Donation à son domestique, Corzé, 1641 : François de Chérité à Jean Mathieu

Le contrat de travail d’un domestique était verbal, parfois en se serrant la main. Donc, les traces de tels contrats n’existent pas…

Mais, parfois, on trouve quelques traces indirectes, comme ce fut mon cas pour mon ancêtre Faucillon, qui avait été couché sur le testament de sa patronne, pour une somme assez douillette… pour bons et loyaux services. J’ai trouvé à Corzé, cette fois sans trace de testament, une donation du vivant du seigneur, la voici :

Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E
Voici la retranscription de l’acte : Le 7 novembre 1641, devant Christophe Davy notaire royal résidant à Corzé, furent présents établis et duement soubzmins Messire Françoys de Cherité chevalier seigneur de Chemant en ladite paroisse de Corzé, demeurant à Angers paroisse de Saint Denis,
lequel pour la bonne amitié qu’il porte à Jehan Mathieu son serviteur domestique et en recognoissance des bons et agréables services qu’il lui a rendus et de ceulx qu’il luy rendra à l’advenir, lui donne par ces présentes sa vie durant seulement, toutes et chacunes les rentes tant foncières que féodales et autres debvoirs qu’il lui doit à cause de sa seigneurie de Chemant pour raison des choses héritaux par ledit Mathieu cy-devant acquises de André Badin et Catherine Davy sa femme par contrat passé par Berruyer notaire royal Angers le 26 mars dernier, sans que néanmoins le décès dudit Mathieu ses hoirs et ayant cause se puissent référer du présent acte, et ils seront tenus payer les rentes de Chemant …

Je vous avais posé une question restée sans réponse, car elle ne vous avait pas parue importante, sur le meilleur moyen qu’avait un closier pour sortir de son sort. Domestique chez un seigneur était un moyen. Certes, il y restait souvent 15, 20 ou 25 ans, mais pouvait au final, se retrouver avec un petit pécule, puisqu’il ne dépensait rien du temps de son service, par contre, il apprenait les bonnes manières, et parfois même, comme c’est le cas de mon Faucillon, il était appelé à des fonctions plus nobles. Mon Faucillon gérait manifestement la maison seigneuriale lorsque le maître était en mer, ce qui était fréquent… Il avait appris à écrire et compter, sans doute en se distinguant des autres… en gagnant la confiance… enfin, c’est ce que je suppose… et cette famille Faucillon est l’une des rares familles à avoir alors franchi la barrière sociale. Il se marie ensuite, certes moins jeune, mais fonde une famille socialement plus élevée que les précédentes… et ses descendants deviennent tous des marchands fermiers, c’est à dire des gestionnaires de biens, faisant des affaires…

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La balle d’avoine, pour dormir dessus, et la catalogne pour se couvrir au lit

Nous avions vu à 2 reprises des éléments concernant le lit : le fabricant de matelas, et le prix du lit selon les classes sociales. Mais la plupart du temps en Anjou, le lit est estimé garni et non au détail de chaque élément. Grâce à nos voisins du Maine, qui ont souvent le détail des prix, on sait que les éléments de la garniture sont en fait plus onéreux que le bois de lit lui-même.

Voici un exemple, qui nous est communiqué par Elisabeth Vaillen, de Laval : Inventaire Pivert, 1700 (Archives de la Mayenne, série 3E)
Attention, vous passez dans la retranscription de l’acte, donc en orthographe telle que dans l’acte.

  • Une catolene de sarges sufil blanche estimée 6 L
  • Une couette de lit aveq 2 petis oriliers et un traverslit le tout garnis de plume couvert de couesty fors un des oriliers qui n’est couvert que de toile pezant ensemble 40 livres pois de laize once estimé la livre à 15 s qui fait 35 L
  • Une couette de balle aveq un orillier ausy de balle 1 L
  • Une petite couette de balle et un orillier estimés ensemble à 1 L 10 s
  • Je passe à mes commentaires, dans mon orthographe actuelle. Si je précise ce point, c’est que je ne compte pas les emails quotidiens pour me dire d’un ton péremptoire : Madame sachez que tel lieu, tel patronyme, tel terme s’écrit ainsi. Mon site est entièrement fait de retranscriptions qui sont au contraire pures racines des termes.

    La catolene se comprend mieux phonétiquement, car autrefois les accents régionaux altéraient beaucoup les termes, donnant lieu à de très jolies et très diverses variantes. Ainsi les syllabes a e et o étaient souvent mélangées.
    Si on regarde bien la phrase, on sait qu’elle est en serge, et vous savez maintenant que le  »sarger » aliàs  »sargier » travaille la laine. Maintenant, si vous étudiez phonétiquement catolene, vous obtenez la catelogne ou

    catalogne : couverture de laine, sans doute appelée ainsi à cause de son origine. On écrit aussi chatalongue, castellongne, et à Avranches au 18e siècle on trouve castalloine (M. Lachiver, Dict. du monde rural, 1997).

