Contrat de mariage de Joachim de la Chesnaie et Léonore de la Porte, Angers 1589

Cet acte est très déceptif, car il ne donne aucune filiation et aucune notion des patrimoines respectifs des futurs. Cela arrivait parfois de rencontrer des actes aussi pauvres en renseignements, dans lesquels le notaire ne fait que reprendre les droits selon la coutume du pays d’Anjou. Il faut aussi ajouter qu’aucun proche parent n’est présent.

Cet acte est aux Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E7 – Voici sa retranscription  :

1. Le sabmedy unzième novembre 1589
2. après midy
3. en la cour du roy nostre sire à Angers endroit par devant nous
4. Mathurin Grudé notaire de ladite cour ont esté présents
5. personnellement establiz noble et puissant Joachim de la Chesnaye
6. sieur de la Lande et de la Masselure demeurant audit lieu de la Lande
7. paroisse de Nyafle pays (barré illisible) d’une part, et noble et puissante
8. dame Léonor de la Porte, veufve de deffunt noble et puissant
9. messire Françoys de Chyvré vivant sieur du Plessis de Chyvré
10. demeurant audit lieu paroisse d’Estriché estant depuis en
11. ceste ville d’Angers d’autre part, soubzmectans
12. lesdites partyes respectivement l’une vers l’autre etc
13. confessent etc avoir fait et par ces présentes
14. font les pactions et conventions matrimoniales cy après
15. c’est à savoir que ledit sieur de la Lande et ladite
16. dame de la Porte se sont promis et promettent prendre
17. en mariage et espouzer en face de l’églize catholique
18. et apostolique lors et quand l’ung sera requis par
19. l’autre pourveu qu’il ne se trouve aulcun empeschement légitime
20. et se sont prins et prennent avecques tous leurs droitz
21. en faveur duquel mariage a esté convenu entre les
22. parties que au cas que les deniers dotaulx de ladite
23. dame fussent receuz ou qu’elle accordast de son douayre
24. les deniers pour l’extinction d’iceluy, audit cas lesdits deniers
25. n’entreront en la future communauté des futurs espoux
26. ains sont et demeureront le propre immeuble de ladite
27. dame et les convertira ledit futur espoux et a promis et
28. promet convertir en acquets d’héritages qui seront censés
29. et réputés le propre de ladite future espouze et
30. a deffault de ce faire ledit futur espoux a constitué
31. et constitue sur tous ses biens rente à ladite future
32. espouze à la raison du denier quinze de luy et ses hoirs
33. seront tenuz admortir dedans 3 ans après la
34. dissolution dudit mariage en rendant le sort principal
35. avecques l’intérest qui en sera escheu sans néanmoings … lesquels deniers
36. ledit futur espoux a engagés et obligés à ladite
37. dame sur tous et chacuns ses biens immeubles et
38. héritages présents et advenir suyvant la coustume de
39. ce pays d’Anjou, et outre a esté convenu et accordé
f°2
1. entre eulx que les debtes actives et passives qu’ils doivent
2. ou leur sont respectivement deues n’entreront en ladite
3. future communauté, ains seront payées et acquitées sur
4. les biens de celuy d’eulx qui les a faites et
5. créées jusqu’au jour de leur mariage lesquelles ledit
6. futur ses hoirs pourront si bon leur semble jusques
7. pendans ladite communauté de biens et outre ne prendront
8. les vestements et joiaulx de ladite dame sans que pour une
9. … tenuz confortées ? aux debtes de ladite communauté
10. et a esté tout ce que dessus
11. respectivement stipulé et accepté par lesdites parties
12. dont et desquelles choses dessus déclarées sont demeurés
13. à ung et d’accord et à icelles et tout ce que dessus
14. est dit tenir etc obligent lesdites parties respectivement
15. l’une vers l’autre etc renonçant etc foy jugement et condemnation
16. etc fait et passé audit Angers maison de Jehan Coupel
17. marchant en présence de honnorable homme Me Nicolas
18. de la Chaussée sieur de la Bretonnièer advocat à Angers
19. honneste homme René de la Planche
20. demeurant au lieu de la Bodinière paroisse de Challain et
21. Louys Planchenault praticien demeurant Angers tesmoings
22. ledit jour et an susdit, lequel Delaplanche a déclaré
23. ne scavoir signer. Constat en gloze : unziesme
24. avecques l’intérest qui en sera escheu constat en r …
25. … ou qu’elle accordast de son douaire
26. les deniers pour l’extinction d’icelle avecqes

