Congrier par O. HALBERT
histoire du Haut-Anjou
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Abbé Angot ce qui est en vert est de l'Abbé Angot
 

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 Abbé Angot, Dictionnaire de la Mayenne, 1902

Congrier, canton de Saint-Aignan-sur-Roë (4 km), arrond. de Château-Gontier (35 km O.), à 44 km de Laval. — Ecclesia de Congreto, 1124 (Cart. de Vendôme, t. II, p. 235). — Ecclesia de Congreto, 1136 (Ibid., p. 273). — G. de Congreciaco., F. de Congreio, v. 1150 (Cart. de la Roë f. 91). — Rector de Congrezio, 1366 (Chart. de la Roë). — Ecclesia parrochialis de Congres, 1378 (Arch. nat., X/Ia. 45, f. 168).— La paroisse de Congrier, 1408 (Arch. de la M., fds. des Bonshommes). — Rector Sancti Petri de Congreyo, 1555 (Arch. de M.-et-L., titr. non inventoriés). —La cure Saint-Pierre-ès-liens de Congrier,1783 (Pouillé).
Géologie. — « Au S., le grès armoricain du flanc N. du synclinal de Martigné-Ferchand, occupe la hauteur du moulin à vent des Landes (108) et la partie de la forêt de Lourzais comprise dans cette commune. Les plissements de ce grès laissent pénétrer dans des synclinaux secondaires les schistes ordoviciens, lesquels prennent un plus grand développement dans toute la partie occidentale de la commune, et forment des bandes séparées par des grès et dirigées 0.-N.-O. E.-S.-E. » D.-P. OE
Le territoire s'allonge de l'O. à l'E., en suivant le cours du Chéran, qui lui sert de limite N., recevant par sa rive droite divers petits affluents nés dans les limites paroissiales et découlant des hauteurs du S. et du S.-E. (108 m.) en partie couvertes par la foret de Lourzais. Un échange consommé en 1840 a attribué à la Rouaudière un canton, dit de Vildé, absolument séparé de Congrier, qui reçut en compensation le moulin de la Rouaudière, Fluxon, la Fléchère, la Foultière, la Pierre, le moulin de la Guyardière, la Prévôterie, la Chevronnaye ; Congrier cédait encore à Saint-Aignan : la Touche, le Petit-Sollier, la Ceriselaie, la Foucaudrie, la Hélandière. - Une voie ancienne de Châtelais en Bretagne marque la limite S., qui est aussi la ligne de séparation des bassins du Chéran et de l'Araise. La municipalité, en réclamant, en 1791, pour le bourg les foires des Écrennes, fait valoir que plusieurs chemins y aboutissent et que ceux venant de Bretagne ont été réparés. Chemins actuels sans parler de la route départementale de Laval à Pouancé qui traverse le canton O., — pour Renazé (5 km E.) ; la Chapelle-Hulin (7 500 m. 5.-E.) ; Chazé-Henry (8 km S.) ; Saint-Erblon (6 km 5.-0.) ; la Rouaudière (7 500 m. N.-0.) ; Saint-Aignan (4 km N.) ; Saint-Saturnin-du-Limet (6 km N.-E.).
Superficie cadastrée en 1840 par MM. Poilay et Godefroy, 2 427 hect
Population : 908 hab. en 1726 ; — 735 hab. en 1803 ; — 972 hab. en 1.821 ; -- 992 hab. en 1831 ; — 1 132 hab. en 1841 ; — 1.103 hab. en 1851 ; — 1 186 hab. en 1861 ; — 1 213 hab. en 1871 ; —  1 158 hab. en 1881 ; — 1 209 hab. en 1891 ; —1 247 hab. en 1898, dont 259 agglomérés dans le bourg et le reste disséminé en 74 villages, fermes, closeries ou écarts. On comptait 126 fermes en 1843. En dépendent : la Guyotière, 25 hab. ; — la Renardière, 22 hab. ;  - la Grée, 48 hab. ; — la Blanchée, 37 hab. ; le Chêne-Rond, 32 hab. ; — la Rivière, 22 hab.
Bureau de poste de Renazé. — Perception de Saint-Aignan-sur-Roë.
Foires. — La municipalité demanda au département, en 1791, le transfert dans le bourg de Congrier, « où il y a deux métairies et plusieurs closeries », de la foire de la Saint-Barthélemy qui se tenait dans les landes des Écrennes situées sur la paroisse limitrophe de Chazé-Henry (Maine-et-Loire). Cette demande fut-elle exaucée ? Toujours est-il qu'une foire est marquée pour le 7 fructidor dans le calendrier de 1799. — Foire actuelle, le 19 avril, créée en 1873.
Assemblée ancienne A la fête patronale, supprimée vers 1830. — Nouvelle assemblée le dimanche qui précède la foire d'avril.
