Contrat d’apprentissage de sabotier à Rablay (49), 1753

pour René Chupin chez Jacques Nouteau.

Nous poursuivons l’étude des contrats d’apprentissage. Je suis allée à la ligne lors des changements de sujet, alors que vous savez maintenant que les actes notariés ne vont jamais à la ligne et n’ont pas de ponctuation. J’ai voulu vous aider à mieux comprendre, aussi en ajoutant en italique mes commentaires.

Archives Départementales du Maine et Loire, serie 5E. Voici la retranscription de l’acte : Le 18 janvier 1753 après midy par devant nous Charles Billault notaire royal à Angers résidant à Rablay, furent présents établis et soumis Jacques Nouteau sabotier demeurant au bourg de Rablay d’une part,
et René Chupin garçon âgé de 19 ans ou environ demeurant à l’Ungillière? paroisse de Thouarcé d’autre part, (il est orphelin, et a un curateur qui apparaît ci-dessous. Il n’a donc n’a plus de père pour lui montrer son métier, comme nous le constatons dans la majorité de ces contrats. Par ailleurs cet acte précise l’âge de l’apprenti, ce qui est intéressant car peu souvent noté, mais plus on aura de telles mentions mieux on pourra se faire une idée réelle de l’apprentissage)
lesquels dit Jacques Nouteau et René Chupin sont convenus du brevet d’apprentissage sous les clauses conditions et obligations suivantes, c’est à savoir que (le contrat d’apprentissage est ici appelé brevet, terme que je retrouve bien dans les dictionnaires anciens : On appelle Brevet d’apprentissage, Un Acte passé pardevant Notaire, par lequel un Apprenti & un Maître s’engagent réciproquement; l’Apprenti à apprendre un art ou un métier; & le Maître à le lui montrer pendant un certain temps, & à certaines conditions (Dictionnaire de L’Académie française, 4th Edition, 1762)
ledit René Chupin est resté et demeuré en la maison dudit Nouteau en qualité de son apprentif (eh oui, autrefois il y avait un f final) en le métier de sabotier pour le temps et espace d’un an entier qui a commencé le 17 de ce mois et an et finira à pareil jour de l’année 1754 (cela n’est pas une longue durée, mais j’ai déjà mis un contrat de sabotier qui apprenait seulement 6 mois, c’est donc un métier vite appris)
et ce par l’avis et consentement de François Hargoulon son curateur à personne et biens demeurant paroisse dudit Rablay à ce présent et acceptant pour ledit Chupin (voici la preuve que l’apprenti n’a plus ses parents)
pendant lequel temps d’un an à compter dudit jour 17 de ce mois et an ledit Jacques Nouteau a promis et s’est obligé de loger ledit René Chupin apprentif fournir de lit nourrir à sa table le reblanchir, luy fournir de sabots pendant ledit temps d’un an, (en l’espace d’un an, j’ignore combien de paires de sabots on use, mais je gage qu’il s’agit là d’une unique paire de sabots)
et luy donnera bon traitement et luy montrera sondit métier de sabotier en ce qui se poursuit et comporte savoir creuser bucher et parer et généralement tout ce qui est et dépend de sondit métier de sabotier en ce qu’il se poursuit et comporte,
et est fait le présent brevet d’apprentissage pour et moyennant le prix et somme de 68 livres à deux termes égaux de chacun 34 livres dont le premier teme et payement de ladite somme de 34 livres commence audit jour 17 de ce mois et an que ledit Chupin s’est obligé sous l’autorité dudit Hargoulon son curateur à personne et biens, et de son consentement, donner audit Nouteau et le surplus montant à pareille somme de 34 livres ledit Hargoulon a promis et s’est obligé en son privé nom donner audit Nouteau dans le jour et fête de Magdeleine prochaine le tout à peine de toute perte dépens dommages et intérêts, (c’est une somme élevée pour un temps aussi court, preuve que la somme était toujours variable ou négociable. La sainte Madeleine est le 22 juillet, et ce terme de paiement n’est pas utilisé dans le Haut-Anjou, alors que je le rencontre dans le vignoble au sud d’Angers. Les termes sont toujours exprimés en fêtes religieuses, mais avec des variantes locales.)
ce qui a été ainsi voulu consenty stipulé et accepté…
fait et passé à Rablay en notre étude en présence et du consentement de René Lizée et Jacques Chupin ses cousins demeurant paroisse de Thouarcé et de François Liger maréchal et Jean Réthoré tisserand demeurant dite paroisse de Rablay témoins à ce requis et appelés, (on apprend une parenté au passage)
toutes lesdites parties ont déclaré ne savoir signer de ce enquis. (ce qui atteste un milieu modeste)

