Claude Delacamucière, joueur d’instruments, loue maison et jeu de paume, Angers 1552

table des autres actes traitant des musiciens

Musique autrefois, dans nos campagnesContrat de compagnie de musiciens, Angers, 1557
Françoise Delestang et Gilles Bouvier, joueur de luth, son mari ont acheté 2 pipes de vin, Angers 1582Testament de Marc Langlais, violon du roi : Angers 1591Psalteur : joueur de psaltérion, ou bien chanteur de psaumes ?Contrat d’apprentissage de joueur d’instruments de musique, Angers 1605Contrat pour 5 joueurs de hautbois à la fête du Sacre, Angers 1617
Jean Auvinet, joueur de luth à Chinon, venu à Angers pour le 1er de l’an 1602 –  Claude Delacamucière, joueur d’instruments, loue maison et jeu de paume, Angers 1552  –  Pierre Savin, musicien déficient visuel, venu de Loudun à Angers, 1622  –  Le musicien loue une chambre avec droit d’aller et venir la nuit, et y recevoir des étudiants pour danser, Angers 1548

introduction

Voici encore sur mon blog un joueur d’instruments, c’est ainsi qu’on appelait au 16ème siècle les musiciens. Il a le bail à rente c’est à dire location, d’une maison et d’un jeu de paume, et sous loue le tout. Je vous ai mis les liens vers les autres actes que j’ai déjà sur mon blog concernant des musiciens, et j’ai encore un acte concernant un musicien que je vous mets prochainement, en l’amour de la musique, que nos ancêtres n’ont pas dû beaucoup entendre et j’y pense souvent. En outre, je vous mets demain tout ce que j’ai sur les jeux de paume en Anjou car j’en ai aussi plusieurs.

Retranscription de l’acte avec l’orthographe originale 

Cet acte est aux Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E2 – 




Le 6 may 1552 en la court du roy notre sire à Angers, endroit, par devant nous (Marc Toublanc Notaire Angers) personnellement establyz Claude de la Camechière (signe Delacamucière, type de signature non noble) le Jeune joueur d’instrumens demeurant en ceste ville d’Angers sieur et possesseur d’une maison en appentiz avecques ung petit jardein et un jeu de paulme par et au moyen de certain bail à rente amphitéotique à luy faict par révérend père en Dieu monseigneur Oudet de Bretagne abbé commandataire de Toussaint d’Angers d’une part, et honneste personne Françoys Dehayes … demeurant audit Angers d’autre part, lesquels et chacuns d’eulx soubmis et obligés d’une part et d’autre par foy et par serment soubz la court royale d’Angers eulx leurs hoirs etc confessent etc avoir fait et font entre eulx les marchez de beil et prinse à louaige trouchant les choses heritaulx cy dessous et après déclarées en la manière que s’ensuit (f°2) s’est à savoir que ledit Delacamechière a baillé et baillé par ses présentes audit Deshayes et Renée sa femme absente qui a prins et prend tant pour luy que pour sadite femme pour eulx et leurs hoirs audit tiltre de louaige et non autrement du jour et feste de St Jehan Baptiste prochainement venant jusques à 9 ans et 9 années à venir consequitives l’une l’atre sans intervalle de temps et finissant à pareil jour icelles révolleues, ladite maison en appentiz avecques ledit petit jarderin et ledit jeu de paulme le tout en ung tenant, sise sur la rue courte de la ville d’Angers et depéndante de ladite abbaye de Toussains joignant d’un cousté aux appartenances de la maison Barault d’aultre costé à une maison dépendant d’un couvent de ladite abbaye à ung jarderin dépendant d’icelle abbaye abouctant d’un bout aux jarderin dudit couvent une allée entre (f°3) deulx d’autre bout à la rue courte et tout ainsi que lesdites maison jarderin et jeu de paulme dessus déclarés et confrontés se poursuivent et contiennent o leurs appartenances et dépendances, pour jouyr par ledit preneur desdites choses audit tiltre de fermage y commerser et habiter bien et honnestement et user du tout comme ung homme de bien bon louaigez et … est tenu faire, à la charge de tenir et entretenir toutes lesdites choses cy dessus en bonnes et suffisantes réparations et les y rendre ladite ferme finye, et est faicte ladite baillée prinse et acceptation de fermaige cesdites choses par ledit bailleur audit preneur pour en poyer et bailler en oultre ce que dessus par ledit preneur audit bailleur ou à sa femme et ou à leurs hoirs etc ou à leur certain communauté par chacunes desdites années la somme de 40 livres tz par chacun des jours et festes de Nouel et St Jehan Baptiste par moitié le premier terme et (f°4) poyement commanczant à Noueil prochainement venant et à continuer lesduts autres poyements de terme en terme ledit temps durant, et a esté dict et expressemend accordé entre les partyes que ledit Deshayes sera tenu et a promis poyer audit Delacamechière ou à sadite femme ou à leurs hoirs etc la somme de 20 livres tz dedans ledit jour et feste de St Jehan Baptiste prochainement venant icelle somme faisant moictié de 40 livres pour la moictié du louaige desdites choses qui avoient esté baillées auparavant à pareil tiltre de louaige audit Deshayes par frère Pierre Devaulx chambrier dudit moustier et abbaye de Toussains et Me Pierre Couiz recepveur dudit révérend abbé et lequel Delacamechière bailleur a promis et ce faisant faire contant lesdits Devaulx et Couis faire quite ledit Deshayes du contenu audit bail afferme à luy fait (f°5) par lesdits Devaulx et Couyz passé par devant Estienne Quetin aussi notaire à Angers le 6 mars 1550, aussi a esté dict et accordé que ledit Delacamechière ne sera tenu au garentaige desdites choses que pour le temps qu’il en sera seigneur et que ledit reverend abbé sera abbé de ladite abbaye et poyera ledit Deshayes les sommes deues audit louaigeg au prorata du temps qu’il en aura jouy et de tout ce que dessus lesdites partyes sont demeurées à ung et d’accort tellement que à se tenir et accomplir et à garentir lesdites choses baillées par ledit bailleur audit preneur de tous troubles et empeschements envers et contre tous aussi et en la manière cy dessus est dict seulement et ensemble ledit preneur poyer et bailler lesdits sommes aux termes et ainsi que dict ests et aux dommaiges etc ont obligé et obligent lesdites partyes d’une part et d’autre eulx et leurs hoirs et ledit preneur ses biens à prendre vendre etc (f°6) renonçant etc foy et jugement condemnation etc ce fut faict et passé audit Angers es présence de René Jedon et Estienne Cuppif marchans en ceste ville d’Angers

 

 

 

 

De Laval et Château-Gontier à Nantes, en passant par Héric, ils ne commercent pas tous, mais se tiennent.

