Contrat d’apprentissage de cordier pour Thomas Lemerle, Nantes 1716

et encore pour une durée de 5 ans, et ce, sans maître, puisque c’est sa veuve qui dirige l’atelier de corderie. Nous sommes donc dans l’ère préindustrielle avec de véritables ateliers, qu’une femme était capable de diriger après le décès de son mari.
Je n’avais rien trouvé de tel à ce jour alors je suis toute ébahie !

J’ai trouvé cet acte aux Archives Départementales de Loire-Atlantique, série 4E2 – Voici sa retranscription (voir ci-contre propriété intellectuelle) :

Le 29 novembre 1716 avant midy, devant nous (Bertrand notaire) notaires royaux à Nantes, avec soumission et prorogation de juridiction au siège présidial dudit lieu, ont comparu Renée Lambaud veuve de Gabriel Cornet maître cordier, demeurante proche le couvent des Révérends pères Récollets paroisse de Sainte Croix, d’une part,
Pierre Lemerle laboureur, Marguerite Bretonnière sa femme qu’il autorise et Thomas Lemerle leur fils âgé d’environ 15 ans aussi autorisé dudit Lemerle son père, demeurants ensemblement au village du Bouhardy paroisse de Vertou d’autre part
entre lesquelles parties s’est fait le marché qui suit par lequel lesdits Pierre Lemerle et femme engagent ledit Thmas leur fils qui luy même de son bon gré s’engage aussi à ladite Lambaud pendant le temps de 5 ans commençant le 1er décembre prochain qui finiront à pareil jour de l’an 1721
durant lequel temps il travaillera assiduement pour elle au métier de cordier qu’elle luy fera montrer et apprendre à sa possibilité,
sera nourri, entretenu, logé, blanchi, couché et traité humainement le tout comme les apprentifs de pareil métier ont coutume d’être par ladite Lambaud qui luy donnera un habit une chemisette une culotte de sarge un chapeau deux cravates deux chemises une paire de bas et une paire de souliers le tout neuf
s’il devient malade sesdits père et mère le reprendront pour le faire guérir et ensuite le ramèneront parachever le temps dudit apprentissage rétablissant à la fin d’iceluy le temps de ses maladies
s’il s’absente ils le représenteront au payement des dommages et intérêts de ladite Lambaud à estimation de maîtres cordiers
seront les vaccations et cousts du présent acte avancés par ladite Lambaud par ce que pour leur remboursement ledit Thomas travaillera pour elle pendant deux mois sans autre salaire après l’expiration desdits 5 ans
laquelle Lambaud permet en considération d’iceux 5 ans d’acquiter la capitaiton dudit Thomas fils si est imposé sans qu’elle soit tenue à rien à cet égard s’il n’y est point imposé ou si la capitation cesse
tout ce que dessus étant bien et duement respectivement exécuté lesdites parties demeureront quite l’une vers l’autre,
à l’accomplissement de tout quoi elles s’obligent personnellement sur l’hypothèqye de tous leurs meubles et immeubles présents et futurs et néanmoins lesdits Pierre et Thomas Lemerle et Bretonnière solidairement l’unpour l’autre un seul pour le tout renonçant au bénéfice de division ordre de droit et discussion de personnes et biens
consanty jugé et condamné à Pirmil au tabler de Bertrand où ladite Lambaud a signé e tpour ce que les autres ont dit ne scavoir signer ont fait signer à leur requête scavoir ledit Pierre Lemerle à Gabriel de Bourgues, ladite Bretonnière à Jullien Houet et ledit Thomas Lemerle à Martin Houet le jeune sur ce présents

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Marché de nettoyage des garderobes, Angers 1605

Ce billet est le 4e de ce blog, traitant du gagne-denier, que je vous avais déjà donné nettoyant les toilettes, alors nommées « les privés ». Ici, elles sont nommées par leur nom le plus fréquent de l’époque « garderobes » au pluriel.