Je vous donne rendez-vous bientôt pour un autre contrat d’apprentissage… et si vous en avez, merci d’avoir la bonté de participer à l’enrichissement de cette base de données, afin que cette phase essentielle de la formation soit mieux connue car tous les ouvrages traitant d’enseignement autrefois laissent de côté ce contrat qui me semble important, et d’autant plus important qu’il semble avoir été le relais paternel pour les jeunes ayant perdu leur père, ce qui était autrefois fréquent.

Odile Halbert – Reproduction interdite sur autre endroit d’Internet seule une citation ou un lien sont autorisés.

Contrat d’apprentissage de tonnelier vinaigrier à Soulaines (49), 1662

pour Jean Talluau chez Jean Boutton. Archives Départementales du Maine et Loire, serie 5E

Nous partons dans le vinaigre pour plusieurs jours, tant il était important autrefois : antiseptique, médicament, etc…
Le contrat d’apprentissage qui suit est assez original, en ce sens que l’apprenti est adulte, désirant sans doute s’offrir une autre situation et investissant dans une formation à un métier plus valorisant. Nous verrons le niveau de vie du vinaigrier dans les jours qui suivent.
L’acte qui suit atteste qu’un vinaigrier est un métier charnière dans la filière du vin, et qu’on peut être à la fois vinaigrier et autre chose dans la filière. Ici tonnelier vinaigrier :

Voici la retranscription de l’acte : Le sabmedy 20 janvier 1662 après midy, devant nous André Choisnet notaire royal à Angers résidant aux Ponts de Cé, furent présents en personne establis et duement soubmis honorable homme Jean Boutton sieur de la Roche marchand tonnelier et vinaigrier demeurant en ce lieu paroisse de saint Maurille des Ponts-de-Cé d’une part,
et Jean Talluau natif de la paroisse du Touré (sans doute le Toureil, canton de Gennes, arrondissement de Saumur), de présent en ce lieu d’autre part,
lesquels ont fait et font entre eux le marché d’apprentissage qui ensuit, qui est que ledit Talluau s’est mis avec et en la maison dudit sieur Boutton pour le temps et espace de deux années entières et parfaites et consécutives qui commencent ce jourd’huy et finiront à pareil jour pour par ledit Boutton luy montrer et enseigner ledit mestier de tonnelier et vinaigrier à sa possibilité sans rien luy en celler et par ledit Talluau servir et obéir audit sieur Boutton audit mestier de tonnelier et vinaigrier en toutes choses licites et honnestes qui luy seront par luy commandées, son bien procurer, …, à sa possibilité, et par le sieur Boutton le nourrir, coucher, laver et reblanchir pendant iceluy temps sans que ledit Talluau puisse s’absenter de la maison dudit sieur Boutton sans son express congé et consentement ;
ce marché fait pour et moyennant le prix et somme de 140 L tournois sur laquelle susdite somme ledit sieur Talluau en a présentement payé et baillé contant audit sieur Boutton la somme de 77 L en louis d’argent ayant cours suivant l’édit, ton et de laquelle susdite somme de 77 L ledit Boutton s’en contente et en a quitté et quitté ledit Talluau, et le surplus montant la somme de 63 L ledit Talluau pour ce duement estably et soumis par devant nous comme dit est promet et s’oblige icelle payer et bailler dans d’huy en un an prochain venant à peine etc ce qui ainsy voulu stipullé consenty et accepté par lesdites parties, auquel marché d’apprentissage quittance obligation et à tout ce que dit est tenir etc dommage etc obligent lesdites parties respectivement etc et à défaut etc biens et choses à prendre vendre et même le corps dudit Talluau à tenir prison comme pour deniers royaux s’absentant de la maison dudit sieur Boutton sans son exprès congé et consentement renonçant etc,
fait et passé aux Ponts de Cé maison dudit sieur Boutton, présent Pierre Garnier marchand ciergier demeurant en ce lieu, et Nicolas Leduc compaignon vinaigrier, demeurant à Angers paroisse de la Trinité. Signé : J. Talluau, J. Boutton, P. Garnier, N. Leduc, Choisnet