Voici des Nantais pas tout à fait nés à Nantes, mais bien à Laval, ou en Anjou. Ils ne sont pas tous dans le commerce avec les Colonies d’Amérique : Saint-Domingue mais ils forment un groupe qui s’entre parrainent entre autres.  Mais comment René-Nicolas Lemesle, natif de Bouère près Château-Gontier les a-t-il suivis ? car ils lui servent bien de clan à défaut de l’éloignement de sa famille. Il aurait même été à Saint Domingue du temps de sa première épouse, Marie Batard. Un rôle d’embarquement le donnerait natif de Bouère, et merci de me communiquer ce rôle car je travaille toujours avec les preuves à l’apui, car ce qui suit est mon travail entièrement vérifié. Voici ce que j’ai trouvé sur lui, sachant que les Lemesle sont nombreux en Haut-Anjou, mais je n’ai trouvé aucun lien avec les miens :

Pierre Lemesle x /1670 Charlotte Martin

Je n’ai pas trouvé le mariage au Buret et je n’ai trouvé que 2 baptêmes. Pas d’autres Lemesle non plus.
Le Buret est situé à 15 km au Nord Est de Château-Gontier.
Industries anciennes ; des forges à bras alimentées par les bois de la forêt de Bouère ont laissé, à fleur de terre, d’abondantes scories de fer à la Rochette. On trouve encore, comme localités, la Forge et les Grandes-Forges. Le tissage des toiles occupait un grand nombre de bras aux XVII et XVIII s.

Pierre LEMESLE †1708/ x Charlotte MARTIN
1-Pierre LEMESLE °Le Buret (53) 4 juillet 1669 « baptisé Pierre fils de Pierre Lemesle et Charlotte Martin parrain Michel Chabot marraine Catherine Garot » x Château-Gontier St Jean 10 juin 1697 Louise BOUVET Dont postérité suivra
2-Etienne LEMESLE °Le Buret 7 juillet 1672 « baptisé Etienne fils de Pierre Lemesle et Charlotte Martin, parrain Etienne Verite marraine Saincte Desnois » x Château-Gontier St Jean 7 janvier 1705 Marguerite GODUNEAU « mariage Estienne Lemesle marchand fils de Pierre Lemesle et defunte Charlotte Martin, et Marguerite Goduneau fille de defunt Mathurin et Marguerite Garbé présents Pierre Lemesle père, Pierre Lemesle frère, Jean Beaumont beau frère François Lefaivre/Lefauvre oncle du marié »
3-probablement Sainte marraine avec Etienne du fils de Pierre en 1704

Pierre Lemesle x1697 Louise Bouvet

Mariage à Château-Gontier St Jean par les curés de St Jean et de Grez « 10 juin 1697 Pierre Lemesle fils de Pierre Lemesle marchand et Charlotte Martin, et Louise Bouvet fille de René Bouvet concierge des prisons de cette ville et de Martine Barbé » – Remariage à Bouère « le 9 juillet 1708 Pierre Lemesle marchand boisselier veuf de Louise Bouvet, et Jacquine Cossé veuve de Jean Chollet, présents Pierre Lemesle père du marié, Me René Bouvet beau-frère du marié, Pierre Cossé frère de la mariée, François Delhommeau beau-frère de la mariée, Jacques et Jean Cossé ses cousins germains »
Le boisselier fabriquait boisseaux pour mesurer le grain, écuelles, seaux pour l’eau et pour le lait, et m même des gobelets.

Pierre LEMESLE °Le Buret (53) 4 juillet 1669 x1 Château-Gontier St Jean 10 juin 1697 Louise BOUVET [je n’ai pas trouvé son décès] x2 Bouère 9 juillet 1708 Jacquine COSSÉ
1-Louise LEMESLE °Bouère 23 février 1698 « baptisé Louise baptisée à la maison, fille de Pierre Lemesle et Louise Bouvet parrain Pierre Lemesle marraine Mathurine Barbé » †Bouère 9 février 1699
2-Pierre-François LEMESLE °Bouère 30 janvier 1699 « baptisé Pierre François fils de Pierre Lemesle et Louise Bouvet parrain Jean Fourmont huissier royal marraine Françoise Pinault épouse de maistre Jacques Heulier procureur fiscal »
3-Jacques LEMESLE °Bouère 1er septembre 1700 « baptisé Jacques fils de Pierre Lemesle (ns) et Louise Bouvet parrain vénérable et discret Me Jacques Lesourd prêtre curé de cette paroisse, marraine Jeanne Bruneau épouse de Me Philippe Coüet notaire royal »
4-Marie LEMESLE °Bouère 7 août 1701 « baptisé Marie née hier fille de Pierre Lemesle et Louise Bouvet parrain René Coisnon marraine Marie Bouvet (s) »
5-René-Nicolas LEMESLE °Bouère (53) 21 août 1703 « baptisé René-Nicolas né hier fils de Pierre Lemesle et Louise Bouvet parrain Nicolas Moquereau marraine Jeanne Sesboué » x1 Marie BATARD x2 Nantes St Nicolas 16 mars 1745 Jeanne BELLANGER Dont postérité suivra
6-Louis LEMESLE °Bouère 25 août 1704 « baptisé Louis fils de Pierre Lemesle et Louise Bouvet parrain Estienne Lemesle marraine Sainte Lemesle »
7-Jacques LEMESLE (du x2 Jacquine Cossé) °ca 1709 x Pontigné (49) 3 février 1739 Jeanne JOUSSEAUME

René-Nicolas Lemesle x2 Jeanne Bellanger

Remariage à Nantes St Nicolas en la chapelle de la Bourse « le sieur René Nicolas Lemesle veuf de demoiselle Marie Batard, demeurant à St Similien, et demoiselle Jeanne Bellanger, mineure, fille de feu sieur Jacques Bellanger et demoiselle Marthe Angélique Formentin (aliàs Fromentin) de St Nicolas, présents Me Louis Tournoux cousin par alliance de l’époux[1], Edme Montreuil ami de l’époux, François Cohadon négociant demeurant à la Fosse, cousin germain de l’épouse, demoiselle Marthe Angélique Formantin mère de l’épouse »