Garderobe. s. f. La chambre où sont tous les habits, & tout ce qui est de leur dépendance.
Il veut dire encore, Petite chambre, qui accompagne une autre plus grande, & qui sert ordinairement à coucher les valets. Cet appartement est composé d’une antichambre, d’une chambre, d’une garderobe, & d’un cabinet.
Il se prend encore pour Les habits contenus dans la garde-robe. Sa garde-robe vaut plus que toutes celles des autres Princes ensemble. Maistre de la Garde- robe, Qui est un Office chez le Roy, chez la Reine, & chez les Enfans de France. Valet de garderobe, Officiers de la garde-robe.
Il veut dire encore, Ce que les femmes de basse condition mettent par dessus leur robe pour la conserver: En ce sens il est tousjours masculin. Un garde-robe de toile, de serge.
Il signifie aussi, Les aisemens, Où est la garderobe de ce logis ?
On dit, Aller à la garde-robe, pour dire, Se descharger le ventre. (Dictionnaire de l’Académie française, 1st Edition, 1694)

GAGNE-DENIER. s.m. On appelle ainsi tous ceux qui gagnent leur vie par le travail de leur corps sans savoir de métier. Ceux qui travaillent sur les ports à décharger le bois ou à le tirer de l’eau, sont des gagne-deniers. Dans les actes publics, on comprend sous le nom de gagne-denier, les porte-faix, les porteurs d’eau, &c. Un tel gagne-denier. (Dictionnaire de l’Académie française, 4th Edition, 1762)

Vous avez bien vu ci-dessus, que je n’ai pas trouvé dans les dictionnaires plus anciens que ceux que je vous mets en référence, de sens qui convienne à ce qui suit. C’est la raison pour laquelle le même dictionnaire est ci-dessus cité dans 2 éditions différentes, car le précédent ne donnait pas ce sens.
Maintenant, je n’ai pas cherché le pluriel de gagne-denier, et si vous le trouvez, merci de faire signe.

En fait, on voit que pour nettoyer les garderobles ils ne sont jamais seul. Le travail consiste à évacuer les matières, mais rassurez vous, ils n’ont jamais bien loin à aller. Ainsi, à Nantes, jusqu’à Mellier, maire de Nantes, c’était intra-muros, c’est à dire à l’intérieur de l’enceinte de la cité. Puis, Mellier décida que ce serait hors des murailles, ce qui signifie aussi le long de la muraille côté campagne.

J’ai trouvé l’acte qui suit est extrait des Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E8 – Voici ma retranscription : Le vendredi 15 avril 1605 par devant nous René Serezin notaire royal à Angers furent présents Daniel Martreul et Anthoine Cicault gagne deniers demeurant ès faulxbourgs de Bresssigny paroisse St Martin et St Michel de la Palluds,
lesquels soubzmis soubz ladite cour eulx et chacun d’eulx seul et pour le tout sans division etc ont promis, sont et demeurent tenus curer et nettoyer bien et deument les garderobes du logis où demeure vénérable et discret Me Pierre Hiret situé près l’église St Jean Baptiste que lesdits establis ont veue et visitée
et commenceront à travailler au nettoiement desdites garderobes dedans lundi prochain et les rendront nettes huit jours après

    en fait, le notaire avait d’abord écrit « trois jours », puis il a raturé pour écrire « huit » en interligne. Et on peut y voir une négociation des deux gagne-denier, expliquant que le temps nécessaire était plus long.

sans qu’ils puissent discontinuer de travailler après qu’ils auront commencer
au moyen de ce que ledit sieur Hiret leur a promis payer et bailler la somme de 16 livres 10 sols lesdites garderobes nettoyées, et leur a présentement solvé et payé la somme de 10 sols tz à déduire sur ladite somme dont ils se sont tenus comptant et en ont quité et quitent ledit sieur Hiret
auquel marché tenir etc et à payer etc obligent lesdits establis chacun d’eulx seul et pour le tout sans division etc mesmes leur corps à tenir prinson comme pour les propres affaires du roy, renonçant etc foy jugement condemnation etc
fait et passé audit Angers maison de nous notaire en présence de Fleury Richeu et Julien Pertué demeurant à Angers tesmoins
lesdits establis ont dit ne savoir signer

