Brevet de barbier-chirurgien de la communauté de Laval, 1724

pour André Thoreaux, à Cossé-le-Vivien, fils de chirurgien (Archives Départementales de la Mayenne, série 1J)

Ce billet fait suite au contrat d’apprentissage de chirurgien en 1653 à Angers.

Selon François Lebrun, les Hommes et la mort en Anjou aux 17e et 18e siècles, 1971,

l’édit de novembre 1691, qui séparait la barberie de la chirurgie, n’a pas eu d’effet immédiat, et en province, les chirurgiens sont restés encore longtemps des barbiers, même après la fondation en 1731 de l’Acadamie Royale de Chirurgie. Il faudra attendre la seconde moitié du 18e siècle pour que les deux professions soient totalement séparées dans les villes possédant une communauté de maîtres chirurgiens. Il y avait une telle communauté à Angers, La Flèche, Baugé, Saumur, Château-Gontier pour l’Anjou. Mais, on peut classer les chirurgiens d’alors en 2 catégories : ceux qui exercent dans les villes possédant une communauté, dont ils font partie, et ceux qui exercent dans les petites villes dépourvues de telle communauté.

L’exemple qui suit illustre à la fois le rôle d’une communauté de ville, mais aussi la possibilité donnée à un chirurgien de campagne d’obtenir ce précieux brevet de leur communauté, manifestement réservé aux meilleurs chirurgiens de campagne. Enfin, il illustre aussi la non-séparation des deux métiers de barbier et chirurgien, malgré l’édit de 1691, c’est dire qu’il a fallu beaucoup de temps pour qu’il entre en vigueur partout.

Voici donc un brevet de barbier chirurgien pour Cossé le Vivien, devant la communauté de Laval, pays du Maine, en 1724 :
(attention, nous passons en retranscription d’un texte ancien, donc en orthographe réelle de ce texte) : Nous Jean Couanier lieutenant du premier chirurgien du roy, et Jean Lechauve notre greffier pour la ville, comté, ressort et élection de Laval, à tous ceux que ces présentes lettres voirons (sic, pour verrons), Salut, Scavoir faisons que sur la requeste à nous présentée par André Thoreaux natif de Cossé le Vivien, fils d’André Thoreaux vivant Me chirurgien audit bourg de Cossé et Louise Gendry ses père et mère, disant que depuis plusieurs années il auroit fait son aprantissage de chirurgien en la maison de son père et ensuite exercé l’art de chirurgie dans plusieurs villles du Royaume, comme Rennes, Laval, et autres villes, avec honneur et sans reproche, ainsy qu’il nous aparoist par son brevet d’apprentissage et certifficat de service
aspirant à la Maistrise de chirurgie, pour le bourg de Cossé et autres lieux circonvoisins pour à quoy parvenir il auroit offert subir les examens et faire les chefs d’œuvres à ce requis et nécessaires au pied de laquelle faisant droit nous luy aurions donné jour au vingtième octobre mil sept cent vint quatre, pour donner communiquation de sa requeste aux maistres de la communaulté et subir ses examens, sommmaire, auquel examen, il auroit suffisament satisfait,
c’est pourquoy nous luy aurions donné jour à ce représenter au vingtième novembre suivant en notre Chambre de Juridiction pour y subir son second examen, auquel dit jour il auroit comparu et auroit suby sondit examen, qui estoit des maladies des os, des playes en général, et particulières, auxquels examens et questions à luy faittes il auroit suffisament safistait, c’est pourquoy nous l’aurions admis à ce représenter en notre ditte Chambre le dix huit décembre suivant, pour y faire son chef d’œuvre qui estoit des seignées et des bandages ce qui auroit esté fait en présence de Me François Vincent Doüard, conseiller du Roy, médecin ordinaire de sa Majesté, et de tous les maistres de ladite communauté, auquel chef d’œuvre et interrogations à luy faittes il auroit suffisament satisfait ainsy qu’il aparoit par lesdites actes de chaque jour,
Pour ces causes, avons icelluy Thoreaux en vertu du pouvoir à nous donné par sa Majesté par lois du mois de septembre mil sept cent vingt trois, receu et recevons par ces présentes Maistre barbier, chirurgien pour ledit Cossé et lieux circonvoisins, pour doresnavant, exercer l’art de chirurgie, tenir boutique ouverte, prendre user et jouir des privilèges tout ainsy que les autres maistres de campagne, à la charge par ledit Thoreaux de ne faire aucun raport ny entreprendre aucune grande opération sans appeler l’un des maistres de la ditte ville de Laval, ce qu’il a promis exécuter, et après avoir d’icelluy Thoreaux pris le serment en tel cas requis et accoustumé, nous avons signé ces présentes de notre main et fait aposer le cachet de nos armes et fait contresigner par notre greffier de juridiction, le dix huit décembre 1724. Signé Lechauve, Taulpin.

