- Louis Bureau arrive au Canada avec le régiment de Lallier,
non celui de Carignan. Il est dans une compagnie de 50 hommes, commandée
par le capitaine Isaac Berthier, choisie en 1664 pour accompagner aux Antilles
Alexandre de Prouville, marquis de Tracy. Sa compagnie suit Mr de Tracy à
Québec, où elle débarque le 30.6.1665. Louis est alors
âgé de 23 ans selon un témoignage. C'est aussi l'âge
moyen de ses compagnons d'arme. Louis va rester au Canada et devenir l'ancêtre
des Bureau du Canada.
- En 1681, encore célibataire, Louis se loue à
Nicolas Marion sieur de la Fontaine, marchand de Québec, qui s'engage
à l'employer à des travaux légers, vu son état de
santé, attendu : "qu'il n'est par d'un fort travail
et qu'il est de faible complexion malseing, ce qui est de la connaissance du
sieur de la Fontaine". Est-la raison pour laquelle il ne trouve
pas femme ? Il faut dire qu'elle sont rarissimes.
- Louis ne sait pas compter, comme la plupart de ses contemporains,
aussi lors des anniversaires, le compte se fait mal, ou plutôt ne se fait
pas. Si bien que lorsqu'il trouve enfin une épouse en 1685, le prêtre
le déclare âgé de 55 ans à vue d'oeil, faute d'autre renseignement, comme les
prêtres le faisaient la pupart du temps à l'époque. On peut en conclure que Louis
fait plus vieux que son âge, puisqu'on sait maintenant qu'il avait 45
ans et non 55. Rassurez-vous, il ne vieillit plus, car en 1695 lors de son remariage il
paraît 50 ans, preuve que le mariage lui a réussi, ou que le prêtre de ce mariage
a vu plus clair !
- Louis meurt
à l'Ancienne-Lorette le 14.2.1711 entouré de sa 2e épouse
Marie Coqueret et de ses 2 enfants Jean et Marie-Catherine issus de sa 1ère
épouse Marie-Anne Gauvin. Ils sont les auteurs des Bureau du Canada.
- Louis a laissé peu de traces de ses parents français. Il est
dit fils de Mathurin Bureau tonnelier et Renée Tendie, sur son 1er contrat
de mariage. Louis ne sait pas écrire et le notaire à oralement
compris "Tendie". Plus tard, des sources imprimées au Canada
vont écrire "Tendié", ce qui ne se peut, puisque l'accent
est inexistant à l'époque ! D'autres sources la diront aussi Fardi
ou Fardy.
- Jusqu'en 1984, date de ma découverte de son baptême
en France, Louis sera dit par erreur à défaut de mieux « né en 1631 fils de Mathurin et Renée
Tendié ». En fait Louis est né le 19.6.1640 à Pirmil,
trêve dépendant de la paroisse de Saint-Sébastien-d'Aigne,
fils de Mathurin Bureau, tonnelier, et de Renée TENNEGUY, TENEGUIE, THANEGUY,
TANNEGUY (selon ce qui figure sur les baptêmes de sa fratrie). Le patronyme
réel est TANNEGUY qui va devenir TANGUY quelques décennies plus
tard. Il est présent dans le bocage, en particulier à Gorges près
Clisson, où il y a aussi des Mathurin Bureau à la même époque.
Pirmil est le faubourg ouvrier de Nantes, où
s'installent ceux qui sont montés à Nantes sur la poussée
démographique des campagnes. Les métiers d'artisans y fleurissent.
Je suis spécialiste de l'accent du boccage,
et paléographe, aucun doute possible sur le patronyme Tanneguy.
- Ainsi, le nom de la mère de Louis fut écorché pendant des siècles,
et l'est encore par certains, tant en généalogie il y a de compilations
non vérifiées. Pire, certains descendants, qui croient plus facilement
leurs sources publiées que cette page, demandent de ci de là de revérifier
la mère, histoire de croire que j'ai mal fait mon travail...
- Pourtant il est facile de comprendre la déformation qui s'est produite
au Québec. Renée TANNEGUY a été facilement
"déformée" car l'accent du bocage est très prononcé,
et nul ne peut dire comment les accents se sont entrecroisés sur le sol
Québecois. Dans le bocage, le G et le D sont souvent interchangeables, comme
DIET/GUIET, DIARD/GUIARD etc... et même Vendée/Vengée. Louis,
natif du bocage et des faubourgs de Pirmil, annexe du bocage, a probablement
conservé longtemps les déformations de son accent. Et la preuve que les accents
se sont bien entrecroisés au Québec, c'est qu'il en reste quelque chose
de nos jours...
-
une longue recherche :
- En 1951, le Canadien René Bureau (1915-après
2009) lance
les recherches en France. Si Louis a toujours déclaré être
de Saint-Sébastien près Nantes, Saint-Sébastien a éclaté
en 2 en 1790 dans l'indifférence générale, une partie absorbée
par Nantes, l'autre, amputée devenue Saint-Sébastien-sur-Loire.