René-Nicolas LEMESLE °Bouère (53) 21 août 1703 Fils de Pierre LEMESLE et Louise BOUVET x1 Marie BATARD x2 Nantes St Nicolas 16 mars 1745 Jeanne BELLANGER
1-René Abraham Luc Polycarpe LEMESLE °Nantes Ste Croix 30 juin 1746 « baptisé fils de n. h. Nicolas Lemesle et dame Jeanne Bellanger, parrain René Beguyer[2] docteur professeur en la faculté de médecine de Nantes, ancien recteur de l’Université, marraine dame Marthe Angélique Fromantin femme de n. h. Pierre Duchemin[3] sieur de la Favardière (Bonchamp-lès-Laval, 53) »
2-Jeanne Rose LEMESLE †Nantes Ste Croix 19 janvier 1766
3-René Michel LEMESLE °Nantes Doulon 26 août 1749 « baptisé fils de n.h. René Lemesle et dame Jeanne Bellanger, parrain Michel Bellanger oncle, marraine dame Marie Mazeau femme de Me Miraillet »
4-Perrine LEMESLE °Nantes Doulon 22 mai 1753 « parrain n.h. Jean Pierre Hamart directeur général des Postes et receveur de son altesse le prince de Condé en la ville de Nantes, marraine demoiselle Marguerite Tarel »
5-Jean Fidèle Amant LEMESLE †Nantes Ste Croix 15 avril 1759 « mort hier à 4 an et demi »
6-Joseph Jacques LEMESLE °Nantes Ste Croix 14 mars 1756 « parrain Jacques Joseph Bazillays, parent au 4° degré, marraine demoiselle Jeanne Rose Lemesle sœur » †Nantes Ste Croix 27 avril 1759
7-Marthe Angélique LEMESLE °Nantes Doulon 28 juillet 1757 « parrain n. h. Jean Hamard[4] directeur des postes, oncle maternel par alliance, marraine dame Marthe Angélique Fromentin femme de n.h. Pierre Duchemin Favardière négociant à la Fosse ayeule maternelle »
8-Marie-Victoire LEMESLE °Nantes Ste Croix 15 mars 1759 « parrain n. h. Jean Verrier marraine dame Marie Dubois »
9-Henriette Félicité LEMESLE °Nantes Ste Croix 17 avril 1761 « parrain Henry Auguste Chorel sieur de Clais, marraine demoiselle Jeanne Rose Lemesle sœur »

[1] Louis Tournoux °Héric 12 août 1702 †Nantes Ste Croix 28 mai 1776, avocat au parlement de Bretagne, petit-fils de Jeanne Lebastard, époux de Jeanne de la Grange.
[2] René Beguyer °Angers 14 décembre 1706 †Saint-Géron (44) 13 juillet 1775, professeur en médecine à l’Université de Nantes x Bouzillé (49) 5 août 1737 Marguerite Haultebert – SP
[3] Duchemin, famille type de la société lavalloise au XVII et au XVIII s., qui en posséda au plus haut degré les qualités : l’activité et l’intelligence des affaires, la vitalité féconde ; peu soucieuse d’ailleurs des titres que presque tous enviaient quand ils étaient arrivés à la fortune ; moins ambitieuse des charges de magistrature que des fonctions électives ; attentive surtout à pourvoir tous ses membres, malgré l’égalité des partages, des biens et des avantages de la fortune. Les titres des terres que les diverses branches substituaient volontiers à leur nom patronymique sont comme innombrables, et attestent à quel point les affaires prospéraient entre leurs mains. Les Duchemin de la Vauzelle, de la Brochardière, de Barbain, des Barberies, du Boismorin, du Tertre, de la Gimbertière, des Loges, du Noisement, de la Jarossais, de la Babinière, de la Hennerie, du Boisjousse, du Bois-du-Pin, de la Baboisière, du Valbleray, du Clos, de la Favardière, de Beaucoudray, de la Lande, des Jouannières, de Mottejean, de la Maisonneuve, de la Morinière, du Pré-Boudier, de Vaubernier,sont loin de représenter toutes les ramifications et toute la fortune territoriale de la famille. On leur trouve des armoiries variées : François D., sénéchal de Thévalle, a sur son écu une palme à trois branches avec une fasce brochante,1555 ; Thomas Duchemin se sert d’un cachet ayant dans le champ une couleuvre et, en exergue, Dumspiro sperabo ; Duchemin du Boisjousse porte un chevron accompagné de 3 étoiles rangées en chef et d’un croissant montant en pointe ; Duchemin-Maisonneuve, un arbre enraciné,1765 ; Duchemin du Châtelier, de Vaiges, une porte de ville,1778 ; d’autres branches ont dans leurs armes un chameau, et varient les émaux et couleurs. Les notices isolées ou groupées qui suivent donneront une idée de cette famille si vivace, active et ramifiée.
Tome IV : Cette famille lavalloise, si active et vivace, devait être représentée dansles colonies. Nous y trouvons : Joseph Duchemin des Roches, mort le 11 décembre 1763, à Saint-Domingue, où était aussi son frère François, et dont la sœur avait épousé Et.-Elis. d’Aubert ; — Louis-Corentin D. de la Baboisière, mort à la Guadeloupe, en avril 1762 ; — Jacques D. de la Baboisière, mort à Saint-Domingue en 1775
[4] Jean Hamard °Laval St Vénérand 30 avril 1722 Directeur des Postes à Nantes x Saint-Julien-de-Concelles 4 novembre 1755 Jeanne Rose Duchemin fils du sieur de la Favardière

Partage du peu de biens de Laurent Grosbois et Charlotte Gohier, Loiré 1705

La famille Grosbois dont je descends possédait très peu de biens et ce partage, fait devant 2 notaires, dont l’un ne demeure pas sur place, donc a manifestement compté ses frais de déplacement, autrefois à cheval, a dû coûter presque la valeur des biens, sinon plus car on est dans l’ordre de quelques dizaines de livres seulement pour les biens. Ni les garçons ni les filles ne savent signer. Alors que chez les Delimesle, leur allié, mon ascendant lui aussi, on sait signer. Pour ces familles, qui  possèdent très peu de biens fonciers, c’est un placement qui permet seulement de survivre aux années pauvres… un peu comme votre livret actuel de Caisse d’Epargne, qui n’est pas un bien foncier mais permet de survivre en cas de crise.
J’ai une magnifique page sur Loiré, allez la voir. Je vous ai mis ci-dessus l’une de mes cartes postales, car elle est ma préférée, même si les Postes n’existaient pas déjà en 1705 et si je ne sais si il y a encore un bureau de poste en 2023…

