Edouard 2° HALBERT 1877-1932 : train de vie

Edouard 2° HALBERT : train de vie

Son grand-père Mounier, d’origine modeste (j’y reviendrai très longuement) a vécu sans dépenser bourgeoisement, se contentant même d’une pièce à vivre et louant les autres pièces de la maison à des tiers.  Son aptitude au travail, et son modeste train de vie, alors que ses affaires florissaient, augmentaient d’autant les économies, ce qui explique qu’il put acquérir plusieurs maisons rue Saint-Jacques et route de Clisson à Nantes. Ajoutons que la route de Clisson où il s’installa en 1843 était un monde rural non urbanisé, et il était le seul au sud de la Loire à Nantes, à fournir les chevaux, alors nombreux, en avoine et foin.

Edouard 2° Halbert sera héritier du commerce de grains et fourrage créé par son grand père Jacques Mounier à l’époque du cheval à Nantes. Il jouit de la maison et du commerce depuis son mariage, car ses parents se sont retirés en sa faveur, mais il attendra 1923 pour voir la succession effective de son père et 1932 celle de sa mère. Ils ne lui laissent pas que les biens Mounier, car son père a aussi une partie des biens BONNISSANT-LEBRAIRE.

Je suis née en 1938, et j’ai mémoire d’une « bonne à tout faire » nommée Émilie, qui semble avoir terminé sa carrière après la guerre. Je savais donc que mes grands parents avaient une domestique. J’étais loin de m’imaginer ce que je viens de découvrir dans les recensements.

Les recensements de la ville de Nantes, que j’ai entièrement dépouillés et que je vais publier sur mon blog, m’apprennent qu’en 1926 mon grand père n’a pas une, mais deux domestiques, l’une dénommée « cuisinière », l’autre « femme de chambre », et ces domestiques sont recensées sous son toît, car y vivant, logées sans doute sous les toits, comme c’était alors souvent le cas de ces femmes, et travaillant certainement beaucoup plus que 35 h par semaine, comme de nos jours.

Voici le recensement de 1926 concernant la maison de mon grand père Edouard Halbert :

 

Halbert Edouard

Allard Madeleine

Halbert Marguerite

Halbert Camille

Halbert Paul

Halbert Georges

Halbert Marie

Gravoueil Marie

Delhommeau Marguerite

1877

1877

1908

1909

1911

1912

1913

1893

1871

Nantes

La Pouëze

Nantes

Nantes

 

 

 

Chap. Hermier

Vieillevigne

chef

épouse

fille

fille

fils

fils

fille

 

 

négociant en grains

 

 

 

 

 

 

cuisinière

femme de chambre

Certes, ce recensement donne d’autres maisons de la route de Clisson ayant domestique. Notamment, plusieurs personnes âgées, en couple ou seules, ont domestique.

Je suis âgée de 82 ans, vit à domicile. Je sais qu’on ne peut tout faire seule, et j’ai aide ménagère depuis des années faute d’avoir encore mes épaules. Mais j’ai une retraite, ce qui n’existait pas en 1926, et j’ai le système actuel des aides ménagères quelques heures par semaine, alors qu’en 1926, il n’existe aucune retraite, et les personnes âgées terminent leurs jours soit :

  • avec une domestique, pour ceux qui ont encore un capital, donc les plus aisés
  • auprès d’un enfant qui gagne sa vie, pour les plus chanceux en famille
  • à l’hospice pour tous les autres, et je ne sais s’ils sont la majorité. Ce que je sais c’est que l’EHPAD actuel n’a rien à voir avec l’ancien hospice, recueil des pauvres, mais pauvrement.

La route de Clisson n’échappait pas à cette vision sociale des personnes âgées d’alors, et on y observe bien des familles qui ont près d’eux leur ancien(ne), et des personnes âgées seules avec domestique. Et pour mémoire, je me souviens qu’il y avait hospice pour les vieux à l’hôpital Saint-Jacques tout proche. Cela c’était avant les EHPAD actuels.

Revenons à Edouard 2° et à son train de vie. Je dois vous avouer que j’ai été totalement stupéfaite d’apprendre par ce recensement que mon père, Georges Halbert, et ses frères et sœurs, alors tous adolescents, ont connu ces 2 domestiques. Je découvre ainsi une fascette de mon père qui m’était inconnue, car il a donc eu une enfance très bourgeoise.

