Choix d’arbitres pour régler des différends, Cossé-le-Vivien

Dans une transaction, il fallait s’entendre sur le choix des arbitres. Ici, les différends sont manifestement d’une importance minime financièrement, et les frais de justice dépasseraient largement l’enjeu. En effet, les 2 opposants sont des artisans qui ne savent pas signer, et n’ont pas dû se rendre compte que leurs différends allaient leur coûter cher et qu’il est temps d’y mettre fin.
Donc l’acte du notaire désigne seulement les arbitres, et même, détail touchant, l’heure et le lieu de l’arbitrage, en quelque sorte le rendez-vous.

L’acte qui suit est extrait des Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E8 – Voici la retranscription de l’acte : Le jeudi 31 juillet 1614 après midy, par devant nous René Serezin notaire royal à Angers personnellement establys René Lepage menuisier demeurant à Cossé-le-Vivien d’une part
et Guillaume Paitrineau tissier demeurant au ressort dudit Cossé d’autre part
lesquels pour vuider et terminer les procès et différends d’entre eulx au siège présidial et sénéchaussée d’Anjou ont composé en présence de leurs advocats et de nobles hommes René Lefebvre advocat du roy, Me Estienne Dumesnil advocat à Angers, lesquels il prétendent à ce eslire et obéir à ce qui sera par eulx jugé à peine de 15 livres de peine payable par celuy qui y contreviendra à celuy qui y voudra obéir
et pour cest effet se trouver en la maison dudit sieur Lefebvre après diner ou demain représenter leur dires recpectifs et recepvoir ledit jugement arbitral nonobstant opposition ou appellation quelques qu’elle soient
ce qu’ils ont respectivement voulu et consenty stipulé et accepté et à ce tenir etc obligent respectivement foy jugement condemnation
fait audit Angers à notre tabler présents Me Jehan Mazet prêtre curé de Menil et Nicolas Jacob praticien demeurant à Angers

    ni l’un ni l’autre ne signe

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Contrat de mariage de Vincent Lefebvre, natif de Rouen, avec Jeanne Grosse, Azé (53) 1609

Voici un Normand venu en Haut-Anjou. Cette fois il ne s’agit pas de la filière des métaux dont les clous, mais d’un menuisier. Cela m’intéresse beaucoup, car je descends à la même époque d’un menuisier à Segré, non loin en fait d’Azé. Le menuisier est alors ce qui sera plus tard appelé ébéniste, c’est à dire le fabriquant de meubles, et les meubles de l’époque sont essentiellement le coffre, le lit, et quelques rares bahuts, et encore plus rares chaises.

L’acte qui suit est extrait des Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E8 – Voici la retranscription de l’acte : Le samedi 25 juillet 1609 après midy, (René Serezin notaire royal à Angers) Au traité du futur mariage d’entre Vincent Lefebvre menuisier natif de la ville de Rouen paroisse de St Pierre du Chastel maintenant demeurant en la paroisse d’Azé près Château-Gontier, fils de défunt Nicolas Lefebvre vivant chapelier et de Anne Pelerin d’une part
il a bien existé une paroisse de Saint-Pierre-du-Chastel à Rouen, et il est important de le souligner ici, d’autant qu’en tappant ce nom sur les moteurs on tombe sur une paroisse du même temps, proche de Riom en Auvergne. En tappant « Saint-Pierre-du-Chastel à Rouen » dans le moteur, on accède à des vues et histoire de cette paroisse, donc ce lien
et de Jehanne Grosse fille de Simon Grosse Me menuisier en ceste ville et de défunte Loyse Nerfrin ?? demeurant Angers paroisse St Maurille d’autre part
auparavant leur bénédiction nuptiale a esté entre ledit Lefebvre à ce présent majeur de 25 ans et jouissant de ses droits comme il a dit, et ledit Simon Grosse soy faisant fort de ladite Jehanne sa fille, fait les accords et pactions matrimoniales qui s’ensuit
c’est à savoir que ledit Lefebvre a promis prendre à femme et espouse ladite Jehanne Grosse et comme à semblable ledit Symon Grosse a promis que ladite Jehanne sa fille prendra à mari et espoux ledit Lefebvre et iceluy mariage solemniser en face de sainte église catholique apostolique et romaine si tost que l’un en sera requis par l’autre pourvu qu’il ne s’y trouve empeschement légitime
en faveur duquel mariage ledit Simon Grosseet Jehanne Chabien sa femme à ce présente et de luy autorisée quant à ce ont donné et baillé à ladite Jehanne Grosse un lit de bois de chesne, garni d’une couette, un traverlit, une couverte, une courverture, des rideaulx de linge, 6 draps de lit neufs de toile de brin en réparon, 6 nappes de pareille toile, une douzaine et demie de serviettes de grosse toile, une douzaine d’essuie-mains, 6 escuelles, 6 assiettes, et deux plats, et le bois de noyer de coy (quoi) faire un coffre,

