Assassinat de Pierre Joubert à Toulouse : sa famille tente des poursuites depuis Angers, 1625

L’acte que je vous mets ce jour est d’une banalité incroyable, tellement incroyable que la plupart des chercheurs les laissent tomber.
Il s’agit d’une banale obligation, et il est plus que rare qu’on ait dans un acte les raisons de cette forme de prêt.
Or, ici, les raisons sont données et ce, très explicitement, dans un second acte au pied du premier.
Comme quoi, même les actes les plus bénins peuvent en apprendre beaucoup.

C’est incroyable, j’ai encore rencontré Toulouse dans un acte notarié à Angers, et c’est donc le 4ème acte. Vous avez les autres en cliquant sous ce billet sur TOULOUSE qui est en mot-clef.
Qu’est-ce qui menait les Angevins à Toulouse, je l’ignore.
Pierre Joubert, la victime, est né en 1589 à Angers, dont il a 35 ans, ce qui ne fait pas de lui un étudiant. Il est d’une famille d’avocats et même de docteurs en droit. Certes, il y a également des prêtres. J’ignore pour le moment tout de ce collatéral, car il est frère d’une de mes ascendantes;

Voir mes JOUBERT
Voir mes MAUGARS

Maintenant, en ce qui concerne la violence, j’ai déjà plusieurs homicides trouvés uniquement dans les actes notariés, et j’ai parfois le sentiment que toutes les familles ne parvenaient pas, ou ne souhaitaient pas, en venir devant la justice, mais prenaient des voies de transaction ou même abandonnaient les poursuites. En effet, autrefois, un homicide ne donnait pas lieu à des dommages et intérêts dignes de ce nom. Si on a tant de poursuites de nos jours, ne serait-ce pas parce que ces dommages et intétêts sont désormais élevés.

Et puis, au temps ou même le duel était toléré dans certains milieux aisés, l’homicide était parfois relatif.

Ici, un frère, docteur en droit à Angers, et un beau-frère (mon ascendant Maugars) vont tenter les poursuites, mais vous allez découvrir que cela coût beaucoup d’argent, et si vous rapportez ceci au faible montant d’éentuels dommages et intérêts, vous en concluez que peu de familles pouvaient poursuivre. C’et ma constatation à la lecture de tous ces actes que j’ai dépouillés.
Songez que le montant engagé avant les frais des poursuites est de 1 200 euros, soit la valeur d’une closerie !!!

J’ai trouvé cet acte aux Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E5 – Voici sa retranscription (voir ci-contre propriété intellectuelle) :

Le 11 mars 1625 avant midi par devant nous Guillaume Guillot notaire du roy à Angers fut présent en personne soubmis et obligé Me René Joubert docteur en droits, demeurant en cette ville paroisse st Michel du Tertre lequel a recogneu et confessé avoir ce jourd’hui créé et constitué et promis servir payer fournir faire valoir par hypothèque général et universel sur tous et chacuns ses biens rentes et revenus présents et futurs de proche en proche à Me René Maugars sieur de la Grandinière son beau frère, demeurant en la paroisse de Cuillé pays de Craonnoys, à ce présent et acceptant pour luy ses hoirs la somme de 75 livres tz de rente hypothécaire annuelle et perpétuelle paiable et rendable franchement et quittement par ledit vendeur audit acquéreur ses hoirs en sa maison chacun an à pareil jour et date que ces présentes, premier payement d’huy en ung an, et à continuer, à laquelle rente hypothécaire a assise et assigné assiet et assigne sur les biens de la succession de deffunt Me René Joubert vivant sieur de la Vacherie son père en ce qui luy en appartient qu’il a assuré et promis faire valoir toutes charges desduites sinon que les droits successifs paternels suffisants et solvables … ; et est faite la présente vendition pour le prix et somme de 1 200 livres tz … » – P.J. « Le 23 mars 1625 Le René Joubert sieur de la Vacherie vendeur nommé dans l’acte de l’autre côté a déclaré que les deniers par luy receuz du prix dudit contrat sont pour employer aux frais des procès et affaires qu’il a tant en cours que ce dont il est menacé à raison de l’accusation par luy intentée pour l’homicide commis en la personne de defunt Me Pierre Joubert son frère en la ville de Tholoze, mesmes au voyage qu’il est en volonté de faire ou faire faire exprès audit Tholoze pour cet effet, et avoir obtenu de ses cohéritiers leur consentement en ce qu’ils sont fondés aux esmoluements de ladite accusation sans approuver par ledit Me René Joubert sesdits cohéritiers dudit homicide… »

Un cadavre dans le four de la Grande Tranchais : Vallet 1735

Autrefois, comme de nos jours, les SDF inconnus, c’est à dire sans identité connue, mouraient parfois anonymement, mais celui-ci a trouvé une mort curieuse.