Mais j’apprends dans ce recensement de la route de Clisson en 1926 bien plus encore.

En effet, le même recensement de 1926 nous apprend aussi toutes les professions des habitants de la route de Clisson, et j’y fais une énorme découverte pour l’histoire de la famille, que je m’empresse de vous conter.

Lorsque Jacques Mounier, le « grand père breton aux origines modestes », s’installe route de Clisson en 1843 et y lance un commerce de grains et fourrages, cette route est un désert rural. Dans tous les recensement avant la seconde guerre mondiale, l’agent recenseur du 4° canton de Nantes fait brusquement une coupure sur son registre et annonce qu’il commence la partie rurale : la route de Clisson.

Le commerce de grains de fourrages est alors seul au sud de Nantes, à une époque où le cheval assure la traction des nombreux véhicules et des machines diverses. Mais la vapeur et le moteur à essence arrivent et vont supplanter le cheval. On gardera de nos jours la mémoire du cheval dans nos instruments de mesure. On a défini le « cheval-vapeur » comme la puissance développée par un cheval pour remonter de 1 m une masse de 75 kg en 1 s.  Et aux chevaux-vapeur on a ajouté les chevaux fiscaux pour les automobiles. Quel Français n’a jamais entendu parler de la 2 CV, la 4 CV …

Tandis que le nombre de chevaux diminue drastiquement entre les 2 guerres mondiales avec la multiplication des automobiles, le recensement de 1926 donne route de Clisson 2 autres marchands concurrents, respectivements installés au 102 et au 72 :

102 Lemaqueresse Henriette

Lemaqueresse Jean

Lemaqueresse André

Lemaqueresse Jean

Tillaud Henriette

1886

1883

1911

1919

1852

St Sébastien

Herbignac

 

 

 

chef

époux

fils

fils

fille

négociant en grains
72 Chataigner Gustave

Marchand Marie

Chataigner Marie

1871

1877

1908

St Sébastien

Vallet

Nantes

chef

épouse

fille

Md de fourrage

 

couturière

Ils sont de la même génération qu’Edouard 2° Halbert, né en 1877, vivent plus modestement car je n’y vois pas de domestiques sous leur toît. Ainsi j’apprends que la concurrence est là alors que le marché décroît.

Or, dans le même temps, voici la mémoire de la famille :

« En 1926, Edouard Halbert, atteint de rhumatisme articulaire, est soigné au salicylate, et est mis au régime. Le traitement déforme ses doigts et agit surtout sur son caractère, tandis que toute la famille doit suivre le régime. En mai, il part en cure 3 semaines pour atténuer sa maladie.
C’est à cette époque qu’il délaisse ses affaires au profit des organisations  professionnelles.
Sa femme, aidée de ses 2 filles aînées, s’occupe du commerce. Elle gère en particulier la comptabilité avec beaucoup de rigueur. Elle transmet cette compétence à ses 2 filles.
En 1930, Edouard Halbert achète une voiture Delaunay-Belleville, qu’il fait transformer près de Paris pour y ajouter des sièges. Ainsi, la famille peut pique-niquer le dimanche au bord de la mer, ainsi à Pornic. Il achète même une tente de plage et fait faire une boîte de rangement de la vaisselle. » 

Je comprends que mon grand père est atteint, comme moi, de la goutte, qu’il a transmise à mon père, puis à un de mes frères et moi. Cela fait plus de 45 ans que je suis volontairement au régime anti-goutte pour la fuir, et il n’a rien de désagréable. Je suppose qu’à l’époque, le régime était sans doute moins connu que de nos jours et un peu plus fantaisiste pour qu’il ait laissé un tel souvenir à ma tante !

Le changement de caractère et l’éloignement des affaires auraient pu aussi être la conséquence des difficultés déjà rencontrés dans son commerce ?

Il n’en est rien puisqu’en 1930 il affiche un tel train de vie avec la Delaunay-Belleville, voiture alors considérée comme exceptionnelle. Pourtant Renault et Citroën ont déjà beaucoup de modèles connus et en série. La petite histoire orale de la famille nous raconte qu’il fallait tant de temps pour la faire démarrer qu’on aurait été plus vite à pied à l’église le dimanche ! Mais, manifestement Edouard tenait à parader.