    il est menuisier, c’est à dire à l’époque fabriquant de meubles.
    Le noyer est un bois plus couteux que le chêne sans doute car je le rencontre surtout chez les personnes plus aisées, donc ce sera un coffre déjà assez riche.
    On voit que la dot consiste essentiellement en meubles les plus nécessaires le lit et le coffre, et le trousseau de base, mais ce trousseau est décrit en détails puisque nous avons même la qualité du tissu. La toile de brin en réparon est le tissu des classes peu aisées, mais on voit qu’il y a tout de même des essuie-mains et des serviettes, mais je ne vois pas les souilles d’oreiller.

et outre ont lesdits Grosse et sa femme promis bailler dedans le jour des espouzailles la somme de 60 livres tournois tant pour le prix des meubles qui appartiennent à ladite Jehanne Grosse demeurés du décès de ladite défunte Nufrin ? sa mère que pour le profit ou intérests d’iceluy et ce faisant demeureront et demeurent quites desdits meubles et intérests d’iceulx sans que ledit Lefebvre et ladite Jehanne Grosse les en prétende jamais rien rechercher à quoi iceluy Lefebvre tant pour luy que pour ladite Jehanne future espouse a dès à présent renoncé et renonce au moyen de ce que ledit Grosse et sa femme ont promis ne les rechercher ne inquiéter des debtes en quoi icelle Jehanne pourroit estre tenue comme héritière de ladite Nurfin sa mère et promis qu’ils n’en seront recherchés ne inquiétés
quelle somme de 60 livres ledit Lefebvre a promis et promet mettre et convertir en acquets d’héritages censés et réputés le propre matrimone de ladite Jehanne Grosse sans que ladite somme et acquets qui en seront fait puissent tomber en la communauté desdits futurs espoux et à défaut d’acquest reprendra ladite Grosse ladite somme préablablement sur tous les meubles de ladite communaulté et où il ne seroient suffisants sur les propres dudit Lefebvre,
promet ledit Grosse faire ratiffier et avoir agréable ces présentes à ladite Jehanne sa femme etc
ce qui a esté stipulé et accepté par lesdites parties tellement que à ce tenir etc obligent respectivement mesmes ledit Grosse sa femme eux et chacun d’eux seul et pour le tout sans division de personne ne de biens renonçant etc foy jugement condemnation
fait et passé audit Angers par devant nous René Serezin notaire royal à Angers en notre maison présent Jehan Gentil drapier demeurant à Château-Gontier cousin germain de ladite future espouse et Lecormand Chollet Me menuisier en la maison duquel ledit Lefebvre demeure, et Fleury Richeu et Pierre Rabusseau praticiens demeurant à Angers tesmoins

PS (en marge de l’acte ci-dessus) : Le jeudi 12 novembre 1609 après midy par devant nous notaire susdit feurent présents et personnellement establis ledit Lefebvre et ladite Jehanne Grosse sa femme de lui autorisée quant à ce, lesquels ont confessé avoir eu et receu comptant desdits Symon Grosse et Chabrun sa femme à ce présents la somme de 60 livres tz qu’ils avoient promis bailler audit Lefebvre