A demain, toujours sur le vinaigre. Les vinaigriers étaient une corporation règlementée, et ce contrat m’interpelle car la durée de l’apprentissage est fixée à 2 ans, et je vous expliquerai demain des durées plus longues et pourquoi.
La somme de 140 L est par contre coquette, assez pour que je conclue à un métier socialement valorisant. En effet, lorsque la somme est élevée, il faut soupçonner un métier qui va rapporter… cela paraît logique… Donc, ce Talluau est en train de tenter une ascencion sociale, à moins qu’il n’ait tenté d’épouser la fille du maître, car cela arrivait aussi souvent que le maître n’ait pas de fils et que la place fut libre après lui…. mais comme ces actes ne sont pas miens, vous êtes seuls à pouvoir poursuivre cette histoire… auquel cas, merci de faire signe sur ce billet dans les commentaires, ce serait bougrement intéressant.
Autrefois les dettes n’étaient pas prises à la légère, et je constate au fil de ces contrats d’apprentissage que la clause de saisie de corps en prison est souvent incluse dans le contrat. Si on veut bien s’imaginer l’état des prisons d’antan, plus mortelles qu’autre chose, on comprend vite l’efficacité dissuasive de la clause.
Voir la page HTML qui dresse un tableau des contrats d’apprentissage qui sont sur ce site, vous pouvez aussi utiliser la fenêtre de recherche de ce blog.

Mais au fait, vous souvenez vous de deux, ou au moins une, des utilisations antiseptiques les plus importantes du vinaigre ? Cogitez bien, avant de trouver ici la réponse.

Odile Halbert – Reproduction interdite sur autre endroit d’Internet seule une citation ou un lien sont autorisés.

Contrat d’apprentissage de maréchal en 1692 à Soulaines (49)

pour Pierre Provost chez Pierre Fleuriau (Archives Départementales du Maine et Loire, serie 5E)

Bonjour à tous.
Nous poursuivons ensemble l’étude de l’apprentissage, afin d’avoir une idée plus précise de ce mode de formation, autrefois. Aujourd’hui, c’est encore un garçon qui n’a plus son père, et l’apprentissage aurait été l’alternative à la formation, en l’absence de père autrefois.
Même si ces actes ne vous concernent pas directement, ils illustrent les modes de vie d’antan, et dîtes vous bien que vos ancêtres sont passés pas les mêmes étapes.
En particulier, ce blog, ouvert il y a 3 mois, ne me concerne pas directement. Ces actes que je tente de vous illustrer n’ont rien à voir avec mes ascendants, si ce n’est que lorsque je vous ai mis le rôle de l’ustencile de Montreuil sur Maine, j’avais des ascendants dans la liste des imposés. C’était le seul acte me concernant. En effet, il est vain de vouloir faire revivre ses ascendants, en cherchant leurs actes personnels. Même avec beaucoup de chances, cette quête n’aide pas suffisamment pour comprendre la vie autrefois, et il suffit d’emprunter aux autres actes la trame pour comprendre comment ils fonctionnaient tous.
C’est le but de ce blog, et non un but personnel, vain.
Voici un apprenti maréchal :