Le 1er mars 1735 a été inhumé dans le grand cimetière un homme dont le nom nous est inconnu trouvé mort dans un four au village de la Grande Tranchais et levé par les juges de la juridiction de Fromenteau

Au son des fifres et tambours, une armée quitte Angers avec boeufs et canon, en septembre 1609 pour le Bois Bernier (Noëllet, 49)

 

Le Bois Bernier est un petit château entouré de douves, situé à Noëllet, soit à 55 km d’Angers, où Claude Simon, brigand « méchand » s’est installé avec sa petite troupe (sans doute une douzaine d’individus), non sans en avoir chassé ses beaux parents, repliés à Angers.
Vous avez son exécution sur ma page du 19 septembre, et il est mon ancêtre

Mais avant de le rompre vif et le mettre sur la roue, il a fallu l’arrêter.
Et à cette époque, chose que j’avais personnellement totalement oublié, c’est le corps de ville qui a canon, capitaines de la ville armés et soldats, et poudre, et vous allez même voir fifres et tambours. Pour les boeufs, pour tirer le canon, et sans doute sa poudre, il faut les réquisitionner (ou louer à des habitans).

Je vous livre ce jour la délibération du corps de ville d’Angers qui donne même la rénumération de chacun ainsi que la quantité de munitions octroyée à chacun.

Depuis 30 ans que « j’habille » (façon de parler) grâce à mes recherches tous nos ancêtres et leurs modes de vie, j’avoue avoir eu de multiples joies lors de spendides découvertes de textes qui illustraient tellement leur vie, et comme je le dis vulgairement depuis 30 ans « je les habille », afin que nul ne soit une date froide, mais un individu pleinement restitué à nous et presque vivant.

Mais la joie de la lecture du texte qui suit dépasse, et de loin, toutes les immenses joies que j’ai eu, de découvrir tous les détails de ce qui s’est passé.

Car là, avouez que tout y est :

le canon
la poudre
les capitaines de la ville
et leurs soldats
les fifres et tambours
et même les boeufs !!!

Et tout cela pour arrêter mon ancêtre. Désormais lorsque je verrai à la télé l’IGN, en nombre, procéder à des arrestations à grand renfort de gilets pare balle, armes à feu, casques etc… je me redirai en mémoire les lignes qui suivent que je ne suis pas prêtre d’oublier.

Enfin, rassurez vous : le canon n’a pas démoli le petit château, car un des brigands retranchés avec leur chef Claude Simon a, sans doute pour marchander sa peau, ouvert la voix à l’arrestation.

Cet acte est aux Archives Municipales d’Angers – Délibérations du corps de ville BB56 – f°37 – vue 48) – Voici sa retranscription (voir ci-contre propriété intellectuelle) :

téléchargement de la vue en fichier.PDF

  • Du mardy 4 août 1609

En l’hostel de ville où estoient messieurs Dumesnil maire, le lieutenant général Foussier grand doian de l’église d’Angers, Ayrault lieutenant criminel, Louet particulier, Bautru assesseur, Monceau, Ernault, Gohin, De Crespy eschevins, Bellenger, de Chevrue, de Beaurepère conseillers de ville, Froger procureur
Mondières, Alain capitaines de ville

  • La maison du Boys Bernier investie

Lecture faite des lettres escriptes par monsieur de la Varenne gouverneur à monsieur le lieutenant général et à monsieur le maire par lesquelles il donne advis d’avoir investy la maison du Boys Bernier par le commandement du Roy et en vertu de commission à luy expédiée pour cest effect, et qu’il est nécessaire de l’assister d’hommes et de commodités pour mener le canon au désir du mémoire envoyé par monsieur de la Valllée lieutenant de monsieur le grand maistre et chargé de l’artillerie et voirie en Bretaigne et adjoinct en la commission de mondit sieur de la Varenne duquel mémoire a esté pareillement fait lecture.

