Dispense de consanguinité, Chemazé et Ampoigné (53), par Jean Guioullier

pour René Blin, 40 ans veuf et 2 enfants, et Marie Françoise Fricot, 17 ans

(Archives Départementales du Maine-et-Loire, série G). Voici la retranscription intégrale de l’acte : Le 27 juin 1769, en vertu de la commission à nous adressée par Mr le vicaire général de Monseigneur l’évêque d’Angers en date du 20e de ce mois, signé Houdbine, et plus bas par monseigneur Boulnois, pour informer de l’empêchement qui se trouve au mariage qu’ont dessein de contracter René Blin, veuf de Jeanne Bourse, de la paroisse d’Ampoigné, et Marie Françoise Fricot, de celle de Chemazé, des raisons qu’ils ont demander dispense dudit empêchement, de l’âge des dites parties et du bien précisément qu’elles peuvent avoir ; ont comparu devant nous commissaire soussigné lesdites parties ;
scavoir ledit René Blin, veuf de Jeanne Bourse, âgé de 40 ans 2 mois et 10 jours, et ladite Maire-Françoise Fricot, fille, âgée de 17 ans, moins 3 jours, comme il paroît par les actes de leurs baptêmes ;
accompagnés de Marie Patou, femme de François Fricot, que ses infirmités ont mis hors d’état de comparaître, (de Chemazé à Château-Gontier, où est signé cette dispense, il y a 8 km) père et mère de ladite Marie Françoise Fricot, demeurante à Molière, paroisse de Chemazé, de François Patou, tisseran, oncle de ladite Fricot, âgé de 46 ans, demeurant faubourg et paroisse d’Azé, de Charles Pelletier, lainier, âge de 53 ans, de Maurice Rayon, tisseran, âgé de 29 ans, tous deux cousins germains dudit Blin, le prermier demeurant au faubourg, le second au bourg d’Azé ;
lesquels ont dit bien connoître lesdites parties et serment pris séparément des uns et des autres de nous déclarer la vérité sur les faits dont ils seront enquis, sur le raport qu’ils nous ont faits et les éclaircissements qu’ils nous ont donné, nous avons dressé l’arbre généalogique qui suit :

de Jean Guioullier, souche commune, sont issus

  • André – 1er degré – Renée Guioullier
  • Marie – 2e degré – Renée Guillois
  • Marie, mariée à François Fricot – 3e degré – René Blin, qui veut épouser Marie-Françoise Fricot
  • Marie-Françoise Fricot, du mariage de laquelle il s’agit – 4e degré
  • Ainsi, nous avons trouvé qu’il y a un empêchement de consanguinité du 3e au 4e degré entre ledit René Blin et ladite Marie Françoise Fricot.
    Pour raisons de demander la dispense dudit empêchement,
    ledit René Blin nous a déclaré qu’outre l’inclination qu’il se sent pour ladite Marie Françoise Fricot, il croit devoir l’épouser pour l’avantage de deux enfants qu’il a de son premier mariage, et la conduite de son ménage, dont son travail l’oblige à s’absenter souvent, qu’ont aussi déclaré ses 2 cousins germains présents et soussignés.
    Pour ce qui regarde ladite Marie-Françoise Fricot, sa mère et son oncle susdits, ont déclaré que leur fille et niepce n’ayant d’autre bien que leur travail ils ne pourraient espérer un mariage plus sortable que celui qui se présente.
    Et comme ledit René Blin, n’a en bien fond que trente six livres de rente et les meubles nécessaires à un ménage de campagne (j’aime bien l’expression, qui me rappelle Toysonnier parlant de fermier de campagne, laissant entendre que la campagne est modeste), dont partie appartient aux enfants de sa première communauté, et que ladite Marie Françoise Fricot n’a pour tout bien que le nécessaire en habits, ils se trouvent hors d’état d’envoyer en Cour de Rome, pour obtenir la dispense dudit empêchement, ce qui nous a été certifié par lesdits témoins ci-dessus nommés, dont les uns ont signé avec nous, et les autres ont déclaré ne scavoir signer.
    Fait et arrêté à Château-Gontier, lesdits jour et an que dessus. Signé René Belin, Charle Peltier, Morice Rellion, Morin curé de Saint Rémy.

