Journal d’Etienne Toisonnier, Angers, 1683-1714 (fin 1698)

1698 : juillet, août, septembre, octobre (rien en novembre), décembre

Journal de Maître Estienne TOYSONNIER, Angers, 1683-1714
Numérisation par frappe du manuscrit : Odile Halbert, mars 2008. Reproduction interdite.
Légende : en gras les remarques, en italique les compléments – Avec les notes de Marc Saché, Trente années de vie provinciale d’après le Journal de Toisonnier, Angers : Ed. de L’Ouest, 1930

  • Le 3 juillet 1698, la chaire de docteur, vacante par la mort de Me de Danne Audouin, fut adjugée à Mr Robert, fils de Mr Robert, sénéchal de Craon et de la feue Delle de Crespy.
  • Le 5 (juillet 1698) Me Mesnard plaida sa première cause avec Mr Pasqueraye le Jeune.
  • Le même jour mourut le sieur Avril de la Durbelière, marchand ; il laisse sa femme appellée Berthelot, chargée de 10 enfants.
  • Le 14 (juillet 1698) Mr Eveillon Maître des Eaux et Forêts d’Angers, fils du feu Sr Eveillon marchand ferron en cette ville et de la feue Delle de Crespy, épousa la fille de Mr Gohin et de la dame Berthelot.
  • Le 15 (juillet 1698) Mr de l’Epinay Jamereau escuyer épousa la fille de feu Mr Petit de la Pichonnière escuyer et de la dame Eveillard.
  • Le 28 (juillet 1698) Mr Pasqueraye, avocat, fils du feu sieur Pasqueraye, greffier en chef de l’élection de cette ville et de la dame Nicole, épousa la fille de feu Mr du Hardaz aussy avocat et de la Delle Grudé.
  • Dans ce même temps, le sieur Raffray épousa la fille du sieur Guesdon notaire royal et de la dame Gabory.
  • Dans ce même temps, le fils de feu Mr Jean Guynoiseau, avocat, et de la demoiselle Rossignol, épousa la fille du feu sieur Cousin de la Brideraye et de la Delle Pinard.
  • Dans ce même temps, mourut le Sr Ragot marchand.
  • Le 18 août (1698) mourut Mr de la Grance Gault, avocat. Il a laissé plusieurs enfants, Mr Gault prêtre, un autre aussy avocat, une fille mariée avec le fils de Mr Leroyer des Palluaux aussy avocat.
  • Le 7 (septembre 1698) mourut Mr Guynoiseau de la Sauvagère, capitaine d’infanterie, fils de feu Mr Guynoiseau de La Sauvagère, conseiller au présidial et de la dame Boizourdy. Il avait épousé la fille de feu Mr de La Roche Thévenin dont il n’y a point d’enfant.
  • Le 23 (septembre 1698) Mr Margariteau de Lizière, avocat, fils de feu Mr Margariteau, aussy avocat et de la Delle Garciau, épousa la fille de Mr Levoyer de la Davière.
  • Le 24 (septembre 1698) le fils aîné de Mr Guérin de la Pyerdière conseiller au présidial, s’étant yvré au cabaret des Banchets et étant ensuite entré dans la maison du nommé …, il se coucha sur un coffre où le cœur luy ayant chargé et ayant vomi dans la chambre, ledit … luy dit quelques dures paroles, dont l’autre se trouvant offensé, ils en vinrent aux mains, et ledit sieur de la Pyverdière le tua d’un coup de fusil. (je n’ai pas compris comment on pouvait se promener le soir au cabaret avec un fusil)
  • Le 2 octobre (1698) Mr Boylesve de Noirieux, conseiller au Parlement de Bretagne, fils de Mr Boylesve des Aunais conseiller honoraire audit Parlement, et de défunte dame Cupif de Teildras, épousa la fille unique de Mr Grimaudet de la Croiserie escuyer, et de défunte dame de La Forest d’Armaillé.
  • Le 4 (octobre 1698) mourut subitement Mr de la Martinière Viel, substitut du procureur du Roy à l’hôtel commun de cette ville. Sa femme s’appelle Nairault.
  • Dans ce même temps, le sieur Garnier, notaire, fils du feu sieur Garnier, aussy notaire en cette ville, épousa la fille du sieur Bedane marchand de bois et de Delle Lepage.
  • Le 8 (octobre 1698) mourut le sieur Bedane marchand de bois.
  • Dans ce même temps, la fille du feu Sr Trioche de la Betonnière, bourgeois, et de la Delle Renard, épousa le Sr Legeay.
  • Le 18 (octobre 1698) mourut la femme du sieur Lepage marchand confiseur ; elle s’appelait Boisard.
  • Le 21 (octobre 1698) mourut le sieur Pannetier des Brosses, bourgeois. Il avait épousé en 1ères noces la fille du feu Sr Neveu, docteur en médecine, dont il y a plusieurs enfants, et en 2ème la Delle Deniau.
  • Le 22 (octobre 1698) mourut Mr Boylesve de la Maurouzière second président en la sénéchaussée et siège présidial de cette ville, fils de feu Mr Boylesve de la Maurouzière Mr d’hôtel chez le Roy, et de la dame Lanier. Il laisse trois petits garçons et une fille de son mariage avec la dame Ménardeau. Il était âgé de 43 ans ; il fut enterré le lendemain dans l’église des Cordeliers.
  • Le 3 décembre (1698) mourut mademoiselle Jallet fille ; il y a plus de 40 ans qu’elle était attachée à la charité des prisonniers.
  • Dans ce même temps mourut la femme de Mr Brouard, avocat ; elle était veuve de défunt Pelletier de Terrière, Me chirurgien en cette ville. Il n’y a point eu d’enfant de ces mariages.
  • Le 9 (décembre 1698) la fille du Sr Aubert, marchand de soie en cette ville, et de la défunte dame Lemaçon, épousa le Sr Roussel de la ville de Vihiers aussy marchand de soie en cette ville.
  • Dans ce même temps, le sieur Poirier épousa la fille de défunts sieur Poilpré et de la dame Bachelot ; elle s’appelait Anne Poilpré.
  • Le 22 (décembre 1698) mourut Mr Martineau de la Fosse conseiller honoraire au siège présidial et correcteur des Comptes à Nantes. Il a laissé de son mariage avec la dame Gouëzault, Mr Martineau cy-devant religieux cordelier, à présent curé de Cellières, Mr Martineau de la Galonnière, chanoine à St Maurice, Mr Martineau avocat du Roy et un autre fils, marié avec la fill de feus Mr Cherot avocat de Delle Garciau, laquelle fille était avant veuve de Mr Avril de Louzil, conseiller au présidial. Il fut enterré le lendemain en l’église des Jacobins.
  • Le 29 (décembre 1698) mourut dans son château de Brissac, messire Henry Albert de Cossé, pair de France, duc de Brissac. Il avait épousé en premières noces la fille de Mr le duc de Saint-Simon, et en 2èmes madame de Verdamont, dont il n’a point eu d’enfant.
  • Dans ce même temps mourut Mr de Soucelles.
  • Cette année a été peu abondante en bled et en vin. La fourniture de froment se vend 500 livres, les autres grains à proportion, le vin communément 100 livres la pippe, et dans les gros crus 120 livres. Il n’y a presque point eu de fruits.
  • Journal de Maître Estienne TOYSONNIER, Angers, 1683-1714
    Numérisation par frappe du manuscrit : Odile Halbert, mars 2008. Reproduction interdite.
    Légende : en gras les remarques, en italique les compléments – Avec les notes de Marc Saché, Trente années de vie provinciale d’après le Journal de Toisonnier, Angers : Ed. de L’Ouest, 1930
    Odile Halbert – Reproduction interdite sur autre endroit d’Internet seule une citation ou un lien sont autorisés.

