Les Aides, impôt sur la vente du vin, 1629

Nous repartons dans les impôts sur le vin.
Cette fois, dans de nombreuses paroisses d’Anjou, au nord de la Loire, de Rochefot à Monguillon.
On découvre ici qu’il était en effet prélevé sur toutes les paroisses où existait de la vigne, et que pour collecter l’impôt, il existait de nombreux baux à sous-ferme.
Le collecteur final des 28 lieux nommés demeure à Rochefort. Nous découvrons que l’impôt des Aides était basé sur des noms de lieux qui ne sont plus paroisses, ou ne sont pas encore des paroisses, ainsi la Jaillette, la Touche aux ânes, les Essarts, le Petit-Paris, Roche-d’Iré, St Jean des Marais. Ce découpage, assez surprenant de cet impôt mérite le détour !
Bien sûr, je vous ai mis entre parenthèses une identificaiton de tous ces lieux.

Ceci dit, ces collecteurs devaient se déplacer à cheval sur ces distances, avec les sommes sur eux, et nul doute qu’ils aient posséder des pistolets d’arçon, tels que j’en ai relevés dans certains inventaires après décès, car ces déplacements étaient surement risqués, puisque François Babin, de Rochefort, apporte au final 1 821 livres à Angers, ce qui représente la valeur d’achat d’une métairie, ni plus ni moins, donc à titre de comparaison, c’est comme si vous aviez dans votre voiture, en liquide, environ 200 k€ (abréviation officielle de 200 000 €).

L’acte qui suit est extrait des Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E36/188 – Voici la retranscription intégrale de l’acte : Le 18 mai 1629 avant midy, devant nous Noel Beruyer notaire royal à Angers fut présent Me René Durocher advocat en ceste ville, commis à la recepte des Aides de ceste ville, depar Me Charles de Monserat cy devant fermier des Aides de ceste élection, demeurant en ceste ville paroisse de Saint Pierre
lequel audit nom a reçu comptant en notre présence de Me François Babin demeurant à Rochefort, et de ses deniers comme il a dit, la somme de 1 831 livres 18 sols en pièces de 16 sols et aultres monnaies ayant cours suivant l’édit, faisant le reste et parfait paiement des fermes desdites aydes des paroisses de Saint-Martin-du-Boys, Louvaines, La Jaillette, Chambellay, Chenillé-Changé, Nyoiseau, St-Aubin-du-Pavoil, Bescon, les Essarts, la Tousche aulx Asnes,

la Touche-aux-Ânes, hameau en la commune de Saint-Léger-des-Bois –  » où ne sont que que deux petites maisons  » dit Louvet en 1565. Le roi Charles IX s’y arrêta pour dîner le 4 novembre. – La terre appartenait à Charles de Brie-Serrant. (C. Port, Dict. du Maine-et-Loire)

la Meignanne, St Jehan des Marestz (Saint-Jean-des-Marais, en St Clément de la Place aujourd’hui), St Clément de la Place, St Lambert de la Potherie, Loyré, Roche d’Iré, Vern, Chazé-sur-Argos, Le Plessis Macé, Beaucouzé, Brain-sur-Longuenée, St Augustin-des-Boys, Le Petit Paris (en Saint-Martin-du-Fouilloux aujourd’hui), St Martin du Fouilloux, St Léger des Boys, St Jean de Linières, Genay (Gené), St James près Segré (Sainte-Gemmes-d’Andigné) et Monguillon
fors et non compris un acquit de Me Hélie Michon montant 116 livres, qu’il aurait reçu dudit Babin le 6 septembre 1626 et qui est de l’entier paiement

desquelles paroisses de St Martin du Boys, Louvaines, La Jaillette, Chambellay, Chenillé et Changé, Me Loys Letessier estoit fermier pour 4 années 3 mois qui ont commencé au 1er juillet 1624 et finies au dernier jour de septembre dernier, à raison de 430 livres et le sol pour livre annuellement et d’autres les droitz de messieurs les officiers de ladite élection, par bail passé par Me Simon Goddes notaire royal de St Laurent des Mortiers résidant à Chambellay le 16e septembre 1624