    Je ne compte plus les variantes orthographiques que j’ai rencontrées, toujours est-il qu’elle est le plus souvent présente.
    Donc, notre catolene est la couverture de laine sur fil. Je crois savoir que de nos jours nous avons la couverture toute laine (ou alpaga, ou cachemir ou autre), de coton, et enfin plus récemment de polaire. On peut regarder la catolene comme leur ancêtre, si je peux m’exprimer ainsi.

    Les lignes suivantes sont fort intéressantes, car on a dans les trois cas le terme couette mais l’une garnie de plume les deux autres de balle. Celle de plume est l’élément le plus coûteux. Et, comme la plume est légère, gageons qu’elle est dessus, et sert donc de couverture. C’est d’ailleurs ce que va nous démontrer la présence des autres couettes.

    Les deux dernières couettes sont dites de balle. Le terme balle a tant de sens, que celui qui nous concerne disparaît dans une multitude d’explications. Je connais son sens, entre autre parce que j’ai travaillé durant 2 ans dans l’un des plus grands moulins d’Europe sur le Rhin à Cologne. Cet immense moulin, sur 12 niveaux, est un souvenir merveilleux pour moi, car comme souvent en Allemagne on se déplaçait par Pater Noster, c’est à dire espèce d’ascenceur sans porte et qui ne s’arrête pas. Mais celui du moulin était aussi sans cloisons, et en demi-cercle. Fabuleux, tout bonnement fabuleux… Enfin, pas la première fois, car j’ai eu tout bonnement la trouille : pour une Française le Pater noster est toujours une découverte, mais celui-ci était une très impressionnante découverte, on voyait le vide des 12 étages en regardant par terre. En tant qu’employée chimiste au labo, au 12e étage, vue imprenable sur le Rhin et Cologne, je devais faire mes prélèvements quotidiens moi-même, avec le Pater Noster.

    Donc la balle est un sous-produit des moulins, c’est l’enveloppe du grain. La couette de balle est une sorte de poche de toile remplie de balle. La balle donne son nom aux couettes remplies de balle, aussi voici en Anjou ce que donnent les dictionnaires :

    Ballière : couette de balle d’avoine (Charles Ménière, Glossaire angevin, 1880)
    Baline, balline : large poche remplie de balles d’avoine pour le lit (Henri Boré, Glossaire du patois angevin, 1988)
    Ballin : petite paillasse bourrée de balle d’avoine et de guinche pour un berceau cf. ballo, pissou (Cerle J. Ferry, Laval, Lexique du patois vivant, 2001).
    Ballée : en Anjou, matelas rembourré avec des balles d’avoine. On dit aussi balline, ballière (M. Lachiver, Dict. du monde rural, 1997)

    Vous avez vu au passage le pissou, terme parlant. En effet, pour les enfants, on remplaçait aussitôt la balle d’avoine.
    La couette de balle est donc ce qui est dessous, et qui sera progressivement remplacée par le matelas de laine, puis de mousse, de ressorts…. Et bien entendu il s’agit le plus souvent de balle d’avoine, d’où le titre de mon billet. Elle a disparu avec la disparition du monde rural et l’urbanisation, et l’invention de la mousse de synthèse etc…, mais beaucoup s’en souviennent encore…, l’utilisent encore…
    Pour les autres termes, vous êtes grands, et au cas où vous souhaiteriez des définitions, voyez mon lexique des inventaires en Haut-Anjou.

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    Retraite d’une veuve chez son gendre, Jacques Justeau, maréchal en oeuvres blanches, 1708

    Meubles et location de la chambre, à La Chapelle-sur-Oudon, 49 (Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E)

    Après le décès de son époux Jean Bodard, maréchal en oeuvres blanches, Suzanne Lespron, mon ancêtre, s’était retirée chez son gendre Justeau, aussi maréchal en oeuvres blanches. Elle avait fait dresser la liste de ce qu’elle y avait emporté, et mieux, l’acte donne à la fin, le montant du loyer annuel versé à Justeau, 4 livres. Cet acte illustre le sort des veuves, et aussi le coût de la vie par des exemples concrets, ici le loyer de la chambre par an. Il nous livre également la présence d’un fils infirme.

    Voici la retranscription de l’acte : Le 11 septembre 1708, dvt Claude Bouvet Nre Royal Segré, h. personne Suzanne Lespron veuve de †Jean Bodard vivant maréchal en œuvres blanches demeurant au village de Vrezée (c’est ainsi qu’on appelait autrefois la Verzée) à La Chapelle-sur-Oudon, gisant au lit malade mais par la grâce de Dieu saine d’esprit et de mémoire et d’entendement, laquelle craignant qu’après sa mort ses enfants vinssent du différent entre eux à cause des meubles qui sont en la maison de Jacques Justeau maréchal en œuvres blanches son gendre où elle est détenue malade, pour y obvier elle déclare avoir les meubles qui suivent

