Exemptés d’impôts à Montreuil-sur-Maine, 1691

la plupart des maisons du bourg sont occupées par les femmes des gardes du sel, qui ne sont aucunement taxées, ce qui porte un notable préjudice

Ceci est extrait du PV dressé devant notaire, à la demande du procureur de la fabrique de Montreuil-sur-Maine (Maine-et-Loire), le 31 août 1691.
Ce PV obéit à l’ordonnance de sa Majesté portant qu’il sera fait procès verbal en chaque paroisse des pertes et ruines arrivées depuis l’année dernière. Le procureur de fabrique, René Riveron, déclare :

  • en premier lieu que les nommés Brart et Poitrin ont sorti de ladite paroisse pour aller demeurer en celle du Lion d’Angers, qui étaient taxés environ 20 L tant au sel qu’à la taille,
  • qu’il y a la métairie de la Censive désertée et abondonnée où il y avait 60 L tant pour la grand taille que l’ustencile, et 11 mesures de sel, (je crois savoir que cette année là, Georges Bouvet étant décédé, la succession n’est pas réglée entre les héritiers, mais je ne soupçonnais pas que cela puisse engendrer des pertes de récolte)
  • que la plupart des maisons du bourg sont occupées par les femmes des gardes du sel, qui ne sont aucunement taxées, ce qui porte un notable préjudice
  • et que les fruits des arbres sont en très petite quantité n’en ayant qu’en très peu d’endroits, ce qui faisait une bonne partie pour aider à payer les tailles
  • Célestin Port (Dictionnaire Historique du Maine-et-Loire) est muet sur le poste de gabelle à l’article MONTREUIL SUR MAINE, et la phrase du PV peut s’entendre comme un poste qui n’est pas au bourg. Les femmes ne vivent pas au poste mais au bourg, et recevraient leur mari de temps à autre ? Du moins c’est ce que je comprends, et vous ?
    Je n’avais envisagé le mode de vie des épouses, et ce tout petit PV est une aubaine, qui nous rend ce petit morceau d’histoire de la gabelle.

    J’ai déjà dépouillé deux rôles pour Montreuil (le sel, l’ustencile), et j’ai été frappée par l’absence du bourg. Voici donc l’explication. Les gabelous (et leurs épouses) sont exonérés d’impôt, sans doute en temps que militaires, car autrefois les métiers à risque de sang étaient exonérés. Ainsi des nobles…

    C’est Françoise de Person, dans son ouvrage Bateliers, contrebandiers du sel 17e-18e siècles, Rennes, 1999, qui m’a fait comprendre la vie des brigades volantes sur Loire, et le trafic important de la rivière autrefois pour la contrebande aussi. A lire absoluement par tous ceux qui descendent d’un garde du sel sur eau.
    La Maine possédait ses brigades de gabelle, et les épouses étaient bien au chaud au bourg de Montreuil, les hommes le plus souvent sur l’eau : brigade volante.

    Je n’oublie pas la liste des apothicaires en 1559 à Angers, elle arrive. Vos pronostics sont parfaits, ils sont un peu plus de 25.

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    Le rôle de taille de Faye d’Anjou en 1635

    vignerons des côteaux du Layon

    Le rôle de taille de 1635 de la paroisse de Faye sous Thouarcé est d’autant plus précieux que les registres paroissiaux ne commencent qu’en 1668 !

    Il y a une semaine nous fêtions l’arrivée de la confiserie, douceur pour Noël. Aujourd’hui je vous propose la douceur des vins d’Anjou pour le réveillon, douceur historiquement tellement ancienne !
    Je mets ce jour en ligne le dépouillement du rôle de taille de Faye sous Thouarcé en 1635.
    Le métier est très souvent donné. Voici en ordre alphabétique :

      Charbonnier (1), charpentier (5), closier (3), cordonnier (1), fagottier (3), faulconnier (1), fermier (2), filassier (4), forestier (1), laboureur (11) maçon (1), marchand (4), maréchal (3), mercier (1), métayer (10), meunier (10), noble (5), notaire (2), pauvre (10), prêtre (4), sabotier (4), sergent royal (2), serger (5), tailleur d’habits (5), tissier (8), tonnelier (7), veuve (56), vigneron (142), indéterminé (35).

    Au passage, soulignons un métier peu fréquent, le faulconnier. Les faucons étaient-ils utilisés pour la chasse dans les vignes ? je vous pose la question, d’autant qu’il y a 5 familles nobles ayant droit de chasse.
    Les métiers de la vigne dominent avec 142 vignerons et 7 tonneliers. Le taux d’imposition des vignerons atteste une grande disparité des revenus : ils paient en moyenne 7,6 livre avec un écart-type de 5,5 ; 9 d’entre eux sont dans la misère avec moins d’une livre. Cependant ces chiffres ne donnent pas les vignerons plus aisés que la moyenne de la paroisse, en effet, dans ce calcul ne sont inclus que les vignerons actifs, alors que de nombreuses veuves et pauvres sont manifestement des mères de vignerons.

    Ce rôle atteste deux phénomènes démographiques importants :
    Le premier point important concerne le nombre de feux, c’est à dire de contribuables. En 1635, la paroisse de Faye compte 346 feux. Sachant qu’on compte habituellement 5 personnes par feu, il y aurait 1 730 habitants. Ce chiffre paraît élevé, comparé aux chiffres connus par ailleurs « 260 feux en 1720. — 1 174 hab. en 1790. — 1 297 hab. en 1831. — 1 229 h. en 1841. — 1 275 hab. en 1851. — 1 220 hab. en 1861. » (C. Port, Dict Maine et Loire, 1876) Il semble que le nombre de contribuables, normalement égal au nombre de feux, doit être revu à la baisse. En effet, il y a un nombre élevé de personnes seules en particulier de veuves. Lorsque j’ai retranscris le document original, j’avais le sentiment parfois que des personnes seules habitaient manifestement le même toit, car il est impossible d’avoir eu tant de personnes seules et tant de toits. J’ai même pensé à un hospice pour personnes démunies ou autres… Mais je n’ai en fait aucune explication…
    Le second point important, voire même surprenant, est la diversité des noms de famille. Généralement, à cette date de 1635, les noms de famille dans une paroisse attestent l’enracinement local de certains patronymes. Or, le rôle de Faye en 1635 donne 205 noms (pour 346 feux) différents sans compter les orthographes variables d’un même nom, que j’ai bien sûr éliminées. Il s’agit donc d’une population plus brassée que dans les paroisses agricoles du nord de l’Anjou. La vigne devait donc attirer, bien que les revenus ne soient pas supérieurs à ceux des cultivateurs du nord de l’Anjou, malgré la qualité du vin de Faye.
    Partant, ce rôle ne sera d’aucune utilité aux généalogistes, compte tenu du fossé entre 1635, date du rôle, et 1668, date du premier registre paroissial, soir plus d’une génération ! Mais surtout, le brassage de population y est tel qu’il n’est pas possible de prédire la stabilité des familles !
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    Voir le rôle de taille de Faye-d’Anjou

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