Trop de copies d’erreurs sur Geneanet : exemple de Tugal Hiret époux de Claude de Mauhugeon

En 1999, après 10 années de recherches sur les HIRET d’Anjou, à travers les archives notariales et les chartriers, en me rendant une fois par semaine à Angers (j’habite Saint Sébastien sur Loire et non en Anjou), j’avais pu trouver un millier d’actes des 16 ème et début 17ème siècles les concernant. Je les avais analysés en les retranscrivant d’abord exhaustivement, selon ma méthode. Et, grâce à ces preuves fiables, j’avais pu :

  • infirmer les généalogies précédentes, qui liaient les Hiret du Pouancéen à ceux du Bailleul, qui ne peuvent en aucun cas être liés
  • reconstituer certaines lignées du Pouancéen, mais sans qu’on puisse les lier, même si on peut émettre l’hypothèse d’une souche commune inaccessible à travers les archives limitées avant 1520 en Anjou

Et depuis 1999 j’assiste horrifiée à la multiplication des copies d’erreurs sur les bases de données, et je pense qu’elles partent toutes d’une seule erreur d’un généanaute, allègrement copiée depuis par d’innombrables copistes. Aucun n’a lu mon livre, mais il y en a même qui ont le culot de me citer, sans l’avoir lu et sans avoir visité mon blog pourtant connu sur le web.

La généalogie sur ces bases de données est devenue un système totalement dévoyé, dans lequel les copistes sont majoritaires et ne vérifient strictement rien, leur seul plaisir étant de cliquer pour copier et pour se gonfler d’avoir un grand nombre de données.

La généalogie cela n’est pas la copie, c’est la vérification des preuves de chaque donnée, ce que j’ai traité sur mon site il y a 25 ans, en l’appelant GENEAFOLIE, car je voyais, hélas, déjà des dérives.

Voici une immense erreur recopiée de multiples fois sur Geneanet :

CECI EST TOTALEMENT FAUX CAR IMPOSSIBLE ET JE LE DEMONTRAIS DANS MON OUVRAGE 

J’y analysais toutes les successions de ces familles et la branche de Tugal est noble pratiquant le partage noble, l’autre, celle d’Olivier ne pratique pas ce partage. Donc, j’avais la succession de Tugal Hiret et Claude de Mauhugeon, laquelle est une succession noble, et chez les nobles, en l’absence de ligne directe descendante, on remonte dans la fratrie du défunt etc… Or, c’est le frère de Tugal, prénommé Charles qui hérite et vous avez d’innombrables actes de preuves dans mon ouvrage. Jamais, la branche d’Olivier Hiret ne verra une quelconque part de cet héritage, donc elle n’en descends en aucune manière, même si je reconnais qu’ils sont sans doute issus d’une souche commune qu’on ne peut en aucun car remonter. Je suis certaine que Tugal Hiret et Claude de Mauhugeon sont sans hoirs et j’ai donné les preuves dans mon ouvrage, et je suis horrifiée de lire ces filiations erronées, car les copistes de cette erreur sont nombreux sur Geneanet. Le copiste dont je vous ai mis ci-dessus la vue de l’erreur, cite comme source « Vendée Militaire » qui n’est en aucun cas une source car une source doit être une preuve authentique, donc un acte original consultable aux Archives etc… Mais Vendée Militaire n’est qu’un copiste comme les autres…

Je suis horrifiée de tout ce que je vois comme dérives par la copie en généalogie, et je ne regrette surtout pas de m’être écartée de ces bases de données devant la multiplication des copies dès leur début, et je constate que ce mal a terriblement empiré. 