J’ai trouvé cet acte aux Archives Départementales du Maine-et-Loire, série (AD49-5E20/122 dvt René Poillièvre Nre de la baronnie de Candé au Bourg-d’Iré, et Pierre Allard Nre royal à Nyoiseau) – Voici sa retranscription (voir ci-contre propriété intellectuelle) :



Le 22 août 1705 par devant nous René Poillièvre notaire de la baronnye de Candé résidant au bourg du Bourg d’Iré, et Pierre Allard notaire royal en la sénéchaussée d’Anjou Angers résidant à Nyoiseau furent présents establis et deubment soubsmis et obligés soubz icelle honnorables personnes Jean Delimesle marchand fouleur de draps et Charlotte Grosbois sa femme, de luy deubment authorisé par devant nous quant à ce, demeurants au moulin d’Orveaux à SaintAubin-du-Pavoil d’une part, et honorable homme Anthoine Grosbois maréchal en œuvres blanches demeurant au village de la Lande des Cormiers paroisse de Loiré, lesdits Charlotte et Anthoine enfants et héritiers chacun pour une cinquième partye avecq Jacques, René et François les Grosbois, enfants de honnorables personnes de Laurent Grosbois et Charlotte Gohier leur père et mère, ledit Anthoine Grosbois tant en son nom propre que comme ayant les droits dudit François Grosbois leur frère commun, entre lesquels Delimesle et femme, et Anthoine Grosbois establis a été fait l’accord qui suit en forme de transaction en partage, c’est à savoir qu’au moyen de ce que lesdits Anthoine, Jacques, René et François les Grosbois se sont amiablement accomodés ensemble au subjet des partages des biens desdits défunts Grosbois et Gohier leurs père et mère, du consentement et en la présene desdits Delimesle et femme pour éviter toute contestation (f°2) entre eux et afin de ne point rompre et diviser si peu de biens qu’ils peuvent avoir, iceux Delimesle et femme en conséquence de promesses verbales qu’ils auraient faite audit Anthoine Grosbois et aux autres frères et sœurs, ont bien voulu se contenter pour le droit de partage appartenant à ladite Charlotte Grosbois épouse dudit Delimesle, d’une petite portion de terre située dans le jardin des Landes proche ledit village de la Lande des Cormiers paroisse de Loiré en ce qui dépend de ladite succession, joignant du costé vers solleil levant une haye qui est entre ladite portion et la terre de René Maulnoir et vers solleil couschant la terre de Mathurin Hullin écuier sieur de la Couldre à cause de la dame sa femme, aboutté vers midy la terre dudit Jacques Grosbois et vers galerne la terre dudit Maulnoir par une part, et de 8 livres de rente par chascun an à présenter par forme de retour de partaige, outre la somme de 40 livres aussi par forme de retour que ledit Anthoine Grosbois a ct devant payée en monnoye ayant cours auxdits Delimele et Charlotte Grosbois sa femme ainsi qu’ils ont recovneu et sont demeurés d’accord devant nous, laquelle rente ne se pourra admortir que du consentement desdits Delimesle et femme leurs hoirs ayants cause au moyen qu’ils ne la cedassent à quelques autres personnes, auquel cas ledit Anthoine Grosbois en pourra faire l’admortissement soit tout ou partie à proportion de ce qui en sera cedé à raison du denier vingt (f°3) qui ferait en tout le principal de ladite rente en retour de partage à la somme de 160 livres sans néantmoings aussy qu’il puisse estre contraint de l’admortir, laquelle rente ou retour annuel se payra à chasque jour de Toussaints le premier payement d’icelle commençant au jour et feste de Toussaints prochaine et à continuer en avant d’année en année et de terme en terme au moyen de quoy iceux Delimesle et femme ont consenty et par ces présentes consentent que ledit Anthoine Grosbois jouisse et dispose en plainne propriété des autres biens despendants desdites successions en ce qui en auroit apartenu à ladite Charlotte Grosbois pour son droit de partaige et l’ont quitté et quittent de la somme de 8 livres pour une année de ferme d’une part desdits biens escheue à la Toussaints dernière et se garantiront néantmoings lesdits partyes les biens desdites successions car le tout a esté ainsy voulu consenty stipullé et accepté et à ce tenir s’obligent lesdites partyes soubz l’hipotheque de tous leurs biens meubles et immeubles présents et futurs mesme lesdits biens desdites successions en ce qui en est escheu et eschoira audit Anthoine Grosbois demeurant par privilège obligés et hipotequés au payement (f°4) service et continuation de ladite rente ou retour de partaige de 8 livres par chascun en et au principal d’icelle aprouvant lesdits Delimesle et femme en tant que besoing est ou seroit tous les actes en forme de transaction et partaiges faits entre tous lesdits les Grosbois frères de ladite Charlotte au subjet des biens desdites successions sans qu’ils puissent aller contre ni le tout cy après contester auxquels sera fourny copye des présentes par ledit Anthoine Grosbois touttefois et quantes renonçant etc font etc fait et passé audit Bourg d’Iré maison de nousdit Poillièvre en présence de René Chapeau et Antoine Brisset marchand hoste demeurants audit Bourg d’Iré temoings à ce requis et apellés et ont lesdits Anthoine et Charlotte Grosbois dit ne savoir signer »

Nicolas Denais donne 5 000 livres à sa très jeune épouse, don exceptionnel, car âgé il sait qu’elle lui survivra longtemps

Ce que j’ai aimé dans mes recherches, c’est comprendre les modes de vie de nos ancêtres à travers les milliers d’actes notariés que j’ai dépouillés qui m’ont permis de reconstituer bien plus que le suivi de leur patrimoine au fil des siècles et des métiers pour beaucoup de branches de mes ancêtres. En effet, dans certains actes, lors du mariage ou de la succession, j’ai observé que beaucoup de mes ascendants allaient au delà de ce que le droit coutumier leur imposait. En particulier dans les contrats de mariage, certains époux faisaient un don à leur épouse bien supérieur. Le droit coutumier était en fait un minimum à respecter mais on pouvait autrefois donner plus.

