Prison pour dettes, René Lemesle laboureur à bras, Marigné près Daon, 1625

Autrefois les dettes étaient sévèrement punies.
Nous avons vu dans le dernier chapitre de Nantes la Brume, paru le 2 octobre, le suicide d’un banquier (les temps ont changé !)
et voici la prison pour dettes, et soyons claire pour dettes infimes.

Mais, dans ce cas, on était solidaire en famille. Ici, René Lemesle laboureur à bras à Marigné est emprisonné pour avoir touché 120 livres pour livrer du blé qu’il n’a pas livré. Son frère, Jacques Lemesle, demeurant à Querré, vient le faire libérer en se portant caution solidaire avec lui du remboursement.

L’acte suivant est extrait des Archives Départementales du Maine-et-Loire – Voici la retranscription de l’acte : Le mardy 21 mars 1625 après midy devant nous Pierre Bechu notaire royal Angers fut présent estably et soubsmis chacun de Maurice Edin marchand demeurant audit Angers paroisse de la Trinité au nom et comme soy faisant fort de René Alleaume marchand baptelier demeurant audit Angers dite paroisse auquel il a promis faire ratiffier et avoir agréable ces présenes dans 2 jours prochainement venant à peine de toutes pertes dommages intérests et depends ces présentes néanmoins d’une part et Jacques Lemesle laboureur à bras demeurant en la paroisse de Querré et René Lemesle son frère aussi laboureur à bras demeurant en la paroisse de Marigné près Daon à présent prisonnier ès prisons royaulx dudit Angers pour ce mandé et fait descendre en la chapelle desdites prisons d’autre part, lesquels et lesdits Jacques et René Lemesle chacun d’eux seul et pour le tout sans division de personne ni de biens confessent avoir fait et font entre eulx ce qui ensuit sur la prière et requeste présentement faire par lesdits Lemesle audit Edin de vouloir consentir à l’élargissement de la personne dudit René Lemesle emprisonné soubz son nom à défaut d’avoir par ledit René Lemesle fourni et livré audit Edin quoique soit audit Alleaume ayant les droits dudit Edin, le nombre de bled par le jugement donné par les juges civils de ceste ville le (blanc) dernier et en vertu duquel il aurait esté emprissoné, offrant lesdits Lemesle s’obliger solidairement payer audit Alleaum ayant les droits ceddés dudit Edin la somme de siw vingt livres que ledit René Lemesle auroit receue dudit Alleaume par advance sur le reste du prix dudit nombre de bled et dont il ne luy auroit fourni et livré aulcun bled pour ladite somme, leur donnant par ledit Edin audit nom et d’iceluy Alleaume terme et délay de payer ladite somme dans d’huy en 7 ans prochainement venant par chacuns ans à pareil jour des présentes la somme de 17 livres 2 sols 10 deniers et jusques à l’entier payement de ladite somme de six vingt livres icelle payée par chacuns ans,
à laquelle prière et requeste ledit Edtin audit nom a pour éviter la détention de la personne dudit René Lemesle accepté et accepté ladite offre par lesdits Lemesle faire, au moyen de quoy ont lesdits Jacques et René Lemesle solidairement sans division de personne et d ebiens promis et promettent rendre payer et bailler audit Alleaume la somme de six vingt livres dans ledit temps de 7 ans savoir par chascuns ans la somme de 17 livres 2 sols 10 deniers le premier payement commenczant savoir du jourd’huy en un an et à continuer d’an en an jusques à l’entier payement sans desroger comme dit est …

PJ Contre lettre de René Lemesle : Le 21 mars 1625, devant nous Pierre Bechu notaire royal Angers, furent présents et personnellement establis et soubzmis René Lemesle laboureur à bras demeurant en la paroisse de Marigné près Daon, lequel a recogneu et confessé que ce jourd’huy devant nous que c’est à sa prière et requête et pour lui faire plaisir seulement que Jacques Lemesle son frère aussi laboureur à bras demeurant en la paroisse de Querré à ce présent et acceptant se seroit avecq luy solidairement obligé payer à Maurisse Edin au nom et comme procureur de René Alleaume la somme de six vingt livres dans du jourd’huy en sept ans scavoir la somme de 17 livres 2 sols 10 deniers par chascuns ans à pareil jour et dabte des présentes jusques au parfait payement le premier payement commenczant du jourd’huy en un an comme du tout est porté par l’accord fait entre eux, lequel a esté par ledit Jacques Lemesle fait pour parvenir à l’eslargissement de la personne dudit René Lesmesle qui avoit esté prisonnier à la requeste dudit Edin ès prisons de ceste ville, et desquelles il a esté ce jourd’huy avec ces présentes eslargi au moyen dudit accord, et comme il est par iceluy porté, c’est pourquoi ledit René Lemesle a promis et promet par ces présentes tirer et mettre hors ledit Jacques Lemesle son frère de ladite convention et intervention payer pour le tout de ses deniers ladite somme de six vingt livres et en fournir acquits et quittances vallables de toute ladite somme di jourd’huy en 6 moix prochainement venant à peine de toutes pertes dommage et intérests et despends, à quoy faire ledit René Lemesle a voulu et consenti estre contraint par toutes voyes et manières deues et raisonnables mesme par emprisonnement de sa personne en vertu des présentes …
fait et passé audit Angers en nostre tablier en présence de Me René de Lalande et René Sallays sergents royaux et Mathurin Rigault sarger demeurant ledit Delalande audit Angers ledit Sallays au bourg de Cantenay et ledit Rigault audit Querré
Odile Halbert – Reproduction interdite sur autre endroit d’Internet seule une citation ou un lien sont autorisés.

Tromperie sur le montant des cens, rentes et devoirs féodaux, 1565, Angers

Dans les contrats de vente, vous avez sans doute remarqué un paragraphe, souvent très étonnant par son absence de données, c’est le paragraphe qui traite des impots seigneuriaux et féodaux, ancêtre de l’impôt foncier que nous payons aujoud’hui à l’état.
Généralement, j’ai remarqué que le vendeur se gardait bien de donner un chiffre, et disait mollement qu’il ne le connaissait pas.
Ici, manifestement le vendeur n’a pas été aussi malin que les autres, et il a donné un chiffre.
Mal lui en a pris, car le chiffre est sous-estimé, et il est poursuivi par la demoiselle à qui il a vendu la maison. Il doit alors trouver avec elle un accord devant notaire et lui payer une part de la différence.

L’acte qui suit est extrait des Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E7 – Voici la retranscription de l’acte : Le 30 septembre 1565 (devant Jacques Chailland Nre Angers), en la court du roy notre sire à Angers en droitz personnellement establyz chacun de honorebla homme maistre Pierre de Lestang licencié ès loix d’une part, et honneste fille Jehanne Coroys d’autre, comme ainsy soit que ledit de Lestang ayt auparavant ce jour vendu à ladite Coroys une maison sise en la rue du Pont Prêtre joignant d’un costé la maison de Me René Truchon docteur en médecine d’autre costé les appartenances de Jehan Doisseau apothicaire aboutant d’un bout ladite rue du Pont Prêtre d’autre la rue de Lescorchoys de ceste ville d’Angers à la charge de payer aux seigneurs de Foudon et de la Piquonière par chacun an de cens rente ou debvoir la somme de 15 sols tournois touttefoys a esté trouvé tant par les papiers censifs que déclarations des prédécesseurs seigneurs d’icelle ladite mayson debvoir par chacun an à la seigneurye de Foudon la somme de 20 sols tournois pour raison de quoy ledit Sr aurait faict saysir ladite mayson sur ladite Coroys et icelle mise en procès, laquelle auroit demandé délay de garende et auroit faict soumestre ladite demande audit de Lestant et estoit lesdites partyes en évolution de procès pour auxquels éviter ont lesdits de Lestang et Coroys accordé ensemblement sur les différents en la fome et manière qui s’ensuit, c’est à savoir que ledit de Lestang pour demourer quicte vers ladite Coroys de ladite rente de 5 sols excédant de ladite somme de 15 sols portée par son contrat a payé à ladite Coroys manuellement contant à veue de nous la somme de 100 sols tournois moyennant laquelle somme ladite Coroys demeure tenue payer servir et continuer à l’advenir par chacun an audit seigneur de Foudon ladite somme de 20 sols tournois
plus a ledit de Lestang payé contant en présence et au vue de nous la somme de 25 sols pour les aréraiges des autres payements payés par ladit Coroys et de tout ce que dessus sont lesdites parties demeurées à ung et d’accord auxquelles choses susdites tenir et obliger etc renonçant etc mesme au droit vélléyen …
fait et passé en la maison dudit de Lestang hoste en ceste ville d’Angers ès présence de François Piedplont compagnon paticier et …

Odile Halbert – Reproduction interdite sur autre endroit d’Internet Discussion sur ce blog et non sur un autre forum ou blog, ceci pour respecter mon travail.

