Dispense de consanguinité, La Selle-Craonnaise (53), 1733 : Michel Boisseau et Jacquine Boisseau

L’acte qui suit et extrait des Archives Départementales du Maine-et-Loire, série G

Voici la retranscription de l’acte : Le dernier jour d’août 1733, en vertu de la commission à nous adressée par monsieur l’abbé Le Gouvello vicaire général de Mgr l’évêque d’Angers en date du 27 de ce mois, pour informer de l’empêchement qui se trouve au mariage qu’on dessein de contracter Michel Boisseau veuf de Marie Douillard de la paroisse de La Selle, et Jacquine Boisseau veuve de Luc Lamy de la même paroisse, des raisons qu’ils ont demander dispense dudit empêchement, de l’âge desdites parties, et du bien précisément qu’elles peuvent avoir, ont comparu devant nous commissaire soussigné lesdites parties, savoir ledit Michel Boisseau, âgé de 32 ans et ladite Jacquine Boisseau âgée de 31 ans, accompagnés de François Giret et de Jean Lepron, cousins remués de germain dudit Michel Boisseau, de Jean Boisseau et François Giret frère et beau-frère de ladite Jacquine Boisseau, tous de ladite paroisse de La Selle, qui ont dit bien connaître lesdites parties ; et serment pris séparément des uns des autres, de nous déclarer la vérité sur les faits dont ils seront enquis, sur le rapport qu’ils nous ont fait, et les éclaircissements qu’ils nous ont donné, nous avons dressé l’arbre généalogique qui suit :

Michel Boisseau, a eu pour enfants

  • Michel Boisseau – 1er degré – André Boisseau
  • Pierre Boisseau – 2e degré – André Boisseau
  • Michel Boisseau, qui veut épouser Jacquine Boisseau – 3e degré – Jacquine Boisseau, du mariage de laquelle il s’agit
  • ainsi nous avons trouvé qu’il y a un empêchement au 3e degré entre ledit Michel Boisseau et ladite Jacquine Boisseau,
    à l’égard des causes et raisons qu’ils ont pour demander la dispense dudit empêchement ils nous ont déclaré
    qu’ils se sont vus pendant 2 ans avec tant de familiarité que le public en a été si scandalisé que s’ils ne se marient ensemble, il y a lieu de craindre que ladite Boisseau ne trouve point à qui se marier,
    que les biens de l’un et de l’autre sont proches l’un de l’autre, qui pourront valoir d’avantage que s’ils se mariaient avec d’autres, par conséquent plus en état de donner l’éducation à leurs enfants, ledit Michel Boisseau en a 2 et ladite Boisseau 3, que dans la suite des temps le bien qu’ils ont ne serait pas suffisant pour leur entretien et qu’étant réuni ils espèrent par leur industrie trouver le moyen de faire subsister leur famille,
    à l’égard du bien qu’ils peuvent avoir les dénommés nous ont déclaré que celui dudit Michel Boisseau n’est point partagé avec ses cohéritiers, qu’il est en procès avec eux pour cela, qu’ils plaident actuellement au présidial d’Angers (s’ils sont en procès c’est qu’ils en ont les moyens, car les procès coûtent, donc c’est que les biens à partager sont bien palpables. Si cela avait été un loppin de terre ou une chambre de maison à partager, le procès aurait coûté plus cher que le bien ne valait…), et que quand les partages seront faits il n’espère pas avoir plus de 60 livres de rente, quand les réparations auront été faites qui sont considérables,
    que ladite Jacquine Boisseau ne peut avoir, les rentes payées et réparations faites, plus de 40 livres de rente, par conséquent ils se trouvent hors d’état d’envoyer en cour de Rome pour obtenir la dispense dudit empêchement, ce qui nous a été certifié par lesdits témoins ci-dessus nommés, et qui ont signé avec nous fors lesdits Michel Boisseau et Jacquine Boisseau.

    Cette dispense mérite que nous arrêtions un peu sur le seuil de fortune accepté pour ne pas envoyer en cour de Rome. En effet, la même année 1733, voici le billet que le vicaire général adressait aux curés concernés par une dispense.

    Cette image est la Propriété des Archives Départementales du Maine-et-Loire, série G

    On y lit que le seuil de fortune est fixé à 2 000 livres. Or, voici la conversion des rentes citées en capital, sachant que les taux des rentes hypothéquaires ont évolué au cours du 17ème partant du Denier 16 (6,25 %) pour parvenir au début du 18ème au Denier 20 (5,00 %)

    60 livres de rente représentent :

      à 6,25 %, un capital de 960 livres
      à 5,00 %, un capital de 1 200 livres

    40 livres de rente représentent :

      à 6,25 %, un capital de 640 livres
      à 5,00 %, un capital de 800 livres

    Ainsi, les deux futurs disposent au minimum d’une fortune de 2 000 livres. Il se sont sans doute arrangés pour passer juste à la limite, en particulier en exprimant leur fortune en termes de rentes annuelles, ce qui passe plus discrètement. Je trouve même leur manière de présenter les choses assez astucieuse, y compris les pleurs sur les partages non terminés.

    Ceci dit, le seuil fixé par l’évêché me semble tout à fait crédible, car mon expérience fixe la fortune de 2 000 livres au niveau d’un métayer, et de ce que j’appellerai la classe moyenne d’alors, mais nous verrons ensemble au fil de ce billet que bon nombre de métiers sont tout à fait en dessous de ce seuil, y compris des métiers devenus plus rémunérateurs de nos jours, donc trompeurs avec nos yeux de 2008, dont il faut se séparer quand on aborde les 17 et 18e siècles.

    Odile Halbert – Reproduction interdite sur autre endroit d’Internet seule une citation ou un lien sont autorisés.