  • un lit garni où elle est à présent gisante dont le demi-tour est de Tirtainne garni de franche et franchette de soie, une couverture blanche plus que demie usée, une couette, un traverslit, et un oreiller le tout ensouillé de couetty, paillasse et charlit,
  • une paire de prisse (genre d’armoire) de pommier fermante à deux fenêtres, & de clef,
  • un bois de couchette couette et paillasse un traverslit de peu de valeur,
  • une table ronde de bois de noyer,
  • un charlit de bois de noyer (écrit noier), une couette ensouillée de couetty et un traverslit ensouillé de toille,
  • une poisle à frire, un grand poislon, et une passette d’airain, un rond aussi d’airain, une marmitte de fer avec son couvercle d’airain, deux petits chaudrons percés, et un autre petit chaudron, le tout de cuivre,
  • deux petits chenets, une crémaillère (écrit cramaillère), une broche à rostir, le tout de fer,
  • un vieil cabinet,
  • une vieille huche,
  • deux lampes et deux chandeliers de potin, l’une desquelles lampes est raccommodée de fer,
  • 19 livres d’étain, tant creux que plat, (c’est la vaisselle, toujours estimée au poids)
  • 8 draps de toille de brin et reparon, dont 2 usés,
  • 14 chemises à l’usage de ladite établie, desquelles il y a 9 presque neuves, et les autres plus demi-usées,
  • 3 nappes de brin,
  • une demi-douzaine d’essuismains,
  • 3 souilles d’oreillers, et 4 serviettes,
  • 16,5 livres de laine filée laquelle laine ladite établie déclare employer à faire faire de l’étoffe …,
  • plus 1 autre bois de couchette garnie d’une couette,
  • 1 traverslit, … lodier et paillasse qu’elle dérire relaisser à Pierre Bodard son fils, qui y est gisant infirme,
  • 6 chaises de bois foncées de jonc desquelles il y une de bois de chêne,
  • 2 futs de pippe de peu de valeur,
  • 1 fut de busse et quart de pippe,
  • 1 rouet à filer,
  • 1 saloire (écrit salouer) … à vanner, 1 crocher de fer, à pecher,
  • le tout qu’elle veut être partager entre sesdits enfants après son décès, ce que ledit Jousteau et Suzanne Bodard sa femme ont reconnu devant nous avoir vu en ladite maison,
    voulant au surplus ladite Lespron que son testament passé devant †Me René Guyon notaire royal audit Segré le 27.11.1703 soit exécuté selon sa forme … laquelle exhorte sesdits enfants de discuter leurs droits dépendant des biens qu’elle leur relaisse le plus pacifiquement que faire se pourra,
    fait et passé au village de Vrezée maison dudit Jousteau en présence de François Bodard marchand et de Jean Bodard maréchal en œuvres blanches enfants et gendre de ladite établie, et encore de François Bodard Me cordonnier et Louis Bigot tailleur d’habits à Segré,…
    et à l’égard du louage de la chambre qu’elle occupe chez ledit Justeau et femme, ils ont convenu entre eux et ladite Lespron s’oblige leur payer de louage par chacun an 4 L, et entretiendra ladite chambre bien carrelée (AD49)

    Si je compte bien, il y a 5 lits dans la pièce, et elle dort donc seule, son fils handicapé aussi, et sans doute une servante. C’est rare de voir autant de lits devenus individuels, je suppose que ce sont les lits qui ont fait toute la vie de Suzanne Lespron, devenus vides depuis le mariage de ses enfants et son veuvage, mais qu’elle a conservés jusqu’à la fin de ses jours. D’ailleurs, tout le reste semble bien être tout ce qu’elle avait du temps de son époux et dont elle ne se sépare pas encore. Il semble que la présence d’un fils handicapé a fait que ses enfants n’ont rien partagé de ses meubles de son vivant, car généralement, les veuves se ratatinent beaucoup.

    En ce WE de Pentecôte, vous vous reposez, mais préparez vous à un billet extraordinaire : Lors d’une succession, prenez une hôtellerie, un serrurier, un orfèvre… et vous allez vivre un moment haut en couleurs, rarissime dans un acte notarié… car vous pouvez ajouter une grande dose de mystère, mieux que dans n’importe quel roman.
    Je suis en train de le préparer, malheureusement, je ne peux laisser le titre (la fameuse case en haut, et le sous-titre), en forme d’énigme, car les moteurs du WEB n’analysent pas la recherche des trésors et les énigmes, mais bien des termes plus substantiels, donc vous aurez la réponse dans le titre… désolée de cette forme concrète des méthodes du WEB. Mais sincèrement préparez vous à une affaire rocambolesque…

    A ce propos, savez-vous que ce site est visité par des auteurs, qui glanent la vie d’antan pour leurs écrits. Eh bien, ils ne vont pas être déçus, vous aussi d’ailleurs…

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    Le lit à travers les classes sociales

    Toujours collectif, il est estimé garni, et coûte de 200 à 10 L en 1700, de la classe aisée au domestique ou paysan peu aisé, mais c’est le meuble indispensable et la pièce maîtresse du mobilier.