La voiture est pour alors beaucoup d’hommes un objet d’identification narcissique et virile. Certes, beaucoup de femmes passèrent leur permis de conduire avant la seconde guerre mondiale, comme ce fut le cas de maman, mais elles n’eurent plus le volant après le mariage, car il était réservé au mari.

Ainsi, avec ses 2 domestiques et sa belle voiture, alors que les chevaux se raréfient avec la motorisation, et qu’il y a des concurrents, Edouard 2° Halbert, mon grand père vivait au dessus de ses moyens et méritait les reproches incessants de ses parents, reproches qui nous ont été transmis en 1939 par son fils Paul, écrivant les mémoires de la famille. Voici donc la mère d’Edouard 2°, sachant qu’elle était fille de Jacques Mounier le fondateur, venu de Bretagne d’une famille nombreuse de laboureurs, et créateur du commerce de grains et fourrages :

 

« Marie Monnier, épouse d’Edouard 1er Halbert 1855-1932
Marie Monnier avait hérité des qualités de son père, goût du travail, rouerie dans les affaires, goût de l’économie poussé jusqu’à l’avarice. C’était elle qui portait la culotte.
Route de Clisson le commerce de grains et fourrages prospérait. De Bretagne, les avoines arrivaient par gabares, on les camionait à la maison, on pesait, ajustait, les ficelait en sacs que les camions allaient livrer aux clients. A la saison des foins, des gabarres lourdement chargées des foins des prairies de l’embouchure de la Loire remontaient jusqu’à Nantes sur le quai Moncousu. C’était la période de la cale aux foins. La « cale » durant tout l’été, de juillet à septembre. Sous le soleil de plomb on déchargeait le foin dans les charrettes, sous les ardoises brûlantes des greniers on rentrait la provision de foin pour l’année chez les clients.
Il fallait être partout, être à la cale, chez les clients, assister à la réception des charrettes de campagne, préparer les expéditions d’avoine, et quelquefois travailler tard dans la nuit, les mains coupées par le fil rude à ficeler les sacs pour les livraisons du lendemain, à 5 heures les camionneurs arrivaient, trouvant leurs chevaux pansés par Edouard 1er Halbert. Les dimanches d’été, il fallait aller au Pellerin, à Frossay, ou à Rouans pour acheter du foin aux herbagers, discuter, finasser et montrer de la rouerie pour ne pas être roulé soi-même.
En 1877, ils eurent un fils qui épouse Madeleine Allard.
Avant leur mariage ils firent construire la maison située 2 chemin de la Gilarderie et vécurent tous les deux dans cette maison jusqu’à leur mort.
Edouard Halbert mourut en juin 1923 et sa femme en février 1932.
Durant les dernières années de leur vie, ils ne surent guère profiter du bonheur d’avoir en face chez eux leurs enfants et petits enfants. La mère faisait à son fils des reproches souvent violents sur sa façon de gérer le commerce ou sur ses dépenses. »

Photo de 1936

Hélas, Edouard 2° avait transmis le goût des belles voitures, au dessus des moyens de son commerce, à son fils mon père, que l’on voit sur la photo de 1936 en tablier et béret, le 2ème à gauche debout devant la porte du magasin.

Edouard 2° Halbert 1877-1932 passe 7 ans et demi au service de la France

Edouard 2° Halbert au service de la France

Le 12 octobre 1895, alors âgé de 18 ans depuis le 21 août, il entre comme « engagé volontaire pour 3 ans » au 65° régiment d’Infanterie. Il a devancé l’appel, probablement dans le but d’être libéré plus tôt pour entrer ensuite dans l’affaire de son père.
Cette durée de 3 ans nous semble longue, pourtant c’est exactement la même que celle imposée à tous les conscrits alors appelés à 21 ans pour le service militaire obligatoire. Cette durée est encore plus longue si on la rapporte à l’espérance de vie d’alors, qui n’est que de 48 ans, alors que de nos jours elle dépasse 75 ans.
Pourtant sa génération, comme les suivantes, vont aussi connaître 4 années de guerre en 1914. Entre-temps, Edouard, dans la réserve, effectue des périodes :

  • au 65° R.I. du 19 août au 15 septembre 1901
  • au 136° R.I. du 3 au 30 mars 1904

Le 8 août 1914, il est mobilisé, passe ensuite au 291° général d’Infanterie le 1er septembre 1915, au 12° général le 20 janvier 1916, au 20° du train des équipages le 21 décembre 1916. Mis en sursis comme expert en fourrages à Nantes du 14 septembre 1917 au 21 décembre 1917, date à laquelle son sursis est annulé et il est envoyé au 11° du train. Il est démobilisé le 10 janvier 1919, date à laquelle il se retire à Nantes, et ne sera dégagé de toutes obligations militaires que le 10 novembre 1923.