Albert Laumaillé, un cycotouriste avant l’heure

Avec l’autorisation de Raymond Henri, voici sa demande, qui s’adresse à toute famille ayant des papiers et souvenirs concernant ce Castro-Gontérien, précurseur du cyclotourisme.

Bonjour,

Tout d’abord mes félicitations pour votre site, fruit de vos remarquables et patients travaux.

Je travaille actuellement sur une Histoire du cyclotourisme et j’en suis venu à m’intéresser à Albert Laumaillé, originaire de Château-Gontier. Je pense qu’il peut s’agir de la même personne figurant dans votre arbre généalogique des Jallot.
A partir de 1868, il parcourut la France et de nombreux pays à vélocipède puis à grand bicycle, il participa à des courses (il gagna notamment un Dijon-Besançon en 1870). En 1875, avec Henri Pagis, il battit à bicycle le record de Paris à Vienne en 12 jours et 10 heures, détenu par un cavalier. En 1878, il effectua un voyage de 4 000 km en France, Italie et Suisse. Il visita l’Algèrie.
Avec l’âge, il change de monture. A l’aube de l’automobile, on le trouve vainqueur d’une course en Belgique (1896).
Jusqu’à son décès qui serait survenu en en 1901, il parcourut l’Europe en tricycle à pétrole.
Comment est-il mort, à 53 ans ? Je ne sais.
Louis Bonneville en parle dans son ouvrage paru en 1939 : Le vélo fils de France. S’il s’agit bien de la même personne comme il est probable, je comprends mieux qu’ayant épousé une héritière fortunée il ait pu passer son temps à vagabonder sur les routes. Mais je ne vois pas comment il a pu exercer sa charge de maire (sans doute pas très longtemps ?), et que son ménage ait été une réussite.

Mais peut-être connaissiez-vous tout cela. A part quelques autres détails sur ses  » exploits  » cyclistes, je ne connais rien de ce personnage original qui mérite qu’on s’y intéresse.

Recevez mes cordiales salutations.

Raymond HENRY

Si vous connaissez une famille qui puisse avoir des renseignements sur Albert Laumaillé, merci de faire signe.

Voici ce que donnait mon fichier JALLOT :
Achille JALLOT °Pouancé 18.12.1800 †StSauveur-de-Flée(49) 22.2.1860 Fils de François-Jacques JALLOT & de Marie-Adélaïde BLANCHET Polytechnicien, Colonel de Génie, Officier de la Légion d’Honneur, Chevalier de l’Ordre de Léopold, Dr de l’Arsenal de Metz, il était spécialiste des fortifications. Il se retira en 1858 au Chateau du Houssay en St-Sauveur-de-Flée. x Longwy Mélanie CLAUDE

  • 1-Yves-Charles-Achille JALLOT °Longwy 1840 †Louroux-Béconnais 22.2.1888 Dont postérité suivra
  • 2-Marie JALLOT x Albert LAUMAILLE SP maire de St-Sauveur-de-Flée, il hérite de son beau-père le Chateau du Houssay
  • Est-bien le cycliste, et avez vous des renseignements ?
    Merci

    Odile Halbert – Si vous appréciez mon travail, merci d’en discuter ici et non sur un autre blog ou forum

    Mémoire d’Avent, l’oeuvre clandestine d’un Angevin à Saint-Julien-de-Concelles 1794-1802 : René Lemesle – chapitre 8 : Concellois et non-Concellois

    (C) Editions Odile HALBERT
    ISBN 2-9504443-1-8

    VOIR LE SOMMAIRE

      Si vous souhaitez discuter de cet ouvrage, merci de le faire ici et non sur d’autres forums ou blogs. Merci d’avoir un peu de respect pour mon travail, car lorsque vous discutez ailleurs (c’est à dire dans mon dos) vous faîtes tourner les détenteurs des autres blogs ou forums.

    Chapitre VII

  • CONCELLOIS OU NON
  • Les 554 hommes Concellois devenus pères de 1794 à 1902
  • Les hommes suivants sont uniquement les pères d’enfants baptisés : Les villages disparus sont portés avec une astérisque.