et desdites paroisse de Nyoiseau, St Aubin du Pavoil, Jehan Faligan estoit fermier pour 3 années 9 mois qui ont commencé au premier janvier 1625 et qui ont fini ledit dernier septembre dernier à raison de 200 livres tz le sol pour livre d’entrée et continuation des droits desdits officiers officiers de l’élection, par chacun an, par bail passé par nous notaire le 9 janvier audit an 1625

et desdites paroissies de Bescon, les Essarts, la Touche aux Asnes, la Meignanne, St Jehan des Marestz, St Clément de la Place, St Lambert de la Potherine, Loyré, Roche d’Iré, Vern, Chazé-sur-Argotz, Le Plessis Macé et Beaucouzé, iceluy Faligan aussy fermier pour 3 années 3 mois qui ont commencé au 1er juillet audit an 1625 et qui ont fini audit dernier septembre dernier, à raison de 1 850 livres le sol pour livre de continuation par an, comme il est porté par bail passé par Me Louis Coueffé notaire de ceste cour le 5 juin audit an 1625

et desdites paroisses de Brain-sur-Longuenée, St Augustin-des-Bois, Jacques Bordier estait fermier à raison de 233 livres tz par an le sol pour livre d’entrée et de continuaiton des droits desdits sieurs officiers de l’élection par bail passé par Sébastien Leroyer et Maurice Boyvin notaires de la chatellenie du Lyon d’Angers le 19 décembre audit an 1624

et desdites paroisses du Petit Paris, St Martin du Fouilloux, St Leger des Bois et St Jehan de Linières, ledit Falligan estait aussi fermier pour le temps de 3 ans 9 mois qui ont commencé au 1er janvier audit an 1625 et fini audit dernier septembre dernier, à raison de 350 livres et le sol pour livre annuel

et desdites paroisses de Genay, Ste James près Segré et Monguillon à raison de 260 livres et 2 perdrix des droits desdits officiers par chacun an font René Guyon estait fermier pour le temps de 4 ans qui ont commencé au 1er octobre 1624 et fini ce dernier septembre dernier par bail passé par nous notaire le 4 novembre audit an 1624 desquelles 4 années ledit Babin en compte et paye 3 ans 3 mois qui ont commencé le 1er juillet 1625 et fini au dernier septembre dernier

et oultre a ledit Babin compté et payé en l’acuit dudit Guyon la somme de 49 livres 17 sols 6 deniers pour le huitiesme des paroisses de La Chapelle-sur-Oudon et Andigné de quartier de juillet audit an 1625

de laquelle dite somme de 1 831 livres 18 sols 10 deniers, ledit Durocher audit nom s’est tenu à comptant et bien payé et en acquitte et quitte lesdits Babin, Letessier, Faligan, Bordier et Guyon, reconnaissant en oultre avoir esté paié dudit Babin du prix desdites fermes et moyennant ce ledit Babin a présentement rendu audit Durocher audit nom les acquitz particuliers qu’il loy auroit baillé desdits payements par luy faits avant ce jour, non comprins en ladite somme de 1 831 livres 18 sols iceulx avquits et recepissez à la somme de 1 875 livres tz desquelz Durocher se tient contant et en quite ledit Babin

demeurent aussi comprins au présent compte les payements qui ont esté faicts audit Durocher en l’acquit dudit Babin scavoir par Allard 23 livres 5 sols par une part et par René Garnier la somme de 10 livres tz dont ledit Durocher leur en aurait bailler acquitz qui luy ont été rendus par ledit Babin sans préjudice audit Durocher de ladite somme de 113 livres pour raison de quoy il proteste faire contraindre ledit Babin par toutes voies dues et raisonnables,
lequel Babin a prostesté de s’en défendre et dit qu’il a payé audit Michon qui était pour lors faisant ladite recepte en cette ville pendant la contagion attendu l’absence dudit Durocher et sa femme qui s’estaient retirés à cause de ladite contagion, ce qui a esté protesté d’abondant au contraire par ledit Durocher et dit que pendant ladite contagion ils se seraient seulement retiré aux Ponts de Cé auquel lieu ledit Babin se debvait transporté ayant bonne connaissance que on y faisait la recepte et n’avoir jamais nommé comme recepveur ledit Michel pour son commis à faire ladite recepte, ainsi seulement clerc commissaire pour la marque des vins deffences et armes, sans préjudice aussy des deniers que ledit Babin pourraient aussi avoir reçu des vendants vin des paroisses de cette élection, ont il ne luy a tenu compte et sans préjudice des frais si aucuns sont
promettant obligeant etc dont les avons jugés etc
fait et passé audit Angers maison dudit Durocher en présence dudit Guyon demeurant à La Chapelle-sur-Oudon, Me François Jallier sieur de la Prevosté, et Mathieu Bardoul praticiens demeurant audit Angers tesmoins.
Signé : Durocher, F. Jallet, Babin, Guyon, Bardoul

