr Boucault de la Houssaie, doyen des conseillers au présidial.
  • Le 26 (juin 1702) Mr Volaige de Vaugirault conseiller au présidial épousa la fille de Mr Gandon, cy-devant lieutenant des eaux et forêts et de la Delle Chatelain.
  • Le 27 (juin1702) Mr Ayrault, avocat et fils de feu Mr Ayrault, sénéchal de Vihiers et de la Delle … épousa la fille du Sr Buret marchand, à présent juge consul et de la dame …
  • Dans ce même temps, le Sr Grézil des Ambillons, fils du Sr Grézil et de la Delle Nail, épousa la fille du sieur Marchais et de la Delle Saget.
  • Le 4 juillet 1702 mourut la femme du feu sieur Garciau, commis greffier au présidial ; elle s’appelait Jeanne Gaufestre ; elle a laissé plusieurs enfants ; son fils aîné greffier aux appellations, a épousé la fille du feu Sr Dupré Me chirurgien à Château-Gontier, une fille mariée avec le Sr Paytrineau cy-devant marchand de soie.
  • Le 11 (juillet 1702) Mr de la Béraudière de Maumusson, escuyer, épousa la fille de Mr Davy du Mottay et de la Delle Chotard.
  • Le 17 (juillet 1702) Mr Boguais de la Boessière, asseseur en l’élection de cette ville, fils de défunt Hector Boguais, marchand, et de Delle Sébastienne Guillot, épousa la fille du feu sieur de la Tousche Pasqueraye, bourgeois, et de la Delle Verdier.
  • Le 18 (juillet 1702) mourut la femme de feu Mr du Hardaz, avocat ; elle s’appelait Grudé ; elle a laissé deux filles, la première a épousé Mr André Gontard, avocat, et la cadette Mr Benoist Pasqueraye aussy avocat.
  • Le 19 août 1702 Mr Baudry, fils de Mr Baudry, bourgeois, et de la défunte Delle Bault, fut installé en la charge de conseiller au présidial cy-devant remplie par Me Maussion.
  • Le même jour mourut la femme du feu Sr Pasqueraye Me chirurgien en cette ville ; de son mariage sont issus Mr Pasqueraye avocat et la femme du Sr Esnault droguiste ; elle s’appelait Martin.
  • Le 24 (août 1702) mourut la femme du feu Mr Bault de Baumont ; elle a laissé deux garçons ; l’aîné a épousé la fille du feu Sr de la Marre Duport et de la Delle Grudé ; elle s’appelait Guilbault de la Boulaizière.
  • Le 29 (août 1702) Mr de Pantigné Rousseau, conseiller au présidial, fils de feu Mr de Pantigné Rousseau, aussy conseiller, et de la défunte dame Butin, épousa la fille du Sr Béguyer et de la défunte Delle Thibaudeau.
  • Le 30 (aôut 1702) mourut Mr Antoine Gasté cy-devant avocat au siège présidial et procureur du roy de l’hôtel commun de cette ville ; sa vie a été bien tracassée et il est mort de chagrin.
  • Le 9 septembre 1702 mourut la dame Rousseau de Millieu âgée de 30 ans ; elle s’appelait de Villemorge ; elle a laissé des enfants.
  • Dans ce même temps la fille de feu Mr d’Orvaulx de la Beuvrière et de la dame Letourneux épousa Mr de Bossard.
  • Le 16 (septembre 1702) mourut Mr Bernard, avocat ; il n’a point laissé de postérité ; sa femme s’appelle Bertelot.
  • Le 19 (septembre 1702) Mr de la Barre Bernard, fils de Mr Bernard, conseiller honoraire au présidial et de la dame Bodeau de la Beunoche, épousa la fille de feu Mr Hernault de Montiron, conseiller audit présidial et de la dame Pinard.
  • Au mois d’octobre 1702 mourut la femme du feu sieur Trioche de la Bétonnière ; il y a plusieurs enfants de leur mariage ; elle s’appelait Renard
  • Le 4 novembre 1702 mourut la femme du sieur Buscher, notaire royal ; elle s’appelait de la Haye ; de leur mariage est issue une fille mariée avec le sieur Quelier de Marcé, lieutenant de Mr le prévost.
  • Le 8 (novembre 1702) mourut à Beaupreau Mr François Raymbault de la Foucherie, maire de cette ville, élu le 1er mai dernier. Il en avait rempli les fonctions pendant plusieurs années en qualité de maire perpétuel, ayant traité de la charge érigée en titre mais ayant été remboursé, il a été continué pour 4 ans afin de s’acquérir la noblesse. Il a ordonné par son testament que son corps soit enterré dans l’église de Notre Dame de Beaupreau afinde ménager à la ville les grands frais qu’il aurait convenu faire si son corps avait été apporté en cette ville, comme il arriva en 1628 à l’occasion de l’enterrement de Mr du Martray Barbot avocat décédé maire, qui coûta à la ville plus de 8 000 livres. Le cœur de Mr de la Foucherie fut apporté en cette ville et mis dans le mur du chœur de l’église de St Michel du Tertre. La vigile, toutes les cloches de la ville sonnèrent à 7 heures du soir, à la réserve de celles de l’église cathédrale au refus du chapitre. Mr Lepelletier évêque d’Angers fit la cérémonie ; toutes les compagnies y assistèrent ; un prêtre de l’Oratoire fit son oraison funêbre ; toutes les communautés y vinrent