Broyage des graines de lin dans les années 1920 dans la presqu’île Guérandaise

table des actes traitant des Fagault de Guérande et Belmont

   La saga des Fagault de Louplande à la Turballe, ou la petite histoire de la sardineLa saga des Fagault de Louplande (72) à Belmont (La Turballe, 44) ou la petite histoire de la conserve de sardines de la Turballe au Maroc  – Darracq et Cie, Chenard et Walcker, et autres innombrables fabricants de voitures du début du 20ème siècle –  La tour crénelée de la Villa Belmont : La Turballe 1936 –  Les boeufs pour cultiver 1925 Testament de Marie Mélanie Séraphine Dubois veuve Fagault à Guérande 1912Menhirs et calvaire de Belmont, aujourd’hui disparus : La Turballe   –  Pêche sur le mouille-Q, mini catamaran des années 1925 : Belmont, La Turballe – Livre de bord de Belmont, tenu par René Fagault : années 1923-1925années 1926-1927 ; années 1928-1929 finLe canot des évadés de la colonie pénitentiaire de Belle-Ile a échoué à Belmont, 10 août 1921 –  Obsèques du Dr Alcime Rousseau, Herbignac 21 janvier 1923  – Broyage des graines de lin dans les années 1920 dans la presqu’île GuérandaiseLe gardien jardinier et pêcheur, Belmont, contrat de travail 1935  –  Le mât de Belmont avant la seconde guerre mondiale – La saga des FERRAND de Chalinargues (Neussargues-en-Pinatelle, 15 Cantal) à VannesFiliations des familles Dubois et Fagault

introduction

Le commentaire de Christine vient de réactiver mon intérêt pour cette famille, et fouillant dans mes papiers j’en trouve encore. Ainsi, je viens de découvrir que dans la presqu’île Guérandaise, entre les deux guerres, dans les années 1920, 1930, les Fagault vendaient un moteur à moudre les graines de lin. Je comprends donc qu’il y avait encore alors du lin dans la presqu’île Guérandaise, et qu’on savait aussi utiliser sa farine dans le pain, car  je pensais qu’autrefois on n’utilisait le lin que pour les draps ! Et, stupéfaite, je découvre sur Internet les broyeurs actuels, électriques bien entendu. 

Carte du commerce de gros Fagault Guérande années 1920 

Épicerie en gros et détail
Maison Dubois, fondée en 1814
Fagault successeurs, Guérande
Mercerie – Brosserie
Droguerie – Graineterie
Engrais
Quincaillerie
Spécialités de conserves alimentaires
de farine de graines de lin et farine de moutarde
moteur à pétrole pour moudre le poivre, concasser l’avoine, broyer la graine de lin et la graine de moutarde
Charbons
Fer et Aciers, Meules
C’est assez varié, et je pense que la presqu’île Guérandaise s’étendait de Saint-Nazaire à Piriac

 

 

Le droit de rouissage dans l’étang autrefois : ici l’étang de Senonnes, 1626

Autrefois, selon au moins les nombreux baux que j’ai étudiés, on cultivait du lin en Haut-Anjou. Mais, pour obtenir le fil, il fallait d’abord rouir le lin, et les riverains de la Loire se plaignaient en la saison du rouissage, de l’odeur puissante et peu agréable qu’ils subissaient alors. Donc, les rivières étaient souvent en période de rouissage dans cet état.

Mais ceux qui n’avaient pas de rivière à proximité, allaient même rouir dans des étangs, ainsi, je relève en 1626, dans la déclaration de Michel Hiret à la seigneurie de Senonnes de ses biens et droits dûs au seigneur de Senonnes, qu’il a droit de rouissage dans l’étang de Senonnes. (AD44-1B130 chartrier de Senonnes). Pour mémoire, car vous venez de lire que le document que je viens de citer est archivée en Loire-Atlantique, je vous rappelle que Senonnes est en Mayenne, mais que ce n’est pas en consultant uniquement les archives d’un département qu’on trouve tout ce qui concerne ce département, car l’histoire des archives a eu parfois des détours curieux qui aboutissent à quelques sources éparpillées ailleurs. Ainsi, donc, j’ai trouvé en Loire-Atlantique plusieurs documents concernant Senonnes. Je vous en reparlerai.

Le lin n’est plus cultivé en Haut-Anjou, et il n’est plus cultivé beaucoup dans le monde, mais uniquement en France, un peu plus au Nord. C’était une fibre bien supérieure en qualité au coton. Donc, nos ancêtres qui connaissaient le lin n’y perdaient pas grand chose, bien au contraire, c’est nous qui avons beaucoup perdu.

