Saisie du quart d’une métairie, Ampoigné, 1624

Voici encore une affaire de saisie, mais cette fois, pas banale, car pour une petite dette, on a saisi le quart d’une métairie, et non la totalité.
Entre nous, j’ai beaucoup de mal à m’imaginer comment était ce quart, car une métairie est un tout indivisible ?
Bref, pour lever cette saisie, nous assistons encore à un montage laborieux de petits paiements mais surtout, une fois encore, à l’entremise d’un homme d’affaire sur place.
Nous découvrons que Gervais Lepage, maître et professeur en l’art d’écriture à Angers, a épousé une fille de Georges Poipail de Pommerieux, mais ce Poypail a dû laisser quelques impayés, et voici donc le gendre entraîné dans une galère, galère qu’il ne peut résoudre compte tenu de la distance (plus d’un jour de cheval, souvenez-vous de cette mesure importante autrefois) et l’acte qui suit traite donc avec un intermédiaire, qui prend le tout à sa charge.
Et comme ce Georges Poypail ne m’a pas paru tout à fait clair, j’en profite pour vous mettre ce même jour un autre acte le concernant, histoire de mieux le cerner.

J’en ai profité pour vous mettre un petit peu de paléo, bon courage !

L’acte qui suit est extrait des Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E5 – Voici la retranscription de l’acte : Le 3 août 1624 après midy, par devant nous Nicolas Leconte notaire gardenottes royal Angers furent présents establys soubzmis honorable homme François Tireau (il signe « Tyreau ») Sr

de la Fresnouze demeurant à la maison seigneurial
de Cheripeau paroisse d’Ampoigné d’une part
et Gervais Lepage Me et professeur en lart
descripture demeurant en la paroisse sainct Pierre
de ceste ville d’autre lesquels ont volontairement

    Profitez en pour un peu de paléographie, d’autant qu’elle est claire et facile, et que vous avez de la chance il n’a pas abrégé paroisse et lesquels
    1ère ligne : demeurant, avec une finale en chandelle indiquant une abréviation
    2ème ligne : part, avec l’abréviation de par, qui est aussi utilisée pour per
    3ème ligne : professeur, aussi avec une finale en chandelle indiquant une abréviation, donc il n’est pas écrit professe mais bien professeur
    4ème ligne : demeurant, écrit différemment de celui qui est 3 lignes plus haut
    5ème ligne : d’autre, et volontairement

