Le curieux prénom de Vincent Jacques François de Chantal Alexis RABEAU °Sainte-Gemmes-d’Andigné (49) 21 mai 1775

Le nombre de prénoms s’est parfois allongé et je suis personnellement concernée avec mes 5 prénoms et ma mère aussi 5 prénoms, et j’ai dû déjà vous conter les colères des employées de mairie des années 1960 lorsqu’elles établissaient ma fiche d’état civil sur les feuilles autrefois la moitié du format 4 sur lesquelles les noms avaient une place assez limitée, aussi elles devaient souvent détruire avec colère leur travail pour recommencer en plaçant les lignes autrement. C’était avant l’ère informatique et les machines à écrire à marteaux sévissaient encore… Ma maman et moi étions nées sous les bruits de bottes, d’où l’explosion de prénoms réunissant la famille… Et je suis restée très sensible, lors de mes recherches généalogiques, aux prénoms et à leur nombre…
Or, cherchant à compléter mes collatéraux RABEAU sur Sainte Gemmes d’Andigné, je trouve en 1812 et 1815 les naissances de 2 enfants de Vincent Jacques François Chantal Alexis RABEAU qui a 5 prénoms, chose rare tout de même à l’époque, et surtout des curieux prénoms, car je me demande bien ce que Chantal vient faire, et Alexis aussi, car dans la majorité des prénoms autrefois on retrouve les parrain et marraine ou autre proche parent…
C’est alors que bien m’en prend, je tente de trouver le baptême de ce Rabeau si riche de prénoms, contrairement à ses frères et soeurs que je connais. Et là, stupéfaction, regardez-le bien :

« Vincent Jacques François de Chantal Alexis, né hier fils du sieur Jean [Jean-Pierre] Rabeau marchand fermier et de demoiselle Renée Guillot [Renée-Perrine] son épouse, parrain le sieur Vincent Guillot oncle maternel [mon ancêtre] marraine demoiselle Jacquine Rabeau femme du sieur Moreul » Donc, ses prénoms sont le parrain, la marraine, Françoise de Chantal je ne m’explique pas pourquoi, et Alexis que je ne m’explique pas plus. Mais une chose est certaine, il se présentait au cours de sa vie avec tous ses prénoms mais un peu altérés, car en omettant le « de » devant Chantal, et comme l’acte de baptêmes n’a pas de virgules, on avait oublié Françoise de Chantal, seule sainte qui puisse être ici invoquée. Je suppose que l’un des parents avait un lien quelconque avec cette sainte… et aussi à Alexis. Et ce n’est pas le calendrier qui a été ici invoqué, car j’ai vérifié sur Nominis le 20 mai jour de sa naissance et aucun saint n’est parlant. Enfin, le saint de la paroisse est Saint Nicolas, et le curé un certain Lemotheux, donc rien de parlant là aussi…

Voici sa fratrie :
Renée-Perrine GUILLOT °Gené 8.12.1744 †SteGemmes-d’Andigné 15.2.1785 Fille de Mathurin GUILLOT & de Françoise HUET x Gené 13 juin 1769 Jean-Pierre RABEAU °Champigné (ou Château-Gontier selon son †) ca 1756 †Sainte-Gemmes-d’Andigné 10 mai 1815 fils de †Guillaume et Françoise Leroy (†Ste Gemmes 5 novembre 1776 à 72 ans, veuve de Guillaume Rabeau, en présence de Jacques, Guillaume et Jean Rabeau ses enfants)
1-Françoise-Mathurine RABEAU °SteGemmes-d’Andigné 25 avril 1772 x Chazé-sur-Argos 6 frimaire II Dominique GUILLOT son cousin, dont postérité ci-avant
2-Renée-Françoise RABEAU x (ctm du 20 octobre 1791) Julien HEUZÉ dont postérité suivra
3-Jean Pierre RABEAU x (Ct du 19 pluviose IX) Adélaïde Rosalie RABEAU fille de René Anne Rabeau Md fermier et juge de paix du canton de Pommerieux et Jacquine Henriette Denis
4-Vincent François Jacques Chantal Alexis RABEAU °Sainte-Gemmes-d’Andigné 21 mai 1775 x Anne Jeanne Perrine BERTRAND dont postérité suivra
5-Marie RABEAU °SteGemmes-d’Andigné 28 juin 1776 « née Marie Rabeau fille de Jean Rabeau marchand et Renée Guillot, parrain René Aubert fermier, oncle, marraine Marie Rabeau tante »
6-Guillaume RABEAU °SteGemmes-d’Andigné ca 1780 x La Chapelle-sur-Oudon 10.3.1806 Anne GASTINAIS dont postérité suivra
6-Louis RABEAU °SteGemmes-d’Andigné x StMichel-et-Chanveaux 17.1.1809 Marie POUPARD dont postérité suivra

Elisabeth me suggère un voeu et il se pourrait aussi qu’un(e) proche parent soit dans l‘un des nombreux couvents de la Visitation, ainsi celui d’Angers, mais il est difficile en généalogie de trouver les religieux et religieuses… et tappant sur le moteur de recherches le couvent de la visitation en Anjou, je retombe sur mon blog où je trouve déjà 3 articles sur ce couvent

Dernière hypothèse, à l’instant je me rappelle que lors de mes recherches, j’ai trouvé que les jeunes filles de la petite et grande bourgeoisie étaient mises pensionnaires au couvent pour apprendre, et je suppose donc que Renée-Perrine Guillot, la mère du baptisé, a été éduquée à Angers au couvent de la Visitation.