    Gares avant 1914

    Le train vu au début du 20ème siècle. Les gares ont duré longtemps, et je les ai connues telles que, si ce n’est la petite gare merveilleuse de Thouarcé, disparue depuis longtemps.

    Collections privées – REPRODUCTION INTERDITE, y compris sur autre lieu d’Internet comme blog ou site
    Cliquez sur l’image pour agrandir

  • en Loire-Atlantique
  • en Maine-et-Loire
  • C’est ma préférée, cherchez bien, car bien sûr elle a disparu !

  • en Mayenne
  • Collections privées – REPRODUCTION INTERDITE, y compris sur autre lieu d’Internet comme blog ou site

    Odile Halbert – Reproduction interdite sur autre endroit d’Internet (blog, forum ou site, car alors vous supprimez des clics sur mon travail en faisant cliquer sur l’autre support, et pour être référencé sur Internet il faut des clics sur ma création) seul le lien ci-dessous est autorisé car il ne courcircuite pas mes clics.

    Bail à ferme de la closerie de l’Anglaiserie à Saint-Sylvain (49), 1571

    L’Anglaiserie, autrefois l’Anglesserie, est située à Saint-Sylvain-d’Anjou, autrefois Saint-Silvin. Selon le Dict. de C. Port :

    Elle appartenait en 1513 au docteur Jean Binel, après lui à Pierre Doisseau, et relevait de la Roche-de-Monteaux, dans la baronnie de la Haie-Joulain.

    Le preneur du bail n’est pas un exploitant direct, mais bien un fermier, qui va bailler le bien à sous-ferme, probablement à moitié.