Nicolas Denais, marchand fermier, a 51 ans, sans enfants, lorsqu’il passe contrat de remariage (cf ci-dessous) en février 1721 avec Renée Blanchet seulement âgée de 20 ans. Il apporte 10 000 livres, elle 3 000 consistant en la closerie de la Guedonnière à Combrée.  Il lui fait un don exceptionnel, sous une forme que je n’ai jamais rencontrée : « ensemble la somme de 5 000 livres de laquelle ledit sieur futur espoux fait don à ladite future épouse pour sa jeunesse » Il lui donne donc au total 15 000 livres, ce qui est une somme très importante, bien supérieure à ce que possède la bourgeoisie moyenne en province.
Il meurt 3 ans plus tard laissant sa jeune veuve de 23 ans enceinte d’une seconde fille. Elle ne se remariera pas, et lorsqu’elle marie 20 ans plus tard ses 2 filles elle leur donne chacune 5 000 livres, preuve qu’elle a su garder le patrimoine, et le gérer car on sait aussi qu’elle signe fort bien, ce qui est rare.
D’ailleurs elle signe beaucoup mieux que lui (cf ci-dessous)
Je descends de Nicolas Denais et Renée Blanchet à travers la seconde fille, Marie-Anne, celle qui ne naîtra que 3 mois après le décès de son père. J’ai une immense tendresse toute particulière pour Marie-Anne Denais, car non seulement sa mère fut jeune veuve, mais sa grand mère paternelle aussi et elle-même deviendra jeune veuve, et toutes les trois avec des enfants à élever, sans se remarier, et laissant au mariage de leurs enfants la fortune totalement intacte, et le rang social aussi. C’est une incroyable épopée de femmes veuves… que je vais vous conter car les veuves n’étaient pas toutes pauvres, et les hommes tous des inconscients, laissant leur épouse et leur progéniture sans rien… Le droit coutumier les préservait certes du minimum, mais bien des contrats de mariage montrent un au delà du droit, et beaucoup de conscience des hommes autrefois de leur devoir vis à vis de leur succession.

Cet acte est aux Archives Départementales de la Mayenne AD53-3E62-57 devant René Mahier notaire royal à Château-Gontier – Voici sa retranscription (voir ci-contre propriété intellectuelle) :



http://www.odile-halbert.com/wordpress/vues/Denais-Blanchet-1721d


« Le 16 février 1721[1] furent présents h. h. Nicolas Denais marchand, veuf de Catherine Boullay, demeurant à Gastines paroisse de Chemazé d’une part, demoiselle Renée Blanchet fille, procédant sous l’autorité de discret Me René Blanchet prêtre curé de Bouchamps son curateur à personnes et biens, demeurante en la maison de h. h. Jacques Blanchet marchand son ayeul, et ledit sieur Blanchet prêtre audit nom, demeurant au lieu de Bouchamps, entre lesquels a été fait avant aulcune bénédiction nuptiale le contrat de mariage qui suit, c’est à savoir que ledit sieur Denais et demoiselle Blanchet se sont de l’avis et consentement, scavoir ledit sieur Denais de ses amis cy après nommés, et ladite demoiselle Blanchet dudit sieur Blanchet prêtre curé son curateur, dudit sieur Blanchet, de h. h. Julien Gousdé marchand son oncle, de h. h. Vincent Goudé aussi marchand son cousin germain [fils du précédent, et ils sont tous deux la branche de Grez-Neuville, aisée], et autres parents et amis f°2/ soussignés se sont promis mariage et iceluy solemniser … cy après, et que tout légitime empeschement cesse ; auquel mariage ledit sieur Denais et demoiselle Blanchet entreront avec tous et chacuns leurs droits mobiliers et immobiliers scavoir ceux dudit sieur futur espoux en la valeur de 10 000 livres et ceux de ladite future épouse du lieu et closerie de la Guedonnière paroisse de Combrée, bestial et semances, maison … habits et hardes le tout de valeur de 3 000 livres ainsi que ledit sieur futur époux a reconnu et dont il se contente, et de tous lesquels droits cy dessus il en entrera en la communauté qui s’acquérera entre eux du jour de la bénédiction nuptiale nonobstant la disposition de notre coustume à laquelle ils ont f°3/ dérogé en ce retard, chacun la somme de 300 livres, et le surplus desdits droits bestiaux et semances cy dessus reteront de nature de propre … patrimoine et matrimoine à eux leurs hoirs et estocs et lignées, et à tous effets mesme de don, ensemble ce qui leur pourra cy après échoir soit de succession directe collatérale donation ou autrement ; pourra ladite future espouse ses hoirs et ayant cause … renoncer à ladite communauté quoi faisant ils reprendront franchement et quitement de toutes debtes de communauté tout ce que ladite future épouse aura aporté audit mariage luy sera échu, ensemble la somme de 5 000 livres de laquelle dit sieur futur espoux fait don à ladite future épouse pour sa jeunesse, lequel don ne pourra néanmoins estre exigible qu’après le décès dudit futur époux, déchargé des debtes de la communauté, desquelles audit cas d’aléniation f°4/ ladite future épouse ses hoirs et ayant cause seront déchargés par ledit futur époux sur ses biens quoiqu’obligée ou solidairement conclue avec ledit futur époux ; et en cas d’aliénation desdits propres ils en seront entièrement remplacés sur les effets et acquits de la communauté par préférence, et où ils ne seroient suffisant à leur égard, sur les propres et effets dudit futur époux qui a constitué douaire à ladite future épouse sur tous et chacuns ses biens y sujets, la cas échéant, le tout par hypothèque de ce jour ; ce qui a été ainsi convenu, stipulé et accepté et à ce tenir faire et accomplir par lesdites parties, elles s’obligent elles leurs biens choses … sous la réserve des droits dudit sieur Jacques Blanchet curateur de ladite future épouse dont règlement sera nécessaire avec lesdits futurs mariés f°5/ dont etc fait et passé en la maison de la Pitauderie paroisse de Chemazé demeure dudit sieur Jacques Blanchet oncle de ladite future épouse, en sa présence, de ses dits amis, de la demoiselle son épouse, de demoiselle Anne Goudé fille cousine de ladite demoiselle future épouse, Me Jacques Godelier sieur de la Martinière marchand apothicaire à Grez près Neuville, Me Pierre Mahier et autres parents et amis des futurs mariés, et de Joseph Lepage et Jean Langlois témoins à ce requis »
[1] AD53-3E62-57 devant René Mahier notaire royal à Château-Gontier

