Calendrier Julien : édit de Roussillon, effectif en 1567 – Calendier Grégorien 1582

Retranscrivant les registres du 16e siècle du Louroux-Béconnais, je rencontre encore une fois le problème des calendriers. En effet, si tout peut être résumé clairement, la mise en pratique sur place a perturbé bien des prêtres, les uns allant même juqu’à reprendre les années précédentes pour raturer l’année et la mettre aux normes nouvelles. Pire, comme généralement il y avait plusieurs prêtres dans une paroisse, surtout au Louroux-Béconnais, qui était une paroisse importante, chacun des prêtres a fait comme il a compris, ou plutôt comme il a pu, sans se soucier de ce que faisait l’autre.

Bref, au Louroux, comme sans doute ailleurs, les années 1560 à 1585 sont parfois marquées du signe de l’embrouille, bien compréhensible, quand on songe au bouleversement que cela a dû provoquer dans les esprits… et j’ai même trouvé le phénomène de la rature a posteriori sur des années précédentes…

En remontant le registre, j’ai donc tenu compte de l’année qui se remontait logiquement comme nouveau style, c’est à dire le 1er janvier de chaque année, page par page, parfois sans tenir compte des ratures ou erreurs éventuelles d’un prêtre ou l’autre.

L’édit de Roussillon

Le plus grand bouleversement pour les prêtres qui tenaient les registres s’est produit avec l’édit de Roussillon : promulgué en 1564 mais normalementmis en pratique au 1er janvier 1567 :

    l’année commence pour toute la France le 1er janvier depuis 1567.

Charles IX, né en 1550, parcourt la France dans les années 1564 à 1566, bien sûr en compagnie de sa mère. Il n’a pas encore commis l’irréparable 24 août 1572 !
La France est divisée en provinces, mais toutes ne faisaient pas commencer l’année à la même date ; pour les uns, à Lyon, c’était le jour de Noël, mais 30 km plus bas, à Vienne c’était le 25 mars, ailleurs le jour de Pâques et encore ailleurs encore, le 1er Avril …
Pâques, fête religieuse mobile, était le début de l’année en Anjou, avec toutes les difficultés liées à une fête mobile ! Quand j’y songe, je me demande comment on pouvait bien calculer son âge quand on était né avant Pâques !


Sans doute très étonné de franchir les années tout en se déplaçant, le jeune roi, alors réfugié au château de Roussillon, signe le 9 août 1564 l’édit de Roussillon :

« Voulons et ordonnons qu’en tous actes, registres, instruments, contracts, ordonnances, édicts, tant patentes que missives, et toute escripture privé, l’année commence doresénavant et soit comptée du premier jour de ce moys de janvier. Donné à Roussillon, le neufiesme lour d’aoust, l’an de grace mil cinq cens soixante-quatre. Et de notre règne de quatriesme. Ainsi signé le Roy en son Conseil »

La mesure prend effet au 1er janvier 1567. Mais comme je vous le disait plus haut, il semble que certains prêtres ont plus ou moins bien compris, et quelques uns ont surchargé de ratures et d’erreurs d’années les registres.

Mais, on est toujours en calendrier Julien.

Le Calendrier Grégorien

le calendrier Julien modifié par l’édit de Roussillon fixait le début de l’année le 1er janvier dans toute la France. Ce fut un un grand bouleversement dans les habitudes. Le passage au calendrier Gregorien en 1582 n’apporta aucun bouleversement notoire, d’autant que les mêmes prêtres avaient déjà vécu le premier bouleverment !

Une année est un temps bien défini, calculé par les astronomes. Je vous épargne les calculs scientifiques, et sachez seulement qu’on a perdu quelques jours en octobre 1582… qu’on a gentiement sautés, tout comme nous avons sauté une seconde il y a peu…

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Autrefois sans calendrier

Je croule sous les calendriers, aussi aujourdh’ui une grande partie prend le chemin du tri sélectif, dans les poubelles jaunes de l’immeuble ! Je conserve celui des pompiers (corps de métier que j’admire), celui des Postes (utile), et celui de ma pharmacienne, imprimé maison qui donne toutes les pharmacies de garde dans l’année, pour le cas où.
Hier, je vagabondais dans le 16e siècle en ligne en Mayenne. Le zoom s’y est amélioré au fil des années et la consultation devient possible sans avoir trop mal aux yeux.
Dans mon vagabondage, j’ai rencontré en 1573 un prêtre qui exprimait la date « lundi des Rogations », « vigile de Saint Mathieu », puiqu’autrefois l’année était rythmée par les fêtes religieuses.
Les Rogations sont les 3 jours qui précèdent l’Ascencion, que le calendrier perpétuel donne le 30 avril en 1573, donc on est le lundu 27 avril.
Pour les Saints, j’ai dépouillé il y a deux ans le registre de Saint-Aubin-du-Pavoil, dans lequel le prêtre ne connaissait que ce type de date, aussi j’ai établi un document récapitulatif car les saints d’antant ont changé de mode et souvent de date.
Demain, nous partons comprendre comment fonctionnaient nos ancêtres sans calendrier chez eux.

Donc autrefois dans les chaumières, point de calendrier, et à quoi bon puisque la majorité ne savait pas lire. Comment fonctionnait-on ?

C’est simple, tout reposait sur le prêtre. Il possédait un rituel, « livre contenant les cérémonies, les prières, les instructions, & autres choses qui regardent l’administration des sacrements, particulièrement les fonctions curiales » (Dictionnaire de L’Académie française, 4th Edition,1762). Je reviendrai là-dessus car j’ai la chance d’en posséder un très ancien, du diocèse de Nantes, mais attention tout en latin !
C’est le prêtre, qui grâce au calendrier perpétuel, annonçait chaque dimanche les fêtes à venir Ses paroissiens n’avaient qu’a savoir compter jusqu’à 7 pour attendre le dimanche suivant, ou bien chaque matin se dire lundi, mardi… etc… jusqu’au dimanche suivant.
C’est qu’à l’époque tout le monde allait à la messe, ne serait-ce que parce que l’église était alors le centre d’infos du village, même pour les bannies des ventes aux enchères etc…, dont nous reparlerons plus tard. Et pour avoir des nouvelles, le rendez-vous dominical fut le plus souvent le seul moyen…
Enfin, un prêtre avait peu de chances de se tromper, car rassurez-vous, il avait des contacts plus haut, ne serait-ce chaque début d’année pour recevoir son papier timbré pour y noter les actes de baptêmes, mariages et sépultures. En outre, il rencontrait ses confrères voisins en leur rendant visite voire en soupant ensemble. Bref, il n’était pas isolé du reste du monde, et c’est souvent lui qui apportait les nouvelles.
Mais me direz-vous, il fallait savoir compter ! Je suis persuadée que tout le monde savait compter jusqu’à 20 qui est le nombre de sols pour faire une livre. Savoir compter est sans aucun rapport avec savoir lire. Vous avez tous remarqué combien les petis enfants savent merveilleusement débiter les chiffres oralement en montrant aussi leurs doigts de la main, bien avant d’avoir appris à lire.

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