Saint Louis, évêque de Toulouse au 13e siècle, honoré le 19 août

dit « saint Louis d’Anjou »

La famille d’Anjou a régné si loin, qu’elle n’a parfois plus rien à voir avec l’Anjou que par son nom. Voici un saint au nom Angevin, méconnu en Anjou.

Louis, né à Brignoles, en Provence, l’an 1274, eut pour père Charles, prince de Salerne, qui fut roi de Naples, et pour mère Marie, fille d’Etienne V, roi de Hongrie. (Ce Charles est Charles II le Boiteux (1248-1309), fils aîné de Charles 1er comte d’Anjou, du Maine, de Provence et de Forcalquier, et de sa 1ère épouse Béatrice, comtesse de Provence et de Forcalquier. Charles le Boiteux était donc beau-frère de Raimon Bérenger, comte de Provence, père de Marguerite, Eléonore, Sancie et Béatrice, ces demoiselles de Provence, objet de l’ouvrage de Patrick de Carolis, paru chez Plon en 2003, qui faute de postérité mâle eut pour héritier son neveu Robert, fils de Charles Le Boiteux, né 4 ans après saint Louis d’Anjou dont est question aujourd’hui. Charles Le Boiteux fut roi de Naples, de Jérusalem, de Sicile, prince de Tarente, comte d’Anjou et du Maine, comte de Provence.)

Il était ainsi petit-neveu de saint Louis, roi de France, et neveu de sainte Elisabeth de Hongrie. (Il est aussi frère cadet de Charles Martel, de Marguerite comtesse d’Anjou qui épousa Charles de France et firent les Valois, et enfin de Robert qui succèdera à son oncle Raimon Bérenger)

Le jeune Louis parut s’inspirer de la piété de ces deux grands modèles, et son enfance s’écoula dans les pratiques de la pénitence, qui, proportionnées à son âge, fortifiaient son corps et son âme. (l’abbé Pétin ajoute « son plus grand plaisir était d’entendre les serviteurs de Dieu discourir sur des matières de piété, et ses récréations les plus agréables, de visiter les églises et les monastères. Dès l’âge de 7 ans, il pratiquait de grandes austérités et couchait souvent sur une natte »)

Il avait à peine 14 ans, lorsqu’il fut donné en otage avec 2 de ses frères, pour racheter la liberté de son père, que le roi d’Aragon avait fait prisonnier. (en fait, il avait 10 ans seulement seulement lorsque son père fut fait prisonnier et c’est 4 ans plus tard que la libération de son père se fit en échange de ses fils)

Il resta 7 ans captif à Barcelone, sans jamais entendre aucune plainte, soumis en toutes choses à la volonté de Dieu. Il jeûnait plusieurs fois la semaine, il priait, il visitait les malades dans les hôpitaux, et le reste de son temps, il le consacrait à l’étude et principalement à la méditation des saintes Ecritures. (l’abbé Pétin précise « il avait pour prison la ville de Barcelone, il allait souvent visiter les malades dans les hôpitaux » et ajoute « Ayant été atteint d’une maladie dangereuse, il fit vœu, s’il en revenait, de se consacer à Dieu dans l’ordre de Saint-François, et après sa guérison se mit en devoir d’accomplir sa promesse. »)

Rendu à la liberté, il prit l’habit de Saint-François ou des Frères mineurs, et peu après, bien qu’il ne fût âgé que de 22 ans, son mérité et ses vertus le firent nommer à l’évêché de Toulouse par le pape Boniface VIII, qui voulut lui-même le sacrer. (« Son frère Charles, qui s’était fait couronner roi de Sicile en 1289, conclut en 1294 un traité avec son compétiteur, Jacques II, roi d’Aragon, et les deux cours voulurent marier avec la princesse de Majorque, sœur de Jacques, le jeune Louis, devenu libre par ce traité. Charles lui promettait le royaume de Naples, qu’il avait déjà reconquis en partie, et dont Louis était devenu l’héritier préseomptif depuis que son frère aîné occupait le trône de Hongrie. Louis, loin d’être tenté par cette offre brillange d’une cousonne, persévéra dans la résolution où il était de se consacrer à Dieu et céda tous ses droits à son frère Robert. Sa famille s’étant opposée à son entrée chez les Frères Mineurs, consentit toutefois à ce qu’il entrât dans l’état ecclésiastique. »)

Son premier soin, en arrivant dans son diocèse, fut de pourvoir aux besoins des malheureux, en réglant la dépense de sa maison de manière que la plus grande partie de ses revenus fût employée pour la subsistance des pauvres. Selon l’abbé Pétin : « Le pape saint Célestin le nomma archevêque de Lyon, quoiqu’il n’eût que 20 ans ; mais comme il n’avait pas encore reçu la tonsure, il réussit à faire échouer cette nomination. Ordonné prêtre à 22 ans, en vertu d’une dispense de Boniface XIII, ce pape le nomma à l’évêché de Toulouse, avec ordre exprès d’acquiesser à sa nomination. S’étant rendu à Rome il y fit profession chez les Frères Mineurs du couvent d’Ara-Coeli la veille de Noël 1296, afin d’exécuter l’engagement qu’il avait pris à Barcelone. Il fut sacré évêque par le pape lui-même au mois de février suivant, et pour ne pas choquer le roi son père, il lui ordonna de porter par-dessus l’habit de Franscican, l’habit ordinaire ecclésiastique mais le jour de la sainte Agathe, Louis se rendi du Capitole à l’église Saint-Pierre, où il devait prêcher, les pieds nus set avec la ceinture de corde. Il se mit ensuite en route pour aller en procession de son église, et, étant arrivé à Sienne, il logea chez les Frères Mineurs, et voulit être traité sans aucune distinction, jusqu’à laver la vaisselle avec les religieux après le dîner. A Florence, il refusa de coucher dans une chambre qu’on avait meublée pour le recevoir. Il fit son entrée à Toulouse sous l’habit de pauvre de son ordre ; mais il fut reçu avec la vénération due à un saint, et la magnificence due à un prince. »

Après avoir visité son diocèse, faisant partout bénir son nom par sa douceur, sa piété et sa charité, évangélique, il s’était rendu à Brignoles pour y régler quelques affaires, lorsqu’il mourut n’étant par encore âgé de 24 ans.

Il fut inhumé chez les Franciscains de Marseille, et le pape Jean XXII le canonisa en 1317.