confessé avoir fait et font les conventions suivantes qui est que ledit Tireau a promys et demeure tenu dans 4 sepmaines payer en l’acquit de Georges Poypail beau-père dudit Lepage à Félix Guischard Sr de l’Isle la somme de 50 livres et à faulte de payement de laquelle il auroit fait saisir la quarte partie du lieu et mestairie de la Rouette en la paroisse de Pommerieux
et la somme de 30 livres à Me Louis Guilleu advocat à Craon comme procureur de Mr le maréchal du Bois Dauphin à cause de sa terre de Cangé pour la part et contribution dudit Poypail en la somme de 300 livres deue audit seigneur pour l’indemnité du lieu et seigneurie de la Jounelière, lequel par défunte Perrine Goullay à l’hospital des pauvres de Château-Gontier ensemble les intérests et despens qui en peuvent estre deubz, pour payement et remboursement
de quoy ledit Lepage a ceddé et transporté par ces présentes audit Tireau la somme de 23 livres 17 sols 4 deniers par une part et 22 livres 14 sols 4 deniers par autre 13 livres 13 sols par autre 29 livres 15 sols 2 deniers par autre, le tout de despens taxés contre Jeanne Poypail au profit dudit Georges Poypail, par ordonnance de Mr le lieutenant général audit Château-Gontier le 3 février et le 20 décembre 1621 et 16 juin 1622 et 2 mars 1623 et la somme de 35 livres 16 sols qui estoit deue à Catherine Allain femme séparée de biens d’avecq ledit Poypail par obligation passée par ledit Charuau notaire à Craon le 3 mai 1618, revenant toutes lesdites sommes à la somme de 165 livres 18 sols tz cy-devant ceddant audit Lepage par ladite Allain par escript et transports faits par ledit Charuau le 25 avril, 18 juin 1622 et 17 mars 1623, lesquelles cessions et obligations ledit Lepage a présentement mises ès mains dudit Tireau et promis luy bailler et fournir lesdites ordonnances de despens de lundy en 15 jour audit Craon maison de René Chollier, mettant ledit Tireau en son lieu et place droits et actions et subrogé en iceux pour se faire payer desdites sommes ceddées jusques à concurrence desdites sommes principales intérests et despens qui pourront estre deubz, audit Guischard et Guilleu audit nom et encores pour le payement et remboursement de la somme de 32 livres payée par ledit Tireau audit commissaire establi sur ledit quart de métairie et outre de la somme de 18 livres pour le coust de la grosse du bail judiciaire d’icelle adjugé à Pierre Tireau fils dudit Tireau par Mr le lieutenant général de ceste ville le 22 juin 1623 et frais faits à l’occasion d’iceluy bail par ledit fermier des droits duquel ledit Sr de la Fresnouze a mis met et subroge ledit Lepage durant iceluy bail mesme pour à ses périls et fortune prendre les fruits de l’année dernière ès mains du métayer ou d’autre qui les peuvent avoir et d’acquiter et libérer ledit fermier du prix de ladite ferme et autres charges dudit bail, la grosse duquel il a mis ès mains dudit Lepage,
lequel après que ledit Tireau sera payé et remboursé desdites sommes qu’il a cy-dessus prinses payer tant en principal et accessoire ou après liquidation du tout se pourra faire payer du surplus par ce que du tout ils sont demeurez d’accord et tout ainsi voulu stipullé et accepté tellement que à tout ce que dessus est dit tenir etc dommages etc obligent respectivement renonçant etc foy jugement etc
fait audit Angers maison de noble homme Me Louys Hamonnière Sr de Moureux advocat en ceste ville en sa présence et de Me Jacques Bouvet praticien demeurant audit Angers

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Accord pour la jouissance de la Raudière, Miré, 1599

Voici une situation totalement moderne !
Un papa, qui refuse de mourir (on n’a pas idée ! ce n’est pas bien de ne pas faire la place aux jeunes), possède une maison de maître, une métairie et une closerie. Il a un fils et 2 filles mariées, mais a imprudemment logé son fils avec lui dans la maison de maître, et ils jouissent des revenus de tout le patrimoine. (ceci dit que ferait un vieux monsieur seul dans une grande maison ?)
Cet énorme avantage concédé à son fils n’est pas du goût des 2 gendres, qui demandent des comptes, y compris par voie de justice. Tant et si bien qu’une transaction est négociée entre eux.

Et là, surprise, non seulement tout ce petit monde va partager les revenus du tout, mais le fils est prié de déguerpir !

    Pauvre papa, qui va rester tout seul dans sa grande maison, qui, à en juger par ce qu’en dit Célestin Port, était une vieillerie manifestement peu confortable… J’en grelote…

Mais avant de voir l’acte, partons d’abord en paléographie, identifier les lieux. Car bien souvent, ce que je vous rends si bien tappé, est le fruit d’une longue recherche dans mes usuels (Port, Angot etc…).
En paléographie, on aime bien les abréviations, et parmi elles, la chandelle en fin de mot, pour toutes sortes de terminaisons…
Voici donc une magnifique chandelle, que je n’ai pas vu du premier coup d’oeil, et j’ai d’abord cherché Randis, pour finir après moult recherches par identifier la Raudière.

la Raudière, commune de Miré. Ancien fief et seigneurie, avec antique château et chapelle fondée le 15 mai 1504 par Renée Duchemin, dame de Miré, femme de René Frézeau. La terre appartenait aux seigneuries de Miré jusqu’aux premières années du 16e siècle et fut de nouveau réunie par Victor Cohon du Parc qui en exerça le retrait féodal en 1696 sur Vincent Béron, acquéreur cette même année de René Hamon. Elle appartenait en dernier lieu à Denis-Edouard-René-Xavier Amelot du Guépéan, mort le 15 juin 1832 à Beaupréau et a été acquise de ses héritiers le 20 mai 1833 par M. Etienne Lemonnier de Lorière, propriétaire à Laval. (C. Port, Dict. du Maine-et-Loire, 1876)

Le site des Monuments Historiques ne relève pas cette maison, probablement disparue.