chanter le marin un subvenite ; l’église était tendue en noir avec les armoiries de la vielle et du défunt ; il y avait des bandes de velours sur le drap noir ; le cœur était sous un dais avec des cierges blancs et noirs en grande quantité ; cette cérémonie a coûté 100 pistoles à la ville. Mr de la Foucherie avait un cœur plein de douceur et de charité et a été regretté de tout le monde ; il avait été longtemps à Rome banquier, où il avait amassé de gros biens. Il vint en cette ville où il épousa sa nièce Delle Jacquine Couraut fille des défunts Sr Couraut de Pretiat bourgeois, et de la Delle Raymbault, en conséquence de dispence de deux papes. (Note de Marc Saché : François Raimbault, sieur de la Foucherie, baptisé le 5 juillet 1641, avocat au présidial, banquier en cour de Rome, fut le premier maire perpétuel d’Angers nommé en vertu de l’édit d’août 1692 et installé le 20 avril 1693. Il avait acheté l’office 50 000 livres aux gages de 2 000 livres par an, plus 10 543 livres pour le paiement des droits royaux, les frais de provision et d’installation que la ville lui remboursa. Il fut prorogé dans ses fonctions lorsqu’en 1702 la mairie fut redevenue élective. Il fut élu le 1er mai de cette année même. Sa pierre tombale fut retrouvée en 1863 et son épitaphe fixe la date de son décès au 7 novembre 1702. Fils de Michel R. de la Foucherie, avocat au Parlement, il avait épousé, le 13 octobre 1692, sa nièce, Jacqueline, fille de n. h. Antoine Courau de Pressiat, sieur de la Roussière, et de Jeanne Raimbaud, sa propre sœur. Nous possédons deux jetons différents de ses mairats, l’un de 1696, l’autre de 1700 – Voir Registre du Présidial, p. 159 ; C. Port, Dictionnaire, t. III, p. 220 ; A. de Soland, Bulletin historique et monumental, années 1859-1860 pp. 76, 177 ; Adr. Planchenault, Jetons Angevins, p. 289 ; Gontard de Launay, Recherches sur les familles de maires d’Angers, t4 ; état civil de St Michel du Tertre)
  • Le 13 (novembre 1702) le sieur Vilson, fils d’un couvreur d’ardoise à Durtal, épousa la fille de défunt Mr Gasté, écuyer, avocat au présidial, et cy-devant procureur du roy de l’hôtel de ville et de la demoiselle Noirault ; on dit qu’il est riche des bienfaits d’une dame de qualité de Paris.
  • Le 15 (novembre 1702) Mr Cupif avocat fils de feu Mr Cupif, aussi avocat, et de la Delle Dootel, épousa la fille du feu Sr Urbain de Beauvais et de la Delle Lechamp.
  • Le même jour mourut le sieur Coquilleau de la Blestrie ; il avait épousé la Delle Davy, dont sont issus plusieurs enfants.
  • Le 21 (novembre 1702) Mr de Boumois Berthelot, fils de Mr de Boumois Berthelot, auditeur des comptes à Nantes, et de la feue dame Poisson, épousa la fille de Mr Lebloy, docteur régent ès droits en l’université de cette ville et de la feue Delle Gontard.
  • Le 22 (novembre 1702) mourut Mr du Boulay Chevaye gentilhomme ordinaire chez le roy, à sa maison de campagne près la ville de Beaufort ; il avait épousé la fille de feu Mr Poisson premier apothicaire du roy.
  • Le 24 (novembre 1702) mourut Mr Gilles Guilbault avocat âgé de 78 ans ; il a laissé plusieurs enfants entr’autres Mr Claude Guilbault aussy avocat.
  • Le même jour mourut le sieur Portier notaire royal.
  • Le 27 (novembre 1702) mourut la femme de feu Mr Gaultier de Chanzé, conseiller au présidial ; elle s’appelait Françoise Renou. De leur mariage est issu Mr Gaultier doyen de St Martin, Mr Gaultier de Landebry conseiller de l’hôtel de ville, et une fille décédée femme de Mr Boylesve de Goismard conseiller au présidial.
  • Le 16 décembre 1702 mourut la femme de Mr Baudry l’aîné, conseiller au présidial, âgée de 25 ans ; elle a laissé trois enfants ; elle était fille de feu Mr Paulmier avocat et de la Delle Ménard.
  • Le 13 prédécent mourut Mr François Babin, avocat au présidial, âgé de 89 ans, doyen de Mrs les avocats ; son fils aîné est chancelier de l’université et Me école ; il a laissé un autre fils prêtre et plusieurs autres enfants.
  • Le 16 (décembre 1702) mourut Mr Avril de Pignerolle Me de l’académie, âgé de 50 ans
  • Cette année, les grains ont été assez en abondance ; ily a eu peu de vin et peu de fruits.
  • Numérisation par frappe du manuscrit : Odile Halbert, mars 2008. Reproduction interdite.
    Légende : en gras les remarques, en italique les compléments – Avec les notes de Marc Saché, Trente années de vie provinciale d’après le Journal de Toisonnier, Angers : Ed. de L’Ouest, 1930
    Odile Halbert – Reproduction interdite sur autre endroit d’Internet Merci d’en discuter sur ce blog et non aller en discuter dans mon dos sur un forum ou autre blog.