Odile Halbert – Reproduction interdite sur autre endroit d’Internet seule une citation ou un lien sont autorisés.

saint Lézin, évêque d’Angers au 6e siècle, honoré le 13 février bien que décédé le 1er novembre 608

Merci à Philippe de nous avoir initiés aux débuts de l’ardoise en Anjou, plus tardifs que saint Lézin. Ce billet était préparé car j’avais attendu la date de sainte Radegonde, hier, pour le faire suivre, tant il est lié dans le temps, à travers le roi CLotaire 1er, dont voici aujourd’hui un autre proche : saint Lézin.

  • Lézin, comme hier Radegonde, vient jetter une lumière sur cette période des mérovingiens, que les Britanniques ont surnommée « the dark ages », les temps obscurs. Alors ne nous privons pas de ces lumières dans l’obscurité.
  • D’autant que j’ai sur l’histoire des Mérovingiens de curieuses notions, surtout remplies d’images de mon enfance. Il sévissait alors un album en couleur, du type des images d’Epinal. Ces rois, dits fainéants, y étaient réprésentés allongés sur des chariots. Nous étions censés comprendre que c’était à peu près tout ce qu’ils savaient faire… et l’enfant que j’étais avait pris cela au premier degré.
  • Donc aujourd’hui nous abordons une seconde lumière dans ces temps obscurs : saint Lézin.
  • Lézin est un saint Angevin, et à ce titre il était un des saints incontournables de tout bon curé d’Anjou. J’en veux pour preuve ce que j’ai pu observer à Saint-Aubin-du-Pavoil, où j’avais analysé les saints utilisés par monsieur le curé : il avait la manie de donner le nom du saint au lieu de donner la date dans ses actes du registre paroissial, et il m’avait fallu retrouver alors tous ces saints pour leur date. Beaucoup de ces saints ne figuraient pas encore sur le site de Nominis, et je les leur avais indiqués.
    Le dictionnaire de Beleze le donne honoré selon certains le 13 février et selon d’autres le 1er novembre. En fait, Lézin est bien décédé un 1er novembre, et devrait à ce titre être honoré ce jour là, mais le 13 février 1169 eut lieu la translation de ses reliques, et les Angevins conservèrent alors cette date.
    C’est bien en effet le 13 février qui est donné par les calendriers de l’Abbaye de Saint-Aubin (étude publiée par J.M. Matz, Le Calendrier et le culte des saints : l’abbaye Saint-Aubin d’Angers, XIIe – début XVIe siècles, Revue Mabillon, 1996)
    C’est bien le 13 février que monsieur le curé de Saint-Aubin-du-Pavoil honorait saint Lézin.
    Il faut se fier à ces 2 sources, et conclure que Lézin était bien honoré le 13 février en Anjou, par suite d’une coutume qui avait oublié la date de son décès.