Industrie ardoisière existant dès le XVe s. On vient de Méral y acheter de l'ardoise en 1454, probablement à la Saefrère (Saffrière), dont la perrière est signalée en 1450. Deux carrières furent ouvertes en 1650 à la Maillère et à la Touche, mais ne furent pas longtemps exploitées. La carrière de la Galerie, ouverte depuis une vingtaine d'années, occupe cent cinquante ouvriers, et a pour principal actionnaire M. le prince de Broglie. Celle de la Barre, ouverte en 1895, au N. et A 500 m du bourg, par une société anonyme qui compte parmi ses membres M. le marquis de Champagné, a été exploitée pendant quelque temps par soixante-dix ouvriers. Aujourd'hui on fait de nouvelles fouilles pour trouver un filon ardoisier plus riche.
Paroisse anciennement du diocèse d'Angers, de l'archidiaconé d'Outre-Maine, du doyenné de Craon ; — de l'élection d'Angers, du ressort judiciaire de Craon ; — en 1790, du district de Craon et chef-lieu de canton pour : Congrier Renazé, la Rouaudière. Saint-Aignan, Saint-Erblon, Saint-Saturnin-du-Limet et Senonnes ; — annexée par le Concordat au diocèse du Mans, érigée en succursale par décret du 5 nivôse an XIII, de l'archiprêtré de Château-Contier et du doyenné de la Roë.
L'église dédiée à saint Pierre-aux-Liens, était en forme de croix avec bas côtés, l'un ancien au midi, l'autre datant de 1843. Les habitants ava ient dépensé 6 120 fr. pour la restaurer après la Révolution. Le chœur, à mur droit, avait été prolongé à cette dernière date et orné d'un autel fait par MM. Guichard et Gandon, marbriers d'Angers, pour 850 fr. On en remarquait les trois statues plus anciennes de saint Pierre, de la Vierge et de saint Joseph. Les autels des deux chapelles, de la Vierge, au N., et de Saint-Séhastien, au midi, dataient de 1820, faits et posés par Pierre Doitté, sculpteur à Laval. Un curieux bénitier, sculpté de figures grimaçantes, était encastré dans le mur, à droite de la grande porte. La confrérie de l'Immaculée-Conception reçut ses statuts de Claude de Rueil, évêque d'Angers (1628-1649). Les confrères firent redorer l'autel de la Vierge en 1766. — Une jolie église de style roman, a été édifiée de 1881 à 1884 sur les plans de M. Hawke, avec de petits latéraux surmontés de galeries. Deux absidioles s'ouvrent dans les transepts. Elle est orientée transversalement à l'ancienne église, le choeur au midi. Autel en pierre de l'atelier Mézière, de Laval, consacré avec l'église le 19 octobre 1897. Une plaque de marbre posée en 1886 rappelle le souvenir de MM. André Royné, Georges Dutertre, Alexandre Baudouin, guillotinés à Craon, le 21 juillet 1794 , Jean Baudouin, son frère, curé de Saint-Aignan (V. ces noms).
La chapelle de la Monité, située dans le bourg et entourée d'un cimetière, appartenait au prieur de Saint-Clément de Craon, avec une closerie affermée 180 L en 1693. Elle était complètement délabrée en 1763. Le curé la demanda et l'obtint pour en faire la demeure du vicaire. Elle avait 70 pieds de long et 27 de large, une porte à plein-ceintre ornée de quelques moulures. Vendue nationalement pour 3 000 fr, elle fut acquise par la fabrique en 1829 et détruite en 1835. Est-ce la même qu'une chapelle de Sainte-Barbe qu'on dit aussi abandonnée au XVIIIe s. ? — Chapelle de Saint-André, sur la route de Renazé, élevée par M. Royné, en action de grâces de la préservation d'un fléau, et reconstruite en 1863. Tout auprès, grotte de Lourdes et calvaire depuis 1892.
Cure à la présentation de l'évèque d'Angers. L'ancien temporel a été remplacé par un petit domaine donné, en 1808, par Geneviève Gautier, femme de M. Pierre-Godefroy Courtin de Torsay.