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Abonnement au marquage de leurs chapeaux par 2 chapeliers, Laval 1694

Je pensais que tous les chapeaux d’antan étaient faits de feutre. Or, ouvrant l’encyclopédit Diderot, qu’elle n’est pas ma surprise de ne voir que le castor. Chaque chapelier a sa marque, mais pour distinguer le castor de son lointain cousin le lapin, le roi fit marquer le castor d’un C.
Revenant alors au dictionnaire, je retrouve bien la laine aussi :
Chapeau : Coiffure, habillement de teste pour homme, qui a une forme & des bords » autrefois faits de drap ou d’estoffe de soye, mais maintenant « faits de laine ou de poil que l’on foule ». Ce dictionnaire cite à titre d’exemples : « Chapeau royal, autour duquel les Rois mettoient une couronne. chapeau de Cardinal. chapeau d’Evesque. chapeau de Protonotaire. chapeau plat. chapeau rond. chapeau gris, en pain de sucre. chapeau à grands, à petits bords. chapeau de laine, de poil de lapin, de vigongne, de castor (Dictionnaire de l’académie française, 1694)

On pense que les chapeaux ne sont en usage que depuis le quinzieme siecle. Le chapeau avec lequel le roi Charles VII. fit son entrée publique à Roüen l’année 1449, est un des premiers chapeaux dont il soit fait mention dans l’histoire.
On se sert pour faire le chapeau de poil de castor, de lievre & de lapin, &c. de la laine vigogne & commune.

ABONNEMENT, s. m. Marché qu’on fait en composant avec quelqu’un à certain prix, pour toujours ou pour un espace de temps. (Jean-François Féraud: Dictionnaire critique de la langue française, 1787-88)

L’acte qui suit est aux Archives de la Mayenne, série 3E2 – Voici ma retranscription : Le 18 mai 1694 après midy par devant nous René Gaultier notaire royal gardenottes héréditaire au Maine résidant à Laval furent présents en leurs personnes Christophe et Christophe Boudain père et fils marchands chapeliers soufermiers du droit de marque de cette dite ville et faubourgs y demeurant paroisse de la Sainte Trinité d’une part
et André et Jean Rochard père et fils aussi maiîtres chapeliers, demeurants en cette ville paroisse de la Sainte Trinité et de Saint Vénérand d’autre part,
entre lesquelles a esté fait l’abonnement qui ensuit
c’est à scavoir que lesdits Baudouin ont abonné et par ces présentes abonnent lesdits Rochard père et fils acceptant pour tous les chapeaux qu’ils frabriqueront ou seront fabriqués enleurs maisons pour vendre et débiter et pour les vieils qu’ils reteindront et repoliront,
lesquels lesdits Baudouin seront obligés d’aller marquer en leurs marbres gratis lors qu’ils en seront avertis et ce pendant ce temps de 4 années qui ont commencé le premier jour de janvier dernier et finiront à pareil jour à la charge par lesdits Rochard et à quoi faire ils s’obligent solidairement l’un pour l’autre un seul et pour le tout soubs les renonciations requises mesme par corps comme pour deniers royaux d’en payer de ferme par chacun an aux bailleurs en leur maison en cette ville la somme de 70 livres payable par les quartiers qui sera par chacun d’iceux la somme de 17 livres 10 sols qui seront aux 1er avril, 1er juillet, 1er octobre, 31 décembre de chacune année, et 8 jours avant l’échéance de chacun quartier et néanmoins un quartier par advance qui ne sera diminué que le dernier quartier et la dernière année qui sera payée scavoir par ledit André Rochard la somme de 40 livres et par ledit Jean Rochard 30 livres et ainsi continuer pendant ledit temps et le tout solidairement
et a ledit André Rochard reconnu devoir auxdits Baudouin la somme de 36 livres à laquelle ils auroient cy devant traité, sur la saisie de certains chapeaux dont il luy auroit consenti un billet de 60 livres lequel ils luy ont présentement rendu, laquelle somme de 36livres ledit Rochard s’oblige soubs l’hypothèque de tous ses biens leur payer d’huy en 6 mois prochains à peine de tous intérests
délivreront lesdits Rochard une copie des présentes à leurs frais auxdits Baudouin
dont avons jugé les parties à leur requeste et de leur consentement
fait et passé en notre étude ès présences de François Gillot et Michel Dubois sieur de la Flecherie demeurants audit Laval, tesmoins qui ont signé avec les dites parties établis nous notaire en la minute des présentes fors ledit Baudouin fils qui a dit ne signer
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Le trompette de Pierre Le Cornu du Plessis de Cosmes, Angers 1598

