Contre-lettre des Coiscault en faveur de Gohier pour le réméré du moulin à drap Coiscault, Combrée 1607

Je descends de Donatienne Coiscault épouse de Jean Duvacher, et voici encore un indice pour tenter de reconstituer sa famille.
En effet, René Coiscault prêtre à Combrée est ici dit neveu de Pierre Coiscault époux de Jeanne Garnier, manifestement encore tous deux vivants. Il agit aussi au nom de Donatienne Coiscault épouse de Jean Duvacher.
Pierre et Jacques Coiscault ont fait le réméré du moulin à drap Coiscault pour 1 500 livres avec Renée Coiscault épouse Passedouet, et ont eu pour caution solidaire Gohier, qui a demandé cette contre-lettre. Manifestement Jacques est décédé, et donc intervient Donatienne Coiscault épouse Duvacher que je dirais donc son héritière et probablement sa fille.
On a bien ainsi 3 parties pour le réméré, qui sont Pierre, Jacques et Renée, chacun donc pour un tiers. Mais pour payer ils ont créé une obligation dans laquelle Gohier est intervenu comme caution.
Enfin il est probable que cette contre-lettre tardive soit due au décès de Jacques Coiscault, et Gohier est alors inquiet.

    Voir ma page sur Combrée
    Voir ma page sur les COISCAULT
Combrée, collection particulière, reproduction interdite
Combrée, collection particulière, reproduction interdite

L’acte qui suit est extrait des Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E5 – Voici la retranscription de l’acte : Le 17 janvier 1607 avant midy par devant nous Guillot notaire royal à Angers fut présent et personnellement estably vénérable et discret Me René Coiscault prêtre demeurant en la paroisse de Combrée tant pour luy que pour et au nom et comme procureur et soy faisant fort de Pierre Coiscault son oncle Jeanne Garnier sa femme et de Jehan Duvacher et Donatienne Coiscault sa femme auxquels et chacun d’eulx il a promis et demeure tenu faire ratiffier et avoir pour agréable ces présentes les y faire d’abondant obliger avec luy solidairement o les renonciations requises aux cy après nommés lettres de ratiffication valables à peine ces présentes etc soubzmettant ledit Coiscault esdits noms cy dessus et en chacun d’iceulx seul et pour le tout sans division de personne ne de biens etc confesse que en exécution de la promesse et obligation faite entre lesdits Coiscault et Duvacher d’une part et Me Mathurin Gohier prêtre vicaire dudit Combrée passée par Fauveau notaire de la chastelennie dudit Combrée le 15 du présent mois et an, et à la prière et requeste d’iceulx les Coiscault et Duvacher et femmes ledit Gohier s’est mis et constitué caution judiciaire de Pierre Passedouet mary de Renée Coiscault prise en décharge des hypothèques qui pourroient estre sur le moulin à drap nommé le moulin Coiscault en ladite paroisse de Combrée naguères rescourcé par ledit Pierre et Jacques Coiscault de vénérable et discret missire Catherin Grosbois et Lezin Grosbois

    le moulin à drap Coiscault est sans doute le moulin Collin. S’ils ont pu en faire le réméré c’est qu’il avait appartenu à un de leurs ascendants auparavant, et cela ne peut être qu’un ascendant paternel Coiscault puisque le moulin en porte le nom.

à cause du contrat de constitution de tente de la somme de 80 livres assignée sur lesdites choses rescoussés et autres terres pour le prix de 1 500 livres qui fut mise de ladite rescousse par lesdits Pierre et Jacques et Me René les Coiscault et Duvacher auxdits les Grosboys, et en acquiter et garantir à l’advenir ledit Passedouet attendu qu’au moyen de ladite convention il doibt pour la tierce partie du fort principal de ladite rescousse montant 1 500 livres pour ces causes et autres plus amplement déclarées et contenues par ladite convention et obligation et en tant que mestier est adjousté à icelle qui demeure ce présent en sa force et vertu sans y déroger a ledit Me René Coiscault esdits noms que dessus et en chacun d’iceulx solidairement comme dit est pomis promet demeure tenu et obligé faire l’extinction et admortissement du tiers de ladite rente ou par autre voye en tout et mettre hors ledit Gohier ses hoirs et jusques aux arréraiges et du tout en acquitter et décharger et indempniser ledit Gohier ses hoirs et luy en fournir acquit et quittance vallable dedans d’huy en deux ans prochains à peine de toute perte dommages et intérests dès à présent stipulés et en cas de deffault ces présentes et à condition express que ledit Passedouet paiera sadite tierce partie desdits deniers ce qui a esté employé en ce qui pourroit suffir en l’extinction et admortissement de ladite rente vers lesdits Grosboys par ce que le tout a esté ainsy voulu convenu et accordé par lesdites parties et que autrement et sans lesdites promesses obligations et conventions ledit Gohier ne se fust mis et constitué en ladite caution et ce que en a fait comme dit est à sa prière et requeste ledit Coiscault esdits noms pour leur faire plaisir ainsi que dessus,
ce qu’ils ont stipulé et accepté à quoy tenir garantir demeurent obligés mesme ledit Coiscault esdits noms que dessus et en chacun d’iceuls seul et pour le tout sans division, renonczant par especial au bénéfice de division discussion ordre
fait à Angers à notre tablier présents Me Jehan Pouriaz advocat et Pierre Boyreau clerc demeurant audit Angers

    les actes de réméré et d’obligation étaient passés localement sous la cour de Combrée. Gohier a manifestement été inquiet, sans doute du décès de Jacques, et est venu à Angers consulter Pouriatz qui est un notable localement influent à Combrée, mais monté avocat à Angers. Et c’est Pouriatz qui leur a probablement conseillé cette contre-lettre tardive.