    Mémoire d’Avent, l’oeuvre clandestine d’un Angevin à Saint-Julien-de-Concelles 1794-1802 : René Lemesle – Annexe 3 : interrogatoires

    (C) Editions Odile HALBERT
    ISBN 2-9504443-1-8

    VOIR LE SOMMAIRE

      Si vous souhaitez discuter de cet ouvrage, merci de le faire ici et non sur d’autres forums ou blogs. Merci d’avoir un peu de respect pour mon travail, car lorsque vous discutez ailleurs (c’est à dire dans mon dos) vous faîtes tourner les détenteurs des autres blogs ou forums.

    Extraits de jugements de Concellois à Rennes en nivose an II. Commission O’BRIEN du 26.12.1793 AU 14.01.1794 (Ad35 série L)

  • Pierre Charbonnier
  • le dit jour a été amené de suite devant la commission militaire un particullier faisant partie de ceux amenés hier par la garde nationale de Saint-Aubin lequel interrogé de son nom âge demeure et profession répond s’appeler Pierre Charbonnier de Saint-Julien-de-Conseil district de Clisson agé de 23 ans profesion marchand de vin en gros.

      D. Pourquoi avez-vous quitté votre commerce ?

    R. Parce que la révolution est venue en notre pays et que l’affluence de Brigands enlevait le débouché de Nantes.

      D. Etes vous marié et avez vous de enfants ?

    R. Je suis marié mais à moins que ma femme n’ait accouché depuis mon départ …. je n’ai pas encore d’enfant.

      D. Qui vous a fait suivre l’armée rebelle ?

    R. Deux allemands qui vinrent jurer après moi et me menacèrent de me tuer.

      D. Comment entendiez vous leur langage ?

    R. C’est par les jurements que je les comprenais.

      D. Ou avez vous passé la Loire ?

    R. A Ancenis et j’ai voulu me sauver depuis mais je n’ai pas pu.

      D. Connaissez vous les Fonteneau … Julien-Joseph. Et avait-il quelque poste dans l’armée rebelle ?

    R. Je les connais bien peu ils s’appellent Fonteneau mais ils n’avaient point de poste dans l’armée. Il y avait plus de quinze jours que nous avions pris le poste de nourechape.