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Construction d’une cloison et arrière boutique en bois, Angers 1550

La construction coûtait peu cher autrefois car aucune eau courante, aucune électricité, aucune salle de bain, aucune cuisine (une cheminée dans une pièce).
Voici la construction d’une arrière boutique, en bois, prise sur la grande salle de la maison :

L’acte qui suit est extrait des Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E2 – Voici la retranscription intégrale de l’acte : Aujourd’huy 11 octobre 1550 a esté accordé entre Me Anthoyne Barillier demeurant en ceste ville d’Angers en son nom et comme se faisant fort et prometant faire avoir agréable ces présentes à honneste femme Renée Doreau sa mère d’une part et Guillaume Crannier maistre menuisier aussi demeurant en ceste ville d’autre part les choses de menuiserie cy après déclarées c’est à scavoir que ledit Crannier menuisier susdit a promis et demeure tenu par ces présente faire de menuiserie à ladite Doreau une arrière bouticque à son logys sis à la porte Chapellière entre la salle dudit logys qui est en contrebas et la bouticque de devant et aultre ouvrages de son mestier cy après déclarés
pour faire laquelle arrière bouticque ledit Crannier fera et élevera de menuiserie une clouaison qui prendra au travers de ladite salle qui sera enclanchée ès deux longères ès muraille dudit logys en laquelle y aura ung huys … et un joint avecques ladite clouaison qui sera ssise au decza de la première poultre de ladite salle et sera enlevée depuis le bas de ladite salle jusques au plancher
en laquelle clouaison pour entrer en ladite salle sera faict ung tuteur aultement

    … (suivent plusieurs pages de menuiserie, et les passionnés irons les lire s’ils les veulent ! )

seront comme dit est lesdits clouaisons de bon boys sec bien polly et nettoyé joint et assemblé … pourra employer ledit Crannier de l’esseil que ladite Doreau a en sa maison qui a esté partie vu et visité duquel il prendra le meilleur marché qu’il pourra de ung nommé Genest marchand demourant à Lezigné en ce qu’il appartiendra et où il n’en auroit en fournira d’aulte pour faire ladite besoigne … ledit Crannier se fournira de grosse limande et aultres boys qui luy sera nécessaire pour faire l’arrière boutique et clouaisons qu’il rendre prestes bien et deument faites en bon boys sec … et expréssement a esté accordé que les panneaulx desdits clouaisons seront d’une mesmes longueur et de boys fort et bon esseil ensemble lesdites limandes …

limande : Terme de construction. Pièce de bois plate, étroite et de peu d’épaisseur dans une charpente. (Littré: Dictionnaire de la langue française 1872-77)

pour lesquelles clouaisons arrière bouticque et besoigne ledit maistre Anthoyne a promis et demeure tenu bailler et payer audit Crannier la somme de 25 livres tz sur laquelle somme en a esté advancé audit Crannier la somme de 10 livres tz qu’il a eue prinse et receue et s’en est tenu à contant,

    non seulement la somme de 25 livres est relativement peu élévée, mais elle inclue les matériaux

et le reste et parfait payement sera baillé et payé audit Crannier ladite besoigne faite et parfaite

et a voulu et consenti ledit Crannier lesdites clouaisons et besoigne faite et accomplie ou ladite Doreau se plaindroit qu’elle ne fust bien faite comme il appartient ne de boys sec fort et assez escari quelle soit veue par gens ad ce congnoissans et à leur arbitration et advys reffaire à ses despens ce qu’il sera trouvé à faulte

    cette clause est splendide… un peu oubliée de nos jours parfois !

lesquelles choses lesdites parties ont promis tenir et serment d’elles de nous prins accomplir garder et entrenir et de ce faire se sont obligées et soumises par devant nous Marc Toublanc notaire royal Angers,

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    voyez que Crannier sait signer, certes de manière maladroite, mais tout de même il sait !

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