    Odile Halbert – Reproduction interdite sur autre endroit d’Internet seule une citation ou un lien sont autorisés.

    Dispense de consanguinité, Craon et Athée (53), 1733 : Jean Avranche et Julienne Renier

    Archives Départementales du Maine-et-Loire, série G

    Nous poursuivons les dispenses du Haut-Anjou au fil des semaines, même si elles ne passionnent pas tout le monde, elles font partie des sources intéressantes à connaître, donnent des arbres généalogiques et des fortunes. Alors je poursuis imperturbablement cette base de données, et la preuve que c’est une base, il vous suffit de tapper un patroyme, une commune, ou simplement dispense, dans la case de recherche à droite sur ce blog, et hop la réponse apparaît !
    Cette fois, il semble que la jeune fille ait revu ses prétentions financières à la baisse, au fil des années, car si on peut dire qu’elle a les biens de la fille d’un métayer, enfin… tout juste, lui est nettement en dessous et frise la pauvreté (j’y reviendrai).

    Le 21 octobre 1733, en vertu de la commission à nous adressée par Mr l’anné Le Gouvello vicaire général de Mgr l’évêque d’Angers, en date du 16 octobre, pour raison de l’empêchement qui se trouve au mariage qu’ont dessein de contracter Jean Avranche de la paroisse d’Athée et Julienne Renier de la paroisse de St Clément de Craon, des raisons qu’ils ont de demander dispense dudit empêchement, de l’âge desdites parties, et du bien précisément qu’elles peuvent avoir, ont comparu devant nous commissaire soussigné lesdites parties savoir ledit Jean Avranche âgé de 25 ans, et ladite Julienne Renier âgée de 28 ans, accompagnés de René Avranche oncle, et Maurice Avranche aussi oncle de Jean Avranche, et Michel Renier frère de ladite Julienne Renier, et Jean Planchenault aussi cousin germain de ladite Julienne Renier, demeurans dans les paroisses d’Athée et de St Clément de Craon, qui ont dit bien connaître les parties et serment pris séparément des uns et des autres, de nous déclarer la vérité sur les faits dont ils seront enquis ; sur le rapport qu’ils nous ont fait et les éclaircissements qu’ils nous ont donné nous avons dressé l’arbre généalogique qui suit :

    Julien Robineau qui est la souche

  • Julien Robineau – 1er degré – Jeanne Robineau
  • Julienne Robineau – 2e degré – Julien Renier
  • Renée Anger – 3e degré – Julienne Renier
  • Jean Avranche – 4e degré
  • ainsi nous avons trouvé qu’il y a un empêchement de consanguinité du 4e au 3e degré entre ledit Jean Avranche et ladite Julienne Renier.
    A l’égard des causes ou raisons qu’ils ont pour demander la dipsense dudit empêchement, ils nous ont déclaré que ladite Julienne Renier est fille (c’est à dire célibataire), âgée de plus de 24 ans sans avoir trouvé d’autre parti qui lui convient (elle a 28 ans, et on peut penser que cette allusion à 24 ans serait un âge déjà avancé pour une fille à marier, c’est à dire où les autres sont déjà mariées),
    et comme leur bien ne monte qu’à la somme de 400 livres en meubles et marchandises, ledit Jean Avranche n’ayant que 100 livres et ladite Julienne Renier n’ayant que 300 livres (bon, d’accord, elle a 28 ans et faute d’avoir trouvé mieux, va se contenter de vraiement peu, en tout cas bien moins qu’elle), ils se trouvent d’état d’envoyer en cour de Rome pour obtenir la dispense dudit empêchement, ce qui nous a été certifié par lesdits témoins ci-dessus nommés et qui ont déclaré ne savoir signer, excepté Michel Renier qui signe, fait au presbitère de la Chapelle Craonnaise, le 21 octobre 1733. Signé Michel Renier. Mabille curé de la Chapelle Craonnaise

    Odile Halbert – Reproduction interdite sur autre endroit d’Internet seule une citation ou un lien sont autorisés.

