Contrat de mariage de René Héron et Marie Vayer, Rânes 1628

J’ai des ascendants dans l’Orne dont une famille Héron, et voici des traces de cette famille. J’y ai retranscrit de très nombreux actes notariés concernant cette famille, en voici un autre et je situe cette famille Héron parmi les familles bourgeoises manifestement plus aisées que les laboureurs, et les hommes savent signer, mais vous n’aurez pas la signature car les notaires de l’Orne ont été reliés avec la dernière feuille de l’acte à chercher à la fin du volume, on ne sait pourquoi et il faut chercher longtemps. Par ailleurs, j’ai retrouvé des suites sur la succession de René Héron et je vous les mets demain.

Cet acte est aux Archives Départementales de l’Orne, AD61-4E119/22 – notariat de Rânes – Voici sa retranscription rapide, partielle mais fiable comme je sais les faire :

Le 14 dudit mois et an (octobre 1628) Pour parvenir au traicté et convention de mariage qui au plaisir de dieu sera faict en face de saincte église catholique apostolique et romaine entre honneste homme René Héron fils de Philippe Héron sieur de la Gouvrière et honneste femme Françoise Aumouette de la paroisse de Saint Brice d’une part, et honneste fille Marie Vayer fille de honneste homme Jean Vayer et honneste femme Blaise Leconte de la paroisse de Saint Ouen sur Mere d’autre part, fut présent ledit René Heron lequel en la présence et par le gré et consentement dudit sieur de la Gouvrière son père a promis parfaire ledit mariage après les solemnités de l’église deubment faictes et accomplies par ce que ledit Jean Vayer a promis en pareil le faire parfaire à sadite fille ; en faveur duquel mariage et pourvu qu’il soit parfait et accompli ledit Jean Vayer aussi présent a recognu ladite fille pour sa fille et seule héritière et en attendant sa succession et celle de sadite femme a donné et promis payer audit futur la somme de 600 livres tz en don pécunier, deux vaches, vingt quatre brebis pleines ou leurs aigneaux après elles et des habits coffres lit et trousseau selon la maison dont elle part et celle où elle va, à livrer lesdits meubles au jour des espouzailles et à payer ladite somme de 600 livres à savoir audit jour des espouzailles 100 livres et dudit jour en un an autres 100 livres et ainsi d’en en an 100 livres jusques au parfait payement ; de laquelle somme de 600 livres estant receue et acquit baillé y en aura la moitié qui tiendra nature de dot propre fonds et vrai héritage de ladite fille et demeure dès à présent remplacer sur telle pièce qu’il pourra espérer de la succession dudit sieur de la Gouvrière son père et constituer en rente au denier 14 suivant l’édit percevra arrérage du jour de la solemnisation dudit mariage et duquel dot la cas arrivant qu’elle le survive elle jouira dudit jour de la dissolution comme en pareil de son douaire coustumier qui luy est gaigé comme si dès à présent ladite future estoit … héritière sans qu’elle soit tenue faire aucune pétition judiciaire ni intervention en prendre autre que le présent son traité de mariage sauf que en cas qu’il arriveroit que ledit futur décéderoit avant ledit sieur de la Gouvrière, iceluy sieur de la Gouvrière sa vie durant sera déchargé dudit douaire en payant à ladite fille la somme de 36 livre tz par chacun an pour ledit douaire, laquelle somme audit cas il s’oblige par ces présentes luy payer en outre son dot, lequel dot tiendra hypothèque du jour et date des présentes sous lesquelles pactions lesdits sieur de la Gouvrière et sondit fils ledit Vayer ont promis faire faire la parfection dudit mariage et encore outre a ledit Vayer donné auxdits futurs 60 sols de rente hypothéquaire à prendre sur Pierre … dont il baille les lettres avec le … de terre sur laquelle y a une maison sise à Lougé nommée la Petite Maison des Ponseaux pour en jouir du jour des espouzailles ; dont et quant à ce tenir etc obligent chacuns biens etc présents honnestes hommes Nicolas Marie d’Estouche parent de ladite fille et Claude

Marie Rahier et ses enfants ont hérité des dettes de René Héron leur mari et père : Rânes 1662

J’ai des ascendants dans l’Orne dont une famille Héron, et voici des traces de cette famille. J’y ai étudié de très nombreux actes notariés, et même l’histoire des dettes lors des successions, dont la dette de François Héron décédé et un de ses créanciers réclame une rente impayée à ses enfants mineurs, Rânes (Orne) 1617
Voici un autre cas de dettes dont la veuve et les enfants ont hérité, et doivent bien entendu assumer. La somme est relativement importante puisque le contrat de mariage Heron-Vahier prévoyait 30 livres par an à la veuve et ici la dette est donc plusieurs années. Pire, elle a les enfants à élever…