L’acte qui suit est extrait des Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E. Voici la retranscription de l’acte : Le 26 décembre 1692 par devant nous Pierre Vallée notaire royal Angers résidant à Saint Melayne ont esté présents en leurs personnes establis et duement soumis chacuns de Pierre Fleuriau maréchal demeurant au village du Plessis paroisse de Soulayne d’une part
et Pierre Provost demeurant en la maison de madame de la Plante à la Coutentinière dite paroisse de Soulaines comme serviteur domestique procédant sous l’autoristé d’honneste homme François Vallée marchand son curateur à ce présent d’autre part
entre lesquels a esté fait le marché d’apprentissage et convention qui ensuit
scavoir que ledit Fleuriau promet et s’oblige de montrer et enseigner à sa possibilité audit Provost le métier de mareschal pendant le temps d’ung an six moys à commencer de ce jour et pendant lequel temps ledit Provost se tiendra assidu à la forte dudit Fleuriau pour y travailler avec luy et apprendre ledit mestier et aussy ledit Fleuriau le nourrira, couchera et reblanchiera selon sa condition et comme un apprenti doit estre prendant aussy ledit temps d’ung an six moix,
et ce fait ledit présent marché pour et moyennant la somme de quarante cinq livres à quoy ils ont composé et accordé entre eux pour ledit temps d’apprentissage cy-dessus, de laquelle ledit Provost promet et s’oblige en payer audit Feuriau dans le jour et feste de Nostre Dame chandeleur prochaine 22 livres 10 sols qui est la moitié et l’autre moitié qui est paraille somme dans d’huy en ung an aussi prochain venant le tout cy-dessus à peine etc ces présentes néanmoings etc et auquel Fleuriau ledit Provost promet luy fournir à ses frais copie des présentes dans huit jours prochains aussy à peine etc car les parties ont ainsy le tout voulu consenti, stipulé et accepté par entreux en sont demeurés d’accord auquel marché convention obligation et ce que dit est cy-dessus tenir etc dommage etc obligent lesdites parties respectivement eux et par défaut leurs biens à prendre vendre renonçant etc dont advertues de scellé suivant l’édit.
Fait et passé au bourg dudit Soulaines demeure de François Vallée en présence de François Provost, François Jouaisneau, Jean Peluet l’aîné, oncle dudit Provost et Michel Boucler vigneron demeurant à Soulaines tesmoings, ledit Provos a dit ne savoir signer. Signé Vallée, F. Jouanneau, J. Peluet

Demain, nous partons pour quelques jours dans le vinaigre…

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Contrat d’apprentissage d’un orfèvre, Angers, 1573, chez François Hayeneufve, pour 5 ans

Hier, nous avons vu l’apothicaire, formé sur 3 ans. Mais un métier d’art, c’est bien autre chose, et c’est bien plus long. D’ailleurs, j’ai cru comprendre que désormais la France a du mal a conserver certains de ces métiers, faute d’enseignement et repreneurs.
A l’époque, il s’agit surtout de faire des reliquaires, ostensoirs, croix, calices, faits d’or ou d’argent, avec pierres précieuses, et de quelques objets domestiques tels écuelles, réchauds, ciselés.
Je ne peux hélas vous illustrer cette page, car il s’agit d’un domaine sensible, où le pillage de la France sévit actuellement. J’ai moi-même donné (gentil terme pour exprimer qu’on est passé par là), pour une timbale et une fourchette de 1720, et des bijoux. Et merveille, quelques heures plus tard l’assureur m’a traitée de voleuse : un grand merci au passage aux voleurs d’assureur, pour les gentils souvenirs qu’ils m’ont ainsi laissés. Je reste traumatisée 11 ans plus tard, car bien sûr je n’ai pas vu d’indemnisation totale du tout, malgré photos d’objets anciens.

Si vous voulez approfondir les orfèvres d’antant, voyez :
Revue 303, (Pays de Loire), n°55, par Monique Jacob, Les orfèvres d’Anjou et du Bas-Maine du Moyen-âge au XIXe siècle.
et du même auteur, plus développé : Les Orfèvres d’Anjou et du Bas-Maine, dictionnaire des poinçons de l’orfèvrerie française / Monique Jacob ; réd. Philippe Bardelot, Christian Davy, Dominique Eraud … – Paris : Ed. du patrimoine, 1998. – 522 p. – (Cahiers, ISSN 0762-1671 ; n°050).