Ainsi, Edouard, qui n’a vécu que 55 ans, a passé 7 ans et demi de sa vie au service de la France, comme l’immense majorité des Français d’alors. Ill y a consacré 13,6 % de son temps de vie !

En partant en 1914, Edouard Halbert, mon grand-père paternel, laissait à la maison 5 enfants. De son côté, Edouard Guillouard, mon grand-père maternel, 3 enfants. Certes, ils ne furent pas en première ligne, mais ils furent loin de leur famille et de leurs affaires, alors gérées par leur père pourtant plus très jeune.

Mes grands pères eurent pourtant la chance de pouvoir s’offrir une photo de leurs êtres chers. Voivi les 5 enfants d’Edouard :


Edouard 2e HALBERT °Nantes 21 août 1877 †idem 24 février 1932 fils de Edouard HALBERT et Victoire MOUNIER Négociant en grains et fourrages route de Clisson x Nantes 23 septembre 1907 Magdeleine ALLARD °La Pouëze 1er février 1886 †Nantes 1960 Fille de Louis-Augustin-Pierre & Françoise Moreau
1-Marguerite HALBERT °Nantes 6.7.1908 †Gesté (49) 15 mai 1961 Dont postérité
2-Camille HALBERT °Nantes 1er décembre 1909 Dont postérité
3-Paul HALBERT °Nantes 7 mars 1911 †Nantes 24 novembre 1964 Dont postérité
 4-Georges HALBERT °Nantes 5 juin 1912 Dont postérité
5-Marie-Louise HALBERT °Nantes 1914 SA-SP

et ses amis

Reffé, l’un des 10, ne fera jamais de service militaire, pour cause de rachitisme. Longtemps dans la famille, on racontera encore que c’est lui qui a vécu le plus longtemps.

le physique d’Edouard, selon sa fiche militaire

La fiche militaire d’Edouard le donne blond, 1,64 m.
Je suis très surprise par la couleur des cheveux, d’autant que son fils Paul les a noirs et son fils Georges, mon père, les a chatains. En outre les photos, certes en noir et blanc à l’époque, ne laissent aucunement pressentir un blond. Je reste très sceptique sur cette prétendue blondeur.

 

 

Les amis d’Edouard HALBERT : le groupe des 10

Histoire d’une amitié à Nantes Saint Jacques : le groupe des 10

Cette histoire a pu être reconstituée en 2002 grâce à : Michel Halbert, fils de Paul du groupe des 10, qui avait 3 photos ; Alain Guillouard petit-fils d’Edouard du groupe des 10, qui avait le texte original et des photos – Texte et photos réunies par Odile Halbert, petite-fille d’Edouard Halbert ainsi que d’Edouard Guillouard.

Ils étaient 10 amis, tous issus du quartier Saint-Jacques de Nantes, plus ou moins parents.
Ils nous ont laissé divers témoignages de leur amitié : 4 photos solennelles, et quelques photos plus privées, qui témoignent de leurs rencontres et ballades manifestement plus fréquentes que tous les 10 ans.
Un texte rempli d’humour témoigne de ce groupe. L’auteur est manifestement l’un des 10, voire les 10 ensemble lors de la réunion de 1925. Probablement Chauvet.
Edouard Halbert, mon grand père paternel, disparaît le 1er, en 1932 : on ne le voit donc plus sur la dernière photo que l’on peut alors dater de 1935.