Enfin, le lin qui est encore cultivé en France a bien un rouissage qui fait l’objet d’une règlementation, car je trouve sur Internet la Convention collective nationale du rouissage-teillage de lin du 28 janvier 1992, issue de l’annexe à l’avenant n° 12 du 6 mars 2002

 

 

 

Tandis qu’en Anjou on tissait le lin, à Paris le meunier dormait dans le chanvre jaune : Montmartre 1694

Surprenante différence dans les modes de vie au 17ème siècle, car en Anjou on cultive certes du chanvre, mais il vient en second plan, et dans les inventaires après décès les draps, nappes et chemises sont en lin.

Chez moi, dans ma mémoire familiale et mes habitudes, le chanvre fait des draps plus épais, et on les utilisait pour les vendangeurs, ou autres employés. Je possède encore 3 draps de chanvre, archivés au fond de l’armoire mais très, très rarement utilisés.

  • Bilan actuel de l’industrie textile en France :
  • Une de mes nièces m’a posé la semaine dernière la question du tissage en France, car elle pensait qu’il avait presque disparu. Puisque je connaissait encore les Toiles de Mayenne, entre autres, j’ai donc tenté de faire le point en 2018, et il ne semble pas tout à fait négatif, mais semble plus ancré en spécialités et haut de gamme. Nous avons en effet de très nombreuses spécialités régionales qui sont loin de disparaître.
    Et le lin et le chanvre en sont.

    Ils tissent encore le lin dans le Nord, entre autres.
    Mais les Toiles de Mayenne font partie de notre patrimoine du Maine-Anjou.

    Et ils tissent le chanvre.

    Union des industries textiles

    Annuaire de l’industrie textile

  • le chanvre jaune du meunier du moulin Vieux à Montmartre
  • Le meunier du moulin Vieux de Montmartre possède beaucoup de linge, plusieurs douzaines de draps, plusieurs douzaines de chemises, le tout en chanvre jaune. J’ai découvert le chanvre jaune sur le site de l’usine actuelle de tissage du chanvre dans le sud.
    Donc le meunier est aisé, car il en possède beaucoup. Et le chanvre jaune est manifestement très utilisé à Paris, alors qu’en Anjou on prise le lin. Enfin, c’est une constatation basée sur un seul inventaire à Paris, mais le fait que tout y soit en chanvre semble bien signifier que le chanvre domine à Paris.

    Enfin, je tiens à souligner aussi ici que la chemise est en elle-même un signe social. Si vous le souhaitez je peux vous refaire son histoire en tant que linge de corps, car je me souviens que lorque j’ai découvert il y a quelques années que l’immense majorité de mes ancêtres n’en avait pas, et portaient à même la peau des tissus plus rudes et peu souvent lavés, pour dire jamais… je fus très choquée, tant on oublie tout cela, si ce n’est qu’en résumé notre nez a perdu la mémoire des odeurs puissantes qui constituaient leur quotidien, à commenceer par la leur.
    Odile

    Tissier en toile, filassier , pour le lin et le chanvre – Sarger, sergier, serger pour la laine

    Contrats d’apprentissage

    C’est fou ce que la lecture (que dis-je la retranscription et frappe, seule méthode que j’utilise, car la lecture pourrait être en diagonale) des contrats d’apprentissage donne d’indications sociales et de détails des modes de vie. Je sais, j’ai la manie de prendre chaque mot pour une merveille, mais si je suis si émerveillée dans les notaires depuis plus de 15 ans, c’est que j’y ai lu beaucoup de petits détails qui nous restituent la vie autrefois, et qui sont à mes yeux de grandes informations.

    Nous avions vu le cardeur, artisan travaillant la laine, et capable de faire un matelas, ce que je découvrais moi-même, car j’avais sous-estimé cet artisan auparavant.

    Cette fois je vous emmêne au travail du lin et du chanvre, car le Haut-Anjou est pays de culture du lin et du chanvre sous l’Ancien Régime.
    Le lin, plus noble donne un fil plus fin que le chanvre. Après la récolte, il y a d’abord le rouissage en rivière, mais il semble que cette phase ne soit pas toujours effectuée : on laissait parfois sur le pré. Une fois les parties dures ramolies, on passe à la braie ou broie.