Les pistes étaient donc brouillées, car il faut chercher à
Nantes, paroisse Saint-Jacques pour trouver Louys. Après 33 ans de persévérance,
elles aboutissent en 1984 à Pirmil et sont publiées immédiatement
dans le Bulletin du Centre Généalogique de l'Ouest (à
télécharger 300 ko .PDF).
-
- L'acte notarié ci-après, qui est un procompte,
nous apprend que Louis Bureau a perdu son père, Mathurin, peu après
sa naissance. Sa mère, Renée Taneguy, s'est remariée à
Jullien Chauveau, et l'enfant est élevé dans le magasin que le
couple loue à Louys Roger rue de Vertais .
Le beau père de Louis signe ce qui atteste un milieu de petit boutiquier
ou artisan éduqué, et non la pauvreté totale, d'ailleurs
le prix du loyer renforce ce point de vue. «Le 2 janvier
1644 par devant nostre cour
de Nantes, ont estés présents en leur personne devant nous Me
Louys / Roger sieur de la Gabardière demeurant en la ville de Nantes
/ paroisse de St Léonard d’une part et Jullien Chauveau et Renée / Taneguy
sa femme tant en son nom que comme
mère et tutrice des enfants mineurs d’elle et deffunt Mathurin
/ Bureau en leur vivant femme
et mary, icelle / Taneguy dudit Chauveau son mary bien et duement / authorisée
pour l’accomplissement des présentes et ce qui en déppend / demourant
en la rue de Vertais paroisse de St Sébastien / d’autre part, entre lesquels
a esté fait le procompte final / qui en suit par lequel lesdites parties
esdits noms / ont procompté ensemblement des jouissances faites par lesdits
Chauveau et femme esdits noms / tant de ce qui est porté en la ferme
faicte entre eux / le trante août mil six cent quarante devant Aubin /
notaire royal du temps de trois années deues qui ont / fini à
la feste de Nouel dernière passée à raison de cent / vingt
livres par an, que pour un an et demi de / jouissance
du magasin appartenant
audit sieur de la Gabardière / fini aussi à la feste de Nouel
dernière à raison de soixante / et trois livres par chacun an,
en toutes lesquelles choses / lesdits Chauveau et femme sont ancore à
présent demourant que / des sommes de deniers que lesdits Chauveau et
femme esdits noms / ont payé en l’acquit dudit Sr de la Gabardière
tant à Jan Bouanchau / cherpantier pour avoir mis une poultre et une
piesse / de soulliveaux audit logis, comme aux depans fait / en leur maison
tant par ledit sieur de la Gabardière que ses gens / pour pain et viande
prinse chez eux, argent baillé par lesdits Chauveau et femme tant audit
sieur de la Gabardière / que ses enfans et serviteurs par billet quittance
/ que aultrement et pour despans de chevaux et généralement /
et enthierement tout ce que lesdits Chauveau et femme / auroient faict et fourni
audit sieur de la Gabardière en / son acquit depuis ledit acte de ferme
surdabté jusque / à ce jour sans aulcune réservation lesdits
Chauveau / et femme se sont trouvés debvoir de reste / audit sieur de
la Gabardière de la somme de cent soixante / et seize livres quinze soulz
tz pour laquelle somme ledit / sieur de la Gabardière poura mettre à
exécution sur ledit / Chauveau et femme quant bon lui semblera tant (par)
l’acte de ferme / faict entre lesdits établis, et icelles provisions
/ par ledit sieur de la Gabardière obtenues contre lesdits Chauveau /
et femme devant monsieur le sénéchal de Nantes le sept / de mars
mil six cent quarante trois cauptions signifiées auxdits / Chauveau et
femme par par Cassard sergent royal le saize / d’apvril audit an mil six quarente
trois et / par la voix et rigueur porté par lesdits lois et sentence
/ cy dessus dabtées et sans que ledit intimé acte puisse / nuire
ne préjudicier à la domme de six vingt deux / livres sinq soulz
tz portée en l’acte de ferme du / trante aoust mil six cent quanrete
en forme de / procompte faict entre ledit sieur de la Gabardière et ledit
/ deffunt Bureau et ladite Tanneguy sa femme pour le payement / de laquelle
somme lesdits Chauveau et femme se sont atournés / vers ledit sieur de
la Gabardière et icelle payer à tel jour / que bon lui semblera
et se sont obligés sur / obligation exécution et contrainte de
/ corps et biens et sollidairement lesdits Chauveau / et femme l’ung pour l’autre
ung seul et pour / le tout, renonciation par eux faicte au bénéfice
de division / ordre de droit et discussion de bien et personne et par / expres
à ladite femme renonzer au droit vesleien à l’épitre /
divy adriany et à tous autres droits faicts et introduicts / pour et
en faveur des femmes lui donner à entendre / qu’il est advis que femme
en puissance de mari ne peut / s’obliger pour autrui voir pour son propre mari
sans / avoir renonzé auxdits droits laquelle a dict bien savoir… signature de Chauveau »
(AD44-4E2/213/f°184 Belute Notaire) page
1 de 4 de l'original (330 ko, papier brulé par le temps d'où
le fonds noir et écriture patte de mouche : lecture musclée) pages
suivantes sur demande \ signature de Julien
Chauveau (48 ko)