    les Amourettes : Joseph Luzet
    l’Anglessort : André Babin, Jean Bertaud, Pierre Biri, Laurent Guillou, Pierre Jouis, Jean Merceron, Louis Pinaud, René Pinaud, Pierre Robineau, Joseph Sauvestre, Jean Sourisse, Mathurin Vezin, Louis Viau
    l’Armeil : René Joubert, Jean Lainé
    l’Armurerie
    l’Arthaudière : Jean Jamin
    l’Aubinière : Mathurin Beranger, François Brelet, René Galon, René Joubert, Guillaume Vilaine
    la Bassettrie : Julien Courgeau, René Potinière
    la Batardrie
    Beauvais : Pierre Esseul, Nicolas Lallier
    Beigne Cul
    Bel Air
    la Bergerie : Yves Brelet, René Lambert
    la Berthaudière : Pierre Florence, Jean Goheau, François Pesnot, Louis Poudri, Jean Pouponneau
    la Blinière : Jean Antier, Jean Bonhomme, Louis Chesneau, Joseph Potinière, Julien Potinière, Joseph Vezin
    la Blonnière : Jean Doussin, Julien Libeau, Pierre Libeau
    la Bodière : René Courgeau, Julien Pesnot
    Boire Benat
    Boire Courant : André Baron, Jean Baptiste Batard, Pierre Batard, René Batard, Brice Bretaud, François Chantreau, Jean Chantreau, Pierre Chignon, Jacques Coreau, Jean Goheau, Julien Goheau, Michel Goheau, Michel Hivert, Jean Lambert, François Limousin, Jean Luneau, René Luneau, Céleste Luzet, Jacques Luzet, Mathurin Luzet, Pierre Luzet, René Luzet, Julien Mabileau, Jean Martin, Michel Menard
    Boire Livard
    Boire Moreau
    le Petit Bois : Michel Godin, Julien Prehaudeau, Jean Secher
    le Bois Adam : Louis Potinière
    le Bois Chef : Jean Bagrain, René Bagrain
    le bois Jean Renaud : Thomas Blouard
    le Bois Malinge : Michel Badaud, Samuel Godefroy, Mathurin Thomas
    le Bois Vigneau
    le Bois Violet : René Galon
    les Bonnelières
    la Boucherie : Pierre Menant
    le Boulay : François Bagrain, Thomas Bagrain, Gabriel Hivert
    la Bourdonnerie : André Robineau
    la Bourdrie : Pierre Bagrain, Jean Enodeau, Guillaume Glebeau, Julien Piou, Pierre Piou, René Riou
    la Bourgetière
    la Branderie
    les Brejonnes : Elie Tessier
    la Bretaudière
    la Bussetrie
    Cahérault : Michel Aubert, François Bagrain, André Bourget, Gabriel Bourget, Laurent Brevet, Michel Brevet, Pierre Chateigner, Pierre Glebeau, Jean Hilaireau, Charles Landais, Julien Lecrac, Pierre Paré, François Peltier, Julien Peltier, Gabriel Redureau, Antoine Riou, Gabriel Riou, Jean Riou, Jérôme Thomas
    la Cardinalière : Julien Couilleau, Jean Guesselin, Jean Martin
    les Carroueils : Michel Brevet, François Hivert, René Limousin
    la Cave
    la Cellerie
    les Chaintres
    les Chapelleries
    la Chapelle Notre Dame des Champs
    la Chapelle Saint Barthélémy
    la Charpentrais : Pierre Noleau
    la Charrère : Laurent Biri, Mathurin Biri, Jacques Braud, Pierre Braud, Jean Bretaud, Jean Charon, Charles Coreau, Maurice Coreau, René Goheau, Mathurin Lavigne, Jacques Lemée, Jean Limousin, Nicolas Mercier, Pierre Praud, Jean Rebion, Joseph Rebion, Brice Sablereau
    la Chataigneraie : Etienne Ripoche
    le Château
    le Haut Chaussin : Jean Anneau, Pierre Sablereau
    la Chauvellière : Jacques Jean Bpatiste Bouret, Jean Durassier, Julien Redureau
    la Chebuette : Jean Auray, Pierre Biry, René Bouin, Pierre Charon, Alexandre Geoffrion, René Jouau, Pierre Malecot, Alexis Mauget, Julien Menant, Julien Moreau, Pierre Perroteau, Julien Praud, Laurent Praud, Pierre Praud, Pierre Prou, René Cesbron
    la Chênaie : René Chunet
    le Chêne : Pierre Aubert, Jacques Bonneau, Louis Bonneau, Maurice Bonneau, Joseph Corelleau, François Joubert, Pierre Petard, Julien Pineau, Antoine Ripoche
    le Chêne à la Pie* : François Joubert
    le Chiron : Pierre Bagrain
    le Clairay
    la Clavellerie
    la Copsonnière : Pierre Abline, Maurice Denis, Julien Guerin, Mathurin Lavigne, Jean Luzet
    le Cosson
    le Coteau du Chêne : Jean Corelleau, Mathurin Mecheneau
    le Coteau de la Roche Maudou : Pierre Petiteau, Pierre Pinard, René Piou, Pierre Priou
    la Coudrouse : Jean Aubert, Mathurin Barbin, Julien Cailleau, Jean Charbonnier, Pierre Charbonnier, Julien Enaudeau, François Guerin, Julien Guerin, Jean Luzet, Michel Luzet, Julien Mabileau, François Marchand, Alexis Mauget, Pierre Menant, Jacques Pageot, Joseph Pageot, Charles Praud, François Riou, Mathurin Secher
    la Courbe : Pierre Beccot, Michel Bergalome, Pierre Bondu, Mathurin Coutant, Noel Fonteneau, Pierre Huchon, François Litou, Jean Marchand, Mathurin Merceron, René Mesnard, René Potinière
    la Courbonnière
    le Cormier
    le Courtil
    la Crétinière : René Lallier
    la Croix de Boulay
    la Désirée
    les Divettes
    le Douaron : Pierre Guenichon
    la Drouillardière : Julien Guenichon, Antoine Petard
    la Dimerie
    l’Ebrancherie : Mathurin Angrevier
    l’Ecalane : François Bouyer, Pierre Patouillère
    Embreil : Jean Boireau, Christophe Bouanchaud, François Grimault, Jacques Grimault, Mathurin Grimault, Jean Guillocheau, Mathurin Guillocheau, René Libeau, Guillaume Marion, Pierre Pabou, Julien Rousseau
    l’Enclose
    l’Epertière* : François Chauvière, Pierre Terrien
    Feuillardes
    la Flandrinière : Clément Corbet, Joseph Rousseau
    Fort-Ecul : Pierre Bonneau, François Hivert, Jean Petard
    le Fort Gautier : Pierre Hivert, Laurent Viau
    la Fosse Baron
    la Fosse Noire
    la Freignais : Pierre Brevet
    Froland : Jacques Gallier, Julien Harouet, Pierre Subileau
    la Gagnerie : Jacques Brevet, Pierre Chaintrier, Jean Florence, Jacques Harouet, François Libeau, Jean Mariot, Pierre Thomaseau
    les Galopins : Julien Cesbron, François Enaudeau, Michel Gregoire, Pierre Vilaine
    la Garenne : René Laurent, François Lesourd, Jean Lesourd, François Luzet
    le Gautron : Antoine Ripoche, Mathurin Ripoche
    la Giletière : René Mainguet
    Grand’ville : François Biri, Jacques Bodineau, Jacques Bonneau, Pierre Ertaud, Joseph Luzet, Mathurin Pinard, Guillaume Praud, Julien Praud
    le Gressin : François Brebion, Pierre Morille, Jean Ripot
    la Grille
    la Grimaudière* : Jean Peigné
    le Gué au Voyer : Jérôme Picherie
    la Guénetrie : René Boireau, François Rousseau, Jean Rousseau
    la Guilbaudière : François Bouyer, Jean Charbonnier, Jacques Glebeau, Joseph Lallier, Guillaume Lesourd, Pierre Rousseau, René Rousseau, René Toublanc, François Vezin
    la Gutellerie : René Martin
    le Haut Village Vallée : François Badaud, Céleste Biret, Thomas Blouard, Jean Chesneau, Pierre Chesneau, Pierre Coreau, Jean Guillou, Maurice Hivert, Jacques Lallier, Jean Libeau, Julien Malecot, Guillaume Sourisse, Laurent Viau, Jean Vilaine
    le Haut Village du Chêne
    Ile de la Chênaie
    Ile Arrouix
    la Jaunière : Jean Vezin
    la Jousselinière : Jean Brevet, François Guillocheau, Jacques Loquet, Jérôme Thomas, Pierre Thomas, Julien Vezin, Jean Viau, Julien Volant
    les Justices : François Bretaud
    Launay : Pierre Bodineau, Jean Clement
    la Mahonnière : Céleste Luzet, Jean Mesnard, Jean Moreau, Michel Pohoreau, Julien Potinière, Jean Rousseau, Julien Rousseau,Julien Thomas
    les Maisons Neuves : Antoine Brelet, Michel Hallereau, François Haroouet, Pierre Piou
    le Marais Abraham
    la Marjolettrie : Guillaume Braud, Julien Braud, Pierre Malecot, Jean Moreau
    la Marsaudière : Julien Albert, René Bouanchaud, Julien Bricard, Pierre Cousin
    le Maudoux : Michel Bouquet, Joseph Brelet, Guillaume Cesbron, René Couilleau, Louis Guesselin, Pierre Hallereau, Jacques Harouet, Jean Hilaireau, Michel Hivert, Jean Huchon, Pierre Renaud, René Riou, Pierre Vezin
    la Meslerie : Guillaume Bourget, Nicolas Bretaud, Pierre Chapeau, Louis Hautin, Pierr Mabileau, Julien Riou, Jean Secher
    la Moisdonnière : Jacques Loquet, Jean Martin
    Montauban : Pierre Abline
    Montrelais* : Jean Auray, Pierre Charon, Jean Horet, Julien Limousin
    la Morandière : Michel Luzet, Mathurin Sauvestre
    le Mortier
    le Moulin de la Bourderie
    le Moulin des Bregeonnes
    Moulin de Cahérault
    Moulin des Feuillardes
    Moulin de la Pennetrie
    Moulin Tue-Loup : Jean Harouet
    la Mouronnière
    la Moutonnerie : Pierre Chignon, Jean Giraud, Jér“me Goheau, Julien Goheau, Jean Libault
    la Noë : Joseph Guillou, René Merceron
    l’Officière
    l’Ouche aux Roux
    le Pavillon
    la Peltancherie : Julien Bouquet, Michel Harouet, René Harouet
    la Perrière
    la Pichaudière : François Geoffrion, David Guillou
    la Pierre : François Benureau
    le Pigeon Blanc : Jean Harouet, Jean Huteau
    la Pilardière
    les Pinelières
    les Planches : Pierre Biry, Pierre Bourget, Jacques Coreau, Jean Coutant, René Noleau, Jean Vivant
    les Plantys : René Cesbron, Jen Luneau, Louis Robineau, Antoine Rousseau, Pierre Rousseau
    la Platière : Michel Aubert, Jean Joyau
    le Plessis Glain : René Hivert, Gabriel Petard
    le Pont
    le Pontreau : Jean Cesbron, François Hivert, René Noleau, Jean Viau
    le Port Gaud* Jacques Hivert
    le Port Juin
    la Poulinière* : Guillaume Guillou
    la Praudière : Jean Baron, Louis Coutant, Lucas Guillou, Pierre Harouet, Etienne Lallier, Jacques Lambert, Michel Lambert, Joseph Libeau, Pierre Libeau
    le Pré Jahan : Julien Geoffrion, Etienne Lallier, Laurent Langevin, Jean Libeau, Augustin Louis, Jean Moreau, Yves Thomas
    le Pressoir
    la Queue des Haies : Michel Hallereau
    les Raintières
    la Ribellerie* : Michel Lallier, Brice Vilaine
    la Ripotière
    la Basse Rivière : François Bretaud
    la Robinetière : Jean Bagrain, René Batard, Julien Petard
    la Robinière : Louis Chesneau, Jacques Florence, Jean Florence, Jean Mesnard, Jean Ripoche
    la Roche Maudou : Michel Dabireau, Michel Gautron, Jean Huret, Pierre Jouis, Julien Petiteau, Jean Secher, Julien Viau, Pierre Vilaine
    la Rochelle : Pierre Abline, François Braud, Pierre Braud, François Enaudeau, Hervé Hubert, Mathurin Lavigne, René Lavigne
    la Roustière : Michel Bouanchaud, Pierre Bouanchaud, Jean Guenichon, Julien Guenichon, Pierre Piou
    le Ruaud : Jean Boireau, Pierre Chesneau, Jean Huteau, Charles Lecoindre, Jean Libeau, Pierre Trebillard
    la Sablère : Jean Bonneau, Julien Choismet, Maurice Litou, Jean Martin, Jacques Meilleras, Joseph Mosteau, Pierre Plessis, Etienne Ripoche, Pierre Rotureau, Pierre Vivant, René Vivant
    Saint Barthélémy : Louis Babonneau, Luc Bouyer, Mathurin Goheau, Julien Hivert, Pierre Pinard, Julien Riou, Michel Ripoche, Pierre Ripot, Jean Sécher, Jean Toublanc
    Saint Julien de Concelles Bourg : René Beccot, Jean Benureau, Pierre Bonneau, Guillaume Braud, Joseph Marie Brevet, Mathurin Cheminant, Michel Cheminant, Jean Courgeau, Pierre Garnier, Jean Gilardin, Pierre Gilardin, Guillaume Guillou, René Harouet, Louis HIvert, Jean Jannin, Pierre Augustin Jannin, Joseph Jean Jannin, Jean Jouis, François Litou, François Maudavant, Bertrand Moreau, Joseph Moreau, Julien Moreau, François Mouilleras, Joseph Petard, Guillaume Pinet, Maurice Pouponneau, Julien Redureau, Clément Tellier, Mathurin Terrien, Pierre Viau
    la Salmonnière* : Guillaume Braud, René Cesbron, Jacques Gautreau, Charles Goguet, Jean Lallier, Louis Lallier, Mathurin Lallier, Jacques Piou
    la Saulzaie : René Balaveine, Mathurin Courgeau, René Courgeau
    la Sénarderie : René Bourget, Pierre Charpentier, François Esseul, Sébastien Hilaireau, René Mainguet, Mathurin Rousseau, François Secher
    la Sénéchalière : Julien Petard, René Petard
    la Sermonière
    la Sourdière : David Guillou, François Hivert, Guillaume Hivert, Jean Lambert, Pierre Luzet, Jean Louis Racari
    la Tinière : Jean Bouyer, François Brevet, Louis Priou
    les Trois Moulins* : Jacques Blot, Jean Chon, Christophe Thomas, Julien Thomas
    Tue-Loup
    la Verrie : Mathurin Beranger, Guillaume Bretaud, Noel Mathurin Bretaud, Louis Dabiraud, René Coeffard, Charles Delaunay, Mathurin Giraud, Louis Lefeuvre, Charles Letourneux, René Pinard, René Sauvestre, Guillaume Sourisse, Jean Viau
    le Joli Village
    les Violettes : Mathurin Sauvestre
    la Vrillière : François Fouquet, Jean Harouet, Charles Landais, Laurent Pouponneau, Michel Sauvsetre

