Contrat de mariage de Gilles Guillouard et Marie Marguerie, La Sauvagère (61) 1667

Que mes lecteurs Angevins se rassurent, je mets toujours un acte angevin le même jour qu’un acte normand, et il leur suffit de défiler l’écran pour le voir. Je même 2 provinces parfois de frond.

Gilles Guillouard est le père de Françoise, dont je vous avais mis hier le contrat de mariage. Il est aussi frère de mon ancêtre Pierre Guillouard qui est témoin ici.
L’acte m’apprend la présenceà ce contrat de mariage d’un noble, que je dirais parlant quant à la profession de mes Guilloaurd. En effet, ils demeurent à proximité de la forêt, n’ont pas ou peu de bêtes, et ont une loge, et j’ai depuis longtemps émis l’hypothèse que leur métier de journarlier était parfois en lien avec la forêt, d’autant qu’ils ne sont jamais cités pour les métiers de la forge toute proche, mais que la forge a besoin de la forêt.
Or, si on regarde par le menu ce contrat de mariage, on trouve parmi les témoins Me Anthoine Clouet verdier des eaux et forests. Pour avoir dépouillé plusieurs contrats de mariage de l’Orne, je peux conclure que les témoins sont proches parents et dans un ordre bien défini, mais que les notables ne sont pas présents, si ce n’est pour une bonne raison.

Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500) http://www.atilf.fr/dmf
VERDIER1, subst. masc.
A. – « Officier ayant la garde et la juridiction d’un domaine forestier »

La présence de ce témoin notable s’expliquerait seulement par son lien hiérarchique, à savoir il gère la forêt, et ces Guillouard sont des ouvriers journaliers de la forêt, même si je n’ai jamais rencontré pour eux le terme de bûcheron.

Enfin Gilles Guillouard semble faire un mariage confortable avec 300 livres de dot promise à la fille plus son trousseau, alors qu’hier je vous mettais le contrat de mariage de sa fille qui n’est que la moitié de celui-ci, et je vous indiquais aussi que la dot de 300 livres promise en 1667 à Gilles, n’était toujours pas soldée, ce qui se rencontre fréquemment dans l’Orne, contrairement à l’Anjou.
Il s’avère que Marie Marguerit avait au moins un frère, Jean Marguerit, qui épousa Françoise Fourey fille de Jean et Françoise Louvel, de Champsegré (AD61-B49/f°120, Ct de mariage du 29.1.1658 à Champsegré). Donc, ceci signifie que le père de Marie Marguerie décède avant d’avoir payé la dot, et son (ou ses) fils étant ses héritiers (comme je vous l’ai déjà indiqué ici les filles ne sont pas héritières) et ce sont donc le (les) frère qui doivent soldé la dot, donc parfois (ou souvent ?) sans se presser. Ainsi sur le contrat de mariage de Françoise Guillouard, fille de Gilles, que je vous mettais hier, il faut comprendre que Françoise Fourré vient en tant que veuve du frère payer ce que ce frère devait à sa soeur Marie Marguerie, mère de Françoise Guillouard, au titre de sa dot, définie dans l’acte qui suit.

J’ai trouvé cet acte aux Archives Départementales de l’Orne, AD61-4E174/18 vues 267-268/295 – notariat de Briouze – Voici sa retranscription (voir ci-contre propriété intellectuelle) :