  • Pour secourir d’hommes et commodités monsieur le gouverneur

Sur quoy les opinions prinses, a esté conclud qu’il sera obey au commandement de mondict sieur le gouverneur et que pour l’effect d’iceluy sera mandé aux capitaines de ceste ville de faire armer chacun 10 soldats en leur compagnie à peine d’amande (sic) et de prinson, que monsieur Mondières sera prié de conduire lesdits soldats et pour faire leur despence luy sera délivré par le recepveur de céans ou Me Josef Jolly son commis la somme de 400 livres, sur laquelle il sera délivré à chacun desdits soldats estant à chemin hors ville un escu pour leur despence et à chacun sergent et bande un escu et demy, et à chacun des fiffres et tambours un escu ; oultre lesquelles sommes sera aussy délivré à chacun desdits soldats 6 brasses de corde, une livre de pouldre et une livre de plomb, et audict sieur Mondières 100 livres de pouldre et 100 livres de plomb, et pour arrester ce qui se trouvera de beufs en ceste ville a esté commis le sieur de Crespy, lequel pour cest effect prendra donc des huissiers de céans.

408ème anniversaire du supplice de capitaine La Fosse, rompu à coups de barre de fer sur une croix, et mis sur la roue : Angers 1609

« Le vendredy dix neufvième dudict mois ung nommé le capitaine la Fosse a esté rompu à coups de barre de fer sur une croix, et mis sur la roue pour avoir vollé les deniers du roy, tué le sieur de Cricqueboeuf, avoir chassé le sieur du Bois-Bernier, son beau-père, hors de sa maison de Bois-Bernier, et la damoyselle de Bois-Bernier, sa belle-mère, lequel pour les crimes susdictz, M. de la Varenne, par le commandement de Sa Majesté, il y a ung mois, l’auroit assiégé et pris audict Bois-Bernier, entre les mains duquel il se seroit sauvé ou quoy que soit des mains de ceulx à qui ledict sieur l’avoit baillé à garder dans ledict logis et ledict cinquième jour de ce mois auroit esté reprins par M. le prévost de La Flèche dans ladite maison par l’intelligence d’ung de ses compagnons qui l’auroit trahy et livré audict prévost qui l’auroit emmené Angers où il auroit esté jugé par MM les présidiaulx. » (journal de Louvet)

J’en decends, et vous trouverez toutes mes recherches le concernant dans mon étude SIMONIN

J’ai toujours tenté de reconstituer les modes de vie de nos ascendants, car les dates ne me contentaient pas. Ce faisant, j’ai éprouvé beaucoup d’empathie avec bon nombre de vies, modes de vie, drames, etc… souvent je me suis déplacée pour comprendre les lieux, les aimer.

Mais lorsque j’avais travaillé le capitaine la Fosse, et débusqué sa fin de brigand, je ne m’étais tout à fait représenté la scène de son supplice. Sans doute l’avais-je occultée.
Lorsqu’il y a quelques mois, par hasard, je découvre sur Internet (tout bonnement sur Wikipedia, dont l’image ci-dessus est extraite), une vue qui illustre partie de ce que j’avais occulté, à savoir la plateforme surmontée en hauteur de la roue.
Puis peu de temps après je découvre la totalité du processus du supplice, qui était en fait en 2 temps :
D’abors allongé sur la croix de saint André, qui est une croix en X, il est rompu à coups de barres de fer.
Puis, le corps disloqué est déposé sur la roue, et la roue mise en l’air, en haut d’un poteau sur le pilori, où les yeux vers les ciel, il agonise, généralement en quelques heures.
D’aucun prétend que c’était le pire des supplices que la France ait connu !

Il laissa dans les coeurs un souvenir terrible, comme en témoigne la sépulture de Marguerite Pelault, sa femme. En fait, cette sépulture est écrite dans le registre a posteriori, et elle est décédée en 1607, sans avoir connu la fin de son époux.
Ceux qui me connaissent savent que je suis une bosseuse qui a dépouillé un grand nombre de registres paroissiaux, et retranscrit littéralement bon nombre d’entre eux. Jamais je n’ai rencontré d’annotations portant un jugement du prêtre, sauf une fois à Pouancé mais dans le sens positif, à l’inhumation de Louis Gault « aimé de tous »
Donc, le jugement écrit dans cet acte d’inhumation de Marguerite Pelault est rare, et je le redis, le prêtre n’exprimait jamais de jugement dans le registre paroissial.