Trop d’erreurs sur Geneanet, même dans les relevés : mariage d’Olivier Hiret et Françoise Malevault, Angers 1610

Je lis tant d’horreurs sur Geneanet que je ne peux rester muette. Ainsi, on trouve ce jour :

Voici l’acte dont on prétend donner le contenu :
Analyse des erreurs monstrueuses données sur Geneanet :
1-il est monstrueux d’écrire le nom de famille OLIVIER HIRET DU DRUL au lieu de Olivier Hiret sieur du Drul, car le nom de famille est HIRET et le titre de sieur n’est en aucun cas un titre quelconque de noblesse et quand vous écrivez OLIVIER HIRET DU DRUL vous imitez par trop la noblesse et surtout ce n’est pas ce qui est écrit dans l’acte et c’est en aucun cas le patronyme. Cette écriture du nom de famille sur Geneanet est un massacre de la généalogie.
2-manifestement la personne qui a fait ce relevé ne maîtrise pas la paléographie car le nom de l’épouse contient beaucoup d’erreurs. Le patronyme est en aucun cas MOTERNAULT mais MALEVAULT et je vous mets ci-dessous la page de l’ouvrage de GONTARD de Launay qui traite des avocats d’Angers et reprend cet avocat qui était le père de Françoise Malevault, et par ailleurs j’ai beaucoup d’actes notariés concernant Françoise Malevault dont entre autres : Olivier Hiret, aidé de son beau-père, emprunte 300 livres, Angers 1611
3-son père est sieur des Portes, lieu qui existe à 4 reprises dans le Maine-et-Loire, et écrire DU PORTER au lieu DES PORTES montre l’absence de connaissances paléographiques, car il y a bien des S à la fin de DES et de PORTES  
4-la sieurie des Portes du père n’est jamais systématiquement transmise à un enfant, et dans l’immense majorité des familles, il y a division des biens et des noms et même appel à n’importe quelle terre possédée ou non, pour donner un quelconque titre de sieur, et j’observe tant de titres de sieurs portés alors que la terre est vendue depuis belle lurette etc… qu’il est totalement monstrueux de donner à la fille à son mariage le nom de la sieurie. Là encore, le fait d’écrire un nom de famille avec celui d’une terre est une manie des nobles ou ceux qui voulaient paraître nobles mais cette manière d’écrire le nom de famille n’a jamais existé dans la bourgeoisie dans les actes d’état civil.
5-même remarque que pour Olivier sieur du Drul vous n’avez pas le droit d’écrire DES PORTES que vous écrivez même DU PORTER, car vous êtes en train de donner un nom de famille totalement erroné car imitant un peu trop la noblesse et donc trompeur.
Je suis triste qu’il existe de tels relevés, très triste. La généalogie était en dérive totale il ya 30 ans, mais depuis les bases de données ont contribué à un désastre de cette dérive… Je suis heureuse d’avoir pris il y a 30 ans la décision de ne pas adhérer à une quelconque base de données, car elles montraient déjà trop d’erreurs, mais je constate horrifiée que depuis c’est pire. Ainsi, en ne mélangeant aucune de mes données avec d’autres, je suis sure de mon travail. J’avais donc bien pris la bonne décision il y a 30 ans.

Succession sans hoirs de Mathurine Hiret et Adrien Leconte le notaire : 1557

Je remets cet acte en ligne car y apparaît Renée Hiret l’épouse de Jean Allaneau chatelain de Pouancé.

Je descends d’Olivier Hiret, mais si je le sais héritier collatéral, je n’ai pas le lien précis, hélas, donc cet acte traîne depuis longtemps dans mes tablettes.
Si parmi vous il y en a qui ont des informations sur ce couple d’Adrien Leconte, le notaire dont nous avons un fonds aux Archives Départementales du Maine et Loire, et Mathurine Hiret, merci de me faire signe.