  • Les Concellois réfugiés au loin
  • Les personnes déplacées ne sont pas des morts, mais leur nombre réduit ne mérite pas une chapitre entier, et cependant leur mémoire peut apporter un éclairage à cette vie concelloise de guerre civile. Les voici donc à Rennes et à Orléans. La première constatation concernant les réfugiés concellois dans ces 2 directions, est d’ordre quantitatif : il y a eu très peu de réfugiés concellois comparativement aux exodes massifs de certains de leurs voisins comme les chapelains ou les lorousains. Bien que ces listes ne soient pas exhaustives, on peut néanmoins comparer la fréquence de citation des municipalités d’origine. Les concellois sont si rares que leur liste est la suivante, si l’on peut parler de liste devant un nombre aussi réduit :

  • Rennes
  • Louis SEBILEAU, tonnelier, sa femme et une domestique, arrivés à Rennes le 25 Ventose, partis le 11 germinal pour Orléans, 80 lieues à parcourir, somme payée à Rennes 240 francs, secours 45, total 285. (45)

  • Orléans
  • Jeanne RAFGEAU femme GIRAUD (46)

  • Les Lorousains du registre clandestin de René Lemesle
  • Le Loroux-Bottereau possède une longue frontière commune avec Saint-Julien, et les échanges matrimoniaux sont nombreux au XVIIe siècle. Il en est de même pendant la guerre civile
    Mais le Loroux est deux fois plus peuplé et seul Clair Massonnet, présent jusqu’au mars 1695, parvient à suffire aux Lorousains. Ensuite, le prêtre, Denis Guillet, est caché à l’autre extrémité de la paroisse, à Sainte-Radegonde, et certains Lorousains sont attirés par René Lemesle plus proche.

    On trouve deux types de couples Lorousains dans le registre de Lemesle : ceux qui se marient à Saint-Julien et font ensuite baptiser au Loroux deux, voire quatre enfants ; ceux qui sont mariés au Loroux et viennent ensuite faire baptiser un enfant à Saint-Julien, par suite d’empêchement de Denis Guillet. Ainsi, Pierre Pinard, né le 1.10.1979 au Loroux-Bottereau, est baptisé par René Lemesle le 25.05.1798. Il a des parents mariés clandestinement au Loroux et trois frères et soeur qui y sont baptisés.

    Les familles ne sont pas attachées à un prêtre en particulier, mais font preuve d’opportunité pour aller au plus accessible au moment voulu. Cette adaptabiligé aux circonstances marque une rupture dans la tradition de l’église. Au XVIIIe siècle, les fidèles sont dépendants du territoire paroissial. Ils peuvent très rarement faire baptiser hors de la paroisse et seules, certaines familles très aisées, ont parfois cet avantage. Les fidèles pendant la guerre civile montrent ainsi leur attachement à l’acte sacramentel plutôt qu’au prêtre.
    La majorité des familles lorousaines à un lien de parenté à Saint-Julien : soit un oncle, soit un beau-frère. Mais certains couples n’ont aucun lien démontré.
    Ainsi, Marie-Jeanne Bontemps, née au Loroux-Bottereau, fille de François et de Marie Brebion, est cousine issue de germains de M. Robin par la mère de celui-ci. Son père, veuf, s’est réfugié à Nantes en 1793 avec deux de ses filles célibataires. Marie-Jeanne vit à Nantes Saint-Donatien, où elle est probablement placée comme fille de confiance chez les bourgeois. C’est là qu’elle fait la connaissance de François Bureau, lui-même jardinier. René Lemesle les marie, alors que, ni l’époux, ni l’épouse, n’ont de lien de famille apparent à Saint-Julien. Leur premier enfant, Françoise, est baptisée le 24.01.1797 au Loroux-Bottereau et déclarée née le 03.03.1797 à l’état civil rétroactivement.
    Marie-Jeanne est l’une des rares Lorousaines dépourvue de lien de famille à Saint-Julien. Elle connaît MM. Robin et Guillet et elle a par conséquent l’embarras du choix pour trouver un prêtre, si l’on peut s’exprimer ainsi. A-t-elle entendu parler de René Lemesle par ses patrons Nantais ? la bourgeoisie concelloise, dont les Couëzaud, vit à Nantes.
    Les Lorousains baptisés à Saint-Julien sont au nombre de 66 pour un total de 184 non-Concellois. Ils sont de loin les plus nombreux et attestent un réel besois de prêtre au printemps 1796 et à l’automne 1798 (voir ci-dessus). Ces 66 baptisés Lorousains s’ajoutent aux 1 045 enfants figurant dans le registre clandestin du Loroux, ce qui fait 1 110 enfants Lorousains, auxquels il faut ajouter cuex qui sont allés à La Chapelle-Basse-Mer et à Haute-Goulaine… Les Lorousains n’ont pas un registre exhaustif et pour les retrouver il a fallu dépouiller tous le pays lorousain.


    VOIR LE SOMMAIRE

    Odile Halbert – Reproduction interdite sur autre endroit d’Internet Discussion autorisée sur ce blog.

      Si vous souhaitez discuter de cet ouvrage, merci de le faire ici et non sur d’autres forums ou blogs. Merci d’avoir un peu de respect pour mon travail, car lorsque vous discutez ailleurs (c’est à dire dans mon dos) vous faîtes tourner les détenteurs des autres blogs ou forums.

    Mémoire d’Avent, l’oeuvre clandestine d’un Angevin à Saint-Julien-de-Concelles 1794-1802 : René Lemesle – chapitre 7 : la mort

    (C) Editions Odile HALBERT
    ISBN 2-9504443-1-8

    VOIR LE SOMMAIRE

      Si vous souhaitez discuter de cet ouvrage, merci de le faire ici et non sur d’autres forums ou blogs. Merci d’avoir un peu de respect pour mon travail, car lorsque vous discutez ailleurs (c’est à dire dans mon dos) vous faîtes tourner les détenteurs des autres blogs ou forums.