Cet acte est aux Archives Départementales de l’Orne, AD61-4E119/59 – notariat de Rânes – Voici sa retranscription rapide, partielle mais fiable comme je sais les faire :

Le 27 janvier 1663 à Rânes, fut présente honneste femme Marie Vahier veuve feu René Heron la Coudre et la Pierre de B…, laquelle et tant en son nom qu’au nom de ses enfants et tutrice establie par justice de sesdits enfants, a vendu afin d’héritage promettant garantir à honneste homme Adam Froger de Rânes présent, c’est à savoir la somme de 7 livres 2 souls 10 deniers de rente hypotéquaire qu’elle a créée et constituée à prendre et avoir sur tous et chacuns ses biens meubles et héritages présents et advenir que même sur ceux de ses enfants où qu’ils soient situés et assis en chacun lieu de la … sans division, au terme de ce jour premier terme de payement commençant du jourd’huy en un an et ainsi d’an en an et de terme en terme et à toujours ou jusqu’au racquet et amortissement qu’ils en pourront faire toutes fois et quand qu’elle pourra payant tous les arrérages au prorata lors dus et échus et rendant le corps principal et les loyaux débourts, et fut ladite vente création et constitution faite moyennant la somme de 100 livres tz de prix principal testant de la somme de 132 livres dont ladite Vahier s’en est tenue à comptente et bien payée au moyen et parce que ledit Froger a tenu et tient quitte ladite Vahier ses enfants de ladite somme de 100 livres restant d’une obligation montant ladite somme de 132 livres que ledit Froger porte sur ledit feu René Héron par obligation passée en nos mains le 15 mars 1656 laquelle obligation sus datée est demeurée entre les mains dudit Adam Froger en sa force et vertu pour assurance de la garantie et hypothèque dudit contrat de constitution de rente pour en cas … ou autre en vertu d’icelle en préférence et s’en faire porter …

L’engrais naturel avait autrefois tellement de valeur qu’on le faisait évaluer : bail

J’ai connu, dans Nantes Sud Loire, juste après la seconde guerre mondiale, la fin des chevaux, et je voyais le ramassage du crotin, et ce, avec beaucoup d’intérêts et précautions. J’étais alors loin de m’imaginer sa valeur. Et s’il faut en croire notre époque qui évolue un peu, on y revient ! C’est naturel !

J’ai déjà retranscrit plusieurs centaires de baux à ferme, mais toujours on y trouvait la clause des engrais laissés sur place, donc on ne les estimait pas, car ils faisaient partie de ce que l’exploitant trouvait en prenant le bail et devait laisser à la fin de son bail. Or, ici, il n’y a pas d’engrais, aussi cette close finale prévoit bien que si il y a des engrais laissés sur place à la fin du bail, ils seront évalués par 2 laboureurs s’y connaissant, et seront payés.

Voici l’acte passé à La Sauvagère (61) en Normandie :

« Le 5 avril 1723[1] a comparu Barbe Guillouard veuve de Nicolas Serais fils Guillaume, de la paroisse de La Sauvagère, laquelle a ce jourd’huy baillé à ferme prix et loyer d’argent pour le temps et terme de 5 années entières et parfaites et accomplis commençant le 1er avril dernier et finiront à pareil jour et terme à Jacques Guibert son gendre fils de feu Charles de la même paroisse, présent et acceptant, c’est à savoir tout ce qui à ladie bailleresse lui peut compéter et appartenir au lieu et village du la Serrière susdite paroisse de La Sauvagère pour par ledit preneur en jouir et disposer pendant ledit temps tout ainsi comme auroit fait ou pu faire ladite bailleresse, pour en payer par chacun an à ladite bailleresse 22 livres 10 sols tournois, payable par termes, savoir la st Michel et Pasques de chaque année, le 1er terme commençant à la St Michel prochaine … et a reconnu ledit Guibé que ladite bailleresse lui a baillé pour son service une vieille couche, un mauvais marchepied de peu de valeur, qu’il les lui rendra à la fin du présent bail, et comme n’ayant ledit Guibé trouvé auxun engrais sur ledit lieu, en y entrant il ne sera aucunement obligé d’en laisser en sortant et s’il en reste ils lui seront évalués par 2 laboureurs que les parties prendront pour cet effet pour en faire leur rapport, et est accordé entre les parties que au regard des fruits qui croisteront aux arbres fruitiers dudit lieu, ladite bailleresse en aura la moitié pour l’année présente et est entendu en ouvre ce que dessus que ledit preneur pourra enlever à la fin du présent bail tous et chacuns ses meubles tant morts que vifs qu’il auroit en la maison … »