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Quand mon grand papa mourra j’aurai sa culotte de drap ! Qu’est ce que le drap à l’époque ?

Voici cette chanson ancienne, comptine, telle que mémorisée à Nantes, grâce au commentaire laissé avant-hier sur ce blog. Merci à vous ! La version chantée est sur la page du drap de laine.

Quand mon grand papa mourra j’aurai sa vieille culotte
Quand mon grand papa mourra j’aurai sa culotte de drap
Oui j’aurai sa ch’mise et sa casquette
Oui j’aurai sa dépouille complète
Quand mon grand papa mourra j’aurai sa culotte de drap

Manifestement il n’existe que ce couplet, comme dans d’autres ritournelles anciennes, telle Une poule sur un mur, etc… Elle est beaucoup moins connue car le sujet est difficile à comprendre de nos jours, voire terrifiant pour des enfants habitués maintenant à changer de tenue chaque jour.

Autrefois, tout était fait pour durer, donc un tissu devait être résistant. Lors d’un décès, le notaire dressait un inventaire estimatif. Quelques jours plus tard avait lieu dans la maison même du défunt, une vente publique, aux enchères, lors de laquelle les voisins venaient acquérir tous les objets et vêtements, un par un, quelque soit l’état d’usure, scrupuleusement noté. Les vieux poêlons, les vieux tabliers, les vieilles vestes, tout partait refaire ailleurs une seconde vie, voire une troisième ou quatrième vie.
Je suis née, comme on disait dans les années 50, avant-guerre. Même après la guerre, et durant de longues années, ma principale activité de petite fille fut de mettre des pièces carrées pour réparer les vêtements de travail de mon papa, retourner les draps avant l’usure totale : on les coupait par le milieu en longueur, puis on faisait à la main, un mince surjet pour lier les deux bords moins usés, devenus le milieu et assurant quelque temps encore la résistance du tissu.
N’allez pas en conclure que j’étais dans une famille pauvre, pas du tout. Ce qui signifie que ces pratiques étaient le lot de l’immense majorité des Français.
J’ai de quoi parler pendant des heures de toutes ces récupérations… qui feraient l’objet d’un billet entier. Mais revenons au drap de la chanson-comptine.

Le drap de la chanson devait être non seulement résistant, mais aussi chaud, car nous avons vu que les fenêtes étaient sans vitre.
Il fallait donc des vêtements plus chauds que ceux que nous portons aujourd’hui. Le terme drap est devenu pour nous au fil des siècles un faux-ami, car nous l’utilisons uniquement pour désigner un drap de lit.
Le drap fut longtemps une étoffe de laine. Par extension, on dit Drap d’or, drap de soie, Étoffe dont le tissu est d’or ou de soie.
La fabrication du drap est liée au très ancien élevage du mouton. L’homme inventa de multiples façons de le tisser, mais l’achèvemement consistait à fouler, laver, lainer etc… ce qui était fait dans les multiples moulins à foulons qui ornaient autrefois nos rivières.
Notre drap de lit fut longtemps Linceul : drap de toile qu’on met dans un lit pour se coucher, et pour ensevelir. C’est ainsi qu’il est désigné encore dans des contrats de mariage ou inventaires après décès, mais en Anjou, je trouve toujours le terme plus moderne de drap pour désigner les draps de lit.
Dès 1639, dans mon plus ancien inventaire après décès mis en ligne il y a quelques années, les draps de lit sont désignés ainsi : 18 draps de toile de brin de 8 aulnes 44 L \ 16 draps de toile de brin en brin 22 L \ 12 essuiemains de grosse toille 2 L 10 s (Inventaire après décès de Madgeleine FEILLET, hôtellerie de la Fleur-de-Lys, La Membrolle 1639)
Un linguiste vous expliquerait alors que c’est le drap, un drap, et que l’étoffe est du drap. Quoiqu’il en soit, ma génération aura vu s’effondrer les vêtements résistants et chauds, d’origine natuelle, au profit du tout jettable et surtout pas si chaud que cela quoique la pub veuille bien chanter !
Mais me direz vous, et le lavage des vêtements en drap ! Ceci est un autre sujet, où j’ai des anecdotes croutillantes … mais retenez pourtant que ce tissu avait une qualité essentielle : il ne prenait pas les odeurs (sous entendu, comme les tissus modernes)

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