    Chapitre VI

  • LA MORT
    1. « On ne meurt qu’une fois »
  • La mort prévolutionnaire
  • Le rôle de l’enregistrement des sépultures dans les registres de catholicité du XVIIIe est la tenue d’un état civil propre à assurer en premier chef les successions. Les prêtres, à ce titre, sont habilités à recevoir les testaments, en vertu de l’ordonnance d’Août 1735, article 15 :

    Les Curés séculiers ou réguliers pourront recevoir des Testaments ou autres dispositions à cause de mort, dans l’étendue de leurs paroisses, & ce seulement dans les lieux o— les coutumes ou statuts les y autorisent expréssement, & en y appellant avec eux deux Témoins; ce qui sera pareillement permis aux Prêtres séculiers, préposés par l’Evêque à la Desserte des Cures, pendant qu’ils desserviront, sans que les Vicaires ni aucunes autres personnes Ecclésiastiques puissent recevoir des Testaments ou autres dernières dispositions.(23)

    Le rituel (23) s’appuie sur le droit coutumier lorqu’il donne les extraits de la coutume de Bretagne, qui domine dans le diocèse de Nantes, et, la formule de testament selon cette coutume. Le rituel précise ensuite qu’une partie du diocèse est soumise à la coutume d’Anjou qu’il convient de suivre dans la région concernée. Les prêtres sont ainsi familiers du droit qu’ils apprenaient, pour ce qui au moins des successions, au séminaire. Ce droit est essentiellement coutumier : il subsiste en 1789 en France environ 300 coutumes différentes applicables à un territoire important. Cette diversité des droits pose bien entendu des difficultés d’ordre pratique et est combattue par la philosophie dominante qui pr“nait l’unification nationale.
    L’enregistrement des sépultures par les prêtres ayant une fonction d’ordre juridique, les prêtres clandestins sont en concurrence avec l’état civil lorsqu’ils enregistrent les sépultures, alors que pour les actes de baptêmes et mariages, qui sont d’ordre sacramentel, ils restent dans le domaine religieux. Dès lors qu’il y a concurrence, il va apparaître une complémentarité des deux types d’enregistrement : le catholique et le municipal. Les populations vont répugner à déclarer leurs morts aux deux pouvoirs à la fois : il leur était difficile de comprendre si la municipalité était capable de répondre juridiquement de tels enregistrements, puisqu’elle s’était éclipsée dès mars 1793. Les populations iront déclarer leurs morts là où le prêtre leur conseillera d’aller, lorqu’il a de l’influence, comme c’était le cas pour René Lemesle.
    L’influence de René Lemesle est relatée indirectement dans une lettre de dénonciation en l’an VII. Cette lettre, qui comme beaucoup de dénonciations, est conservée en série L aux Archives départementales, concerne une période de persécution particulièrement exacerbée. Elle émane d’un concellois qui est nommé et il m’a paru intéressant d’étudier son cas dans le registre clandestin pour voir s’il y figure ou non en tant que pratique de René Lemesle, puisque sont patronyme y est souvent cité.

    « A Saint Julien de Concelles canton du Loroux, maison Copsonnière chez Pichelin aucien juge de la monnaye il y a une société ou réunion assez fréquente sous prétexte de pêche. Cette société est composée en grande partie d’anciens chefs de rebelles, on a invité Debruc ancien rebelle demeurant actuellement à Saint Julien de Concelles à s’y rendre, il a répondu qu’ayant peur d’être guillotiné il ne voulait pas tremper dans aucune conspiration nouvelle. Fait raporté par Biry demeurant à Chebuette en Saint Julien canton du Loroux, ce qu’il a dit à Boutin. Lemesle faisant les fonctions de curé à Saint Julien a reçu une lettre d’invitation de la part des agents de la royauté pour engager les habitants à se rassembler et à se renseigner, lequel prêtre a paru rejetter. Le même prêtre Lemesle a dit la messe publiquement à 9 heures le 16 chez la femme Ve Cheminant à … près la Chef Buette, il y avait beaucoup de personnes surtout des femmes.Rapport de Boutin boulanger à Nantes, 23 ventose An VII » (AD44,L763)

  • La mort clandestine
  • Le nombre de sépultures du registre de René Lemesle est relativement faible (voir chapitre 2). Le rythme annuel des sépultures notées est surprenant, car il se produit une chute brutale au moment de la première période de calme relatif.
    Cette chute est liée au début de notation des sépultures par l’administration civile. Lorsque tout revient dans l’ordre, en 1800, les sépultures sont à nouveau notées par René Lemesle, bien que le taux annuel soit inférieur de plus de moitié au taux prérévolutionnaire. A pertir de ce moment, il n’y a plus concurrence proprement dite, mais une volonté d’une partie de la population de conserver l’enregistrement après la messe de sépulture.

    Pendant la persécution religieuse, les concellois, comme leurs voisins lorousains, n’ont pas perçu la nécéssité de déclarer 2 fois leurs morts, une fois au prêtre et une fois à l’officier municipal, en particulier leurs morts de mort violente pendant la période d’absence de prêtre et de pouvoir civil en 1793 et début 1794. Par ailleurs, René Lemesle a jugé suffisante la déclaration faite à l’état civil. Il a en quelque sorte passé tacitement la main à l’administration civile sur ce plan. La sépulture n’est pas un sacrement et seule l’extême-onction est un sacrement : à ce titre elle ne figure pas dans les registres de catholicité.
    Nous sommes bien en présence d’une entente, probablement négociée entre les hommes publics et Lemesle. On peut dès lors se demander quel était la personnalité de ces hommes que Lemesle avait en face de lui. Etaient-ils vraiement « en face » ? (voir chapitre les réseaux concellois)
    Dans les registres clandestins, on est frappé du dilemmne qui s’est posé à ces prêtres, et chacun a tenté de trouver une réponse à sa manière. La sépulture n’étant pas un sacrement, devaient-ils ou non continuer sa notation, dès lors que l’état civil jouait ce rôle. La réponse passe évidemment par leur degré de confiance dans cet état civil, donc dans les hommes qui le tiennent. Cette confiance n’a pas un caractère purement politique, elle est aussi et sans doute avant tout une question de méthode : la notation des actes est un savoir-faire que les prêtres maîtrisaient, mais que les officiers municipaux ont du apprendre sur le tas, non sans laisser quelques erreurs … (18).

    Chez René Lemesle, la chute des enregistrements de sépultures correspond à la présence dans l’administration civile d’hommes dans lesquels il a confiance, comme Crouëzaud ou Phelippes. Ainsi, le registre civil de l’An IV commence par la signature de Crouëzaud. C’est lui qui fait noter à la fin du registre des mariages de cet an IV, les enregistrements de déclarations a posteriori de décès des années 1793 et 1794 (voir chapitre morts violentes de l’état civil).

  • Victimes de la guerre civile
  • Le curé constitutionnel Le Couteux est parti se réfugier à Nantes dès le 11 Mars 1793, et il n’y eut pas de prêtre attaché à Saint Julien jusqu’à l’arrivée de René Lemesle en Octobre 1794. Cependant, d’après les baptêmes (voir chapitre la vie) on peut émettre l’hypothèse de passages de prêtres clandestins itinérants, sinon il y aurait eu besoin de baptiser les enfants nés en 1793.
    En l’absence de prêtre, la sépulture en terre chrétienne n’est difficile que lorsque l’on ne peut se rendre au cimetière pour cause de persécution. Mais l’année 1793 le cimetière est libre d’accès, puisque la municipalité s’est exilée. C’est fin 1793 que l’accès des cimetières ne devient pas facile dans les régions de guerre civile. Dans beaucoup de paroisses on a dû enterrer sur place.
    François LEBRUN estime que cet attachement à la sépulture en terre chrétienne est si important (47) que son absence est considérée comme une « infâmie » en Anjou au XVIIIe siècle. A la mort violente s’ajoute donc l’horreur de l’absence de sépulture chrétienne quand on ne peut accéder au cimetière qui est le lieu béni. Le transport des corps vers les cimetières a été tenté par les survivants. Il a parfois été possible, comme à la Remaudière, où on peut retracer le passage des 7 charettes qui ramassèrent les corps au lendemain du passage des colonnes de Cordellier pour les porter au cimetière en présence de tous les survivants.
    L’exemple ci-dessous, extrait du registre d’état civil des Archives Communales de la Varenne, illustre ce qui s’est passé pour une grande partie des victimes. Dans de nombreux cas, les sépultures après le passage des colonnes infernales, seront effectuées sur place, et on tentera parfois ultérieurement de remettre les corps au cimetière. On guettait la moindre occasion d’aller les porter au cimetière, parfois en vain.

    Ils mont déclarée que Renée GAGNEUX agée d’environ 32 ans fille de feus René et Perrine BOSSé a été tuée par Larmée Révolutionnaire dans sa maison au bourg de la Varane le 15 ventose An II que son corre a resté sans pouvoir le transportée pendant quelle que tamps sous les débris de sa maison qui fut aux meme ainstans aincandiée et quansuite quelle que tamps à près il fute transportée par Pierre BRUNET dans le citière (sic) de cette commune…. »

    Mais d’autres dans ce même registre civil n’ont pas eu cette chance :

    « …Jean DURASSIER a été tué part Larmée Révolutionnaire proche sa maison à la pileterie en cette commune le 15 ventose An II que son corre a resté lespace de trois jours sur le lieux et quansuite il a été anterré dans son jardin…(AC de la Varenne, registre d’état civil de pluviose an VII)

    L’ortographe est fidèlement recopiée, elle donne une mesure des compétences de l’officier municipal, mais elle est le reflet exact de ce qu’il a entendu sans déformer, ne serait-ce que pour remettre en bon français. Ceci est caractéristique du niveau dans les petites communes, mais le niveau était tout de même très supérieur à Saint Julien de Concelles, où des hommes cultivés ont tenu le registre.