L’acte qui suit est extrait des Archives Départementales de la Mayenne, série 3E19 – Voici la retranscription intégrale de l’acte : Le 5 février 1599 : comme par jugement donné à Sablé le 14 décembre dernier, honneste homme René Hamon eust esté condamné avecques Jehan Hamon son fils aîné faire lot et partaiges à Me Symon Lemaistre mary de Anne Hamon et Jehan Levarlet mary de Marie Hamon ses beaux frères du lieu de la Raudière en ladite paroisse de Myré pour en présence de chacune desdites parties chacun en son droit au prorata chacun de ce qu’il y est fondé ainsi qu’il est plus amplement rapporté par ledit jugement en exécution duquel ledit René Hamon estoit prest de faire procéder au cordelage desdites choses quoi faisant lesdites parties se seroient assemblées et eussent avisé ensemble que faisant lesdits partages lesdites choses demeureroient grandement que loppins et ne fussent de si grande valeur et revenu qu’elles sont estant exploitées sans les partaiger à quoi lesdites parties après mure délibération faite entre eulx ils en ont accordé et transigé comme s’ensuit
pour ce est il que ce jourd’huy 5 février 1599 après midy en la court royal de St Laurent des Mortiers par devant nous François Morin l’aîné notaire d’icelle demeurant à St Denis d’Anjou personnellement establiz chacuns dudit René Hamon demeurant à présent audit lieu de Raudière paroisse dudit Myré, Symon Lemaistre mary d’Anne Hamon demeurant à Sablé, Jehan Le Varlet mary de Marie Hamon demeurant en ladite paroisse de Myré, lesdits les Hamons enfants dudir René Hamon et de défunte Jacquine Gileberet d’autre part,

lesquelles parties ont accordé par entre eulx ce qui ensuit scavoir que pendant et durant la vie dudit René Hamon les lieux de la Raudière et Crepignon ne seront aucunement partaigés mais seront chacun desdits lieux exploités tout ensemblement les mestairies et choses à ceste fin en jouiront lesdites parties pendant la vie dudit René Hamon comme s’ensuit scavoir que dudit lieu de la Raudière lesdits Jean Hamon Lemaistre et Levarlet esdits noms pour ung tiers de tout ledit lieu tant en fief qu’en domaine et ledit René Hamon pour les deux parts et à ceste fin a ledit René Hamon remis à sesdits enfants l’usufruit à luy acquit par la mort de deffunts Jehan et Françoise les Hamons ses enfants puisnés,
et pour le regard dudit lieu de Corpigneul ledit René Hamon en jouira pour une moitié et lesdits Hamon Lemaistre et Levarlet pour l’aultre moitié et en seront les fruictz de chacun desdits lieux à commencer du jour d’huy partaigez entre lesdites parties à ceste raison au temps de moissons avec les mestayer et closier dudit lieu sans que l’une desdites parties y puissent rien prendre les ungs sur les autres

et à ceste fin promet et demeure tenu ledit Jehan Hamon vyder de corps ledit lieu de la Raudière dedans le jour de Toussaint prochainement venant pour estre tout ledit lieu tenu et exploité par les mestayers dudit lieu sans aucun empeschement

fors que ledit René Hamon poura luy seul disposer de la grand maison pressoir et celier dudit lieu sans que lesdits Jehan Hamon Lemaistre et Levarlet y puissent à présent faire leur demeure pendant la vie dudit René Hamon,