Curés : Pierre de Saint-Aubin, recteur,1366. — François Bradasne, profès au prieuré de Saint Jean l'Évangéliste d'Angers et « recteur commendataire de Congrié », est autorisé à continuer ses études dans telle université qu'il voudra, 1535. — Michel Doucet, 1612, 1621. — René Dasneau, 1626, inhumé le 2 août 1637. — Francois Valtère, 1638. — Jacques Thomyn, 1641, 1651, resta prêtre habitué dans la paroisse et fut inhumé dans l'église, le 11 février 1665, à l'âge de 63 ans. — Claude Ervoil, 1652, 1661. — Michel Guy, 1681. — François Cointet, résignataire du précédent vers 1682, passé à la cure de Saint-Aubin de Pouancé dans le courant de juillet 1694 (V. ce nom). — Cartier, 1734, 1737. — Michel Martin, chanoine d'Angers,1'737, 1763. — André Royné, 23 janvier 1765, refusa avec son vicaire toute espèce de serment constitutionnel, et fut obligé de quitter sa paroisse au mois d'avril 1792. Interné au séminaire d'Angers, il fut mis en liberté au passage des Vendéens en cette ville (23-24 juin 1793), puis repris et incarcéré à la Rossignolerie. A l'approche de l'armée vendéenne (3 décembre 1793), le représentant Francastel fit évacuer les prisonniers sur Nantes. Cinq d'entre eux, parmi lesquels le curé de Congrier, furent jetés dans la Loire, au gouffre dela Baumette, par le commissaire chargé de l'expédition. Royné était âgé de 70 ans. Sa mémoire est restée en vénération dans la paroisse. Pierre Angoulvent, vicaire, né à Azé le 24 juin 1759, fut interné aux Cordeliers de Laval, le 20 juin 1792. puis déporté en Espagne. Au Concordat, il fut nommé curé de Chazé-surArgos (Maine-et-Loire). L'intrus fut Michel-Jean Deniel, du diocèse de Rennes, qui était retiré, en 1796, à Craon, oit il se rétracta. — Charles Pierre-Jean Delaunay, curé insermenté de SaintSaturnin-du-Limet, nommé au Concordat, démissionna peu après. — Georges Dutertre, prêtre habitué et insermenté de Fontaine-Couverte, sa paroisse natale, exerça à son retour de la déportation, 1796, un véritable apostolat à Congrier, et se cachait à la Fléchère ; il disait publiquement la messe en 1800, et se plaignait des patriotes qui n'y venaient que pour le critiquer et le dénoncer ; il devint curé en 1803, † 1827. — Victor Ménard, 1827, 1855. — Louis-François Léger-Langevin, 1855, † 1881. — Lucien Desmottes, 1884.
Le presbytère, à 60 mètres de l'église, conservé en bon état pendant la Révolution, a été complètement restauré en 1868.
Le cimetière environnant l'église a été transféré vers 1830 au N.-E. du bourg. Le cimetière de la chapelle de la Monité était contigu au premier.
Écoles. - De pieuses filles et le vicaire Boisramé firent l'école avant qu'il y eût des établissements régulièrement fondés. Un maître laïque enseignait en 1843. Les classes ont été reconstruites en 1875. - Les soeurs d'Evron sont dans la paroisse depuis 1876. Une maison neuve a remplacé pour elles, en 1885, celle qui servait depuis 1824. - M. Dutertre avait donné quelques pièces de terre à condition que quatre petites filles pauvres seraient instruites gratuitement.
Le bureau de charité n'a pas 200 fr. à son budget.
Féodalité. - « La terre, domaines, fié et seigneurie de Congriez » comprenait en 1450 « la court, hébergement et mestairie dudit lieu de Congriez ;... le domaine de la Godinière, contenant en hébergement, estrages, courtils, vergers, touches de boays, anciennes plesses et bayes doubles. bois exploitables, dits de la Motte-Poillevoisin, la garenne dans la pièce de la Chaperonnière et le pâtis de la maladerie ;.. les mestairies de Saefrère, de l'Artusière ;.. le moulin à eau près du bourg, l'Étang-Rompu et le moulin à vent ». Le fief s'étendait sur la Berneraie, la Matière, l'Euzil, l'Aumetterie, la Chantenouvière, etc. Quand les épaves mobilières étaient levées par ses officiers, elles appartenaient entièrement au seigneur de Congrier, qui les partageait avec son suzerain quand les officiers de ce dernier avaient prévenu les siens. Il relevait à foi et hommage lige du baron de Pouancé.
Seigneurs : Grifferius de Congrier, fils de Jean et petit-fils de Simon, et Philippe de C., sont bienfaiteurs de la Roë de 1128 à 1139. Guérin et Freslon de Congrier sont aussi cités au cartulaire en 1150. Philippe de Congrier, chevalier, avait donné avant 1225 à l'abbaye, deux vassaux, duos homines manentes apud Rocham Carbonel. - Hamelin de la Marche, alias de la Ferté ou de la Frète, chevalier,1316 ; il fonde deux messes par semaine aux Bonshommes, 1317. - Jean de la Ferté, 1414. - René de Bruc, mari de Perrine de la Ferté, fille de Guillaume de la F., du Pertre ; il est bail de Robert de B., son fils, 1453. - Robert de B., 1460. - Nicolas de la Chesnaie, 1552. - Georges de la C., dont le fils, Joachim, est parrain à Niafle en 1604. - Madeleine Hullin, dame de Congrier, 1626 ; Marguerite de la Chesnaie, âgée de 50 ans, 1637; Hélène de la C., 30 ans, 1654, sont inhumées dans l'église. - Guillaume L'Enfant, seigneur des Scép eaux, mari de Madeleine de la Chesnaie, 1667, 1668. - Charles Lefebvre, fils de Jean L. et de N. L'Enfant, 1700. - Servant-ÉtienneOlivier de Dieuxie, 1765. - Jean Gaultier, procureur au siège royal à Laval, mari de Marguerite Renusson, dont la fille, Geneviève-MarieJosèphe, épouse à Laval, en 1780, Pierre-Godefroy Courtin de Torsay, de la Ferté-Bernard.