    SAINT LEZIN (selon Jacques Levron, Les Saint du pays Angevin, et abbé Pétin, Dictionnaire hagiographique ou vie des saints et bienheureux, publié par l’abbé Migne)
    La procession du Saint-Sacrement, communément appelée, à Angers, le procession du Sacre, ne revêt plus dans cette ville la splendeur d’autrefois. Elle n’attire plus, de toute la France, des « cousins du Sacre » qui venaient assister chez leurs parents angevins à la cérémonie et à la grande foire qui l’accompagnait. Elle dure aussi moins longtemps : l’on a sagement réduit à trois heures les dix ou douze heures qu’elle exigeait. (le « jour du sacre » était l’une des expressions utilisées par Mr le curé de St Aubin-du-Pavoil. J’observe ici que cette fête était accompagnée d’une foire, et qu’on y venait de toute la France !)
    Le cortège a perdu les représentants de ces innombrables corporations de métiers qui escortaient le dais, précédés de leurs lourdes et riches bannières. L’une des dernières à disparaître fut peut-être celle des « perrayeurs », les extracteurs d’ardoises, ces fameuses ardoises angevines chantées par du Bellay.
    Longtemps les perrayeurs vinrent au Sacre. Et leur bannière, au XIXe siècle, représentait sans doute, mitre sur la tête et crosse à la main, un saint évêque d’Angers, leur patron, successeur direct de saint Aubin, qui, en dépit des temps révolus, de l’indifférence des ouvriers et des idées nouvelles, une certaine popularité parmi les rudes travailleurs « d’à-haut et d’à-bas ».
    Pour quel motif Lézin devint-il le patron des perrayeurs ? Il est bien difficile de le savoir. Des légendes prétendent que l’évêque, dépourvu de biens, aurait possédé et mis en exploitation une des premières carrières d’ardoises. On dit même qu’il sauva la vie à un groupe d’ouvriers en écartant de sa crosse épiscopale une masse de pierre qui s’était détachée. C’est peu vraisemblable. (Voyez la remarque de Philippe pour dater l’ardoise plus tard que Lézin. Je ne doute pas un seul instant qu’à temps obscurs, histoire obscure et souvent encombrée de légendes, d’autant qu’en Anjou on a fait fort en légendes avec saint René !)
    Pour la même raison, on repoussera l’hypothèse suivant laquelle Lézin ayant été, durant sa vie, un grand bâtisseur, mérita le choix d’un corps de métier si étroitement lié aux maçons et charpentiers.
    D’après un document du XVIe siècle, « Lézin laissa parmi les perrayeurs une mémoire bénie. Ceux-ci lui élevèrent donc une chapelle à l’endroit où il fendit lui-même la première ardoise. »
    On voit que les hypothèses ne manquent pas. Laissons aux érudits le soin de les examiner ; un fait est établi : la chapelle, « oeuvre de piété des carriers », existait au XVIe. Elle se dressait sous les ombrages du bois de La Brosse, qui prit bientôt le nom du saint évêque. Ce bois disparut et fit place à un village c’est le quartier de Saint-Lézin à Trélazé.
    Non seulement les perrayeurs, mais tous les Angevins ont le devoir d’honorer ce saint, car ils lui doivent beaucoup.
    Fils d’un certain Gautier qui avait été, paraît-il, un des leudes de Clotaire Ier, Lézin fut élevé à la cour mérovingienne ; il suivit vraisemblablement les leçons de l’école du Palais. Les chroniqueurs contemporains qui l’approchèrent sont d’accord pour louer sa science et sa piété. (l’encyclopédie de Migne ajoute même qu’il appartenait à une famille illustre, qui lui fit donner une éducation digne de sa haute naissance… proche parent de Clotaire 1er. J’ajoute que Clotaire ayant eu 6 épouses, il était aisé dans un pays alors peu peuplé de se retrouver des alliances royales.)
    Bon chrétien, le fils de Gautier ne semblait pourtant pas destiné aux ordres sacrés. (toujours selon l’encyclopédie de Migne : « loin de se laisser éblouir par l’éclat des grandeurs, Lézin menait à la cour une vie pénitente, qu’il sanctifiait par le jeûne et la prière. » Ainsi, Radegonde n’était donc pas seule en prières à la cour de Clotaire ! )
    Clotaire en fit même un comte d’Anjou et le chargea d’administrer le pays en son nom. Chilpéric, successeur de Clotaire, ratifia ce choix.
    Lézin fut un prudent gouverneur. La détresse des pauvres gens, les malheurs qui l’environnaient, les difficultés aussi de sa tâche, le détournèrent peu à peu du monde et l’incitèrent à embrasser la vie monastique. Il hésitait toutefois. Un étrange incident vint fortifier son désir.
    Pour récompenser son zèle, Chilpéric, en bon suzerain, s’était proposé de le marier. Il lui destinait une jeune fille belle et sage, bien digne du comte. Au vrai, Lézin manifestait peu d’enthousiasme pour le mariage. Ce lien suprême lui fermait définitivement la voie en laquelle il rêvait de s’engager. Mais comme il lui était difficile de résister à l’offre de son maître, il se laissa fiancer.
    Le jour des noces était proche, un merveilleux miracle, — ce sont les propres termes du chroniqueur — un merveilleux miracle se produisit : la jeune fille fut frappée de lèpre. C’était bien là le signe par quoi se manifestait la volonté divine, plus forte que celle des hommes. Lézin le comprit et Chilpéric aussi. Le gouverneur de l’Anjou résigna toutes ses fonctions et se retira dans un monastère.
    Moine à Nantilly ou à Chalonnes, l’on est mal fixé — Lézin espérait s’y faire oublier. Les vicissitudes politiques contrecarrèrent à nouveau son goût pour la tranquillité. Chilpéric avait disparu ; Clotaire II au berceau, c’était son oncle Gontran qui, avec Frédégonde, gouvernait. L’évêque d’Angers étant venu à mourir, les anciens compagnons qui entouraient Gontran et Frédégonde estimèrent indispensable de mettre sur le trône épiscopal un homme sûr et brave. Lézin leur parut tout désigné. Il résista fort, puis finit par céder.
    Le nouvel évêque convertit les pécheurs, secourut les pauvres, réconforta les prisonniers. On dit même qu’il en délivra un grand nombre. On mettait en prison avec libéralité au VIe siècle. Ceux qui avaient cessé de plaire étaient aisément envoyés en « chartre privée ». Un jour qu’il passait près de la prison, Lézin entendit les cris de supplication des malheureux. Il intercéda pour eux, sans succès. Alors, il pria le Ciel, « et les verrous tombèrent, et les gonds des portes se détachèrent… » On a conservé longtemps en l’église Saint-Julien d’Angers, suspendus au mur comme ex-voto, les verrous de la prison arrachés par la vertu de Lézin.
    L’évêque d’Angers ne ressentait jamais de plus grande joie que de consacrer au Seigneur de chastes vierges. Sous son épiscopat, nombreuses furent les jeunes Angevines qui furent par lui vouées au Christ. Un tableau, d’ailleurs moderne, il n’est pas antérieur au XVIe siècle — de l’Hôtel-Dieu de Beaufort rappelle le souvenir de ces consécrations.
    Mais tout le monde n’écoutait pas respectueusement la parole du prélat. La haine du christianisme, ancrée au fond de certains coeurs obstinés, provoquait parfois de belles bagarres. Témoin la scène de violences dont fut victime le futur archevêque de Cantorbéry, Augustin, qui, escorté d’une troupe de moines, parcourut l’Anjou au temps de Lézin.
    Augustin et ses compagnons étaient parvenus aux portes d’Angers, exactement aux Ponts-de-Cé. Il était tard; le soleil se couchait. Remettant au lendemain la fin de sa course, le missionnaire d’outre-Manche se proposait de passer la nuit sur les bords de la Loire. L’hospitalité angevine ne se manifesta pas en sa faveur ! Des femmes, véritables mégères, refusèrent de lui ouvrir leur seuil, ameutèrent le voisinage et, saisissant des pierres, commencèrent à lapider les moines. Ceux-ci s’enfuirent, poursuivis par la horde féminine. Mais ils étaient épuisés ; ils n’allèrent pas loin et déjà étaient rejoints, quand le missionnaire, pour se défendre, leva son bâton de pèlerin et, d’un faux mouvement, le laissa retomber sur le sol. Aussitôt, de la terre, une source jaillit. Frappées de stupeur, les poursuivantes s’agenouillèrent et implorèrent pardon. On le leur accorda ; en souvenir du miracle, Lézin fit élever près de la source une chapelle qui fut dédiée à saint Augustin,
    On jugea pourtant que la gent féminine méritait punition : interdiction fut donc faite aux femmes de pénétrer dans la chapelle. Longtemps, elles durent assister aux offices du parvis de l’oratoire et jamais elles ne furent autorisée a puiser de l’eau dans la fontaine.
    Lézin ne se contenta pas de construire des chapelles. Il fut – nous l’avons dit – un grand bâtisseur d’églises. Il fit exécuter Saint-Jean-Baptiste, qui fut plus tard appelée Saint-Julien. Pour donner un éclat considérable au nouvel édifice, Lézin décidu d’envoyer à Rome un messager quérir une relié e di Précurseur : pour cette mission de confiance, ii choisit son disciple préféré, Mairnbceuf, qui devait plus tard lui succéder sur le trône d’Angers.
    L’auteur anonyme de la vie de saint Maimboeuf en vers français nous a conté l’événement :

      Quand saint Lézin très débonnaire
      Eut de nouvellement fait faire
      Une église de bel ouvrage
      Si récola en son courage
      La sapience et la bonté
      De saint Maimbœuf le vrai prud’homme
      Au saint-père jusques à Rome
      Il transmit la légation.

    Le voyage fut rude. Enfin, ayant précieusement sauvegardé la relique, Maimboeuf reprit le chemin du retour :

      A la cité dessus dite
      D’Angers entreprit son chemin
      Au bon évêque saint Lézin
      Présenta le don précieux,
      Qui le reçut d’un coeur joyeux.