[1] AD61-4E176/31/214

Et vous pouvez aussi aller voir les GUILLOUARD si cela vous intéresse, car ils sont issus de La Sauvagère (61)

En Normandie, ceux qui ne savaient pas signer, dessinaient leur marque en guise de signature

C’est le cas de la majorité de mes ascendants, et ces derniers temps, relisant beaucoup d’actes notariés Normands, j’ai observé quelques marques plus recherchées que d’autres, car soyez tous certains certaines qu’une fois qu’ils avaient choisi une forme, ils la gardaient toujours, comme un identifiant qu’elle était.

Celle de gauche me plaît beaucoup, tant elle est recherchée. Celle de droite est l’exemple même de la majorité des marques, c’est à dire un dessin très simple

J’ai oublié de vous dire que le notaire précisait « la marque de Mathieu Delange », mais veuillez l’excuser car il écrivait MERC pour MARQUE

Ici vous avez un ensemble ordinaire

Splendide !

Très recherché : magnifique idée que mettre à droite cette extension !

Pour mémoire, en Anjou, le notaire précisait NE SAIT PAS SIGNER et seuls ceux qui savait signer signaient, il n’y avait aucune notion de la marque comme en Normandie.

 

 

 

En Normandie autrefois, la salière d’étain dans la dot au mariage, facteur de vie sociale, de différenciation sociale, mais aussi de risques pour la santé.

Je viens de retranscrire beaucoup de contrats de mariage en Normandie, et j’y trouve quelques détails sur la vaisselle d’étain apporté en dot par la mariée, très variable quantitativement, notamment les écuelles varient de 12 pour les plus aisés à 2 pour les pauvres, mais la salière d’étain se touve aussi un facteur de différenciation sociale.

Nous avons de nos jours oublié ce que nous avons gagné avec l’inertie du verre, de la faïence et de la porcelaine qui baignent notre quotidien, sans parler de l’acier ou la fonte de nos batteries de cuisine. Nous avons oublié que l’étain n’était pas chimiquemenent neutre, souvent contenant du plomb et néfaste à long terme pour la santé, mais aussi donnant du goût. Oui, nous avons oublié les conditions de vie de nos ancêtres sur ce plan quotidien !

Donc, en Normandie, la salière était présente dans la dot, ou absente chez les pauvres, qui se contentaient de mettre le sel dans un coquillage, ou petite coupelle de leur fabrication en bois ou en poterie. La salière était source de convivialité, comme le raconte l’article de Pierre Boyer : Le symbolisme et les traditions attachés au sel par Pierre BOYER « Certains affirment que la présence d’une salière sur la table est due au fait qu’à une époque, le sel pouvait être considéré comme un produit de luxe et, en le mettant à la disposition des convives, on leur témoignait de l’estime. Aujourd’hui, c’est plus pour satisfaire les goûts de certains convives qui n’apprécient que très modérément la cuisine sans sel devenue à la mode. »

Tous nos ancêtres ne devaient pas recevoir souvent, avec la salière sur la table, et je doute que dans la majorité des familles on ait songé à permettre à chacun de doser son goût pour le sel car je suppose que la mère de famille, cuisinière de tous temps, mettait ou non, ce qu’elle jugeait utile pour tous.

Voici les salières que j’ai rencontrées dans les actes que j’ai vus :

Le 11 mai 1656[1], entre Jean Guillochin (m), fils de Louis Guillochin (m) et de Marie Dellange ses père et mère, de la paroisse du Grais d’une part, et Marie Brouttin (m), fille de Jean Broutin (s) et de Mathurine Héron, ses père et mère, de la paroisse de Beauvain – 350 L une salière

Le 6 septembre 1665 au village de la Pistardière paroisse de Faverolles, faisant et traitant le mariage qui au plaisir de Dieu sera fait et parfait en face de sainte église catholique apostolique et romaine par entre Thenegui Jean fils de feu Guillaume Jean et de Regnée Regnult d’une part, et Gabrielle Feron fille de feu Marin Feron et Françoise Guillochin ses père et mère de la paroisse de Faverolles – 300 L une salière

Le 15 décembre 1693[2] entre François Guillochin (s) fils de feu Jean et Marie Broutin, de la paroisse du Grès, et Françoise Perdriel (m) fille de François et Anne Bodé, de la paroisse de Briouze – 200 L une salière