Le 30 juin 1667 au traité de mariage qui au plaisir de Dieu et en face de nostre mère ste église catholique apostolique et romaine sera fait parfait et accomply les coustumes et ordonnances d’icelle bien et deuement observées par entre Gilles Guillouard fils François et Jeanne Bordel ses père et mère d’une part, et de Marie Marguerie fille de Jean et de Renée Goubert aussy ses père et mère d’aultre part, tous de la paroisse de La Sauvagère, lesquels se sont promis la foy l’un à l’autre à la première réquisition ou semonce de l’un ou l’autre, à quoy a esté présent ledit Jean Marguerie père de ladite affidée lequel a promis donner auxdits futurs affidés en don pécuniel la somme de 300 livres tz plus un habit nuptial à la disposition de ladite fille avec un manteau de drap de couleur plus un lit avec deux demys coffres de bois de chesne bons et suffisant fermant à clef, plus deux vaches pleines ou les veaux après, avec 6 bestes bergines aussy pleines ou leurs aigneaux après, plus un pot, une pinte, une chopine avec 6 petits plats le tous d’estain bon et suffisant avec 6 assiettes aussy d’estain, et attrousseler sadite fille de linge à la discreption de la dite mère et en outre le trousseau ladite mère luy a promis donner 20 aulnes de toile douge
de laquelle somme de 300 livres il en demeure entre les mains dudit Marguerie la somme de 200 livres pour estre employer par luy en fons ou rente dans toutefois et quantes ce jourd’huy passé pour servir de dot ou assignat à ladite fille et les autres cents livres les payra aussy dans le jour des nopces ou espousailles qui demeurent en don mobil pour ledit Guillouard pour les frais qu’il conviendra faire pour la (2 mots illisibles) dudit mariage et en cas de dissolution dudit mariage que ledit affidé allast de vie à trespas auparavant ladite affidée il est entendu par le consentement des mère et mère desdits affidés que ladite fille remportera pour le trousseau mentionné au présent tant morts que vifs et en cas pareil s’il advient que ladite affidée allast de vie à trespas auparavant son futur espoux il est aussy accordé qu’il luy demeurera la moitié du trousseau ainsi qu’il est mentionné cy dessus, à quoy a esté présent ledit François Guillouard père dudit affidé lequel a recogneu son dit fils pour l’un de ses présomptifs héritiers de sa succession comme à un de ses aultres enfants et luy a promis douaire sur sa contingente part et portion dès lors comme dès à présent et dès à présent comme dès lors, et ainsy demeurer à une et d’accord, en présence de Me Jacques Barberel prêtre, Guillaume Marguerie, Me Anthoine Clouet verdier des eaux et forests, François Destouches, Guillaume Penlou, Pierre Guillouard et Gilles Duvel et plusieurs autres

Odile Halbert – Reproduction interdite sur autre endroit d’Internet Merci d’en discuter sur ce blog.

Contrat de mariage de Françoise Guillouard et Julien Mesenge, La Sauvagère 1695

Lorsqu’il marie sa fille Françoise, Gilles Guillouard, veuf de Marie Marguerit et remarié, n’a toujours pas touché la dot de son mariage avec Marie Marguerit. Et une certaine Françoise Fourré, veuve Marguerite, mais pas la belle-mère, en paye un sixième mais non pas à Gilles Guillouard mais bien à sa fille Françoise, de sorte qu’on peut dire de Gilles Guillouard que la dot qu’on lui avait promise lui passe « sous le nez ».
Je vous ai surgraissé cette hallucinante clause de ce contrat de mariage.
Sur ce blog, j’ai déjà mis cette particularité des contrats de mariage normands, où l’on rencontre tant de dots impayées, et ce des décennies plus tard ! Donc celui-ci est encore un cas à ajouter à mes modestes découvertes. Il semble donc bien que ce soit un phénomène peu négligeable.

    Voir ma page sur La Sauvagère
    Voir mon étude des GUILLOUARD de La Sauvagère (Orne)

J’ai trouvé cet acte aux Archives Départementales de l’Orne, 4E31/29 notariat de La Ferrière aux Etangs – vues 92-93/202 – Voici sa retranscription (voir ci-contre propriété intellectuelle) :