Voici ce que le curé de Chérancé écrivit a postériori :


« damoyselle Marguerite Pelault vivante femme de ce méchant La Fosse qui fut rompu sur la roe Angers, ladite Pelault trespassée au lieu et maison seigneuriale du Chastelier demye heure après qu’elle eut receu le sacrement d’extrême unction, sa fin en fut heureuse, elle fut enterrée davant l’autel de notre Dame de ceste église il y a une pierre escripte sur sa fosse par moy curé et chappelains dudit lieu et aultres des paroisses circonvoisines le 5 sseptembre 1607, elle donna le drap mortuaire de futaine, Dieu luy facze pardon »

Odile

Laurent Dautel a été tellement frappé au collège par Jacques Bridon qu’il a été 6 mois hospitalisé et a perdu un oeil : Angers 1607

La violence au collège est sans doute aussi vieille que les collèges, en voici un exemple.
Nos journaux actuels regorgent d’exemples de violences au collège, et j’aurais souvent pu intituler mes billets RIEN DE NEUF SOUS LE SOLEIL, tant rien n’a changé depuis 4 siècles, mais j’avais pris le parti de vous mettre des titres plus parlant.
Voici donc une violence au collège en 1607, et une phrase retient toute mon attention :

  • « le principal du collège en aurait fait la correction ».
  • Je comprends que la mère de Bridon, le violent qui a tellement frappé, cherche à disculper son fils en prétendant que le principal du collège aurait puni ? S’il a puni, cela n’empêche que la punition ne pouvait être à la hauteur d’une telle réparation, en tous cas c’est remarquable de constater que le principal du collège soit tenu responsable des violences.

    La mère de la victime n’a reçu que 75 livres de provision et réclame 1 000 livres, mais n’obtiendra que 270 livres à ajouter aux 75 livres. Dans tous les cas, cette somme pour blessures et oeil perdu, est supérieure à celle qu’elle aurait obtenue en cas de décès de la victime, car je rencontre des montants si bas que l’on peut en conclure que la vie ne valait pas autrefois ce qu’elle vaut de nos jours.

    L’acte donne également l’état matrimonial de la mère de la victime :

  • « femme séparée de corps et de biens d’avec Guillaume Dauthel son mari »
  • J’ai déjà rencontré plusieurs cas de séparations de biens, mais jamais de séparation de corps en 1607 (enfin, de mémoire). Or, la séparation de corps est tout bonnement équivalente au divorce. Qu’en pensez-vous ?

    Acte des Archives du Maine-et-Loire 5E121 – Ma retranscription (voir ci-contre propriété intellectuelle) :
    Le 24 novembre 1607 (devant Jullien Deille notaire royal Angers) Sur ce que Marie Girard mère de Lours Dauthel, femme séparée de corps et de biens d’avec Guillaume Dauthel son mari, se soit que Jacques Bridon escolier estudiant en ceste université auroit blessé son fils, tellement qu’il auroit esté en danger de mort et demeuré entre les mains des chirurgiens près de 6 mois, et finalement auroit perdu un œil à cause de ladite blessure, pour raison de quoi elle auroit fait informer et obtenu decret de prise de corps par devant le juge de la provosté de ceste ville qui auroit jugé confrontation et 75 livres de provision seulement, et pour ce qu’elle auroit demandé plus ample provision il auroit dit qu’il estoit clerc tonsuré du diocèse de Nantes, demande son renvoi par davant le juge d’église, duquel ayant esté débouté (f°2) il auroit appellé comme ce juge incompétant

    je comprends que c’est Bridon qui est entré en religion dans le diocèse de Nantes, et en profite pour tenter d’échapper aux poursuites