et payeront lesdites parties à raison de leur jouissance chacun leur part de la façon des vignes avias de la vendange et coustz des tonneaux
et pour le regard des boys que ledit Jehan Hamon auroit couppé et vendus de sus ledit lieu de la Raudière il a confessé en debvoir audit Lemaistre pour sa part 3 écus sol et audit Levarlet aussi pour sa part ung écu 20 sols, lesquelles sommes il leur promet payer toutefois et quantes
et au moyen des présentes demeure ledit Jehan Hamon quite de l’exploitation de ladite grand maison et jardin dudit lieu pour le passé et fera ledit Grand jardin jusqu’au dit jour de Toussaint à moitié de tous fruits et revenus
et est ce fait sans déroger et préjudicier aux accords cy davant faits entre lesdites parties passez par Chauveau notaire entre ledit René Hamon Jehan Hamon Symon Lemaistre en dapte du 22 janvier 1596 et aussi sans déroger au contrat de mariage fait par ledit René Hamon avecques ledit Levarlet dudit mariage de sa fille qui demeurent en leur entier et parfait,
aussi le présent accord faisant lesdits Jehan Hamon Lemaistre et Levarlet veulent et consentent que ledit René Hamon baille ledit lieu de la Randie sa vie durant à tiltre de moitié à tel mestayer que bon luy semblera à telles charges et conditions qu’il voyra sans le consentement desdits Jehan Hamon Lemaistre et Levralet
auquel accord tenir d’une part et d’autre obligent etc renonçant etc foy jugement etc
fait passé audit St Denis en la maison dudit René Hamon ès présence de Me Jehan Courtin régent

Miré, château de Vaux, collections personnelles, reproduction interdite
Miré, château de Vaux, collections personnelles, reproduction interdite

Voici un autre lieu de Miré, celui-ci conservé, et cliquez sur l’image vous voyez Miré

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Paléographie : lettre I et J

Le Robert 2009 dépoussière l’orthographe traditionnelle avec de nombreux mots écrits de manières différentes.
Exemple : on pourra choisir entre «charriot» et «chariot»
Si j’ai bien compris le raisonnement, il s’agit de constater que la langue française a évolué, et il n’y a pas de raison que cela s’arrête.

Je lis si souvent le 16e et le 17e siècle que je suis bien d’accord avec ce point de vue : cela a beaucoup évolué par le passé. Alors pourquoi s’arrêter là ?

Ainsi, aujourd’hui, je réponds à une demande qui va concerner l’histoire des lettres I et J autrefois.
Voici d’abord la demande de lecture du prénom, suivie de ma réponse, et enfin l’histoire des lettres I et J pour comprendre comment elles ont évolué.


Cliquez dessus pour agrandir. Cette image est la propriété des Archives Départementales du Maine-et-Loire.

Le vingtsixiesme septembre l’an mil six cens
trante deulx a esté baptisé sur les fons
de l’église de Pruillé Jves fils de Mathurin
Gillet et Jacquine Rosais demeurans au
bourg dudit Pruillé est parain Jve Justeau
et marainne Jehanne Bonnin lesquelz ont dict
ne scavoir signer baptisé par moy soubz
signé

Pour comprendre comment Jve pour notre Yves moderne, voyons l’histoire du J

  • Petite histoire de la lettre J
  • Selon le Dictionnaire Encyclopédique Larousse, 1983

    Les latins utilisaient une forme allongée du I pour marquer soit la quantité longue de la voyelle, soit la nature consonantique.

    Au Moyen-âge, dans la plupart des cas, le J a été confondu avec le I dans la graphie.

    A partir du 13e siècle, on tend à noter par un I allongé ou J la semi-voyelle, sans que cela devienne une règle.

    En 1542, le grammairien Meigret proposa d’utiliser systématiquement la lette J pour noter le son (j) mais son conseil ne fut adopté que très lentement par les imprimeurs.

    En 1718, le Dictionnaire de l’Académie mélange encore les nom qui commencent par I et ceux qui commencent par J.

    Lorsque je vous retranscris un texte, je rencontre souvent par exemple iamais etc.. etc…
    La retranscription officielle admet qu’on écrive alors jamais, compte tenu de tout ce qui précède et de la lisibilité du texte, par ailleurs bien assez compliqué comme cela.
    Donc vous ne voyez jamais le mélange, que je rectifie conformément à ce qui précède.