    Puis les filassiers (appelés aussi poupeliers en Anjou) en prépare la filasse mise en poupées, qui sera ensuite filée par toute la population.
    Le filassier, aliàs poupelier, travaille à la journée, à l’extérieur, et comme tout journalier, il a des journées sans travail de filassier. C’est ce qui ressort du contrat d’apprentissage.
    En fait il se déplace chez ceux à qui appartient la récolte. Or, la récolte appartient pour moitié à l’exploitant pour moitié au propriétaire, et certains propriétaires ont de véritables entrepôts. Le filassier n’est propriétaire d’aucune filasse, seulement un journalier. C’est selon moi, le plus bas échelon du travail du lin et du chanvre.

    Selon Jocelyne Dloussky, dans son ouvrage « Vive la toile« , p. 26, le filassier ne lave pas toujours avec la méthode à l’eau et aux cendres, dite lessive, qui blanchit mieux le fil que les stratagèmes tels que le lait, le savon et l’indigo. Attention ce billet n’aborde pas le travail en blanchisserie, qu’on rencontre à Château-Gontier, Laval… qu’on pourra voir plus tard.

    Ensuite, tout le monde file, partout, homme comme femme, et je dirais même dans beaucoup de milieux : dans les inventaires après décès, je suis surprise de trouver le rouet et le travaouil un peu chez tout le monde. Il n’y avait pas la télé, Internet et les SMS pour perdre son temps ! Alors il fallait bien s’occuper.
    Le fil produit par chaque famille sera ensuite acheté par les marchands de fil, passant chez chacun, qui iront vendre à la foire de Craon, le fil qui partira à Laval ou chez des tissiers plus proches du Haut-Anjou. Je vous ferai ces marchands de fil une autre fois, car les inventaires après décès montrent leur fortune et leur mode de vie : il existe tous les échelons de fortune, et au sommet de cette pyramide, voir l’étude de Jocelyne Dlouskky citée plus haut, de la famille Duchemin, à la fortune considérable. Donc aujourd’hui, j’étais dans le bas de la pyramide sociale.

    Le chanvre servira en partie à faire des essuie-mains, draps grossiers etc… partie à faire les cordes, à Angers surtout…

    Le contrat d’apprentissage de Jean Dumesnil pour devenir tissier en toile, précise que son maître devra lui fournir « un pourpoint de toile, haut de chausse de meslin, bas de chausse de toile et une paire de choulier ». Le haut de chausse est l’ancêtre de la culotte. Il couvrait les hommes de la taille au genou, mais je ne pense pas que ce soit dans ce cas la culotte bouffante, courte, qui nous est familière avec les images connues d’Henri IV. Je m’imagine plus une sorte de bermuda (excusez la pauvreté de mes images), mais c’est ainsi que j’imagine mon apprenti, en pantacourt.

    Le meslin ou meslinge est un produit local, qui est une toile mi-linge, toile intermédiaire entre la toile fine et la grosse toile. Ne m’en demandez pas plus et tant pis pour moi aussi si je ne comprends pas à quoi cela ressemblait.
    La paire de choulier, vous avez compris, donc je passe.
    Reste le pourpoint, qui est la veste courte, serrée, et arrivant à la taille. Une chose est certaine, il s’agit d’un costume d’été, car les deux éléments (le pourpoint et le haut de chausse) sont en toile. Une chose est certaine cependant, pas de sous-vêtement à cette époque, surtout dans ce milieu. On portait tout à même la peau, et ce qu’on a appelé chemise, lorsqu’elle existait car je la trouve peu dans les inventaires, était souvent en chanvre, et dure à la peau. Ouille ! (désolée mais il n’y a pas d’autre expression à cette idée, qui n’effraie moi-même).

    Merci à Françoise pour cet essuie-mains de chanvre, datant de plus de 100 ans et toujours là (qu’en sera-t-il dans 100 ans des fabrications d’aujourd’hui, sans doute rien, même dans les musées). J’ai laissé la photo détaillée afin que vous puissiez voir le grain épais. Je peux aussi vous mettre un drap, qui est dans mon armoire, mais il faudrait un grand écran…

    Et le sarger me direz-vous ? J’ai deux contrats d’apprentissage, mais je ne peux les mettre sur la page de la toile, car la serge, qui était le tissu le plus solide qui existe, était fait de laine (enfin, pour d’autres on en a fait de soie, mais je suppose que les sargers du Haut-Anjou, travaillaient la laine). Ce sont des tissiers en serge de laine…

    Vous en avez assez de l’apprentissage, vous avez raison, vous saurez que ma page se mettra peu à peu à jour et qu’elle existe, et si vous avez des contrats vous-même, merci de coopérer, je vous citerai. Demain, nous voyons encore des documents rencontrés avant le contrat de mariage. Devinez lesquels ? Pour vous mettre sur la voie, souvenez vous que papa maman n’avaient pas la vie bien longue…

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