    René Lemesle n’a pas relevé les victimes sous la forme de témoignages a posteriori de morts violentes. Il n’a relevé que les sépultures auxquelles il a participé physiquement. Seules 2 exceptions notées le 2.8.1795 : Françoise Delaunay veuve de Charles Letourneux, 86 ans, et sa fille Françoise Letourneux 63 ans, massacrées en mars 1794 à la Verrie. Ces 2 décès ne sont pas déclarés à l’état civil (voir chapitre morts violentes). Les témoins qui déclarent ce massacre 15 mois après les faits sont Jean Vivant et Pierre Moreau qui ne signent. Mais les 2 victimes sont des personnalités : elles sont mère et soeur de François-Sébastien Letourneux,

    « qui avait atteint aux plus hautes charges de la République : avocat au Parlement de Bretagne, procureur général Syndic de l’administration du département de Loire-Inférieure en 1790, commissaire du pouvoir exécutif près la même administration en l’An IV de la République, ministre de l’intérieur an l’An VI, régisseur de l’enregistrement et du domaine national en l’An VII, législateur et membre du Conseil des Anciens en l’An VIII, juge à la Cour d’appel à Rennes ensuite » (8).

    Pourquoi René Lemesle n’a t-il pris que ces 2 victimes ? Est-ce une reconnaissance de protection ? Je suis tentée de répondre que cette unique faiblesse de René Lemesle, par rapport à son principe de nonrelevé de témoignages a posteriori, est un aveu de lien avec François-Julien Letourneux. Le rôle ambigu de ce concellois a-t-il joué dans la relative tranquilité dont le prêtre a joui pour desservir pendant 7 ans Saint Julien sans interruption ?
    Le registre de R. Lemesle diffère totalement de ceux deses voisins immédiats tel Massonnet au Loroux-Bottereau relevant les témoignages méthodiquement et non sans un certain savoir-faire qui impliquait un interrogatoire pour éliminer les risques d’erreur.
    Les concellois, privés de la possibilité de déclaration de leurs victimes à leur prêtre,ont éprouvé le besoin de faire la déclaration de leurs morts, en partie du moins, au même titre que leurs voisins du Loroux-Bottereau. Ils avaient besoin de papiers pour les successions !Ces déclarations, qui sont donc probablement incomplètes, figurent à l’état civil de Saint Julien de Concelles. Une grande partie d’entre elles a la particularité d’être à la fin d’un registre des mariages, lui même mal classé parmi les autres années de mariages. Si bien que ces déclarations de décès sont quasiment inaccessibles au chercheur peu curieux raisonnant avec un esprit de classement parfait. Il est vain de penser que l’on ait pu tenir correctement un état-civil pendant la guerre civile ! On a tendance de nos jours à oublier la complémentarité état civil et registre de catholicité en zone de guerre civile pour les recherches généaolgiques et démograhiques. Seuls les registres clandestins sont fiables, grâce à Dieu, auquel on ne mentait pas, et grâce au savoir-faire des prêtres. Si René Lemesle n’a pas noté de témoignages, c’est aussi sans doute qu’il percevait déjà la tendance orale à exagérer les faits et qu’il se méfiait en conséquence des témoignages.
    Les déclarations de morts violentes à Saint Julien de Concelles ont un intérêt en ce sens que l’on ne retrouve dans aucune autre source d’archives la majorité d’entre elles. Ainsi, une partie des victimes concelloises figurait dans l’ouvrage du père Petard (8), qui s’est lui-même inspiré d’Alfred Lallié. Or la liste du père Petard diffère de celle des déclarations de l’état-civil. Les 2 sources s’additionnenent sans se recouper (voir chapitre les morts violentes).

  • Les sépultures notées par René Lemesle
  • Malgré leur manque d’exhaustivité, les sépultures du registre clandestin sont curieusement réparties normalement, c’est à dire tout à fait comparables aux sépultures prérévolutionnaires.
    Les jours de sépulture s’échelonnent régulièrement tout au long de la semaine, et René Lemesle ne se repose aucun jour. Pas de repos donc pour un prêtre. Cette répartition est curieuse, puisqu’une grande partie des sépultures n’y figurent pas, et que néanmoins le ryhtme hebdomadaire est régulier. On se rend donc assez facilement au cimetière pendant cette période.
    La répartition des âges au décès est représentative de ce que des études de démographie historique donnent généralement. Ces deux répartitions, par jour et par âge, montrent que décès non enregistrés n’excluaient pas une catégorie, par exemple les enfants en bas âge, qui auraient pû être moins déclarés. La mortalité est plus élevée pour les enfants de moins de 10 ans que pour les autres tranches d’âge et ceci rejoint un profil national de l’époque. Les enfants mouraient-ils plus qu’en temps de paix, du fait des mauvaises conditions de vie ?

    On raconte, dans la tradition orale, que les enfants auraient été décimés par ces conditions difficiles. Le registre clandestin ne permet pas de le déterminer, puisque la sous déclaration est importante et peut avoir majoritairement concerné cette tranche d’âge, malgré le profil régulier de l’histogramme ci-dessus.

  • Jugements
  • Une partie des concellois partis pour galerne en 1793 ont été arrêtés et jugés à Rennes, au Mans.

  • Rennes
  • Pour les personnes arrêtées à Rennes il existe le relevé informatique d’Hervé Tigier « le Jugement des chouans par les commissions militaires d’Ille et Vilaine 1793 » tables des accusés et témoins, 1989 (30). Les concellois y sont relativement nombreux, les voici :

      Joseph Aguesse, 48 ans, marié, 1 enfant, laboureur et pêcheur (FV/P:15, AD35)
      Antoine Bagrin, 17 ans, fils de François et Julienne Bouquet, vigneron, chouan condamné à mort (OB/P:136, AD35)
      Jean Brevet, 42 ans, laboureur et pêcheur (FV/P:15, AD35)
      Michel Brevet, 39 ans, laboureur et pêcheur (FV/P:15, AD35)
      Thomas Brevet, 21 ans, laboureur et bucheur (FV/P:15, AD35)
      Pierre Charbonnier, 23 ans, fils de Mathurin et Jeanne Lallié, marchand de vin en gros (FV/P:15, AD35)
      Pierre Goheaud, 23 ans, pêcheur (FV/P:15, AD35)
      Jean Guillocheau, 38 ans, marié, 1 fille, laboureur et pêcheur (FV/P:15, AD35)
      Joseph Huret, 28 ans, fils de Joseph et de Jeanne Gautron, marchand de sardines et de volailles, chouan, condamné à mort, jugement imprimé, p 34 (AD35)
      Jean Lambert, 35 ans, marié, 2 anfants, laboureur et pêcheur (FV/P:15, AD35)
      François Limousin, 43 ans, pêcheur (FV/P:15, AD35)
      Pierre Lorand, 22 ans, laboureur et pêcheur (FV/P:15, AD35)
      Julien Pouponneau, 47 ans, laboureur, marié, 2 enfants (FV/P:15, AD35)
      Laurent Pouponneau, 26 ans, garçon, batelier (FV/P:15, AD35)
      Pierre Pouponneau, 20 ans, la Perrière, laboureur et pêcheur (FV/P:15, AD35)
      René Rousseau, 42 ans, fils de René (80 ans), le Plantis (FV/P:15, AD35)
  • Le Mans
  • Pour les personnes arrêtées au Mans il existe à ce jour plusieurs ouvrages basés directement sur les archives départementales du Mans dont l’ouvrage d’Henri Chardon « les Vendéens dans la Sarthe » la révolution dans le Maine, 1927, tome III (31) et le travail récemment informatisé « D’où venaient les vendées du Mans, Fauvy Joël, 1990″(32) qui récapitule toutes les sources disponibles. Les concellois sont les suivants :

      Sophie-Pauline Bougoin, 15 ans, interrogée (L 287, AD72)
      Jean Lallier, 13 ans, intérrogé (L 1978, AD72)
      Madeleine Pageot, 12 ans, intérrogée (L 1978, AD72)
      Jean Pitard, 11 ans, détenu à la Mission (L 287, AD72)
      Jeanne Arouet, 26 ans, détenue à la Mission (L 287, AD72)
      René Babonneau, 16 ans, condamné au Mans (C III,98)
      Pierre Louis Chesnais, 15 ans, condamné au Mans (C III,98)
      Jean Pettard, 14 ans, détenu à Sainte Croix (L 28, AD72)
      Jean Pitard, 14 ans, interrogé (L 287, AD72)
      Nicolas Rousseau, 17 ans, condamné au Mans (C III,98)


    VOIR LE SOMMAIRE

    Odile Halbert – Reproduction interdite sur autre endroit d’Internet Discussion autorisée sur ce blog.