    Dispense de consanguinité et degrés prohibés, au fil du temps, et des diverses nations…

    d’abord codifiés par l’église catholique romaine, puis la loi de chaque pays.

    Ce blog est lu à l’étranger, et aujourd’hui je réponds à une question venue d’Angleterre : lors d’un mariage en France en 1796, entre cousins germains, pourquoi la dispense n’est-elle pas mentionnée ?

    Les empêchements de parenté, tout autant que les châtiments en cas de transgression, ont varié au cours des siècles. Dans la période qui concerne les généalogistes, allant du 16e siècle à la Révolution, la règle est fixée par l’église catholique, puisque c’est à elle qu’a été confié l’état civil en France. La punition en cas de découverte de transgression, est terrible : annulation du mariage, qui signifie en clair que les enfants issus d’un tel mariage invalidé sont de facto des enfants illégitimes qui n’héritent plus de leurs parents. D’ailleurs, l’une des demandes de dispense de ce blog, rappelait cette menace… et précisait bien que la demande de dispense était formulée afin que les enfants à venir soit toujours considérés comme légitimes.

    L’église (catholique et romaine) n’avait pas encore fixé de règles avant le 10e siècle. Une lettre du pape Léon VII (931-939) adressée aux Français et aux Allemands, évoque des dispenses au-delà du 2e degré. Le pape Nicolas II convoque un concile en 1059, d’où sortira une encyclique ordonnant que « tout homme ayant pris femme dans les limites du 7e degré serait estreint canoniquement par son évêque à le renvoyer ; le refus entraînait l’excommunication ».
    Le 7e degré se compte 3 + 4 voire 2 + 5

    La question du calcul des degrés fut longuement débattue : en 1063, la méthode germano-canonique de computation l’emporte. Au-delà de la consanguinité, l’église souhaitait limiter les règles d’héritage par succession collatérale qui étaient à la base du lignage, et du retrait lignager. Le retrait lignager visait à conserver les biens dans une lignée. En cas d’aliénation, un membre de la lignée en question pouvait avoir le droit de faire annuler cette vente, en versant la somme à l’acheteur toutefois. Ces actes de retrait lignager ne sont pas rares dans les actes notariés, et leur ombre devait planer lors de chaque vente d’un bien foncier. Le droit coutumier en Normandie était à mon avis, car j’ai fréquenté aussi cette province, encore plus strict qu’en Anjou sur la notion de conservation des biens dans une lignée.

    Durant la période qui occupe les généalogistes, de Villers-Cotterets à la Révolution, l’église avait compliqué les interdits, en y ajoutant les affins (alliés par le mariage) et les parentés spirituelles (alliés par parrainage). Mais, les règles d’héritage, et en particulier celles du retrait lignager, lui échappent et sont codifiées dans le droit coutumier, qui a la particularité de varier d’une province à l’autre.

    Arrive la Révolution en France et le mariage civil, qui ne respecte plus les règles de l’église. Il n’est donc plus besoin de dispense de l’église pour un mariage entre cousins germains. D’où l’absence de dispense dans un mariage en France en 1796, qui est un acte civil.

    La règle civile est fixée dans le Code civil dit Code Napoléon, 1803

    article 161 : en ligne directe, le mariage est prohibé entre tous les ascendants et descendants légitimes ou naturels, et les alliés dans la même ligne.
    article 162 : en ligne collatérale, le mariage est prohibé entre le frère et la soeur légitimes ou naturels, et les alliés au même degré.

    La règle est constante en France sur ce point depuis 1803.

    Odile Halbert – Reproduction interdite sur autre endroit d’Internet seule une citation ou un lien sont autorisés.

