L’extraordinaire bureau de tabac rue Dos d’Âne à Nantes en 1846

Voir tous les articles sur Nantes Sud Loire Saint Jacques

On disait alors « débitant de tabac », tout comme on disait pour les bistrots « débitant de vin », et les boutiques de tabac étaient très rares à Nantes. Pourtant sud Loire, on en trouvait une, qui a précédé celle qui tient encore le coup rue St Jacques suite à la démolition de la rue Dos d’Âne, car le tabac était autrefois dans cette rue démolie.

Mais en 1846, la boutique de tabac, est tenue par 5 soeurs, toutes les 5 assez âgées et célibataires. J’ai moi-même 4 soeurs, mais elles sont toutes les 4 mariées, je suis la seule célibataire. Je ne pensais pas qu’une pareille suite de soeurs célibataires ait pu exister. C’est incroyable, extraordinaire, et pourtant vrai, alors voici les 5 soeurs débitantes de tabac rue Dos d’Âne en 1846 :

Fleuranceau Clarice 74 débitante de tabac
Fleuranceau Adèle 70 débitante de tabac
Fleuranceau Pauline 67 débitante de tabac
Fleuranceau Julie 68 débitante de tabac
Fleuranceau Caroline 54 débitante de tabac

Leur boutique était au n°2, donc près de la Sèvre, au bas de la rue Dos d’Âne.

Ces notes sont extraites du recensement de 1846 en ligne aux Archives Départementales. Une autre version des recensements est aussi en ligne sur le site de la ville de Nantes. Et comme vous l’avez bien compris je relève entièrement le recensement de 1846 comme je l’ai terminé pour 1901 et je vais vous montrer l’énorme changement dans les métiers entre ces 2 dates, car elles sont cruciales et émouvantes sur le plan historique du quartier.

Plantation illégale de tabac à Noyant-la-Gravoyère (49) en 1728

Jacques Pouriast, domestique de François Hunault à Villechien l’a échappé belle !

Je dépouille actuellement un Nième inventaire après décès, et curieuse, je tente à chaque fois de voir les progressions de divers pratiques. Ainsi le tabac, visible à travers le pot à tabac.
J’ai déjà détecté 2 fumeurs début du 18e siècle : un prêtre à Laval et un médecin à Soudan, comme quoi on peut être médecin et fumeur !

Et je trouve une plantation illégale que j’ai voulu comprendre. L’encyclopédie Diderot est beaucoup trop bavarde, et difficile dès lors à comprendre. Par contre, le site Internet de France-Tabac, donne une histoire fort bien présentée, et j’y découvre qu’en 1719, la culture est prohibée dans toute la France avec des condamnations qui peuvent aller jusqu’à la peine de mort. Exceptions : la Franche-Comté, la Flandre et l’Alsace.

L’acte qui suit est extrait des Archives Départementales du Maine-et-Loire. Voici la retranscription de l’acte : Dvt Pierre Poillièvre Nre royal au Bourg-d’Iré, Le 9.6.1728, accord entre Pierre Gasneau brigadier de la régie du tabac en la généralité de Tours, Dt à Angers St Maurice, au nom de Pierre Le Sieur chargé par sa majesté de la régie et privilège de la rente exclusive du tabac,
et, François Hunault laboureur à la métairie de Villechien à Noyant la Gravoyère. Jacques Pouriast, serviteur et domestique dudit François Hunault, avait planté illégalement du tabac dans le jardin de son maître à Villechien, et ce dernier a été condamné à Angers, mais doit aussi payer les dépends.
En présence de Pierre Bidault, Mathurin Poupard et de Louis Habert, commis à la régie du tabac de la Brigade d’Angers, y demeurant, ils composent à la somme de 150 L tant pour payer l’amende en laquelle ledit Hunault a été condamné par sentence du 10 janvier dernier, que pour les dépends et autres frais. Mais, il n’a pas la somme et l’a empruntée à Marguerite Madeleine Chotard veuve de Guy Michel de Scépeaux, seigneur de la Roche de Noyant, qu’il promet rembourser. (AD49)

Cet acte m’interpelle.
Les faits sont répréhensibles puisque nous avons vu qu’en 1719 la culture a été interdite en France sous peine de mort. Ouf ils l’ont échappé belle !
A y regarder de plus près, on voit que le maître est condamné à l’amende alors qu’il est précisé que le serviteur a planté dans le jardin de son maître. Lequel couvre l’autre ? Les juges ont considéré que le maître, propriétaire du jardin, était responsable, ce qui paraît une saine notion du droit…
L’amende est payée par la veuve de Guy de Scépeaux (du moins, il est dit qu’elle l’avance). Même si certains lecteurs pensent que je porte des jugements, je me contente en fait d’analyser les documents servant à la petite histoire, exactement comme les Historiens le font pour nous établir l’Histoire avec un grand H. Mon analyse dit que ce n’est pas le domestique d’un laboureur qui avait les moyens de s’offrir le plaisir de fumer, car ses revenus étaient juste suffisant pour se nourrir et vêtir pour ne pas mourir de faim. Le tabac planté par lui ne lui était pas destiné… pas plus qu’à son maître, c’est manifeste. Cette plantation exécutait probablement une commande plus ou moins locale. Et si elle ne venait pas du château de la Roche de Noyant, du moins profitait-elle sans doute à quelqu’un du même milieu.

Réponses au quiz d’hier :

    1.Zéro – 2.Zéro – 3.Indifféremment – 4.Une olive noire par mûre – 5.Un million – 6.Neuf mois – 7. 75 kg – 8.Indifféremment – 9.Pour la viande, le lait et la laine – 10.Le mouton, la vache, la chèvre – Questions subsidiaires : 1. seulement 9 % – 2. seulement 15 % – 3. seulement 24 % –

J’espère que vous êtes meilleur !

Odile Halbert – Reproduction interdite sur autre endroit d’Internet Merci d’en discuter sur ce blog et non aller en discuter dans mon dos sur un forum ou autre blog.