saint Merry, honoré le 29 août

J’ai rencontré ce prénom en Anjou au 15e siècle, notamment dans le chartrier de Pouancé dont partie existe aux Archives Départementales de Loire-Atlantique, série B.
La première fois que j’ai déchiffré Merry, j’avoue que j’ignorais tout ce de nom, et encore plus qu’il était l’équivalent de Mederic, car son nom latin était Medericus.
Il sonne curieusement à nos yeux actuels, un peu comme si Christmas allait suivre…
La biographie qui suit est extraite de l’Encyclopédie de Migne, tome de l’hagiographie des saints, abbé Pétin, tome 2

Merry, Medericus, abbé, naquit à Autun dans le 7e siècle et passa ses premières nnées dans la plus grande innocence. Son attrait pour la piété le détermina, à l’âge de 13 ans, à quitter le monde pour entrer dans un monastère. Ses parents, après avoir essayé inutilement de le détourner de sa résolution, finirent par donner leur consentement et le conduisirent eux-mêmes au monastère de Saint-Martin d’Autun, qui comptait alors 54 religieux dont la regulatité faisait l’édification du pays.

Merry s’efforça de marcher sur leurs traces, et fit de grands progrès dans les vertus dont ils lui donnaient l’exemple, surtout dans l’humilité, la charité et l’obéissance. Il les surpassa même au point qu’ils le jugèrent digne de succéder à leur abbé et qu’ils l’élurent unanimement. Il fut obligé d’accepter malgré sa répugnance, et sa sainteté mise ainsi en évidence, brilla encore d’un plus vif éclat. Bientôt sa réputation dépassé les limites du monastère, et l’on venait de toutes parts le consulter comme un oracle.

Mais cette affluence d’étrangers qui allaient le trouver pour lui demander des conseils, et qui lui témoignaient une profonde vénération lui fit craindre de tomber dans l’orgueil. Il renonça à sa dignité, et alla se cacher à une lieue et demie d’Autun, dans une forêt qu’on nomme encore aujourd’huy la Celle de Saint-Merry. Il y partageait son temps entre la contemplation et le travail des mains.

Mais on décrouvrit bientôt le lieu de sa retraite, il se vit contraint de rentrer dans son monastère. Il en sortit une seconde fois, afin de se préparer à la mort dans une solitude plus profonde. Accompagné de saint Fradulphe ou saint Frou, son ami, il se rendit dans un des faubourgs de Paris, et se fixa dans une cellule attenante à une chapelle dédiée sous l’invocation de saint Pierre.

Il y vécut près de 3 ans en proie à des infirmités qui le faisaient souffrir sans relâche, et qui terminèrent sa vie vers l’an 700. Il fut enterré dans la chapelle de Saint-Pierre, qu’on changea dans la suite en une église qui porte son nom et qui est devenue d’abord collégiale, ensuite paroissiale. Les reliques de saint Merry s’y gardent dans une châsse d’argent, placée au dessus du grand autel.

Odile Halbert – Reproduction interdite sur autre endroit d’Internet (blog, forum ou site, car alors vous supprimez des clics sur mon travail en faisant cliquer sur l’autre support, et pour être référencé sur Internet il faut des clics sur ma création) seul le lien ci-dessous est autorisé car il ne courcircuite pas mes clics.

saint Loup, évêque d’Angers, honoré le 17 octobre

Petit avertissement : lisez la page A PROPOS (à droite) dans laquelle je vais mettre les réponses à vos questions techniques au fur et à mesure.

Dans mon billet du 2 avril 2008, qui était un extrait du Cahier d’Etienne Toisonnier, on lisait :

Le 13 (mai 1685) il se fit une procession générale de St Maurice à St Aubin. On y porta le chef de Saint-Loup. Monsieur d’Angers y célébra la messe. C’était pour la disposition du temps et à cause de la grande sécheresse. Il plut abondamment le lendemain, grâce à Dieu.

Monsieur d’Angers désigne l’évêque d’Angers, car en 1685, du moins dans la bourgeoisie angevine, c’est ainsi qu’on s’exprimait.
J’avais alors ajouté : Si vous savez ce qu’était le chef de Saint Loup, merci de le raconter. Personne n’ayant répondu, j’ai tenté de comprendre et publié le 29 juillet un premier billet, que celui-ci reprend plus logiquement.
La réponse était compliquée (au premier abord) parce que plusieurs saints ont porté ce nom, d’ailleurs beaucoup de communes sont dédiées à Saint Loup. Le dictionnaire des Communes en dénombre par moins de 33, dont les plus proches sont en Mayenne avec Saint-Loup-du-Dorat, et Saint-Loup-du-Gast. Le Dictionnaire de l’Abbé Angot (Mayenne), si riche par ailleurs, ne donne aucune indication relative au saint honoré, il faut en conclure que c’est le plus grand et le plus connu des Saint Loup, que nous allons voir ci-dessous.

Le journal d’Etienne Toisonnier faisant allusion à une relique vénérée, portée en procession à Angers, j’aurais dû commencer par regarder l’ouvrage de Célestin Port, ce que j’avais totalement oublié de faire dans mon premier billet. Où avais-je la tête ? pourtant pas échauffée par la canicule ? Voici donc ce saint Angevin entre tous, traité dans le plus angevin des dictionnaires, celui de C. Port :

Saint Loup est inscrit sur les plus anciens catalogues des évêques d’Angers, dont un du 9e siècle (Bibliothèque Nationale, fonds latin 3837, f°193) entre Niulphus et Agilbert (7e siècle). C’est donc à tort et seulement pour établir quelque concordance avec le récit sans valeur historique du « Retour des cendes de St Martin » par l’apocryphe Odon, qu’Arthaud, Ste-Marthe, Roger, Rangeard, Travers, Lehoreau et de nos jours Godard-Faultrier et D. Chamard, l’on reporté à la fin du 9e siècle ou au 10e siècle et fait voyager avec le comte Ingelger en Bourgogne. – Le saint prélat est fêté le 17 octobre. Il avait été inhumé dans un cimetière qui porta depuis son nom, au nord et près du choeur de l’église St Martin d’Angers qui quelque temps lui fut dédiée. On retrouva son tombeau de pierre en 1012, d’où les reliques furent recueillies dans une châsse d’argent. Le chef, mis dans une chasse particulière, était porté aux processions solennelles, qui avaient pour but d’obtenir la cessation des pluies ou des sécheresses. (Dict. du Maine-et-Loire, C. Port)

Ainsi, C. Port nous apprend 3 éléments remarquables :

1-saint Loup faisait venir aussi bien la pluie que la sécheresse. Je suis en admiration devant une telle performance ! enfin devant une telle crédulité !
2-Beaucoup d’auteurs ont écrit des choses contestées ou contestables, même sur le saint Angevin de ce nom. C’est dire la complexité des biographies de cette époque, et de revoir de nos jours tous ces auteurs.
3-saint Loup était honoré le 17 octobre. Nous verrons en fin de ce billet que le 29 juillet honore un autre saint Loup, celui qui fut évêque de Troies, et qu’il ne faut pas confondre avec le saint évêque Angevin. Comme quoi, un saint peut en cacher un autre dans le calendrier des saints

La procession évoquée par Toisonnier eut lieu le 13 mai 1685 : cette date n’est pas celle de la fête du saint, mais celle d’un pélerinage pour implorer le saint de faire tomber la pluie, par suite d’une grande sècheresse.