    En savoir plus :
    GOODY Jack, L’Evolution de la famille et du mariage en Europe, 1983

    Dispense de consanguinité, La Selle-Craonnaise (53), 1733 : Michel Boisseau et Jacquine Boisseau

    L’acte qui suit et extrait des Archives Départementales du Maine-et-Loire, série G

    Voici la retranscription de l’acte : Le dernier jour d’août 1733, en vertu de la commission à nous adressée par monsieur l’abbé Le Gouvello vicaire général de Mgr l’évêque d’Angers en date du 27 de ce mois, pour informer de l’empêchement qui se trouve au mariage qu’on dessein de contracter Michel Boisseau veuf de Marie Douillard de la paroisse de La Selle, et Jacquine Boisseau veuve de Luc Lamy de la même paroisse, des raisons qu’ils ont demander dispense dudit empêchement, de l’âge desdites parties, et du bien précisément qu’elles peuvent avoir, ont comparu devant nous commissaire soussigné lesdites parties, savoir ledit Michel Boisseau, âgé de 32 ans et ladite Jacquine Boisseau âgée de 31 ans, accompagnés de François Giret et de Jean Lepron, cousins remués de germain dudit Michel Boisseau, de Jean Boisseau et François Giret frère et beau-frère de ladite Jacquine Boisseau, tous de ladite paroisse de La Selle, qui ont dit bien connaître lesdites parties ; et serment pris séparément des uns des autres, de nous déclarer la vérité sur les faits dont ils seront enquis, sur le rapport qu’ils nous ont fait, et les éclaircissements qu’ils nous ont donné, nous avons dressé l’arbre généalogique qui suit :

    Michel Boisseau, a eu pour enfants

  • Michel Boisseau – 1er degré – André Boisseau
  • Pierre Boisseau – 2e degré – André Boisseau
  • Michel Boisseau, qui veut épouser Jacquine Boisseau – 3e degré – Jacquine Boisseau, du mariage de laquelle il s’agit
  • ainsi nous avons trouvé qu’il y a un empêchement au 3e degré entre ledit Michel Boisseau et ladite Jacquine Boisseau,
    à l’égard des causes et raisons qu’ils ont pour demander la dispense dudit empêchement ils nous ont déclaré
    qu’ils se sont vus pendant 2 ans avec tant de familiarité que le public en a été si scandalisé que s’ils ne se marient ensemble, il y a lieu de craindre que ladite Boisseau ne trouve point à qui se marier,
    que les biens de l’un et de l’autre sont proches l’un de l’autre, qui pourront valoir d’avantage que s’ils se mariaient avec d’autres, par conséquent plus en état de donner l’éducation à leurs enfants, ledit Michel Boisseau en a 2 et ladite Boisseau 3, que dans la suite des temps le bien qu’ils ont ne serait pas suffisant pour leur entretien et qu’étant réuni ils espèrent par leur industrie trouver le moyen de faire subsister leur famille,
    à l’égard du bien qu’ils peuvent avoir les dénommés nous ont déclaré que celui dudit Michel Boisseau n’est point partagé avec ses cohéritiers, qu’il est en procès avec eux pour cela, qu’ils plaident actuellement au présidial d’Angers (s’ils sont en procès c’est qu’ils en ont les moyens, car les procès coûtent, donc c’est que les biens à partager sont bien palpables. Si cela avait été un loppin de terre ou une chambre de maison à partager, le procès aurait coûté plus cher que le bien ne valait…), et que quand les partages seront faits il n’espère pas avoir plus de 60 livres de rente, quand les réparations auront été faites qui sont considérables,
    que ladite Jacquine Boisseau ne peut avoir, les rentes payées et réparations faites, plus de 40 livres de rente, par conséquent ils se trouvent hors d’état d’envoyer en cour de Rome pour obtenir la dispense dudit empêchement, ce qui nous a été certifié par lesdits témoins ci-dessus nommés, et qui ont signé avec nous fors lesdits Michel Boisseau et Jacquine Boisseau.

    Cette dispense mérite que nous arrêtions un peu sur le seuil de fortune accepté pour ne pas envoyer en cour de Rome. En effet, la même année 1733, voici le billet que le vicaire général adressait aux curés concernés par une dispense.

    Cette image est la Propriété des Archives Départementales du Maine-et-Loire, série G

    On y lit que le seuil de fortune est fixé à 2 000 livres. Or, voici la conversion des rentes citées en capital, sachant que les taux des rentes hypothéquaires ont évolué au cours du 17ème partant du Denier 16 (6,25 %) pour parvenir au début du 18ème au Denier 20 (5,00 %)

    60 livres de rente représentent :

      à 6,25 %, un capital de 960 livres
      à 5,00 %, un capital de 1 200 livres

    40 livres de rente représentent :

      à 6,25 %, un capital de 640 livres
      à 5,00 %, un capital de 800 livres

    Ainsi, les deux futurs disposent au minimum d’une fortune de 2 000 livres. Il se sont sans doute arrangés pour passer juste à la limite, en particulier en exprimant leur fortune en termes de rentes annuelles, ce qui passe plus discrètement. Je trouve même leur manière de présenter les choses assez astucieuse, y compris les pleurs sur les partages non terminés.