Cet acte est aux Archives Départementales du Maine-et-Loire, AD49-5E6 – Voici sa retranscription (voir ci-contre propriété intellectuelle) :

« Le 6 novembre 1557 en notre cour royale d’Angers endroit par devant nous personnellement establiz honorable homme maistre Jehan Alasneau chastelain de Pouencé, mari de Renée Hyret, demeurant audit lieu, Olivier Hyret marchand demeurant en la paroisse de Sainct Aulbin dudit Pouencé, tant en leurs noms privés que comme et soy faisant fors de vénérable et discret maistre Mathurin Hyret official et chanoine de Mortagne au Perche dans l’Orne , Jehanne Hyret veufve de deffunt Nycolas Coconnyer demeurant à Rennes,

Jehanne Laize veufve de deffunt honorable homme Me Guillaume Dumayne, et René Aubron mari de Katherine Laize, et encores ledit Alasneau tant en son privé nom que au nom et comme curateur des enfants mineurs d’ans de deffunts Bertran Laize et Georgine Hiret, tous héritiers de deffunte Mathurine Hiret en son vivant femme de maistre Adrian Leconte en son vivant notaire royal d’une part, et (f°2) Pierre Leconte demeurant en la paroisse de St Pierre du Marché de Loudun , Estienne Davy mari de Jehanne Leconte demeurant en la paroisse de Notre Dame de Veniers près la ville de Loudun, et Nouel Davy marchand demeurant en ceste ville d’Angers au nom et comme soy faisant fort de Nycolas Collet mari de Franczoise Leconte, ladite Françoise Leconte à ce présente aussi héritière dudit deffunt Me Adrian Leconte d’autre part, soubzmetant etc confessent suivant l’accord fait entre les dessusdits le 19 octobre dernier touchant les lots et partages des biens des successions desdits deffunts Adrian Leconte et ladite Hyret, desquels biens lots et partages auroient été baillés et fournis cy-davant par lesdits Alasneau et Olivier Hyret esdits noms auxdits Davy soy faisant fort des dessus dits héritiers dudit Leconte pour venir procéder à la choisie d’iceux suivant ledit (f°3) accord obéissant auquel et procédant à ladite choisie ont les dessusdits Pierre Leconte, Estienne Davy, Nouel Davy audit nom, présente et consente ladite Franczoise Leconte opte pour et choisy le premier des lots à eux présentés par lesdits Alasneau et Hyret esdits noms auquel est la maison de la ville d’Angers et la closerie de Bellavy Champcharles selon et au désir desdits lots, et auxdits Alasneau et Hyret esdits noms et autres leurs cohéritiers demeure le second desdits lots, auquel est la closerie de la Possonière et la métairie de la Papinière en la paroisse du Lyon d’Angers le tout aux charges desdits lotz et encores dabondant a ledit Nouel Davy en son privé nom promis et s’est obligé payer auxdits Alasneau et (f°4) Hyret esdits noms la somme de 180 livres tournois dedans huitaine suivant lesdits lots ; et ont promis sont et demeurent tenus lesdits Alasneau et Hyret faire rattifier et avoir agréable tant ledit accord partage et présente choisye aux dessusdits héritiers de ladite deffunte Mathurine Hyret dont ils se sont fait fort, et pareillement lesdits Davy audit Collet et à ladite Jehanne Leconte et chacun d’eux et en fournir les uns aulx autres dedans Pâques prochainement venant lettres de rattification en forme parlante à peine de tous dommages et intérests ; et encores ledit Alasneau a sesdits myneurs eulx venuz à leur âge et en bailler lettres de rattiffication aux dessus dits (f°5) aussi à peine de tous dommages et intérests ces présentes néantmoins etc ; à laquelle choisie et tout ce que dessus est dit tenir etc dommages etc obligent etc renonçant etc foy jugement et condemnation etc ; fait et passé audit Angers en présence de Me René Ogier licencié es loix, et Jehan Leroy demeurant Angers, et Me Vincent Leconte tesmoins »

L’accident du Petit-Anjou près de Vihiers (49) le 14 août 1934

On avait autrefois des articles de presse hyper détaillés, qui contiennent tellement de détails qu’ils donnent même les noms et une adresse… C’était l’époque que j’ai connue, du train qui siffle pour s’annoncer avant le passage à niveau non gardé…