    L’église Saint-Jean-Baptiste fut bientôt achevée. Et ce fut pour Lézin une grande joie d’aller s’y recueillir toutes les fois que ses lourdes charges lui laissaient quelques loisirs. Mais, à peine dehors, l’évêque était assailli de pauvres, de malades et d’infirmes qui le suppliaient. Un jour, importuné par cette foule ou plongé dans une méditation intérieure, il ne sembla pas voir douze lépreux postés sur son chemin. Pour attirer son attention, les malheureux poussèrent de grands cris. Emu, l’évêque se contenta de lever la main pour les bénir et continua sa route. Mais ce simple geste avait suffi ; tous les douze furent guéris. Maimbœuf, qui avait assisté à la scène, s’empressa d’avertir Lézin. Celui-ci, rempli d’humilité et de reconnaissance, chargea son disciple de construire aux lieux mêmes du miracle une église consacrée à la Croix du Sauveur : telle fut l’origine de l’église Sainte-Croix d’Angers.
    Lézin souhaitait se retirer en un ermitage, laissant Maimbœuf continuer sa tâche. Il ne put réaliser ce voeu :

      Mais en brief, il fut empesché
      Par infirmité tellement Que tantost véritablement
      L’âme rendit au Créateur
      Qui l’a mis en gloire et honneur.

    C’était le 1er novembre 6o8. Lézin fut inhumé dans la crypte de l’église Saint-Jean-Baptiste. Quand il fut élevé au rang des saints, en 638, Maimbœuf décida de transporter son corps dans une chapelle à droite du choeur. Une grande cérémonie eut lieu à cette occasion. On ouvrit le cercueil pour mettre les restes dû prélat dans une châsse. A la grande surprise des assistants, les vêtements du saint, après trente ans, n’avaient subi aucune altération. On les plaça avec soin près du corps et l’on prit l’habitude de les exposer à la vue des fidèles, tous les ans, le 13 février. Cette coutume se perpétua jusqu’à la fin du XVIIIe siècle. Le bon chanoine Péan de La Tuilerie, qui composa une description d’Angers à cette époque, note en effet : « Les ornements avec lesquels Lézin célébroit l’office divin se montrent encore aujourd’hui. » Et un autre historien précise que « la chasuble, d’une forme antique, était d’une étoffe de soie tissée d’or. Aux deux extrémités, deux figures en broderie d’or représentaient, l’une Eve séduite par le serpent avec ces mots Per Evam perditio, l’autre, la Vierge au moment de l’Annonciation, avec ces mots Per Maniam recuperatio. Son aube et son amict, d’une toile ouvrée, étaient encore entiers. »
    Au XVe siècle, Lézin fut choisi par les étudiants de la nation d’Anjou à l’Université d’Angers, comme saint patron. On sait que les écoliers étaient groupés, suivant leur nation ou région d’origine, en diverses nations. Il y avait la nation de France, celle de Bretagne, celle d’Aquitaine, etc. La nation d’Anjou était la première et la plus importante. Le 13 février était, pour les étudiants de cette nation, jour de liesse et de grandes réjouissances. On célébrait solennellement la fête du saint et un étudiant ou un maître était chargé de prononcer son panégyrique. Tâche parfois aride : quand on ne voulait pas répéter chaque année les mêmes antiennes, il fallait faire preuve de grand savoir ou d’originalité.
    Lézin n’était pas très connu dans les campagnes angevines. Certes, son nom était encore assez fréquemment donné jadis au baptême. Cette coutume a presque totalement disparu. Une seule paroisse est placée sous son patronage, celle de Saint-Lézin d’Aubance, non loin du Layon. on y voit, comme à la chapelle de Bel-Air, en Trélazé, une statue du saint. A Rochefort-sur-Loire qui est proche, une fontaine miraculeuse lui est dédiée : elle passe pour avoir jailli sous les pieds de l’évêque. (et j’ajoute, au risque de me répéter, que fin 16e et début 17e siècles, Mr le curé de saint Aubin du Pavoil avait saint Lézin dans son calendrier. Je reste persuadée qu’il n’était pas le seul, et que lui et ses confrères véhiculaient donc la mémoire de saint Lézin, d’où la fréquence de ce prénom dans nos régistres paroissiaux, alors que Radegonde est beaucoup plus discrète sur ce plan)
    Odile Halbert – Reproduction interdite sur autre endroit d’Internet seule une citation ou un lien sont autorisés.

    sainte Radegonde, 13 août

    Cette Européenne, née en Allemagne à Erfurt en 518 et décédée à Poitiers en 587 est vénérée dans les 2 pays.

    1-Les sites à visiter :
    Honorée à Poitiers Le diocèse de Poitiers
    sainte Radegonde vue par l’église orthodoxe
    Voici l’église Sainte Redegonde à Poitiers
    Voici sa mémoire à Muehlberg en Allemagne
    ma page de cartes postales personnelles de Poitiers
    Découvrez la Thuringe (en langue française s’il vous plaît !, je ne sais pas si nous autres Français en faisons de même avec nos voisins)

    2-Le contexte historique.

    Pour comprendre la vie de sainte Radegonde, voici un bref rappel historique : Clotaire, le roi qui força Radegonde à l’épouser, est Clotaire Ier (vers 498-561), roi des Francs à Soissons (511-561), fils de Clovis Ier et de Clotilde. Il reçut de son père (511) les pays situés entre la Marne et la Meuse (royaume de Soissons), s’attribua, à la mort de son frère Clodomir (524), Tours et Poitiers et reconstitua à son profit l’unité du royaume franc à la mort de son frère Childebert Ier (558). (selon Encyclopédie Larousse) Il a 20 ans de plus qu’elle. Poitiers étant pour moi assez éloigné de Soissons, je comprends mieux à la lecture de ces 3 lignes le lien entre Soissons et Poitiers et comment Radegonde va s’installer à Poitiers.