Voici ce que cite en 1996 l’historien Mr Matz :

17 octobre S. Lupi ep. (ABCDEF) : 17e évêque d’Angers, saint Loup est absolument inconnu ; son épiscopat se place vers le milieu du 7e siècle. Enterré au plus près du chœur de la collégiale Saint-Martin d’Angers, son corps fut levé par son lointain successeur, Hubert de Vendôme. Saint Loup ne fait que l’objet d’une mémoire. (A et F seulement) (J.M. MATZ, Le Calendrier et le culte des saints : l’abbaye Saint-Aubin d’Angers 12-début 16e siècle, Revue Mabillon, 1996, n.s. t.7 p.127-155)

Dans cette précieuse étude les références ABCDEF renvoient à tous les calendriers de l’abbaye Saint Aubin d’Angers étudiés par l’auteur. On voit donc que Saint Loup, évêque d’Angers, était honoré le 17 octobre à Angers, au moins du 12e au 16e siècle.

Je trouve également sa trace dans :
Un livre liturgique « le Processionnal de Saint Aubin », livre sur papier (BMA, ms 81 (73), 341 p.) indique les processions et les stations accoutumées pour les fêtes de l’année. –
X. BARBIER DE MONTAULT, Un processionnal de l’abbaye Saint-Aubin d’Angers, Bulletin historique et philologique du Comité des travaux historiques et scientifiques, 1885, p.132-141
« Lieux de pèlerinage au début du 17e siècle, les plus chers au cœur des Angevins. BRUNEAU DE TARTIFUME, Des Principaux voyages d’Angers et du pays d’Anjou »

Selon Toisonnier, on porta le chef de Saint-Loup. Or, selon le dictionnaire Littré :

Tête. exemple : Le chef de saint Jean-Baptiste.

En conclusion, il a existé un saint Loup évêque d’Angers, honoré autrefois le 17 octobre, localement, à ne pas confondre avec le saint Loup honoré le 29 juillet. Les processions, telles que celle racontée par Etienne Toisonnier sont oubliées depuis longtemps. Toisonnier nous a laissé un témoignage de l’époque : On peut être certain qu’il y eut une sécheresse importante en 1685, et que la pluie est apparue le 14 mai, et je n’irai pas jusqu’à dire que saint Loup y fut pour quelque chose

J’ai un puissant souvenir personnel sur un tel sujet. Il y a environ un trentaine d’années, j’étais partie en vacances à Pâques en Allemagne rejoindre mon amie Hildegarde. Je venais d’essuyer des semaines de pluie incessante sur Nantes. Le lendemain de mon arrivée étant un dimanche, nous allons à la messe dans cette splendide chapelle baroque de campagne. Soudain, pendant l’homélie, j’entends le prêtre du haut de la chaire, à haute et intelligible voix, exhorter tous les fidèles à prier pour obtenir enfin la pluie ! Ils venaient de vivre la sécheresse (l’ouest de la France avait dû tout garder !) et dans ce lieu agricole, l’inquiétude était grande. Bien entendu, je n’ai pas prié du tout, car mon enthousiasme était assez modéré. Donc ce n’est en aucun cas ma prière que Dieu a entendu. En tout cas, vous avez déjà deviné la suite : j’ai eu le droit à la pluie non-stop et abondante, durant les 15 jours ! Ceci dit je ne crois absoluement à l’intercession de qui que ce soit pour obtenier la pluie, je crois dans le meilleur des cas, que c’est moi qui devait trimballer la pluie avec moi…

Voici les commentaires du précédent billet :
Je crois me souvenir que Stanilas avait mentionné pour ce billet du 2 Avril = »chef » = tête , et que cette relique devait avoir été portée en procession pour produire la pluie.Comparable à la « rain dance » des Indiens d’Amérique…La pluie pendant 40 jours si il pleut à la St Médard…En GB, c’est pour la St Swithin…En fin d’été, dans le Derbyshire, comté qui souffre de sécheresse , il y a des cérémonies de « Bénédiction « des puits et des sources, qui sont tout décorés avec des pétales de fleurs reproduisant une sorte de « mosaique » , (mais placée verticalement comme un « vitrail »)llustrant une scène de la Bible.

Commentaire de Marie Laure, le 21 août : La mention de Célestin Port sur le chef de St Loup, porté en procession pour obbtenir la pluie, est une solution parfaite. Je vous remercie de l’avoir ajoutée à votre billet du 29.7.2008. Bien cordialement, Marie-Laure.

Enfin, pour l’anectote seulement, puisque notre Angevin est désormais bien identifié, voici un aperçu sur un autre saint Loup., sand toute le plus connu en France, honoré le 29 juillet, qui a donné probablement donné son nom a une partie des communes qui l’honorent :

LOUP (Saint), Lupus, évêque de Troyes, au cinquième siècle, honoré le 29 juillet.— Saint Loup, d’abord religieux au monastère de Lérins, fut élu malgré lui, évêque de Troyes, et conserva dans cette haute dignité l’esprit de pauvreté et de mortification qui l’avait distingué parmi ses frères. La renommée de ses talents et de ses vertus était déjà si grande que l’assemblée des évêques des Gaules le choisit pour aller, avec saint Germain d’Auxerre, combattre l’hérésie des Pélagiens, dans la Grande-Bretagne. Quand il eut heureusement accompli cette mission, il revint dans son diocèse et continua de se livrer avec le plus grand zèle aux fonctions pastorales. Ce fut à cette époque que le terrible Attila, roi des Huns, après avoir envahi la Gaule et ruiné plusieurs cités florissantes, marcha vers la ville de Troyes pour lui faire subir le même sort. Les habitants étaient consternés. Saint Loup ranima leur courage, et, leur disant de mettre leur confiance dans la protection divine, il prescrivit un jeûne général et des prières publiques. Ensuite, révétu de ses ornements pontificaux, accompagné de tout son clergé et précédé de la croix, il sortit de la ville et se rendit au camp d’Attila. Admis en la présence du conquérant, il osa lui adresser le premier la parole en lui demandant qui il était. « Je suis, dit Attila, le fléau de Dieu. — Nous respectons, reprit le saint évêque, tout ce qui nous vient de Dieu ; mais si vous êtes le fléau avec lequel Dieu veut nous châtier, souvenez-vous de ne faire que ce qui vous est permis par la main toute-puissante qui vous meut et vous gouverne. Le roi barbare, étonné de ces paroles, s’adoucit et promit d’épargner la ville de Troyes. Il se retira en effet avec son armée. Saint Loup mourut en 477 après avoir, glorieusement gouverné son église pendant cinquante deux ans. (Beleze, Dict. des noms de baptême, 1863)

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saint Symphorien, honoré le 22 août

Dans mes débuts, j’avoue que les prénoms me semblaient parfois un peu lointains. J’ai ainsi rencontré souvent Symphorien, qui était très connu autrefois.