  • Il est très rare de trouver dans un acte notarié la superficie, et encore plus la superficie respective des différentes cultures. Cet acte est donc plus riche d’enseignements que d’autres baux.
  • Nous sommes en pays de vigne, et du meilleur vin, mais tout n’est pas planté en vigne, et la closerie est en polyculture. Les 9 quartiers de vigne, représentent 24,63 x 9 = 221,67 ares, soit 2,2 hectares. De nos jours, il faut 20 à 30 hectares de vigne pour en vivre.
  • Il élève de bêtes car 44 quartiers de pré font 10,5 ha, donc elles sont sans doute destinées à la vente aux bouchers sur Angers ou ailleurs.
  • Efin, il cultive 22 journaux de terre. L’Anjou utilisait plusieurs valeurs du journal et Michel Lemené, in Les Campagnes Angevines à la fin du Moyen-âge, donne 52,72 ares, ce qui fait 11,6 ha, donc une belle superficie.
  • Soit une superficie totale de 24,3 ha, ce qui est quasiement la taille d’une métairie et non d’une closerie. A titre de comparaison, Annie Antoine, in Fiefs et villages du Bas-Maine au 18e siècle, p.135, donne une superficie moyenne de 29,6 ha par métaire, sur une étude portant sur 558 métairies. Et de nos jours, la superficie moyenne d’une exploitation est inchangée (source INSEE)
  • L’acte notarié qui suit est extrait des Archives Départementales du Maine-et-Loire.
  • Voici la retranscription de l’acte : Le 18 janvier 1571, en la court du roy nostre sire à Angers et de monseigneur duc d’Anjou fils et frère de roy endroit par davant nous Mathurin Grudé notaire de la dite court personnellement estably honneste personne Louis Jourdan marchand demeurant Angers d’une part, et Charles Doysseau aussi marchand demeurant audit Angers d’autre part,

    soumettant lesdites parties respectivement l’une vers l’autre confessent etc c’est à savoir ledit Jourdan avoir baillé par ces présentes à titre de ferme et non autrement audit Doysseau qui a pris et accepté prend et accepte audit titre de ferme et non autrement du jour d’huy jusque à ung an prochainement venant et finissant à pareil jour et an révolu,

    le lieu closerie et appartenance de l’Anglesserie situé et assis en la paroisse de Saint Silvin (Saint-Sylvain-d’Anjou) composé de 22 journaux de terre ou environ et 9 quartiers de vigne en ung tenant et de 44 quartiers de pré

    comme lesdites choses se poursuivent et comportent sans aucune chose en réserver à la charge dudit preneur de tenir et entretenir lesdites choses en bonne réparation ladite ferme et en payer les debvoirs et rendre ledites choses en bonne réparation laboureur garnir et ensemencer comme elles sont à présent

    à la charge oultre dudit preneur de payer pour ledit temps audit bailleur la somme de 200 livres tournois rendable en ceste ville d’Angers le jour et feste de Nouel prochainement venant, et auxquelles choses dessusdites tenir etc obligent lesdites parties respectivement l’une vers l’autre etc renonçant etc foy jugement et condamnation etc (cette somme de 200 livres pour une closerie, à cette date, est élevée, et atteste un bon rapport, dû manifestement à la vigne)

    fait et passé audit Angers en présence de honorable homme Me Jehan Allain Sr de la Barre advocat audit Angers et Guy Planchenault demeurant audit Angers tesmoin

    Donation Savary veuve Bellanger, 1645

    Montreuil-sur-Maine est près du Lion-d’Angers. C’est là que naît, le 29 septembre 1613, Mathurin Bellanger, fils de Pierre et Julienne Savary.

  • J’ai déjà vu fin 16e siècle, un Crannier né au Lion-d’Angers, parti faire ses études à Paris, mais j’avoue que parti de Montreuil-sur-Maine, je suis encore plus ahurie ! Car Mathurin Bellanger est apothicaire ordinaire du roi, demeurant à Paris, en 1645.
  • Si je m’intéresse à ce Mathurin Bellanger c’est qu’il n’aura pas d’enfants, pas plus que sa soeur, et que mes propres ancêtres se retrouveront par la suite dans une invraisemblable succession collatérale, dans laquelle les frais de déplacement et de litiges engloutiront la part d’héritage. J’ai déjà un énorme dossier d’acte notariés sur eux et je tente de continuer.
  • L’acte qui suit est un accord entre mère et ses 2 enfants. La mère, veuve, s’est retirée à Angers chez sa fille, et fait donation de ses biens de son vivant, mais aussitôt on la découvre jouissant sa vie durant de ses biens. En somme elle devient usufruitière.