Nous possédons une date pour le texte : novembre 1925.
Ce texte, dont nous possédons la frappe originale de l’époque, donne des dates. Nous nous efforçons de mettre une date sur les photos. Vos suggestions seront les bienvenues !
Les 4 photos les donnent toujours à la même place. Le texte donne 1900 pour la 1ère, alors que la mémoire des descendants donne 1905 puis tous les 10 ans.
Le texte donne une photo en 1920, qui serait la 2e On obtient d’ailleurs le même résultat en ajoutant 10 ans à 1905, et en excluant 1915 pour cause de guerre, ce qui donnerait 1919 ou 1920.
La 3e pourrait être datée de 1925, date à laquelle Edouard Halbert vit encore. En effet, le texte est rédigé en 1925, et ils l’ont sans doute élaboré ensemble, si ce n’est fêté ensemble.
La 4e serait alors de 1935 ou 1940. Je vous laisse dans ce texte original :

En 1905, voici de gauche à droite, au 1er rang :
Henry Cassin
Henri Dupras, père de l’abbé
Louis Guillouard °11.5.1880 †2.10.1964
Gustave Cassin
Edouard Halbert °21.8.1877 †24.2.1932
au 2e rang :
Etienne Chauvet
René Reffé
Cormerais dit « Camelia »
Paul Halbert °18.1.1882 †18.3.1942
Edouard Guillouard °1.2.1877 †20.9.1946

En l’an de Grâce Mil neuf Cent
Une bande de joyeux drilles,
Un dimanche, fit « Tirer leurs billes »
Chez un photographe épatant.
Ils étaient dix, ni plus ni moins ;
Edouard Halbert, le marchand d’foin,
Chauvet, Reffé, les Cassin Frères
Cormerais, Dupras, Paul Halbert,
Edouard Guillouard et son frère Louis
Les voici tous,     Cadédie !


Un beau jour, l’un d’entre eux prit femme
Cette …… maladie là se gagne
Tant et si bien, qu’en un instant,
Les neuf autres en firent autant.
René Reffé, jeune pourtant,
Conjugua son amour brûlant
Avec ( oh ! le sacré grand diable ! )
Une jeune fille estimable
Qu’il « zieutait » depuis fort longtemps !
Louis Guillouard eut bientôt mérite
De leur présenter son …. Edith.
Du coup, « la Pipe » se sentant
Des ardeurs, qu’il contient à peine,
Découvre et …. croque Madeleine.

Cormerais à Marie Dupras
Un beau matin offre son bras.
Edouard, des Guillouard, l’Ainé
Bientôt convole avec ….. l’Aimée.
Henri Cassin voit jouvencelle
Et tombe amoureux d’Isabelle.
Et peu après, Chauvet Etienne
Egalement épousa la Sienne.
De joie, il accorde sa sœur
A Gustave qui fait son bonheur.
Henri Dupras, doucettement
Sans bruit, suivit le mouvement.
Enfin, Paul Halbert, le Mitron
A Marguerite offrit son nom.
Et c’est ainsi que chacun d’eux
Devint beau-frère, oncle ou neveu
Du cousin ? ? ! ! Y’a d’quoi dev’nir fou
Vous n’y comprendrez rien du tout !

———–

Ici, recueillons-nous un peu
Un instant, pour remercier Dieu
D’avoir traversé la tempête
En conservant tous notre tête.

———–

Vingt ans après, nos bons gaillards
Derechef et bien posément
Ensemble retournèrent dare-dare
Chez le photographe épatant.
………………………………..
………………………………..
Alors on fut bien surpris
Comparant les photographies,
De constater, Oh ! cruel sort,
Combien de vieillir on a tort !
Chauvet n’a plus l’air d’un potache
Qui sort du Lycée à l’instant ;
Son double menton, ses moustaches,
Lui donnent un aspect conquérant.

René Reffé, ( ça c’est curieux )
A toujours le même air sérieux,
Et porte très allègrement
La différence des vingt ans.
Joseph Cormerais a … durci
Ce qui l’a tant soit vieilli
Mais a conservé malgré tout
Moustache de chat, dent de loup.
Le Gustave des ébats joyeux
Est devenu mari parfait
S’il a perdu quelques cheveux
Il a conservé ….. son toupet.
Et Paul Halbert, le jeune imberbe,
Maintenant a mine superbe
Elle le sait bien et faut voir comme
Marguerite le trouve bel homme !
Edouard Guillouard, après la guerre
Son joli « bouc » a conservé.
En le voyant le caresser,
On croit voir revivre son Père.
« La Pipe » Bien dodu, bien rond
A toujours son p’tit air frippon
On en fait la preuve sans peine :
Voyez-le regarder Mad’leine !
En contemplant Henri Dupras
On trouve qu’il ne change pas
Même il n’a pas fait ablation
De sa barbiche…. Napoléon.
Louis Guillouard a fait son chemin
Et sa Barbe de Capucin
Sied et complète à merveille
Le « port » d’un gros industriel.
Henri Cassin, Oh ! se déplume
Au menton de barbe n’a plus
Ça fait une face de Lune
Et bonne mine, doux Jésus ! ….

