Pourpoint, bas de chausse et chemise neufs : Morannes (49) 1626

le prix de vêtements de domestique (AD49 Jucqueau notaire)

Les catalogues d’hiver sortent en ce moment, alors voyons comment s’habiller l’hiver prochain en 1626. A part les inventaires après décès qui donnent le prix des vêtements plus ou moins usagée, il est rare de trouver le prix de vêtements neufs dans les actes notariés, car l’achat se passait de la main à la main, surtout pour les vêtements modestes. Voyez ma page sur l’habillement.

Ici, il ne s’agit pas à proprement parler d’un achat de vêtements, mais le tailleur d’habits doit de l’argent à un serviteur probablement propriétaire avec son frère de la maison ou du jardin louée par le tailleur d’habits, qui va donc le payer en nature, en lui fabriquant des vêtements neufs.

Le prix est peu élevé, mais la qualité grossière, et la couleur absente. D’ailleurs, elle était le plus souvent absente autrefois des vêtements ordinaires, le noir mis à part.

Retranscription littérale de l’acte : Le 25 janvier 1626 Dvt Jacques Jucqueau Nre royal de la court de St Laurent des Mortiers Dt à Miré, Jean Trottier serviteur demeurant à la Chevallerie paroisse de Soeurdres et Jacques Ruau tailleur d’habits en la paroisse de Soeurdres, lesquels confessent avoir fait le conte que s’ensuit,

savoir que ledit Ruau est demeuré tenu bailler et fournir audit Trottier un pourpoint de toille de réparon (le réparon est la seconde qualité de lin, après le passage au séran, c’est donc une toile grossière. Le pourpoint est une veste assez longue, boutonnée jusqu’au cou, et j’en ai même trouvé en vente sur le Web, style Moyen-âge, pour une somme tout à fait abordable, on peut même payer par carte bancaire !),
une chemisolle (la chemisette est une sorte de camisole que portent les personnes de basse condition : Chemisette grise. Chemisette de serge, de futaine. Chemisette rouge – Selon le Dict. de l’Académie, 1694) de frise blanche (la frise est sorte d’étoffe de laine à poil frisé),
un bas de chausse de sarge blanc (c’est le tissu de laine ordinaire, et nous avons déjà vu le sarger ou sergier)
le tout neuf et prest à servir audit Trottier et ce dedans le jour et feste de Saint Martin prochaine (il a le temps, car c’est le 11 novembre et l’acte est passé le 25 janvier)
quels habits sont pour demeurer quittes ledit Ruau vers ledit Trottier de la somme de 6 L 8 sols tournois en quoy il est tenu vers ledit Trottier par l’acte passé par René Geslin notaire où il est porté que ledit Ruau doibt audit Trottier la somme de 20 L 9 sols pour la jouissance de certains héritages appartenant audit Trottier et à Charles Trottier son frère duquel Charles ledit Jean se dit héritier

6 L 8 sols est une somme assez importante, pourtant ce sont des vêtements simples et des tissus modestes. Autrefois, on achetait rarement de vêtements neufs : les tissus étaient plus solides que maintenant, et on usait jusqu’au bout, en rapiéçant et raccomodant souvent. J’ai appris pour mon bac S (sciences de l’époque) la couture facultative, et j’ai pratiqué à la maison la pose de pièces sur les vêtements usagés. C’était tout un art… probablement en voie de disparition… car maintenant on aime voir les trous, ou coller les pièces autocollantes….

Commentaires

1. Le dimanche 13 juillet 2008 à 14:17, par Marie-Laure

c’est par cette coutume du  » recyclage  » des vêtements que la peste était parvenue dans ce village , en GB , dont j’avais parlé auparavant, les puces porteuses de peste ayant voyagé de Londres dans ces vêtements  » d ‘ occasion  » …

2. Le dimanche 13 juillet 2008 à 16:15, par Josette

Il ne s’agit, parobablement, pas de vêtements déjà portés puisque Jacques RUAU est tailleur d’habits

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