    et en est l’instance pendante en la cour de parlement de Paris, et néantmoings elle auroyt fait appeler ledit Bridon par devant le juge d’Angers qui auroit ordonné que au moyen de ce qu’il avoit esté saisi de la cause, que lesdites parties sy pourvoiront et concluoit à ce que ledit Bridon et Mathurine De Chasles sa mère fussent déclarés sans grief, et au fons concluoit a ce que ledit Bridon fust condemné en 1 000 livres de réparation et aux despends, tant de la cause principale que d’appel. Laquelle de Chasles disoit que son fils estoit ung jeune enfant pensionnaire au collège de ceste ville ou estoit pareillement ledit Dothel, et a … tant plat que ce qui s’estoit passé entre eux estoit en … (f°3) esbotant et non pour pic… ou guercle… qu’ils eussent ensemble, tellement que la demanderesse et son fils n’auroient action, aussi que le principal du collège en auroit fait la correction, tellement qu’il n’y avoit lieu d’accusation, et auroit esté mal jugé demandoit repetition dudit 75 livres payen icelle pour la provision et les despends et intérests. Ladite Girard disant au contraire ; et sur ce estoient en grande involution de procès pour auxquels obvier, par l’advis de leurs conseils et amis, ont fait la transaction qui s’ensuit soubs le bon plaisir de nos seigneurs de la cour ; pour ce est-il que en le cour royale d’Angers en droit par davant nous Julien Deillé notaire d’icelle ont esté présents establis et deuement soubzmis soubz ladite cour ledits Girard (f°4) et Dothel son fils demeurant en ceste ville d’une part, et Me François Touraille advocat au siège présidial d’Angers et y demeurant, au nom et comme soy faisant fort desdits de Chasles et Bridon son fils d’autre part, lesquels ont desdits procès circonstances et dépendances transigé en la forme cy après c’est à savoir que lesdits Girard et Dothel son fils se sont désistés et départis désistent et départissent de ladite assignation et poursuites, y ont renoncé et renoncent, et pour tous droits qu’ils peuvent prétendre à cause de ce et y ont les parties esdits noms accordé et composé à la somme (f°5) de 270 livres outre la somme de 75 livres que ladite Gilard a cy davant touschée de provision qui luy demeure purement et simplement et sa caution desdits argens ?, sur laquelle somme de 270 livres ledit Touraille a paié contant à ladite Girard la somme de 30 livres qu’elle a receue en notre présence en pièces de 16 sols et s’en est tenue et tient contant et l’en quite etc, et le reste montant 240 livres ledit Touraille audit nom et mesme en son privé nom seul et pour le tout, s’est obligé paier (f°6) à ladite Girard en ceste ville du consentement de sondit fils dedans ung mois prochain venant et moyennant ce ladite Girard et sondit fils ont quicté et quictent ladite de Challes et ladit Bridon sondit fils de toute réparation despends dommages et intérests et de tout ce qu’ils eussent peu ou pourroient prétendre pour raison de ladite accusation, promis et promettent ne faire cy après aulcune poursuite ne recherche et en ce cas ladite Girard comme par sondit fils ne autre ne … concernées ? à ces présentes directement on indirectement, à peine de tous despends dommages et intérests (f°7) cesdites présentes etc, au surplus au moyen de ce que dessus ont lesdites parties respectivement renoncé et renoncent à toutes appoints et demeurent tant lesdits procès assoupiz et terminés et les parties hors de cour sans autre despends dommages et intérests d’une part ne d’autre, ce qu’ils ont stipulé et accepté ; à laquelle transaction et ce que dit est tenir etc dommages etc obligent etc renonçant etc foy jugement condempnation etc fait et passé audit Angers maison de messire Dumesnil docteur ès droits et advocat audit siège et en sa présence, et de Me Nicolas de la Chaussée advocat audit Angers Jehan Dumans sieur de la Claie oncle dudit Dothel demeurant à Matefelon et Girard Revelon ? demeurant audit Angers tesmoings

    Assassinat de Nicolas Beaudon par Jean Cohon Sévaudais : 1645

    Voir mon étude sur la famille COHON

    Voici un second assassinat dans lequel les Cohon Sévaudais sont mêlés.
    Le premier cas est en ligne dans les lettres de pardon du roi, publiées par Michel Nassiet.
    Mathurin Cohon et son fils Pierre Cohon nous sont connus par la lettre de rémission datée de mars 1583 , dont voici le résumé à ma manière (entre crochets ce qui est dans le texte) dont voici les références électroniques : Michel Nassiet, « Lettres de pardon du roi de France (1487-1789) », Criminocorpus [En ligne], Les sources de la recherche, Articles, mis en ligne le 06 septembre 2017, consulté le 13 septembre 2017.

    En juillet 1578 Guy Martin « pauvre jeune homme », 18 ans, et son frère Jean, 15 ans, demeurant à La Rouaudière (53, mais autrefois Anjou) partent chercher du foin avec un cheval au pré de Chaussegoulx dépendant de la Bouleraie.
    Ici, précisons que le terme « pauvre » s’imposait à tous les avocats pour défendre leur client, pour engendrer la pitié, mais quand on a un cheval à cette époque on n’est pas pauvre. Le cheval est alors un animal de marchand qui se déplace beaucoup et/ou de la classe sociale plus aisée que les closiers. Ceci me rappelle que dans ma tour, nombre de propriétaires se disent pauvres mais possèdent une résidence secondaire !
    Non seulement, les 2 jeunes gens ont un cheval, mais ils ont aussi emmené une arquebuse !