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Saint René Goupil, honoré au Canada le 29 septembre

Nous honorons les René le 19 octobre, mais René Goupil, massacré par les Iroquois en 1642, est honoré le 29 septembre au Canada.

  • Lieu de naissance : l’Oucheraie en Saint-Martin-du-Bois
  • Saint-Martin-du-Bois est située dans la province d’Anjou, France – aujourd’hui Maine-et-Loire.
    L’Oucheraie est une ancienne maison noble avec closerie, qui relevait de Bouillé-Théval (Monguillon). En est sieur Etienne des Rues en 1548, Guyonne Richardeau veuve de Vincent Crespin, en 1575, Hippolyte Goupil en 1620, Pierre Cordier mari de Marie Goupil en 1678, Louis Recoquillé, maître chirurgien à Château-Gontier, 1729, fils de Perrine Goupil. (Selon C. Port, 1ère édition)


    L’Oucheraie (carte de Cassini, sur laquelle elle est orthographiée Loncherais, au milieu, un peu à droite, image cliquable)

    Sur la page Web consacrée à Saint René Goupil il y a une photo de ferme ancienne. Mais, l’Oucheraie comportait sans doute autrefois un logis, comme c’est le cas dans les maisons nobles et l’autre pour le closier. Le chirurgien demeurait dans le logis, disparu de nos jours, et non dans le logement du closier qui est photographié car subsistant de nos jour. Je reconnais que les M.H. disent aussi que la maison actuelle était celle de René Goupil, mais j’émets des doutes, car elle ne correspond pas au train de vie habituel d’un chirurgien de l’époque ; en outre le chirurgien de travaillait pas en closier donc devait avoir un closier près de lui.

  • Une lignée de chirurgiens
  • Les Goupil sont chirurgiens de père en fils. Voici un acte plus tardif, sur lequel néanmoins on trouve le métier.
    Pierre Cordier, détenteur de l’Oucheraie en 1678 (cf ci-dessus), est chirurgien sur son mariage en 1654 à Saint-Martin-du-Bois, le 3 novembre 1654, avec Marie Goupil. L’Oucheraie lui vient donc de sa femme, fille de Pierre sieur de Loucheraie, petite fille sans doute d’Hyppolite.

  • Naissance le 15 mai 1608
  • Le quinziesme jour de may l’an six cens huict
    fut baptizé René filz de Hypolite Goupil et de Luce Provost parrain
    René Aulbert Marie Bodein femme du recepveur
    de la Mothe d’Orvaulx marraine.
    L’acte est déjà sur Internet sur une page consacrée à Saint René Goupil, mais mes commentaires diffèrent.
    Ses parents eurent aussi :

      Claude, né le 29 mai 1607 filleul de Gilles Gasneau et de damoiselle Marie de Guynefolle
      Agathe, née le 17 décembre 1609 filleule de Jehan Thibault et de Agathe Seureau
  • Les Jésuites à La Flèche
  • En 1603, Henri IV autorise le retour en France des Jésuites, expulsés en 1594 par le Parlement. Depuis leur départ, la noblesse et la bourgeoisie devaient envoyer parfois leurs enfants à l’étranger, faute de collèges. L’enseignement secondaire est donc au plus mal, et les Jésuites seuls capables de le prendre en charge.
    Henri IV, prudent, leur fixe les villes où ils vont créer de nouveaux collèges, leur interdit d’acquérir aucun immeuble, recueillir aucune succession ni donation. Mais ils ne les laissent pas les mains vides, et dote les collèges autorisés d’un patrimoine consistant.
    Ainsi, il les installe à La Flèche, dans le Château Neuf de sa grand mère, Françoise d’Alençon, qui restera le noyau historique des batiments d’enseignement du collège. Et, il ajoute quelques fleurons du bénéfice ecclésiastique local. Entre autres, le 15.1.1618, l’abbé du Mélinais doit partager avec les Jésuites, en leur cédant le prieuré de la Jaillette, qui est alors annexé au Collège royal de La Flèche, avec quelques autres prieurés.