Selon Lucien Bély, Dictionnaire de l’Ancien Régime, PUF, 1996,

même en 1780, très peu de chirurgiens sont maîtres ès arts, et ils forment un corps très hétérogène. Une petite minorité est installée dans les villes d’importance, possède savoir et culture mais sont fort coûteux. Mais l’immense majorité (ce sont les termes de l’auteur) possède un faible bagage. Il sont moins dispendieux et répandus dans les campagnes. Il va même jusqu’à dire qu’ils sont parfois illettrés, peu considérés, peu rétribués, mais passent pour « les médecins du peuple…. Appelés, y compris dans les cas graves ou même désespérés, dans la mesure où une unique visite constitue un lourd fardeau pour beaucoup de leurs clients, il leur est en principe interdit de pratiquer les grandes opérations que, d’ailleurs, ils n’ont pas appris à exécuter. Et, même s’ils proposaient pour ce faire à leurs clients l’intervention d’un médecin ou d’un chirurgien de la ville, ces mêmes clients seraient dans l’incapacité de leur régler honoraires et déplacements, à supposer qu’ils demandent ou acceptent de les consulter. »

Ce sont sans doute ces dernières lignes qui expliquent tout. Je suis née en 1938, avant la Sécurité Sociale, qui ne vit le jour qu’en 1946. Je ne me souviens donc que du système actuel, et je peine à imaginer le fardeau de nos ancêtres devant la maladie à payer… Je pense pourtant que la clef de notre compréhension de ces chirurgiens de campagne est bien là, et comme j’ai déjà trouvé des frais de chirurgien de campagne, je vais les retrouver pour vous illustrer ce propos en chiffres une prochaine fois, et aussi une épouvantable opération qui me concerne directement le tout première moitié du 18e siècle. A une prochaine fois, si vous le voulez bien…
Demain, je réponds à une question qui vient de m’être posée sur le Petit et le Grand cimetière.

Odile Halbert – Reproduction interdite sur autre endroit d’Internet seule une citation ou un lien sont autorisés.

Contrat d’apprentissage de chirurgien à Angers (49), 1653

pour André Goullier chez René Gendry (Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E)
Voici un nouveau contrat d’apprentissage, voir tous les autres
Merci aux courageuses personnes qui se sont exprimées sur la durée d’apprentissage du chirurgien autrefois. Ce billet va les décevoir.
Lors de nos recherches dans les registres campagnards, nous rencontrons très, très rarement le médecin, le plus souvent d’ailleurs nommé « docteur en médecine » et un peu plus souvent le chirurgien, encore que la majorité des paroisses n’a ni l’un ni l’autre.
Avant de lire le contrat d’apprentissage qui va étonner plus d’un, j’ai jugé utile, ne serait-ce que pour moi-même, de faire le point sur ce métier d’antan. J’ai donc été à la Médiathèque lire

Pierre Duhamel Histoire des médecins français, Plon, 1993
Jean-Charles Sournia Histoire de la médecine et des médecins, Larousse, 1994. Ce dernier pèse plusieurs kilos, car c’est l’un de ces ouvrages d’art aux magnifiques iconographies.