Un autocar se jette contre le « Petit-Anjou » à un passage à niveau non gardé
Il n’y a pas de morts, mais vingt-six blessés dont deux grièvement

Le Phare de la Loire 14 août 1934 – Vihiers, de notre envoyé spécial
Nous étions, hier matin lundi, averti par un laconique coup de téléphone, qu’une véritable catastrophe venait de se produire à un passage à niveau non gardé de la ligne des Chemins de fer économiques de l’Anjou, à quelques kilomètres de la jolie petite ville de Vihiers.
Notre informateur annonçait plusieurs morts et de nombreux blessés. Il s’agit, heureusement, d’un accident beaucoup moins grave, puisque nous n’avons à déplorer la mort d’aucune personne. Le bilan est cependant tragique. Tous, sauf deux, qui purent continuer leur voyage par des moyens de fortune, sont soignés à l’hôpital de Vihiers, par les sœurs de la Communauté de Saint-Charles d’Angers.
De leur côté, le chauffeur et le mécanicien du train n’ont pas été hospitalisés.
LES LIEUX
Il nous faut, tout d’abord, situer les lieux de ce terrible accident. C’est sur la route de Vihiers à Argenton-Château, à 2 km environ de la gare de Vihiers et à 6 km de celle de Cerqueux-sous-Bassavant, que la ligne du « Petit-Anjou » traverse la route.
Lorsque l’on vient d’Argenton, le passage à niveau, qui n’est pas gardé et qui se trouve sur le territoire de la commune de Saint-Hilaire-du-Bois, au lieu dit « le Montioux », est parfaitement signalé par trois pancartes indicatrices, dont la plus éloignée se trouve à quelques 200 mètres.
La route est à assez forte déclivité et la voie du « tortillard » est masquée par un remblai assez haut, que des haies non élaguées surmontent encore.
A notre arrivée, on élaguait ces haies – Il était bien temps !
SUR LA ROUTE, LA GAIETÉ RÉGNTAIT DANS L’AUTOCAR
C’était, hier matin, grande fête au couvent des sœurs du Sacré-Cœur de la Salle-de-Vihiers, à l’occasion de la prise d’habit des postulantes religieuses.
Un grand car, de la maison Haye, de Saumur, emportait à cette cérémonie de nombreux parents et amis et, au reçu de cette lamentable nouvelle, on craignait que ce ne fût cette voiture qui ait été accidentée. A ce sujet, nous devions bientôt être rassurés.
Il s’agissait d’un auto-car de la Compagnie départementale de la Vienne dont le directeur, M. Lafont, habite, 1 boulevard de Verdun, à Poitiers, conduit par le chauffeur M. Léon Chagnon de Poitiers également, qui transportait 23 personnes à cette solennité religieuse.
« La gaieté, nous a déclaré une passagère, régnait dans le car, chacun se faisant hâte et fête d’assister à la cérémonie. Il y avait même, parmi nous, la famille Chauvin, de Chiré-en-Montreuil, qui se faisait grande joie d’assister à la prise d’habit d’une de leur fille, une autre étant déjà religieuse à cette communauté. Nous allions bientôt arriver au terme de notre voyage, encore quelques kilomètres, lorsque, soudain, sans avoir rien aperçu, nous ressentimes un choc formidable. Nous venions de nous télescoper avec le train et tous les voyageurs étaient plus ou moins blessés. Je ne saurais ajouter autre chose que, bientôt, l’auto qui nous transportait était la proie des flammes ! »
LE CHOC FUT FORMIDABLE
Il était huit heures du matin, lorsque le train 111 de la Compagnie de l’Anjou, qui quitte Cholet à 6 h 45 pour se rendre à Saumur, aborda le P.N. de Montioux.
Le mécanicien du train, M. Pasquier, du dépôt de Beaupréau, nous a affirmé qu’il avait actionné le sifflet avertisseur ; le conducteur du car, de son côté, a déclaré n’avoir entendu aucun appel.