  • Les fils de chirurgien au collège de La Flèche
  • Sans avoir la preuve formelle que René Goupil fit ses études à La Flèche, on peut le supposer car j’ai déjà rencontré des fils de chirurgiens envoyés à La Flèche, ainsi les Charil, longue lignée de chirurgiens au Pertre, aux confins de la Bretagne, l’Anjou et le Maine.
    Ceci est d’autant plus vraisemblable que les « petits collèges » angevins, n’ont pas grand chose à voir avec un collège, et le terme prête à confusion. Ce ne sont que de petites écoles enseignant des rudiements, et au mieux le latin, pour quelques élèves seulement. Ce sont alors :

      Segré, fondé en 1595 par Jean Chardon, prêtre
      Grez-Neuville fondé en 1592
      Champigné en 1631 par Mathurin Rainfray, prêtre
      Martigné fondé en 1610 par Jacques Bordillon prêtre
  • Les biens du collège de La Flèche à Saint-Martin-du-Bois
  • Le temporel du prieuré de la Jaillette est riche de métairies et closeries sur de nombreuses paroisses, entres autres à Saint-Martin-du-Bois il tient la Bouserazière, la Grande Chesnais, le Petit Coudray, la Vauvelle. D’ailleurs, la Jaillette voisine Saint-Martin-du-Bois
    Le prieuré est alors tenu à ferme avec obligation du service divin. C’est une très grosse ferme, qui rapporte plus de la valeur d’achat d’une métairie par an ! (j’ai bien dit valeur d’achat, c’est dire l’importance du revenu)
    En 1541, cet important temporel est affermé par l’Abbaye du Mélinais, à Mathurin Loyau marchand, demeurant à St Martin-du-Bois, et à Missire Guillaume Loyau, prêtre, son frère
    En 1575 bail à ferme à Corbon Chardon, greffier de la chatelennie de Segré et Charles Basourdy marchand (sans doute son gendre, sinon son beau-frère), qui demeurent à la Jaillette
    En 1621 les Jésuites l’afferment à Michel Basourdy, prêtre, fils de Charles et de Renée Chardon. Après son décès, sa mère doit tenir en 1629 les assises et rendre compte aux Jésuites
    En 1629 Renée Chardon reprend les comptes de son fils Michel Basourdy, décédé
    En 1631 Etienne Bienvenu, notaire etc…

  • Les visites de Jésuites à La Jaillette
  • Le bail comporte une clause de visite des Jésuites. Ce type de clause n’est pas rare dans des baux à ferme : le bailleur se réservait un droit de visite plusieurs jours par an : le preneur devait le loger dans le logis le plus noble, le nourrir et bien entendu les chevaux aussi.
    Les Jésuites venaient donc à La Jaillette. Cette église, fillette de Louvaines, était très fréquentée, et les sermons étaient sans d’un bon niveau, et les appels en faveur des oeuvres des Jésuites, en particulier leurs projets en Nouvelle-France, devaient y être fréquents.

  • Les Jésuites et la Nouvelle-France
  • En 1625, les Jésuites s’installent au Canada (Nouvelle-France), et créent en 1632 le poste de Sainte-Marie-aux-Hurons, point de ralliement des autochnones qui participaient au commerce des fourrures.
    Au péril de leur vie, ils visitent la majorité des tribus établies aux environs des Grands Lacs.

  • René Goupil en Nouvelle-France
  • On trouve sa trace à Paris, entrant en 1639 chez les Jésuites, mais sa surdité le met à l’écart. Puis, voyez René Goupil, sa vie en Nouvelle-France (je suis incompétente pour ajouter quoi que ce soit)

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