Et j’ai refait aussi refait le point à travers les dictionnaires d’antan :

Chirurgien, s.m. Celui qui fait profession de la Chirurgie, qui exerce la Chirurgie
Chirurgie, s. f. Art qui enseigne à faire diverses opérations de la main sur le corps humain pour la guérison des blessures, playes, fractures
Médecin, s. m. Qui fait profession d’entretenir la santé & de guerir les maladies. (Dictionnaire de L’Académie française, 1st Edition, 1694)

Voici d’abord la retranscription du contrat d’apprentissage du chirurgien : Le 17 mai 1653, devant Pierre Desmazières notaire royal à Angers, contrat d’apprentissage pour un an d’André Goullier (c’est une famille aisée en campagne, sachant lire et écrire, et que Toysonnier aurait appellée fermier de campagne) jouissant de ses droits comme il a dit, assisté de Me Jacques Goullier prêtre son frère Dt à Angers StPierre, chez René Gendry Me chirurgien à Angers St Pierre, qui promet l’avoir en sa maison, le nourrir, coucher, lui montrer et enseigner à sa possibilité l’art et métier de chirurgien en ce qui en dépend.
Ledit Goullier a ci devant convenu apprendre ledit art et promet obéir et servir ledit Gendry en toutes choses licites et honnêtes fidèlement sans se jamais demettre de ladite maison pendant le temps d’un an, à commencer lundi prochain,
moyennant la somme de 100 L, que ledit Goullier promet payer audit Gendry à la Toussaint prochaine sans que ledit payement puisse être retardé, ni que ledit Goullier puisse espérer aucune restitution si ledit Goullier s’absente de ladit maison sans cause légitime… et promet payer à sa femme 12 L pour les dépenses. (ce point, qui n’apparaît pas dans les contrats d’apprentissage précédents, est probablement le signe d’une garde-robe plus riche et surtout mieux entretenue, ce qui a contrario, laisse à penser sur le peu d’entretien général des autres)

  • Commentaires, basés sur mes lectures :
  • Au 17e siècle, seul le médecin a fréquenté l’université pour apprendre. Là, il a dû passer 4 années, car il a assimilé le latin (effectivement cela prend du temps), ne serait-ce que pour retenir le nom des médicaments, encore le plus souvent exprimé en latin en 1653. Les études sont sanctionnées par un diplôme de docteur, mais la formation est très inégale selon la faculté fréquentée. Les plus côtées sont Montpellier, Paris, Göttingen, Halle, Padoue, Bologne, Leyde et Edimbourg. C’est pourquoi on observe en Haut-Anjou des étudiants partis apprendre à Montpellier, et là je laisse à Marie-Laure, qui en est native, le soin de nous faire un commentaire.

    De leur côté, les apothicaires forment alors une profession assez bien règlementée, et, ils pratiquent aussi la visite des malades et la prescription de médicaments. A tel point, qu’ils ont le droit officiel de signer un certifical médical, au même titre qu’un médecin et un chirurgien, en 1639, date à laquelle le roi a convoqué le ban et l’arrière-ban, que je suis en train de retranscrire pour l’Anjou, et les perclus de gouttes, gravelle et autres incommodités sont priés de fournir un certificat de médécin, chirurgien et apothicaire. C’est dire la confusion qui règne en 1639 ! Bien entendu les querelles entre ces professions sont nombreuses… puisqu’elles empiètent l’une sur l’autre.

    Enfin, comparés aux médecins, les chirurgiens, plus nombreux, sont moins instruits, moins riches, moins honorés de la société. Après une lutte séculaire contre les médecins, et des démélés dérisoires jusque devant la justice, le 18e siècle leur apporte en France une réhabilitation. Ils s’affranchissent définitivement de toute accointance professionnelle avec les barbiers, obtiennent la création d’une Académie Royale de chirurgie, malgré la fureur de la faculté de Paris, et peuvent désormais comme les médecins, soutenir des thèses et devenir docteurs. Finalement médecins et chirurgiens se retrouvent côte à côte au sein d’une Société royale de médecine que la Faculté cesse bientôt de bouder. (Sournia, Opus cité)

    Arrive la Révolution, qui fait table rase du passé, et l’art de guérir devient libre et accessible à tous. Antoine de Fourcroy, chimiste et médecin, obtient quelques mois après la chute de Robespierre, le rétablissement de 3 écoles de santé à Paris. Puis le médecin Cabanis et le chimiste Chaptal, influencent la rénovation de l’enseignement médical, et les réformes, considérables, qui suivront, constituent la base du système actuel.