      Si vous souhaitez discuter de cet ouvrage, merci de le faire ici et non sur d’autres forums ou blogs. Merci d’avoir un peu de respect pour mon travail, car lorsque vous discutez ailleurs (c’est à dire dans mon dos) vous faîtes tourner les détenteurs des autres blogs ou forums.

    Mémoire d’Avent, l’oeuvre clandestine d’un Angevin à Saint-Julien-de-Concelles 1794-1802 : René Lemesle – chapitre 6 : l’enregistrement civil

    Ouvrage paru en 1990
    (C) Editions Odile HALBERT
    ISBN 2-9504443-1-8

    Chapitre VI

  • L’ENREGISTREMENT
  • Ryhtme hebdomadaire du mariage civil civil
  • Les noces traditionnelles se sont donc maintenues pendant la guerre civile, mais quand régularisait-on civilement ?
    La seule étude connue porte sur Avignon (18). La comparaison entre les dates des 2 formes de mariage, civil et religieux, montre que 15 % des couples régularisent le jour même, et que 62 % ne régularisent qu’après, dans un délai relativement court : la moitié des retardataires en l’espace d’une semaine, le reste en un an.
    Avignon est cependant d’une ville dans laquelle les interdits religieux, les temps clos et le vendredi, ont été levés par la hiérarchie catholique. Le prêtre réfractaire bénit 82 % des unions un vendredi, et on ne peut donc comparer Avignon à Saint-Julien-de-Concelles.

    L’attachement à la fête du mardi ou du lundi est encore plus marqué lorsque l’on étudie le jour de mariage civil. L’érosion du mardi est très sensible, au profit de tous les jours de la semaine y compris le dimanche. Les couples des lundi et mardi ont pu être ceux, rares, qui expédient le mariage civil le même jour que le religieux.

  • Le délai d’enregistrement
  • L’attitude est bien diffèrente à Saint Julien de Concelles comme au Loroux. Rien de comparable avec Avignon. Le mariage civil est n’importe quel jour et il n’y a pas de corrélation avec la date religieuse : avant, même jour, quelques jours après, mais aussi très longtemps après, jusqu’à 30 ans après au Loroux.
    Ce retard des couples mariés religieusement clandestinement à « régulariser » civilement n’a jamais été mesuré statistiquement en région de Venée Militaire. Au Loroux, il est si élevé, qu’il était intéressant de mesurer quantitavement cet écart dans la paroisse voisine de St Julien de Concelles, pour mieux ultérieurement évaluer l’attitude lorousaine.
    Mais pour évaluer cet écart, les difficultés s’amoncèlent : non seulement il faut chercher jusqu’à 30 ans après, mais encore il faut faire les 2 collections d’archives : les communales et les départementales. Et ce n’est pas tout, car la plupart n’ont pas régularisé dans la même commune : on régularise plutôt dans la commune de l’époux alors que l’inverse est fréquent pour le mariage religieux. Enfin, le Conseil Régional a interdit l’accès aux archives communales et les mairies ferment leur porte. Je remercie donc particulièrement celles qui m’ont ouvert leur porte.
    Les collections d’état civil des archives communales de La Chapelle-Heulin, du Loroux-Bottereau, de La Chapelle-Basse-Mer, sont totalement différente des collections départementales. Elles sont beaucoup plus riches que les départementales, et il convient d’analyser ce phénomène. Voici donc à titre d’exemple l’analyse des différences pour les deux collections, départementales et communales, concernant Saint-Julien-de-Concelles.

    Les mariages des AD, dépouillés par le CGO, sont au nombre de 123 de 1793-1802, alors qu’ils sont au nombre de 245 dans la collection communale. Bien entendu, les fascicules communaux sont reliés dans le désordre le plus total : non seulement les décès sont mélangés aux mariages, mais les années commencent n’importe quand et se suivent n’importe comment. Mieux, les années dont la copie est aux AD, ne sont pas copiées intégralement et il manque plusieurs mariages à l’intérieur d’une année copiée. Il a fallu exactement 70 heures de relevé communal suivies d’environ 30 heures de coordination informatique pour compléter la table départementale faite par le CGO, et ce pour les seuls mariages. Les décès ne sont pas pris en compte dans ce temps de travail.
    L’expérience acquise dans les trois communes citées me permet de préconiser pour l’avenir une méthode d’approche plus rationnelle : dépouillement exhaustif de chacune des deux collections indépendamment, suivi d’une confrontation entre les deux relevés. Pour retrouver ensuit matériellement l’acte lui-même à partir d’une table, il ne suffit pas d’indiquer dans la table « archives communales », et il faudrait une autorisation de numérotation manuelle des pages des registres et faire figurer ce numéro de page après chaque relevé de la table.
    Toutes les communes ayant souffert de la guerre civile ont le même problème. A Vern d’Anjou, paroisse d’adoption de la famille Lemesle, il existe encore plus incroyable : l’année 1791, comme toute la période prérévolutionnaire, a brûlé lors du passage des Vendéens, mais en 1803 le maire retrouve une table manuscrite du XVIIIe siècle se terminant en 1791, rassemble les couples de 1791 et réécrit les mariages. Le tout est relié dans la table manuscrite du XVIIIe qui n’est répertoriée nulle part, puisque rares sont les communes qui attachent de l’importance à une table manuscrite du XVIIIe et jugent utile de les signaler aux AD.
    L’état civil de la période révolutionnaire souffre donc, en pays de guerre civile, de la plus grande misère : son état est le reflet des difficultés rencontrées par les diverses administrations municipales de l’époque.
    Or, depuis deux siècles, les archives souffrent du mode de classement franco-français : « avant » et « après » 1789 ; Avant, les registres de catholicit ; après, l’état civil. Ceci est faux en région de guerre civile, et l’application de cette césure archivistique fran‡aise pose dans notre région un sérieux problème.
    Il serait temps, deux siècles après, de se pencher sur l’indispensable complément de l’état civil : le registre de catholicité, source incomparable du patrimoine historique en région de guerre civile.

  • L’enregistrement civil des mariages
  • 313 mariages sur 411 clandestins, soit 76,2%, ont pu être retrouvés civilement à Saint-Julien et dans les paroisses voisines : le Loroux, Basse-Goulaine et Saint-Sébastien.
    Les mariages pour lesquels les deux dates sont connues concernent dans 75% des cas des Concellois et 25% de non-Concellois.
    Ce nombre de mariages civils permet une exploitation statistique du délai d’enregistrement. L’analyse permet de cerner les réticences des couples.
    Le nombre de mariages trouvés hors de Saint Julien excède le nombre de mariages de horsains constaté dans le registre clandestin. Mais ce pourcentage élevé de horsains est dû en partie au fait que les mariages de Concellois n’ont pas tous été retrouvés, malgré le dépouillement des 2 collections : départementales et communales.
    Le délai d’enregistrement varie selon que l’on considère les Concellois et les horsains. Les Concellois ont eu l’enregistrement facilité par le contexte municipal compréhensif (voir chapitre Pertes de Mémoire). Ils ont donc régularisé massivement 1 à 4 ans après la cérémonie religieuse.

    Le délai, exprimé ci-contre en mois s’étire de 3 ans avant à 27 ans après. Les 2 mariages 3 ans avant sont en fait les 2 mariages constitutionnels rebénis par Lemesle. Il est à noter que ces 2 couples ne sont pas repassés ensuite à la mairie. J’ai rencontré 1 couple dans ce cas au Loroux, qui d’ailleurs repasse dans la paroisse de l’épouse puis dans la paroisse de l’époux, soit 4 mariages au total, en comptant le constitutionnel, pour un seul et même couple.
    Le délai d’1 mois ne concerne pas la moitié des mariages civils.

    Les mariages régularisés 26 et 27 ans après sont plus nombreux pour les borsains, d’ailleurs on observe pour ceux-ci un creux des enregistrements : il n’y a rien entre 1 an et 10 ans. L’histogramme ci-dessus est donc typique de la bonne volonté de la municipalité concelloise. Il y a eu quelques vagues massives mais une régularisation échelonnée sur 27 ans.