    3-La vie de sainte Radegonde

    Voici sa biographie selon le Dictionnaire des noms de baptême, de G. Beleze, 1863 : RADEGONDE (Sainte), Radegundis (femme de conseil, en langue germanique), reine de France, au sixième siècle, fondatrice du monastère de Sainte-Croix, patronne de la ville de Poitiers, honorée le 13 août :
    Dans l’année 529, Clotaire, roi de Neustrie, s’était joint comme auxiliaire à son père Thierri, qui marchait contre les Thuringiens, peuple de la Confédération saxonne. Les Thuringiens furent défaits dans plusieurs batailles ; leur pays, ravagé par le fer et le feu, devint tributaire des Francs, et les deux rois vainqueurs se partagèrent le butin et les prisonniers. Dans le lot de Clotaire se trouvaient deux enfants de race royale, le fils et la fille de Berthaire, l’avant-dernier roi des Thuringiens. La jeune fille, nommée Radegonde, avait à peine dix ans ; ses larmes et sa beauté naissante touchèrent le coeur de Clotaire, qui l’emmena dans les Gaules et la plaça dans une de ses maisons royales, au domaine d’Athies, sur la Somme. Là, par les soins de Clotaire qui avait formé le dessein de la prendre pour épouse, elle reçut des plus excellents maîtres une éducation conforme au rang qu’elle devait occuper un jour. Elle fut instruite dans la religion chrétienne par saint Médard, évéque de Noyon, reçut de ses mains le baptême et elle puisa dans ses enseignements les principes de la foi la plus vive et la plus sincère. En même temps elle étudiait, avec une merveilleuse intelligence, les lettres romaines et les ouvrages des Pères de l’Église. En lisant l’Écriture et les Vies des saints, elle pleurait et souhaitait le martyre ; ce n’était pas sans terreur qu’elle voyait approcher le moment d’appartenir comme femme au roi dont elle était la captive et qui avait causé tous les malheurs de sa famille.
    Cependant Radegonde, résignée à la volonté de Dieu, accomplit le douloureux sacrifice qui lui était imposé ; elle épousa Clotaire et devint reine. Mais l’attrait de la puissance et richesses n’avait rien qui pût séduire son âme toute occupée de Dieu ; le temps dont elle pouvait disposer après l’accomplissement des devoirs que lui imposait sa condition, elle le consacrait à des oeuvres de charité ou d’austérité chrétienne ; elle se dévouait personnellement au service des pauvres et des mal des. La maison royale d’Athies où elle avait été élevée et qu’elle avait reçue en présent de noces, devint un hospice pour les femmes indigentes, et l’une des plus douces occupations de la reine était de s’y rendre pour remplir l’office d’infirmière dans ses détails les plus rebutants. Elle jeûnait fréquemment, et assise à la table somptueuse du roi son époux, elle se faisait servir les mets les plus simples ; des légumes et des fruits secs composaient toute sa nourriture. Souvent la nuit elle se levait pour s’agenouiller dans son oratoire et offrir à Dieu ses larmes et ses prières.
    Cependant Radegonde aspirait de tous ses voeux à la vie du cloître ; mais les obstacles étaient grands, et six années se passèrent avant qu’ elle osât les braver. Un dernier malheur de famille lui donna ce courage. Son frère, qui avait grandi à la cour de Clotaire, comme otage de la nation thuringienne, fut mis à.mort par l’ordre de ce prince. Dès que Radegonde apprit cet horrible meurtre, elle demanda à Clotaire l’autorisation de se retirer dans un monastère, et, ayant obtenu l’assentiment du roi, elle se rendit à Noyon, auprès de saint Médard. Elle trouva le saint évêque dans son église, officiant à l’autel, et s’approchant vers lui, elle lui dit : « J’ai renoncé au trône pour embrasser la vie religieuse, et je viens te supplier de me consacrer à Dieu. » L’évêque répondit : « L’homme ne peut séparer ce que Dieu a uni. » Comme elle insistait, il demanda le temps de réfléchir. Alors les seigneurs et les guerriers francs que Clotaire avait chargés d’escorter la reine, craignant que ce prince ne se repentit d’avoir donné son consentement à une séparation irrévocable, proférèrent contre saint Médard des paroles menaçantes, disant qu’il n’avait pas le droit d’enlever au roi une femme qu’il avait solennellement épousée ; les plus furieux osèrent mettre la main sur lui et l’entraîner des degrés de l’autel dans la nef de l’église. Pendant ce tumulte, Radegonde, qui avait cherché un refuge dans la sacristie, jeta, par une inspiration soudaine, un costume de religieuse sur ses vêtements royaux, rentra dans l’église, et s’avançant vers saint Médard, qui était assis dans le sanctuaire : « Si tu tardes davantage à me consacrer, dit-elle, si tu crains plus les hommes que Dieu, tu auras à rendre compte au Pasteur souverain qui te redemandera l’âme de sa brebis. » Ces paroles imposèrent le respect aux seigneurs francs, et sint Médard, y voyant un ordre du ciel, n’hésita plus ; il se leva, imposa les mains sur Radegonde et lui conféra le titre de diaconesse, quoiqu’elle n’eût pas l’age requis pour l’obtenir. Le diaconat, espèce de sacerdoce, mettait les femmes qui en étaient revêtues en rapport immédiat avec l’Église.
    Le première pensée de Radegonde, après avoir été ainsi consacrée Dieu, fut de se dépouiller de tout ce qu’elle portait sur elle de joyaux et d’objets précieux. Elle couvrit l’autel de ses ornements de tête, de ses bracelets, de ses agrafes de pierreries, de ses franges de robes tissées de fils d’or et de pourpre ; elle brisa de sa propre main sa riche ceinture d’or, en disant : « Je la donne aux pauvres. » Libre enfin, elle se rendit à Poitiers, où elle fonda un monastère qu’elle plaça sous l’invocation de la sainte Vierge et dans lequel elle établit la règle de saint Césaire, évêque d’Arles. L’étude des lettres figurait au premier rang des occupations imposées à la communauté ; on devait y consacrer deux heures par jour, et le reste du temps était donné aux exercices religieux, à la lecture des livres saints et à des ouvrages de femmes ! Les religieuses les plus instruites s’occupaient à transcrire des livres pour en multiplier les copies. Après avoir ainsi tracé la voie et donné l’impulsion, Radegonde abdiqua toute suprématie, et fit élire abbesse, Agnès, jeune fille dont elle avait surveillé l’éducation. Volontairement descendue au rang de simple religieuse elle faisait sa semaine de cuisine, balayait à son tour la maison, portait de l’eau et du bois comme les autres ; mais malgré cette apparence d’égalité, elle était reine dans le couvent par le prestige de sa naissance royale, par son titre de fondatrice, par l’ascendant du savoir et de la bonté. C’était elle qui maintenait ou modifiait la règle ; c’était elle qui raffermissait par des exhortations de tous les jours les âmes chancelantes, et qui expliquait, pour ses jeunes compagnes, le texte de l’Écriture sainte.
    L’empereur d’Orient, Justin II, ayant envoyé à Radegonde un morceau de la vraie croix, la réception de cette précieuse relique se fit avec toute la pompe des cérémonies religieuses, et l’on entendit alors pour la première fois le Vezilla regis ; hymne célèbre en l’honneur de la croix, que Fortunat, évêque de Poitiers, avait composée pour cette solennité. Ce fut aussi à dater de ce jour que le monaatère prit le nom de Sainte-Croix. Dans les dernières années de sa vie, Radegonde redoubla ses austérités. « Celui, dit Fortunat, qui pourrait retracer ses travaux, sa charité pour les pauvres, ses rigueurs pour elle-même, celui-là prouverait qu’elle fut à la fois martyr et confesseur. » Sainte Radegonde mourut en 587. Ses funérailles furent célébrées par Grégoire, évêque de Tours, au milieu d’un immense concours de peuple, et, suivant sa volonté dernière, elle fut inhumée dans l’église de Notre-Dame hors des Murs (aujourd’hui Saint-Radegonde), qu’elle avait fait construire.