Le 2 janvier 1697[3] entre Louys Desnos (s) fils de feu Margrin Desnos et de Anne Chable ses père et mère d’une part, et Marie Guillochin (m) fille de feu Jean Guillochin et de Marie Broutin ses père et mère d’autre part, tous de la paroisse du Grez – 120 L une salière

Le 14 décembre 1621[4] entre honneste homme Mathurin Guillochin (m) fils de Girard et Marie Lefebvre, de la paroisse du Grès, et Jacqueline Nugues fille de feu Denis et Marie Aumouette de la paroisse de Rannes – 150 L une salière

Le dimanche 11 octobre 1609[5] entre Charles Heron (s) fils de Tenneguy et de Anne Guendier de la paroisse de Montereux, et Saincte Guillochin fills de Louis et Marie Gondouin, de la paroisse du Grès – 400 L 2 salières Ils sont les seuls avec 2 salières, et sans doute recevaient-ils plus souvent que d’autres, je les suppose marchands

Le 19 février 1655[6] entre honneste homme Jacques Heurtin fils de feu Julien Heurtin et de Mathurine Leportier de la paroisse de St Georges d’Asnebecq, et Marguerite Guillochin fille de Marin Guillochin et Louise Bourdin, de la paroisse du Grès – 200 L une salière

Le 14 décembre 1664[7] entre honneste homme Jacques Féron (m), fils de Marin Féron (m) et de Françoise Guillochin d’une part, et de Anne Lecousteur (m), fille de Charles Lecousteur et de Gilette Leprovosteau, tous de ladite paroisse de Faverolles – 400 L une salière

 

[1] AD61-4E174/10 Notariat de Briouze vue 169/209

[2] AD61-4E174/42/216

[3] AD61-4E174-42 notariat de Briouze vues 246-247,279/416

[4] AD61-4E119/15/260

[5] AD61-4E119/13/316

[6] AD61-4E174/5

[7] AD61 4E174/6/5 tabellionnage de Briouze

Il reste que le sel dans l’étain était épouvantable sur le plan santé, car le sel ne devait pas rester inactif, surtout par temps d’humidité. J’ai pour ma part connu autefois la salière-poivière à poignée centrale et 2 petits réceptacles ouverts, mais en verre sur métal argenté, donc seul le verre était en contact avec le sel, ce qui n’était pas le cas avec les salières d’étain que j’ai relevées dans les contrats de mariage : elles ne connaissaient pas le réceptable de verre pour limiter le contact. C’est fou ce que nous avons progressé sur le plan santé depuis les derniers siècles !!!

Celle qui vous écrit ces lignes vit depuis plus de 50 ans sans mettre de sel dans les aliments, et se contente du sodium contenu dans le pain etc… donc son organisme n’en manque pas. Alors riez qu’elle ait le courage de vous parler des salières, mais elle fut chimiste, dans le verre, les métaux puis l’alimentation, donc elle sait de quoi elle parle quand elle évoque l’inertie des matériaux, et les dangers des matériaux non inertes comme l’étain, et chaque fois qu’elle tappe un contrat de mariage ou autre document, et qu’elle rencontre la vaisselle d’étain, elle éprouve une telle dose d’empathie pour tous nos ancêtres !!!

Les importantes différences de niveau social, d’après les contrats de mariage : Le Grais (61, Orne) 1678

Le Grais était une petite paroisse, avec tout au plus 1 000 habitants, et de nos jours moins de 200. J’y ai dépouillé plusieurs contrats de mariage, qui attestent que la majorité des habitants avaient une dot en don pécuniel de 150 livres et moins, auxquels il faut ajouter le don en nature : la vache, les brebis, les meubles… qui doublent cette somme. Dans cette tranche, peu savaient signer.

Il y avait peu de dots plus élevés et de classe sociale sachant toujours signer, mais ces rares personnes ne recoivent que 400 livres en don pécuniel. Les métiers n’étant jamais spécifiés, hélas !, on ne peut que supposer qu’il y avait quelques marchands. Mais leur fortune n’avait rien à voir avec celle des THIBOULT, car même si la baronnie de Juillé a dû être vendu par décision de justice en 1612 (voyez mes billets précédents), la famille de Thiboult a de beaux restes, ainsi voyez en 1678 la somme très élevée apportée par le future. Elle apporte 100 fois plus que la majorité des paroissiens du Grais. Et donc 50 fois plus que ces marchands.