    Là encore, on se demande comment un pauvre possède une arquebuse, et pourquoi il va au pré avec. Bon, il prétend que c’est une « petite arquebuse pour tirer les turtres », autrement dit les tourterelles. La encore, qui peut croire qu’un pauvre a une arquebuse pour tirer les tourterelles. Pire, les volatiles sont réservés au pigeonnnier des nobles !
    Arrivés au pré, ils y trouvent Mathurin Cohon et son fils Pierre, qui leur auraient pris une partie du pré ; Mathurin tient un broc, qui est la fourche à 2 dents avec laquelle on charge le foin, tandis que son fils tient un baton ferré.

    On se demande bien pourquoi emmener un baton ferré au pré. Mais surtout, ils sont accompagnés d’autres personnes. En clair, personne n’est là pour le foin, mais tout le monde pour chercher la bagarre.
    S’ensuit une bagarre, sous les hurlements de Mathurin Cohon : « Tuons ces mechants voleurs icy ! ». Les Cohon poursuyvent les Martin, les frappent à coup de baston ferré et de pierre.
    Les Martin leur demandent d’aller régler cela devant la justice, mais les Cohon continuent les frappes, et bientôt Guy Martin est acculé contre une haie et tombe. Encore frappé du baton ferré, il parvient à abattre le chien d’un coup d’arquebuse. Mais les Cohon le frappent encore à terre, frappant même l’arquebuse, tant et si bien que celle-ci part toute seule droit sur Mathurin Cohon, qui décède.
    Je pensais que les arquebuses étaient peu maniables aussi viser le chien quand ont est à terre et frappé me semble plutôt impossible. Quant au second coup il est peu vraisemblable.
    Vraiement Mathurin Cohon n’a pas eu de chance avec ce coup là.
    Mais Guy Martin obtiendra une lettre de rémission 5 ans plus tard, non sans s’être absenté du pays, pour éviter son arrestation.

    Les notaires de leur côté nous donnent beaucoup de transactions, et je vous en ai déja mis plusieurs concernant des assassinats, après lesquels la transaction met un terme à la demande d’indemnité, et les sommes sont toujours ridiculement faibles, ce qui m’a toujours étonnée, mais en lisant l’ouvrage de Michel Nassiet « La violence, une histoire sociale – France XVI – XVIIIèmes siècles » chez Champ-Vallon 2011, j’ai la confirmation de la valeur relative des assassinats, moins condamnables que les injures et le vol, du moins c’est ce que j’ai compris.

    Donc, ici, comme dans toutes les transactions que je vous ai déjà mises sur des assassinats, le montant de l’indemnité touchée par la veuve est si faible que j’ose à peine l’écrire ici. Pour vous l’imager, elle aura à peine de quoi vivre un ou 2 ans, rien de plus.