Voici un métier rarement rencontré : le trompette, c’est-à-dire celui qui sonnait la charge, ici pour monsieur du Plessis de Cosme. Nous découvrons ici qu’il a probablement hérité d’un jardin dont il n’a pas le temps de s’occuper car il doit suivre la troupe en bon militaire, donc il le baille.
Ce trompette est Charles Segretain, mais bien que j’ai des Segretain dans mon ascendance, je doute que celui-ci soit lié à mon couvreur d’ardoise. Enfin à toutes fins utiles voici mes Segretain.
Celui-ci a manifestement des attaches à Azé, tandis que les miens sont sur Brain-sur-Longuenée.

L’acte qui suit est extrait des Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E70 – Voici la retranscription de l’acte : Le 14 mars 1598 par davant nous Michel Lory notaire royal à Angers ont esté présents Charles Segretain trompette de monsieur du Plessis de Cosmes d’une part et honnorable homme Françoys Renou marchand demeurant en la ville de Château-Gontier d’autre part lesquelles partyes deument soubzmises soubz ladite court ont fait le marché de ferme que s’ensuit c’est à savoir que ledit Segretain a baillé et baille audit Renou à titre de ferme et non autrement pour le temps de 5 ans commenczant ce jourd’huy et finissant à pareil jour scavoir est ung jardrin clous à murailles sis ès faulxbourgs d’Azé derrière la maison de feu Macé Renou comme il se poursuit et comporte avecque ces appartenances et dépendances sans aulcune réservation pour en jouïr par ledit preneur comme ung bon père de famille sans y malverser et de tenir ledit jardrin bien et deument clos comme il est à présent ainsi que les parties ont dict
et est faict le présent bail pour en payer et bailler par chacune desdites années audit bailleur au 14 mars la somme de 40 sols la première année de laquelle ferme ledit preneur a présentement avancée audit bailleur en 2 pièces de 20 sols dont il s’est tenu contant et en acquite ledit preneur prochain paiement commençant au 14 mars que l’on dira 1599 et à continuer etc
tout ce que dessus a esté stipulé et accepté par lesdites parties respectivement auquel marché et tout ce que dessus est dit tenir etc garantir etc dommages etc obligent etc renonczant etc foy jugement condemnation etc
fait et passé audit Angers à notre tablier présents honneste homme Me René Baudouin sieur de la Rivière demeurant aulx Bonshommes près Craon et François Belhomme praticien demeurant à Angers

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Mercier, mercelot, porteballe, portepanier, colporteur

Lorsque j’ai étudié la Normandie dont les Guillouard sont partis début 19e siècle, j’ai découvert les communes de La Sauvagère et de La Coulonche, non loin de Bagnoles-de-l’Orne, et de la Ferté-Macé, et, dans ces communes, une grande partie de la population exerçait le métier de colporteur ou quincailler, le tout dans un pays proche de forges.

    Voir ma page la route du clou
  • Distances et portage des marchandises :
  • Même si j’ai depuis longtemps compris que la plupart de nos ancêtres ne possédaient pas de cheval, bien trop onéreux, mais se déplaçaient à pied, et pouvaient faire de bonnes distances dans la journée, parfois presque autant qu’un cheval qui lui fait 40 km. J’avais donc du mal à comprendre comment le colporteur, parti de La Sauvagère à pieds avec sur le dos (à col) sa caisse de bois à tiroirs pleine de marchandise, attachée par une sangle de cuir, parvenait 250 km plus loin avec de la marchandise. Or, je viens de lire un ouvrage qui donne cette vision du colporteur comme une image d’Épinal :