  • site de la ville d’Autun (je n’aime pas car il faut absorber toute la vidéo et toutes les époques, et je n’ai rien trouvé après avoir passé trop de temps dessus)
  • site de l’office du tourisme d’Autun (je n’y ai rien vu sur Symphorien, mais vous verrez sans doute mieux que moi !)
  • Heureusement, si Autun l’honore peu, il existe pas moins de 30 communes, dont plusieurs fusionnées à d’autres, qui portent son nom, preuve qu’il fut très connu.
  • La biographie qui suit est extraite de l’Encyclopédie de Migne, tome de l’hagiographie des saints, abbé Pétin, tome 2
  • SYMPHORIEN (saint), Symphorianus, martyr à Autun, était d’une des familles les plus distinguées de cette ville.

    Il fut baptisé par saint Bénigne, apôtre du pays, que Fauste, son père, avait reçu chez lui, et qui déposa dans ce jeune coeur les précieuses semences des plus belles vertus. Symphorien s’appliqua à l’étude des lettres, sans négliger les devoirs de la religion. Son mérite, sa sagesse et ses belles qualités lui avaient acquis l’estime universelle, lorsqu’il fut appelé a donner son sang pour la loi chrétienne.

    Un jour que les habitants d’Autun, qui étaient encore presque tous idolâtres, célébraient la fête de Cybèle et promenaient sa statue sur un char, Symphorien, en voyant passer ce cortège pompeux, ne put s’empécher de témoigner hautement le mépris qu’Il ressentait pour cette idole venérée.

    On le pressa d’adorer la déesse, et, sur son refus, on le conduisit à Héraclius, gouverneur de la Province, qui se trouvait alors à Autun, occupé à rechercher les chrétiens. Ce magistrat, ayant appris de sa propre bouche qu il était de cette religion proscrite par les édits de l’empereur, s’étonna de ce qu’il eût pu échapper jusque-là aux recherches qu’on avait faites de ceux de sa secte. Il lui demanda ensuite pourquoi il avait refusé d’adorer la mère des dieux : Je vous l’ai déjà dit, c’est parce que je suis chrétien, et si vous voulez me donner un marteau, je suis prêt à mettre en pièces cette idole devant laquelle vous voulez que je me prosterne. — Il n’est pas seulement un sacrilége, mais il joint la révolte à l’impiété.

    Héraclius, après cette réflexion, demanda aux assistants d’où il était. On lui répondit qu’il était d’Autun même et d’une des premières familles.
    Alors s’adressant à Symphorien : C’est donc votre noblesse qui vous rend si fier ; mais si vous ignorez les ordonnances de nos princes, on va vous en donner lecture.

    Le greffier ayant lu l’édit de Marc-Aurèle, le magistrat dit à Symphorien : Qu’avez-vous à répondre à cela ? La loi du prince est formelle, et si vous n’obéissez pas il faut que votre résistance soit punie de mort. — L’image que vous me voulez faire adorer est une invention du démon pour perdre les âmes ; car notre Dieu, aussi magnifique dans ses récompenses que terrible dans ses châtiments, donne la vie à ceux qui craignent sa puissance et la mort à ceux qui se révoltent contre elle.
    Héraclius, le voyant inébranlable, le fit frapper par ses licteurs, et ensuite on le conduisit en prison. Il le fit comparaître deux jours après ; il employa d’abord les voies de douceur et lui dit : Vous seriez bien plus sage de servir les dieux immortels, et en échange je vous promets une gratification sur le trésor public et un grade dans l’armée. — Je ne connais d’autres richesses et d’autres honneurs que ceux qui me sont offerts de la main de Jésus-Christ. — Vous lassez ma patience, et si vous ne sacrifiez sur-le-champ, je ferai tomber votre tête aux pieds de la déesse. — Je ne crains que le Dieu tout-puissant qui m’a créé ; mais mon corps est en votre pouvoir. Le saint martyr s’étant mis ensuite à exposer l’absurdité de l’idolâtrie, pendant qu’il détaillait les aventures d’Apollon et de Diane, il fut brusquement interrompu par le gouverneur, qui ne se possédant plus, prononça cette sentence : Nous déclarons Symphorien coupable du crime de lèze-majesté divine et humaine, pour avoir refusé da sacrifier aux dieux et pour avoir parlé d’eux avec irrévérence. Pour réparation de ce crime, nous le condamnons à périr pur le glaive vengeur des dieux et des lois.

    Comme on le conduisait au supplice, sa mère, qui était une dame vénérable par son âge et par ses vertus, l’exhortait, du haut des murs de la ville, à mourir eu digne soldat de Jésus-Christ. Mon fils, lui criait-elle, mon cher Symphorien, pensez au Dieu vivant, qui règne au haut des cieux. C’est aujourd’hui que vous changez la vie qu’on vous ôte contre la vie éternelle. Il eut la tête tranchée vers l’an 178, sous l’empire de Marc-Aurèle.

    Quelques fidèles enlevèrent secrètement son corps et l’enterrèrent près du Champ-de-Mars.
    Saint Euphrône évêque d’Autun, bâtit en son honneur une église, dans le 5e siècle, avant son élévation à l’épiscopat.

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    Saint Louis, évêque de Toulouse au 13e siècle, honoré le 19 août

    dit « saint Louis d’Anjou »

    La famille d’Anjou a régné si loin, qu’elle n’a parfois plus rien à voir avec l’Anjou que par son nom. Voici un saint au nom Angevin, méconnu en Anjou.

    Louis, né à Brignoles, en Provence, l’an 1274, eut pour père Charles, prince de Salerne, qui fut roi de Naples, et pour mère Marie, fille d’Etienne V, roi de Hongrie. (Ce Charles est Charles II le Boiteux (1248-1309), fils aîné de Charles 1er comte d’Anjou, du Maine, de Provence et de Forcalquier, et de sa 1ère épouse Béatrice, comtesse de Provence et de Forcalquier. Charles le Boiteux était donc beau-frère de Raimon Bérenger, comte de Provence, père de Marguerite, Eléonore, Sancie et Béatrice, ces demoiselles de Provence, objet de l’ouvrage de Patrick de Carolis, paru chez Plon en 2003, qui faute de postérité mâle eut pour héritier son neveu Robert, fils de Charles Le Boiteux, né 4 ans après saint Louis d’Anjou dont est question aujourd’hui. Charles Le Boiteux fut roi de Naples, de Jérusalem, de Sicile, prince de Tarente, comte d’Anjou et du Maine, comte de Provence.)