  • Mathurin Bellanger obtient les vignes à Montreuil, et le droit d’y séjourner, ce qui signifie qu’il aime le vin d’Anjou qui lui manque à Paris, et s’en réserve donc, et qu’il viendra y passer des vacances. En général, ceux qui étaient monté (à Paris, ou autre grande ville) aimaient venir quelques temps dans leurs terres natales se reposer. En fait, ce sont des précurseurs des vacances que nous connaissons.
  • La signature de Mathurin Bellanger atteste le besoin de paraître, qui était sans doute indispensable dans les grandes villes, et encore plus à Paris, car il signe « des Géraudières Bellanger », ce qui ressemble fort à la manière de s’exprimer de Toisonnier : d’abord le nom de la terre.
  • Enfin, il se fait appeler « noble homme », ce qui ne signifie là encore que le paraître, rien de plus…
  • Je n’ai rien trouvé sur les apothicaire du roi. Diderot est muet. Je suppose tout de même que cela atteste un certain mérite.
  • L’acte qui suit est extrait des Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E5
  • Voici la retranscription exacte de l’acte : Le 11 décembre 1645 après midy, par devant nous Nicolas Leconte notaire royal et gardenotte à Angers, furent présents honorable femme Julienne Savary veufve de deffunct Pierre Bellanger vivant sieur de la Benestière demeurant en cette ville paroisse Saint Maurice d’une part, et noble homme Mathurin Bellanger sieur des Giraudières apothicaire ordinaire du Roy demeurant à Paris estant de présent en cette ville logé paroisse Saint Denis, et honorables personnes Me Jean Aubert et Perrine Bellanger sa femme de luy authorizée par devant nous quand à ce, demeurant en cette ville paroisse de Saint Maurice d’autre,

    lesquelz respectivement soubzmis ont accordé ce que s’ensuit à scavoir que ladite Savary s’est volontairement démise et se démet de la propriété de tous et chascuns ses biens tant de ses propres que acquetz et concquetz mesme de ses meubles en faveur et entre les mains desdits sieur des Giraudières et Aubert et sa femme ses enfants eux les diviser et en faire partage … avec les biens dudit deffunt Pierre Bellanger leur père suivant et au désir de la coustume de ce pays d’Anjou, à la charge expresse néantmoings qu’elle jouira sa vie durant tant des biens par elle délaissez que ce deux demeurez de la succession dudit deffunt son mary de les entretenir en bonne et suffisante réparation de menues réparations seulement ainsi que pouraient estre tenus fermiers et usufruitiers et non des grosses réparations, à quoi seront tenus les demissionnaires qui feront aussi par elle acquitez des cens rentes et debvoirs seigneuriaux et féodaux et fontiers si aucuns sont deubz soit en deniers ou grains ou autre,

    en faveur de laquelle démission est convenu que ledit sieur des Giraudières jouira des à présent des vignes situées au clos des Gaudinières et Grand Clos de la Chesnaye en la paroisse de Montreuil-sur-Maine, de la pièce de pré située au pré appelé le pré des quartiers sur la rivière d’Oudon dite paroisse de Montreuil, à la charge aussi dudit Mathurin Bellanger de bien et duement faire faire et fassonner lesdites vignes de leurs fassons ordinaires suivant la coustume du pays, et y faire faire les provings comme un bon père de famille et payera les debvoirs tant de ladite vigne que dudit pré, et de relaisser à ladite Savary chacun an au temps des vendanges une busse de vin au pressouer du lieu de la Benestière au cas qu’elle en receuille esdites vignes, fournissant par elle de tonneau à le mettre, et auquel pressouer iceluy sieur des Giraudières pourra faire presser la vendange qu’il receuillera esdites vignes, et en cas que iceluy sieur des Giraudières veuille faire quelque séjour audit lieu de la Bénestière ou autres lieux de ladite démission, il ne pourra estre empescher ny d’y faire bastir et améliorer quand bon luy semblera, demeure tenu ledit sieur des Giraudières de faire partage tant desdits biens délaissez que de ladite succession dudit deffunt Bellanger leur père, dans le jour et feste de Toussaint prochaine, aussi accordé que ladite Savary pourra disposer desdits biens par elle délaissez jusqu’à la somme de 60 livres à une fois payées etc…

    fait audit Angers maison desdits Aubert et femme en présence de noble homme Me François Babin et Mathieu Rousseau avocats au siège présidial de cette ville, et René Verdon praticien demeurant audit lieu tesmoings : lesdites Savary et Perrine Bellanger ont dit ne savoir signer.

    Cette image est la propriété des Archives Départementales du Maine-et-Loire. Je la mets ici à titre d’outil d’identification des signatures, car autrefois on ne changeait pas de signature.
    Odile Halbert – Reproduction interdite sur autre endroit d’Internet (blog, forum ou site, car alors vous supprimez des clics sur mon travail en faisant cliquer sur l’autre support, et pour être référencé sur Internet il faut des clics sur ma création) seul le lien ci-dessous est autorisé car il ne courcircuite pas mes clics.