    Dans cette catégorie NIVEAU de VIE, vous allez découvrir, au fil de ces billets, les éléments du coût de la vie, et de véritables indicateurs économiques. Nous avons vu que le logement était considérablement moins onéreux que de nos jours (sans eau, électricité, gaz, chauffage central), qu’il avait cheminée pour faire cuire les aliments et accessoirment se chauffer, mais pas de vitres au fenêtres de la grande majorité des Français.
    Je vous invite à découvrir quelques meubles et je commence par le lit. Sa principale caractérisque est d’être collectif, et surtout pas individuel : même à l’hostellerie, on y dort à plusieurs.
    J’ai dépouillé beaucoup d’inventaires, et les lits ci-dessous sont uniquement pour vous habituer à différencier les classes sociales. D’ailleurs, dans les 3 premiers cas, le lit est dans la chambre haute, ce qui signifie un minimum d’intimité, laquelle n’existe pas à partir du métayer, René Bouvet qui suit.
    Les lits sont décrits garnis, et les éléments qui composent la garniture sont amplement énumérés dans mon LEXIQUE DES INVENTAIRES, mais je vous en ferai un billet spécial si les couvertures et rideaux vous branchent… Mais au fait, les rideaux sont là pour clore le lit et être à l’abri des courants d’air puisque les volets de bois n’assurent pas l’isolation. D’ailleurs on porte même un bonnet de nuit aussi…

    Voici quelques exemples, de la classe très aisée, à la plus pauvre, le lit principal (il y en a toujours tout plein d’autres) :

  • Jacquette Lefebvre, décédée en 1575, femme de Jacques Ernault Sr de la Daumerye, conseiller et juge magistrat au siège présidial d’Angers, et fille de François Lefebvre de Laubrière et Roberde Bonvoisin, Angers, 1575 : un grand charlit (celui-ci est dans la chambre haute, mais il y en a un assez indentique dans la salle basse, et pour les amateurs de petite histoire, Mr le conseiller Ernault possède une hallebarde, mais elle est près du lit de la chambre haute. Aurait-il à craindre des malfrats ?) de bois de noyer (bois noble) fait à grosses quenouilles tournées et cannelées et les costés et pieds à voyses et godronnées (Voyez ci-dessous les commentaires qui expliquent les godrons) enrichy et garny d’une corniche par le hault aussi enrichye de toile et garni de sa carrye et à corde sur lequel charlit y a une couette de grand lict garnye de son traverlit et vestue de chacun une souille de lin le tout garny de bonne plume avecque deux mantes l’une blanche et l’autre verte (la couleur verte est souvent présente lorqu’il y couleur dans le lit, je ferai un billet sur les couleurs) presque neuve avecque 4 pantes de ciel d’estame verd garny de sa frange et frangette de lin vert ensemble 3 grands rideaux et ung petit de serge verte le tout presque neuf 88 L (attention, ceci est en 1575, et compte tenu de la déflation sur un siècle suivant, vous pouvez multiplier par deux pour comparer les prix ci-dessous)
  • René Richard, ancien conseiller du roi au grenier à sel de Pouancé, décédé en 1730 veuf d’Elisabeth Hiret, décédée en 1725 à 76 ans : charlit de bois de noyer (c’est le bois noble) garni de son fond foncaille paillase et vergettes, une couette de plume d’oye ensouillée de coutty, un travers-lit et oreiller pareil, un matelas fourré de laine et crin, une mante de catalogne blanche, une courtepointe de toile peinte picquée, un tour de lit de serge couleur brune bordé d’un ruban couleur aurore 100 L
  • Antoine Pillegault Sr de l’Ouvrinière, Dt à Angers possède aussi une maison de campagne à la Maboullière au Bourg-d’Iré, 1704 : 1 bois de lit ancien et ses vergettes, garni d’une paillase, couette, traverses de lit, le tout ensouillé de toile, matelas (rare, et pourtant il ne s’agit que de sa résidence secondaire), courtepointe d’Indienne picquée, rideaux et pants d’étamine rouge rayée de noir (tout le mobilier d’Antoine Pillegault est raffiné et suit les nouveautés, ici on remarque l’Indienne et les rayures rouge et noire, et le tout était surement du plus bel effet) 78 L
  • René Bouvet métayer à la Gerbaudière paroisse de Montreuil sur Maine, 1690 : un charlit de chêne (c’est le bois solide, qui fait plusieurs générations) à quenouille carrée (écrit « quarée », et cela n’est rien à côté de tout ce qu’il m’a fallu déchiffrer dans tous les inventaires qui sont en ligne.), une couette (écroit coitte) de plume ensouillée de coutil (écrit coittis), 2 traverslits aussi en plume ensouillés de toile, 2 draps de toile de réparon mesurés de 6 aulnes le couple, une mante de beslinge gris presque neufve, un demi tour de toile de brin plus que mi usé avec son chef de fil, un vieil linceul servant de font 30 L, mais il y a 3 autres lits dont 2 de cormier et poirier, et un de chêne, soit 4 lits dans la chambre (il faut vous y faire, c’est le terme pour ce que nous appelons « pièce »), et pour un total de 106 L.
  • Maurice Debediers, métayer Saint-Julien-de-Vouvantes, 1766 : Un lit à 4 quenouilles garni d’une couette, 1 traversier, 2 draps, 1 vieille couverture de beslinge, avec des rideaux de toile teinte (écrit tainte) 27 L (Le métayer est la classe paysanne aisée, passons à un paysan moins aisé.).
  • François Gohier laboureur à la Maisonneuve à Pouancé 1737 : Un bois de lit de bois de cerisier garni de 2 couettes, 3 traverslits, 1 oreiller ensouillé de toille, 1 lodier gani de filasses , 1 mauvaise couverture de meslinge avec ses rideaux de serge de Can ( pour Caen) verte 15 L (La Maisonneuve est une maison manable, à deux chambres hautes à cheminée renaissance chacune, construite vers 1575 par la famille Hiret que j’ai tant étudiée, et peu après baillée à ferme à moitié à un closier qui vit en bas, et a transformé durant des siècles les 2 chambres hautes en grenier à récolte.)