    Il était ainsi petit-neveu de saint Louis, roi de France, et neveu de sainte Elisabeth de Hongrie. (Il est aussi frère cadet de Charles Martel, de Marguerite comtesse d’Anjou qui épousa Charles de France et firent les Valois, et enfin de Robert qui succèdera à son oncle Raimon Bérenger)

    Le jeune Louis parut s’inspirer de la piété de ces deux grands modèles, et son enfance s’écoula dans les pratiques de la pénitence, qui, proportionnées à son âge, fortifiaient son corps et son âme. (l’abbé Pétin ajoute « son plus grand plaisir était d’entendre les serviteurs de Dieu discourir sur des matières de piété, et ses récréations les plus agréables, de visiter les églises et les monastères. Dès l’âge de 7 ans, il pratiquait de grandes austérités et couchait souvent sur une natte »)

    Il avait à peine 14 ans, lorsqu’il fut donné en otage avec 2 de ses frères, pour racheter la liberté de son père, que le roi d’Aragon avait fait prisonnier. (en fait, il avait 10 ans seulement seulement lorsque son père fut fait prisonnier et c’est 4 ans plus tard que la libération de son père se fit en échange de ses fils)

    Il resta 7 ans captif à Barcelone, sans jamais entendre aucune plainte, soumis en toutes choses à la volonté de Dieu. Il jeûnait plusieurs fois la semaine, il priait, il visitait les malades dans les hôpitaux, et le reste de son temps, il le consacrait à l’étude et principalement à la méditation des saintes Ecritures. (l’abbé Pétin précise « il avait pour prison la ville de Barcelone, il allait souvent visiter les malades dans les hôpitaux » et ajoute « Ayant été atteint d’une maladie dangereuse, il fit vœu, s’il en revenait, de se consacer à Dieu dans l’ordre de Saint-François, et après sa guérison se mit en devoir d’accomplir sa promesse. »)

    Rendu à la liberté, il prit l’habit de Saint-François ou des Frères mineurs, et peu après, bien qu’il ne fût âgé que de 22 ans, son mérité et ses vertus le firent nommer à l’évêché de Toulouse par le pape Boniface VIII, qui voulut lui-même le sacrer. (« Son frère Charles, qui s’était fait couronner roi de Sicile en 1289, conclut en 1294 un traité avec son compétiteur, Jacques II, roi d’Aragon, et les deux cours voulurent marier avec la princesse de Majorque, sœur de Jacques, le jeune Louis, devenu libre par ce traité. Charles lui promettait le royaume de Naples, qu’il avait déjà reconquis en partie, et dont Louis était devenu l’héritier préseomptif depuis que son frère aîné occupait le trône de Hongrie. Louis, loin d’être tenté par cette offre brillange d’une cousonne, persévéra dans la résolution où il était de se consacrer à Dieu et céda tous ses droits à son frère Robert. Sa famille s’étant opposée à son entrée chez les Frères Mineurs, consentit toutefois à ce qu’il entrât dans l’état ecclésiastique. »)

    Son premier soin, en arrivant dans son diocèse, fut de pourvoir aux besoins des malheureux, en réglant la dépense de sa maison de manière que la plus grande partie de ses revenus fût employée pour la subsistance des pauvres. Selon l’abbé Pétin : « Le pape saint Célestin le nomma archevêque de Lyon, quoiqu’il n’eût que 20 ans ; mais comme il n’avait pas encore reçu la tonsure, il réussit à faire échouer cette nomination. Ordonné prêtre à 22 ans, en vertu d’une dispense de Boniface XIII, ce pape le nomma à l’évêché de Toulouse, avec ordre exprès d’acquiesser à sa nomination. S’étant rendu à Rome il y fit profession chez les Frères Mineurs du couvent d’Ara-Coeli la veille de Noël 1296, afin d’exécuter l’engagement qu’il avait pris à Barcelone. Il fut sacré évêque par le pape lui-même au mois de février suivant, et pour ne pas choquer le roi son père, il lui ordonna de porter par-dessus l’habit de Franscican, l’habit ordinaire ecclésiastique mais le jour de la sainte Agathe, Louis se rendi du Capitole à l’église Saint-Pierre, où il devait prêcher, les pieds nus set avec la ceinture de corde. Il se mit ensuite en route pour aller en procession de son église, et, étant arrivé à Sienne, il logea chez les Frères Mineurs, et voulit être traité sans aucune distinction, jusqu’à laver la vaisselle avec les religieux après le dîner. A Florence, il refusa de coucher dans une chambre qu’on avait meublée pour le recevoir. Il fit son entrée à Toulouse sous l’habit de pauvre de son ordre ; mais il fut reçu avec la vénération due à un saint, et la magnificence due à un prince. »

    Après avoir visité son diocèse, faisant partout bénir son nom par sa douceur, sa piété et sa charité, évangélique, il s’était rendu à Brignoles pour y régler quelques affaires, lorsqu’il mourut n’étant par encore âgé de 24 ans.

    Il fut inhumé chez les Franciscains de Marseille, et le pape Jean XXII le canonisa en 1317.

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    saint Lézin, évêque d’Angers au 6e siècle, honoré le 13 février bien que décédé le 1er novembre 608

    Merci à Philippe de nous avoir initiés aux débuts de l’ardoise en Anjou, plus tardifs que saint Lézin. Ce billet était préparé car j’avais attendu la date de sainte Radegonde, hier, pour le faire suivre, tant il est lié dans le temps, à travers le roi CLotaire 1er, dont voici aujourd’hui un autre proche : saint Lézin.