Quoiqu’il en soit, l’ensemble est bon.
Ils n’ont pas l’air de vieux barbons,
Mais plutôt de gens raisonnables
Pondérés, tenant bien à table
Et surtout, sans forfanterie
A garder leur camaraderie.
………………………………..
………………………………..
Vingt ans se sont écoulés !
Ces jeunes, devenus « Aînés »
Papas, Tontons, même Beau-Père !
Peuvent regarder en arrière.
A la France, spectable charmant,
Ils offrent trente-quatre enfants :
Quatorze garçons et vingt filles
Et leur dix épouses gentilles.
Ces braves refusant de vieillir
Théodule va les rajeunir !

8 Novembre 1925

Nous datons cette dernière photo de 1935. Ils sont 10 mais sans Edouard Halbert, parti le prmier en 1932.

Noces d’Edouard HALBERT et Madeleine ALLARD : fêtes à bord du train du Petit-Anjou, 1907

les noces d’Edouard 2° Halbert et Madeleine Allard

Avec le poême humoristique d’Etienne Chauvet Fils, 1907

Le 24  novembre 1907 eurent lieu à La Pouëze (Maine-et-Loire), les festivités du mariage de Madeleine Allard, fille du pays, avec Edouard 2° Halbert, marchand de grains et fourrages route de Clisson à Nantes.

Quelques années auparavant, sa sœur, Marguerite Allard, avait épousé Paul Martinetty, droguiste à Nantes.

Les parents Allard quittèrent ensuite La Pouëze pour se rapprocher de leurs 2 filles, et firent contruite à Nantes la maison de la rue Saint-Jacques.

Pour le mariage à La Pouëze, la bande d’amis d’Edouard Halbert, ainsi que Paul Martinetty et sa femme, firent en train trois virées mémorables : le mariage, le retour de noce, et le gueuleton à la Chebuette, payé par les indemnités de la panne de train durant un retour de noce.

La bande, loin de s’ennuyer, créa alors l’Orphéon de Bouzy-les-Melons.

Un orphéon est une société dont les membres pratiquent le chant, sans accompagnement d’instruments.

Le train, dit « du Petit-Anjou » passait à Saint Sébastien, à la gare du Petit Anjou, actuellement lieu d’exposition municipal, puis continuait au sud de la Loire.

Etienne Chauvet Fils (E.C.F.), l’un des participants, nous a laissé un joyeux poême. Un siècle est passé, et il est difficile de décripter totalement ce poême plein d’humour, dont voici quelques clés  :

  1. Pont-Rousseau : y habitent les REFFÉ et les GARCON
  2. La Pouèze : y habitent les parents ALLARD
  3. Vern : y habitent des collatéreux des ALLARD
  4. Chazé : y habitent des collatéreux des ALLARD
  5. Le directeur : Etienne CHAUVET  père, boulanger
  6. Héliotrope : Lucie MOUNIER, épouse COGNARD, tante maternelle du marié
  7. Pétillante Adèle : Marie GARCON mère
  8. Rigolo l’exentrique : Gustave CASSIN
  9. Vive St Sébastien : Edouard GUILLOUARD, ami du marié, rue St Jacques
  10. Son Frère : Charles GUILLOUARD, ami du marié
  11. Joseph : Joseph GARCON, épicier à Pont Rousseau
  12. Famille du Tuffeau : René REFFÉ, marchand de matériaux à Pont-Rousseau en Rezé, et sa femme Marie
  13. Chef d’orchestre : MARTNETTY, droguiste à Nantes, beau-frère de la mariée
  14. Le Grand Auguste : Auguste MOREAU de Montjean, vigneron, ex-clerc de notaire à Paris, oncle de la mariée