    l’image du colporteur voyageant seul, courbé sous son ballot, est inexacte. De chaque village partaient des groupes de douze à seize personnes, les domestiques, placé sous la direction d’un maître, qui conduisait une cariole tirée par un cheval ou un mulet et contenant la marchandise, ou une équipe souvent familiale d’environ six personnes, avec un âne portant le paquetage. Ils parcouraient de longues étapes : entre 24 km et 32 km par jour, ce qui représentait de sept à neuf heures de marches. En certains points, la petite troupe éclatait : chacun d’eux s’en allait à pied visiter villages et fermes isolées, pendant cinq ou six jourx, avant de rejoindre le chef en un lieu convenu.
    Vie rude : on économisait le moindre sou, et plutôt que de fréquenter les aubergres, trop coûteuses, on comptait sur la générosité des paysans pour se loger et se nourrir. (Les Outils de nos ancêtres, Mouret Jean-Noëln Hatier, 1993)

    Pélerins de Compostelle de l’an 2009 et autres marcheurs, ne souriez pas des distances, car vous êtes équipés autrement, ne serait-ce qu’aux pieds ! Pour ma part, je reste admirative devant les pieds de nos ancêtres, bien plus malmenés que nos pieds de 2009 !

  • Les marchandises :
  • Voici un inventaire de marchandises, donné p.231 de l’ouvrage

    aiguilles, fil, épingles, crochets, boucles de souliers, boutons, lunettes, boîtes à lunettes, miroirs, gants, peignes, jarretières, bas, plumes à écrire, couteaux, fourchettes, lacets, rubans, dentelles et volants, chapelets, tabatières, bagues, épices (clou de girofle, noix muscade, poivre) et denrées (sucre, tabac, anchois, olives), dire, blanc d’Espagne. (Histoire du colportage en Europe XVe-XIXe siècle, Fontaine Laurence, Albin Michel, 1993)

    Les images pieuses aussi, mais probablement peu de livres aux 16e et 17e siècles car j’en trouve très rarement dans les inventaires après décès, et les Angevins les achetaient directement à Angers qui a toujours eu un libraire.

  • La désignation du métier
  • Le plus souvent dénomme mercier, ou même petit mercier.
    D’ailleurs, lorsque j’ai mis sur ce blog, l’analyse du rôle de taille de Mozé en 1666, je vous signalais le nombre élevé de notaires, mais il y avait aussi un nombre élevé de merciers, puisqu’on en dénombrait 3.
    Impossible en 1666 de décrire ces merciers comme des boutiquiers sédentaires, et il s’agit bien de colporteurs, vendant de tout dans les villages environnants.

  • La boutique sédentaire
  • Le paiement à crédit
  • Le colporteur aliàs petit mercier, connaît ses clients, d’ailleurs si j’ai bien compris il est hébergé par les villageois. La plupart du temps il leur fait crédit et ils paient lors de son prochain passage, ce qui signifie que le colporteur fait sa tournée régulièrement au moins plusieurs fois par an.

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    Soldat de milice, Thorigné, 1689

    La télé nous montrait récemment comment on achetait sous le manteau le numéro de permis d’un tiers pour se dédouaner de points en chute libre sur son propre permis. J’ai compris que c’était interdit mais que l’administration ne pouvait pas prouver qui était au volant.

    Autrefois, on pouvait acheter un autre à sa place, en particulier pour partir à la milice : c’était tout à fait officiel, et nous avons déjà vu que cela était un marché passé devant notaire, donc par acte tout ce qu’il y a de plus authentique et officiel.
    Naturellement, celui qui acceptait de partir à la place d’un autre avait pour seule motivation le besoin d’argent, et prenait le risque… Ici, il a femme et probablement enfants à nourrir… Lisez bien, il part pour que sa femme touche. Moi, j’en ai conclu qu’ils en avaient un besoin extrême, par contre j’ignore tous les détails de cette famille, en particulier le nombre de bouches à nourrir au moment des faits, c’est à dire le 15 mars 1689. Il s’agit de Pierre Planchet et Anne Houssin de Montreuil-sur-Maine.