  • Lézin, comme hier Radegonde, vient jetter une lumière sur cette période des mérovingiens, que les Britanniques ont surnommée « the dark ages », les temps obscurs. Alors ne nous privons pas de ces lumières dans l’obscurité.
  • D’autant que j’ai sur l’histoire des Mérovingiens de curieuses notions, surtout remplies d’images de mon enfance. Il sévissait alors un album en couleur, du type des images d’Epinal. Ces rois, dits fainéants, y étaient réprésentés allongés sur des chariots. Nous étions censés comprendre que c’était à peu près tout ce qu’ils savaient faire… et l’enfant que j’étais avait pris cela au premier degré.
  • Donc aujourd’hui nous abordons une seconde lumière dans ces temps obscurs : saint Lézin.
  • Lézin est un saint Angevin, et à ce titre il était un des saints incontournables de tout bon curé d’Anjou. J’en veux pour preuve ce que j’ai pu observer à Saint-Aubin-du-Pavoil, où j’avais analysé les saints utilisés par monsieur le curé : il avait la manie de donner le nom du saint au lieu de donner la date dans ses actes du registre paroissial, et il m’avait fallu retrouver alors tous ces saints pour leur date. Beaucoup de ces saints ne figuraient pas encore sur le site de Nominis, et je les leur avais indiqués.
    Le dictionnaire de Beleze le donne honoré selon certains le 13 février et selon d’autres le 1er novembre. En fait, Lézin est bien décédé un 1er novembre, et devrait à ce titre être honoré ce jour là, mais le 13 février 1169 eut lieu la translation de ses reliques, et les Angevins conservèrent alors cette date.
    C’est bien en effet le 13 février qui est donné par les calendriers de l’Abbaye de Saint-Aubin (étude publiée par J.M. Matz, Le Calendrier et le culte des saints : l’abbaye Saint-Aubin d’Angers, XIIe – début XVIe siècles, Revue Mabillon, 1996)
    C’est bien le 13 février que monsieur le curé de Saint-Aubin-du-Pavoil honorait saint Lézin.
    Il faut se fier à ces 2 sources, et conclure que Lézin était bien honoré le 13 février en Anjou, par suite d’une coutume qui avait oublié la date de son décès.

    SAINT LEZIN (selon Jacques Levron, Les Saint du pays Angevin, et abbé Pétin, Dictionnaire hagiographique ou vie des saints et bienheureux, publié par l’abbé Migne)
    La procession du Saint-Sacrement, communément appelée, à Angers, le procession du Sacre, ne revêt plus dans cette ville la splendeur d’autrefois. Elle n’attire plus, de toute la France, des « cousins du Sacre » qui venaient assister chez leurs parents angevins à la cérémonie et à la grande foire qui l’accompagnait. Elle dure aussi moins longtemps : l’on a sagement réduit à trois heures les dix ou douze heures qu’elle exigeait. (le « jour du sacre » était l’une des expressions utilisées par Mr le curé de St Aubin-du-Pavoil. J’observe ici que cette fête était accompagnée d’une foire, et qu’on y venait de toute la France !)
    Le cortège a perdu les représentants de ces innombrables corporations de métiers qui escortaient le dais, précédés de leurs lourdes et riches bannières. L’une des dernières à disparaître fut peut-être celle des « perrayeurs », les extracteurs d’ardoises, ces fameuses ardoises angevines chantées par du Bellay.
    Longtemps les perrayeurs vinrent au Sacre. Et leur bannière, au XIXe siècle, représentait sans doute, mitre sur la tête et crosse à la main, un saint évêque d’Angers, leur patron, successeur direct de saint Aubin, qui, en dépit des temps révolus, de l’indifférence des ouvriers et des idées nouvelles, une certaine popularité parmi les rudes travailleurs « d’à-haut et d’à-bas ».
    Pour quel motif Lézin devint-il le patron des perrayeurs ? Il est bien difficile de le savoir. Des légendes prétendent que l’évêque, dépourvu de biens, aurait possédé et mis en exploitation une des premières carrières d’ardoises. On dit même qu’il sauva la vie à un groupe d’ouvriers en écartant de sa crosse épiscopale une masse de pierre qui s’était détachée. C’est peu vraisemblable. (Voyez la remarque de Philippe pour dater l’ardoise plus tard que Lézin. Je ne doute pas un seul instant qu’à temps obscurs, histoire obscure et souvent encombrée de légendes, d’autant qu’en Anjou on a fait fort en légendes avec saint René !)
    Pour la même raison, on repoussera l’hypothèse suivant laquelle Lézin ayant été, durant sa vie, un grand bâtisseur, mérita le choix d’un corps de métier si étroitement lié aux maçons et charpentiers.
    D’après un document du XVIe siècle, « Lézin laissa parmi les perrayeurs une mémoire bénie. Ceux-ci lui élevèrent donc une chapelle à l’endroit où il fendit lui-même la première ardoise. »
    On voit que les hypothèses ne manquent pas. Laissons aux érudits le soin de les examiner ; un fait est établi : la chapelle, « oeuvre de piété des carriers », existait au XVIe. Elle se dressait sous les ombrages du bois de La Brosse, qui prit bientôt le nom du saint évêque. Ce bois disparut et fit place à un village c’est le quartier de Saint-Lézin à Trélazé.
    Non seulement les perrayeurs, mais tous les Angevins ont le devoir d’honorer ce saint, car ils lui doivent beaucoup.
    Fils d’un certain Gautier qui avait été, paraît-il, un des leudes de Clotaire Ier, Lézin fut élevé à la cour mérovingienne ; il suivit vraisemblablement les leçons de l’école du Palais. Les chroniqueurs contemporains qui l’approchèrent sont d’accord pour louer sa science et sa piété. (l’encyclopédie de Migne ajoute même qu’il appartenait à une famille illustre, qui lui fit donner une éducation digne de sa haute naissance… proche parent de Clotaire 1er. J’ajoute que Clotaire ayant eu 6 épouses, il était aisé dans un pays alors peu peuplé de se retrouver des alliances royales.)
    Bon chrétien, le fils de Gautier ne semblait pourtant pas destiné aux ordres sacrés. (toujours selon l’encyclopédie de Migne : « loin de se laisser éblouir par l’éclat des grandeurs, Lézin menait à la cour une vie pénitente, qu’il sanctifiait par le jeûne et la prière. » Ainsi, Radegonde n’était donc pas seule en prières à la cour de Clotaire ! )
    Clotaire en fit même un comte d’Anjou et le chargea d’administrer le pays en son nom. Chilpéric, successeur de Clotaire, ratifia ce choix.
    Lézin fut un prudent gouverneur. La détresse des pauvres gens, les malheurs qui l’environnaient, les difficultés aussi de sa tâche, le détournèrent peu à peu du monde et l’incitèrent à embrasser la vie monastique. Il hésitait toutefois. Un étrange incident vint fortifier son désir.
    Pour récompenser son zèle, Chilpéric, en bon suzerain, s’était proposé de le marier. Il lui destinait une jeune fille belle et sage, bien digne du comte. Au vrai, Lézin manifestait peu d’enthousiasme pour le mariage. Ce lien suprême lui fermait définitivement la voie en laquelle il rêvait de s’engager. Mais comme il lui était difficile de résister à l’offre de son maître, il se laissa fiancer.
    Le jour des noces était proche, un merveilleux miracle, — ce sont les propres termes du chroniqueur — un merveilleux miracle se produisit : la jeune fille fut frappée de lèpre. C’était bien là le signe par quoi se manifestait la volonté divine, plus forte que celle des hommes. Lézin le comprit et Chilpéric aussi. Le gouverneur de l’Anjou résigna toutes ses fonctions et se retira dans un monastère.
    Moine à Nantilly ou à Chalonnes, l’on est mal fixé — Lézin espérait s’y faire oublier. Les vicissitudes politiques contrecarrèrent à nouveau son goût pour la tranquillité. Chilpéric avait disparu ; Clotaire II au berceau, c’était son oncle Gontran qui, avec Frédégonde, gouvernait. L’évêque d’Angers étant venu à mourir, les anciens compagnons qui entouraient Gontran et Frédégonde estimèrent indispensable de mettre sur le trône épiscopal un homme sûr et brave. Lézin leur parut tout désigné. Il résista fort, puis finit par céder.
    Le nouvel évêque convertit les pécheurs, secourut les pauvres, réconforta les prisonniers. On dit même qu’il en délivra un grand nombre. On mettait en prison avec libéralité au VIe siècle. Ceux qui avaient cessé de plaire étaient aisément envoyés en « chartre privée ». Un jour qu’il passait près de la prison, Lézin entendit les cris de supplication des malheureux. Il intercéda pour eux, sans succès. Alors, il pria le Ciel, « et les verrous tombèrent, et les gonds des portes se détachèrent… » On a conservé longtemps en l’église Saint-Julien d’Angers, suspendus au mur comme ex-voto, les verrous de la prison arrachés par la vertu de Lézin.
    L’évêque d’Angers ne ressentait jamais de plus grande joie que de consacrer au Seigneur de chastes vierges. Sous son épiscopat, nombreuses furent les jeunes Angevines qui furent par lui vouées au Christ. Un tableau, d’ailleurs moderne, il n’est pas antérieur au XVIe siècle — de l’Hôtel-Dieu de Beaufort rappelle le souvenir de ces consécrations.
    Mais tout le monde n’écoutait pas respectueusement la parole du prélat. La haine du christianisme, ancrée au fond de certains coeurs obstinés, provoquait parfois de belles bagarres. Témoin la scène de violences dont fut victime le futur archevêque de Cantorbéry, Augustin, qui, escorté d’une troupe de moines, parcourut l’Anjou au temps de Lézin.
    Augustin et ses compagnons étaient parvenus aux portes d’Angers, exactement aux Ponts-de-Cé. Il était tard; le soleil se couchait. Remettant au lendemain la fin de sa course, le missionnaire d’outre-Manche se proposait de passer la nuit sur les bords de la Loire. L’hospitalité angevine ne se manifesta pas en sa faveur ! Des femmes, véritables mégères, refusèrent de lui ouvrir leur seuil, ameutèrent le voisinage et, saisissant des pierres, commencèrent à lapider les moines. Ceux-ci s’enfuirent, poursuivis par la horde féminine. Mais ils étaient épuisés ; ils n’allèrent pas loin et déjà étaient rejoints, quand le missionnaire, pour se défendre, leva son bâton de pèlerin et, d’un faux mouvement, le laissa retomber sur le sol. Aussitôt, de la terre, une source jaillit. Frappées de stupeur, les poursuivantes s’agenouillèrent et implorèrent pardon. On le leur accorda ; en souvenir du miracle, Lézin fit élever près de la source une chapelle qui fut dédiée à saint Augustin,
    On jugea pourtant que la gent féminine méritait punition : interdiction fut donc faite aux femmes de pénétrer dans la chapelle. Longtemps, elles durent assister aux offices du parvis de l’oratoire et jamais elles ne furent autorisée a puiser de l’eau dans la fontaine.
    Lézin ne se contenta pas de construire des chapelles. Il fut – nous l’avons dit – un grand bâtisseur d’églises. Il fit exécuter Saint-Jean-Baptiste, qui fut plus tard appelée Saint-Julien. Pour donner un éclat considérable au nouvel édifice, Lézin décidu d’envoyer à Rome un messager quérir une relié e di Précurseur : pour cette mission de confiance, ii choisit son disciple préféré, Mairnbceuf, qui devait plus tard lui succéder sur le trône d’Angers.
    L’auteur anonyme de la vie de saint Maimboeuf en vers français nous a conté l’événement :