L’Orphéon de Bouzy-les-Melons

poême humoristique d’Etienne Chauvet Fils, 1907

Quel est donc ce bruit ce matin dans la plaine ?
Depuis Saint-Sébastien jusqu’à Basse-Goulaine
On entend des cris, des rires, des chansons,
C’est une cacophonie de voix sur tous les tons.
C’est une réunion où la gaieté frétille :
Habitants de Pont-Rousseau, d’autres de la ville
Se trouvèrent à la Pouèze et à cette occasion
Fondèrent l’Orphéon de Bouzy-les-Melons.
Dès les premiers jours les affaires furent dures,
L’ Orphéon tomba presque en déconfiture :
Grâce à Monsieur Allard et son succès complet
L’Orphéon évita la danse devant le buffet.
Il se composait pourtant de grands artistes ;
Inutile maintenant de vous donner la liste ;
Ils se firent connaître, le temps changea les choses
Maintenant L’ Orphéon voit son apothéose,
Les bis, les rappels il ne les compte plus ;
Les croix, les diplômes sont maintenant superflus ;
La Pouèze, Vern, Chazé toutes des médailles d’or
Ainsi que la Chebuette sont au tableau d’honneur.
On lui offre vin blanc banquets et tout le reste
Et même une subvention de la Compagnie de L’Ouest.
Alors l’Orphéon après toutes ses victoires
Ne veut pas malgré ça s’arrêter dans la gloire ;
Il fonde un cirque, un music-hall enfin
Et sa troupe se compose d’artiste des plus fins.
D’abord le directeur, un homme recommandable
Très bien en boulanger fut encore mieux à table,
De méchantes langues disent que sa grosse bedaine
S’engraissa à mettre du coton dans la laine.
Dans sa tâche accablante l’aident de tout leur zèle
La splendide Héliotrope, la pétillante Adèle.
Puis vint le jeune premier, Rigolo l’excentrique
Elève du directeur, tout à fait comique
Fait le clown, le lutteur, le chanteur;
Il refait même les poches des clients.
Après lui arrive celui qui en impose,
Il se fait reconnaître car il dit peu de chose,
Sa devise à lui est « Chanter peu mais chanter bien » :
Son succès est connu c’est « Vive Saint-Sébastien ».
Il a son frère aussi dont la voix si pure
Se volatilisa en tombant de voiture.
Joseph la voix basse chantante, l’homme à la face pâle,
Quand il chante tout se tait tout vibre dans la salle.
A son métier d’artiste il y joint son épicerie.
Pur des pruneaux d’Agen vend des Californie
Le succès de la trompe, la famille du Tuffeau
Lui a répertoire gai et en tous points très beau.
Et sa charmante épouse la divette sans pareil
Se surpasse dans Carmen ainsi que dans Mireille.         
Puis le Chef d’orchestre qui fonda l’Orphéon,
Traducteur de Bouzy, le chanteur des melons.
Avec sa voix superbe dont l’a doué la nature,
A ses moments perdus il s’occupe de peinture
De brosses, verres à vitres mastic, ripolin
Et par son oriflamme inonde le genre humain.
Dans l’énumération j’aurais été injuste
Si j’avais oublié le Grand Auguste,
Grand vigneron, lutteur, comique de gala.
Son plus joli morceau c’est « La Can… à Canada ».
Du cirque fait parti votre humble serviteur.
Au patron celui-ci réclame ses droits d’auteur ;
Tout petit faire des vers c’était sa maladie ;
Maintenant qu’il est grand c’est sa douce manie.
Plusieurs autres Messieurs font parti du cirque.
Quelques uns disent rien et ne font que critique.
Quand à toutes les dames que l’Orphéon s’en vante,
Sans en oublier une elles sont toutes charmantes.

Edouard 2° HALBERT 1877-1932, marchand de grains route de Clisson à Nantes

enfance de fils unique

Ce petit garçon de 7 ans, qu’on a interrompu dans son jeu du cerceau, est mon grand-père Halbert, que je n’ai pas connu. Le jeu du cerceau existe encore et même en vente sur Internet pour 19,9 €. Conception de qualité, fabriqué en Espagne. Faites rouler le cerceau sans le faire tomber – Créez des parcours et organisez des courses contre la montre – Se pratique à partir de 5 ans – Diamètre cerceau 45 cm

Edouard 2° Halbert est fils unique, donc je suppose qu’il devait beaucoup s’ennuyer. Dans ma propre fratrie de 6, on n’avait jamais le temps de s’ennuyer.