Parrain et marraine au baptême catholique : rôle et choix au fil des siècles

Autrefois, l’église exigeait le baptême des nouveaux-nés dans les 3 jours. L’enfant était amené à l’église, sur les fonts baptismaux, quelque soit le temps, et le plus souvent à pieds, car la charrette à cheval était rare. Emmailloté comme je l’ai encore connu jusque dans les années 1950 dans un immense lange serré, il faisait donc plusieurs km dès sa naissance. J’y pense souvent quand les baptêmes étaient l’hiver ! et j’y pense de nos jours quand je vois des tout juste nouveaux nés en grande surface ! nouvelle église de la consommation, baptême de la consommation !

  • Pourquoi un parrain et une marraine

Les persécutions des premiers siècles ont donné l’occasion de l’institution de parrains, pour pourvoir à l’éducation religieuse des enfants en cas de décès ou autre défaillance des parents.
Jusqu’en 1580 environ, on prend 2 parrains et une marraine pour un garçon, et un parrain et 2 marraines pour une fille.
Parrain et marraine tiennent l’enfant lors du baptême, et ce sont eux qui répondent aux prières et demdandes du prêtre. D’ailleurs, les signatures présentes sur un acte de baptême sont celles du parrain et de la marraine, quand ils savent signer. Et, pour trouver la signature du père de l’enfant, il faut chercher dans le registre un acte dans lequel il sera parrain, donc signera, s’il sait signer. Même chose pour les femmes, car il est plus fréquent de trouver une signature de femme lorsqu’elle est marraine, qu’ailleurs.
Dans l’acte de baptême, ils sont souvent précédés de « nommé par » car ce sont eux qui présentent l’enfant au baptême et qui lui imposent son nom. D’ailleurs, assez souvent le parrain donne son prénom au garçon, la marraine à la fille. D’où une transmission de prénoms, et lorsque ces prénoms sont rares voire originaux, on doit chercher du côté des parrain et marraine. Mais bien sûr, ceci n’était pas systématique…
On appelait aussi les parrain et marraine « compères », parce que le fait d’avoir tenu ensemble un enfant sur les fonts baptismaux, créait entre eux une alliance spirituelle. Hélas, cette alliance sprituelle était ensuite un empêchement au mariage. Il fallait alors demander une dispense à cet empêchement dit « empêchement spirituel », ce qui était une complication pour les liens matrimoniaux.

  • Choix du parrain et de la marraine

Au premier enfant d’un couple, lorsque les grands parents vivent encore, ils sont choisis. Cette pratique a perduré longtemps puisque je suis née en 1968 et j’ai eu ma grand’mère maternelle et un grand oncle paternel à défaut de grand’père paternel décédé auparavant.
Aux enfants suivants, les pratiques varient, souvent les oncles tantes cousins, mais aussi les seigneurs du lieu etc… et s’agissant de célibataires on évite dans la mesure du possible le risque d’empêchement futur pour affinité spirituelle qui empêcherait le mariage. Pourtant il arrive des baptêmes ou parrain et marraine sont célibataires, et j’ignore comment on s’y prenait pour prévoir qu’ils ne se marieraient pas ensemble ?

  • Sont exclus du parrainage

• Les célibataires ci-dessus, prévoyant un risque d’affinité spirituelle.
• Les excomunniés, interdits et autres personnes ayant commis des infamies (voir ci-après le Rituel du diocèse de Nantes en 1776, malheureusement en latin)
• Les personnes ne présentant pas de connaissance suffisante de la religion. (voir ci-après le Rituel du diocèse de Nantes en 1776, malheureusement en latin). Ces connaissances étaient parfois vérifiées par le prêtre, quand il avait des doutes, et il demandait alors à la personne de réciter le Symbole des Apotres, et posait quelques questions clés sur la religion. Aucun âge minimal n’est fixé, même si ces connaissances dépendent de l’âge de raison, défini pour faire sa communion, mais éminement variable au fil des siècles, et en tout cas jamais directement lié à l’aptitude au parrainage.
Le Symbole des Apotres, c’est bien entendu le Credo, qui avait autrefois, et jusqu’il y a peu de temps, la particularité d’être en latin, et je ne suis pas certaine que la plupart des adultes aient compris ce qu’ils avaient appris par coeur comme un perroquet, car autrefois le catéchisme et la Miche de Pain de notre enfance n’existaient pas.

Voici, en Français, le Symbole des Apotres

  • De patrinis et Matrinis (Rituel de Nantes, 1776)

L’ouvrage est en latin ! Désolée !

Quandé baptismus selemniter confertur in ecclesia, necessarium est patrinorum et matrinatim ministeriam, non autem adhibeatur si baptismus confertur extrà ecclesiam.
Parochus, antequal ad baptizandum accedat, ab iis, ad quos speciat, exquirat, quantum fieri poteris, diligenter, quos susceptores elegerint, qui infantem de sacro fonte suscipiant ; ne plures quam diceat, aut indigni, vel minus apti, accedant.
Ad hoc munus non admittat infideles, aut hereticos ; publicé excommunicatos, aut interdictos ; publicé criminosos, aut infames ; nec eos proetereà qui fana mente non sunt : nec qui ignorant Symbolum Apostolorum, Orationem Dominicam, Praecepta Dei et Ecclesia ; haec enim Patrini eos, quos de baptismi fonte susceperint, ubi opus fuerit, docere senentur. (Rituale Nannetense, 1776)

  • âge record

Je suis née en 1938, et je suis la marraine de l’une de mes sœurs née 46 mois après moi. Oui, vous avez bien lu, je n’avais pas 4 ans ! N’en concluez pas que je savais par cœur mon Credo, et je suis la première intriguée, aussi la seule explication valable est qu’en période extraordinaire (ici 1942) mesures extraordinaires, d’autant que les barrages Allemands ne facilitaient pas la libre-circulation des personnes.
Maintenant, si vous avez plus jeune à nous proposer, je suis toute prête à perdre mon record !

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