    Ceci dit, le seuil fixé par l’évêché me semble tout à fait crédible, car mon expérience fixe la fortune de 2 000 livres au niveau d’un métayer, et de ce que j’appellerai la classe moyenne d’alors, mais nous verrons ensemble au fil de ce billet que bon nombre de métiers sont tout à fait en dessous de ce seuil, y compris des métiers devenus plus rémunérateurs de nos jours, donc trompeurs avec nos yeux de 2008, dont il faut se séparer quand on aborde les 17 et 18e siècles.

    Odile Halbert – Reproduction interdite sur autre endroit d’Internet seule une citation ou un lien sont autorisés.

    Dispense de consanguinité, Laubriere (53), 1757, par Jacques Leseure entre Jean Regnier et Françoise Leseure

    (Archives Départementales du Maine et Loire, série G)

    J’ai ajouté dans la précédente dispense quelques observations complémentaires, pour tenter de mieux cerner ces dispenses. Nous les pensons intéressantes, car ils n’auraient pas payé une dispense si elle n’avait pas lieu d’être : ils n’avaient pas intérêt à mentir sur leur généalogie, et on peut penser que le prêtre faisait un minimum de vérifications, aidé de ses confrères et de leurs registres. Par contre elles peuvent comporter des variantes dans la forme des prénoms et de noms, à cause du passage du français en latin etc.. ou tout bonnement de la mémoire orale. Mais en conclusion, à ce jour, elles sont certainement beaucoup plus fiables que les généalogies dressées lors des successions collatérales, ces dernières étant parfois une partie de main basse sur une mane, et avec des moyens pas toujours très honnêtes.

    Voici la retranscription de l’acte : Le 12 avril 1757 en vertu de la commission à nous adressée par Mr le vicaire général de Mgr l’évêque d’Angers en date du 11 février 1757, signée abbé de Monteclerc, vicaire général… pour informer de l’empêchement qui se trouve au mariage qu’ont dessein de contracter Jean Renier, âgé de 27 ans, veuf de Perrine Rivault métayer à la Brosse paroisse de Laubrière, et Françoise Leseure fille, âgée de 23 ans, demeurante au Bignon dite paroisse, accompagnés de Jean Regnier père dudit impétrant aussi métayer à la Brosse en société avec son fils (au passage, vous remarquez qu’une métairie a une surface importante, et un couple ne peut pas l’exploiter seul), de Jacques Aubert oncle dudit Jean Regnier, closier à la Court de la Brosse, de Louis Chedeville aussi oncle dudit Jean Regnier closier à l’Eveillardière tous de Laubrière, de Françoise Triboueil veuve Leseure, mère de ladite Françoise Leseure, demeurante au Bignon à Laubrière où elle est servante domestique également que sa fille, de Jean Leseure métayer à Sousljoche à Laubrière oncle de ladite Françoise Leseure, de Julien Leseure closière au bourg de Laubrière cousine de ladite Françoise Leseure, qui ont dit bien connaître les parties, et serment pris … avons dressé l’arbre généalogique qui suit :