      Quand saint Lézin très débonnaire
      Eut de nouvellement fait faire
      Une église de bel ouvrage
      Si récola en son courage
      La sapience et la bonté
      De saint Maimbœuf le vrai prud’homme
      Au saint-père jusques à Rome
      Il transmit la légation.

    Le voyage fut rude. Enfin, ayant précieusement sauvegardé la relique, Maimboeuf reprit le chemin du retour :

      A la cité dessus dite
      D’Angers entreprit son chemin
      Au bon évêque saint Lézin
      Présenta le don précieux,
      Qui le reçut d’un coeur joyeux.

    L’église Saint-Jean-Baptiste fut bientôt achevée. Et ce fut pour Lézin une grande joie d’aller s’y recueillir toutes les fois que ses lourdes charges lui laissaient quelques loisirs. Mais, à peine dehors, l’évêque était assailli de pauvres, de malades et d’infirmes qui le suppliaient. Un jour, importuné par cette foule ou plongé dans une méditation intérieure, il ne sembla pas voir douze lépreux postés sur son chemin. Pour attirer son attention, les malheureux poussèrent de grands cris. Emu, l’évêque se contenta de lever la main pour les bénir et continua sa route. Mais ce simple geste avait suffi ; tous les douze furent guéris. Maimbœuf, qui avait assisté à la scène, s’empressa d’avertir Lézin. Celui-ci, rempli d’humilité et de reconnaissance, chargea son disciple de construire aux lieux mêmes du miracle une église consacrée à la Croix du Sauveur : telle fut l’origine de l’église Sainte-Croix d’Angers.
    Lézin souhaitait se retirer en un ermitage, laissant Maimbœuf continuer sa tâche. Il ne put réaliser ce voeu :

      Mais en brief, il fut empesché
      Par infirmité tellement Que tantost véritablement
      L’âme rendit au Créateur
      Qui l’a mis en gloire et honneur.