  • Fenêtres des chambres hautes de la Maisonneuve, en 1997 : à gauche dimensions conservées, avec sa grille, et à droite, la seconde fenêtre, qui avait été transformée en porte d’accès extérieur aux chambres devenues grenier à récolte.

  • Et les domestiques ? ?
  • Les domestiques ont bien entendu une catégorie en dessous, donc mettez 10 L pour leur lit. Et, lorsqu’il s’agit d’une maison manable, c’est à dire dans laquelle les maîtres dorment en haut dans la chambre haute, la ou les domestique(s) dorment dans la salle basse, et si celle-ci est divisée en salle basse et cuisine, ils dorment dans la cuisine. Les vagabonds, et autres routiers dorment sur la paille de la grange.

  • Et les enfants ?.
  • Attention, vous allez revecoir un choc.
    Moi-même, après le choc que j’avais reçu (je n’étais pas la seule) lors de la visite de la Bintinaye (pourtant l’odeur en moins, et il faudrait leur suggérer de l’ajouter), qui donne une idée impressionnante de la salle collective d’alors, j’ai eu un second choc lorsque j’ai lu l’ouvrage de François Lebrun Les hommes et la mort en Anjou aux 17e et 18e siècles, Flammarion, 1675.
    François Lebrun y traite de la fréquence des décès d’enfants en ces termes :

    « Comment voir disparaître autant d’enfants au berceau – un sur quatre en moyenne avant l’âge d’un an – sans considérer le fait non comme un scandale, mais comme un événement aussi inéluctable que le retour des saisons ? Cela est si vrai que l’on n’essaie même pas de prendre pour les nouveau-nés ce minimum de précautions qui aurait évité peut-être certaines morts prématurées. Les statuts synodaux du diocèse doivent interdire de faire coucher les enfants de moins d’un an avec les grandes personnes et classent, parmi les cas réservés, la suffocation d’enfant arrivée fortuitement dans ces conditions ; le renouvellement d’une telle interdiction aux 17e et 18e siècles prouve que des accidents de ce genre continuent à se produire.» Ainsi, nous seulement on les emmène à l’église le jour de leur naissance, ce qui en élimine déjà quelques uns… mais on continue donc en les étouffant dans le lit collectif.

    Vous aussi, vous en avez le souffle coupé ! Alors relisez ce qui précède, car vous avez bien lu, les nouveaux nés étaient mis dans le grand lit collectif. Et je confirme qu’au cours des nombreux inventaires après décès que j’ai dépouillés, je n’ai vu qu’une seule fois une bercouère. Ce qui signifie qu’il n’y en avait pas et qu’on pratiquait pour les nouveaux-nés le lit collectif.
    Les autres enfants jusqu’à leur majorité, étaient réunis dans un grand lit, voire 2 grands lits lorsqu’ils sont très nombreux, mais il n’existe pas de lits pour enfants.

    La garniture viendra une autre fois, car le coffre va suivre. Au fait, à quoi sert-il le plus souvent ?

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    Prix de construction d’une charpente neuve, Mozé, 1683

    Ma grand’mère, née en 1886, disait qu’elle avait traversé une époque remarquable :

    elle avait connu l’arrivée de l’eau courante et potable, l’électricité, le train et l’automobile.

    Dans les années 70, lors de mes longues traversées nantaises en autobus, il m’est arrivé de saisir au vol des conversations, dont celle de ces 2 femmes, parlant des jeunes. Elles avaient l’âge de ma mère, c’est à dire nées dans les années 1910. Elles devisaient sur tout ce qui avait tellement changé que les jeunes (des années 70) avaient la vie facile et en particulier tout oublié du mode de vie qu’elles avaient connu :

    elles citaient leur jeunesse sans eau, sans toilettes autres que dans le jardin etc…

    J’ai personnellement vécu 1 an sans chauffage, ni eau courante : étudiante je louais une chambre haute dans un manoir du 15e siècle, et je montais tous les soirs mon broc plein et mon seau hygiénique vide, puis j’ai vécu encore 3 ans sans chauffage à l’époque où je travaillais. C’était dans les années 50 et 60.

    Nos logements ont en effet connu une telle évolution au 20e siècle que beaucoup aujourd’hui n’ont plus aucune idée de ce qu’il fut autrefois. Mais moins de confort, c’était aussi beaucoup moins cher. Nous payons aujourd’hui le confort !