    Souche commune : Jacques Leseure épouse Jeanne Hattier et eurent pour enfants

  • Augustine Leseure mariée à Louis Chedeville – 1er degré – Jean Leseure marié à … Pierre ou Pierreuse
  • Louis Chedeville marié à Renée Touvry – 2e degré – René Leseure marié à Mathurine Gourand
  • Augustine Chedeville mariée à Jean Regnier – 3e degré – René Leseure marié à Françoise Triboueil
  • Jean Regnier veuf de Perrine Rivault, qui veut épouser Françoise Leseure – 4e degré – Françoise Leseure
  • Ainsi nous avons trouvé qu’il y a un empêchement de consanguinité du 4e au 4e degré entre ledit Jean Regnier et ladite Françoise Leseure ;
    à l’égard des causes ou raisons qu’ils ont pour demander la dispense dudit empêchement ils nous ont déclaré que lesdites parties se sont recherché de bonne foy pour le mariage,
    que la paroisse de Laubrière qu’ils habitent tous deux est très petite et que les familles dudit Regnier et de ladite Leseure peuplent la meilleure partie de la paroisse, qu’ils sont presque tous parents ou alliés les uns aux autres ou conjoints par affinité spirituelle ;
    que ledit Jean Regnier veuf est chargé d’un enfant âgé de 3 ans et pour le bien de ses affaires et même qu’il est dans une grande métairie en société avec son père qui est aussi veuf, ce qui fait qu’il a besoin d’épouser ladite Françoise Leseure pour le soutenir en ladite métairie et aider à gouverner la maison ;
    et comme leur bien ne monte qu’à la somme d’environ 300 livres en meubles ou effets mobiliers (de vous à moi, nous le verrons au fil des billets, un métayer possède environ 2 000 livres, car il possède aussi matériel et bêtes, mais ici le fils est en société seulement, et c’est le père qui possède le reste. Donc, pour le moment n’en concluez pas qu’un métayer est un pauvre n’ayant que 200 livres), ledit Jean Regnier n’ayant qu’environ 200 livres et ladite Leseure n’ayant qu’environ 100 livres aussi en meubles et effets, ils se trouvent hors d’état d’envoyer en cour de Rome, pour obtenir la dispense dudit empêchement, ce qui nous a été certifié par lesdits témoins, qui ont tous déclaré ne savoir signer

    Vouz aurez régulièrement d’autres dispenses, et ce serait sympa à ceux qui pourraient apporter des observations ou compléments de se manifester, comme dans la précédente dispense, afin de mieux percer leur fiabilité et tous leurs secrets en général. Merci à vous d’avance.
    Et pour retrouver toutes les dispenses déjà en ligne, cliquez sur la catégorie MARIAGE, ou si vous cherchez un patronyme utilisez la fenêtre RECHERCHER et vous verrez qu’elle marche bien, et ce sur la totalité des billets.

    Odile Halbert – Reproduction interdite sur autre endroit d’Internet seule une citation ou un lien sont autorisés.

    Dispense de consanguinité, Bourg-d’Iré (49), 1755, entre Yves Jallot et Mathurine Bellouis, par Georges Blouin

    du 4 au 4e degré : étant aisés ils ont dû passer par la bulle du pape

    Nous avons vu jusqu’à présent des dispenses de gens peu aisés, qui suivaient donc la filière courte, c’est à dire au niveau de l’évêché, sans avoir à payer les frais de passer par Rome. Dans le cas présent, il s’agit de fermier de campagne (comme Toisonnier aime à les appeler), qui sont des hobereaux aisés. Le parcours était véritablement un parcours du combatant, il fallait aller trouver un banquier en cour de Rome, lequel envoyait à Romes. Puis Rome envoyait, en latin bien sûr, une bulle signée du pape, que l’official (juge ecclésiastique de l’évêché) devait traduire, puis recommencer la procédure à l’évêché.

    Cette dispense fait 15 pages au lieu de 3 habituelles, mais à chaque paragraphe il est vrai que l’official commence par aligner sur plusieurs lignes tous ses titres… etc… Je dirais volontiers que ce type de dispense illustre le mariage entre gens du même milieu social, qui a eu cours durant des siècles… et il est vrai que plus on montait, plus c’était difficile de trouver, même si, à mon avis, il y a un gros mensonge, car avec ce rang social on possédait cheval et voiture à cheval, et on pouvait trouver une épouse à 35 km à la ronde, au moins… donc l’arguement de la petitesse des lieux est un énorme mensonge à mon avis, et il ne faut pas le prendre à la lettre, mais bien comme un moyen d’obtenir la dispense.