      D. D’ou vous vient ce pantalon rayé ?

    R. Il vient de chez nous. J’en ai trois que j’ai tous apportés de chez moi, je n’ai jamais fait de mal à personne, j’au eu cinquante francs en argent que j’ai décaissé excepté dix huit francs en argent et cent sous en assignats que j’ai reçu à la garde de St Aubin

      Q. Comme vous marchiez nuit et jour trois culottes devaient bien vous géner ?

    R. Nous ne marchions que la nuit.

      Q. Vous êtes cependant arrivés à Laval à sept heure du matin.

    R. L’armée du Poitou allait toujours devant, je n’étais que de l’armée qui marchait derrière.

      Q. Avez-vous quelques patriotes de votre connaissance à Nantes qu puissent répondre de vous ?

    R. Oui, surement, les citoyens Dumesnil, gendarme, César, la veuve Daviaud et ledit Manceau et Dellier marchand de vin

      Q. Quelques uns de vos camarades ont eu des pantalons à Fougères que les chefs leur ont donné

    R. Je n’en sais rien, je n’en ai point

      Q. Avez-vous bien tiré des coups de fusil ?

    R. Je ne me suis jamais trouvé au feu

      Q. Ce n’est donc pas de bonne volonté que vous avez marché avec l’armée rebelle ?

    R. Non, assurément, et je voudrais qu’ils m’eussent coupé le cou.

      Q. Pourquoi n’avez-vous pas cette fermeté chez vous ?

    R. Enfin, citoyen, si la plus grande partie de l’armée savait que la nation leur ferai grâce il en déserterait plus de vingt mille.

      Q. Etiez-vous de la garde nationale chez vous et avez vous payé vos contributions ?

    R. Il n’y avait pas de garde nationale et j’ai payé quarante quate écus

      Q. Avez-vous vous fait un don patriotique ?

    R. Je ne suis pas assez riche

    Tels sont ses dites qu’il a affirma véritables

  • Joseph Aguesse
  • Le même jour et de suite, a été amené devant la commission militaire un des vingt trois particuliers arrétés par…

      Q. interrogé de son nom, âge, demeure et profession

    R. répond s’appeler Joseph Aguesse, âgé de quarante sept ans, Julien-de-Conseil, laboureur et pêcheur, marié à Marie Bouyer, un enfant.

      Q. d’où veniez-vous et d’avec qui ? Pourquoi avez-vous été arrêté auprès de Gahard ?

    R. je venais de Dol, de l’armée des rebelles qui m’avaient forcé de marcher avec eux, il y a quatre semaines et m’avaient donné un fusil à Dol et trois cartouches. Ils m(ont forcé de les suivre.

      Q. Avez-vous de l’argent ?

    R. J’en avais que trois livres que les gardes nationales qui m’ont arrêté m’ont tout pris

      Q. Quel motif avez-vous à donner pour votre justification et pourquoi dans votre paroisse n’avez vous pas cherché à rallier votre commissaire pour combattre les brigands ?

      Pierre Goheau

    Le même jour et de suite a été amené devant la commission militaire

      Q. interrogé de son nom, âge, demeure et profession

    R. répond s’appeller Pierre goho, âgé de vingt trois ans, de St Julien de Conseil, pêcheur

      Q. d’où veniez-vous et d’avec qui veniez vous quand vous avez été arrêté par les patriotes de Sens

    R. nous venions de Dol, de l’armée des Brigands

      Q. pourquoi et depuis quand étiez-vous dans l’armée rebelle et qu’y avez-vous été faire ?

    R. il y a environ un mois qu’ils me forcèrent de les suivre

      Q. pourquoi ne vous êtes vous pas échappé plus tôt

    R. je ne l’ai pu

      Q. aviez-vous un fusil ?

    R. oui, ils m’en donnèrent un à Fougères et il n’a jamais été chargé d’une part, et je ne m’en suis pas servi

      Q. quelle paye aviez-vous et comment viviez-vous ?

    R. nous n’avions point de paye et nous vivions d epain que nous pouvions attraper à la porte des boulangers

      Q. en vos forçant de marcher, c’était sans doute pour combattre pour Louis dix sept ? et pour la religion ?

    R. je n’allais point pour combattre et je trouve la religion du citoyen aussi bonne que celle qu’ils appellent catholique

      Q. Avez-vous vu quelqu’un à leurs combats ?

    R. non, nous étions à l’arrière garde et l’armée de M. Stoufflet qui combattait, allait toujours devant

      Q. savez-vous qu’il y a une loi qui condamne à mort ceux qui ont marché dans cette armée ?

    R. je ne connaissais pas cette loi et d’ailleurs j’ai été mené de force

      Q. pourquoi restiez-vous dans votre paroisse pendant que les brigands y étaient et pourquoi n’alliez vous pas à Nantes comme l’ont fait quelques patriotes ?