    4-Sa mémoire près de nous :

    L’abbaye Sainte-Croix de Poitiers existe toujours, avec ses 14 siècles d’existence et un site Web !

    En Anjou, à Chênehutte-les-Tuffeaux, a existé un ermitage sainte Radegonde, dont la collation appartenait à l’abbé de St Florent et la présentation au seigneur de la Mimerolle et plus tard de Trèves, suivant la volonté du fondateur Jean Berruel, en 1582 (D. Huynes, Mss. f° XXX). En dépendait un clos de vignes sont les chapelains titulaire au 17e siècle se contentaient de partager les revenus, sans y habiter, avec un ermite de leur choix qui vivait des quêtes. Le dernier bénéficier, Dumas, vers 1680, laissa tomber le gîte en ruines. A côté s’élevait une chapelle, avec petit clocher à flèche élancée, que le nom de Ste Radegonde garda en vénération. Les pélerins qui l’y venaient invoquer, devaient pénétrer sous l’autel en se baissant, par une porte d’un mètre à peine de heuteur, et s’y tourner et retourner dans un petit caveau. On y voit encore la niche où figurait la statue, les banquettes taillées dans le roc, des arcades et des colonnettes bien conservées. Le jour de la fête réunissant une assemblée joyeuse. (C. Port, Dict. du Maine-et-Loire). Cette chapelle semble avoir disparu, car elle ne figure pas sur la page des Monuments Historiques de la commune de Chênehutte-Trèves-Cunault.

    Plus près de moi, en Loire-Atlantique, des religieuses de l’abbaye royale de Saint-Sulpice, ordre de Saint-Benoît, du diocèse de Rennes, fondèrent en 1141 au Loroux-Bottereau le prieuré de Sainte-Radegonde, tandis que vers la même époque, d’autres religieuses de la même abbaye fondaient le prieuré des Couëts, qui est toujours un haut lieu de la catholicité.

    Enfin, le prénom Radegonde existe bel et bien dans les registres paroissiaux, aussi bien en Anjou qu’en Loire-Atlantique.

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    saint Dieudonné, 68ème pape, 7e siècle

    honoré le 8 novembre en mémoire du jour de son décès

    Je descends de Pierre-Dieudonné Laloy °Montjean-sur-Loire (49) 30.7.1813. Voir la famille Laloy, venue de Normandie. Comme vous sans doute, j’attache une affection toute particulière à ceux qui ont un je ne sais quoi qui m’intrigue, ici le prénom : Dieudonné.
    Voulant cette année découvrir à quelle date chacun est honoré, je vais sur le site Nominis, où il est dit « cordonnier à Rome, 6e siècle », fête locale le 10 août (et de nombreux sites, se copiant les uns les autres donnent la même chose, sans qu’on sache de quel chapeau ils sortent cette info) ATTENTION, OUBLIEZ CECI QUI SEMBLE SORTI DE NULLE PART et voyez plutôt ce qui suit :
    Voulant vérifier cette biographie, je regarde le Dictionnaire de Beleze, publié en 1863, date au reste est plus proche de mon ancêtre. Voici de qu’il donne :

    Dieudonné (saint), Deusdedit, pape, 615-618, le premier qui ait scellé en plomb ses bulles : il est honoré le 8 novembre (G. Beleze, Dict. des noms de baptême, Paris, 1863) (Deusdedit est le nom latin, dont nous aurons besoin ci-dessous)

    Tout à fait perplexe, je regarde le site Aube-nouvelle qui donne un liste des papes que je suppose sérieuse

    Saint Adéodat Ier (ou Dieudonné) (68ième pape) Romain, élu le 10 octobre 615, il meurt 8 novembre 618. Avec abnégation et héroïsme, il soigne les lépreux et les pestiférés. Il est le premier à apposer le sceau aux Bulles. Le sien est le plus ancien sceau pontifical qui nous est parvenu. (allez sur leur site en cliquant sur mon lien ci-dessus, car vous avez en prime le portrait des papes, que je n’ai pas le droit de recopier, et c’est bien présenté, ils font du bon travail)
    Adéodat II (ou Dieudonné) (77ième pape) Romain, élu le 11 avril 672, il meurt le 17 juin 676. A travers ses missions il convertit les Maronites, peuple orgueilleux et d’origine arméno-syriaque. Il forgea la formule « Salut et bénédiction apostoliques »

    Voulant approfondir, je consulte l’encyclopédie théologique en 50 volumes (excusez du peu), publiée sous la direction de l’abbé Migne, Paris, 1850, et voici ce que donne le tome 40 dédié avec le 41 à la vie des saints. Voici Dieudonné, sous son nom latin Deusdedit :

    saint Deusdedit, laboureur, édifia Rome par ses vertus et surtout par sa charité. Il s’appliquait à la culture de la terre et sanctifiait ses travaux rustiques par une prière continuelle. L’esprit de pénitence qui animait toutes ses actions et son amour pour les pauvres, auxquels il distribuait le samedi ce qu’il avait pu gagner pendant la semaine, l’élevèrent à une sainteté éminente. Il mourut sur la fin du 5e siècle. Saint Grégoire le Grand fait de lui un bel éloge dans ses dialogues, et le Martyrologe romain lui donne le titre de confesseur. – 1er août.
    saint Deusdedit, évêque de Brescia, est honoré dans cette ville le 10 décembre.
    saint Deusdedit ou Dieudonné, pape, succéda à Boniface IV en 615, se signala par sa science et ses vertus, surtout par sa charité envers les malades, et l’on rapporte qu’il guérit un lépreux en l’embrassant. C’est le premier pape dont on ait des bulles scellées en plomb. Il mourut le 7 novembre 617 après un pontificat de 3 ans. – 8 novembre.
    saint Deusdedit, sixième archevêque de Cantorbery, succéda, en 653, à saint Honoré, et mourut vers l’an 665 : il eut saint Théodore pour son successeur. – 30 juin.
    saint Deusdedit, abbé du Mont-Cassin, succéda, vers l’an 833, à Apollinaire. Il y avait 6 ans qu’il gouvernait son abbaye lorsqu’il fut jeté en prison par le tyran Sicard, duc de Bénévent, qui le fit mourir de faim et de misère l’an 840. Son tombeau a été illustré par un grand nombre de miracles. – 9 octobre.