    Voici la dispense : Par devant nous Joseph Houdbine prêtre docteur en théologie chanoine de l’église d’Angers vicaire général au spirituel et temporel de monseigneur l’illustrisime et révérendissime évêque d’Angers, official d’Angers, ont comparu Yves Jallot et Mathurine Anne Bellouis, lesquels nous ont représenté une bulle apostolique en forme de dispense de mariage par eux obtenue de notre St père le pape Benoist 14e à présent séant au St Siège à nous adressée, que nous avons receue avec toute la révérence à nous possible et nous ont très humblement supplié et requis de vouloir bien accepter la commission à nous donnée par notre St père le pape, ce faisant faire procéder en les formes ordinaires à la fulmination de ladite bulle et les faire jouir et user de la grâce à eux accordée par icelle, sur quoi, lecture faire de la bulle, dont est question, nous avons accepté avec respect la commission à nous donnée par notre St père le pape, donné acte aux parties de leur présentation dires et réquisition avant de faire droit ordonnons que ladite bulle sera transcrite de mot à autre à la suite des présentes pour y avoir recours en temps lieu que lesdites parties comparaîtront devant nous pour prêter serment de déposer vérité sur les faits par eux annoncés dans ladite bulle pareillement que témoins pour aussi prêter serment et déposer vérité sur la connaissance qu’ils pourraient avoir des faits pour le tout communiquer au vénérable promoteur afin qu’il prit telles conclusions qu’il avisera et par nous statué ce qu’il appartiendra, donné à Angers par nous official juge susdit ayant avec nous maître Germain Leroy notre greffier ordinaire le 30 mai 1755 Signé Yves Jallot, Mathurine Anne Bellouis, Houdbine
    Suit la bulle en latin … (à partir d’ici je fais court car on y serait encore dans 15 jours, avec les 15 pages de cet acte)

    puis, le 1er juin, toujours devant le même, Yves Jallot, impétrant, duquel serment pris de dire vérité sur les faits résultants de la bulle de dispense de mariage qu’il nous a présentée et de laquelle lui a été fait lecture, a déposé comme s’ensuit : a dit se nommmer Yves Jallot, âgé de 28 ans, marchand fermier, demeurant paroisse du Bourg d’Iré – a quel degré il est parent ou allié d’Anne Bellouis impétrante, a dit qu’ils sont parents du 4 au 4e degré de consanguinité comme s’ensuit (en italique mes notes complémentaires et remarques)

    Georges Blouin (époux Claude Le Breton)

  • Françoise Blouin – 1er degré – Anne Blouin
  • Marie Lechamp – 2e degré – Louise Créhon (il semble qu’avec les aller retour à l’évêché et à Rome, le passage des noms du français en latin puis refrancisé, il y a pas des transformations dans les patronymes et les prénoms : Cochon est devenu Créhon, Marie (Chevallier) devenue Renée, Marie Anne (Bellouis) devenue Mathurine Anne) (Mariage à Montguillon (49), le 23 août 1695, de honnêtes personnes René Chevalier marchand, fils de Mathurin Chevalier et de Jeanne Deserrée, et Louise Cochon, fille de défunt h. h. Jean Cochon vivant marchand et d’honorable femme Anne Blouin … en présence d’honorables personnes Mathurin Chevalier marchand et Jeanne Deserrée père et mère dudit Chevalier, Anne Blouin veuve de h. h. Jean Cochon vivant marchand mère de l’épouse, Ambroise Blouin Sr de la Balangeraie oncle maternel, et Mathurin Bellouis cousin germain de ladite Cochon.) (On note au passe que Mathurin Bellouis est bien dit cousin de Louise Cochon en 1695)
  • Mathurin Belouis – 3e degré – Renée Chevalier (d’après la généalogie les Chevallier-Chantepie par le Général de Peyrelongue, manuscrit, AD53 : Marie Chevallier x Yves Jallot était fille de Mathurin et Jeanne Dezerée, il s’est visiblement trompé d’un génération. Les Chevalier sont issus du Ménil (53) paroisse que le Général, décédé en 2005, avait longuement étudiée)
  • Mathurine Anne Bellouis – 4e degré – Yves Jallot (cet arbre est simplifié car je n’y vois pas les alliances des parents, enfin on passe des Blouin aux Bellouis… qui se ressemblent bien mais diffèrent…)
    1. si à cause de la petitesse des lieux de naissance de l’impétrant et de l’impétrante, l’impétrante ne peut trouver homme de l’état et condition pareille à la sienne avec qui elle puisse se marier qui ne lui soit parent ou allié :