    Revenons à notre JVE : il est dont IVE qui est notre YVES moderne.

    Et si vous voulez vous distraire allez lire en ligne voir des ouvrages du 16e et du début du 17e siècles, ils sont imprimés avec le I au lieu du J
    Vous allez par exemple sur le site des Bibliothèques Virtuelles Humanistes, qui est un vrai régal, et Français ce qui est encore mieux. D’ailleurs, en revisitant ce site magnifique pour vous, j’ai vu qu’il avait mis en ligne des retranscriptions de notaires de Touraine.

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    Paléographie : solution de l’exercice de vendredi dernier

    Il fallait trouver l’erreur

    J’ai dû mal m’exprimer, mais le jeu consistait seulement à trouver l’erreur, pas à mettre en ligne une retranscription, encore moins se faire aider. Pour progresser en paléographie, il faut pratiquer beaucoup d’exercices soi-même, et chaque fois découvrir ses propres lacunes pour progresser pas à pas.

    Cette image est la propriété des Archives Départementales de la Mayenne.

    Voici donc la solution :

      Le deuxième de septembre l’an (tilde) que
      desus (1574 à Château-Gontier) a esté batizé ung anfant (2 tildes)
      qui appartenant (tilde) à Pierre Pillegault
      et à sa femme (tilde) pour parain (tilde) et
      maraines (tilde) Macé Deniau
      Perrine Courcier Louize femme (tilde)
      Locherie

    L’enfant, non nommé, est une fille car il y a deux marraines. C’est maigre, mais c’est toujours cela.

    Le tilde, du latin titulum, est l’abvréviation la plus répandue. Il est figuré par un trait horizontal au dessus, et peut signifier l’abréviation de plusieurs lettres, d’une ou deux syllables. N’hésitez pas à détecter un tilde, car le trait horizontal est facile à détecter, et il cache toujours quelque chose dessous.

    Il est écrit Garnier en marge. Ce nom sort d’un chapeau. C’était l’erreur à trouver. Je pensais que cet exemple illustrait bien le piège des noms en marge.

    Ce registre donne en marge un grand nombre d’erreurs, totalement inexpliquables, ou plutôt, expliquables par l’ignorance en paléographie de celui (je dis celui parce que je ne pense pas que les dames avaient droit de fréquantation au presbytère) qui a mis ces noms en marge, bien plus tard que le registre, et probablement fin 18e siècle, date à laquelle la paléographie était largement méconnue.
    Les registres de Craon aussi fourmillent d’erreurs en marge, écrites bien plus tardivement, par quelqu’un qui ignorait la paléographie.

    En conclusion, il faut toujours lire les actes, et ne pas se contenter de la marge.

    Voir ma page de paléographie sur mon site : nombreux exercices …

    Mais au fait, dois-je continuer à vous proposer des exercices ? Et avez-vous songé à ma question d’hier, vous demandant quel est l’acte notarié qu’on rencontre d’abord dans une vie. Merci de votre participation.

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    Mariage illégitime et enfants illégitimes

    , suite du billet d’hier.
    Avec exercice de paléographie.

    Parfois, le père, reconnaissait l’enfant dans son testament, mettant sans doute sa conscience en paix avant de paraître devant Dieu. Parfois, l’enfant est reconnu lors du mariage, même, s’il avait été déposé à sa naissance sans mention du nom de la mère. Nous possédons un acte notarié de cette nature, dont le nom restera du domaine de la vie privée…

    Le mariage aussi pouvait être décrété illégitime en cas de consanguinité découverte après coup, probablement par dénonciation…, entraînant les enfants issus de ce mariage dans l’illégitimité. Cette règle fut organisée au 4e siècle.
    Elle a été étudiée par Jack Goody dans son ouvrage l’évolution de la famille et du mariage en Europe, Armand Colin, 1985, préface de Georges Duby. Voici le résumé :