L’histoire des femmes, telle que je l’avais autrefois lue, était bien loin de rendre tout ce que j’ai découvert dans tous les notaires de Maine et Loire et Mayenne sur mes ascendants. Mais pour faire des études telles que celles que j’ai faites il faut commencer par faire l’arbre généalogique, et les historiens se considèrent bien supérieurs aux généalogistes et lorsqu’ils tentent d’approcher les notaires, ils le font notaire par notaire, ce qui est absurde, car dans aucune de mes recherches cela ne se passe ainsi, et personne n’était fidèle autrefois à un notaire donc on obtient aucun suivi du patrimoine. Je ne regrettes pas les 20 ans de déplacement hebdomadaire que j’ai fait à Angers ou Laval, c’était certes une méthode qui ressemble à la pêche à la ligne, mais mille fois plus productive avec le temps car j’ai ainsi des suivis extraordinaires du patrimoine de mes ascendants.

J’avais autrefois acheté le livre l’Histoire des femmes en Occident, tome 3 du 16 au 18ème siècles, de Georges Duby et Michelle Perrot. J’ai toujours l’impression quand je regarde cet ouvrage que je n’y retrouve pas mes ancêtres. En janvier 2024, sur Internet, je suis triste quand je lis sur internet l’histoire des femmes selon la BNF (c’est pire sur l’IA de Google) :

Ces lignes sont écrites par Nathalie Grande, professeure des universités, Université de Nantes, département Lettres Modernes, UFR Lettres et Langages. Je suis horrifiée de lire ces lignes, et je suis certaine après avoir passé plusieurs décennies dans les archives notariales et chartriers que Molière n’est pas historien… et ne connaissait que quelques femmes, loin de les connaître toutes…
Comment oublier toutes ces femmes qui furent des collaboratrices, ayant domestique à la cuisine, nourrice pour les enfants, et ayant appris à lire, compter et surtout gérer, car dans le milieu de la bourgeoisie marchande, on éduquait pour savoir manier les affaires, qu’on soit un garçon ou une fille. C’était le cas, en Anjou du moins, de toutes les épouses de marchands, qui assuraient certainement conjointement avec leur époux la comptabilité, car cette fonction de leur métier était extrêmement importante. Certes, les archives n’ont pas conservé de traces de ces comptabilités, quoique quelques traces, mais bien avant Excel et les logiciels de comptabilité, il fallait compter et noter.
Avant de vous prouver ce que je viens de vous écrire, je tiens à rappeler :

  • avant la Révolution, l’homme devait nourrir femme et enfants, sinon c’était un péché
  • plus de 80 % des Français sont paysans
  • même si les femmes risquent le décès en couches, certains hommes meurent aussi jeunes laissant veuve et enfants
  • la bourgeoisie de province, dont les marchands, a domestiques, donc les femmes du temps libre et toutes ne s’occupent pas uniquement de broderie
  • les bourgeois de province tiennent à leur rang et le transmettre donc prévoient leur décès précoce en impliquant leur épouse dans les affaires, afin que l’affaire leur survive
  • certes, le droit laissait à l’homme le droit de gérer officiellement, mais il était responsable des biens de madame

 

 

Histoire du moulin du Fief-Briant, Angrie (49)

Le journal Ouest-France publiait en 2018 : « Candé a compté 17 moulins au fil des siècles. Les bâtiments du moulin du Fief-Briant viennent d’être acquis par le groupe Manitou, qui pourrait les transformer en parking paysager. Le vieux moulin du Fief-Briant, érigé au début du 14e siècle, pourrait disparaître définitivement pour laisser place à un parking paysager. »

Il s’agit d’un moulin à eau sur un étang qui est retenue d’eau sur le ruisseau nommé le Fief-Briant. Le voici sur la carte de Cassini 1815, et celle de Geoportail 2023.

Voici son histoire dans le chartrier de Candé in « Histoire de la baronnie de Candé » Comte René de l’Esperonnière, Angers, Lachèse Imprimeur, 1894, p. 342.