Ces ouvrages sont consultables dans les bibliothèques des DRAC, ou Municipales des grandes villes concernées.

Revenons au contrat d’apprentissage, signé à Angers, devant notaire, le 9 juin 1573, par François Hayeneuve, orfèvre à Angers, qui prend comme apprenti pour 5 ans Christophe Marteau fils de †Alexandre et de Guyonne Jourdan, demeurant à Laval, présenté par sa mère.
Tient, tient : au passage un joli clein d’oeil à l’orfèvrerie du Maine liée à celle d’Angers !

Vous savez maintenant qu’il est logé, blanchi, et nourri chez le maître.
S’agissant d’un domaine sensible (métaux et pierres précieuses), l’apprentis promet de ne rien faire de répréhensible.
Au fait, ce n’est pas un apprentis mais un apprentif, forme ancienne du terme. Cela fait donc plusieurs fois que nous rencontrons cette forme, car je navigue dans l’ancien…
Le montant à payer par la mère du jeune homme s’élève à 210 L, enfin, on voit encore la clause de présence obligatoire du garçon, sous peine de prison.
Ouille ! à l’heure où l’autorité parentale tend à disparaître, du moins c’est ce que j’ai cru comprendre d’une récente enquête publié dans un grand quotidien, on a du mal à se représenter le degré d’autorité autrefois, et surtout le degré de la peine encourue. Nous reviendrons sur la prison autrefois…
Mais il y aura aussi d’autres contrats d’orfèvre, apothicaire, et d’autres métiers, et je tente d’en dresser un tableau comparatif… qui me prend beaucoup de temps…

Demain, un autre contrat d’apprentissage. Attention, encore plus long : 6 ans.

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Apprentissage d’apothicaire à Angers en 1609

Aujourd’hui journée nationale de la santé

mais aussi finale de l’open de tennis qui nous menait au jeu de paume, et le Grand Prix d’Amérique, qui nous menait au cheval. Ce sera pour une autre fois, car j’ai misé sur la santé, avec les études d’apothicaire en 1609.
Si vous avez lu mon billet sur les confiseries de Noël, souvenez-vous que c’était à Angers en 1633, la première trève des confiseurs. Avant 1632, les apothicaires ont le monopole du sucre et des confiseries.

Un apothicaire à Angers en 1609 doit connaître la pharmacopée, donc savoir lire et écrire, et, avoir une famille aisée, capable de lui payer 3 années d’apprentissage chez un maître apothicaire, pour la coquette somme de 200 livres, à laquelle il faut ajouter du taffetas pour faire une cape.
La Pharmacopée existe, et même en langue française depuis quelques décennies. Sur la page de garde de la Pharmacopée, publiée en 1580, il est écrit faite françoise par André Caille docteur médecin. Auparavant, c’était en latin… langue omniprésente dans les bibliothèques fin 16e siècle encore (nous voyons bientôt l’une d’elle). Cet ouvrage fourmille aussi d’épices, produits récemment importés des pays découverts, via le port de Nantes, dont le sucre.
J’oublie toujours en grande surface, devant le rayon des épices, à quel point leur histoire est extraordinaire à cette époque ! Et à quel point le goût de nos mets a changer, avec le sucre et les épices partout ! Jai même du mal à imaginer la vie sans, pas vous ?

Prudent, le maître prévoit dans le contrat d’apprentissage que toute absence de son apprentif (c’est le terme d’époque, avec un f final), est due, sans qu’il soit tenu de le faire rechercher. Et il n’oublie pas de rappeler qu’il est boutiquier en incluant une clause concernant la pratique, c’est à dire les clients. L’apprentis doit s’il en connaît potentiellement les donner à son maître.
Il est vrai que le mot apothicaire vient du grec boutique.
Visitez Angers, quartier de la Doutre, ex paroisse de la Trinité, et allez voir la maison de Simon Poisson, apothicaire fin 16e siècle.