    Je suis comme vous, ahurie par le nombre de saints homonymes cités par cet ouvrage, pardon cette volumineuse encyclopédie.

    En conclusion, le prénom Dieudonné est honoré le 8 novembre, jour de la sépulture du premier pape de ce nom. En préparant ce billet pour le 10 août je me suis plantée, car toutes vérifications faites, il faut songer au 8 novembre et oublier le 10 août, qui est sans doute une mauvaise blague qu’on a faite à Nominis, par ailleurs pourtant souvent bien documentée.
    Ne me demandez pas pourquoi l’un des ouvrages donne 617 l’autre 618, cela reste pour moi un mystère, mais on ne va pas chipoter sur une petite année… Ce qui me paraît beaucoup moins un mystère c’est la vertu du WEB a donner n’importe quelle info, recopiée de je ne sais où, n’importe comment, et encore une fois je viens de vérifier mes principes de méfiance du WEB. Ma première règle de recherches consiste toujours à éviter soigneusement tous les WIKI pour cette bonne raison.

    Si vous avez un saint à me proposer, n’hésitez pas, j’adore chercher.
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    Fondation de la chapelle de Béhuard par Louis XI

    (Archives Départementales du Maine-et-Loire série 5E), avec cartes postales personnelles, et forum

    Cartes postales de collections privées – Reproduction interdite, y compris sur autre lieu d’Internet comme blog ou site Cliquez sur l’image pour l’agrandir

  • Titre de Béhuard faict par le roy Louis onziesme et Charles huict :
  • Aujourd’huy 25 septembre 1688 après midy sur les 2 heures de la relevée, nous Estienne Charlet notaire royal à Angers sommes le requérant messire Baltazard Fouyer prestre chanoine de l’église de Nantes, prieur commandataire de Pont Briant, recteur curé de Denée et de Behuard, en personne transporté en ladite église de Beshuard en conséquence de l’ordonnance de monsieur le lieutenent général dudit Angers du 10 septembre 1687 signée Boyslesve estant au bas de la requeste dudit sieur de Pont Briant portant permission audit sieur curé de Denée et de Behuard de compulser et de faire procès verbal et description de la fondation faite par Louis unziesme confirmée par le roy Charles huictiesme son fils, qui est escripte sur une pierre attachée au mur du costé de l’évangile de l’autel de St Jean, dans ladie chapelle de Notre-Dame de Behuard, qui règle le service qui se doibt dire et célébrer, le tout ainsy qu’il est porté, et plus amplement spécifié dans ladite requeste demeurée cy-attachée pour y avoir recours et ce par nous notaire pour le commis pour valloir ainsy que de raison à laquelle requeste obtempérant sommes comme dit est transporté en ladite église de Beshuard ou estant avons vu une pierre fort ancienne attachée et enfoncée audit mur de 2 pieds et demy de hauteur et presque autant de largeur sur laquelle au commencement de l’inscription d’icelle pierre est un escussion dessus chargé de trois fleurs de lys d’or, sur laquelle pierre sont escripts ces mots en lettres gothiques fort longues et anciennes ainsy qu’il ensuit le roy Charles huictiesme voulant accomplir les bonnes affections et intentions du feu roy Louis son père, dès le mois d’octobre l’an mil quatre cent quatre vingt trois, a donné et baillé délaissé et admorty à cette chapelle la terre, baronnie et appartenances de Denée qui par ledit feu roy Louis son père avait esté acquise, et sur le fait expédié ses lettres en forme de chartes par la visitation desquelles les gens des comptes à Paris ont ordonné estre dites et célébrées en ladite chapelle par le curé dudit lieu de Denée ou autres de par luy le service qui s’ensuit c’est à savoir trois messes basses par chacune semaine de l’an pour l’âme dudit feu roy Louis unzième au dimanche l’autre au samedy et la tierce messe sur semaine, et à chacune desdites messes avant le lavabo, dire un de profonfis avec les oraisons acoustumées estre dit pro defunctis, en faisant prière et commémorations d’iceluy feu roy Louis qui fit don et augmenta à ladite chapelle et outre à chacune des festes sollemnelles de Nostre-Dame qui sont la Conception, Nativité, Annonciation, Purification, et Assomption Notre-Dame, dire et célébrer ou faire dire et célébrer en icelle chapelle messes solemnelles à mothé diacre et sous-diacre avec matines, vespres et faire suffrages et commemoration pour ledit feu roy Louis, et autres roys de France, et aussy dire et célébrer chacun an en ladite chapelle messes hautes à diacre et sous-diacre vigiles et recommandation pro defunctis pour le XXIXe jour d’aoust, qui est le jour que ledit feu roy Louys alla de vie à trépas, et avant lesdites messes et services des susdites faire sonner et tinter les cloches de ladite chapelle à l’heure de huit heures du matin auxquelles charges et service faire et accomplir et entretenir perpétuellement le curé de Denée et son temporel son tenus et obligés à la fin desquels mots se trouve un écusson dessiné que l’on dit estre les armes de Me Alexandre Fournier curé dudit Denée qui sont un écusson écartelé au premier franc quartier en fonds d’azur une barre dentelée, deux molettes d’esperon d’or, le second quartier trois testes de mort fonds d’or.
    Qui est tout ce que nous avons vu sur ladite pierre et lu sur icelle, de tout quoy nous avons au désir de ladite ordonnance dressé le présent procès verbal enladite chapelle de Béhuard en présence de noble et discret Messire Pierre Bibard pretre vicaire dudit lieu de Behuard noble homme René Desmazières bourgeois de la ville d’Angers, Charles Cady marchand habitant de l’isle dudit Behuard, Jean Baudonnière filassiser aussy y demeurants, Jacques Guillon pescheur, Jean Cady laboureur à bras, et François Collinlaboureur, et encore Charles Cesbron aussi tesmoins tous demeurant en ladite île et habitants d’icelle, lesdits Jacques Guillon, Jean Cady et François Collin ont déclaré ne scavoir signer de ce enquis tous témoins à ce requis et appelés sont signé la minute