    R. ceux-là étaient rendu à Nantes avant la révolution comme Sauvêtre pêcheur

      Q. vous avez aidé à passer la canon de l’armée rebelle ?

    R. non, je n’ai pas aidé

      Q. en ont-ils passé beaucoup ?

    R. je pense environ cinquante

      Q. savez-vous où allait l’armée quand elle a passé la Loire et retournait-elle pas dans la Vendée ?

    R. je n’en sais rien, ils ne nous disaient pas leurs desseins

      Q. avez-vous les massacres que les rebelles ont commis sur leur route ?

    R. oui, j’ai vu de bons citoyens tués à Dol, Fougères. Ils avaient des habits bleus à parement rouge

      Q. connaissez-vous Joseph Fonteneau et avait-il un grade dans l’armée ?

    R. je ne l’ai connu que depuis Retier et je ne sais s’il avait un grade dans l’armée telles sont ses déclarations qu’il a affirmé véritables après lecture ….
    signé Pierre Goheaud

  • Laurent Pouponneau
  • a dit s’appeler Laurent Pouponneau, âgé de vingt six ans de St Julien de Conseil, batelier sur la Loire, garçon

      D. d’où veniez-vous et d’avec qui veniez-vous quand vous avez été pris par les patriotes ?

    R. Je venais de Dol de l’armée des rebelles, j’y avais été mené pour servir de nombre car je n’avais pas dessein de faire de mal. Il y hier quatre semaines que j’y étais et nous étions un grand nombre de ma paroisse, environ deux à trois cents. Quand les brigands qui étaient dans la paroisse sont venus chez moi, ils étaient trois qui me disaient qu’on allait tout br–ler chez nous et qu’il fallait mieux les suivre que de rester.

      Q. Vous saviez que la loi condamne à mort ceux qui aurait marché dans l’armée des rebelles, vous deviez plutot vous réunir deux à trois pour combattre les brigands car vous deviez être sur que vous auriez été pris en marchant avec eux.

    R. Nous étions forcés de marcher

      Q. Avez-vous un frère dans l’armée ?

    R. J’en ai deux ici

      Q. Etes vous parti le même jour de chez vous

    R. un de mes frères s’appelle Pierre et moi ils vinrent nous chercher en notre maison et nous forcèrent à marcher

      Q. de combien était l’arrière-garde que vous faisiez à l’armée ?

    R. d’environ mille, et il y avait encore des cavaliers derrière nous

      Q. comment marchaient les femmes et les enfants ?

    R. les uns à pied les autres en charette et il n’y a de voiture que dans celle de M. Lirot

      Q. avez-vous porté un fusil, vous en êtes vous servi pillé

    R. je n’ai fait aucun pillage . Ils m’ont donné un fusil à Fougères et de ma vie je n’en ai tué aucun

      Q. connaissez-vous à Nantes quelqu’un qui réponde de vous ?

    R. oui citoyen, le citoyen Adam marchand de grain sur l’isle Faideau, Pinaut marchand de grain, Maucion ancien juge à Saint Pierre

  • René Rousseau
  • Ledit jour a été amené devant la Commission militaire un particulier vêtu de (blanc) faisant partie des vingt trois amenés hier par les communes de Sens et autres, lequel interrogé de son nom, âge, demeure et profession, répond s’appeller René Rousseau, de Nanes paroisse de Saint-Julien-de-Concelles, district de Clisson, département de la Loire-Inférieure, âgé de quarante deux ans environ, de profession de laboureur vigneron et propriétaire