Revenons au taffetas, payé par la famille, sous forme d’étoffe. Il est prévu pour une cape sans doute exécutée par la femme du maître apothicaire.
Enfin, la boutique de l’apothicaire est importante, puisqu’ils sont deux apothicaires, le maître et son gendre, et prennent un apprentis.

Je cours regarder la finale de tennis, à plus.
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Contrat d’apprentissage de couturière, Angers, 1598

à Angers, avec exercice de paléographie et explications

Après le couturier, voici en 1598 la trace de la féminisation du métier.
Cette page est avec exercives de paléographie, comme beaucoup d’autres de mon site.

J’ai beaucoup forgé pour devenir forgeron (en paléographie) : le proverbe avait bien raison. Mais ce que j’ai fait, vous pouvez le faire, aussi je vous le transmet en formes d’exercices…, profitez-en. Exercez-vous.

Le métier de la jeune apprentie est écrit cousturière, avec un S devant le T, qui atteste qu’on est plus devant un dérivé du latin cultura, car on aurait eu alors un L devant le T. Ce qui confirme les explications difficiles tentées hier sur l’étymologie du terme couturier, qui fut d’abord un dérivé de cultura avant d’être un dérivé du latin populaire consuture.

Le contrat d’apprentissage est payant, ce qui est le cas le plus général. La somme de 12 écus pour une durée totale d’un an, représente 36 livres, ce qui est une jolie somme pour cette fin de 16e siècle. Il ne s’agit donc pas d’un métier totalement pauvre, pourtant le maître, tailleur d’habits, ne sait pas signer. Jolie illustration que pour prendre des mesures et confectionner à la demande sur mesure, et compter pour s’en faire payer, il n’est pas nécessaire de savoir écrire.
L’épouse du maître semble travailler avec lui dans l’échope atelier, car elle aura aussi la possibilité de donner des ordres, or, jamais le contrat ne permet d’employer l’apprenti aux taches plus ménagères… et j’en conclue qu’il ne s’agit pas de ce type d’ordre….
Et comme j’aime vagabonder par l’esprit, j’en conclue que c’est un métier dans lequel la femme a rapidement compris qu’elle pouvait aider son mari (ou il a compris que sa femme pouvait l’aider), et on est alors passé à la féminisation du métier. A moins qu’auparavant le métier de l’épouse n’étant jamais donné, sauf pour la sage-femme, elle était déjà au travail de couture avec son époux, mais jamais mentionnée comme tel. Je me souviens qu’il n’y a pas si longtemps (quelques décennies au plus) le travail des épouses comptait pour rien… et elles devaient même remplir les papiers administratifs en remplissant la case PROFESSION par NEANT. Horreur administative qui comptait le travail des épouses pour du beurre… et leur retraite aussi…

Mon esprit vagabondant encore, j’imagine aisément que si le maître prend une fille en apprentissage, c’est qu’il a probablement un fils à caser… voir un proche parent, car on travaille le plus souvent en familles et réseaux de proches parents.
On peut aussi imaginer que la mère de la fille introduit celle-ci en vue de la marier à un tailleur d’habits… sinon, les contrats d’apprentissage de filles sont rares (à l’époque), on ne leur apprend pas de métier autre que ménager.

Comme je suppose que vous avez bien retranscrit, corrigé et lu l’acte, je sais qu’à la fin vous voyez même du latin intempestif… Rassurez vous, il s’agit des droits des femmes, et nous reviendrons dessus, car elles en avaient… Eh oui… pas beaucoup, mais tout de même un peu….

Alors à bientôt si vous le voulez bien. En attendant je vais tenter de dresser un récapitulatif des contrats d’apprentissage (j’en ai d’autres à venir).
Si vous en avez, soyez sympa, manifestez vous, je vous cite… et la base de données sera plus parlante. Merci d’avance.

A votre avis, combien d’années durait l’apprentissage d’un apothicaire ? Merci de répondre… même si vous n’avez pas la réponse, pour le jeu….

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