    a répondu que l’impétrante à cause de la petitesse du lieu de sa naissance et de celle de l’impétrant ne peut trouver d’homme de l’état et condition pareille à la sienne avec qui elle puisse se marier qui ne lui soit parent ou allié –

      s’il n’a été fait aucune violence à l’impétrante pour la faire consentir à se marier avec lui impétrant :

    a dit que non si il fait profession de la religion catholique apostolique et romaine : a dit que oui lecture à luy faire de nos présents interrogatoires et de ses réponses a dit que ses réponses contiennent vérité et a signé

    Suit le même interrogatoire pour Mathurine Bellouis

    Suit Jacques Bellouis de la Cussionnière, âgé de 57 ans, marchand fermier demeurant à Ste Gemme d’Andigné, … a dit qu’il les connaît et qu’ils sont parents du 4 au 4e degré de consanguinité … mêmes questions

    Suit Jacques Poilièvre, âgé de 48 ans, marchand tanneur demaurant à Angers paroisse de la Trinité, … mêmes questions

    Suit Charles François d’Andigné, comte de Ste Gemmes, âgé de 60 ans, demeurant à St Michel de la Palud (Angers) … mêmes questions (tant qu’à faire prendre des témoins, autant en prendre qui ont du poids, car bien sûr il ne s’agit pas d’un parent.)

    Suit Joseph Claude Fontaine de Mervé, âgé de 44 ans, prêtre chanoine de l’église collégiale St Pierre (Angers) … mêmes questions … y compris s’il fait profession de la religion catholique… (on n’est jamais trop précis ! s’agissant d’un chanoine ! la question me semble saugrenue… mais atteste d’une certaine rigueur dans la méthode. Je fus chimiste et j’en conviens il faut toujours tout vérifier…)

    Et enfin la dispense signée G. Louet promoteur, puis Joseph Houdbine official (soit 15 pages). Ouf ! Même après avoir reçu la bulle de Rome, il aura fallu se rendre tous en choeur 2 jours à Angers… et si vous voulez bien vous en souvenir, pour les dispenses courtes que nous avons déjà vues, on ne se déplaçait, au pire que chez le curé voisin de sa paroisse… En somme, mieux valait ne pas posséder… enfin, j’entends pour la dispense…

    Ces Jallot ne sont pas les miens, mais je les ai beaucoup travaillés car ils sont voisins des miens. Mes travaux ont mis en lumière un milieu social certes équivalent aux miens, qui étaient tous marchands tanneurs, mais à la profession différente : d’abord marchands de fil puis marchands fermiers. Notez bien que tous ces métiers constituent les hobereaux de campagne… un peu plus riche que la moyenne, mais à la campagne seulement, car en ville ils auraient fait petite mine face à la grande bourgeoisie… D’ailleurs Toisonnier nous aide à découvrir ce clivage… Souvenez-vous qu’il utilise même le terme fermier de campagne

  • Voici la généalogie connue :
  • Georges Blouin sieur de la Blancheraie, épouse Claude Le Breton, dont 4 enfants

      Ambroise x Marie Juffé
      Perrine x Julien Le Mercier
      Anne x Jean Cochon
      Françoise, alliance ou descendance inconnues
  • génération 2 : Anne Blouin, épouse Jean Cochon, dont 2 filles
    1. Anne Cochon x Mathieu Bodin
      Louise x 1695 Montguillon (49) René Chevallier, marchand fermier de la Bourgonnière (la généalogie Chevallier-Chantepie ne leur donne qu’un fille Claude, il semble donc qu’ils aient eu Renée x Jallot parent d’Yves)

    d’après généalogie Chevallier-Chantepie (par le général d’Auber de Peyrelongue) ce René Chevallier avait une soeur : Marie Chevallier x d’Yves de Jallot, qui d’après la dispense pourraient être les parents de Yves Jallot qui épouse sa couine Mathurine Anne Bellouis

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