    Stimulés par les ethnologues et les démographes, les historiens depuis vingt ans se sont mis à scruter l’histoire des réalités familiales en Europe. Jack Goody refuse les idées reçues. Guidé par son expérience d’anthropologue acquise en Afrique, il entreprend d’interroger sur la longue durée les modèles de parenté, soucieux notamment d’expliquer les différences qui ont clivé le bassin méditerranéen au IV » » siècle. Il souligne ainsi le rôle déterminant joué par l’Église dans l’Occident médiéval.
    Secte minoritaire, elle devient alors une organisation dont les intérêts exigent qu’elle constitue et défende un patrimoine elle va ainsi construire un système de règles où sont proscrites des pratiques telles que l’adoption, le divorce, le concubinage, les unions entre proches. Prenant en main les institutions du mariage, des donations et de l’héritage, elle favorise la mobilité de la terre, son aliénation, donc sa dévolution éventuelle à l’Église, et l’accumulation du capital entre ses mains. Le mariage sur consentement mutuel, la liberté de tester, les préceptes de la morale conjugale qu’elle impose assurent son pouvoir spirituel mais aussi temporel, celui du plus grand seigneur foncier.
    Traduit d’un ouvrage tout récent, cet essai « remarquable et dérangeant « , selon Georges Duby, fournira aux historiens et aux anthropologues un cadre rigoureux de réflexion et il séduira par l’originalité de ses perspectives le public des non spécialistes désireux de mieux connaître l’évolution de nos structures familiales.
    Jack Goody, ancien directeur du département d’anthropologie de l’université de Cambridge et récemment chargé d’enseignement à l’École des hautes études en sciences sociales, est mondialement connu pour ses recherches africanistes et son effort pour concevoir les modèles familiaux dans leur complexité et leur universalité.


    Cet arbre de consanguinité, dressé au 11e siècle, est l’une des multiples représentations de la consanguinité à l’époque.
    L’actualité veut qu’un Colloque international ait lieu les 24-26 janvier 2008 à l’ENSSIB École nationale supérieure des sciences de l’information et des bibliothèques Écritures : sur les traces de Jack Goody autre aspect de son œuvre.

    Ainsi, la préservation du patrimoine a fixé des règles. C’est ce que je viens de redécouvrir en préparant ce billet et surtout à la lumière d’un acte notarié que j’ai récemment lu et qui m’a refait voir les dispenses de consanguinité aussi sous cet angle, ce qui m’avait jusqu’à présent totalement échappé. Le voici :

    Pour progresser en paléographie, retranscrivez vous-même ce passage. Vous avez un zoom de cette vue pour mieux la retranscrire.

    Le 6 mai 1573, Julienne Bonvoisin, veuve de †Jean Colin juge magistrat à Angers, fille de Jehan Bonvoisin Sr de la Riveraye et de Jacquette Leconte, fait une demande à monsieur l’official, expéditeur des demandes de consanguinité, afin d’obtenir une dipsense de consanguinité du 3° au 4°degré avec Jehan Bonneau, en vue de mariage.

      « desdites parties tel ne se pourra condamner le
      mariage qu’il y a entre ledit Bonneau et
      Julienne Bonvoisin et quant auxdits constituants
      ils ont voulu et consenty, veulent et consentent
      ledit mariage et que les enfants qui
      proviendront du mariage soyent déclarés
      légitimes et habiles à succéder et desrogeant
      comme dès lors et dès lors comme dès à présent tiennent
      lesdits enfants qui proviendront dudit mariage légitimes
      et habiles à succéder tout ainsi que si lesdits
      Bonneau et Julienne Bonvoisin ne se touschayent
      d’aucune consanguinité et à l’entrement de tout »

    Cet acte qui vient de me faire prendre conscience de l’importance autrefois de la transmission du patrimoine. Je n’avais pas vu la consanguinité sous cet angle jusqu’à présent. Demain nous voyons la succession des bâtards, puis nous verrons le premier acte notarié rencontré au cours d’une vie. A votre avis, quel acte rencontrait-on d’abord au cours de sa vie ? Et avez-vous le temps ce WE de répondre à mon jeu paléographie d’hier.

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