Le 22 novembre 1695, in nomini domini, en traitant le mariage qui au plaisir de Dieu sera fait et parfait suivant et conformément aux constitutions et ordonnance de nostre mère la ste église catholique apostolique romaine par entre Jullien Mesenge fils François et de Marguerite Verdier ses père et mère d’une part et Françoise Guillouard fille de Gilles Guillouard et de Marie Marguerit ses père et mère tous de la paroisse de La Sauvagère, lesquels se sont promis la foy de mariage et s’épouser à la première requisition de l’une desdites parties et pour cet effet a esté présent Gilles Guillouard père de ladite fille lequel a promis donner à sadite fille tant pour ce qu’elle peut espérer du paternel que maternel audit Jullien Mesenge futur époux la somme de 150 livres pout toutes et tels parts et portions que sadite fille auroit peu prétendre et demander tant de sa succession que de celle de ladite defunte Marie Marguerit sa mère et en déduction de laquelle somme Françoise Fourré veufve de deffunt Jean Marguerit a présentement payé en louys d’or et d’argent et autre monnoye de présent ayant cours audit Jullien Mesenge futur espoux la somme de 33 livres 6 soubz 8 deniers faisant la sixiesme partie de la somme de 200 livres en quy elle est obligée audit Gilles Guillouard comme ayant espousé ladite defunte Marie Marguerit en premières nopces pour ses deniers dotaux à déduire et rabattre sur le principal de ladite somme de 200 livres, laquelle somme de 33 livres 6 soubz 8 deniers ledit Julien Mesenge futur espoux et François Mesenge son pèer ont dès à présent solidairement emploiée sur tous leurs biens présents et advenir pour tenir nature de dot et vray patrimoine de ladite future espouse pour plus grande asseurance de quoy ledit Jullien Mesenge futur espoux et ledit François son père y ont dès à présent affecté et hypotéqué tous leurs biens comme dit est, au moyen de quoy ledit Gilles Guillouard a tenu et tient pour quitte ladite Françoise Fourré en sa qualité de veufve et tutrice de sesdits enfants de ladite somme de 33 livres 6 soubz 8 deniers et recognu qu’elle a payé icelle somme auxdits futurs mariés à sa prière et requeste pour leur faire plaisir, et pour le surplus de ladite somme de 150 livres montant à 116 livres 13 soubz 4 deniers pour la dot de ladite future espouse ledit Guillouard a promis et s’est obligé payer icelle somme auxdits futurs espoux à scavoir présentement c’est à dire le jour des espousailles la somme de 40 livres et dudit jour des espousailles en une an la somme de 10 livres et ainsi d’an en an pareille somme de 10 livres et ainsy d’an en an jusques en fin de paiement de ladite somme de 150 livres, et outre ledit Gilles Guillouard a promis à sadite fille une vache et une genisse d’un an, un lit garni d’une coustte, un traversier, deux oreillers, une courtine ou pendant de lit en toille, une couverture de sarge sur fil, un coffre, demye douzaine d’escuelles, demye douzaine d’assiettes, un grand plat, une pinte, le tout d’estain commun, un habit à l’usage de ladite fille propre pour espouser, une douzaine et demye de chacune sorte de linge avec ce qu’elle en peut avoir par devers elle scavoir une douzaine et demye de draps, une douzaine et demie de serviettes, une douzaine et demie de coiffes, une douzaine et demye de mouchoirs, tous lesquels meubles cy dessus desnommés seront livres la veille des nopces ou espousailles de laquelle somme cy dessus de 150 livres il en sera remplacé au nom et ligne de ladite fille pour tenir nature de dot et assignat la somme de 100 livres sur tous et chacuns les biens dudit futur espoux tant présents que advenir et ad ce fut présent François Mesenge père dudit futur lequel l’a recognu pour son fils et a remplacé ladite somme avec ledit futur son fils sur tous et chacuns leurs biens et héritages, et se sont lesdits futurs gagé douaire suivant et conformément la coustume dès lors comme dès à présent et dès à présent comme dès lors et ainsy lesdites parties en sont demeurées d’accord etc, fait en présence de et depuis sont demeurées d’accord qu’il sera remplacé de ladite somme de 150 livres la somme de 133 livres y compris ladite somme de 33 livres 6 sols 8 deniers cy devant desnommées, ce fut fait en présence de Noel Poullain, Michel Serais, Pierre et Baptiste Mesenge, Jean et Nicolas Poullain, Pierre et Gilles Guillouard père et fils, Nicolas Serais, René Fauvel, Jean et Gilles Prodhomme frères, tous parents et amis desdits futurs tesmoings

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