    Lors de mes recherches dans les archives notariales, j’ai toujours été frappée par le coût peu élevé des travaux de construction et rénovation, et des prix de vente des maisons. Non seulement nous ne construisons plus sans tout un tas de règles de confort, mais pire, notre époque est marquée par la spéculation délirante. Le but de ce billet est de vous rappeler que nos ancêtres ont connu un tout autre logement.
    Pourtant, autrefois les constructions étaient faites pour durer des siècles, alors que nous construisons de nos jours l’éphémère.
    Ceux qui voudraient convertir les livres d’antant en euros actuels pour comprendre un budget logement, tenteraient de comparer des choses incomparables. Pour la construction d’une maison sans chambre haute : cas du logement des métayers et closiers :

      1-Enlever les frais d’architecte, inutile autrefois pour les maisons d’agriculteurs, que le maçon et le terrasseur savaient faire eux-mêmes.
      2-Enlever le prix du terrain, car aujourd’hui il est spéculatif et hallucinant, ce qui n’existait pas autrefois.
      3-Enlever l’électricité
      4-Enlever toute la plomberie : pas d’eau courante pas de gaz, pas de salle de bains, pas de latrines, pas de cuisine, pas de chauffage (cuisine et chauffage sont assurés uniquement la cheminée).
      5-Enlever les vitres aux fenêtres.
      6-Enlever le carrelage au sol : le plus souvent terre battue.
      7-Enlever les cloisons : tout le monde ensemble dans la grande salle basse, qui est salle à tout faire. Et dans la foulée, enlever les papiers peints, etc…
      8-Prendre tous les matériaux sur place : en Haut-Anjou, pays de schiste ardoisier et de grès roussard, pas de problème.
      9-Tout est recyclé : la pierre des châteaux (demandez à ceux de Noyant-la-Gravoyère et de l’Isle-Baraton toute proche !), et celle des maisons en ruines (j’ai trouvé des contrats qui le précisent), mais aussi les charpentes comme dans le contrat ci-dessous.
      10-Enlever les charges sociales (pas d’assurance maladie, pas de retraite etc…)
      11-Par contre construire une grande cheminée dans la salle basse, laquelle recevra l’air nécessaire à sa ventilation par la fenêtre, laquelle fenêtre sera donc située de manière à favoriser le feu.
      12-Pour séparer le grenier de la salle basse, seulement des poutres et ce qu’on appelle une terrasse.
      13-Les réparations de la terrasse et de la couverture sont aux frais du preneur du bail (nous les verrons prochainement) et représentent généralement quelques journées de travail par an.
      14-Pour une ou deux chambres hautes, dans une maison manable (manoir, gentilhommière…), ajouter un escalier et les cheminées des chambres hautes. Au fait, les pièces se nomment chambre basse et chambre haute, le mot chambre étant équivalent à notre pièce, à ceci près que son usage n’est pas différencié, et qu’on fait tout en milieu rural dans la chambre basse : dormir, cuisine, manger, vivre etc…

    Voici un marché de charpente, qui vous donnera une idée du prix de la construction, fort peu élevé. Attention, il concerne 3 chantiers de réparations différents :
    Le 25 août 1683 avant midy, par devant nous René Rontard notaire de la baronnie de Blaizon, résidant à Mozé, furent présents en leurs personnes establis et soumis sous ladite cour chacun d’honorable homme André Aubert marchand bourgeois de la ville d’Angers, et y demeurant, paroisse de St Pierre, d’une part, et Jean Bernier charpentier demeurant au village de la Roche paroisse dudit Mozé d’autre part, entre lesquels a été fait le marché qui ensuit, c’est à savoir que ledit Bernier s’est obligé faire pour ledit Sr Aubert, toute la charpente d’un corps de logis appelé la Hairarye en cette paroisse où demeure François Benoist, de longueur de 44 pieds (soit 14,30 m) ou environ qui est d’y mettre à neuf 33 chevrons, 2 sabliers, 2 filières, un tirant et un poinçon avec ses liens et branchettes, et le faîtage et au surplus se servira de la vieille charpente en ce qui s’en trouvera qui pourra servir, qu’icelui Bernier reliera avec le neuf et la posera en sorte qu’il y ait 4 chevrons sous latte, et audit lieu, il étaiera le plancher de la principale chambre pour le soutenir pendant que l’on maçonnera et refera le pignon où est la cheminée en sorte qu’il ne tombe, et encore de faire et retailler pour ledit Sr Aubert la charpente sur une chambre de maison sise à Bourneuf paroisse de Mûrs de longueur de 25 pieds en laquelle charpente s’oblige y mettre à neuf le nombre de 15 chevrons, 2 filières, de longueur dudit bâtiment et un chevron vieil sur l’étable dudit lieu, même un étaie sous la poutre de ladite étable, et au surplus de ladite charpente, se servira de la vieille charpente et fera en sorte qu’il y aura 4 chevrons sous latte, pour tout quoi faire se fournira de tout bois pour ce faire pour ce qui regarde le neuf et comme aussi de faire à neuf un écrou et une vis et un futeau qu’il posera et mettra au pressoir du lieu de la Farferye après qu’icelui Sr Aubert l’aura rendu à place cela étant fait ledit Bernier s’oblige de mettre et poser lesdits écrou, vis et fusteau dans 15 jours prochainement venants, et quant à l’esgard des autres charpentes cy-dessus promet et s’oblige les rendre faites et parfaites bien et duement comme il appartient dans le 15e jour de novembre prochain, et pour lesquels besogne et charpente iceluy Sr Aubert promet et s’oblige payer et bailler audit Bernier scavoir pour le lieu de la Hairearye la somme de 105 livres, pour le lieu de Bourneuf 47 livres et pour la Farferye 18 livres, sur laquelle somme iceluy Sr Aubert en a payé audit Bernier la somme de 36 livres 10 sols et le surplus de ladite somme icelui Sr Aubert promet et s’oblige la payer audit Bernier en travaillant payant fin de besogne fin de payement, ce qui a été ainsi voulu consenti, stipulé et accepté, et à ce tenir etc obligent etc renonçant etc dont etc fait et passé au bourg dudit Mozé maison dudit Sr Aubert en présence d’honorable homme Claude Rondeau Me chirurgien et Jacques Benoist marchand serger demeurant à Mozé témoins à ce requis et appelés, ledit Sr Bernier a dit ne savoir signer. Constat, accordé en faveur dudit marché qu’icelui Bernier passera un pan de bois qui y est présentement pour faire séparation du grenier audit lieu de la Harearye en l’endroit où il y sera marqué aussi pour faire séparation dudit grenier afin d’en faire deux en lequel pan de bois icelui Bernier y laissera la place d’une porte de largeur de 2 pieds 8 pouces. Signé Aubert, Benoist, Rondeau, Rontard