    En résumé, le chirurgien, d’abord proche du barbier, est apte aux techniques manuelles, mais surtout non diplomé et peu riche. Il s’oppose au médécin, rare, issu de la faculté, diplomé, mais moins enclin aux pratiques manuelles. Enfin, l’apothicaire, qui connaît parfaitement les médicaments, tente lui aussi de soigner… J’ai cru comprendre qu’au cours du 18e siècle, les chirurgiens choisissent progressivement d’entrer ou non dans le nouveau système d’études, et ceux qui refusent ces études devient au fil du temps des guérisseurs c’est à dire des non diplômés… Ceci ne s’est pas fait en un jour, et le 18e siècle a connu toutes les juxtapositions…
    Ceci était l’histoire simplifiée des études du personnel soignant du 16e au 18e siècle, et non pas l’histoire des découvertes médicales, qui seraient trop longue ici. Merci de vous tenir à l’enseignement si vous avez des commentaires…

    Mais de vous à moi, le chirurgien en 1653 devait avoir tout de même un certain prestige même s’il n’était pas aussi prestigieux que le médecin, car André Goullier, qui entre en apprentissage avec l’appui de son frère, prêtre, est issu d’une famille de fermiers de campagne (comme les appelle si joliement Toysonnier), et ils ont les moyens d’entrer à la faculté, à moins qu’il n’ait pas été enthousiasmé à l’idée d’apprendre le latin, ou pire, peu doué pour l’apprendre.

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    Perruquier barbier baigneur estuvier à Laval, 1712

    Mes souvenirs scolaires (Lycée Guist’hau de Nantes) sont remplis d’absence totale de bains, hygiène, même à la cour du roi Soleil. Voici pourtant un peu d’hygiène en 1712 :

  • L’acte qui suit est extrait des Archives Départementales de Mayenne, 3E30
  • Voici la retranscription de l’acte : Le 5 avril 1712 avant midy devant nous François Lebreton notaire du comté pairie de Laval, y résident, furent présents en leurs personnes establiz et submis Pierre Fleury marchand perruquier demeurant forsbourg du Pont de Maine paroisse St Vénérand de ceste ville d’une part,
    et René Lemesle perruquier et Jacquine Collibet sa femme de luy authorisée pour la valadité des présentes, demeurants paroisse de la Trinité dudit Laval d’autre part,
    lesquelles parties ont faict entr’elles ce qui suit, à savoir que ledit Sr Fleury a par ces présentes vendu ceddé et transporté auxdits Lemesle et Collibet sa femme acceptants et achetants pour eulx leurs hoirs et ayant cause, une des 4 places de barbiers, perruquiers, baigneurs, estuviers, faisant partye des 6 places créées pour ceste ville de Laval par l’édit du mois d’octobre 1701, desquelles 4 places Pierre Bourdin marchand Sr de Tiennebrune auroit obtenu ces provisions de la Grande Chancelerie le 16 mai 1706, et lesquelles 4 places il auroit vendues et ceddées audit Sr Fleury par acte au rapport de Me Jacques Lemoyne notaire de cette cour du 4 juin audit an 1706, pour par ledit Lemesle jouir faire et disposer de ladite place de perruquier à luy cy dessus vendue et se faire recevoir et installer en l’exercice d’icelle à ses frais et despens, quand et comme bon luy semblera, auquel effect ledit sieur Fleury leur a présentement deslivré et mis entre mains les provisions de laditte place de perruquier expédiées sous le nom dudit Bourdin Tiennebrune cy-dessus dattée scellée du frand sceau de cire jaulne, la quittance de finance du prix d’icelle en date du 30 mars audit an signée Bertin au dos de laquelle est l’enregistrement d’icelle signé Chamillard, la quittance des deux sols pour livre signée Ferrand en date dudit jour 31 mars et 2 moullez qui sont autant de l’édit de création desdites places et de l’arresté du Conseil des mois d’octobre 1701 et de juin 1702, le tout attaché ensemble sous le contrescel de ladite chancelerie, desquelles pièces lesdits Lemesle et femme se sont contantez et en ont deschargé ledit sieur Fleury,
    la présente vendition faicte pour et moyennant la somme de 200 livres que lesdits Lemesle et Collibet sa femme ont promis et se sont obligez sous l’hypotèque de tous leurs biens et solidairement l’un pour l’autre un seul pour le tout bailler et payer audit Sr Fleury savoir moitié montant 100 livres d’huy en un an, l’autre moitié montant pareille somme six mois après, le tout prochain venant, et jusques au payement réel de luy en payer les intéretz au sol la livre à commancer de courir de ce jour et ladite place de perruquier cy dessus vendue y demeurera hypotéquée par privilège spécial sans que ledit hypotèque général et spécial desrogent l’un à l’autre, et deslivreront lesdits Lemesle et femme à leurs fraiz coppie des présentes audit sieur Fleury, et à ce faire à esté présent aussy estably et submis Denis Collibet marchand lainier demeurant dite paroisse de la Trinité dudit Laval, lequel s’est volontairement submis et obligé dous hypotèque de tous ses biens et avecq lesdits Lemesle et Collibet sa femme et tous trois solidairement, les uns pour les autres un d’eulx seul pour le tout sous les renonciations requises au payement de la susdite somme de 200 livres dans les termes susdits et intéretz d’icelle vers ledit sieur Fleyrt à peine de tous dommages intéretz et despens ce que lesdites parties ont ainsy voulu stipullé et accordé et promis …
    fait et passé audit Laval en nostre estude es présences de Nicolas Jacquet commis au greffe ordinaire de ceste ville, et Pierre Gerbault (est-ce un ascendant d’Alain ?) marchand demeurant audit Laval, tesmoins requis qui ont signé avecq lesdits Pierre Fleury, Lemesle, Denis Collibet et nous notaire et a ladite Jacquine Collibet dit ne savoir signer de ce enquise.