    C’était le 1er novembre 6o8. Lézin fut inhumé dans la crypte de l’église Saint-Jean-Baptiste. Quand il fut élevé au rang des saints, en 638, Maimbœuf décida de transporter son corps dans une chapelle à droite du choeur. Une grande cérémonie eut lieu à cette occasion. On ouvrit le cercueil pour mettre les restes dû prélat dans une châsse. A la grande surprise des assistants, les vêtements du saint, après trente ans, n’avaient subi aucune altération. On les plaça avec soin près du corps et l’on prit l’habitude de les exposer à la vue des fidèles, tous les ans, le 13 février. Cette coutume se perpétua jusqu’à la fin du XVIIIe siècle. Le bon chanoine Péan de La Tuilerie, qui composa une description d’Angers à cette époque, note en effet : « Les ornements avec lesquels Lézin célébroit l’office divin se montrent encore aujourd’hui. » Et un autre historien précise que « la chasuble, d’une forme antique, était d’une étoffe de soie tissée d’or. Aux deux extrémités, deux figures en broderie d’or représentaient, l’une Eve séduite par le serpent avec ces mots Per Evam perditio, l’autre, la Vierge au moment de l’Annonciation, avec ces mots Per Maniam recuperatio. Son aube et son amict, d’une toile ouvrée, étaient encore entiers. »
    Au XVe siècle, Lézin fut choisi par les étudiants de la nation d’Anjou à l’Université d’Angers, comme saint patron. On sait que les écoliers étaient groupés, suivant leur nation ou région d’origine, en diverses nations. Il y avait la nation de France, celle de Bretagne, celle d’Aquitaine, etc. La nation d’Anjou était la première et la plus importante. Le 13 février était, pour les étudiants de cette nation, jour de liesse et de grandes réjouissances. On célébrait solennellement la fête du saint et un étudiant ou un maître était chargé de prononcer son panégyrique. Tâche parfois aride : quand on ne voulait pas répéter chaque année les mêmes antiennes, il fallait faire preuve de grand savoir ou d’originalité.
    Lézin n’était pas très connu dans les campagnes angevines. Certes, son nom était encore assez fréquemment donné jadis au baptême. Cette coutume a presque totalement disparu. Une seule paroisse est placée sous son patronage, celle de Saint-Lézin d’Aubance, non loin du Layon. on y voit, comme à la chapelle de Bel-Air, en Trélazé, une statue du saint. A Rochefort-sur-Loire qui est proche, une fontaine miraculeuse lui est dédiée : elle passe pour avoir jailli sous les pieds de l’évêque. (et j’ajoute, au risque de me répéter, que fin 16e et début 17e siècles, Mr le curé de saint Aubin du Pavoil avait saint Lézin dans son calendrier. Je reste persuadée qu’il n’était pas le seul, et que lui et ses confrères véhiculaient donc la mémoire de saint Lézin, d’où la fréquence de ce prénom dans nos régistres paroissiaux, alors que Radegonde est beaucoup plus discrète sur ce plan)
    Odile Halbert – Reproduction interdite sur autre endroit d’Internet seule une citation ou un lien sont autorisés.

    sainte Radegonde, 13 août

    Cette Européenne, née en Allemagne à Erfurt en 518 et décédée à Poitiers en 587 est vénérée dans les 2 pays.

    1-Les sites à visiter :
    Honorée à Poitiers Le diocèse de Poitiers
    sainte Radegonde vue par l’église orthodoxe
    Voici l’église Sainte Redegonde à Poitiers
    Voici sa mémoire à Muehlberg en Allemagne
    ma page de cartes postales personnelles de Poitiers
    Découvrez la Thuringe (en langue française s’il vous plaît !, je ne sais pas si nous autres Français en faisons de même avec nos voisins)

    2-Le contexte historique.

    Pour comprendre la vie de sainte Radegonde, voici un bref rappel historique : Clotaire, le roi qui força Radegonde à l’épouser, est Clotaire Ier (vers 498-561), roi des Francs à Soissons (511-561), fils de Clovis Ier et de Clotilde. Il reçut de son père (511) les pays situés entre la Marne et la Meuse (royaume de Soissons), s’attribua, à la mort de son frère Clodomir (524), Tours et Poitiers et reconstitua à son profit l’unité du royaume franc à la mort de son frère Childebert Ier (558). (selon Encyclopédie Larousse) Il a 20 ans de plus qu’elle. Poitiers étant pour moi assez éloigné de Soissons, je comprends mieux à la lecture de ces 3 lignes le lien entre Soissons et Poitiers et comment Radegonde va s’installer à Poitiers.