    Plus nous avons de confort et de spéculation sur les terrains, plus nos logements coûtent cher… et plus nous laissons d’exclus… Voyez tout le mal que se sont donnés Mr Borloo et Mme Boutin… Et, dans tous les cas, il serait vain de convertir des livres de 1623 en euros pour comprendre le prix d’une maison de nos ancêtes. Pour comparer, faut-il encore que les choses soient comparables…

    Vous pouvez visiter sur mon site de nombreuses montrées de l’habitat, lors de baux à ferme, en particulier le bail des terres dépendant de Mortiercrolles, situé autrefois en Haut-Anjou, aujourd’hui en Mayenne.

    La propriété d’un bien foncier autrefois : l’exploitant agricole est rarement propriétaire de l’exploitation

    Ce blog illustre uniquement le Haut-Anjou, parce que je le connais, et je ne parle que de ce que je connais pour l’avoir longuement étudié dans les archives notariales et autres archives. Rien ne sort sur ce blog d’un quelconque wiki ou forum, et autres lieux internautiques où n’importe qui a droit de dire n’importe quoi.

    Ce qui caractérise la France de l’Ancien Régime, c’est d’abord l’extrême diversité entre provinces, voire même à l’intérieur d’une province : diversité de droits, coutumes, mœurs, logements, type d’exploitation, de cultures, vocabulaire, accent… etc… Il en résulte très souvent tant de différences sur un seul terme, que vous ne pouvez rien extrapoler hors du Haut-Anjou… voire m’écrire qu’il y a une erreur sur mon site parce que vous avez tel ou tel sens… et que j’en ai un autre. Consultez d’abord le Dictionnaire du Monde Rural de Lachiver, et vous constaterez que chaque mot peut avoir beaucoup de sens différents selon le lieu et l’époque…

    Le présent billet s’efforce de répondre pour le Haut-Anjou à la question

      « mon ancêtre achète en 1623 un bien de 300 livres, à quoi cela correspond ? »

    La question est incomplète car une partie de la réponse est dans cet acte, puisque tous ces actes spéficient clairement lieu, type de terre et superficie ; ces 3 paramêtres sont bien plus utiles que le montant en livres pour comprendre la réponse. Nous allons voir pourquoi, nous étudierons successivement : l’hémorragie du monde agricole, qui possède la terre agricole, comment et pourquoi placer ses économies.

  • 1-L’hémorragie agricole
  • La population agricole était de 80 % en 1800, 50 % en 1870, 36 % en 1945 et seulement 6 % en 1990. Autrefois majoritaire, elle constitue donc la majorité de nos ascendants.

  • 2-Propriété de la terre agricole
  • L’exploitant agricole d’autrefois est rarement propriétaire de l’exploitation. Celle-ci est appellée métairie et closerie en Haut-Anjou, la métairie étant environ le double de la closerie voire plus, en surface, en revenus, et en valeur de cession foncière. Dans les régions très voisines, pour lesquelles il existe des études, on estime que 75 à 80 % des terres agricoles sont sous bail soit à ferme (louage) soit le plus souvent à moitié. (j’y reviendrai). Mais je n’ai encore jamais trouvé d’exploitant en Haut-Anjou qui possède son exploitation.