    (Planche de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert)
    Le métier de perruquier est donc défini ainsi : barbier, perruquier, baigneur, estuvier. Ce qui se traduit par différentes taches, et lorsqu’on utilise le terme perruquier, c’est à titre de raccourci, car on a toujours les 4 métiers réunis.
    Pour son rôle de barbier, il ne faut pas confondre barbier et chirurgien, même si tous deux font la barbe :

    BARBIER, s. m. artisan qui fait la barbe. Il y a à Paris deux communautés, qui, suivant leurs statuts, ont droit de tenir boutique ouverte pour faire la barbe, & d’y mettre des bassins pour enseigne. La premiere est celle des maîtres Chirurgiens, dont les bassins de l’enseigne doivent être jaunes : la seconde est celle des Perruquiers, dont les bassins sont blancs. Voyez CHIRURGIE. (Encyclopédie de Diderot et d’Alembert)
    Le perruquier a besoin d’une marmite ou chaudiere. Ce vaisseau doit être fait en poire, plus large par le bas que par le haut. Cette forme empêche les cheveux de remonter lorsqu’ils sont sur les moules. Sa grandeur ordinaire est d’un seau & demi, & il peut contenir 2 livres ou 2 livres & demie de cheveux frisés sur des moules qui ne soient ni trop gros ni trop petits.

    Il lui faut aussi une étuve. Il y en a de rondes & de quarrées. Ceux qui ont du terrein peuvent les faire en maçonnerie comme les fourneaux. Celles que l’on commande aux Menuisiers sont quarrées & de bois de chêne. C’est une espece de coffre de 3 piés & 1/2 à 4 piés de haut, sur 2 à 2 piés & 1/2. On place ordinairement en-dedans une croix de fer. Si l’étuve a 4 piés, il faut que la croix soit posée à la hauteur de 3 piés ou environ, & couverte d’une grille de gros fil de fer, dont les trous soient un peu écartés. Sous la grille, l’on met une poële proportionnée à la grandeur de l’étuve, pleine de charbons bien couverts, & disposés de maniere qu’en se consumant ils ne forment point de cavité. (Diderot)

    Mais le Perruquier-barbier-baigneur-estuvier, possédait aussi des bains pour l’hygiène corporelle. Ainsi, il y en avait 6 à Laval en 1712, pour 14 000 habitants.

