- Au début du 18e, Mathurin Guillot quitte StJean-des-Mauvrets, berceau
des Guillot, pour s’installer maréchal
en œuvres blanches à Gené à 46
km de son lieu de naissance. Il y épouse en 1722 la fille de l’hôtelier,
Françoise Huet.
- Leur descendance va s’élever socialement, à travers le métier et les
alliances de marchand fermier, et
va donner plusieurs maires dans la région de Gené et de Chazé-sur-Argos
au 19e.
- Leur petit-fils, Jean Guillot, épouse le 3.3.1794 sa cousine Aimée
Guillot, qui met au monde 8 mois et 19 jours (ouf !) plus tard un fils,
prénommé Jean-Mathurin. Mais, les turbulences révolutionnaires les
contraignent à se réfugier à Angers fin 1794. Le calme revenu avec Napoléon,
il reviennent à Gené, et donnent à leur 3 enfants Jean, Aimée et Dominique,
une éducation solide.
- En juillet 1813, Napoléon aux abois, enrôle toujours plus jeune.
Jean rejoint le 22 juillet le 4e escadron, 4e compagnie des Gardes d'Honneur.
Avec ses 18 printemps, 1,66 m, visage ovale, front large, yeux gris
bleu, nez gros, bouche moyenne, menton rond, cheveux et sourcils chatain,
Jean va vivre ses derniers mois dans la guerre de Napoléon.
- Car Jean ne reviendra jamais. Blessé par balles à la jambe à Reims,
il est gardé 24 heures par l’ambulance débordée, le temps d'un pansement
sommaire. Il doit alors se débrouiller seul, trouve un logement
chez un particulier, non identifié à ce jour, dans la région, et ne
donnera plus jamais signe de vie. La gangrène aura eu raison de lui,
comme de beaucoup d’autres, dans l'anonymat le plus total.
- Jean a rejoint l'immense cohorte des militaires, dont la case
«destinée » est restée désespérement vide dans le registre d'incorporation,
faute d'avoir pu, sous l'avalanche de morts et blessés, les suivre et
identifier.
- Jean est de fait «Mort pour Napoléon et la France »,
mais ne cherchez jamais sa trace dans les prétendues bases de données
actuelles, qui sont tout sauf exhaustif, puisque l'armée n'a jamais
pu les enregistrer tous.
- A son départ en juillet, ses parents ont bien compris qu'ils
faisaient le sacrifice de leur fils chéri à Napoléon, à jamais.
Cependant, fervents admirateurs de l'Empreur, ils répondirent encore
aux exhortations de Napoléon, et .... mirent en route un autre fils,
pour reconstituer la jeunesse Française décimée par les guerres Napoléoniennes.
- Jean n’aura pas eu la joie d’apprendre la grossesse de sa « chère
maman », qui met au monde le 23 avril, soit 40 jours après la disparition
de Jean, un fils auquel elle donne le prénom d’ « Esprit-Victor », pour
rappeller le sacrifice qu’elle a fait à la France de son fils aîné.
Esprit-Victor épousera une Jallot, et sa fille sera mon arrière-grand-mère.
- Les lettres de Jean sont conservées religieusement depuis ! Marques
de respect filial, richesse de la langue, détails de la vie quotidienne
militaire, font mon admiration... et feront sans doute aussi la vôtre.
Voici l'analyse et retranscription intégrale
des 15 lettres de Jean Guillot, Garde d'Honneur de Napoléon de juillet
1813 au 16 mars 1814.