    Selon Annie Antoine, « Fiefs et villages du Bas-Maine au 18e siècle », Editions Régionales de l’Ouest, Mayenne, 1994, le clivage richesse/pauvreté ne recouvre pas le clivage propriétaire/exploitant,

    et selon R. Dupuy « Structures foncières en Haute-Bretagne à la fin de l’Ancien Régime, Pierre.51-55 in Actes du colloque franco-québécois, Rennes-Québec, 1985, « le clivage majeur nous semble plutôt opposer les pauvres, qu’ils soient tenanciers ou propriétaires, aux riches, également fermiers ou propriétaies ou les deux à la fois. » (j’y reviendrai)

    Or, de temps, y compris de nos jours, une exploitation agricole doit avoir une surface minimale pour être rentable. Nous arrivons donc à la notion de surface plutôt que de valeur monétaire.

  • 3-Comment placer ses économies
  • Nous venons de voir qu’environ 20 % de la terre n’est pas aux mains de gros propriétaires bailleurs des exploitations agricoles. Ces 20 % sont constitués de lopins d’une à plusieurs boisselées, fréquemment des rangs de vigne aussi, et assez souvent exploités en direct. Ces propriétaires sont artisans ruraux, petits hobereaux, et agriculteurs (métayers, closiers, laboureurs).
    En effet, si l’exploitant agricole n’est pas propriétaire de son exploitation, il possède souvent quelques lopins, ou quelques rangs de vigne, pour son utilisation personnelle. Ces lopins sont en quelque sorte le placement de quelques économies, exactement comme de nos jours vous placez les vôtres sur un livret ou autre placement sûr. Ces lopins pouvaient parfois se montrer fort utiles, en cas de coup dur (tout comme votre livret A d’ailleurs…). Ainsi, lorsqu’un proche parent était arrêté en flagrant délit de faux-saunage, s’il n’était pas rédiviste, il pouvait négocier sa liberté contre une amende, souvent de 200 livres. Immédiatement, tous les proches alertés se retrouvaient chez le notaire et vendaient des lopins pour payer cette amende.

      Merveilleuse solidarité !

    Donc, en l’absence de banque autrefois, ces petites cessions de lopins de terre sont des placements d’économies, et ce sont des placement sûrs, ce qui ne gâche rien. C’était en quelque sorte le livret A de l’époque, qui rapportait un peu puisque ces petits lopins permettent de compléter un peu les revenus puisque cette fois les fruits vont entièrement à l’exploitant. Citons le cas de la vigne, que j’ai étudiée au moins jusqu’à Château-Gontier, qui est toujours possédée par quartiers ou rangs par de multiples petits propriétaires, car je le répète, autrefois il était moins dangereux de boire du vin que de l’eau… alors chacun tentait sa production…
    Et puis, et cela est totalement oubliée des générations actuelles, autrefois, on dotait ses enfants au mariage, donc les parents devaient économiser en plaçant dans le seul placement alors connu : un lopin de terre, parfois une petite maison… C’était même la principale destination des économies…. J’y reviendrai très longuement.

  • 4-Conclusion
  • Donc, votre ancêtre a placé ses économies de l’année, comme vous placez sur le livret A. Mais hélas, la comparaison avec le livret A s’arrête là, car de nos jours lorsqu’on économise sur lui ou ailleurs, on peut espérer (on le peut) acheter un jour un bien cette fois plus important comme un appartement, (le fameux apport personnel) etc… Autrefois, ceci n’était pas vrai. Ces populations rurales besogneuses avaient tout juste le temps de parer aux coups dur et de doter leurs enfants avant de disparaître, et tenter de leur procurer un statut comme le leur, mais jamais ils ne montaient socialement, sinon par une autre voie. J’ai dans mes ascendants un exemple, qui fera l’objet d’un billet. Mais ne rêvez pas, c’était rare… voire rarissime… Essayez de deviner la voie… Réfléchissez bien, vous pouvez y parvenir…
    J’ai mis sur ce site un grand nombre de rôles de taille, de contrats de mariage, d’inventaires après décès, et je vais vous faire des tables d’équivalence en autres biens de la même époque, ainsi le lit de chêne du métayer vaut 30 livres lui aussi.

    La prochaine fois je traite le coût d’une maison pour les petits artisans propriétaires. C’est important avant de passer aux meubles nécessaires. Et j’espère qu’au fil de ces billets vous pourrez devenir capables de gérer un budget de l’époque, sans passer par 2008 où les comparaisons ne sont bonnes à rien.. Ainsi, la terre est le bien qui est le plus incomparable : nous avons maintenant n’importe quel prix au m2, avec un facteur hallucinant, qui s’appelle la spéculation. Ainsi personne ne peut dire ce que vaut un m2 en France, tant les différences donnent le vertige. Ces différences n’existaient pas autrefois, seule la qualité agricole de la terre donnait quelques différences, minimes, au regard des abimes que nous connaissons de nos jours…

    Odile Halbert – Reproduction interdite sur autre endroit d’Internet Merci d’en discuter sur ce blog et non aller en discuter dans mon dos sur un forum ou autre blog.