  • Ensuit la teneur de ladite requeste et ordonnance
  • Monsieur
    Monsieur le lieutenant général d’Anjou à Angers supplie humblement noble et discret Baltazard Fouyer prestre chanoine de l’église de Nantes prieur commendataire de Pont Briand, recteur curé de Denée et de Behuard en personne, disant que par le changement des curés la plupart des titres de ladite cure de Denée et de Behuard et son annexe ont esté divertis et perdus, ce qui croit la perte des droits tant féodaux que fonciers que pour les rétablir il luy est nécessaire de compulser les titres papiers et enseignements qui sont entre les mains des particuliers et personnes publiques qui sont refusantes de les luy délivrer même de faire faire procès verbal et description de la fondation faire par Louis unziesme confirmée par le roy Charles huitiesme son fils qui est escrite sur une pierre attachée au mur du costé de l’évangile de l’autel de St Jean dans ladite chapelle de Notre-Dame de Behuard qui règle le service qui se doit dire et célébrer par chacun an, et ce par le premier notaire royal qu’il vous plaira commettre et pour en être délivré copie audit Sr Fouier en crainte qu’à l’avenir on ne puisse lire ladite fondation et pour servir d’original requérant sur ce votre ordonnance et faire justice, signé Fouier recteur curé, et de Bruneau pour le suppliant

    Vu la requeste cy-dessus nous avons permis et permettons audit sieur curé de Denée et de Behuard de compulser, de faire faire procès verbal et description de ladite fondation du roy Louis unziesme, confirmée par Charles huitiesme son fils qui se trouve escripte dans le mur de ladite chapelle de Behuard par Charlet notaire royal à Angers qu’à ce faire avons commis, et pour en estre destinée copie audit sieur curé et pour luy servir et à ses successeurs ainsy que de raison, mendant … donnée à Angers par devant nous dit lieutenant général susdit le 10 septembre 1687 signé Boylesve.
    Délivré la présente copie par nous Pierre Charlet notaire royal à Angers sur une autre copie délivrée audit Fouyer curé de Denée et de Behuard son annexe par defunt Me Etienne Charlet vivant notaire de cette cour des minutes duquel nous dit Pierre Charlet sommes garants ladite copie demeurée attachée à la minute originale attendu qu’elle avait esté pour la plus grande partie rongée et déchirée et après qu’elle a eseté signée et paraphée par ledit Sr Fouyer pour plus grande approbation à Angers le 22 juin 1691. Signé Charlet notaire royal garde note de la minute.

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    Le code de déontologie médicale autrefois, face à la mort. Ordonnance de Louis XIV en date du 8 mai 1712

    Les droits des malades ont toujours évolué. De nos jours, depuis les lois de 2002, l’accent est mis sur la prise en compte de la douleur, la dignité du patient. Les relations entre patients et médecins sont plus clairement définies, mais le sujet n’’est pas épuisé, le débat continue…
    Ainsi en est-il de l’information du malade sur son état et le Code de déontologie médicale actuel précise :

    « Le médecin doit à la personne qu’il examine, qu’il soigne ou qu’il conseille, une information loyale, claire et appropriée sur son état, les investigations et les soins qu’il lui propose. Tout au long de la maladie, il tient compte de la personnalité du patient dans ses explications et veille à leur compréhension » (art. 35)

    En effet, en cas de départ prochain, bon nombre d’entre nous souhaite mettre de l’ordre dans ses affaires temporelles et spirituelles. Mais pour cela, encore faut-il être prévenu, et il semble que nous allions dans le bon sens… Mais qu’en était-il autrefois ?

    Si vous avez eu le temps de parcourir des testaments d’antan, vous aurez vite compris le poids des affaires spirituelles. C’est qu’en effet, l’église catholique avait une arme absolue, l’enfer, pour tous ceux qui partiraient en état de péché mortel… et même le refus d’inhumer en terre bénie, c’est à dire le cimetière (ou l’église), et à cette époque, ne pas être inhumé en terre bénie était infamant, alors qu’aujourd »hui, en ville comme celle de Nantes, nous avons dépassé 60 % de taux de crémation, et le taux de cendres dispersées est élevé. Donc, il nous sera bientôt très difficile de comprendre cet attachement de nos ancêtres à une bonne mort et à un enterrement en terre bénie.

    Sous l’ancien régime, les derniers sacrements représentent pour l’ensemble de la population le temps fort de la vie religieuse, et mourir sans le secours d’un prêtre est la pire chose qui puisse arriver. Avec le prêtre en effet, on peut se confesser et recevoir l’extrême-onction. En se confessant on peut se soulager de ses péchés, et se réconcilier avec Dieu.

    Donc, pour une bonne mort, il faut absoluement voir le prêtre pendant qu’il est encore temps. Ce qui signifie qu’il faut des prêtres partout, et toujours disponibles, de jour comme de nuit, et surtout savoir quand l’heure est proche.

    Et nous voici revenus au début de ce billet. Comment savoir si l’heure est proche ?
    En 1712, Louis XIV a 74 ans. Il s’est rapproché de Dieu, à ce que l’on dit. Il songe sans doute que ses jours sont désormais comptés. Il y songe même tellement, que voici la plus singulière de ses ordonnances :

    L’ordonnance de Louis XIV, datée du 8 mai 1712, prescrit aux médecins d’avertir dès leur seconde visite les malades en danger de mort de se confesser, et en cas de refus de la part de ceux-ci ou de la part des parents, d’avertir le curé de la paroisse ou d’en retirer un certificat portant qu’il a été averti. La même ordonnance défend aux médecins de visiter leurs malades le troisième jour, s’ils n’y sont autorisés par le confesseur satisfait. Les contrevenants seront condamnés pour la première fois à 300 livres d’amende ; interdits de toutes fonctions pendant trois mois, au moins, à la seconde fois, et pour la troisième, déclarés déchus de leurs degrés, et rayés du tableau des docteurs.

    Vous avez bien lu : si on n’a pas fait venir le prêtre, le médecin a l’obligation légale d’avertir le curé.
    Mais dans tout cela, où sont nos chirurgiens ? Nous savons maintenant que ce n’est qu’en 1730, donc après Louis XIV, que l’on va se soucier de remonter leur niveau et peu à peu exiger d’eux un brevet etc… (voir les précédents billets en écrivant chirurgien dans la fenêtre de recherche à droite de ce billet). Pourtant, nous savons maintenant qu’en campagne, il n’y a que des chirurgiens, fort rarement des médecins, et même lorsqu’il y a un chirurgien, ce qui est loin d’être le cas de toutes les paroisses !
    Alors ne me demandez pas comment on pouvait appliquer l’ordonnance car moi-même je n’ai pas compris si elle s’appliquait aux chirurgiens, et si Louis XIV, depuis Versailles, savait comment on soignait dans les campagnes françaises ?

    De vous à moi cependant, je pense sincèrement qu’il a oublié toutes les campagnes et tous les chirurgiens, car il ajoute à la fin de l’ordonnance qu’ils seront déchus de leurs degrés, mais pour cela faut-il encore avoir des degrés, et nous savons que les chirurgiens n’en avaient pas à l’époque, et que la date qui marquera le début d’un changement progressif est 1730.

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