Le 23 septembre 1678[1] traité de mariage entre messire Jacques de Thiboult chevalier seigneur et patron du Grès et seigneur des terres et seigneuries de Puisac et du Bigon et de Beauvais et seigneur de la terre et seigneurie de Grand Feillier, fils de défunt messire François de Thiboult en son vivant chevalier seigneur de Puisac et de feu noble dame Lucresse de Samay, et noble dame Charlotte Turpin veuve de défunt messire Guillaume de Chennevières en son vivant chevalier seigneur du Haut Bois fille de défunt Jacques Turpin en son vivant écuyer sieur de la Fontaine et de noble demoiselle Louise de Fromont … lesdites parties demeurent séparées de biens sans que le bien de l’un puisse être pris pour celui de l’autre, à laquelle fin répertoire et estimation de tous les meubles appartenant à ladite dame a été fait en la présence de Jacques Gueront écuyer sieur de Grouville, tuteur actionnaire des enfants mineurs dudit feu sieur de Chennevières et de ladite dame, duquel répertoire et estimation il en sera donné un extrait audit sieur de Grouville, laquelle estimation se trouve monter à la somme de 20 000 livres, de tous lesquels meubles tant morts que vifs brevets obligations et contrats de ladite dame après son serment saisi ledit seigneur du Grès pour s’en faire payer ainsi qu’il advisera bon être au moyen de ce que ledit seigneur du Grès a dès à présent remplacé ladite somme de 20 000 livres qui est le prix desdits meubles sur tous et chacuns ses biens et a ladite somme de 20 000 livres dès à présent constituée à procréer arrérages du jour de la dissolution dudit mariage toutefois s’il y avait des contats obligataires brevets caduques et sur gens insolvables après que ledit sieur aura fait ses diligences pour empescher la prescription et après avoir fait perquisition et diligence valable ledit seigneur demeurera déchargé du remploi et contribution du prix auquel lesdites obligations brevets ou contrats de cette nature se trouveront monter et aura ladite dame son hypothèque privilégiée à toutes forces de créanciers sur lesdits meubles, et en outre a ledit seigneur du Grès pris ladite dame sa future épouse avec tout ce qui lui peut appartenir tant en rentes douaires que meubles et est aussi accordé entre lesdites parties que ladite dame pourra si faire le veut remettre tout ou partie de son douaire qu’elle prend sur ses enfants à leur an d’âge et non plus tôt sans que cette présente stipulation puisse obliger en aucune manière ladite dame à en faire aucune remise si elle ne l’a agréable, et aussi demeure d’accord entre les parties que si décès de ladite dame arrivant et que le sieur peut jouir de tous les biens de ladite dame il en relachera en faveur des enfants 12 100 livres entrées en la maison du feu sieur de Chennevières et si il n’y avait point d’enfants de leur mariage ladite dame donne la jouissance dans ses biens audit seigneur du Grès son futur époux autant comme aun de ses enfants et comme pour don mobile et après la mort dudit seigneur du Grès la propriété en retournera à ses enfants, et en cas que ses enfants vinsent à décéder et leur ligne affessée, ladie dame a donné audit seigneur du Grès son futur époux tout ce que la coutume luy peut permettre de donner, et lors qu’il sera fait des amortissements des rentes des propres de ladite dame ledit seigneur du Grès les recepvra et les remplacera sur tous ses biens et en acquitera ses dettes et sera tenu d’employer dans ses contrats d’amortissement qu’il fera ou sans ses quittances qu’il retirera que les deniers proviennent des propres de ladite dame, laquelle demeurea subrogée au lieu et place des créanciers qui seront admortis sans aucune novation d’hypothèque d’iceux pour en préférer du jour et date qu’ils portent et si ledit seigneur du Grès acquite des dettes ou fasse des acquets de la somme de 20 000 livres ci-devant exprimée et constituée et remplacée au nom et ligne de ladite dame sur tous ses biens il emploira en iceux que des deniers de ladite dame, et a ledit seigneur du Grès dès à présent gagé douaire coutumier à ladite dame sa future épouse sur tous et chacuns ses biens en quelque lieu et province qu’il puisse être situés lequel n’aura lieu que du jour du décès dudit seigneur du Grès sans qu’il soit besoin d’en faire aucune autre demande en justice, dont et de tout ce que dessus lesdites parties furent contentes et demeurées d’accord et fut fait et passé le 23 septembre 1678 en présence de Jacques Gourout écuyer sieur de Grouville, Jacques Gautier marchand de la paroisse de Beslou et Jacques Letessier sieur de la Houssais du Grès témoins.

[1] AD61-La-Forêt-Auvray