En 1887, Edouard est heureux de jouer avec ses cousins de la boulangerie de la rue Saint Jacques (Nantes) qui viennent parfois partager ses jeux.  Papa et maman, à gauche, lui laissent les rennes de la voiture hippomobile. Cette voiture est une voiture de promenade et pour leurs affaires ils avaient un camion hippomobile, parfois tiré à 2 chevaux. Cette voiture de loisir est la marque d’un certain embourgeoisement des parents, déja oublieux de la vie rustique des grands parents, issus de rien, j’y reviendrai.

La maison, aujourd’hui disparue, était le 7 route de Clisson, bordée de pavés, et jouxtant l’hôtellerie. Les pavés, nombreux un peu partout dans Nantes, existaient encore après la seconde guerre mondiale et je me souviens que nos galoches ferrées y faisaient beaucoup de bruit. Cette voiture aux roues de bois devait en faire bien plus : elle a des roues de bois cerclées de fer. Elle servait probablement le dimanche à des pique-niques sur les bords de la Sèvre ! Ces évasions du dimanche étaient aussi une marque d’embourgeoisement.

Dans le jardin de cette maison, on entendait parfois le petit train d’Anjou, autre évasion heureuse de quelques Nantais créée en 1893, dont Edouard rapportera une épouse.

J’habite Saint-Sébastien-sur-Loire, qui a conservé la gare du Petit-Anjou, mais bien d’autres bourgs en perpétuent la mémoise. Ainsi à Saint-Jean de Linières, en Maine-et-Loire, une Association du Petit Anjou entretient encore des voitures et un musée du Petit-Anjou.

Demain, je vous emmêne à bord du Petit-Anjou, pour le mariage d’Edouard.

Gilles et Julien Halbert ont pour neveu Jean Delesbaupin : Rezé et Saint Sébastien 1624

L’un vit Sèvres, alors relevant de la paroisse de Saint Sébastien, et depuis 1790 absorbé par la ville de Nantes avec tout Saint Jacques, l’autre à Rezé. Ils sont ouvriers à la monnaie de Nantes, pour laquelle j’ai depuis longtemps une page sur mon site. Bien sûr, comme ce travail à la monnaie était assez rare, ils avaient tous un travail parallèle, mais vous remarquerez qu’ils ne savent pas signer.

Tous les ouvriers de la monnaie étaient issus du même estoc, ou lignée, et j’ai bien des Halbert ouvriers de la monnaie contemporains, sans avoir pu les relier à ce jour. Si vous avez des pistes, merci, car même ce Gilles et ce Julien dont on sait par les actes notariés qu’ils sont frères, ne sont à ce jour pas reliés à d’autres Halbert par moi. Et j’ajoute que tous ces Halbert ne sont pas ma lignée paternelle, mais une lointaine grand’mère Halbert début du 17ème siècle.

Cet acte est aux Archives Départementales de Loire-Atlantique 4E2-1717  – Voici sa retranscription (voir ci-contre propriété intellectuelle)

Le 30 mai 1624, a esté par davant nous Gilles Halbert ouvrier de la monnaye de Nantes demeurant au village de Saisvre paroisse de Saint Sébastien confesse avoir receu de Julien Halbert monnaieur à ladite monnoye demeurant au village de la Basse Lande paroisse de St Pierre de Rezay présent et acceptant la somme de 166 livres 11 sols tz qui est pour vente et livraison de 105 fusts de jaust d’Anjou faicte dudit Gilles Halbert audit Julien … le moys dernier ainsi que les parties se sont contentés l’un l’aultre scavoir ledit Gilles Halbert de ladite somme de 166 livres 12 sols et ledit Julien Halbert dudit nombre de fusts et s’entrequictent respectivement de ladite vente et livraison du marché qu’ils ont fait cy davant et sont les parties d’accord que ledit Julien Halbert a donné charge à Jan Delesbaupin leur nepveu de toucher et recepvoir ce qu’il a fait de Yves Deneus marchand demeurant à Guiapel la somme de 75 livres tz pour vente à luy faite de bled aui appartenant auxdites parties et en laquelle ledit Gilles Halbert est fondé pour une moitié qui est 37 livres 10 sols tz et consent ledit Julien Halbert que ledit Gilles touche dudit Delesbaupin sa moitié de ladite somme qu’il luy en donne acquit que ledit julien Halbert a agréable ; passé en notre cour royale de Nantes devant François Rapion notaire royal, les parties ont dit et affirmé ne scavoir signer