      Q. Comment vous âtes-vous trouvé dans le pays où vous avez été arrêté si éloigné de chez vous ?

    R. C’est que nous venions de Dol de quitter l’armée des rebelles et nous cherchions à gagner notre pays

      Q. Pourquoi étiez-vous avec cette armée ?

    R. C’est qu’on me menaçait de me tuer à coups de sabre.

      Q. Vous n’avez pas été de bon coeur à la suite de cette armée ?

    R. Non, assurément, c’est bien par force.

      Q. N’étiez-vous point du nombre de ceux qui ont été attaquer Nantes à différentes reprises ?

    R. Non, jamais je n’y ai été

      Q. Combien avez-vous tiré de coups de fusil depuis que vous êtes dans l’armée rebelle ?

    R. Je n’ai eu de fusil qu’à Fougères, avant je n’avais qu’une faulx et je n’ai jamais tiré aucun coup de fusil

      Q. Aviez-vous quelque marque de ralliement pendant que vous étiez dans l’armée rebelle, soit un ruban blanc, un fichu brodé et autre signe ?

    R. Je ne portais aucune marque

      Q. Connaissez vous Julien Joseph Fonteneau, Louis Fonteneau, Pierre Yves Couprie ?

    R. Non

      Q. Où étiez-vous quand les brigands vinrent vous forcer de marcher ?

    R. J’étais dans un champ à travailler

      Q. Avez-vous rentré chez vous avant de partir avec l’armée rebelle ?

    R. Oui, j’étais allé prendre une cravate

      Q. Aviez-vous de l’argent ?

    R. Oui, j’avais pris chez mois dix louis en or et vingt et une livres en argent. J’en ai encore laissé un peu plus aux mains de mon père.

      Q. Avez-vous reçu quelque paye dans l’armée ?

    R. Non, aucune paye

      Q. N’avez vous pas exercé aucun brigandage ?

    R. Non

      Q. Avez-vous ouï dire que l’armée rebelle attendait des secours sur les cotes ?

    R. Non, ils ne nous donnaient aucune connaissance

      Q. Les chefs étaient-ils durs envers vous ?

    R. Oh ! oui, ils nous suivaient de bien près et nous maltraitaient beaucoup

      Q. Ont-ils bien perdu du monde dans les batailles de Château-Gontier, Craon, Laval, Ernée, et Fougères ?

    R. Un peu, je n’en sais pas le nombre

      Q. N’avez-vous pas un mouchoir teint de sang ?

    R. Oui, j’ai saigné du nez, c’est ce qui m’arrive quand je suis enrhumé ou que je fatigue

      Q. Vous êtes donc riche puisque vous aviez tant d’argent et que vous en aviez encore laissé ?

    R. Nous avons environ trente à trente cinq rasières de vigne, ce qui rend d’ordinaire quarante à cinquante bariques de vin, et comme nous n’avions point de femmes à payer, que nous faisions du grain pour nous nourrir, cela fait que nous avions quelqu’argent.
    Ce sont ses déclarations.

  • François Limousin
  • a dit s’appeler François Limousin âgé de quarante trois ans, de St Julien de Conseil, pêcheur de prof.

      Q. d’où veniez vous et d’avec qui veniez vous quand les gardes vous ont arrêté

    R. nous venions de Dol, d’avec l’armée des brigands

      Q. avec qui aviez vous été à Dol, et pourquoi y aviez vous été ?

    R. nous avions été avec l’armée de Mr Lirot, nous avions été forcé de suivre

      Q. ce monsieur Lirot était donc bien puissant ?

    R. Il était le Commandant de tout notre pays

      Q. son armée n’était donc composée que de gardes de la compagnie ?

    R. Oui, de ceux du Loroux, Saint-Sébastien, Vertou, Saint-Julien et Haute-Goulaine

      Q. Cette armée, y avait-il longtemps qu’elle était formée ?

    R. non, elle s’était formée à Saint-Sébastien et il y a quatre semaines qu’ils nous forcèrent de la passer à Ancenis

      Q. Quel service faisiez vous dans l’armée ?

    R. Nous étions de garde après les femmes, nous n’allions point au feu et je n’ai jamais eu de fusil

      Q. Aviez-vous de l’argent ?

    R. je n’en avais qu’un écu et cinq septiers

      Pierre Lorand

    Le même jour et de suite a été amené devant nous juges de la commission militaire

      Q. interrogé de son nom, âge

    R. répond s’appeler Pierre Lorand âgé de vingt deux ans de Saint-Julien-de-Conseil laboureur pêcheur garçon

      Q. d’où venez vous et d’avec qui ?

    R. nous venions de Dol de l’armée des rebelles. Ils nous avaient forcé de les suivre, mais j’avais toujours l’intuition de m’échapper et je n’avais pu le faire plus tôt car ils m’avaient trouvé à déserter. Ils m’auraient tué.