FIEF-BRIANT (Le), ferme et moulins. – Le ruisseau de Fief-Briant prend sa source dans la commune d’Angrie, près la ferme de la Rincerie, et vient se jeter, tout proche de Candé, dans le ruisseau des Grands-Gués. Après avoir formé le grand étang d’Angrie, qui existe toujours, il alimentait autrefois un étang créé en 1299 ou 1300 par un seigneur de Candé, Geoffroy IV de Chasteaubrient, qui lui donna la dernière moitié de son nom. Comme nous l’avons dit dans la notice consacrée à ce seigneur, la chaussée ayant été trop élevée, les terres environnantes, qui appartenaient à divers particuliers, furent inondées, et pour maintenir son étang au niveau qu’il avait choisi, Goeffroy de Châteaubeiant acheté, à la fin de l’année 1300, les prés et les champs qui l’avoisinaient. Nous avons retrouvé les détails de ces diverses acquisitions, qui furent toutes conclues à Angers :
Le vendredi après la fête de saint André l’apôtre, l’an de grâce 1300, Jean Coé, de la paroisse de Candé, vendit « à noble homme Jouffroy, sire de Candé et de Chasteaubriant, chevalier, tous les prés qu’il possédait en la rivière du Petit-Gué sise en la paroisse d’Angrie, proche l’étang au seigneur dessus dit, et tenus dudit seigneur à six deniers de cens, dus au jour de Saint-Nicolas de Candé ». La vente fut consentie pour le prix de quatorze livres dix sols de monnaie courante.
« Le mercredy emprès la feste de Toussainctz », Danion le petit, clerc de la ville de Candé, céda, pour la somme de neuf livres dix sols, à « noble homme Jouffroy, seigneur de Chasteaubriant, chevalier. » deux pièces de prés « lesquelles ledit chevalier avait nées en son estang que il avoit fait faire proche Candé, » et une autre pièce de pré joignant ledit étang.
« Le vendredy emprès la feste Sainct-Martin d’hiver, l’an de grâce mil et trois cens, » quatre nouvelles acquisitions furent conclues par Geoffroy de Châteaubriand :
Jean Le Baillif. de Candé, lui vendit un pré « situé en l’estang dudit chevalier. entre le pré du prieur de Saint-Nicolas et le pré de Jean Coé, au fief dudit prieur », pour le prix de soixante sols.
Joachim Grenet, de Candé, vendit une pièce de terre « sise en l’estang » pour cinquante sols.
Guillaume Legrand, de la ville de Candé. céda, au prix de quatre livres de monnaie courante, « deux pièces de pré que ledit Monsr Jouffroy avait nées en son estang que il a faict jouxte Candé. »
Enfin, Jouffray Guiton. de Candé. et Guillaume de la Turrière (?), de la paroisse d’Angrie, vendirent une pièce de terre et une pièce de pré, tenues du fief de Jehan Lantier à douze deniers de rente, et situées près la terre de Jean Coé, pour la somme de six livres de monnaie courante[1].
Au commencement du XVIIe siècle, des contestations s’élevèrent entre le baron de Candé et le seigneur d’Angrie, au sujet du niveau auquel devait être maintenu l’étang de Fief-Briant. Une note du 16 février 1625 donne les renseignements suivants : « L’étang est à main droite en allant de Candé à Challain. « La chaussée a une longueur de trois cents pas, et de largeur, pour chemin, treize à quatorze pas[2]. »
L’étang de Fief-Briant était situé dans le fief d’Angrie, ce qui donnait au seigneur de cette paroisse le droit d’y faire tenir l’eau suffisamment haute pour pouvoir y noyer les malfaiteurs condamnés à ce cruel genre de supplice De plus, il recevait quatre deniers pour chaque criminel « noyé et exécuté à mort « dans ledit étang. »  Ces droits furent abandonnés, le 3 mars 1634, par Charles d’Andigné, en retour du titre de châtellenie que le prince de Condé consentit à accorder à la seigneurie d’Angrie. Le même seigneur renonça en même temps à « prétendre aucun droit de fief ni de propriété au moulin à eau et à l’étang de Fief-Briant, ni en toutes les terres couvertes par l’eau dudit étang, lorsqu’il est en son plein[3]. »
L’étang de Fief-Briant, d’une contenance de vingt journaux environ, y compris les rivages, fut desséché à la fin du XVIIIe siècle.
Il est encore mentionné, avec le moulin à eau et les deux moulins à vent, dans l’aveu rendu, en 1787, par Charles-Clovis Brillet, chevalier, baron de Candé. Ce dénombrement lui donne les limites suivantes : à l’ouest, le moulin à eau ; au nord, des champs dépendants des métairies du Bois-Robert et de la Quiriaie ; à l’est, des terres et des prés de la ferme de la Boue et, au midi, d’autres champs de la Boue et du Bois-Robert.
L’ancien moulin à eau sert maintenant d’habitation au meunier qui dessert les deux moulins à vent placés sur une butte, à l’entrée de la ville de Candé. Ceux-ci ont été acquis, en 1890, par M. Robert, de Mme de Bats, née Grosbois, héritière de M. de Sailly.
[1] Archives du Gué. Copies vidimées du 27 novembre 1634 et du 17 janvier 1635.
[2] Idem.
[3] Archives de Noyant, reg. G.

Le droit de meltonnage dans la baronnie de Candé (1453), plus connu ailleurs comme droit d’abeillage

Je vous souhaite un bon réveillon dans la douceur des mouches à miel aliàs avettes.

Le sucre est récent dans notre histoire, et en tant que Nantaise, cette histoire est encore visible dans la cheminée de l’ex-sucrerie Beghin-Say, toujours dominant la ville de Nantes.
Le sucre ne devait pas être sur toutes les tables au XVIIème siècle, mais en 2023, notre alimentation française représente près de 2 millions de tonnes/an, soit en moyenne 35 kg de sucre par an et par Français, alors que la moyenne mondiale se situe autour de 20 kg. Donc en France c’est la douceur de vivre qui attire… entre autres.
Avant ce XVIIème siècle, seul le miel était douceur, et probablement pas sur toutes les tables. J’ai beaucoup de mal à imaginer la vie sans cette douceur sucrée, et j’en conclue que la vie de nos ancêtres était bien loin d’être douceur…

Puisque je vais vous parler d’abeilles, laissez-moi aussi vous conter que sans électricité, on s’éclairait à la bougie, sans compter les innombrables cierges de l’église catholique autrefois. Notre esprit moderne, croyant sans doute à la cire d’abeille, aurait sans doute tendance à croire que toutes ces bougies et cierges d’antan en était faits. Il n’en ai rien, et l’immense majorité des bougies et cierges de nos ancêtres étaient de saindoux, c’est dire que nos ancêtres jouissaient de l’odeur du saindoux brulé. Certes, ils avaient bien d’autres odeurs à subir… et nous avons aujourd’hui oublié que notre nez ne sait plus rien de tout cela et ne connaît plus que les bonnes odeurs…

J’ai trouvé la trace d’un droit sur les abeilles dans le chartrier de Candé in « Histoire de la baronnie de Candé » Comte René de l’Esperonnière, Angers, Lachèse Imprimeur, 1894, p. 342. Curieusement, ce droit sur les abeilles n’existe qu’à Candé, Angrie, Freigné et Challain, et il n’y a rien sur les autres paroisses.
Mais auparavant, je dois vous faire un peu de vocabulaire ancien et disparu de nos jours.
Avette est une forme régionale ou vieillie d’abeille. Ces deux noms sont issus de diminutifs de apis, le nom latin de cet insecte (Dictionnaire de l’Académie française, en ligne). Sur Gallica, en ligne, on constate que le terme Avettes était assez fréquent sur toute la France autrefois. Et vous allez même découvrir qu’on les appelait aussi Mouches à miel
Meltonnage est dérivé de miel et c’est le nom, rare et local, de l’abeillage. Dans l’Europe du Moyen-Âge, l’“abeillage” était un droit féodal autorisant les rois, seigneurs et abbayes de prélever une certaine quantité d’essaims, de ruches, de cire et/ou de miel dans les ruchers de leurs vassaux. Cela montrait bien l’importance accordée à cet aliment à cette époque.