Notes historiques. - Peu de noms de localités anciennes : L'Euzil, Fluxon, Fontenailles, Saint Lézin, la Monité. - Pelvan à demi couché et enterré à 500 m. du bourg, sur la route de la Rouaudière. - Cercueil en calcaire coquillier trouvé près de la chapelle de la Monité, dans le bourg. - La paroisse est pillée par les volontaires rassemblés à Craon, 1793. - Le cantonnement républicain ne put se maintenir à Congrier. L'église, qui lui servait de retranchement, fut incendiée par les Chouans, 1794. - Tous les registres de l'administration sont brûlés, an III. - Du mois de mai au mois d'août 1799, les royalistes parcourent le territoire du canton, enlevant grains, bestiaux, fourrages, et empêchant la levée des impôts.
Maires : Houlliot, 1791. - Pierre Bernier, président de la municipalité cantonale, 1798, 1799. - F. Vivien, adjoint pour Congrier, 1798. - Jean Bourgeois, an VIII - Jean Beurrier, an IX, an XII. - Jean Planté, 1821, 1850. - Allard, 1857, 1870. - Bouteillier, 1871, 1882. - Thyerry, 1882-1888. - Bouteillier, 1888.
Reg. par., un seul reg. de décès, 1626-1661. à la mairie ; au greffe de Château-Gontier depuis 1668. - Arch. de la M., fds. des Bonshommes ; Cart. de la Roë, f. 23 ; B. 2980, 3008 : E. 134, p. 122 ; 49. - Chron. paroiss. mss. - Cab. d'Achon. - Arch. nat. P. 237/2, 338. - E. Chambrais, Recherches de 1660. - De Bodard, Chron. Craonn. - C. Port, Dict. de M.-et-L , t. I, p. 730. - Affiches de Laval, 12 avril 1812. - Pour les localités, V. les art. : Bedain, Fontenailles, etc.
 
Tome 4 (supplément, 1909) f°231
Congrier.Population : 1 315 hab. en 1902  —  1 302 hab en 1908.
Par arrêté du directoire de Craon, du 13 juin 1791, la foire qui se tenait au lieu dit la Lande des Ecrennes, devra se réunir au bourg.
Curés : Jean Pescher, vicarius de Congrieyo, est l'un des signataires du synode d'Angers, en 1524. — Les inscriptions commémoratives d'André Royné, victime des noyades révolutionnaires, et de l'abbé Alex. Baudouin (V. ce nom), sont reléguées maintenant dans la sacristie. — Clément Cointet, 1907.
Le bénitier à figures grimaçantes signalé autrefois dans l'église est sous la pompe du jardin de la cure.
Ecole. — Jeanne Boisseau, maîtresse d'école, laisse des biens au Bois-Rouault et au Boulay à ses neveux Guy et Jean B. « Elle a, pendant quarante ans, écrit le curé Royné, édifié par sa piété, sa vertu, sa charité envers les pauvres, » et mourut âgée de soixante-dix huit ans, le 17 juin 1764.
Ecole communale tenue par les Soeurs d'Evron, laïcisée le 25 février 1903, par suite du décès de la titulaire. — Ecole primaire chrétienne, libre, dirigée par des séculières.
Philippe de Congriers fut requis avec Eude Levicomte, d'Armaillé, pour conduire les machines de guerre du roi, d'Angers en Poitou. Il se plaint en 1247 d'avoir été frustré par Geoffroy Payen, bailli d'Anjou, d'une partie du salaire promis (Historiens de France, t. XXIV). — Renée Guihéry, femme de Charles Lefeuvre, conseiller au parlement de Bretagne, sgr de Congrier, de Bouche-d'Usure, de l'Epinay, fut inhumée aux Dominicains de Craon, le 25 avril 1680.
Le 27 nivôse an II, le commissaire du gouvernement dut se faire accompagner de six chasseurs à cheval et forcer le maire à ouvrir l'église et la sacristie et à faire l'inventaire.
Celui de 1906 eut lieu le mardi 6 février.
Maire : Thierry, 1905.