    Acte des Archives de la Mayenne AD53-3E63-17 Voici ma retranscription (voir ci-contre propriété intellectuelle) :
    « Du 16 juin 1645, nous Jean Lemetayer et Jean Magdeleine chirurgiens certifions à qui il appartiendra que le 16 juin 1645 estre transportés de nostre demeurance de la ville de La Guerche jusques au bourg de Brein distant de nostre dite demeurance d’une lieue ou environ, pour voir et visiter le corps mort de defunt Nicolas Beaudon et le visitant luy avons trouvé un coup d’arquebusade situé en une partie du muscle frontal et partie du couronnal et tout le jousnal ??, le tout du costé dextre, auxquels avons vu environ une douzaine de plaies en rotondite ? quelques unes grandes et les autres plus petites, deux desquelles et la plus grande ont enfoncé l’os et pénétré à la substance du cerveau, lesquels coups ont causé la mort audit cy devant nommé dans 5 ou 6 heures ainsi que l’on nous a déclaré, et est nostre raport que certifions estre véritable, lesdits jours et ans que dessus » – « Du mercredi 26 juillet 1645, par devant nous Charles d’Hellyand escuier sieur de la Maslonière conseiller du roy prévost provincial d’Anjou en la maréchaussée de Château-Gontier, assistant noble …
    « Le 24 juillet 1645 à la requeste de Renée Hardy veuve de defunt Nicolas Beaudon continuant les exploits faits par Boyard sergent royal par vertu de la sentence de quart et … par Mr le lieutenant en la maréchaussée de Château-Gontier le 18 des présents mois et an, contre Me François Cointet prêtre et Jehan Cohon dit Sevaudaye déffendeurs accusés, pour raison de l’assassinat par eux commis en la personne dudit deffunt Beaudon, j’ai inthimé à ban et cry publicq quard et super habondent (superabondant : de surcroît) édit lesdits Cointet et Cohon à comparoir mercredy prochain venant et pour se représenter ès prinsons royaux dudit Château-Gontier, lesdits Cointet et Cohon par davant Mr le prevost provincial en la méréchaussée dudit Château-Gontier, pour recepvoir confrontation des tesmoins des charges et autres suirvant … déclatons que en cas d’abscence l’audition et recollation desdits tesmoings vaudra confrontation, pour voir aussi procéder à la vériffication davant nous sieur prévost lieutenant ou acesseurs en absance de raport des sirurgiens qui ont vicité le corps mort dudit defunt Beaudon, et taxer les despends adjugés par ladite sentence à ce que aulcun n’en ignore. Fait au hault des halles de la ville de Craon le soir du marché tenant ou estoient grand nombre de personnes qui se sont assemblées au son de la trompette, fait sonner à cest effet entre autres … ledit trompette nommé René Beudeau demeurant audit Craon a déclaré ne savoir signer. Par moy sergent royal soubzsigné demeurant audit Craon, et ay laissé par attaché copie de ladite sentence et du présent exploit au poste ordinaire desdites halles en présence de tout le public. »
    « Du 24 octobre 1645 : entre Jean Cohon dit Sevaudaye, demandeur en requeste et commission du conseil du 8 août 1645 à fin de règlement de juges, pour la contention de juridiction d’entre le prévost des maréchaux de Château-Gontier et le juge de la baronnie de Craon en Anjou, et requérant que sans avoir esgard à la sentence du règlement en recolement et confrontation de tesmoings rendue par ledit prévost comme nulle le procès criminel concernant l’accusation contre lui interjetée par la déffenderesse pour raison de l’homicide commis en la personne de son mary soit renvoyé par devant tel instance criminelle ou autre juge auquel le conseil trouvera la cognoissance apartenir d’une part ; et Renée Hardy veufve de feu Nicolas Beaudoin sieur du Bois Segrier et contrôleur des Eaux et Forests de la baronnie de La Guerche es noms et qualités qu’elle procède déffenderesse d’autre ; Et entre ladite Hardy demanderesse en requeste par elle présentée au conseil le 16 septembre 1645 et en requeste verbale par elle présentement faire en l’audience du conseil à ce qu’à faulte par ledit Cohon de se présenter en l’audience du conseil pour avoir par ladite desiruparation ? la suite d’iceluy depuis la comparution personnelle qu’il a faite au greffe didot conseil contre la prohibition et déffences à luy faites portées par l’arrest dudit conseil extraordinaire rendu avec luy le 5 de ce mois, il soit débouté dudit prétendu règlement de juges, et ce faisant que les parties seront renvoyées par devant ledit prévost des maréchaux de Château-Gontier ou son lieutenant pour estre le procès criminel par luy encommancé à faire audit Cohon pour raison de l’assassinat par luy inhumainement commis avec armes à feu dans le cimetière de la paroisse de Brain à la porte de l’église dudit lieu en la personne dudit feu Beaudon, continuation faict et parfaict audit Cohon, et explet par ledit Prevost des maréchaux de Château-Gontier ou son lieutenant, et iceluy Cohon condemné en 75 livres d’amende envers le Roy moitié moins envers ladite Hardy et en tous ses despens dommages et intérests ; et ledit Cohon deffendeur d’autre. Après que ledit Bauldry advocat pour ladite veufve Beaudon, assisté de Chuberé son procureur, et de Me Robert Puisset contrôleur au grenier à sel de Candé, ayant charge de ladite veufve, a conclud esdites requestes. Chaulet procureur dudit Cohon a dit que il offre faire représenter ledit Cohon jeudy prochain en l’audience du conseil, auquel jour il supplie le conseil de remettre la cause. Et que Salomon pour le procureur général du Roy a esté ouy. »