Candé et Angrie

BOIS (le), ferme, — Le domaine et hébergement du Boys fut attribué à Olivier d’Andigné, par acte de partage du 30 juin 1392. – Août 1453. Jehan d’Andigné, sieur du Boys, fils de feu Olivier d’Andigné, était possesseur du droit de meltonnage dans les paroisses de Saint-Denis de Candé et d’Angrie. — 23 août 1498. Denis d’Andigné, écuyer, sieur du Boys, était tenu de fournir, en raison de son droit de meltonnage. trois flambeaux de cire à la table du baron de Candé, pour le souper qui terminait le jour de la réception de ses hommages. N’ayant pas rempli cette obligation, il fut condamné à une amende de sept sols six deniers qu’il paya ce jour , en la Cour de Candé. — L’année suivante. 1499. il rendit hommage de foi lige, pour ce même droit de meltonnage, à Françoise de Dinan. dame de la baronnie de Candé. — En 1519, noble homme Pierre d’Andigné était seigneur du Bois et en même temps de Maubuisson, paroisse de Challain. — Cette ferme fut réunie à la terre d’Angrie en 1656.
Propriétaire : Mme Hersart du Buron.

Challain

« Le 5 septembre 1582, Gabriel de Beauvau, chevalier de l’ordre du Roi, écuyer d’écurie du Roi, maître des Eaux et Forêts du pays et duché de Touraine, seigneur des Aulnais, etc., confesse être « homme de foy par trois fois, deux liges et une simple » de haut et puissant seigneur messire Antoine d’Espinay, au regard de la châtellenie de Challain, à cause et pour raison de son fief, terre et seigneurie des Aulnays[1] et partie du domaine d’iceluy. »

« Lesquels fiefs aux Bureaux et de la Sensie, j’ay et advoue droict de prendre, toute fois quantes que le cas y advient à escheoir, les deulx parts de ventes, yssues et autres esmolumens de fiefs, avesques les deulx parts de la finance et amandes de la quintaine… Et aussy, droict d’espaves mobiliaires et foncières, petites coustumes des denrées vendues, trocquées et eschangées… avec les deux parts du droit de meltonnaige d’avettes.. Aussy les deulx parts des proffictz et esmolumens de la cire provenant desdictes avettes et mousches à miel ; ensemble du miel d’icelles, en quelconques lieux et endroictz de votre dicte terre et seigneurie de Challain qu’elles puissent estre trouvées par espaves. Lequel droict et proffict de meltonnaige se receuille et lève par vos gens et par les miens, et se départ entre vous et moy, c’est assçavoir à vous pour une tierce partye et à moy pour les deulx parts, fors et réservé ès lieux de Gorieux, de la Haye et du Plessis-de Récusson , esquels lieulx je ne prends rien.

« Et pour raison desquels fiefs aux Bureaux et de la Sensye, je vous doibz et suis tenu poier par chascun an, au jour et terme d’Angevyne et my-caresme, par moytier, la somme de treize sols tournoys de taille sommable et païable, en la main de vostre chastelin ou recepveur. Avesque, je vous doibz et suis tenu vous poïer par chascun an, la vigille de Nouel, à cause dudict droit de meltonnaige, touteffois que vous et Madame vostre femme, ou l’un de vous, estes demeurans en vostre chasteau et mannoir dudict Challain, service de deux flambeaux de cire, à heure de disner, pesant chascun flambeau un quarteron de cire. »

Freigné

« De vous, très haut, très puissant, très excellent prince Henry de Bourbon, prince de Condé, premier prince du sang. premier pair de France…, baron de Candé…
« le 25 août 1634, Je, Louis de la Tour–Landry, chevalier des Ordres du Roy, seigneur marquis de Gilbourg et de la terre et chastelenie de Bourmont, connois et confesse estre votre homme de foy lige au regard de votre dite baronnie de Candé, à cause et par raison de madite chastellenie, terres, fiefs et seigneuries de Bourmont,
« Je advoue pareillement avoir tous droits d’espaves, forrestage, de meltonnaige, droit d’aubenaige, désérance[1], de congnoistre de toutes actions civiles et criminelles, et droit de jurisdiction ordinaire pour traiter mes sujets par ma Cour, tout ainsi que mes prédécesseurs et moy avons accoutumé d’en jouir.
[1] Jean de l’Espinière était sénéchal des Aulnais en 1566, 1577. – Pierre de Mariant, 1585, 1599. – Jacques de Mariant, 1601.
[1] DÉSHÉRENCE : Ce droit permettait ait au seigneur d’entrer en possession du fief d’un vassal décédé sans héritier revendiquant la succession.

L’ancienne maison du Breil existait encore à cette époque ; les termes employés pour sa déclaration sont identiques à ceux de l’aveu de 1622.

François de l’Esperonnière énumère les droits féodaux que nous avons précédemment mentionnés, droit de haute. moyenne et basse justice, de gibet à deux piliers, de poteau au pâtis Bousin, de quintaine, etc., etc., mais il déclare, pour la première fois, avoir droit de meltonage[1], et, qu’en vertu de la transaction du 18 avril 1668, ses sujets et vassaux, pour les actions qu’ils peuvent avoir entre eux, sont et demeurent justiciables de Bourmont »[2].
[1] Droit sur les abeilles.
[2] Archives de la Saulaye. »

Le meltonnage aliàs abeillage ne figurent pas dans le traité des fiefs

Il existe plusieurs ouvrages donnant les droits autrefois, et le meilleur en Anjou est le Traité des fiefs , par M. Claude Pocquet de Livonière,… Seconde édition
Je l’ai donc consulté longuement en ligne sur Gallica sans trouver autre mention que le droit d’épave, mais rien sur le meltonnage aliàs abeillage. Le voici , p. 595

« Pour ce qui est des Espaves mobiliaires, nos Coutumes les donne au moïen- justicier par l’art. 40. & quoique régulierement l’universalité des meubles soit mise au nombre des choses immeubles, le bas-Justicier ne peut pas revendiquer les meubles universels délaissés par Bâtardise ou Desherence, comme une espece d’Es pave fonciere ou immobiliaire mais lesdits meubles appartiennent au moïen-Justicier par les art. 41. & 2<58.
De ces Espaves mobiliaires qui appartiennent au moïen-Justicier dans notre Coutume, comme nous venons de le dire, il en faut excepter l’Espave du Faucon & du Destrier qui appartient au Baron, à l’exclusion de tous autres Seigneurs inferieurs par l’art. 47. de la même Coutume d’Anjou, qui explique ce que c’est que destrier.
Il en faut encore excepter les Espaves des Mouches à miel, que notre Coutume appelle Avettes, & qu’elle donne au Seigneur bas-Justicier, à la charge de les partager avec le proprietaire du fond, suivant les art. 12. & 13. »

Droit d’espave. « Droit seigneurial par lequel une chose égarée et non réclamée appartient à un seigneur haut justicier«