      Q. il n’est pas croyable qu’ils vous ayent forcé de partir car dans votre pays qui y avaient resté depuis le séjour de l’armée des brigands s’étaient joints à eux

    R. Et bien je vous affirme qu’ils sont venus me chercher jusque dans une cabane de bateau.

      Q. Connaissez-vous Phelippes greffier de la municipalité de Saint-Julien ?

    R. oui, c’était un chef de la paroisse

      Q. des brigands ?

    R. oui, des brigands. Il sert dans l’armée avec son fils

      Q. était-ce lui qui commandait ceux de votre paroisse qui ont suivi l’armée ?

    R. oui c’était lui qui faisait les affaires dans leur chambre qu’ils avaient formée dans la paroisse

      Q. Connaissez-vous Julien-Joseph Fonteneau et ne commandait-il point avec Phelippes ?

    R. je ne connaissais Fonteneau que depuis Dol

      Q. avez-vous été armé d’un fusil ?

    R. non je n’ai point eu de fusil, à Laval ils m’ont donné une pique

      Q. avez-vous su qu’ils ont tué un prêtre sermenté à Laval ?

    R. Non, citoyen, je n’en rien su

  • Jean Guillocheux
  • Procédant de faite à l’interrogatoire d’un autre particulier taille daux approches de cinq pieds portant un chapeau rond de brassé sans colandes portant veste et deux gillets bleus avec un pantalonde toille, deux chemises de toille dont une plate et lautre avec jabotière banchette (sic) au bras droit, l’autre manche de la même chemise décousue et dépourvue, ayant figure maigre et alongée cheveux ronds et noirs barbe yeux sourcils de même, née gros et allongé portant marque de patite vérole bouche moyenne.

      Q. Demandé son âge

    R. a dit être daux environ de trente sept à huit ans

      Q. demandé comment il s’appelloit.

    R. a répondu qu’il s’appelloit jan guillocheux, natif de saint julien conseil, département de n’ayant pu remplir cette demande que par dire qu’il connaissoit autre administrationque clysson

      Q. demandé s’il était homme marié ou garçon

    R. a dit être marié et demeuré avant son départ à la perière susditte paroisse de saint julien et avoir un enfant femelle vivant

      Q. demandé quelle a été la cause de l’abandon qu’il avait fait de sa femme et de son enfant

    R. a répondu que l’appel de cloche appelle tocchin le lien avec ceux de son territoire pour suivre par menaces agis de la sorte l’armée ainsi formée et appellée catholique, qu’il l’a depuis l’attaque d’ancenis avoir suivie jusqu’à ce jour

      Q. demandé d’où il venait présentement

    R. a répondu venir de Daule où il a trouvé le moyen de s’évader de cette armée

      Q. demandé qui en était le commandant

    R. a dit qu’il s’appellait Stoufflet

      Q. demandé s’il s’avait qu’elle était l’intention de cette troupe

    R. a répondu qu’il croyait que c’était pour avoir un roi

      Q. demandé pourquoi il avait quitté cette armée sans en avoir aucun congé

    R. a répondu que depuis longtemps il désirait le faire, qu’il n’en avait trouvé l’occasion qu’à ce moment, qu’il n’avait pendant sa servitude tiré aucun coup de fusil, qu’en évenement qu’il se fut trouvé dans le cas de le faire, son intention était de les tirer en l’air et non sur les siens, même être depuis longtemps repentant de ses démarches.
    tels sont ses dires et ne savoir signer.

    VOIR LE SOMMAIRE

    Odile Halbert – Reproduction interdite sur autre endroit d’Internet Discussion autorisée sur ce blog.

      Si vous souhaitez discuter de cet ouvrage, merci de le faire ici et non sur d’autres forums ou blogs. Merci d’avoir un peu de respect pour mon travail, car lorsque vous discutez ailleurs (c’est à dire dans mon dos) vous faîtes tourner les détenteurs des autres blogs ou forums.