  • Saint-Sébastien-sur-Loire
  • Les mariages civils « régularisés » très tard à Saint Sébastien sur Loire sont plus nombreux que les mariages religieux clandestins trouvés à ce jour. D’autres prêtres ont donc unis des mariages clandestins qui nous sont inconnus. En outre, les couples mariés clandestinement par René Lemesle ne viennent plus après leur mariage faire baptiser d’éventuels enfants issus de leur union : ils ont donc trouvé un autre prêtre. En effet, le baptême est considéré par tous les auteurs (17,18) comme le sacrement auquel on ne renonce pas le premier. Un couple ne peut donc avoir été béni dans des conditions difficiles et ne pas faire baptiser ensuite ses enfants. Ainsi, pour Saint Sébastien, les couples de Jean Corgnet et Marie Clestras d’une part et de Pierre Corgnet et Marie Jeanne Choismet d’autre part. Unis le 5.5.1795, ils ne font pas baptiser à Saint Julien de Concelles.

    Baptêmes clandestins
    Après une période de privation de prêtre, la venue d’un prêtre dans une paroisse, est immédiatement suivie du baptême des enfants n’ayant pas pu le recevoir entre-temps (voir chapŒtre 2).
    Le livre de paroisse, commencé en 1829, retrace la période clandestine en ces termes « Monsieur Bascher, ancien curé de Rezé, fût le premier prêtre qui célébra la messe dans la paroisse depuis 1792, et ce le 2 avril 1800. Son successeur fût Monsieur Martin. Enfin le 22.11.1802 J.B. Blanchet est nommé curé de Saint Sébastien (28).

    Ce livre de paroisse est malheureusement écrit 30 ans après les évennements et il est basé sur des témoignages qui donnent une verson tronquée des faits, puisque René Lemesle a dit la messe à Saint Sébastien en la chapelle de la Savarière le 26.11.1795 au moins (voir p.46), si clandestinement que les témoins intérrogés ne relatent pas ces faits 30 ans après.
    Le registre de catholicité de Saint Sébastien, qui suit la période révolutionnaire, donne des indications qui diffèrent de ces témoignages. Ce registre commence le 19.08.1800 comme suit :

    Registre pour inscrire les mariages et baptêmes de la paroisse de Saint Sébastien au diocèse de Nantes depuis le 14 du mois d’Août 1800 et la premier acte est du 19 du dit mois d’août même année, la page où il se trouve doit être regardée comme la première de ce registre qui a été quotté et millésimé par nous prêtre catholique desservant et l’avons signé … J. Martin Rr desservant de Saint Sébastien (registre de catholicité, Saint Sébastien, Archives paroissiales).

    M. Martin baptise et marie dès le 19 août 1800, or les enfants qu’il baptise viennent de naître, donc les enfants de Saint Sébastien nés avant cette date avaient déjà été baptisés. Est-ce que Bascher les auraient tous baptisés entre le 2 avril 1800 et le 19 août ? Bascher a-t-il pu tenir un registre, ou bien a-til tenu uniquement des minutes des actes ?
    Toujours est-il que l’on ne trouve la trace d’un prêtre avant Martin que par déduction, à partir de l’âge des enfants qu’il baptise. Mais on retrouve par contre une feuille volante dans le registre de Saint Sébastien :

    Cet acte écrit en 1799 est signé de façon authentique par le parrain et la marraine. En outre, l’écriture est bien celle de Marchand. Ce prêtre, recteur de la Chapelle Heulin, se déplaca beaucoup pour échapper aux poursuites, et ne réussit à faire que de courtes apparitions à la Chapelle-Heulin. Il aurait donc été présent à Saint Sébastien en 1799. L’acte qu’il signe à Saint Sébastien peut être considéré comme un bel exemple de précision « en la ville de Nantes, au lieu dit Vertais, trêve de Saint Jacques paroisse de Saint Sébastien ». Marchand commence par la géographie communale « ville de Nantes », qu’il n’ignore pas, puis le quartier de Vertais, aujourd’hui absorbé par notre Ile Beaulieu, qui dépendait avant la révolution de la paroisse de Saint Sébastien à travers la trêve de Saint Jacques. Le statut de trêve n’était pas cité fréquemment par les paroissiens de Saint Jacques avant la révolution, on peut donc affirmer que c’est Marchand qui avait appris, sans doute au séminaire, le statut de chaque paroisse du diocèse.
    Cette précision, en pleine persécution, montre que ces hommes poursuivis savent garder un savoir-faire exceptionnel de rigueur et de précision. Les actes de baptêmes délivrés par ces hommes ne sont pas des certificats au rabais : tout se passe comme si, faute de moyens, on avait à coeur de noter rigoureusement le plus de détails possible.
    Marchand ne fût pas le seul prêtre à passer à Saint sébastien. Le registre de 1800 n’est pas écrit de la seule écriture de Martin. La seconde écriture était soit celle de Jaulin, soit celle de Connard. Ces 2 prêtres signent chacun un acte à Saint Sébastien en 1800. J’ai un programme d’analyses graphologiques en cours pour toutes ces écritures.

  • Basse Goulaine
  • René Lemesle a marié des Bas-Goulainais, et il a même marié le 27.1.1795 dans l’église de Basse Goulaine (voir le registre à cette date). Ces Bas-Goulainais ont régularisé civilement plus tard, mais on relève à Basse Goulaine dans l’état civil en 1814 au moins 2 mariages de régularisation qui ne figurent pas dans les registres clandestins connus à ce jour. Il s’agit d’ailleurs de 2 couples qui font enregistrer le jour de leur mariage civil respectivement 7 et 8 enfants vivants, dont plusieurs non déclarés auparavant. Ces mariages laissent supposer un mariage clandestin religieux non connu à ce jour. Il existait donc un prêtre itinérant à Basse Goulaine, qui y fiat des passages pendant la guerre civile. Le registre d’état civil lui-même permet de mettre ainsi en évidence cette existence.
    Pour ce qui est du phénomène d’enregistrements d’enfants, et même nombreux enfants, il est fréquent lors de ce type de mariage civil de régularisation. En fait les enfants avaient besoin de papiers pour se marier d’où la nécéssité dans laquelle étaient finalement les parents de se rendre à la mairie. Une grande partie de ces enfants n’avaient jamais été déclarés, toujours 1 sur 4, souvent 2 sur 4. Les registres de naissances de l’état civil sont donc incomplets, si l’on ne tient pas compte de ces déclarations très tardives. Au moment de la déclaration, les enfants, qui sont dans tous les cas des baptisés clandestins, ont plus de 20 ans.
    Pour mesurer le taux de baptêmes, la comparaison entre le nombre de naissainces dans l’état civil, et le nombre de baptêmes dans les registres clandestins a déjà été tenté. Patricia Lusson-Houdmon s’est heurtée au surplus de baptêmes comparé aux naissances (29). Ce surplus n’a pas d’autre cause que la sous déclaration des naissances. Malgré les menaces, plusieurs couples par commune ont réussi à ne pas déclarer des enfants avant leur âge adulte.

  • Le mariage civil seulement
  • Les mariages civils ne recoupent pas tous les mariages religieux, et quelques mariages civils n’ont pas d’équivalent dans le registre clandestin.
    De là à conclure que les couples mariés uniquement civilement sont détachés de la religion, il faut être prudents. En effet, l’un de ces mariages civils pour lesquels on ne trouve pas d’équivalent religieux est celui du couple de Charles
    Marie Goguet de la Salmonière (voir p.42) et d’Emilie Bonchamps, la soeur du général tombé à Saint Florent le Viel le 20.10.1793. Leur mariage civil le 19.07.1800 à Saint Julien est une régularisation de plus, mais n’a pas été pris en compte dans la statistique du délai d’enregistrement du mariage, car cette statistique n’est basée que sur le registre de Renée Lemesle. Le délai est dans le cas de ce couple de 6 ans et 7 mois. Nous ne disposons que du récit de la Marquise de la Rochejaquelein, mais il est crédible.
    Les autres couples, uniquement civils apparamment, ne sont pas nombreux, puisque non compris le couple ci-dessus, ils sont au nombre de 12. Il n’est pas à exclure que quelques uns soit républicains.
    Certains Concellois ne dédaignent pas les prêtres contitutionnels. Ainsi, le 7 pluviose an IV de la République Française (sic) en l’église de Saint Jacques de Nantes, François Limousin, marinier, 33 ans, né à St Julien de Concelles, et demeurant rue du Port Maillard, épouse religieusement Marguerite Raimbaud de St Fiacre.

  • L’enregistrement
  • Dans ce chapitre, il a été question de « délai d’enregistrement » et non de délai entre le mariage religieux et le civil. C’est que ce dernier était considéré en 1798 à St Julien comme un enregistrement (voir p.).

    Ouvrage paru en 1990
    (C) Editions Odile HALBERT
    ISBN 2-9504443-1-8

    Odile Halbert – Reproduction interdite sur autre endroit d’Internet seule une citation ou un lien sont autorisés.