M. Pasquier – « J’ai sifflé et ralenti la marche de mon convoi ; je n’ai pas vu venir le car qui est venu buter dans l’arrière de la locomotive, de mon côté, et à hauteur des rampes. »
– Vous avez dû avoir grand peur ?
– Ce fut si rapide que je n’ai même pas eu le temps d’avoir peur ! Sur le coup, je ne ressentais rien, mais maintenant, je souffre du bras droit. Le chauffeur Robé, du dépôt de Beaupréau également, est assez sérieusement blessé à la tête, mais ce ne sera rien, espérons-le ! »
Le convoi était déjà engagé sur la route, lorsque le car qui dévalait la pente en tenant parfaitement sa droite vint se jeter contre l’arrière de la locomotive. Le choc fut à ce point terrible que la machine fut littéralement arrachée des rails et qu’elle vint s’arrêter en bordure d’un champ de blé fraîchement coupé, dans une position presque perpendiculaire par rapport à son sens de marche, c’est-à-dire l’avant dirigé vers Argenton.
Quant à l’autobus qui avait tordu les rampes de la locomotive, il faisait un tête-à-queue complet, était rejeté sur le côté gauche de la route et s’enflammait.
Ce fut le « sauf qui peut » général, les voyageurs du train, au nombre de trois ou quatre – on se demande si le réseau de l’Anjou a encore des raisons d’exister étant donné le trafic réduit – sautèrent sur le ballast cependant que ceux du car se précipitaient ver les portières, au milieu des cris d’affolement et de la confusion générale.
Les flammes de l’auto, poussées par un vent d’Ouest, se rabattaient bientôt sur le seul wagon de voyageurs du train 111 dont la charpente fut complètement réduite en braises ; les flammes se propageaient également sur le fourgon de queue que l’on put détacher à temps et à un poteau de la ligne téléphonique qui fut à demi calciné.
Pendant ce temps le car continuait à flamber et les premiers arrivants constatèrent que les langues de feu atteignaient par moment la hauteur d’un second étage. Néanmoins les 24 passagers purent sortir de cet « enfer ».
Hélas ! tous les 24 étaient blessés.
LES SECOURS S’ORGANISENT
Les secours s’organisèrent très rapidement.
Les docteurs Bazin et Coudert, de Vihiers, et les gendarmes de cette brigade, furent les premiers sur les lieux, suivis à quelques secondes de la moto-pompe de la subdivision des sapeur-pompiers qui, sous les ordres du lieutenant Monéger, s’alimenta à une source située à 250 mètres environ de là et combattit le sinistre avec efficacité et promptitude.
Cependant que les gendarmes procédaient aux premières constatations, les deux médecins, dont il faut signaler le dévouement, se prodiguèrent inlassablement dès le début de la catastrophe pour panser les blessures des infortunés voyageurs et les faire diriger vers l’hôpital-hospice de Vihiers où les Sœurs de Saint-Charles les réconfortèrent par de douces paroles et leur donnèrent les soins que l’état de chacun nécessitait.
LES AUTORITÉS ARRIVENT SUR LES LIEUX
La nouvelle se répandit comme une traînée de poudre et bientôt arrivèrent MM. Catroux, maire de Vihiers ; Hamon, maire de Saint-Hilaire-du-Bois, et de La Selle, maire de Nueil-sur-Layon. L’adjudant Boissonnot, chef de la brigade de Doué et commandant par intérim la section de gendarmerie de Saumur, dirigea l’enquête, assisté du chef Harault et des gendarmes de Vihiers, en attendant l’arrivée des magistrats du Parquet de Saumur.
MM. Ancelin, Procureur de la République ; Livinec, juge d’instruction, et Aubert, Greffier, ne tardèrent pas à arriver à leur tour suivis du commandant de gendarmerie, M. Mahé, d’Angers, et de M. Stirn, préfet de Maine-et-Loire.