    L’acte qui suit est extrait des Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E12 – Voici la retranscription de l’acte, à l’orthographe très médiocre : Le 15 mars 1689 avant midy, par devant nous Pierre Bodere notaire de la baronnie de Montreuil-sur-Maine y demeurant furent présents en leurs personnes establiz deument soubzmis et obligez soubz ladite cour prorogeant juridiction d’icelle, chascuns de noble et discret Me René Rigault prêtre curé de la paroisse de Thorigné sur Maine, honorable homme René Nigleau Sr de Haut Aviré,
    h. h. Pierre Jallot marchand et Jacques Nail procureur de la fabrice dudit Thorigné y demeurants, iceux establiz tant en leurs noms privez que pour et au nom et sa faisant forts du général des autres habitants dudit Thorigné, promettant qu’ils ne conviendront à ces présentes ains les approuveront touttefois et quantes à peine etc ces présentes néanmoings etc d’une part,

    et Pierre Planchet demeurant au bourg dudit Montreuil d’autre,

    entre lesquelles parties a esté fait l’acte convention et obligations suivants, c’est à scavoir qu’iceluy Planchet s’est obligé et s’oblige par ces présentes d’aller au service du roy en callité (on a la qualité qu’on peut !) de soldat pour la milice pour la paroisse de Thorigné pendant le temps et espace de 2 années entières parfaites et consécutives qui commenceront lundy prochain 21 du présent mois et à continuer pendant ledit temps, et sans pouvoir pour quelque raison que ce soit s’apsanter (on s’absente comme on peut ! mais ouvez que phonétiquement on est parfait) dudit service sur les peines portées par les ordonnances de sa Majesté,

    pour lequel cervice (service) ainsi faire iceux susdits establiz esdits noms et un chacun d’iceux seul et pour le tout sans divition de personne et de biens ont promis

    et se sont obligez habiller ledit Planchet dudit abit (habit) complet avec chapeau bordé, une père de bas (paire), un père de souliers neufve, un fuzil, une épée avec un ceinturon, le tout conformément aux ordres de sa majesté, lequel abit fuzil et épée ils deslivreront audit Planchet dans cette présente semaine,

    et oultre de payer audit Planchet la somme de 55 livres tournois en argent et 40 boisseaux de blé mesure du Lion d’Angers, savoir 25 livres dans ledit jour de son départ, et les 30 livres et ledit blé à Anne Houssin femme dudit Planchet, jusque à parfait poimant (paiement), sera de mois en mois à conter (compter) dudit jour de lundy prochain trente sols et 2 boisseaux de blé, et lors dudit poimant ladite Houssin en consentira acquits qui vaudront comme si fait estoit à la personne dudit Planchet,
    à leffait (l’effet) de quoy il l’a des à présent authorisée avecq protestations faite par ledit sieur Rigault et establiz tant pour eux que pour le général des autres habitants de rendre responsable en privé nom ceux qui ont esté nommez pour servir à ladite milice, et de leur faire payer ladite somme et blé cy-dessus tant en principal que tous accessoirs pour cestre apsantez (s’être absentés) de ladite paroisse après ladite nomination, ce qui a obligé iceux establiz de conquester ledit Planchet et convenir avecq luy du prix cy-dessus attendu la nécessité pressante dudit soldat, pour ladite paroisse,

    car les parties ont le tout respectivement ainsi voulu consenti et stipulé et accepté, à se tenir etc s’obligent solidairement comme dit est chacun en leur égard savoir lesdits establiz esdits nom au poiment desdites choses et ledit Planchet par corps comme pour les affaires de sa Majesté, à l’accomplissement de ce qui dit est le tout à peine etc renonçant etc dont etc
    fait et passé audit Montreuil à notre tabler ès présence de vénérable et discret Me Jacques Jallot prêtre sacriste audit lieu, Jacques Bonjour tissier et François Lucas hoste demeurant audit Montreuil tesmoings, ledit Planchet a déclaré ne scavoir signer. Constat, por les 14 sols à quoy ils ont conveneu pour la semaine présente ledit Sr Curé les a présentement payées audit Planchet dont il se contente.

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