    Dans les inventaires après décès que j’ai dépouillés à ce jour, la perruque est rare, mais j’ai surtout fait les classes rurales et il est probable qu’elle a été portée en ville.

    PERRUQUE, s. f. (Art. méch.) coëffure de tête, faite avec des cheveux étrangers, qui imitent & remplacent les cheveux naturels. L’usage & l’art de faire des perruques est très moderne ; ils n’ont pas plus de 120 ans (en 1766, ce qui la reporte à 1646). Avant ce tems, l’on se couvroit la tête avec de grandes calottes, comme les portent encore aujourd’hui les comédiens qui jouent les rôles à manteau, ou ceux qui font les paysans. On y cousoit des cheveux doubles, tout droits ; car on ne savoit pas tresser, & l’on frisoit ces cheveux au fer, comme on les frise aujourd’hui sur la tête. (Diderot)

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    Apothicaire, épicier et droguiste

    Un inventaire à Angers en 1600, des délibérations conformément à leurs statuts, la liste des apothicaires en 1559 etc…

    Je travaille depuis plusieurs jours sur ma page apothicaire, que je compte terminer ces jours-ci, tant les documents ont été abondants de 1559 à 1610 à Angers.
    Et encore, ceux que je vous propose ne sont qu’une petite partie de l’iceberg ! Mais suffisants pour vous faire une belle image du métier à cette date !
    Vous avez déjà l’inventaire complet en ligne, mais hélas l’inventaire est en latin et en paléographie (avec abréviations, et pas des plus faciles). C’est un exercice plus que difficile, même pour les surper-paléographes.
    Je suis parvenue avec mes souvenirs d’ancienne chimiste à identifier certains termes, dont vous avez le lexique, mais je cherche pharmacien ayant tant libre, latinisant et susceptible de m’éclairier sur les termes qui ne sont pas encore identifiés.

    Je termine également ce jour un énorme document .PDF qui donnera la liste des pharmaciens en 1559, les modes de fonctionnement de leurs statuts (élections, rejet de nouveaux venus), et un différent spectaculaire au décès de l’un d’eux, Denis Allain, dont le gendre Mareau, qui était aussi son collaborateur, n’est que droguiste et non maître apothicaire, et vous verrez qu’il n’a plus le droit d’exercer dans la boutique…

    Et voici la question du jour :
    Sachant qu’en 1559 la ville d’Angers compte environ 30 000 habitants (environ, car personne ne donne de bon chiffre), quel est alors le nombre d’apothicaires ?
    Pour vous guider dans vos réflexions, j’avoue avoir été surprise du nombre relativement élevé d’apothicaires !
    Et, actuellement, la France compte 115 pharmaciens pour 100 000 habitants !

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    Apprentissage d’apothicaire à Angers en 1609

    Aujourd’hui journée nationale de la santé

    mais aussi finale de l’open de tennis qui nous menait au jeu de paume, et le Grand Prix d’Amérique, qui nous menait au cheval. Ce sera pour une autre fois, car j’ai misé sur la santé, avec les études d’apothicaire en 1609.
    Si vous avez lu mon billet sur les confiseries de Noël, souvenez-vous que c’était à Angers en 1633, la première trève des confiseurs. Avant 1632, les apothicaires ont le monopole du sucre et des confiseries.

    Un apothicaire à Angers en 1609 doit connaître la pharmacopée, donc savoir lire et écrire, et, avoir une famille aisée, capable de lui payer 3 années d’apprentissage chez un maître apothicaire, pour la coquette somme de 200 livres, à laquelle il faut ajouter du taffetas pour faire une cape.
    La Pharmacopée existe, et même en langue française depuis quelques décennies. Sur la page de garde de la Pharmacopée, publiée en 1580, il est écrit faite françoise par André Caille docteur médecin. Auparavant, c’était en latin… langue omniprésente dans les bibliothèques fin 16e siècle encore (nous voyons bientôt l’une d’elle). Cet ouvrage fourmille aussi d’épices, produits récemment importés des pays découverts, via le port de Nantes, dont le sucre.
    J’oublie toujours en grande surface, devant le rayon des épices, à quel point leur histoire est extraordinaire à cette époque ! Et à quel point le goût de nos mets a changer, avec le sucre et les épices partout ! Jai même du mal à imaginer la vie sans, pas vous ?