Il nous faut encore noter l’arrivée de MM. Vézin, ingénieur des Ponts et Chaussées, à Angers, et Le Tessier, ingénieur T.P.E., à Saumur, plus spécialement chargés de l’enquête technique.
Nous avons pu joindre les blessés à l’hôpital de Vihiers. Les sœurs glissaient légèrement sur le parquet ciré, allant de l’un à l’autre, donnant à celui-ci la potion, faisant à tel autre la piqûre calmante ordonnées par les praticiens. Toutes les victimes étaient là, à l’exception de deux jeunes filles qui, après pansements, avaient été autorisées à se rendre à la Salle de Vihiers, du chauffeur et du mécanicien, dont l’état n’avait pas nécessité l’hospitalisation.
La plupart sont blessés à la tête. Que d’yeux et de nez tuméfiés, de coupures à la face, de plaies aux jambes. Que de sang ! Il y en avait partout, dans la cour et sur le plancher des salles.
Cette maison de douleurs présentait hier matin, une véritable vision d’horreur sur laquelle il est préférable de ne pas nous étendre davantage.
LES BLESSÉS
Ainsi que nous le disons plus haut, il y a 26 blessés. En voici la liste :
M. Chagnon Léon, 23 ans, chauffeur du car, demeurant à Poitiers. Mme Chauvin Henriette, 54 ans : M. Chauvin Alphonse, 50 ans, et leurs trois enfants : Louis, 18 ans ; Henriette, 20 ans et Madeleine, 12 ans, tous de Chiré en Montreuil (Vienne) ; Mme Bonnet Léontine, 54 ans, et Mlle Bonnet, 12 ans, de Chiré ; M. Thiollet Paul, 54 ans ; Mme Thiollet Augustine, 41 ans, de Lapillé ; Mlle Cacault Henriette, 20 ans, de Auron ; Mlle Marie-Louise Brin, 13 ans, de Chiré ; Mme Eugénie Grison, 45 ans, des environs de Chiré ; Mme Louise Quinqueriau, 53 ans ; Mlle Quinqueriau Georgette, 34 ans, de Chiré ; M. et Mme Joseph Rault et leur fille, de Chiré ; Mme Geniteau Léontine, 58 ans, de Thouard ; Mlle Gisèle Herboireau, 25 ans, de Chiré ; abbé Abonneau, curé de Chiré et abbé Lotte, curé de Latillé.
A cette liste, il faut ajouter MM. Robé, chauffeur et Pasquier, mécanicien du train ainsi que les deux jeunes filles dont nous n’avons pu connaître les noms et qui ont pu se rendre à la cérémonie de la prise d’habit au couvent de la Salle de Vihiers.
Deux personnes sont plus grièvement atteintes. Ce sont : l’abbé Abonneau dont on craint la perte de l’œil gauche et Mme Cacault qui porte une fracture ouverte du maxillaire droit.
A midi, le docteur Bazin pensait que le soir même, tous les blessés à l’exception de ces deux derniers pourraient regagner leur domicile
LES DÉGÂTS MATÉRIELS
La collision du passage à niveu de Montioux, indépendamment du nombre des victimes qu’on a à déplorer, a causé des dégâts matériels considérables.
En effet, le wagon de voyageurs du train 111 est complètement détruit, ainsi que l’autocar ; l’un et l’autre ne représent plus qu’un amas de ferrailles tordues. Il ne reste pas le moindre vestige de charpente de bois ou de tapisseries. Bien plus, les pneus de l’autobus ont littéralement fondu sous l’empire de la chaleur. Les photos prises sur place par M. Decker, photographe à Saumur, en fourniront la preuve ; nous les reproduirons dès demain.
LE TRAFIC A ÉTÉ RÉTABLI
Le trafic a pu être rétabli hier après-midi et la voie remise en état.
A 10 heures, hier matin, une automotrice assurant le service Angers-Cholet a été réquisitionnée pour transporter les voyageurs venant de Saumur sur Cholet. Le train se dirigeant sur Cholet a refoulé sur Saumur, emportant les quelques personnes, les marchandises et le courrier postal qui se trouvaient dans le train télescopé.
Ajoutons que le poteau de la ligne téléphonique qui avait été détruit par l’incendie du wagon a été remplacé vers 11 heures 30 hier matin et la ligne remise en état de fonctionner pour midi.