    3-La vie de sainte Radegonde

    Voici sa biographie selon le Dictionnaire des noms de baptême, de G. Beleze, 1863 : RADEGONDE (Sainte), Radegundis (femme de conseil, en langue germanique), reine de France, au sixième siècle, fondatrice du monastère de Sainte-Croix, patronne de la ville de Poitiers, honorée le 13 août :
    Dans l’année 529, Clotaire, roi de Neustrie, s’était joint comme auxiliaire à son père Thierri, qui marchait contre les Thuringiens, peuple de la Confédération saxonne. Les Thuringiens furent défaits dans plusieurs batailles ; leur pays, ravagé par le fer et le feu, devint tributaire des Francs, et les deux rois vainqueurs se partagèrent le butin et les prisonniers. Dans le lot de Clotaire se trouvaient deux enfants de race royale, le fils et la fille de Berthaire, l’avant-dernier roi des Thuringiens. La jeune fille, nommée Radegonde, avait à peine dix ans ; ses larmes et sa beauté naissante touchèrent le coeur de Clotaire, qui l’emmena dans les Gaules et la plaça dans une de ses maisons royales, au domaine d’Athies, sur la Somme. Là, par les soins de Clotaire qui avait formé le dessein de la prendre pour épouse, elle reçut des plus excellents maîtres une éducation conforme au rang qu’elle devait occuper un jour. Elle fut instruite dans la religion chrétienne par saint Médard, évéque de Noyon, reçut de ses mains le baptême et elle puisa dans ses enseignements les principes de la foi la plus vive et la plus sincère. En même temps elle étudiait, avec une merveilleuse intelligence, les lettres romaines et les ouvrages des Pères de l’Église. En lisant l’Écriture et les Vies des saints, elle pleurait et souhaitait le martyre ; ce n’était pas sans terreur qu’elle voyait approcher le moment d’appartenir comme femme au roi dont elle était la captive et qui avait causé tous les malheurs de sa famille.
    Cependant Radegonde, résignée à la volonté de Dieu, accomplit le douloureux sacrifice qui lui était imposé ; elle épousa Clotaire et devint reine. Mais l’attrait de la puissance et richesses n’avait rien qui pût séduire son âme toute occupée de Dieu ; le temps dont elle pouvait disposer après l’accomplissement des devoirs que lui imposait sa condition, elle le consacrait à des oeuvres de charité ou d’austérité chrétienne ; elle se dévouait personnellement au service des pauvres et des mal des. La maison royale d’Athies où elle avait été élevée et qu’elle avait reçue en présent de noces, devint un hospice pour les femmes indigentes, et l’une des plus douces occupations de la reine était de s’y rendre pour remplir l’office d’infirmière dans ses détails les plus rebutants. Elle jeûnait fréquemment, et assise à la table somptueuse du roi son époux, elle se faisait servir les mets les plus simples ; des légumes et des fruits secs composaient toute sa nourriture. Souvent la nuit elle se levait pour s’agenouiller dans son oratoire et offrir à Dieu ses larmes et ses prières.
    Cependant Radegonde aspirait de tous ses voeux à la vie du cloître ; mais les obstacles étaient grands, et six années se passèrent avant qu’ elle osât les braver. Un dernier malheur de famille lui donna ce courage. Son frère, qui avait grandi à la cour de Clotaire, comme otage de la nation thuringienne, fut mis à.mort par l’ordre de ce prince. Dès que Radegonde apprit cet horrible meurtre, elle demanda à Clotaire l’autorisation de se retirer dans un monastère, et, ayant obtenu l’assentiment du roi, elle se rendit à Noyon, auprès de saint Médard. Elle trouva le saint évêque dans son église, officiant à l’autel, et s’approchant vers lui, elle lui dit : « J’ai renoncé au trône pour embrasser la vie religieuse, et je viens te supplier de me consacrer à Dieu. » L’évêque répondit : « L’homme ne peut séparer ce que Dieu a uni. » Comme elle insistait, il demanda le temps de réfléchir. Alors les seigneurs et les guerriers francs que Clotaire avait chargés d’escorter la reine, craignant que ce prince ne se repentit d’avoir donné son consentement à une séparation irrévocable, proférèrent contre saint Médard des paroles menaçantes, disant qu’il n’avait pas le droit d’enlever au roi une femme qu’il avait solennellement épousée ; les plus furieux osèrent mettre la main sur lui et l’entraîner des degrés de l’autel dans la nef de l’église. Pendant ce tumulte, Radegonde, qui avait cherché un refuge dans la sacristie, jeta, par une inspiration soudaine, un costume de religieuse sur ses vêtements royaux, rentra dans l’église, et s’avançant vers saint Médard, qui était assis dans le sanctuaire : « Si tu tardes davantage à me consacrer, dit-elle, si tu crains plus les hommes que Dieu, tu auras à rendre compte au Pasteur souverain qui te redemandera l’âme de sa brebis. » Ces paroles imposèrent le respect aux seigneurs francs, et sint Médard, y voyant un ordre du ciel, n’hésita plus ; il se leva, imposa les mains sur Radegonde et lui conféra le titre de diaconesse, quoiqu’elle n’eût pas l’age requis pour l’obtenir. Le diaconat, espèce de sacerdoce, mettait les femmes qui en étaient revêtues en rapport immédiat avec l’Église.
    Le première pensée de Radegonde, après avoir été ainsi consacrée Dieu, fut de se dépouiller de tout ce qu’elle portait sur elle de joyaux et d’objets précieux. Elle couvrit l’autel de ses ornements de tête, de ses bracelets, de ses agrafes de pierreries, de ses franges de robes tissées de fils d’or et de pourpre ; elle brisa de sa propre main sa riche ceinture d’or, en disant : « Je la donne aux pauvres. » Libre enfin, elle se rendit à Poitiers, où elle fonda un monastère qu’elle plaça sous l’invocation de la sainte Vierge et dans lequel elle établit la règle de saint Césaire, évêque d’Arles. L’étude des lettres figurait au premier rang des occupations imposées à la communauté ; on devait y consacrer deux heures par jour, et le reste du temps était donné aux exercices religieux, à la lecture des livres saints et à des ouvrages de femmes ! Les religieuses les plus instruites s’occupaient à transcrire des livres pour en multiplier les copies. Après avoir ainsi tracé la voie et donné l’impulsion, Radegonde abdiqua toute suprématie, et fit élire abbesse, Agnès, jeune fille dont elle avait surveillé l’éducation. Volontairement descendue au rang de simple religieuse elle faisait sa semaine de cuisine, balayait à son tour la maison, portait de l’eau et du bois comme les autres ; mais malgré cette apparence d’égalité, elle était reine dans le couvent par le prestige de sa naissance royale, par son titre de fondatrice, par l’ascendant du savoir et de la bonté. C’était elle qui maintenait ou modifiait la règle ; c’était elle qui raffermissait par des exhortations de tous les jours les âmes chancelantes, et qui expliquait, pour ses jeunes compagnes, le texte de l’Écriture sainte.
    L’empereur d’Orient, Justin II, ayant envoyé à Radegonde un morceau de la vraie croix, la réception de cette précieuse relique se fit avec toute la pompe des cérémonies religieuses, et l’on entendit alors pour la première fois le Vezilla regis ; hymne célèbre en l’honneur de la croix, que Fortunat, évêque de Poitiers, avait composée pour cette solennité. Ce fut aussi à dater de ce jour que le monaatère prit le nom de Sainte-Croix. Dans les dernières années de sa vie, Radegonde redoubla ses austérités. « Celui, dit Fortunat, qui pourrait retracer ses travaux, sa charité pour les pauvres, ses rigueurs pour elle-même, celui-là prouverait qu’elle fut à la fois martyr et confesseur. » Sainte Radegonde mourut en 587. Ses funérailles furent célébrées par Grégoire, évêque de Tours, au milieu d’un immense concours de peuple, et, suivant sa volonté dernière, elle fut inhumée dans l’église de Notre-Dame hors des Murs (aujourd’hui Saint-Radegonde), qu’elle avait fait construire.

    4-Sa mémoire près de nous :

    L’abbaye Sainte-Croix de Poitiers existe toujours, avec ses 14 siècles d’existence et un site Web !

    En Anjou, à Chênehutte-les-Tuffeaux, a existé un ermitage sainte Radegonde, dont la collation appartenait à l’abbé de St Florent et la présentation au seigneur de la Mimerolle et plus tard de Trèves, suivant la volonté du fondateur Jean Berruel, en 1582 (D. Huynes, Mss. f° XXX). En dépendait un clos de vignes sont les chapelains titulaire au 17e siècle se contentaient de partager les revenus, sans y habiter, avec un ermite de leur choix qui vivait des quêtes. Le dernier bénéficier, Dumas, vers 1680, laissa tomber le gîte en ruines. A côté s’élevait une chapelle, avec petit clocher à flèche élancée, que le nom de Ste Radegonde garda en vénération. Les pélerins qui l’y venaient invoquer, devaient pénétrer sous l’autel en se baissant, par une porte d’un mètre à peine de heuteur, et s’y tourner et retourner dans un petit caveau. On y voit encore la niche où figurait la statue, les banquettes taillées dans le roc, des arcades et des colonnettes bien conservées. Le jour de la fête réunissant une assemblée joyeuse. (C. Port, Dict. du Maine-et-Loire). Cette chapelle semble avoir disparu, car elle ne figure pas sur la page des Monuments Historiques de la commune de Chênehutte-Trèves-Cunault.

    Plus près de moi, en Loire-Atlantique, des religieuses de l’abbaye royale de Saint-Sulpice, ordre de Saint-Benoît, du diocèse de Rennes, fondèrent en 1141 au Loroux-Bottereau le prieuré de Sainte-Radegonde, tandis que vers la même époque, d’autres religieuses de la même abbaye fondaient le prieuré des Couëts, qui est toujours un haut lieu de la catholicité.

    Enfin, le prénom Radegonde existe bel et bien dans les registres paroissiaux, aussi bien en Anjou qu’en Loire-Atlantique.

    Odile Halbert – Reproduction interdite sur autre endroit d’Internet seule une citation ou un lien sont autorisés.