    Prudent, le maître prévoit dans le contrat d’apprentissage que toute absence de son apprentif (c’est le terme d’époque, avec un f final), est due, sans qu’il soit tenu de le faire rechercher. Et il n’oublie pas de rappeler qu’il est boutiquier en incluant une clause concernant la pratique, c’est à dire les clients. L’apprentis doit s’il en connaît potentiellement les donner à son maître.
    Il est vrai que le mot apothicaire vient du grec boutique.
    Visitez Angers, quartier de la Doutre, ex paroisse de la Trinité, et allez voir la maison de Simon Poisson, apothicaire fin 16e siècle.

    Revenons au taffetas, payé par la famille, sous forme d’étoffe. Il est prévu pour une cape sans doute exécutée par la femme du maître apothicaire.
    Enfin, la boutique de l’apothicaire est importante, puisqu’ils sont deux apothicaires, le maître et son gendre, et prennent un apprentis.

    Je cours regarder la finale de tennis, à plus.
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    Un cancer du sein en 1695

    bien avant le dépistage

    « Le 7.5.1685 la femme de Mr Decorce avocat mourut d’un abcès au téton, elle a souffert pendant plus d’un an, elle n’a point laissé d’enfants, elle s’appellait Gabrielle Gault » (TOYSONNIER Estienne, avocat au présidial d’Angers 1683-1714, Journal publié d’après le manuscrit n°883 de la bibliothèque d’Angers, AD49-BIB 3368)

    Voici la famille de Gabrielle Gault :

      Laurent 3e GAULT « le Jeune » Sr de la Saulnerie °Angers StPierre 10.1.1594 †10.8.1669 Fils de Laurent 2e GAULT & de Jeanne MORINEAU. Avocat à Angers. x Angers St Maurille 11.8.1618 Jeanne LOYAUTÉ °Angers StPierre 4.6.1598 †idem 16.1.1672
      Philippe GAULT °ca 1619 †29.1.1688 Curé de la Tourlandry de 1640 à 1688, il y succède à son oncle Clément Gault.
      Jean GAULD Sr de la Grange °AngersStMaurille 30.11.1624 †5.1672/ Filleul de Catherine Gault fille de Laurent Laisné At à Angers & de Jeanne Traineau. x AngersSt-Maurille 21.6.1649 Charlotte LAUBIN Dont postérité
      Clément GAULT °AngersStMaurille 20.11.1625 Probablement †bas âge puisque en 1672 il n’est pas dans la succession.
      Laurent 4e GAULT Sr du Hardras & de la Saulnerie x 1646 Renée DELAHAYE Dont postérité
      Gabrielle GAULT x Angers StMaurille 3.2.1654 Guillaume DESCORE Avocat

    Il est rare de trouver des notes médicales personnelles concernant le 17e siècle.

    Nous avons fait des progrès, et beaucoup de règlements de la profession :
    Le ministère de la Santé s’apprête à contacter par courrier, « dans les prochains jours » et pour un contrôle, environ 6 800 personnes venues passer un examen une radio des seins ou du thorax dans 5 cabinets de radiologie du Nord de la France, après que l’Inspection générale des affaires sociales ait remarqué des manquements aux règles d’hygiène relevés dans des cabinets de radiologie du Nord de la France.

    L’actualité nous parle aussi de ce bon vieux (plus de 1000 ans) droit de remuage : l’UFC-Que Choisir, a publiée le 22 janvier, une étude sur le pactole que la hausse des prix des logements procure aux collectivités locales. Sur chaque vente, les communes perçoivent 1,2 % de la valeur du bien, les départements 3,6 % et l’Etat 0,2 %, ce qui majore le prix de 5 % pour l’acquéreur. Ces droits de mutation, certes perçus par les notaires au profit des collectivités locales, sont parfois improprement appelés « frais de notaire ».

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